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Mardi 17 octobre 2023, SMART IMPACT reçoit Alexandra Gibou (Responsable, Claquettes Market) , Hélène Arambourou (directrice adjointe du département Développement Durable et Numérique, France Stratégie) , Anne Dunoyer (vice-présidente, fédération Fransylva) et Emilie Huet (Directrice, La Puzzlerie)

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00:00 Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation
00:12 environnementale et sociétale de notre économie.
00:14 Et voici le sommaire.
00:16 Mon invité aujourd'hui, c'est Alexandra Gibou, la responsable de Claquettes Market,
00:20 place de marché créée il y a un an par le groupe Eram pour donner une nouvelle vie
00:25 aux chaussures oubliées.
00:26 Et pour le débat de ce Smart Impact, on va se demander comment gérer les forêts françaises
00:31 alors que le gouvernement lance un plan de renouvellement forestier et que nos massifs
00:35 souffrent du réchauffement climatique.
00:38 Et puis dans notre rubrique Start-up, je vous présenterai la puzzlerie qui propose de donner
00:43 une seconde vie à nos puzzles.
00:45 Voilà pour les titres, on a 30 minutes pour les développer.
00:48 C'est parti.
00:49 Bonjour Alexandra Gibou, bienvenue.
00:56 Bonjour, merci de me recevoir.
00:58 Vous êtes donc responsable des projets mode circulaire et durable du groupe Eram et on
01:02 va découvrir ensemble Claquettes Market qui a été lancé il y a un an, automne 2022,
01:09 place de marché.
01:10 C'est quoi la démarche ? Pourquoi vous l'avez créée ?
01:12 Alors en effet, on a lancé Claquettes Market en novembre dernier, donc on arrive sur nos
01:17 un an.
01:18 On l'a créée initialement, alors le projet ça fait plus de 3 ans qu'on l'a en tête
01:23 et qu'on l'a testé parce qu'on a d'abord fait 2 ans de test en magasin pour être sûr
01:28 de l'appétence de nos clients et de savoir si ça allait même au niveau de nos boutiques
01:33 prendre aussi parce que ça impacte quand même les réseaux de magasins.
01:37 On l'a lancée parce qu'on a fait plusieurs constats, c'est qu'aujourd'hui le premier
01:40 c'est que l'industrie de la mode est une des plus polluantes, qu'il y a des tonnes
01:45 de chaussures qui dorment dans les placards des consommateurs et que les consommateurs
01:50 se tournent de plus en plus vers des économies circulaires, la seconde main, les produits
01:54 reconditionnés.
01:55 Et l'autre constat qui concerne plutôt les usages, c'est que les consommateurs ne sont
02:02 pas forcément à l'aise avec les sites de seconde main, déjà parce qu'il faut être
02:05 à l'aise avec le digital dans un premier temps et aussi parce que ça prend du temps
02:09 de poster une annonce pour récolter quelques euros et c'est pas forcément… il y a beaucoup
02:14 de gens qui ne passent pas le cap et c'est pour ça qu'on a lancé Claquette Market
02:18 pour pouvoir aider nos clients.
02:19 Oui, donc là on est dans un modèle avec trois filières d'approvisionnement qu'on
02:23 peut détailler.
02:24 Vous l'avez évoqué d'abord, les boutiques partenaires, vos clientes, vos clients sont
02:30 mis à contribution, comment ça marche ?
02:31 Alors, on a la chance du coup de faire partie du groupe Eram, on est vraiment une BU à
02:35 part entière mais on s'appuie sur la force du groupe qui est déjà un chausseur qui
02:40 existe depuis plus de 100 ans et qui grâce à cela a beaucoup de boutiques en France.
02:44 On a du coup développé 60 corners dans les boutiques Eram et Bocage.
02:49 Je peux rapporter mes chaussures dans ces corners ?
02:51 Exactement.
02:52 N'importe quelle marque ou uniquement les marques du groupe ?
02:53 Alors, chez Eram, n'importe quelle marque puisque c'est un multi-marques de base,
02:57 chez Bocage seulement les paires Bocage mais on a plus de magasins Eram partenaires que
03:03 Bocage et là en effet, nous l'idée c'est vraiment d'être facilitateur.
