Marc Fressoz, journaliste spécialiste des transports en commun, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils s'intéressent à la grève de la SNCF ce jeudi. Les syndicats réclament des primes entre 2.000 et 2.500 euros pour les agents franciliens pour compenser le surcroît de travail nécessaire pendant les Jeux olympiques.
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00:00 - C'est jour de grève ce mardi en Ile-de-France dans les transports en commun.
00:03 - On vous en parle avec votre invité Dimitri Pavlenko, vous recevez sur Europe 1 le journaliste Marc Fressoz.
00:07 - Bonjour Marc Fressoz.
00:09 - Bonjour.
00:09 - Bienvenue sur Europe 1, alors ça va être très compliqué en effet sur le réseau SNCF, la partie SNCF du RER, les Transiliens, les trains de banlieue, tramway aussi,
00:18 un train sur deux par exemple sur la partie ouest de la ligne A du RER. On est sur d'autres lignes à un train sur cinq aux heures de pointe.
00:26 - Bon je renvoie chacun des auditeurs franciliens à l'infotrafic de sa ligne. C'est encore une grève olympique Marc Fressoz ?
00:34 - Oui effectivement c'est une grève olympique, c'est pas surprenant non plus puisque depuis plusieurs mois le syndicat en fait avertisse la SNCF sur la nécessité de fixer les conditions de l'exercice de leur métier pendant cet événement exceptionnel.
00:53 - Ils peuvent dire les cheminots vous avaient prévenu ?
00:58 - Oui tout à fait, oui.
01:00 Et alors on peut comprendre la détermination parce que c'est effectivement une grande fête sportive, un événement mondial, un événement aussi mondialisé qui est aussi l'occasion de brasser énormément d'argent.
01:17 C'est un grand événement commercial donc on peut comprendre que chez ceux qui sont mobilisés pour jouer des soutiens pendant l'événement, on peut considérer que c'est pas illégitime qu'ils revendiquent à la hauteur d'un événement exceptionnel des primes, des conditions exceptionnelles.
01:40 Puisque en fait, quand les cheminots sont mobilisés dans des...
01:46 - Alors vous dites, attendez, vous dites que c'est pas illégitime mais encore une fois, on est d'abord dans une grève préventive, c'est un coup de semence avant une réunion de convergence, comme on dit, une journée de négociation qui va avoir lieu demain.
01:59 Et puis encore une fois, c'est toujours pareil, c'est-à-dire que l'usager va avoir l'impression d'être pris en otage pour des revendications corporatistes.
02:07 - Alors, évidemment, la grève c'est toujours, on le constate, un échec du dialogue social.
02:15 Comme je disais, depuis longtemps, les syndicats veulent que les conditions soient fixées pendant...
02:22 Et pour avoir discuté avec plusieurs syndicalistes en Ile-de-France, que ce soit Chine Sud ou la CGT, paradoxalement, ce qu'on note c'est une grande...
02:36 Ils ont du blues, ils ont du blues vis-à-vis du fait qu'ils sont considérés comme des privilégiés, c'est encore aujourd'hui ce qu'on entend, des privilégiés qui profitent de leur position pour rire la vie de tout le monde.
02:52 Et ce qui m'a frappé, c'est qu'ils sont extrêmement ennuyés par le fait d'arriver à ces extrémités-là, même de compliquer la vie de leurs fils qui vont à la fac, de leurs parents qui doivent se déplacer.
03:11 - Bernard Thibault, l'ancien patron de la CGT, qui est aujourd'hui coprésident du comité de suivi de la charte sociale de Paris 2024, dit ce matin dans les colonnes du Parisien, ça aurait dû être réglé depuis longtemps.
03:23 On aurait dû envisager le coût des infrastructures, on aurait dû devancer l'idée du coût social bien avant cette dernière ligne droite, avant les Jeux Olympiques, Marc Fresseau ça.
03:35 - Oui, tout à fait. Ce qu'on peut noter, c'est que le même cas de figure se présente à la RATP, où Jean Castex, l'ancien Premier ministre, a signé seulement, c'était le 8 mai, un accord avec les syndicats pour attribuer à ceux qui sont productifs une prime de 1 700 euros pendant les JO.
03:59 Donc on voit quand même qu'il y a à chaque fois un dialogue qui fonctionne ou pas, comme il aurait dû. C'est toujours la dernière minute. Et que par ailleurs, il faut quand même mettre en avant le fait que le président de la SNCF est toujours à enculmer le marteau.
04:15 On lui dit "écoute, le dialogue social ça marche pas chez toi", et s'il conclut un accord relativement acceptable, on lui dit "écoute, tu dépenses de l'argent à tort et à travers, et c'est les usagers qui vont le payer".
04:30 - Remproche qui lui a été faite concernant l'accord sur les fins de carrière il y a quelques semaines de cela, et qui lui vaut probablement d'être débarqué après les JO. On le dit trop sympa avec les cheminots, Jean-Pierre Farandou.
04:40 Votre point de vue extérieur, Marc Fresseau ?
04:43 - Déjà, je pense que la détermination des cheminots, elle s'explique justement par le congédiement de leur PDG, qui est absolument incompris de leur part.
04:55 Et je pense que Jean-Pierre Farandou a commis une erreur qui était de ne pas faire comme son prédécesseur, c'est-à-dire de communiquer à tout va.
05:04 Parce que cet accord qu'il a signé a été mal interprété, et ça a créé un quiste pendant une quinzaine de jours, une dizaine de jours, où la SNCF n'a pas expliqué de quoi il s'agissait.
05:17 Et ça a laissé le champ à des interprétations qui étaient dire "le président d'une entreprise publique se permet de détricoter une réforme des retraites qui a été votée, enfin qui a été, pas votée justement, mais adoptée".
05:31 - Oui, il y aura une exception "cheminote" à la règle commune, c'était un petit peu pris comme ça.
05:35 - Alors non, ça a été présenté comme ça. On a dit "c'est une inégalité entre français, puisque certains vont être privilégiés, ils vont partir avant, et en plus c'est les français qui vont payer pour cette exception".
05:48 - Dernière question ?
05:50 - Oui, je voulais juste, c'est en fait faire un accord d'organisation des trains de carrière qui existait déjà, qui a été adapté à la situation, et qui tient compte du fait qu'il vaut mieux faire partir les gens moins à l'avance, quand c'est des métiers pénibles, que de les voir finir leur carrière en marée maladie pour tirer jusqu'à la corde, et échapper à la conduite de train ou être contrôleur, etc.
06:18 Et donc, en fait cet accord ne coûte rien à l'État, il coûte à l'entreprise, c'est jusqu'à 40 millions d'euros par an.
06:25 - Oui, mais enfin c'est l'usager qui finit par payer à la fin quand même Marc Fresseuse, on retiendra ça quand même, puisque ce qui coûte à l'entreprise, il va bien falloir qu'elle aille le gagner ailleurs.
06:33 Merci Marc Fresseuse, journaliste et spécialiste des transports avec nous ce matin sur Europe 1, il est 6h48.