• il y a 3 mois
Vendredi 20 septembre 2024, SMART IMPACT reçoit Ambroise Collon (Directeur Général et cofondateur, Les Nouveaux Géants) , Jean-Christophe Habot (Fondateur, Feelbat) , Hélène Denise (Chargée de plaidoyer, Fondation Abbé Pierre) et Philippe Seas (Président, Actibaie)

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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:13Et voici le sommet. A mon invité, c'est Jean-Christophe Habot, le fondateur de Filbat, une solution pour surveiller les fissures des maisons, des bâtiments,
00:23mais aussi l'inclinaison ou l'humidité. On va vous expliquer tout ça dans une seconde.
00:27Comment finir avec les logements bouilloires ? Ce sera le thème du débat de Smart Impact, alors qu'un Français sur quatre affirme souffrir de ce phénomène chaque été.
00:35Et puis dans notre rubrique consacrée aux start-up écoresponsables, je vous présenterai les nouveaux géants, ou comment faire le même métier tout en le rendant plus écologique.
00:44Voilà pour les titres. On a 30 minutes pour les développer. C'est parti.
00:48L'invité de Smart Impact, c'est Jean-Christophe Habot. Bonjour. Bonjour. Bienvenue. Vous êtes le fondateur de Filbat, une entreprise créée il y a 4 ans.
01:04Je crois que la solution est disponible depuis septembre 2021. Depuis 3 ans, c'est quoi Filbat ?
01:10Filbat, c'est une société qui propose des capteurs connectés pour suivre les fissures et les mouvements sur le bâtiment.
01:16C'est une solution plug and play, abordable techniquement et financièrement.
01:20Alors quand on dit plug and play, comment ça marche ? Comment on l'installe ? Comment on l'utilise ?
01:24Vous prenez le capteur, vous achetez le capteur, vous le positionnez au droit de la fissure, vous prenez votre smartphone, vous connectez et vous pouvez suivre les mouvements en direct, dans le temps et aussi à distance.
01:36Alors je disais en titre, c'est fissure, inclinaison, humidité, il y a tout ça dans le capteur ?
01:43Alors on a un capteur spécifique pour la fissuration, un capteur spécifique pour l'inclinaison et nous développons actuellement un capteur spécifique pour la mesure d'humidité dans les murs.
01:53Pourquoi ? Il faut les 3 ? Est-ce qu'il faut forcément les 3 ou est-ce que l'un peut suffire en fonction des dommages que le bâtiment ou la maison est en train de subir ?
02:03Chaque cas est différent, c'est comme le corps humain, on va suivre la tension, la température, la pression matérielle.
02:09En fonction des pathologies, on va utiliser le capteur adapté et c'est pour ça qu'on a développé toute une gamme qui permet de répondre à chaque cas mais on peut coupler les 3 pour pouvoir analyser les différentes évolutions.
02:21Évidemment, on est au cœur notamment du phénomène de RGA, de retrait gonflement des sols argileux, on va en parler en détail mais je voudrais revenir au point de départ, comment l'idée vous est venue ?
02:32Marseille 2018, des bâtiments qui s'effondrent, la rue d'Aubagne, le quartier de mon enfance, ça m'a un petit peu impacté, un peu touché.
02:40J'étais spécialiste dans ce domaine-là, dans la diagnostique et étude des ouvrages, des bâtiments.
02:44Ma fille de 10 ans est capable de mettre une musique sur une ancienne Bluetooth avec mon téléphone.
02:49Ma grand-mère est capable de baisser les volets roulants avec son téléphone et nous experts du BTP, on est incapables de pouvoir suivre une fissure.
02:56J'ai fait une recherche très simple sur Internet, aucun produit identique permettant de suivre les fissures n'existait dans le monde.
03:02On l'a créé.
03:04C'était compliqué d'ailleurs de le créer, ça a demandé beaucoup de recherche et de développement.
03:07Est-ce que technologiquement, ce sont des technologies qui existaient déjà, que vous avez agglomérées, comment vous l'avez fait ?
03:13En fait, c'est le regroupement des technologies qui est compliqué.
03:17C'est faire de la conception hardware, donc mécanique et électronique, et du software.
03:23Et trouver toutes les compétences, les regrouper en peu de temps et les manager a été le plus compliqué.
03:28Qui sont vos clients aujourd'hui ? Des municipalités justement, qui cherchent à surveiller certains quartiers, certains bâtiments ?
03:34Des particuliers pour leur maison ?
03:36Alors, on a des bureaux d'études, des experts du BTP, mais on a aussi les communes.
03:41Les communes font appel souvent aux experts du BTP, mais ils sont en mesure de pouvoir poser un capteur et les suivre.
