Le Congrès des maires s'ouvre mardi à Paris dans un climat d'inquiétude sur les mesures prévues dans le projet de loi de finances. La contribution de 5 milliards d'euros qui leur est demandée par le gouvernement dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2025, afin de les faire participer au redressement des comptes publics, ne passe pas auprès des élus locaux. Michel Fournier, président de l'Association des maires ruraux de France, est l'invité de RTL Soir.
Regardez L'invité de Yves Calvi avec Yves Calvi du 18 novembre 2024.
Regardez L'invité de Yves Calvi avec Yves Calvi du 18 novembre 2024.
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00:00RTL soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03RTL, il est 18h20, bienvenue à vous tous qui nous rejoignez.
00:06Bonsoir Michel Fournier.
00:08Oui, bonsoir.
00:09Vous êtes président de l'Association des maires ruraux de France
00:11qui regroupe 12 000 élus et les villes de moins de 3500 habitants.
00:14Merci beaucoup de nous rejoindre.
00:15Vous dénoncez vivement l'accord de libre-échange du Mercosur
00:19entre l'Europe et l'Amérique du Sud.
00:21Pour rappel, le Mercosur est en fait une zone de libre-échange,
00:24regroupant plusieurs pays.
00:25Quelles sont exactement vos inquiétudes ?
00:28Oui, une petite précision, c'est plus de 13 000 communes à cette heure.
00:33Bon, voilà, c'est un détail.
00:36Non, non, ce n'est pas un détail.
00:37Oui, toujours est-il que, quelles sont nos inquiétudes ?
00:41Nos inquiétudes, elles sont, vous savez, dans les communes rurales,
00:44c'est le monde agricole aussi.
00:46Et le monde agricole, on sait qu'il y a des mouvements
00:51qui sont en cours parce qu'il y a une grogne,
00:55parce qu'il y a des difficultés professionnelles, etc.
01:00Et le Mercosur va accélérer forcément,
01:07et notamment dans l'élevage,
01:09que ce soit au niveau de la viande, puisque c'est ça le sujet majeur.
01:15En fait, vous craignez, pardonnez-moi, je vous interromps,
01:17mais l'arrivée massive de viande d'Amérique du Sud
01:19est à des prix beaucoup plus bas que les nôtres, c'est ça ?
01:21Oui, mais pas seulement les prix.
01:23Premièrement, il y a l'histoire des prix,
01:25donc il va y avoir une concurrence,
01:27et cette concurrence, elle est forcément déloyale
01:29parce que les pratiques d'élevage ne sont pas les mêmes dans ces pays,
01:33pour x raisons, et on laisse, et on va mettre en concurrence
01:37des gens qui pratiquent différemment, avec des intrants, il faut bien le dire,
01:42et une nourriture plus classique, plus saine dans notre France,
01:47et notamment dans nos élevages.
01:50Et ça, ça a un double aspect,
01:52ça va mettre en difficulté les élevages,
01:54mais ça va aussi apporter une nourriture,
01:58une potentielle nourriture qui va être,
02:02avec quelques réserves, et qui va être moins chère.
02:05Donc, pardonnez-moi, vous vous inquiétez à la fois des tarifs qui pourraient être pratiqués,
02:10et qui seront donc par définition plus bas,
02:12et de la qualité de la viande en provenance de ces pays d'Amérique du Sud, c'est bien cela ?
02:16Exact, et de la qualité alimentaire qui en découle,
02:20et qui va en faire les premières utilisations,
02:24pour des raisons tout simplement financières ?
02:26On le sait, ça va être tout ce qui est la restauration de collectivité,
02:30et notamment les cantines scolaires,
02:32parce que forcément, quand vous devez faire des repas à 3 euros ou 4 euros le repas,
02:38et bien si vous pouvez gagner 20 centimes d'euros,
02:41et bien à ce moment-là, il n'y aura plus photo.
02:43Ça veut dire qu'on va détruire également les circuits courts,
02:47on va détruire la qualité locale,
02:50et ça, ce n'est pas concevable.
02:53Donc, on est en soutien complet avec ce monde agricole.
02:57On comprend tout à fait vos inquiétudes,
02:58mais j'ai envie de vous dire, on ne va pas intoxiquer nos cantines
03:01en donnant à manger de la viande en provenance d'Argentine,
03:05qui par ailleurs a une excellente réputation ?
03:08Vous êtes spécialiste de...
03:11Non, mais vous avez le droit de vous moquer de moi !
03:13Non, mais honnêtement...
03:15Mais non, mais on le sait qu'il y a certains produits
03:20qui sont utilisés pour accélérer la progression de l'animal,
03:26qui feront qu'à un moment donné,
03:28ces produits-là qui sont interdits en zone européenne et notamment en France,
03:34et bien vont créer une potentialité de concurrence
03:37qui va complètement déstabiliser...
