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L'ambassadeur d'Israël en France est convoqué demain au Ministère des Affaires étrangères. L'essayiste Frédéric Encel est l'invité de RTL Petit Matin.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 12 novembre 2024.

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Transcription
00:00Il est 6h13 sur RTL, vous en entendez parler depuis plusieurs jours maintenant, ces tensions diplomatiques à répétition entre la France et Israël.
00:13Aujourd'hui, et c'est pour ça qu'on en parle ce matin, l'ambassadeur d'Israël en France est convoqué au Quai d'Orsay pour s'expliquer sur cet incident diplomatique de la semaine dernière.
00:22Jeudi dernier, lors de la visite du ministre des Affaires étrangères à Jérusalem, des policiers israéliens sont entrés armés sur un site français.
00:30Ils ont arrêté des gendarmes français, la scène a été filmée.
00:34Bonjour Frédéric Ancel.
00:35Bonjour.
00:36Vous êtes géopolitologue, spécialiste du Moyen-Orient. Convoquer l'ambassadeur d'un pays allié, ce n'est pas banal, ça signifie quoi ?
00:44Ce n'est pas banal, c'est l'échelon le plus faible, le plus bas, le plus mesuré d'un vrai mécontentement.
00:53Quand on n'est vraiment pas content, d'abord on fait un communiqué, mais si ça ne suffit pas, effectivement on convoque l'ambassadeur.
00:58Après, ce que le ministre va lui dire, ça restera dans la pièce feutrée et à la porte fermée.
01:05Mais ce qui est sûr, c'est que ça traduit de manière beaucoup plus générale que l'incident qui a eu lieu, à une désaffection ces derniers mois.
01:12Il y a objectivement aujourd'hui une baisse qualitative des relations entre la France et Israël.
01:18Cette convocation à deux jours du match France-Israël au Stade de France, rencontre sous très haute tension, on l'a dit, ce n'est pas un signal d'apaisement ?
01:25Je pense que ce n'est ni un signal d'apaisement, ni de non-apaisement.
01:28Je n'ai absolument jamais cru à ce que certains appellent de manière extrêmement paresseuse la géopolitique du football.
01:34Il y a un match, il était prévu depuis très longtemps, le ministre n'a pas que ça à faire que de convoquer des ambassadeurs.
01:40Il le fait aujourd'hui, il le fait demain, il le fait après-demain. Je ne crois vraiment pas que ce soit lié à tel ou tel match.
01:45Vous l'avez dit, il y a eu des échanges houleux, Frédéric Ancel, ces derniers temps, de part et d'autre, entre Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahou.
01:52Ça nous dit quoi des relations aujourd'hui entre la France et Israël ?
01:56Ça traduit deux phénomènes. Le premier, c'est celui qui concerne Netanyahou, d'abord qui n'en fait qu'à sa tête,
02:02et qui ne considère pas, qui n'a jamais considéré la France comme un poste réellement très très important.
02:06C'est d'autant plus vrai que ces derniers mois et ces dernières années, de toute façon,
02:09les deux autres puissances considérables du continent européen, c'est-à-dire Royaume-Uni et Allemagne,
02:14se sont, elles, rapprochées d'Israël. Je ne vous parle même pas d'Italie, de Mme Mélanie.
02:18Et alors, cerise sur le gâteau, et quelle cerise !
02:20Depuis quelques jours, on sait que le 20 janvier prochain, le président américain sera Trump.
02:25Bon, alors là, je vais vous dire, dans ce contexte géopolitique et diplomatique général,
02:29la France ne pèse franchement pas grand-chose, aux yeux, en tout cas, de Netanyahou.
02:33L'opposition, ça serait différent, mais c'est Netanyahou qui est encore au pouvoir.
02:36Et puis, ça traduit un deuxième phénomène, c'est la très grande difficulté, la très grande complexité,
02:41à la fois pour l'Élysée et pour le Quai d'Orsay, de traiter la guerre qui se déroule au Proche-Orient
02:46depuis le pogrom du Hamas du 7 octobre 2023.