03:47Les particuliers aussi. On a des clients parisiens qui ont pu suivre le mouvement de leur bâtiment, qui ne fissuraient pas.
03:53Mais qui s'inclinaient doucement.
03:55Et ils ont trouvé la solution et ils l'ont mis en place.
03:58Alors justement, c'est la question que j'allais vous poser.
04:00Donc vous, vous êtes une sorte de vigie.
04:02Qu'est-ce qui se passe après ?
04:04Vous proposez des solutions, vous mettez en relation avec des professionnels qui ont les solutions ?
04:10Alors, effectivement, ils peuvent analyser la problématique, l'évolution, et ils peuvent aller voir un expert.
04:18Et nous pouvons aussi proposer, en fonction de tous les clients qu'on a sur la France, proposer un expert local pour qu'il puisse être accompagné.
04:26Alors il y a ce phénomène des logements fissurés, j'en parlais, lié au retrait gonflement des sols argileux.
04:32Ça concerne combien de Français aujourd'hui ? On en est où ?
04:36On parle de milliers de bâtiments touchés par la RGA.
04:41D'ailleurs, il y a un appel à projet que nous avons eu, lié à la RGA France 2030,
04:46pour pouvoir trouver des solutions de monitoring, de renforcement et de suivi permettant de trouver les solutions adaptées à chaque bâtiment.
04:55Il n'y a pas une région plus touchée que l'autre ? Ça concerne un peu tout le monde en France ?
04:59Effectivement, il y a des régions qui sont fortement touchées.
05:02On se rend compte qu'avec le temps, chaque région en France est touchée.
05:07Alors effectivement, le sud de la France, beaucoup de l'ouest.
05:10Mais on se rend compte que le centre et le nord, tous les bâtiments commencent à être touchés par ce phénomène-là.
05:16C'est un phénomène qui remet en question jusqu'au modèle d'assurance.
05:21On l'a déjà évoqué dans Smart Impact.
05:24Où est-ce que vous intervenez ?
05:28A quel point la solution que vous proposez peut permettre ensuite d'être efficace dans le traitement de ces fissures liées au sol argileux ?
05:38La solution permet surtout de faire de la gestion et de l'analyse.
05:43Les experts d'assurance ou experts d'assuré peuvent suivre et analyser le mouvement dans le temps,
05:49et prendre des décisions ou rapidement, parce que l'évolution est importante,
05:54ou prendre le temps d'étudier le renforcement et d'adapter le renforcement à la problématique rencontrée.
05:59C'est un vrai outil de gestion.
06:01Est-ce que vous voyez, puisque vous avez des outils d'alerte,
06:05l'amplitude des phénomènes s'accroître ?
06:13Vous voyez ce que je veux dire ?
06:15C'est-à-dire que des fissures qui n'étaient pas très importantes il y a 4 ou 5 ans,
06:18alors l'entreprise est assez jeune, mais qui aujourd'hui s'agrandissent de plus en plus vite.
06:23Est-ce que vous voyez ce phénomène-là ?
06:24On le voit au travers de nos clients, on le voit sur les données qui nous remontent.
06:28C'est suivant le type de bâtiment.
06:32On va avoir des bâtiments qui ne bougent pas.
06:34L'objectif aussi du capteur, c'est de pouvoir voir que ça puisse s'ouvrir.
06:38On appelle ça le souffle.
06:39Ça s'ouvre, ça se ferme, ça s'ouvre, ça se ferme.
06:41Le bâtiment vit comme ça.
06:43Mais on a des bâtiments, en général, quand ça évolue, ça évolue assez rapidement.
06:46Et dans l'année, on a des résultats.
06:48Avec des inégalités face au phénomène.
06:52Si la commune est classée ou non en état de catastrophe naturelle,
06:55est-ce que sa maison – et je parle en connaissance de cause parce que j'ai des amis qui ont été confrontés à ça –
07:00va effectivement remplir les critères ?
07:02À ce moment-là, on est totalement couvert par l'assurance.
07:04Il peut y avoir quelqu'un à 300 mètres de là qui ne comprend pas pourquoi il n'est pas couvert
07:09et qui se retrouve avec une maison qui a perdu énormément de sa valeur.
07:12Effectivement.
07:13Il peut y avoir des phénomènes d'inégalité, mais après, c'est essentiellement politique et assurance.
07:20Le particulier n'est déjà pas en mesure de pouvoir analyser lui-même l'évolution.
07:24Et après, le faire constater et le faire assurer et réparer, c'est une autre chose.
07:31Alors sur l'humidité, pourquoi vous êtes en train de développer un capteur sur ce phénomène spécifique ?
