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Après les inondations de Valence, RTL Petit Matin reçoit le co-fondateur des Architectes de l'urgence, Patrick Coulombel pour comprendre comment repenser les villes face aux intempéries.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 01 novembre 2024.

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Transcription
00:00RTL 6h13, question au coeur de l'actu ce matin, comment mieux protéger nos villes face aux catastrophes climatiques de plus en plus violentes, on le voit aujourd'hui en Espagne, on l'a vu ces dernières semaines en France, bonjour Patrick Coulombelle.
00:17Bonjour.
00:18Vous êtes le co-fondateur de la fondation Les Architectes de l'Urgence, ONG créée après les inondations de la Somme en 2001, on va y revenir.
00:27Merci d'être en direct avec nous ce matin, quand on voit ces images cataclysmiques en Espagne, il n'y a pas d'autre mot, ces rues inondées aussi en France ces dernières semaines, quel est le point commun de tout ça ?
00:38C'est une urbanisation à outrance, une artificialisation des sols ?
00:42Ça c'est deux choses importantes évidemment, mais c'est aussi des conditions climatiques auxquelles on n'est pas habitué et qui arrivent, ça c'est une réalité, on ne peut pas inverser les choses.
00:54Les quantités d'eau qui sont tombées récemment en Espagne, c'est 500 mm presque, c'est colossal, c'est à dire qu'il n'y a aucun modèle, il n'y a aucune estimation qui avait été faite pour avoir des quantités d'eau pareilles pour évacuer des volumes pareils.
01:08Donc évidemment ça pose problème, mais en même temps le vrai sujet aujourd'hui c'est comment éviter d'avoir des morts, parce que là on a quand même un bilan qui est relativement lourd.
01:19158 morts, c'est le dernier bilan.
01:21Je pense que malheureusement il n'est pas terminé et que ça va augmenter un peu, mais je pense que là il y a un vrai sujet, c'est à dire qu'on avait l'évaluation du problème, on savait qu'il y allait avoir un problème, mais on n'a pas été capable de mettre en place un système pour protéger les gens.
01:37Ça s'est fait en France.
01:39Est-ce qu'il y a un moyen architectural d'empêcher un tel drame, de tel bilan ?
01:49La première des choses, c'est d'abord protéger les gens.
01:53Vous empêchez que les gens soient dans les zones qui peuvent être potentiellement inondées au moment où ça arrive.
01:59Ça ne dure pas très longtemps, ça dure quelques heures, une dizaine d'heures, même 24 heures, mais à ce moment-là il faut absolument évacuer tout le monde.
02:06Empêcher absolument les gens de sortir avec leur véhicule, ça c'est fondamental.
02:09Fermer les routes, remonter les véhicules le plus haut possible, ça c'est une chose qui se fait, on peut le faire, c'est ce qu'on ne sait pas encore faire en France, mais par contre on sait protéger les gens.
02:18Et puis en termes de construction, il va falloir commencer aussi à arrêter de faire un peu n'importe quoi, c'est à dire qu'on construit dans des zones inondables parce que c'est de l'espace qui est disponible.
02:28Aujourd'hui les gens qui ont l'autorité pour faire ce qu'on appelle les plans d'organisation globalement, qui est-ce qui donne le quittus là-dessus ? C'est le maire, c'est les maires, c'est les élus d'une manière générale.
02:38Donc ils ont une lourde responsabilité et en même temps, bon je vais être un peu dur, mais ils ont une compétence qui est limitée dans le domaine.
02:44Ce n'est pas des spécialistes de l'urbanisme, ce n'est pas des spécialistes de tout ça, ils ont besoin de foncier, ils l'utilisent.
02:49Et le problème il est quand même peut-être un petit peu là.
02:51Et puis ensuite, au niveau constructif, on doit être capable aussi, parce qu'on sait le faire, de trouver des niveaux qui sont des niveaux qui peuvent être inondés mais globalement dans lesquels on peut continuer à vivre.
03:00Si vous aimez mieux, on est capable de trouver des solutions techniques avec des architectes, avec des ingénieurs, pour régler le problème de l'inondabilité qui peut arriver, mais en même temps ne pas avoir des conséquences aussi lourdes.
03:11Justement, c'est ce qu'on a fait dans la Somme, où il y a eu d'importants aménagements réalisés après l'accru de 2001.
