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Le chef de l'État s'est exprimé ce jeudi midi depuis Budapest au Sommet de la Communauté politique européenne. Il est notamment revenu sur la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle aux États-Unis mais aussi la guerre en Ukraine.

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Transcription
00:00dans un format, et tu l'as rappelé, qui est, à mes yeux, plus important que jamais,
00:05celui d'une Europe géographique, politique,
00:10où les gouvernements de nos peuples sont ici représentés,
00:12avec les grandes organisations de coopération que nous avons décidées pour nous-mêmes,
00:17et auxquelles nous adhérons.
00:18Et donc c'est un format qui, évidemment, ne concurrence pas l'Union européenne,
00:22qui ne concurrence pas l'OTAN,
00:24mais qui est, dans sa propre géographie, sa cohérence historique,
00:29civilisationnelle et politique.
00:31Et l'histoire, au fond, de cette communauté politique européenne est à écrire.
00:35On a tous des différences de sensibilité,
00:37mais, à coup sûr, nous avons des intérêts communs.
00:40Et je crois que c'est le bon lieu pour le faire, celui d'une grande Europe,
00:46où, justement, l'histoire a pu nous diviser, en particulier l'histoire du XXe siècle,
00:51ou séparer, ou écrire des pages différentes.
00:54La question, c'est, est-ce qu'on veut écrire une page commune de la grande Europe au XXIe siècle ?
00:58Moi, j'y crois très profondément.
01:00Et donc je crois que c'est ici que l'unité stratégique géopolitique doit s'écrire.
01:05Et le moment que nous vivons est le bon.
01:07Le Premier ministre hongrois l'a rappelé.
01:09La guerre est revenue sur le sol européen, en Ukraine.
01:13Des tensions et des conflits existent entre certains membres,
01:17Arménie et Azerbaïdjan.
01:19Nous avons des phénomènes qui bousculent nos sociétés,
01:22des grands risques terroristes qui ont touché beaucoup de nos pays,
01:25encore ces derniers mois.
01:27Nous avons tous à faire face à des phénomènes de migration illégale
01:30qui bousculent nos sociétés.
01:32En même temps, nous sommes des économies ouvertes qui,
01:34depuis des décennies, se sont construites sur un modèle d'ouverture
01:37dont on continuera à avoir besoin.
01:39Nous avons le défi, évidemment, climatique, technologique,
01:43et une géopolitique, on le voit bien,
01:45où on a deux blocs, les Etats-Unis d'Amérique d'un côté et la Chine,
01:49qui, avant tout, recherchent leur intérêt propre,
01:52et décident d'être beaucoup moins, si je puis dire, l'un et l'autre,
01:58complaisants avec les règles internationales,
02:00ou, en tout cas, respectueux de ces derniers.
02:03Comme plusieurs, j'ai eu l'occasion hier d'avoir le président élu Donald Trump,
02:07qu'on est quelques-uns autour de cette table,
02:09d'avoir connu il y a quatre ans de cela dans ses précédentes fonctions,
02:12je l'ai félicité, mais, au fond, moi, je trouve que notre rôle ici,
02:16au sein de l'Union européenne, c'est pas de commenter l'élection de Donald Trump,
02:19savoir si c'est bon ou pas bon, il a été élu par le peuple américain,
02:21et il va défendre l'intérêt des Américains.
02:23Et c'est légitime et c'est une bonne chose.
02:26La question, c'est est-ce que nous, on est prêts à défendre l'intérêt des Européens ?
02:29C'est la seule question qui nous est posée.
02:31Et moi, je pense que c'est notre priorité.
02:33Et donc, ça ne doit être ni dans un transatlantisme qui serait naïf,
02:38ni dans la remise en cause de nos alliances,
02:40ni non plus dans un nationalisme étriqué qui ne nous permettrait pas de relever ce défi
02:44face à la Chine et aux Etats-Unis d'Amérique.
02:47Et donc, c'est un moment de l'histoire pour nous, Européens, qui est décisif.
02:51Au fond, la question qui nous est posée,
02:53c'est, voulons-nous lire l'histoire écrite par d'autres ?
02:57Les guerres lancées par Vladimir Poutine, les élections américaines,
03:01les choix faits par les Chinois en termes technologiques ou commerciaux,
03:04ou est-ce qu'on veut écrire l'histoire ?
03:07Et moi, je pense qu'on a une force pour l'écrire.
03:09Nos économies sont fortes, nos pays ont des systèmes de défense sophistiqués,
03:13et on représente quelque chose.