07:36L'humidité, c'est très simple.
07:38À Marseille, les bâtiments sont effondrés parce qu'il y a eu de l'eau qui s'est infiltrée dans les maçonneries,
07:43qui a impacté les joints de maçonnerie et qui ont été aussi une des causes de l'effondrement.
07:48Comme plein d'autres bâtiments, il y a eu Lille, il y a eu Bordeaux, alors chaque cas est différent.
07:54L'objectif est d'analyser la pathologie pour trouver la solution de réparation.
07:59Alors les verticales, elles sont assez larges, mais c'est essentiellement l'objectif de ce capteur-là.
08:04Et donc, il est compliqué à mettre au point ? Vous disiez, on est en train.
08:09Oui, disons qu'il est compliqué, c'est qu'on veut faire de l'innovation.
08:13On ne veut pas faire un produit vite fait, vite posé.
08:17On a développé une solution et j'en étais pas complètement content parce que je voulais aller encore plus loin.
08:24Parce que notre marché, alors effectivement, il est français, mais il est mondial.
08:27Et on veut sortir un capteur qui va être encore meilleur et qui devrait normalement sortir en début d'année prochaine.
08:31Vous en êtes où du développement de Filbât aujourd'hui ?
08:35Filbât a débuté, donc a été créé en 2020. On a commencé, j'étais seul.
08:41Aujourd'hui, on est 15. On a fait une levée de fonds d'un million cinq en début d'année.
08:45On cherche à en faire une pour l'année prochaine, pour se répandre sur l'Europe et l'international.
08:52On a une vraie volonté de devenir un major de l'IoT dans la prévention des ouvrages.
08:59Parce qu'on parle de bâtiments, mais il y a aussi les ponts, ouvrages et murs.
09:03Oui, qu'on peut surveiller aussi, qui ne le sont pas suffisamment aujourd'hui.
09:06Il y a eu ce qui s'est passé à Gênes il y a quelques années qui a peut-être servi un peu de prise de conscience ou de déclencheur.
09:14Est-ce que vous voyez les choses évoluer justement pour ces grands ouvrages ?
09:18Alors, il y a des démarches suite à Gênes, effectivement. Il y a eu des démarches nationales.
09:22Le CEREMA s'est mis au milieu de ça. Très bien, il y a eu des actions.
09:26Mais c'est toujours une histoire de moyens.
09:29D'où la raison de créer ces capteurs-là, abordables techniquement et financièrement,
09:34dans un but de pouvoir, dès la première fissure, poser le capteur et avoir un suivi, une analyse.
09:42Je pense que la réponse est dans la question.
09:44Plus facile de réparer quand on détecte tôt ?
09:47Vous avez répondu à la question.
09:49Effectivement, plus on met de temps, plus ça va vous coûter cher en réparation, voire même des fois ça va être impossible de réparer.
09:56L'objectif, effectivement, c'est de le prendre à temps parce que plus le bâtiment ou la structure évolue,
10:01plus le coût du renforcement ou le choix du renforcement va coûter cher et va prendre du temps.
10:07Merci beaucoup, merci Jean-Christophe Habou et à bientôt sur BeSmart for Change.
10:11On passe à notre débat, comment on finit avec les logements bouilloires ?
10:22Comment on finit avec les logements bouilloires ?
10:24C'est le thème de ce Smart Impact avec Hélène Denise, bonjour.
10:27Bonjour.
10:28Bienvenue, vous êtes chargée de plaidoyer à la Fondation Abbé Pierre, qui porte encore second pour quelques jours.
10:33On va dire ça comme ça.
10:34Philippe Séas, bonjour.
10:35Bonjour.
10:36Et à vous, vous êtes le président d'Actibé.
10:39En quelques mots, c'est quoi Actibé ?
10:40C'est un syndicat professionnel regroupant l'ensemble des installateurs et des fabricants en stores, fermetures, portes et portails.
10:46On va voir que vous proposez évidemment des solutions pour lutter contre ces logements bouilloires.
10:51Hélène Denise, c'est quoi un logement bouilloire ?
10:54Il n'y a pas de définition officielle, justement, mais à l'instar des passoires thermiques qu'on arrive à définir en fonction du DPE,
11:01les logements bouilloires, c'est assez difficile, mais ce sont des logements dans lesquels il fait trop chaud à tel point qu'on questionne leur habitabilité.
11:07Ça va vraiment au-delà du confort d'été.
11:09C'est souvent des logements qui sont mal isolés, mal ventilés, souvent qui n'ont pas de protection solaire.