02:49C'est-à-dire qu'on a vu, dans un premier temps, Emmanuel Macron être aux côtés d'Israël,
02:53de manière même très spectaculaire, je vous le rappelle, en appelant à une coalition contre le Hamas.
02:58Et puis, au fur et à mesure de la riposte très massive et très destructrice d'Israël à Gaza,
03:05on a vu un président qui, tout en reconnaissant le droit à Israël de se défendre,
03:10appelait Netanyahou à beaucoup plus de considérations vis-à-vis des civils.
03:13Alors, puisque ce n'est pas entendu, du côté français, on a fini par s'énerver.
03:17Et voilà comment on arrive aujourd'hui à une situation qui n'est pas conflictuelle,
03:20mais enfin, qui est plutôt de basse zone.
03:22De basse zone, parce qu'il y a déjà eu des conflits diplomatiques entre la France et Israël.
03:27On se souvient de Jacques Chirac dans les rues d'Jérusalem, il y a trente ans.
03:31Tout ça, au fond, vous dites, ce n'est pas bien grave.
03:34Non, exactement. Vous avez employé le terme de conflit, je ne le reprendrai pas à mon compte.
03:38On est sur une évolution qui est positive entre la France et Israël depuis maintenant,
03:44oui, ce sera, mais un petit peu moins de trente ans.
03:46On peut d'ailleurs remonter à 1981, 1982.
03:48En tout cas, les trois derniers présidents en date, y compris Emmanuel Macron,
03:52ont globalement plutôt tenu une position favorable,
03:57voire même de plus en plus favorable à Israël.
03:59Ça ne se retrouve pas seulement dans les termes ou dans les visites diplomatiques.
04:02Ça se retrouve à la fois dans la valeur et dans le volume des échanges entre deux pays.
04:06Et là, globalement, les relations de ce point de vue là sont plutôt au beau fixe.
04:11Au beau fixe, carrément.
04:13Oui, oui, oui, sur le plan diplomatique général,
04:16mais surtout sur le plan économique, technologique, dans une certaine mesure culturelle aussi.
04:21Aujourd'hui, objectivement, les relations sont au beau fixe,
04:24notamment par rapport à des époques qui avaient été,
04:27alors pour le coup, des époques beaucoup plus difficiles,
04:30avec des relations beaucoup plus froides entre les deux pays.
04:32Et je pense évidemment aux années 70.
04:34C'est étonnant ce que vous dites là quand même, Frédéric Ancel.
04:37On a l'ambassadeur d'Israël en France qui est convoqué aujourd'hui
04:40et vous dites on a des relations au beau fixe.
04:43C'est contre-intuitif.
04:44Oui, mais vous avez parlé de dit-dit, vous avez raison.
04:46Mais justement, moi, je pense qu'en géopolitologue,
04:49je ne dois absolument jamais confondre ce qui relève de l'accessoire
04:52ou des bisevies ou du provisoire de l'FMR ou du temporel,
04:54en tout cas pour l'instant, l'inverse n'est pas démontré,
04:57avec le fond des évolutions.
04:59Et moi, je regarde, j'insiste, la valeur et le volume des échanges entre les deux pays.
05:04Parce que ça, si vous voulez, c'est du très concret
05:06et on n'est plus seulement sur un ambassadeur convoqué ou pas.
05:08Et moi, ce que je vous dis, c'est qu'objectivement,
05:10depuis maintenant une grosse vingtaine d'années,
05:12on a affaire quelque soit les présidents et d'ailleurs les premiers ministres en Israël au pouvoir
05:16à une évolution qui est favorable.
05:18Merci beaucoup, Frédéric Ancel, géopolitologue et spécialiste du Moyen-Orient.
05:22Bonne journée.
05:23Merci à vous.

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