03:15L'Union européenne, c'est 440 millions d'habitants avec ses 27 pays,
03:18et la communauté politique européenne, c'est plus de 700 millions d'habitants.
03:23Si on décide d'avoir conscience de ce qu'on représente géopolitiquement,
03:27commercialement, c'est une puissance inouïe.
03:30Il n'y a aucun marché de 700 millions d'habitants
03:33aussi uni par l'histoire des intérêts, des valeurs,
03:36que nous, autour de cette table, aucun.
03:39Si on se réveille qu'on décide, au fond,
03:41de ne pas disparaître géopolitiquement,
03:44et de ne pas être le marché d'ajustement des autres puissances,
03:47économiquement et commercialement.
03:49Et donc, pour moi, ce moment, c'est celui où on décide,
03:53d'agir, de défendre nos intérêts nationaux et européens en même temps,
03:56de croire dans notre souveraineté et notre autonomie stratégique,
03:59et de dire, au fond, on n'a pas envie, simplement, d'être des clients,
04:04d'être un marché qui est pris, de déléguer, en fait, à d'autres,
04:08notre économie, nos choix technologiques ou notre sécurité,
04:10mais on veut pleinement se saisir de la question de la paix sur notre sol,
04:14de notre prospérité et d'autres modèles démocratiques.
04:16Pour moi, c'est ça, les trois défis de la communauté politique européenne
04:19qu'on a à discuter ensemble.
04:21La paix, Volodymyr vient de le dire,
04:25c'est aider l'Ukraine à résister face à la guerre d'agression russe.
04:28Il peut y avoir des différences de sensibilité autour de cette table,
04:31mais, moi, j'ai une conviction profonde, notre intérêt est le même.
04:35Notre intérêt, c'est que la Russie ne gagne pas cette guerre.
04:40Et quelle que soit, encore une fois, ce que pensent les uns et les autres ici,
04:44ou les peuples, parce que si elle gagne, ça veut dire qu'il y a,
04:47à nos frontières, une puissance impériale à laquelle on dit,
04:50vous pouvez être expansionniste.
04:52Je ne vois pas qui peut être en tranquillité autour de cette table
04:55si on laisse faire ça.
04:57De la même manière, je pense qu'il est très important
04:59de tout faire pour bâtir un accord entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.
05:02Et j'espère que le traité de paix pourra être signé.
05:05Et, au fond, notre paix, notre sécurité, elle s'inscrit si,
05:08nous, Européens, nous savons dire, nous ne voulons plus d'impérialisme
05:12et nous ne voulons plus de révisionnisme des frontières sur notre continent.
05:16Ce message est fondamental et c'est vraiment un message d'intérêt.
05:20Au-delà de ça, il y a bâtir notre Europe de la défense,
05:22faire de l'Europe un espace de sécurité.
05:24Alors, l'Union européenne a fait énormément de travail ces dernières années.
05:27On en a encore beaucoup à faire pour financer, pour construire.
05:31L'OTAN a évidemment un rôle pilier et fond clé.
05:34Et, au sein de l'OTAN, nous, Européens, nous voulons jouer notre rôle.
05:37Ce pilier européen de l'OTAN n'a rien à retrancher à l'Alliance,
05:40mais il est le fait qu'il y a eu un réveil stratégique
05:42que nous devons assumer de nous, Européens.
05:45On n'a pas à déléguer pour l'éternité notre sécurité aux Américains.
05:49Et je crois que c'est important aussi d'envoyer le message
05:52que nous sommes maintenant des fournisseurs de solutions de sécurité.
05:56Et donc, qu'on a autour de cette table,
05:57qu'on soit membre ou pas de l'Union européenne,
05:59à produire, à assumer une préférence européenne
06:03dans cette production industrielle,
06:05à bâtir des choix, à s'appuyer sur l'interopérabilité de l'OTAN,
06:08mais aussi, parfois, à accepter qu'on n'aura pas toujours
06:10le même agenda que nos alliés,
06:11ce qui ne remet pas en cause ces alliances.
06:13Mais de dire que nous, nous avons des solutions de sécurité
06:15à apporter, tout particulièrement à notre voisinage,
06:18aujourd'hui sur le flanc est, peut-être demain sur le flanc sud,
06:21ou que sais-je.
06:23Et à cet égard, je pense qu'il faut développer,
06:25au sein de la communauté politique européenne,
06:26une culture commune.
06:28Il y a quelques années, on avait bâti
06:30l'Initiative européenne d'intervention.
06:31Il y a une douzaine d'États qui sont autour de la table,
06:34qui y participent.
06:35Elle est complètement intergouvernementale.