03:08 Vous nous ramenez vos paires, donc quelle que soit la marque chez Eram, on vous les
03:12 prend, on les bichonne, ce qu'on appelle nous bichonner.
03:17 On reconditionne en quelque sorte.
03:18 C'est un reconditionnement à la main dans les boutiques, on appelle ça le bichonnage
03:22 parce qu'on les hygiénise, on les nettoie à l'intérieur, à l'extérieur, on les
03:26 re-stire, on les embellit qu'elles soient vraiment toutes nickel pour la vente.
03:30 On rédige l'annonce pour les comptes des clients, on prend en photo, on a des mini
03:34 box photo dans nos magasins, on les prend en photo et ensuite les paires elles sont
03:38 visibles à la fois en ligne sur Clacat Market et dans le corner.
03:42 Donc en fait il y a deux fois plus de chances de les vendre.
03:44 Si je rapporte mes chaussures, je vais récupérer quoi ? Un bond d'achat, de l'argent ?
03:48 Un bond d'achat.
03:49 Du coup l'idée c'est que nous l'objectif c'était vraiment de driver du trafic en
03:53 magasin parce que les centres-villes aujourd'hui c'est plus compliqué donc c'est aussi
03:56 faire revenir au commerce de centres-villes et puis nos conseillers en magasin passent
04:02 beaucoup de temps à habiller vos chaussures, prendre les photos, mettre en ligne.
04:05 Donc l'idée c'est qu'ils récupèrent un bond d'achat du montant de leur vente auquel
04:09 on ajoute 30% supplémentaire et ces bonds d'achat sont cumulables.
04:13 Donc vraiment aujourd'hui dans une période d'inflation, de baisse de pouvoir d'achat,
04:16 c'est quelque chose qui enchante les clients parce qu'ils peuvent du coup vendre plusieurs
04:20 paires qui traînent dans leur placard, se faire un jolie pactole, une belle cagnotte
04:23 auquel on ajoute 30% et s'acheter une paire sans avoir à débourser.
04:27 Deuxième source d'approvisionnement, la manufacture Eram qui est située à Mont-Jean-sur-Loire,
04:31 on est dans le Maine-et-Loire, qui produit 280 000 paires par an à peu près.
04:37 Je n'ai pas trop leurs chiffres de production.
04:39 C'est ce que j'ai lu en préparant l'émission.
04:41 Mais il y a des chaussures qui ont des petits défauts, c'est ça ?
04:44 C'est là que la quête marquette intervient ?
04:46 Intervient.
04:47 Alors la manufacture c'est vraiment une usine qui appartient au groupe Eram depuis toujours
04:49 qui font aujourd'hui des chaussures made in France pour le groupe mais pas que, aussi
04:53 pour des marques extérieures.
04:54 Et on a créé un petit atelier de reconditionnement avec Jean-Olivier qui est le directeur de
04:59 la manufacture pour justement, parce que le constat en créant la quête marquette,
05:03 c'est qu'il y a des tonnes de paires qui reviennent des magasins et qui sont ce qu'on
05:07 appelle défraîchies parce qu'elles ont été essayées, il y a une bride qui a cassé,
05:11 il y a un pied qui est décoloré par rapport à l'autre et ça c'est des paires qu'on
05:14 ne peut plus vendre.
05:15 Du coup, qu'est-ce qu'on fait de ces paires-là ? On s'est dit, on les renvoie à la manufacture.
05:20 Eux, ils ont toutes les compétences pour les remettre en état.
05:22 Ils peuvent repiquer une chaussure, remettre une boucle, la recolorer.
05:26 Et du coup, on revalorise toutes ces chaussures, elles reviennent comme neuves et nous on les
05:30 vend à -50% sur le site Calcate Market et en magasin.
05:33 Troisième source, la communauté en quelque sorte.
05:36 Vous et moi si j'ose dire.
05:38 Donc c'est quoi, ça devient une plateforme de vente en ligne tout simplement ?
05:41 Très classique.
05:42 Si je les vends ou achetées, je trouve des chaussures ?
05:44 Je poste moi-même mon annonce, j'ai un acheteur en face qui l'achète et je récupère mon
05:48 argent sur ma cagnotte.
05:49 C'est honnêtement aujourd'hui pas la source de trafic la plus importante.