11:14Les personnes sont dans l'incapacité de se protéger du soleil pendant la journée et qui se trouvent aussi souvent dans des environnements surchauffés,
11:21par exemple dans les quartiers populaires où il y a très peu de végétalisation, où c'est très minéralisé, avec beaucoup de circulation,
11:27où il va se faire très chaud, beaucoup plus qu'en dehors de l'espace urbain.
11:30Alors, ça semble une évidence, mais il faut sans doute la détailler, la rappeler.
11:34Le lien avec le réchauffement climatique, c'est-à-dire que c'est quoi ?
11:38On va, les uns et les autres, être confrontés à de plus en plus de vagues de chaleur, c'est ça ?
11:43Et donc, pour les gens qui habitent dans ces logements bouilloires, on imagine les conséquences ?
11:47Effectivement, les vagues de chaleur sont de plus en plus intenses, de plus en plus fréquentes, de plus en plus longues, on l'a tous remarqué.
11:52Et donc, le nombre de personnes qui déclarent avoir trop chaud chez elles, par exemple, a augmenté de 26 % en 10 ans,
11:58puisque les canicules se multiplient et nos logements ne sont pas adaptés.
12:02Beaucoup trop de logements sont s'envoler, sont mal isolés, mal ventilés, je le disais.
12:06Et donc, effectivement, il y a une augmentation du nombre de personnes qu'on appelle en précarité énergétique d'été,
12:12qui n'arrivent pas à se protéger avec toutes les conséquences sanitaires, sociales que ça peut avoir.
12:16Philippe Sias, pour un logement qui est considéré comme bouilloire, il y a des solutions techniques ?
12:25Ça représente quel investissement ?
12:27Évidemment, ça doit dépendre de la taille du logement, du nombre d'ouvertures, etc.
12:31Mais vous voyez ce que je veux dire, on est dans des populations souvent précaires
12:36et des investissements qui sont relativement importants par rapport au budget de ces populations ?
12:40Disons que oui.
12:41Évidemment, sur les stores extérieurs, parce que là, on parle vraiment de stores ou de protections fermetures extérieures,
12:47parce qu'une fois le rayon solaire passé par le vitrage, ça s'est déjà transformé en chaleur.
12:53Mais vraiment, sur cette partie-là, c'est un peu plus cher que le store intérieur,
12:56même si déjà le store intérieur peut faire quelque chose, c'est quand même pas aussi efficace.
13:00Et on peut effectivement envisager, en fonction du nombre de fenêtres, des dimensions de la mise en œuvre,
13:07aux alentours de 1500€ sur un équipement d'un logement,
13:14ce qui n'est pas forcément d'un grand niveau, même si c'est déjà 1500€,
13:21par rapport à d'autres travaux que l'on peut avoir dans des logements.
13:24Avec un effet rapide, évident, sur la baisse de température dans ces logements bouilloires,
13:30confrontés au wave de chaleur ?
13:31Je crois que tout le monde l'a déjà certainement vécu.
13:35Vous êtes en pleine chaleur sur une terrasse, un store se déploie et vous vous sentez déjà bien mieux et bien plus à l'aise.
13:41Donc c'est tout de suite perceptible.
13:44La seule problématique, on va dire, c'est qu'au-delà déjà de promouvoir la protection extérieure,
13:50il faut aussi pouvoir, j'allais dire c'est un terme un petit peu automatisé,
13:55ou en tout cas rendre beaucoup plus performant le store, même quand l'utilisateur n'est pas là,
14:01par des automatisations simples, un peu comme si vous metteriez un thermostat sur un radiateur.
14:05Aujourd'hui, ça paraît assez traditionnel.
14:07Aujourd'hui, il faudrait aussi mettre entre guillemets une sorte de petite commande thermostatique,
14:12pas plus, pas moins, mais qui permettrait naturellement que le store descende
14:16pour éviter que la chaleur rentre dans le logement, alors que les personnes vont travailler,
14:19ne sont pas forcément dans ce logement.
14:21Donc c'est vraiment à la fois protection et gestion de cette protection qui devraient être, à mon avis,
14:27une des bases, alors évidemment c'est mon métier, mais une des bases quand même de l'amélioration de ces logements.
14:34Et on va parler politique publique.
14:36Vous avez publié cet été un rapport sur ces logements bouillards.
14:39Vous dites que l'État reste de glace au titre de ce rapport.
14:42Pourquoi ?
14:44Manque de subventions, manque d'aide, pas de confiance.
14:48Aujourd'hui, la question de la chaleur n'est quasiment pas prise en compte dans la lutte contre la précarité énergétique,
14:52mais pas non plus dans nos politiques de rénovation énergétique,
14:55qui se concentrent surtout sur la décarbonation des logements,
14:58sur le maintien d'une température minimale, sur la réduction de la consommation d'énergie,
15:02et s'intéressent très peu finalement à la question de l'adaptation.