06:37Et moi, je voudrais inviter tous les collègues
06:39qui sont prêts à s'y joindre,
06:40et qui ne sont pas membres de l'UE, à s'y joindre.
06:42Élargissons à l'échelle de la communauté politique européenne
06:45l'Initiative européenne d'intervention,
06:47pour bâtir des solutions d'intervention communes
06:50sur des théâtres d'opérations.
06:51C'est ce qui nous a permis de faire Agenor,
06:53ce qui nous avait permis d'intervenir au Sahel.
06:56Et essayons d'avancer.
06:57Je crois aussi qu'ici, nous avons la possibilité
07:01de bâtir des solutions très concrètes
07:02pour lutter contre les filières clandestines d'immigration.
07:05On a construit des solutions très robustes en européen,
07:07Pacte Asie d'immigration.
07:09Il y a des solutions très robustes qui sont construites
07:12avec des pays de transit ou d'origine,
07:14pour prévenir les mouvements ou aider au retour.
07:16Mais la coopération au sein de la communauté politique européenne
07:19sur les questions migratoires est un surcroît d'efficacité,
07:22parce que nous couvrons tous les chemins de la migration.
07:25Et quand Kyr a un problème migratoire
07:29avec ce qu'on appelle les small boats,
07:31ce n'est pas simplement un problème bilatéral franco-britannique,
07:34c'est un problème qui touche toute l'Europe
07:35et qui commence soit par les routes du Sud,
07:37soit par les routes de l'Est.
07:39Et en fait, nous sommes tous ici en capacité
07:41d'y apporter une solution.
07:43Deuxième élément sur la croissance et l'innovation,
07:45je suis convaincu que nous devons faire beaucoup plus.
07:47On aura l'occasion d'y revenir dans le sommet informel
07:51entre membres de l'Union européenne.
07:53Le rapport Draghi a donné une feuille de route très claire.
07:56Ursula, dans ce qu'elle a porté, l'a dit aussi.
08:00Nous le croyons à plusieurs ici autour de cette table.
08:02On a besoin d'une Europe qui simplifie ses règles,
08:04qui va beaucoup plus vite,
08:06qui est sur les clean tech, l'intelligence artificielle,
08:09beaucoup plus forte, qui renforce sa compétitivité par l'innovation
08:13et qui aussi, je le crois, redéveloppe son marché intérieur,
08:16c'est-à-dire d'investir sur son propre marché,
08:19pas faire simplement un marché qui est ouvert à tous les vents.
08:22Parce que quand on regarde les choses,
08:23on a une demande intérieure européenne
08:24qui s'est effondrée ces dernières années.
08:27Mais cette stratégie a aussi sa pertinence
08:30au sein de la communauté politique européenne.
08:32Et moi, je pense qu'on doit essayer maintenant de bâtir,
08:34entre tous les pays qui sont là,
08:36de la Norvège-Royaume-Uni jusqu'au pays des Balkans occidentaux,
08:41ici présents, et au Caucase,
08:43une vraie intégration énergétique.
08:46Si on sait bâtir une grande Europe de l'électricité,
08:50on arrive à traiter beaucoup de sujets,
08:52d'abord d'interconnexion que tu as évoqué,
08:54mais de compétitivité prise par l'énergie.
08:56Ce qui, aujourd'hui, fait du mal à tous les Européens,
08:59touche les foyers et touche nos entreprises,
09:01c'est le prix de l'énergie.
09:03Or, il y a tant de pays qui produisent du renouvelable
09:06à peu de prix.
09:09Il y a d'autres pays qui ont un modèle nucléaire.
09:11Le problème, c'est que nous sommes fracturés sur le plan
09:14de l'intégration de notre modèle électrique.
09:16Faire une grande Europe électrique,
09:19financer cela, c'est intégrer, d'ailleurs,
09:20davantage l'Union européenne elle-même,
09:22c'est faire le lien avec des pays qui ont choisi d'autres chemins,
09:25mais qui ont des modèles formidables,
09:26qui croient aussi à la transition,
09:28et c'est faire une Europe plus décarbonée et plus compétitive.
09:32Et donc, je pense que là, on a un autre sujet,
09:34après le sujet défense pour notre communauté politique européenne,
09:39c'est vraiment de faire de cette Europe
09:40un espace électrique beaucoup plus fort.
09:42En même temps, je suis convaincu qu'on doit aussi
09:45clarifier notre agenda,
09:47c'est-à-dire assumer un agenda de sécurité économique commune.
09:51Ce qu'on a su faire quand il y avait un commerce mondial
09:56qui était faussé par des sursubventions
09:58de certains pays tiers,
10:00on doit l'assumer en européen.