05:56 C'est pas ce que cherchent les clients et on se rend compte que vraiment les clients
05:59 se tournent vers les magasins pour ce service.
06:01 Quel bilan vous faites ? On n'est pas tout à fait un an mais presque un an après le lancement.
06:05 Nous on a un très bon bilan.
06:06 On est content.
06:07 On n'avait pas objectif d'être rentable dès la première année.
06:10 C'était de toute façon pas notre volonté et on ne le sera pas.
06:13 Néanmoins, on a vendu plus de 4 500 paires de particuliers.
06:18 On a vendu 11 000 paires de reconditionnés sur les 17 000 reconditionnés.
06:23 C'est pareil, c'est un bel écoulement.
06:25 L'objectif c'est de grandir et on aimerait vraiment surtout accroître cette partie servicielle
06:31 en magasin et qu'on ait plus de personnes qui viennent nous apporter leurs paires.
06:35 Notre objectif à partir de 2024, c'est d'ouvrir, c'est pour ça qu'on s'appelle
06:39 Clacat Market sous le principe de la Marketplace.
06:42 C'est qu'on souhaiterait être demain la Marketplace de chaussures qui peut accueillir
06:45 toutes les marques qui ont comme nous des stocks de défraîchis en fin de saison, qui
06:50 ne savent pas quoi en faire, qui n'ont pas forcément une usine pour les reconditionner.
06:53 Notre objectif, ce serait qu'on reprenne leurs stocks, on les reconditionne et on les propose
06:57 à -50 à nos clients.
06:59 Un Vinted 100% chaussures.
07:01 C'est ça, une Marketplace seconde vie de chaussures.
07:04 Est-ce que vous avez fait le bilan carbone de tout ça ? C'est-à-dire ce qu'on économise
07:09 par rapport au même nombre de paires neuves vendues ?
07:11 On est en cours, on a lancé une étude, c'est assez long, ce sont des études qui ne prennent
07:15 pas mal de temps.
07:16 On s'était dit qu'on la lancerait justement à partir de nos un an.
07:19 Donc là, on a lancé l'étude.
07:21 Aujourd'hui, je n'ai pas tous les chiffres, mais c'est quelque chose qu'on publiera
07:24 quand notre rapport sera sorti.
07:26 Évidemment, et ça fait partie des objectifs.
07:28 Parce que, évidemment, le modèle économique des rames, comme de toutes les marques de
07:32 retail, c'est d'abord de vendre des chaussures neuves au plus grand nombre.
07:34 Vous n'êtes pas la première à qui je pose la question, mais qu'est-ce qui fait qu'on
07:39 se dit qu'on va être notre propre concurrent d'une certaine façon ?
07:41 Alors, ce n'est pas tant être concurrent, c'est comme en automobile, on a les concessionnaires
07:48 qui vendent du neuf.
07:50 Ça semble étonnant dans le vêtement, dans les chaussures, alors que c'était dans le
07:55 modèle courant en auto.
07:56 Exactement.
07:57 Et du coup, c'est vrai que c'est plus proposer aux clients toutes les possibilités qu'ils
08:03 ont aujourd'hui.
08:04 Ils peuvent à la fois acheter du neuf, de la seconde main, c'est à eux de choisir
08:07 en fonction de leur budget, de leur conviction.
08:09 Et ce n'est pas de la concurrence, c'est plutôt justement élargir et aller chercher
08:13 une nouvelle clientèle qui va être plus adepte et qui se dit « je ne pensais pas
08:17 que Eram pouvait proposer de la seconde main ».
08:20 Ça veut dire que ça vous en avez déjà compte 11 mois après le lancement, il y a
08:26 des clients qui viennent en magasin qui ne seraient pas forcément venus, qui n'étaient
08:30 pas dans la gamme de clientèle d'Eram au bocage.
08:34 Oui, en effet, on a des nouveaux clients, on se rend compte des clients qui passent
08:38 les portes de ces magasins-là pour justement que la quête marquette parce qu'ils viennent
08:42 déposer.
08:43 Ça, on en a.
08:44 Et puis, on a aussi des clients qui vont, par exemple, sauter le pas parce que les paires
08:51 de seconde main, c'est aux alentours de 20 euros, des choses comme ça.