15:05Alors il y a quand même des petites évolutions, des petites évolutions positives ces dernières années,
15:10notamment l'ANA depuis le début de l'année va subventionner l'installation de volets ou de brasseurs d'air dans des rénovations globales.
15:17Mais ce n'est pas le cas dans les petits gestes.
15:19Par exemple, si on doit d'urgence installer des volets ou un brasseur d'air chez soi,
15:23on ne peut pas juste le faire en dehors d'une rénovation globale,
15:26qui, on le sait, sont des travaux qui sont très lourds.
15:28Seulement 3% des rénovations chaque année sont des rénovations globales.
15:31Donc à ce rythme, on n'y arrivera pas.
15:33Et puis surtout, la question de la chaleur n'est pas intégrée dans les critères de décence.
15:38C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a beaucoup entendu parler du calendrier d'obligation de rénovation
15:43qui va peser sur les bailleurs ces prochaines années.
15:45Si vous êtes propriétaire d'une passoire thermique en location,
15:49vous devrez le rénover selon un calendrier qui est fixé.
15:53La question de la chaleur n'est pas du tout prise en compte.
15:55Mais ce ne sont pas les mêmes, un appartement qui a une passoire thermique,
15:57il n'est pas forcément aussi une bouilloire l'été ?
16:00Ça peut arriver, effectivement.
16:01Trois quarts des personnes qui déclarent avoir froid l'hiver dans leur logement
16:04ont aussi chaud dans leur logement.
16:06Puisque, effectivement, les bouilloires, c'est aussi des logements mal isolés, mal ventilés.
16:09Mais on ne rénove pas exactement de la même façon.
16:11Parce qu'aujourd'hui, on va faire des rénovations, on va isoler très bien le logement,
16:16faire une enveloppe, mais en fait, on va transformer le logement en thermos,
16:19si on ne va pas en plus ajouter des occultations solaires.
16:22Donc, il faut vraiment que la question de l'adaptation soit systématiquement prise en compte
16:26dans les travaux qui sont subventionnés par l'État
16:29dans le cadre de MaPrimeRénov', de tous les dispositifs qui existent.
16:32Philippe Serres, qu'est-ce que vous attendez de l'État, justement,
16:35après la publication de ce rapport ?
16:37Parce que vous parliez de MaPrimeRénov',
16:39on a vu qu'il y avait des arbitrages qui avaient été faits par le gouvernement des missionnaires
16:43et avec une enveloppe moins importante pour MaPrimeRénov'.
16:46Donc, bon, on peut peut-être être un peu inquiet.
16:48Qu'est-ce que vous en attendez ?
16:50Déjà, premièrement, MaPrimeRénov', c'était, comme le disait Hélène,
16:54une vraie avancée de reconnaissance que, déjà, nos produits soient intégrés
17:00dans la rénovation énergétique des logements.
17:03Le fait est que c'est encore une vigne à gaz.
17:07Pourtant, elle a été simplifiée une fois, mais bon.
17:09Oui, et puis, en plus, elle a été simplifiée, mais à différentes reprises,
17:12dans un timing. J'ai vu un rapport comme quoi il n'y avait à peu près que 52,
17:17sur toute la France, 52 projets aidés par MaPrimeRénov'
17:21dans le domaine de la protection solaire, à juin 2024.
17:25Pour vous dire qu'on est loin de ce qu'il faut faire.
17:28Non, ce qu'il faut, c'est rendre les choses plus simples,
17:31c'est-à-dire, soit une TVA réduite, ce qui serait très bien,
17:34parce qu'une TVA 5.5, comme ça, déjà, pour la fenêtre qui est isolante,
17:37pour le store, ça pourrait être une très bonne chose.
17:39Et puis là, pour le coup, moins de démarches administratives.
17:42Vous disiez, effectivement aussi, le monogeste, c'est-à-dire,
17:46oui, j'installe un store ou j'installe des stores,
17:50j'ai besoin d'un épaulement de MaPrimeRénov'.
17:53Troisième point aussi, laisser deux oeufs, avec la possibilité de pouvoir...
17:57Mais certifié à l'économie de l'énergie.
17:58Certifié à l'économie de l'énergie, pardon.
18:00Et là, on a un petit point juste d'achoppement juridique
18:03avec la DGEC qui veut absolument avoir une problématique de thermique.
18:12Et là, on a un problème juste juridique,
18:15parce qu'en plus, ce n'est pas de l'argent de l'État,
18:17ce sont les obligeants qui doivent aider ceux qui veulent rénover leur logement.
