La France aura-t-elle un budget pour Noël ? Marine Le Pen menace plus que jamais de faire tomber le gouvernement en votant la censure avec la gauche, alors que Boris Vallaud, président du groupe PS à l'Assemblée nationale est reçu à Matignon. Le vote du budget 2025 cristallise les tensions entre les parlementaires de l'Assemblée nationale. La censure de l'exécutif Barnier tombera-t-elle la semaine prochaine ? Regardez l'interview de Emmanuel Grégoire, député (PS) de Paris, candidat à la mairie de Paris pour 2026.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 27 novembre 2024.
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00:00Il est 18h20, bonsoir Emmanuel Grégoire, vous êtes candidat à la succession d'Anne Hidalgo à la tête de la mairie de Paris, actuellement député PS de la Capitale.
00:10J'y reviens dans un instant, mais tout d'abord l'actualité nationale, ce soir le rapporteur de la commission des finances à l'Assemblée affirme que la seule solution pour sortir du chaos politique est la démission du Président Macron. Il a raison ?
00:22D'abord, restons dans le temps pour réalité qui est celle du travail parlementaire. Il y a incontestablement un moment de blocage à l'Assemblée Nationale et avant d'envisager la démission du Président Macron, il y a des dispositions constitutionnelles et politiques pour gérer cette crise.
00:38Il faut faire attention à ne pas rajouter du chaos au chaos parce que, en l'occurrence, je ne partage pas cet avis, je pense que la stabilité des institutions est un élément central.
00:47Au moment où nous parlons, vous estimeriez dangereux de revoter par anticipation dans une présidentielle ?
00:53Oui, pour plusieurs raisons. C'est que d'abord, une démission d'un Président de la République, la réorganisation du scrutin ne permet pas de poser un débat démocratique dans la durée dont notre pays, je crois, a besoin.
01:05Si, d'aventure, il faut retourner aux urnes pour l'élection d'un Président de la République, on a besoin de longs mois de campagnes, de confrontations, de débats, de pédagogie.
01:14Cela ne peut pas être à nouveau fait dans l'urgence d'une démission du Président de la République. Je crois que ce ne serait pas sain pour le débat démocratique. C'est important, je crois, de l'entendre.
01:22Aujourd'hui, on en est pas là. Aujourd'hui, on a un gouvernement barnier qui s'est pris les pieds dans le tapis. Il en est le seul responsable et donc la conclusion sera sans doute qu'il sera sanctionné par une mention de censure.
01:34Alors, le patron des députés socialistes, Boris Vallaud, est reçu ce soir par Michel Barnier. Le Premier ministre peut-il le convaincre et d'ailleurs vous convaincre de ne pas voter cette censure contre le gouvernement ?
01:43Écoutez, ça paraît peu probable. D'abord, je vais attendre le compte rendu des présidents de groupes socialistes, Patrick Cannaire au Sénat et Boris Vallaud à l'Assemblée.
01:51Ils sont en ce moment même avec le Premier ministre et je ne peux évidemment pas vous dire ce qu'ils se sont dit.
01:56Simplement, l'état d'esprit qui était le nôtre en y entrant, c'est qu'on ne voyait pas très bien comment le Premier ministre arriverait à formuler des propositions.
02:04Il les connaît, les propositions, puisque c'est le sens de très nombreux amendements que nous avons fait voter. Le groupe socialiste notamment a fait voter 82 amendements lors de l'examen du projet de loi de finances.
02:14Vous m'avez bien compris, la question qui vous est posée en ce moment, c'est êtes-vous capable, êtes-vous prêt à voter comme un seul homme avec l'ERN, le Rassemblement National ?
02:21Non, mais on ne vote pas avec le Rassemblement National. Chaque député, il est libre.
02:24Vous pensez qu'ils allaient voter la censure ?
02:26Non, mais on ne vote pas avec le Rassemblement. Pardon, ce n'est pas le cas. Il y a 577 députés. Chaque député, il est libre d'exprimer son vote.
02:34Il y aura une motion de censure qui sera déposée par l'un ou plusieurs groupes et chacun en conscience fera son choix.
02:40On ne peut pas utiliser cet argument moral que le Rassemblement National pourrait risquer de voter une motion de censure déposée par la gauche
02:46pour obliger la gauche à ne pas assumer ses responsabilités politiques, y compris, et c'est la principale, vis-à-vis de ses électeurs.
02:53Est-ce que vous passez à un autre vote ? Est-ce que vous allez voter l'abrogation de la réforme des retraites avec les insoumis demain ?
02:57La réponse est une décision de groupe que je vous relaie ici. Nous avons déposé un amendement parce que nous trouvons que la niche LFI est une mauvaise manière
03:06qui est faite au Parti Socialiste et il suffit d'avoir à gauche des partenaires qui n'ont aucune autre obsession que de mettre dans l'embarras la gauche dans son ensemble.
03:16La décision qui a été prise en responsabilité, c'est de proposer un amendement qui, comme son nom l'indique, fait évoluer la proposition de projet de loi de la France Insoumise
03:26mais même si cet amendement n'est pas voté, nous soutiendrons parce que le plus important, c'est de montrer au gouvernement que la réforme des retraites passée par 49-3
03:35n'a aucune légitimité populaire et donc nous la sanctionnerons.
03:38Alors, revenons à Paris. Une semaine après votre candidature, Anne Hidalgo vous met dans les pattes un candidat officiel, en l'occurrence Rémi Féraud.
03:44Elle vous a expliqué pourquoi ?
03:46Non, d'abord il n'y a pas de candidat officiel, il y a des candidats tout court et en démocratie c'est respectable.