08:55 Donc, c'est aussi parfois le petit plus pour se faire plaisir.
08:58 Donc, je viens en boutique et puis je m'achète un sac ou une paire.
09:02 Et puis à côté, je vois par exemple, même pour ma fille, une paire, elle n'est pas
09:06 chère et je la prends et j'en ai besoin, ça tombe bien.
09:09 Le nettoyage, l'hygiénisation, c'est le terme que vous avez employé, je crois, c'est
09:12 important parce que c'est peut-être le frein psychologique principal.
09:15 C'est un des plus gros freins sur la chaussure parce qu'un vêtement peut le laver.
09:17 Une chaussure, c'est compliqué.
09:19 Du coup, quand nous, quand c'est à la manufacture, on a une vraie machine de désinfection
09:24 à l'ozone, gros process industriels.
09:26 Par contre, en magasin, les conseillers nettoient avec du nettoyant intérieur-extérieur et
09:32 on a aussi des sprays antibactériens qu'on met dans les chaussures.
09:35 Et voilà, ça permet ensuite de passer ce frein psychologique.
09:39 Merci beaucoup.
09:40 Merci.
09:41 A bientôt sur Bismarck.
09:42 On passe à notre débat, une balade en forêt, ça vous dit ?
09:45 Le débat de ce Smart Impact avec Hélène Arambourou.
09:54 Bonjour.
09:55 Bonjour.
09:56 Bienvenue.
09:57 Vous êtes directrice adjointe du département développement durable et numérique chez
09:59 France Stratégie.
10:00 Anne Dunoyer, bonjour.
10:01 Bonjour.
10:02 Bienvenue à vous aussi.
10:03 Vous êtes présidente de la fédération France Sylvain, vous représentez les 3,5 millions
10:07 de propriétaires forestiers français.
10:08 Je vais commencer avec vous avec une question simple.
10:12 Comment se porte notre forêt ?
10:13 La forêt souffre du réchauffement climatique, bien entendu.
10:17 Elle souffre de dépérissements et de maladies qui sont accélérées par ces épisodes de
10:22 chaleur intense que nous avons et pas forcément aux périodes qui seraient bon pour elle.
10:28 On a entendu beaucoup parler de la crise des colites, notamment dans le Grand Est,
10:33 mais du dépérissement du haître, des difficultés sur le chêne, le freine, enfin beaucoup d'essences
10:39 qui sont effectivement touchées par ce réchauffement.
10:42 C'est à la fois des arbres qui peuvent être malades ou qui vont grandir moins vite, il
10:46 y a aussi ça ?
10:47 Pour l'instant, c'est plutôt soit des arbres malades, soit des arbres dépérissants,
10:50 donc qui vont effectivement, le processus de mortalité s'accélère.
10:53 D'accord.
10:54 On a vu quelques chiffres sur la forêt française, ça représente 31% de la superficie de la
10:58 surface du pays et c'est la quatrième forêt européenne, après la Suède, la Finlande
11:02 et l'Espagne.
11:03 Je lisais en préparant l'émission que certains massifs, vous parliez du Grand Est, sont devenus
11:08 émetteurs de carbone.
11:09 Je me suis dit, comment c'est possible ?
11:10 Alors effectivement, quand il y a des crises sanitaires importantes, il est nécessaire
11:16 de prélever les arbres, à la fois pour essayer de les valoriser économiquement et puis aussi
11:21 pour pouvoir assurer le renouvellement derrière de ces forêts.
11:24 Et quand on prélève massivement du bois, effectivement, le stock de carbone de la forêt
11:32 est moins important.
11:33 Mais il va se reconstituer, la pompe, j'allais dire, de carbone va se réenclencher à partir
11:38 du moment où on replante des arbres et que la forêt va se reconstituer.
11:41 Hélène Arambour, le gouvernement met en place un plan de renouvellement forestier.
11:46 Quel budget dans le cadre de France Stratégie ? Quels principes aussi ?
11:50 Alors, je ne vais pas commenter le plan du gouvernement, mais ce qu'on peut dire, c'est
11:57 qu'en effet, le plan du gouvernement est ambitieux.
11:59 L'idée, c'est de renouveler les peuplements, en particulier les peuplements dépérissants.