18:23Donc là aussi, le C2E, c'est un point très important.
18:26Et on en parlait ensemble avant-plateau,
18:28le DPE, au moins, que la protection solaire soit intégrée dans le DPE.
18:35Est-ce qu'il y a une...
18:36Alors évidemment, là aussi, la question est un peu trop large,
18:38mais bon, vous parliez des bailleurs.
18:41Il y a une mauvaise volonté parfois, il y a une prise de conscience quand même.
18:46Comment vous avez évalué ça ?
18:49Alors au niveau des passeurs thermiques, maintenant, on en parle beaucoup.
18:51Les bailleurs commencent à savoir qu'il va falloir rénover de façon progressive
18:55et il faut effectivement continuer à les aider, à les accompagner pour ce faire.
18:59L'aiguillon réglementaire accélère le mouvement.
19:02Oui.
19:03Vous voyez l'effet, il est réel. Ça, vous l'avez ressenti.
19:05Absolument. On voit un nombre de propriétaires bailleurs
19:08qui vont s'adresser aux services de la rénovation énergétique,
19:11qui est de plus en plus important.
19:12On voit qu'il va y avoir un mouvement.
19:14Il faut continuer à rappeler les obligations qui passent sur les bailleurs
19:18et aussi informer les locataires de leurs droits,
19:20parce qu'ils ne sont pas forcément au courant, par exemple,
19:22qu'on ne peut pas augmenter leur loyer s'ils vivent dans une passoire thermique,
19:25ce genre de choses.
19:26Donc ça, il faut continuer à le faire.
19:28Et sur la question de l'adaptation, effectivement, faire évoluer le DPE
19:31pour que le critère de la chaleur soit mieux pris en compte
19:34et que ce soit un vrai cap pour faire une politique publique d'adaptation
19:38qui soit à la hauteur.
19:39On parle de politique publique.
19:40C'est une question de santé publique.
19:42C'est-à-dire qu'il y a un impact de ces...
19:45Alors restons sur les boulevards thermiques,
19:47sur la santé des occupants,
19:49qui ensuite, évidemment, vont coûter de l'argent au régime de sécurité sociale.
19:54C'est basique, mais il faut le rappeler.
19:56Absolument.
19:57On estime qu'on a 50 millions d'euros par an de dépenses de santé publique
20:05à cause des canicules, à cause de la chaleur.
20:08L'année dernière, c'est 5 000 personnes qui sont encore décédées à cause de la chaleur.
20:11C'est aussi 20 000 recours aux soins d'urgence.
20:13Donc on voit que ça pèse vraiment sur notre système de soins.
20:16Et c'est souvent les plus fragiles,
20:17donc les personnes âgées, les enfants.
20:19Et puis au-delà de ça, ce sont souvent les plus modestes
20:21qui vivent dans des boulevards thermiques,
20:23dans des quartiers qui sont mal adaptés.
20:26Et donc c'est souvent eux aussi qui en pâtissent le plus.
20:28Et c'est pourquoi c'est vraiment une facette du mal-logement
20:31et une vraie source d'inégalité.
20:33Philippe Séastre, la clim, c'est une solution ?
20:35Une fausse bonne solution ?
20:37C'est une solution auquel on ne peut pas déroger.
20:42Déjà, on le comprend bien dans des hôpitaux et choses comme ça.
20:45Et puis ça dépend aussi de la région dans laquelle on se trouve.
20:47Donc la climatisation, oui.
20:49Mais avant d'utiliser la climatisation,
20:51utilisons tout ce qui est en nos pouvoirs
20:53pour réduire la consommation de ces climatisations.
20:57Et surtout qu'en plus, le problème de la climatisation,
20:59surtout les petites climatisations qu'on trouve
21:02dans les grandes surfaces de bricolage, etc.,
21:04ce sont des achats d'impulsion.
21:06Au moment où il fait une chaleur folle,
21:08tout le monde s'achète sa petite climatisation.
21:10Donc des qualités discutables,
21:14d'efficacité également discutable,
21:16et puis un apport d'énergie qui est incroyable.
21:21En plus, vous créez des compresseurs extérieurs
21:24qui font des îlots de chaleur.
21:26Là où on a déjà chaud, on recrée de la chaleur,
21:28on consomme de l'énergie.
21:30C'est-à-dire que, sans être contre la clim,
21:32parce que bien évidemment, il y en a besoin,
21:34il faut, avant la clim,
21:36faire tout ce qui est en notre pouvoir
21:38pour qu'on puisse réduire au maximum
21:40son utilisation.