03:50Moi je trouve que c'est simple, en démocratie, quand on a un choix, il faut qu'il y ait plusieurs candidats et c'est légitime.
03:55Vous devez quand même vous interroger sur le fait qu'Anne Hidalgo tente de vous barrer la route de la mairie, vous qui avez été son premier adjoint pendant des années.
04:01Oui, j'ai travaillé pendant 10 ans, nous avons fait des choses formidables, j'ai été très heureux de travailler pour cette équipe, pour Anne Hidalgo et pour toute l'équipe
04:08parce que c'est une équipe immense, c'est une équipe d'élus, c'est une équipe de fonctionnaires.
04:12A l'évidence, elle ne me soutient pas, je l'ai regretté et je suis passé à autre chose.
04:18Rémi Féraud veut, je cite, rassembler tous les socialistes, y compris Emmanuel Grégoire.
04:22Donc vous, il pense à vous, c'est gentil non ? Que lui répondez-vous ce soir ?
04:25Je suis dans les mêmes dispositions.
04:27Dans l'autre sens ?
04:29Rémi Féraud est quelqu'un que j'apprécie beaucoup, c'est un compagnon de route d'engagement militant de presque 20 ans.
04:35Et ce n'est pas parce qu'il candidate contre moi que je lui retire 20 ans d'affection.
04:41Je regrette son choix, je regrette qu'il soit, entre guillemets, l'instrument d'une vengeance.
04:46Clairement, je l'identifie comme ça d'Anne Hidalgo, mais ce n'est pas grave.
04:49Une vengeance d'Anne Hidalgo ?
04:50Oui, je pense oui. Elle m'a accompagné pendant des années dans cette ambition.
04:54Elle a changé d'avis et elle a le droit. J'ai le droit moi-même de le regretter.
04:58Et je vous le dis, ce n'est pas le plus important à mes yeux.
05:00Le plus important, c'est de savoir qui a le plus d'énergie, qui est le plus mobilisé,
05:04qui va être celui qui va porter la famille de gauche aux élections municipales de 2026.
05:09C'est ma boussole. Et donc, on va porter avec beaucoup d'enthousiasme ce projet.
05:13Et les militants choisiront quel est le candidat qui leur paraît le mieux placé pour gagner.
05:18Paris est la capitale de la France. Elle n'appartient pas qu'à son maire, si je puis dire.
05:22Quelle est la première mesure que vous entendez mettre en place ?
05:25Je vous demande une mesure concrète si vous devenez maire de Paris.
05:28Écoutez, elle n'est pas sans lien avec ce qu'a annoncé Rémi Féraud.
05:31Ce serait d'organiser une grande conférence sur le sujet des mobilités
05:35et de la méthodologie dont on conçoit les plans de circulation.
05:39Parce que j'ai vu l'annonce d'étendre la ZTL à l'ensemble de Paris.
05:43J'étais un peu surpris de cette annonce parce que je partage totalement l'ambition
05:48le plus raminant possible de réduire la place de la voiture pour protéger tout le monde de la pollution,
05:52pour la qualité de vie, etc.
05:54Mais je pense que c'est une annonce qui est un peu improvisée.
05:58Et c'est exactement ce que je ne veux pas faire.
06:00C'est-à-dire qu'avant d'annoncer des choses qu'on souhaite, on dialogue, on discute,
06:04on organise. C'est évidemment quelque chose qui ne peut pas s'apprécier à l'échelle de Paris seul.
06:08Réduire la place de la voiture, oui.
06:10Mais dans quelles conditions on augmente les transports en commun ?
06:12Dans quelles conditions on crée, entre guillemets, le schéma de transition ?
06:16Et donc, voilà, je procéderai différemment.
06:19Une chose est sûre, Paris se vide. Il y a de moins en moins d'habitants.
06:22Vous trouvez ça normal ?
06:23Je trouve que l'expression...
06:24Et comment l'expliquez-vous ?
06:25Alors, d'abord, l'expression Paris se vide est un peu excessive.
06:28Je vous rappelle que Paris a compté 3 millions d'habitants avec un pic en 1954.
06:32La population a baissé à 2 millions d'habitants en 1999.
06:35Ça a réaugmenté.
06:36Et le principal facteur de cette évolution, c'est deux choses.
06:39C'est d'abord la natalité.
06:40Et ensuite, le nombre de logements disponibles.
06:42La baisse de la démographie à Paris, elle est liée à la spoliation.
06:46Elle est liée à la spéculation immobilière dans laquelle un trop grand nombre de logements
06:51ne sont plus affectés à l'habitat des Parisiennes et des Parisiens,
06:55mais sont affectés à d'autres activités, des résidences secondaires, des meublés touristiques.
06:59C'est ça le poison.
07:00Le poison, c'est d'empêcher ceux qui font travailler, ceux qui font vivre Paris, d'y habiter.
07:05Merci Emmanuel Grégoire, député socialiste de Paris et candidat à la mairie de la Capitale.
07:10Les élections sont prévues pour mars 2026.
07:12Nous sommes d'accord.
07:13Bonne soirée.
07:14A bientôt sur RT.
07:15Merci.
07:17Dans un instant, le journal de 18h30.
07:18Puis à 18h40, nous demanderons à Georges Malbruneau
07:21si la France prend vraiment ses distances avec la Cour pénale internationale.
07:24Le Quai d'Orsay parle désormais d'une immunité concernant le Premier ministre israélien,
07:28Benjamin Netanyahou, qui fait depuis quelques jours l'objet, je vous le rappelle, d'un mandat d'arrêt international.