12:04 Il y a de gros enjeux, en effet, pour réenclencher la pompe à carbone et pour exploiter la forêt.
12:10 En revanche, ça peut être compliqué, d'une part parce qu'il faut avoir les plans et on
12:16 n'est pas tout à fait prêt en matière de pépiniéristes sur les plans.
12:20 Et qui dit renouvellement de la forêt, dit changement des espèces, changement des variétés.
12:26 Et ceci pourrait avoir un effet sur les écosystèmes forestiers.
12:29 Quel est le rôle de France Stratégie dans ce cadre-là ?
12:32 France Stratégie, son rôle, c'est d'éclairer le débat, de mettre en exergue les lignes
12:39 de divergence et de proposer des solutions à long terme.
12:42 Quand vous entendez Emmanuel Macron dire « on va planter un milliard d'arbres en dix ans
12:48 », le chiffre claque très bien, il fait de la politique aussi le président de la
12:52 République, vous dites quoi, c'est réaliste ou pas ?
12:54 Moi je me dis déjà que c'est super qu'on parle de la forêt de cette manière, on attendait
12:58 ça depuis un moment.
12:59 Donc on est très heureux effectivement que le gouvernement s'intéresse autant à la
13:04 forêt.
13:05 Maintenant, planter un milliard d'arbres, c'est ambitieux.
13:08 Et planter un arbre, ce n'est pas juste mettre un plan en terre, c'est faire une étude
13:13 de sol, une étude d'essence pour savoir ce qu'on va pouvoir y planter, préparer
13:17 le sol, ensuite planter et entretenir la plantation pour permettre d'obtenir du bois d'oeuvre.
13:22 Donc ce n'est pas uniquement planter un arbre, c'est une action aussi de filière pour enclencher
13:27 tous les phénomènes qui vont nous permettre d'arriver à l'objectif.
13:31 Pour les forêts dépérissantes par exemple, Helena Romboux, quelle solution, quelle piste
13:36 on peut enclencher aujourd'hui ?
13:37 Alors il y a des travaux pour évaluer quelles pourraient être les espèces qui seraient
13:42 adaptées au nouveau climat.
13:43 Il fait plus chaud, il y a plus de sécheresse et parfois les espèces en place ne sont plus
13:48 adaptées.
13:49 Donc l'idée, ce serait de renouveler les peuplements avec des espèces qui soient adaptées
13:53 au climat futur.
13:54 Mais bien sûr, c'est compliqué parce qu'il y a beaucoup d'incertitudes quant au climat
13:59 futur.
14:00 Et l'idée, c'est aussi d'éviter de renouveler en plantant une seule espèce parce qu'on
14:04 sait bien que planter une forêt avec une seule espèce, ça rend cette forêt plus
14:08 vulnérable en cas de crise sanitaire ou climatique.
14:11 Moi, j'ai vécu toute ma jeunesse et encore beaucoup aujourd'hui dans le sud-ouest et
14:17 entre Bordeaux et Biarritz, je traverse quoi ? La forêt des Landes, c'est vrai que c'est
14:20 frappant.
14:21 C'est une logique qui est totalement dépassée évidemment, qui est très très ancienne.
14:26 Aujourd'hui, on fait comment quand on décide de replanter ?
14:28 Eh bien, ce que je disais, il y a une analyse des sols qui est extrêmement importante parce
14:32 qu'il faut savoir, comme il a été dit, ce qu'on va planter.
14:34 Donc on n'est pas devin, on va être obligé de faire des expériences.
14:38 C'est ce qui est fait un peu sur le territoire.
14:40 Je vous interromps, mais l'Espagne, juste devant nous en termes de surface forestière,
14:45 on peut s'en inspirer j'imagine parce que c'est un pays plus sudiste que nous, confronté
14:50 à des chaleurs extrêmes depuis plus longtemps que nous.
14:52 Oui et non, parce qu'en fait, il y a des espèces du sud, si on les remet par exemple
14:55 dans le Grand Est dont on parlait tout à l'heure, ils peuvent geler encore très fort
14:59 l'hiver et ces essences ne seront pas forcément adaptées tout de suite.
15:02 Donc ce n'est pas si facile de trouver les bonnes essences.