10:02On doit arrêter d'offrir, en quelque sorte,
10:04le visage d'un supermarché ouvert à tous les vents.
10:06Si on croit dans notre avenir géopolitique,
10:08on doit dire que ces 700 millions d'habitants et de consommateurs
10:11que sont les membres de la grande Europe,
10:12ils ont des intérêts communs, ils veulent être ouverts,
10:14ils veulent qu'il y ait des investissements directs étrangers
10:16qui viennent de partout,
10:17mais ils veulent, dans leur commerce,
10:18être respectés bien davantage,
10:20être unis et défendre leurs intérêts.
10:22Enfin, la démocratie,
10:23je pense que ce qu'on vient de vivre ces dernières semaines,
10:25montre que le modèle démocratique européen
10:27est lui aussi un sujet de prédation.
10:30En Géorgie, comme en Moldavie, il y a eu plusieurs attaques,
10:34des attaques cyber, de l'achat de votes, des manipulations.
10:37Tous les observateurs l'ont montré.
10:40Je veux ici féliciter Maya Sandouk pour sa réélection,
10:43et on aura l'occasion tout à l'heure de le faire,
10:44et j'espère très fortement,
10:45je le dis au Premier ministre qui est avec nous,
10:47que la Géorgie va confirmer son choix européen
10:51et celui aussi d'un modèle démocratique.
10:55Mais soyons lucides,
10:57notre modèle de démocratie libérale, ouvert,
11:00c'est un sujet de prédation pour d'autres puissances
11:03qui n'ont pas le même agenda, qui veulent nous diviser.
11:06Les Etats baltes ici présents savent aussi
11:08combien ils sont attaqués au quotidien
11:09par des attaques cyber, par de la manipulation d'informations.
11:12Et donc, on doit assumer un agenda de protection
11:15de nos démocraties, de nos règles démocratiques,
11:17de la forge de l'opinion publique,
11:19de la manière dont nos concitoyens forment leurs opinions
11:22pour pouvoir ensuite voter librement.
11:24Parce que si nous devenons le théâtre de propagande extérieure
11:26parce que nous sommes naïfs et on considère juste
11:28que la démocratie, c'est offrir des infrastructures
11:31mais pas s'occuper de la régulation du contenu,
11:34les démocraties libérales seront balayées.
11:36Et vous le voyez, au fond, qu'il s'agisse de notre sécurité,
11:38de notre défense, de notre économie et de notre modèle
11:41de prospérité, de notre démocratie,
11:44nous avons à bâtir un agenda positif extrêmement ambitieux
11:48si nous prenons conscience de ce qu'est la grande Europe
11:50qui est autour de la table,
11:52une puissance géopolitique sans égale.
11:56Simplement, nous ne nous assumons pas jusqu'alors
11:59comme une puissance pleinement indépendante.
12:02On pense qu'il faut déléguer notre géopolitique
12:06aux Etats-Unis d'Amérique,
12:07il faut déléguer notre modèle de croissance à nos clients chinois,
12:10il faut déléguer notre innovation technologique
12:11aux hyper-scaleurs américains.
12:13Ce n'est pas la meilleure idée.
12:16Je pense qu'on peut reprendre le contrôle
12:18si on décide, sur la décennie qui vient,
12:21de bâtir pas simplement au sein de l'Union européenne
12:23mais ici.
12:24Au fond, pour moi, c'est simple,
12:27le monde est fait d'herbivores et de carnivores.
12:29Si on décide de rester des herbivores,
12:31les carnivores gagneront.
12:33Et nous serons un marché pour eux.
12:37Je pense qu'au moins, ce serait pas mal de choisir
12:39d'être des omnivores.
12:41Je ne veux pas être agressif,
12:42je veux juste qu'on sache se défendre
12:44sur chacun de ces sujets.
12:45Mais je n'ai pas envie de laisser l'Europe
12:48comme un formidable théâtre habité par des herbivores
12:51que des carnivores, selon leur agenda,
12:53viendront dévorer.
12:55Assumons cela.
12:56Voilà, c'est pour ça que je crois beaucoup à ce format-là.
12:58Je remercie Monsieur le Premier ministre de nous accueillir.
13:00Et je pense qu'en ce lendemain d'élection américaine,
13:03nous nous devons d'être lucides, ambitieux, déterminés,
13:07sur l'agenda qui est le nôtre.
13:08Il est crédible, il est totalement faisable.
13:09C'est une question de volonté commune et de capacité
13:12à prendre conscience de ce que nous sommes.
13:14Merci beaucoup, Victor.

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