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La bande de "Perrine jusqu'à minuit" évoque le mouvement social provoqué par la fermeture de deux sites Michelin à Cholet et Vannes.

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00:00Avec une série noire sur le front de l'emploi, Auchan, Michelin, maintenant Vancorex aussi, les annonces de plans sociaux se sont enchaînées cette semaine et ce sont des milliers de suppressions de postes à la clé.
00:11Exactement, absolument terribles. C'est des suppressions de postes qui ont été immédiatement dénoncées par les syndicats et par les politiques.
00:19D'abord parce que ce sont souvent des groupes qui ont fait des retours en dividende à leurs actionnaires très importantes ces dernières années.
00:29Je pense notamment à Auchan et à Michelin où ça se compte en milliards ce qu'ils ont reversé à leurs actionnaires.
00:35Et que d'autre part, ils ont bénéficié d'énormément d'aides publiques ces dernières années, notamment pendant le Covid, mais pas uniquement.
00:43Il y a des crédits d'impôt recherche pour Michelin. Et tout ça, on se dit, et c'est d'ailleurs la question qu'a posée Michel Barnier à l'Assemblée nationale,
00:51mais qu'est-ce qu'ils font avec notre argent public ? Comment c'est possible en fait qu'on les gave d'argent public, on leur donne énormément d'argent public
00:57et derrière, ils licencient sur le territoire français ? Moi j'aimerais dire une chose que je ne trouve pas assez notée parce qu'évidemment,
01:04on regrette ces pertes d'emplois qui ont été très brutales, notamment pour Michelin, ils ont tous appris ça à la télé, alors que ça fait des mois,
01:11voire des années qu'on leur dit non mais ne vous inquiétez pas, à Cholet et à Vannes, vos usines vont être conservées, etc.
01:19Et là, du jour au lendemain, ils apprennent que non, c'est terminé, ça va fermer.
01:24Moi, ce que je regrette, c'est la façon dont les capitalistes, en fait, à petit feu, éteignent ces usines, parce qu'en gros, là, ce qui est dit,
01:33c'est ah bah oui, mais elles ne sont plus assez rentables, ces usines, on est vraiment désolé, ça ne marche plus, etc. Pourquoi est-ce qu'on en arrive à cette solution-là ?
01:42Je suis allé regarder ce que disaient les syndicalistes, notamment l'usine Michelin de Cholet. Ils disent, en fait, ça fait des années que Michelin ne veut plus investir dans notre usine.
01:49On a des outils qui sont tous pourris et on produit encore des pneus pour les riches alors qu'on sait très bien que ça ne marche plus.
01:56En revanche, Michelin, je suis allé regarder aussi, ils ont 5 000 emplois en Roumanie et à chaque fois, ils font des grands trucs à l'ambassade,
02:04ils ont des fondations qui donnent de l'argent à tout le monde, etc. en Roumanie. Pourquoi la Roumanie ? Parce que le coût du travail est largement plus faible en Roumanie.
02:10Vous avez une façon de faire où les capitalistes dégradent, ils attaquent l'outil de travail des travailleurs et des travailleuses françaises et françaises et ils disent après,
02:23vous voyez, ça marche mieux ailleurs. Oui, mais dans ces cas-là, il fallait investir dans des bonnes machines sur le territoire français si on avait voulu garder l'usine.
02:32Il y a aussi du grain à moudre à tous ceux qui disent que le coût du travail est beaucoup trop élevé en France et on peut se poser la question,
02:38est-ce que c'est le bon moment, ces plans sociaux, pour réduire les allégements de cotisations patronales ? Non.
02:45Qui est prévu dans le budget ? Non, mais ça va donner du grain à moudre à tous ceux qui estiment que le coût du travail est trop cher et donc c'est pour ça que ces entreprises délocalisent.
02:54Dans ces cas-là, si vous voulez, on peut revenir et avoir un coût du travail qui est égal à celui du Bangladesh pour être compétitif avec le Bangladesh.
03:01Enfin, je veux dire, c'est absolument n'importe quoi. On sait très bien ce que ça veut dire.
03:04Il y a un débat en ce moment sur les allégements de cotisations patronales. Oui, mais je vois très bien ce que veut faire la droite.
03:08Elle veut sans arrêt baisser le coût du travail. Mais le coût du travail, ça permet d'abord aux salariés d'avoir une vie correcte et un pouvoir d'achat correct.
03:19Et d'autre part, ça permet aussi grâce aux cotisations salariales, ça permet d'avoir une école gratuite de qualité, un système de santé gratuit et de qualité,
03:31à avoir des infrastructures de transport le moins cher possible, voire gratuite et de qualité. Et ça sert à ça nos cotisations sociales.
03:38Donc il faut avoir aussi ça en tête. Sinon, effectivement, on peut dire « Allez-y, on enlève toutes les cotisations sociales et puis vous vous débrouillez pour vous soigner,
03:45pour vous nourrir, pour l'école et pour les routes. » Mais je pense que ce n'est pas ça que, collectivement, les Français et les Françaises veulent.
03:52Olivier Vial.
03:53Effectivement, je pense que malgré tout, la question forcément du coût du travail, elle intervient là-dedans. Il y a aussi une autre chose.
04:00C'est que dans les stratégies qu'on a peut-être pendant trop longtemps faites dans l'industrie, qu'on a fait aussi dans l'agriculture, il y a eu ce mythe de dire que la France
04:08devait monter en gamme et qu'on ne devait faire que des produits de très haute qualité. Eh bien ça, au bout d'un moment, on s'aperçoit qu'il n'y a plus de marché pour quelque chose
04:17qui est monté en gamme et qu'on a besoin aussi de faire de l'entrée de gamme parce qu'il y a des gens…
04:20Charline Vanhoenacker.