15:05 Il faut qu'elles puissent… L'idée c'est quand même de faire du bois d'œuvre, donc
15:08 il faut que ce soit des essences, pas simplement qui poussent, mais qui puissent faire de beaux
15:11 armes.
15:12 A quoi ce bois coupé, si on parle de l'usage, de l'économie du bois, à quoi est-il utilisé
15:17 prioritairement aujourd'hui ?
15:18 Du bois d'œuvre, pour servir à la construction, pour faire des tonneaux pour le vin, pour
15:27 tout ça.
15:28 Et puis, donc ça c'est vraiment l'importance de l'agrume et ce qu'on veut arriver à
15:33 faire quelque chose de beau.
15:34 Et puis il y a les coproduits du bois qui sont le houppier, parce que le houppier on
15:39 ne peut pas le valoriser dans la construction ou autre.
15:41 Et puis aussi les travaux de sylviculture qui amènent à prélever du bois qui n'est
15:46 pas du bois… Par exemple pour des éclaircies, du bois qui ne peut pas être utilisé autrement
15:51 qu'en bois énergie parce que ce sont des petits morceaux de bois, voilà, ce n'est
15:55 pas important.
15:56 Mais le bois énergie prend plus de place que le bois d'œuvre ?
15:58 Alors, ce n'est pas l'objectif.
16:00 Est-ce que c'est le cas aujourd'hui ?
16:01 Je ne voudrais pas rentrer dans des chiffres qui pourraient être contredits, mais ce que
16:07 je veux dire c'est que le bois énergie doit être issu d'un mode de sylviculture.
16:12 Et non, parce que c'est la sylviculture qui sert le bois énergie et non pas le bois
16:20 énergie qui doit être pris en forêt.
16:23 Je pose cette question à Helena Ambroux parce que, évidemment, la combustion du bois ça
16:28 émet du carbone donc ça pose une question presque de stratégie de toute la filière.
16:33 Quelles sont aussi vos préconisations en la matière ?
16:35 Alors nous, on a regardé en effet ce qui était sorti de la forêt et ce qui était
16:39 réellement brûlé parce qu'en effet on privilégie dans les textes une utilisation
16:43 au bois d'œuvre, bois d'œuvre, charpente, menuiserie, etc.
16:47 Mais dans les faits, en fait, tous les coproduits de la sylviculture et de la transformation
16:51 du bois partent en bois énergie.
16:54 Et donc si on regarde à la fin ce qui est brûlé, c'est quand même 68% du bois de
16:59 la forêt française qui est actuellement brûlé.
17:01 Et cette filière de bois énergie est très soutenue parce qu'on a longtemps considéré
17:06 que le bois énergie était neutre en carbone.
17:09 C'est-à-dire on brûlait du bois et instantanément un arbre repoussait et recaptait le carbone
17:13 qui avait été émis dans l'atmosphère.
17:14 Sauf que ça prend beaucoup de longues années.
17:16 Exactement.
17:17 C'est ce qu'on essaie de montrer, c'est que finalement il faudrait peut-être considérer
17:22 cette convention qui dit que le bois énergie est neutre en carbone et considérer que cela
17:26 met plusieurs décennies avant que le carbone émis par la combustion soit capté.
17:30 Est-ce que ça suppose aussi de réorienter d'une certaine façon les aides publiques ?
17:34 Oui, c'est ce que nous préconisons parce que finalement tout ce qui est bois d'oeuvre
17:38 ou bois industrie, donc bois industrie ça va être par exemple du panneau de particules
17:42 ou de l'isolant type fibre de bois.
17:44 Ce bois industrie permet de stocker du carbone puisque le carbone n'est pas brûlé donc
17:49 il est stocké, il est peut-être brûlé lors de la fin de vie du matériau.
17:54 Mais ce qu'on préconise c'est de réorienter les aides plutôt vers le bois matériau,
17:58 donc bois d'oeuvre et bois industrie et de réduire peut-être les aides au bois énergie.
18:02 Anne Denoyer, le gouvernement veut tripler l'effort consacré au renouvellement de la
18:07 forêt française.
18:08 Vous vous attendez quoi des pouvoirs publics aujourd'hui ?