21:42Merci beaucoup, merci à tous les deux
21:44et à bientôt sur Mi Smart for Change.
21:46On passe tout de suite à notre rubrique Start-up.
21:55Smart Ideas avec Ambroise Collomb.
21:57Bonjour.
21:58Bonjour.
21:59Bienvenue.
22:00Vous êtes le directeur général,
22:01le cofondateur des Nouveaux Géants,
22:03créé il y a trois ans avec Alexis Bringuier.
22:05Avec quelle idée, Smart Ideas,
22:07c'était quoi l'idée de départ ?
22:09L'idée, c'est très simple.
22:10C'est de se dire qu'en fait,
22:11on a plusieurs manières de s'investir
22:13pour la transition écologique.
22:14On peut le faire dans son quotidien,
22:16avec l'avion, la viande, etc.
22:18Mais en fait, pour être géant,
22:19il faut le faire dans son métier.
22:21Du coup, on a créé un institut de recherche
22:23et de formation
22:24sur la transition écologique des métiers
22:26pour aider chacun, qu'on soit comptable,
22:28qu'on soit en IT, qu'on soit aux achats,
22:30à intégrer la transition écologique
22:32dans son geste métier du quotidien
22:34parce que c'est là qu'on a le plus d'impact.
22:36Qui sont vos clients ?
22:37Comment fonctionne l'entreprise ?
22:39Nous, on crée des formations
22:42pour nos clients qui sont, tout secteur,
22:44plutôt des grosses entreprises.
22:45On a travaillé avec BPI France,
22:47Leroy Merlin, Unibail, Urgo, SFR
22:50et on les accompagne par département.
22:53Par exemple, on va nous missionner
22:55sur le département des achats
22:57et pour le département des achats,
22:59on va faire une séquence de formations
23:00qui vont leur permettre de changer
23:0220, 30, 40, 50 %
23:04de leur geste métier du quotidien.
23:06Est-ce qu'il y a des métiers,
23:07comment je peux dire ça,
23:09prioritaires à rendre d'urgence plus écolo
23:11parce que l'effet de levier
23:13sera plus important,
23:14vous voyez ce que je veux dire ?
23:16Je pense par exemple aux achats.
23:18On sait que les directions d'achat
23:20dans les entreprises,
23:21c'est un vrai levier de transformation.
23:22Oui, il y a ça.
23:23En fait, il y en a d'autres.
23:24C'est pour ça qu'on fait de la recherche
23:25et on a dû justement publier un rapport
23:27avec des partenaires
23:29sur le sujet de par qui on démarre
23:33et ce qu'on arrive à dire,
23:34c'est qu'en fait,
23:35pour chaque métier,
23:36il y a un impact direct,
23:37indirect ou systémique.
23:38Direct, c'est les achats contribuent
23:40en moyenne à 80 %
23:41du bilan carbone de l'entreprise.
23:42En fonction des secteurs,
23:43ça change.
23:44Indirect, c'est par exemple la finance.
23:46Si on fait bouger les financiers
23:47qui sont capables de compter
23:48des nouvelles valeurs,
23:49on change tout l'arbre décisionnel
23:50de l'entreprise.
23:51Donc ça a un énorme impact indirect.
23:53Et systémique,
23:54ça peut être par exemple la communication.
23:56Si je fais des spots à la télé
23:57qui vont toucher des millions de personnes,
23:59si je raconte des nouveaux imaginaires
24:01de transition écologique,
24:02j'ai un impact énorme à ce métier-là.
24:04Donc en fait,
24:05on ne peut pas donner une seule réponse.
24:07Donc les métiers sont concernés.
24:08Tous les métiers sont concernés.
24:10C'est un peu comme la transition digitale.
24:12Tout le monde est balayé en fait.
24:14Seulement c'est plus puissant.
24:16Et ce qu'il faut comprendre,
24:17ce n'est pas parce qu'on n'a pas
24:18un impact direct fort
24:19qu'on n'a pas un impact énorme ailleurs.
24:21Je vais poser la question.
24:23C'est un peu la même question
24:24mais différemment.
24:25Est-ce qu'il y a des métiers
24:27plus difficiles à transformer
24:28que d'autres ?
24:29Il y a des métiers
24:30qui ont moins de maturité sur le sujet.
24:33Typiquement,
24:34les métiers de l'offre, des achats.
24:36On leur parle d'achats durables
24:37depuis longtemps.
24:38On leur parle d'éco-conception
24:39depuis longtemps.
24:40Et donc,
24:41ils sont réceptifs à ce genre de messages.
24:44Je prends par exemple
24:46des métiers comme justement
24:48ceux de la finance.
