Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, les manifestations des agriculteurs pour protester contre les accords du Mercosur alors que le problème se situe ailleurs, la fronde des élus et les raisons de la faillite de la branche transport de fret de la SNCF.
Retrouvez "La revue de presse" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-revue-de-presse2
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00:00La revue de presse d'Europe 1, Olivier Delagarde, une question ce matin, est-ce que ceux qui
00:06crient le plus fort ont forcément raison ?
00:07C'est une très bonne question mon cher Dimitri, question qui se pose effectivement
00:11ce début de semaine où les contestations n'en finissent pas d'enfler dans le Figaro
00:16Guillaume Tabard et Numer, réveil de la colère des paysans, menace de grève à la SNCF, entreprise
00:21inquiète de la politique fiscale, situation dramatique en Nouvelle-Calédonie, maires
00:26en colère.
00:27Commençons par les agriculteurs, vent debout contre l'accord avec le Mercosur.
00:30Mais il n'y a pas que le Mercosur, il n'y a pas que les agriculteurs, tous les élus
00:34en France sont contre, d'ailleurs heureusement qu'il y a le Mercosur, s'amuse Rémi Godot
00:40à la une de l'opinion, pour assurer une forme d'union nationale, tous derrière nos agriculteurs
00:45peuvent s'écrier nos politiques d'une seule voix, mais le Mercosur c'est surtout le parfait
00:50bouc émissaire, explique-t-il, bouc émissaire oui, pour mieux dissimuler la responsabilité
00:55de ces mêmes élus dans la faillite de la ferme France.
00:59La ministre du Commerce extérieur dénonce l'incohérence d'un accord antinomique avec
01:03le pacte vert, soit, mais où est la cohérence lorsque Paris interdit des substances actives
01:09encore autorisées chez nos concurrents ? La ministre met en garde contre la fragilisation
01:14de certaines filières, mais que n'alerte-t-elle sur une dépendance alimentaire exponentielle
01:20puisque la France importe désormais 70% de ses fruits et légumes du jamais vu ? A
01:25vrai dire, si l'agriculture est à bout de souffle, c'est à cause d'un coût du travail
01:29excessif, d'une montée en gamme ratée, d'une fiscalité asphyxiante, des surtranspositions
01:37des normes européennes et d'une bureaucratie tatillonne, bref c'est plein de choses, mais
01:42ce n'est pas le Mercosur, contrairement à une légende tenace, l'agriculture n'est pas
01:46la grande sacrifiée des accords de libre-échange, explique aussi Luc de Marty, parisien aujourd'hui
01:51en France, c'est l'ancien directeur général de l'agriculture, puis du commerce extérieur
01:55à la commission européenne, d'ailleurs, le nom français au Mercosur exaspère nos
02:01partenaires européens, annonce le journal.
02:03On a la meilleure presse spécialiste avec culture de la presse française avec nous,
02:07Emmanuel Ducrot, dans un instant on va revenir sur cet accord Mercosur, passons à la fronte
02:11des élus, Olivier.
02:13Et là encore, il est de bon ton de prendre la défense de ces modestes édiles pressurés
02:17par un état forcément buteur, sauf que dans son éditorial des Echos, Etienne Lefebvre
02:24ose lever un coin du voile sur les comptes des collectivités locales, les dépenses
02:29sont en hausse de 7% sur la première moitié de l'année, le double pour les dépenses
02:33d'investissement et rien qui justifie un tel rythme, les élus locaux réclament à
02:38l'unisson le rétablissement de la taxe d'habitation, poursuit-il, alors qu'ils n'ont pas perdu
02:42un centime avec la suppression de cette dernière et qu'ils ont pourtant augmenté sensiblement
02:48la taxe foncière, l'heure devrait être aux économies, pas à la fuite en avant fiscale.
02:54Et il y a aussi la SNCF.
02:55Et là c'est dans le Figaro que les masques tombent, comment la gréviculture a fait dérailler
02:59l'activité frette, c'est le titre d'un long papier qui détaille les raisons de la faillite
03:03de la branche transport de marchandises de la SNCF, plus de 5 milliards de déficit,
03:09retraite précoce, organisation du travail très accommodante, avantages syndicaux à
03:14gogo, l'écart des coûts est monté à 30% avec les concurrents, qui dans ces conditions
03:20n'ont eu aucun mal à tailler des croupières à la SNCF et se réjouissent au passage du
03:25nouvel appel à la grève.
03:26Voilà, vous lirez tout ça tout seul parce que je voudrais aussi vous signaler ce papier
03:29dans les échos sur la disparition des polytechniciennes.
03:32Bon, où sont-elles passées ?
03:33Et bien c'est une bonne question, en 2023, 21% de filles avaient été admises dans cette
03:38prestigieuse école, ce qui n'était déjà pas beaucoup, mais cette année elles ne sont
03:41que 16%.
03:42Pourquoi ? Pas facile à dire, l'épreuve de maths avait été jugée un peu plus facile
03:47cette année, mais il fallait aller vite.
03:48Faut-il y voir un biais de genre ? S'interroge le journal, il faut au moins être polytechnicien
03:53ou polytechnicienne pour y répondre, mais on va terminer par toute autre chose si vous
03:58le voulez bien.
03:59Anissa ?
04:00Oui Olivier ?
04:01Regardez-moi dans les yeux.
04:03Je vous regarde.
04:04Intensément.
04:05Oui.
04:06Très radiophonique.
04:07Mais reconnaissez que ce n'est pas si simple.
04:09Pour quelle raison ? Pourquoi a-t-on autant de mal à soutenir le regard de l'autre ?
04:15C'est la question quasi-existentielle à laquelle s'attaque Thomas Lestavelle du Figaro.
04:20En fait, quand on regarde quelqu'un droit dans les yeux, la charge émotionnelle est
04:24telle que cet échange dure rarement plus de quelques secondes.
04:29Cicéron l'écrivait déjà il y a plus de 2000 ans, si le visage est le miroir de l'âme,
04:34les yeux en sont les interprètes.
04:36Les yeux sont jugés.
04:37On admet que l'on juge l'autre.
04:39Bref, se regarder dans les yeux, c'est un peu mettre à nu ses émotions, comme lors
04:43d'un coup de foudre ou comme ces deux boxeurs qui se toisent avant de combattre.
04:48Sinon, au-delà de ces cas extrêmes, Anissa, il y a quand même trois cas qui imposent
04:53culturellement de se regarder droit dans les yeux, rappelle-t-il, dire bonjour ou au revoir,
04:58faire une promesse et puis bien sûr, trinquer à la vôtre.
05:03Ça va, on vous dérange pas ?
05:07Il est mal !
05:09Je vous laisse, si vous voulez, Olivier Delacoeur.
05:12Mais c'est une très bonne idée.
05:13Il est fort !