04:21Oui, mais parce qu'on n'est pas compétitif sur l'entrée de gamme.
04:22Olivier Vial.
04:23Justement, pour être compétitif, c'est soit un peu plus de productivité en rajoutant des robots. Il y a eu un grand plan de robotisation qui a été arrêté pendant un moment
04:32parce que le robot coûte cher et il y a des investissements à faire, soit effectivement baisser le coût du travail. Mais dans tous les cas, la stratégie qui a consisté
04:39à penser qu'on ne pouvait faire que du luxe ou que de la montée en gamme, on l'a vu par exemple dans l'agriculture, c'était flagrant. Dans l'agriculture, on s'est mis à vouloir dire
04:48qu'on n'allait produire que des tomates cerises, que des tomates de plus en plus précises. Eh bien au final, on est obligé d'exporter une majorité de tomates en France
04:57et on ne produit même plus ce qu'on voulait faire. Donc on a une vraie difficulté, c'est qu'il faut qu'on soit en capacité de produire toute la gamme de produits.
05:06Il y a un autre point sur lequel j'aimerais vous entendre et que vous évoquiez tout à l'heure, Pablo, c'est la problématique des aides. Ce sont des entreprises qui ont touché
05:15énormément d'aides ces dernières années. Michel Barnier l'a dit tout à l'heure. Antoine Armand aussi, le ministre de l'économie, a dit à un moment donné
05:23qu'il va falloir nous expliquer où cet argent est passé. Il y a même Maude Brévent qui a évoqué...
05:27Dans la poche des actionnaires. Ils ont reçu 1,4 milliard.
05:31Alors j'ai quand même regardé la réponse de Auchan. Auchan rétorque que la réduction de charge annuelle de 83 millions d'euros qui a été accordée au titre du CICE
05:39entre 2013 et 2018 a été intégralement utilisée pour les objectifs ciblés par ce dispositif, notamment, je cite, la redistribution du pouvoir d'achat à ses collaborateurs.
05:49Mais on voit que même le gouvernement n'y croit pas. Donc il va y avoir des explications qui sont attendues.
05:55Tout à l'heure, on parlait de patriotisme. Justement, on est dans un cas d'une entreprise qui a bénéficié de la solidarité nationale.
06:00Mais au-delà des explications, est-ce que typiquement, Maude Bréjean disait, voilà, il faut peut-être se poser la question du remboursement de ces aides.
06:06Est-ce qu'on peut demander le remboursement de ces aides ?
06:08Je vous propose un parallèle que vous trouverez peut-être boiteux. Mais rappelons-nous de l'expérience grecque.
06:13Il y a des années, des banques étaient détentrices de titres de dette grecques pour lesquels il y avait des rendements très, très élevés parce qu'il y avait un risque.
06:21Jusqu'au jour où le risque s'est avéré et qu'on a dit à ces détenteurs de titres, ne vous inquiétez surtout pas, on va tout vous rembourser.
06:30Le principe des actions, des titres de dette, si on a un bon rendement, c'est qu'il y a un risque. Il faut assumer le risque.
06:36Le risque potentiel, c'est de ne pas être payé. Or, dans ce cas-ci, tous les détenteurs, particulièrement les banques européennes qui étaient détentrices de titres de dette grecques, ont été remboursés total.
06:47Donc, jamais, jamais, on n'a forcé ceux qui détenaient de la dette grecque à vivre avec les conséquences de leur choix d'investissement.
06:54Alors, vous me direz que c'est boiteux comme parallèle. Non, parce que c'est la même chose. C'est cette idée que pour certains, il n'y a pas de risque.
06:59On peut investir dans des entreprises. Ces entreprises peuvent en tirer un max de profit. Et aujourd'hui, elles choisissent de faire autre chose, de partir et de ne pas assumer leurs responsabilités.
07:07Mais c'est ce qu'on appelle le social capitalism aux États-Unis, où on n'est plus dans une économie de marché, mais une économie subventionnée, non pas pour les citoyens, mais pour les grandes entreprises.
07:16Elles choisissent de partir. En plus, ce que disait Pablo tout à l'heure, c'est que les syndicats disent qu'en plus, il y a eu zéro investissement, en fait, chez Michelin ces dernières années, Rocaya.
07:24Oui, c'est ça. Effectivement, ils disent qu'ils ont rendu du pouvoir d'achat aux salariés, mais le fait est que les salariés n'ont pas travaillé dans des meilleures conditions qui leur permettaient d'être plus productifs
07:32et d'avoir un confort de travail qui les conduisait à proposer des produits qui soient concurrentiels. Donc, on se pose vraiment la question de la contrepartie,
07:41qui était en plus un des arguments du CICE à l'époque, c'est-à-dire que les entreprises proposeraient une contrepartie. Et le fait est qu'on voit que ces entreprises trahissent leur pays.
07:50Elles trahissent leur pays et elles décident de prioriser leurs profits au détriment des salariés.
07:56Elles trahissent leur pays avec la validation du pays. Parce que vous allez sur l'ambassade de Roumanie, en fait, sur le Twitter de l'ambassade de Roumanie,
08:03et je peux vous dire qu'ils mettent très en avant Michelin qui investit en Roumanie, etc. Donc, c'est aussi validé par notre administration.

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