18:10 On attend, il faut bien structurer la filière parce que pour renouveler la forêt on a besoin
18:16 de plans quand il s'agit de plantation mais la forêt est aussi gérée en régénération
18:20 naturelle et pour ça la régénération naturelle n'est pas naturelle, il faut vraiment l'accompagner
18:25 et on a besoin d'entreprises de travaux forestiers qui nous accompagnent et il est important
18:30 justement que cette filière puisse être dynamique de manière à ce qu'on ait les
18:33 emplois qui correspondent aux travaux dont on a besoin en forêt.
18:37 Je reviens à la première question, est-ce qu'il y a une forme d'urgence ? C'est-à-dire
18:40 que d'année en année on a plus ou moins de kilomètres carrés de forêt en France ?
18:47 La forêt française a plutôt tendance à augmenter en superficie, maintenant ce à
18:52 quoi il faut faire attention et ce à quoi on s'emploie à Francilva c'est de communiquer
18:58 auprès des propriétaires de façon à ce que les propriétaires forestiers soient acteurs
19:02 de la gestion durable de la forêt parce qu'il ne s'agit pas simplement d'avoir de la forêt,
19:06 il faut vraiment rentrer dans une dynamique de sylviculture pour que toutes les multifonctionnalités
19:11 de la forêt puissent perdurer.
19:14 Avec, on va terminer là-dessus, des enjeux de biodiversité aussi, c'est un terme qu'on
19:17 n'a pas encore employé et qui est ultra important évidemment.
19:19 Oui, ce qu'on voit c'est que finalement une forêt exploitée, elle peut parfois avoir
19:23 une biodiversité moins riche parce qu'il y a moins de bois morts au sol, il y a moins
19:27 de gros arbres, de vieux arbres et or ces vieux arbres ont de nombreuses cavités donc
19:32 permettent à des insectes, à des coléoptères, à des piques, à des mésanges de vivre et
19:36 en fait plus on exploite une forêt, plus on va perdre cette biodiversité.
19:39 Et donc s'il y a un équilibre à trouver entre ces enjeux et évidemment les enjeux
19:43 économiques d'exploitation de la forêt.
19:45 Exactement, mais ce à quoi on s'emploie bien sûr pour effectivement accompagner le propriétaire
19:50 et le former à connaître ces enjeux.
19:53 Merci beaucoup à toutes les deux et à bientôt sur Bsmart.
19:55 On passe à notre rubrique Startup tout de suite, c'est Smart Ideas.
19:58 Smart Ideas, notre rubrique Startup avec Émilie Huet, bonjour.
20:09 Bonjour.
20:10 Bienvenue, vous êtes directrice de la Puzzlerie créée en 2022 avec quelle idée ? C'est
20:13 quoi votre déclic ?
20:14 Alors quand j'ai quitté mon dernier job, j'avais envie et besoin de passer un peu
20:20 moins de temps derrière les écrans et je cherchais un petit peu une activité qui me
20:23 permette justement de tendre vers ça et je suis tombée par hasard sur des très jolis
20:29 designs de puzzles et ça m'a donné envie de m'y remettre et c'est là que j'ai commencé
20:34 à creuser un petit peu ce sujet.
20:35 Je me suis dit mais est-ce qu'on couvre tous les besoins de ce secteur aujourd'hui dans
20:41 le puzzle adulte et j'ai voulu créer la puzzlerie à partir de ce moment-là.
20:47 Et avec ce principe, il n'y a pas que ça mais de puzzle de seconde main notamment ?
20:53 C'est ça.
20:54 Donc la puzzlerie c'est un e-shop à destination des adultes avec un système d'économie circulaire
20:59 qui est directement intégré.
21:01 C'est-à-dire que les personnes qui vont acheter un puzzle neuf sur notre site, une
21:04 fois qu'ils l'auront terminé, ils auront la possibilité de le revendre directement
21:08 sur notre site et de bénéficier soit d'un bon d'achat, soit d'un remboursement partiel
21:11 parce qu'il faut avoir en tête que le puzzle, si on ne décide pas de l'accrocher, c'est
21:15 quasiment un produit à usage unique.
21:17 Oui, évidemment.
21:18 Moi qui suis fan, je ne les accroche pas et donc je ne les fais qu'une fois.