03:39Ah, alors ce sera une concurrence déloyale, nous sommes d'accord.
03:42C'est une concurrence déloyale...
03:44Mais on ne peut pas inquiéter les Français en leur disant
03:46si vous mangez de la viande d'Argentine, vous allez tomber malade
03:49ou en tout cas c'est mauvais pour votre santé ?
03:50Plus une garantie alimentaire qui n'est plus forcément la même.
03:54Mais si, parce qu'on le sait, c'est un peu comme les OGM.
03:59Donc voilà, aujourd'hui tout le monde est...
04:03Enfin, je ne comprends pas, on fait une marche arrière,
04:05parce qu'on a utilisé ces pratiques, y compris chez nous.
04:09Je suis fils de paysans, j'étais paysan moi-même,
04:12je sais très bien qu'à un moment donné, il y a eu...
04:15On n'a pas fait n'importe quoi, mais on a fait des choses qui...
04:19Parce qu'on était mal informés et on était même...
04:25On nous obligeait à utiliser certaines choses.
04:27Eh bien aujourd'hui que l'on revient à des choses beaucoup plus saines,
04:32beaucoup plus naturelles, que c'est vraiment au bénéfice
04:36de la santé des personnes,
04:39il ne faut pas qu'on retombe dans des traverses comme cela,
04:41qui en plus vont créer une concurrence déloyale.
04:45– Bon, le congrès des maires se prépare.
04:48Est-ce que vous avez un meilleur climat que celui qui entoure la viande ?
04:52Et quelles sont, au moment où nous parlons,
04:54les inquiétudes de nos petits maires, si je puis dire ?
04:58– Il n'y a pas de petits maires.
04:59– Non, mais vous avez compris mon terme, ça n'avait rien de déplaisant.
05:02– J'ai compris, mais il y a des maires de communes plus modestes, certes.
05:07Eh bien, nous simplement, et j'étais avec le Premier ministre tout à l'heure,
05:12donc je peux vous dire que beaucoup de points sur lesquels
05:16nous réfléchissons et nous travaillons avec ce gouvernement,
05:20comme avec d'autres auparavant, c'est sur le statut des maires,
05:25et notamment c'est très important pour les maires des élus de communes rurales,
05:30c'est-à-dire une réforme de ce statut,
05:32une prise dans le compte qui est nécessaire de la reconnaissance
05:36du travail que l'on fait au quotidien et qui n'est pas,
05:40ben finalement, qui n'est pas, comment dirais-je,
05:43enfin, conforté par une indemnité qui soit correcte,
05:47notamment pour quelqu'un qui est jeune, qui veut s'engager,
05:50mais qui a besoin de remplir le frigo, qui est obligé de travailler à côté,
05:54ben ce n'est plus possible, et pourtant on est la proximité,
05:57et pourtant quand il y a un ruissellement, et quand il y a, et quand il y a,
06:01et quand il y a, c'est eux qu'on vient chercher.
06:04– En quelques mots, est-ce que vous comprenez votre consoeur maire de Pibraque,
06:07près de Toulouse, qui démissionne en raison des règles complètement rigides
06:10qu'on impose aujourd'hui à nos élus, au-delà des problèmes,
06:14bien entendu, tout simplement d'argent ?
06:17– Oui, je le comprends, parce que, tout simplement, et très rapidement,
06:21parce qu'encore une fois, moi je suis un maire depuis 89,
06:25donc j'ai le cuir tanné, mais quand on est jeune élu,
06:28et que l'on arrive, et au bout de quelques années,
06:30on se rend compte que c'est difficile, d'une part, d'avoir une activité professionnelle,
06:35d'avoir une activité d'élu, et finalement, au détriment d'un revenu correct,
06:40sans plus, on n'est pas là pour s'enrichir, et bien ça, je peux comprendre,
06:44et d'ailleurs de nombreuses décisions sont des gens qui exercent leur premier mandat.
06:48Alors je ne dis pas que c'est son cas, mais ça peut être son cas.
06:51– Merci infiniment Michel Fournier, président de l'Association des maires ruraux de France,
06:55qui, je le rappelle, regroupe 13 000 élus,
06:57et de très nombreuses villes de moins de 3 500 habitants.
07:01C'est une petite révolution, l'écran le plus regardé dans nos foyers,
07:05n'est plus la télévision, mais le téléphone portable.
07:08Juste après le journal de 18h30, vous entendrez des parents et leurs enfants,
07:11ce n'est pas toujours facile, facile, d'installer des règles, croyez-moi.
07:15Et puis l'eurodéputé France Insoumise, Manon Aubry,
07:18nous expliquera pourquoi cet accord du Mercosur que nous venons d'évoquer,
07:21fait vraiment l'unanimité contre lui.
07:24Agnès Bonfillon et Yves Calvi.