03:16Et depuis, on peut le dire, le secteur est un peu plus protégé, non ?
03:20Écoutez, nous on a regardé avec intérêt ce qui se passait tout l'hiver dernier chez nos voisins juste à côté, du côté de Saint-Omer, Calais et compagnie.
03:33Nous, on n'a rien eu, on a eu des précipitations légèrement inférieures quand même, mais on n'a rien eu.
03:39Contrairement à eux, quand on voit la condition dans laquelle ils sont retrouvés, la gestion du bassin versant, parce que c'est ça dont il s'agit, gérer le bassin versant,
03:47travailler aussi avec les agriculteurs pour éviter qu'ils peuvent nous aborter beaucoup de choses.
03:52C'est-à-dire, l'agriculture et la gestion du bassin versant, ça marche ensemble.
03:56C'est-à-dire, on ne peut pas traiter les problématiques qui sont les problématiques d'inondation sans traiter à la fois le bassin versant,
04:03travailler avec les agriculteurs pour avoir des replantations, pour avoir tout un système d'entretien des cours d'eau qui doivent être faits aussi en même temps,
04:10et puis gérer les sols d'une manière générale, parce que c'est ça dont il s'agit.
04:14Quand on les artificialise trop, il y a un problème de ruissellement qui est vivant derrière.
04:19En Espagne, il y a le centre de Valence qui a été épargné grâce à la déviation du fleuve Turia après la catastrophe de 1957.
04:26Ça aussi, c'est la solution, forcer la nature ?
04:29Ça peut en être une, à condition de ne pas urbaniser dans les secteurs qui sont déviés.
04:36Quand on dévie un cours d'eau et que vous continuez à l'urbaniser, que vous ne montez pas le niveau, vous avez des conséquences comme ça.
04:43Il faut dire aussi qu'il y a eu des endroits où des villages ont été inondés très fortement, alors qu'ils n'avaient jamais vécu un épisode comme celui-là.
04:53C'est aussi une réalité, c'est-à-dire que ça, c'est le changement climatique.
04:56Il va falloir s'adapter à tout ça. De toute façon, on n'a pas le choix.
04:58Pour venir en France, il y a plus du quart de la population qui est directement exposée à des inondations.
05:04Vous dites que l'adaptation est trop lente. On n'est pas prêt. Il y a eu des travaux qui ont été faits dans la Somme.
05:09Mais ailleurs, vous dites, on continue à construire n'importe comment. C'est ce que je retiens quand même de ce que vous nous dites ce matin.
05:14Ça, c'est une responsabilité qui est au maire, qui est aux élus.
05:18Parce qu'il y a une partie, le permis de construire, c'est le maire qui donne le permis de construire.
05:22Donc, il a cette responsabilité-là. Il n'en a pas la compétence.
05:25Donc, derrière ça, la vraie problématique, c'est comment ils peuvent intervenir.
05:30Mais je pense qu'ils n'ont pas la connaissance technique.
05:33Il faut qu'ils s'entourent aussi de services compétents et de gens qui ont les qualifications et au moins l'expérience sur ces sujets-là.
05:39Parce qu'ils ne peuvent pas inventer des choses qu'ils ne connaissent pas.
05:41Et puis, en même temps, c'est une réflexion collective. Ce n'est pas qu'une question de moyens.
05:46On est obligé d'avoir une réflexion collective avec tous les acteurs, à la fois de l'acte de construire, de l'urbanisation.
05:53Je vous parlais tout à l'heure de l'agriculture qui n'est vraiment pas un détail.
05:56Et puis, en termes de gestion de bassins versants, l'un des problèmes que l'on peut avoir, c'est que vous avez des découpages géographiques
06:02qui sont des découpages, entre guillemets, politiques de régions, départements, de communes, de com' de com',
06:07qui est différent de la réalité du terrain.
06:09C'est-à-dire que c'est là où ça pose des problèmes.
06:11Quand les gens ne se parlent pas, si vous allez mieux, ça pose un problème.
06:14Et il va falloir qu'on se réveille sérieusement, si je vous écoute bien ce matin.
06:17Merci beaucoup, Patrick Coulombelle. Je rappelle que vous êtes le cofondateur de l'ONG Les Architectes de l'Urgence,
06:23créée après les inondations de la Somme en 2001.
06:26Merci beaucoup, bonne journée.
06:27Merci, bonne journée.

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