24:49Souvent, on a en fait
24:50le rapport extra-financier.
24:52C'est le job de la RSE,
24:53ce n'est pas mon job.
24:54Donc ça par exemple,
24:55ça peut être des métiers
24:56plus difficiles.
24:58C'est en train de changer
24:59avec la réglementation européenne.
25:00Avec la CSRD,
25:01je pense que vous allez retrouver
25:03des oreilles beaucoup plus attentives.
25:05Oui, ça bouge énormément
25:07même si encore une fois,
25:08moi je rencontre plein d'entreprises
25:10où la RSE a encore du mal
25:12à expliquer qu'ils ne vont pas
25:13porter ça tout seul.
25:14Et la CSRD en l'occurrence,
25:16oui c'est la finance peut-être
25:18qui va piloter certaines choses
25:19mais c'est tous les métiers
25:20qui vont devoir rapporter
25:21des nouvelles données.
25:22Donc ça,
25:23ça va accélérer énormément
25:24cette transition.
25:25Est-ce qu'on parle
25:26de transformation de métier,
25:28alors c'était beaucoup lié
25:29à la révolution numérique
25:30mais je pense que ça peut aussi
25:31être lié à la révolution
25:33environnementale et sociétale.
25:36Est-ce qu'il faut faire évoluer
25:37son métier au risque
25:39pour ne pas le voir disparaître ?
25:41Oui, vraiment.
25:43Je reprends par exemple
25:45l'exemple de l'éco-conception.
25:48Un responsable de produit
25:50qui demain ne sait pas
25:51ce qu'est une analyse
25:52de cycle de vie,
25:53c'est-à-dire qu'il ne sait pas
25:54mesurer ou lire l'impact
25:55d'un produit,
25:56il ne pourra pas garder
25:57son employabilité
25:58pendant longtemps,
25:59c'est évident.
26:00Pourquoi ?
26:01Parce que déjà,
26:02il y a des réglementations
26:03qui vont demander
26:04à ce que tout le monde fasse ça
26:05et d'autre part,
26:06ça devient un élément
26:07de négociation
26:08dans la relation fournisseur
26:09donc ça vient couvrir
26:10l'ensemble du spectre
26:11du métier par exemple.
26:12Vous en êtes où
26:13du développement
26:14des nouveaux géants ?
26:15Aujourd'hui,
26:16on est 10 personnes
26:17dans l'entreprise.
26:18On s'est développé
26:19dans un certain nombre
26:20de secteurs,
26:21quasiment tous les secteurs
26:22et aujourd'hui,
26:23le challenge,
26:24c'est de faire aussi exister
26:25cette activité de recherche
26:26qu'on lance
26:27qui nous permet
26:28d'aider les gens
26:29à comprendre
26:30ce que ça veut dire
26:31cette transition écologique
26:32des métiers.
26:33Là, on va sortir
26:34le 21 novembre
26:35un papier
26:36sur 11 fiches
26:37de poste prospective
26:38pour les 11 métiers
26:39qu'on retrouve
26:40dans tous les secteurs
26:41de l'entreprise
26:42et ensuite évidemment,
26:43continuer de développer
26:44l'activité
26:45pour ambition
26:46d'accompagner
26:47encore des milliers
26:48de personnes
26:49sur ce sujet.
26:50Avec l'idée,
26:51on y a consacré
26:52plusieurs émissions
26:53de se baser
26:54sur la science.
26:55C'est ce que je comprends
26:56quand vous dites
26:57qu'on fait un travail
26:58de recherche en fait.
26:59Oui, bien sûr.
27:00Alors, on se base
27:01sur la science d'une part
27:02du point de vue de l'impact
27:03et aussi, nous,
27:04on a vraiment
27:05une posture d'humilité.
27:06Je ne connais pas
27:07tous les métiers,
27:08je ne sais pas
27:09accompagner tous les métiers
27:10donc on travaille
27:11avec des experts,
27:12c'est avec eux
27:13qu'on fait de la recherche.
27:14On travaille avec des gens
27:15sur le terrain
27:16qui eux sont confrontés
27:17à oui, très bien,
27:18je suis en train
27:19de changer mon métier
27:20mais voilà telle ou telle
27:21difficulté
27:22pour proposer des synthèses
27:23et faire de la pédagogie
27:24en fait, tout simplement.
27:25Merci beaucoup Ambroise Collomb
27:26et bon vent
27:27au nouveau géant.
27:28Voilà, c'est la fin
27:29de ce numéro de Smart Impact.
27:30Merci à toutes et à tous
27:31de votre fidélité
27:32à Be Smart for Change.
27:33À très vite.