21:21 Si on regarde le marché du puzzle, ce que ça représente, vous avez dû vous poser
21:25 la question avant de vous lancer, par rapport au marché du jouet, c'est quoi ? C'est
21:28 une part importante ?
21:29 Je ne vais pas vous dire de bêtises, mais je ne vais pas forcément vous dire de bêtises
21:37 là-dessus.
21:38 Ce qu'on sait, c'est qu'aujourd'hui le puzzle en 2020, c'est à ce moment-là que
21:43 ça a ré-explosé le puzzle adulte.
21:45 Ça représentait 3,5 milliards d'euros en France.
21:48 Donc, c'est quand même un marché important.
21:51 C'est quoi le modèle économique de la puzzlerie ? Comment vous gagnez de l'argent ?
21:55 Aujourd'hui, la puzzlerie, on distribue des marques, principalement made in France, à
21:59 70 %, donc ces fameuses nouvelles marques qui se sont lancées post-Covid avec des designs
22:03 très modernes et originaux.
22:04 Donc, c'est du puzzle neuf qu'on peut acheter ?
22:07 Voilà, c'est ça.
22:08 L'idée, c'est de venir vraiment dépoussiérer l'univers du puzzle en proposant des jolis
22:12 puzzles.
22:13 Le deuxième point, c'est qu'on propose ce système d'économie circulaire, donc de revente
22:19 de son puzzle sur notre site.
22:20 Et le troisième, c'est que nous, on a aussi lancé notre propre marque via une campagne
22:24 Ulule en juin dernier.
22:26 On a reçu les stocks il y a quelques semaines, donc on est super content.
22:29 Et en fait, via cette collection qu'on a nous en propre, on souhaite la distribuer
22:35 dans des points de vente physiques, également sur des marketplaces pour aussi communiquer
22:40 à travers notre packaging sur notre concept d'économie circulaire.
22:44 Le puzzle Made in France qui s'est donc relancé, c'est lié à la crise Covid, on l'a bien
22:50 compris.
22:51 Ça n'existait plus du tout ? Il y avait quelques marques, quelques fabricants ?
22:55 Il y avait un fabricant qui était là, qui était un peu tout seul.
23:01 Et du coup, depuis, il y a deux, trois autres fabricants qui se sont lancés, qui sont venus
23:05 aussi moderniser un peu les méthodes de production et qui aujourd'hui nous permettent de faire
23:09 des puzzles d'une qualité assez remarquable.
23:12 Et forcément plus cher que les puzzles qui viennent de l'autre bout de la planète ?
23:16 Forcément un petit peu plus cher, mais il y a tout un tas de raisons pour lesquelles
23:21 on préconise plutôt le Made in France.
23:24 On sait qu'il y a la qualité, on sait qu'il y a la partie émission de gaz à effet de
23:30 serre.
23:31 Ce sont des arguments importants.
23:33 L'inflation de longue durée que nous subissons en ce moment, est-ce que ça accélère le
23:39 passage à la seconde main ? Est-ce que vous, dans les raisons d'achat, vous avez cet argument
23:45 qui vient ?
23:46 Complètement.
23:47 Alors, est-ce que c'est lié à la crise Covid ? J'imagine que c'est peut-être plus lié
23:52 à la crise économique, mais en 2021, il y avait plus d'un Français sur deux qui avait
23:56 acheté de la seconde main au cours des douze derniers mois.
23:58 Donc, ce n'est pas spécifique aux puzzles ou aux textiles.
24:00 En général.
24:01 De manière générale.
24:02 La seconde main, c'est vraiment quelque chose qui explose.
24:04 Il y a plusieurs raisons à ça.
24:06 La première, c'est que les gens souhaitent faire des économies.
24:08 La deuxième, c'est qu'ils souhaitent pouvoir acheter plus avec le même budget.
24:11 Et la troisième, c'est pour le côté environnemental, parce qu'ils ont envie de faire un geste
24:15 pour la planète en achetant de la seconde main.
24:17 Et à l'inverse, sur le marché du jouet, est-ce qu'il y a des freins psychologiques
24:21 à l'achat de seconde main ?
24:22 Tout à fait.
24:23 Et c'est aussi pour ça qu'on souhaitait proposer cette offre.
24:27 C'est que sur la spécificité du puzzle, il y a vraiment cette peur de la pièce manquante.
24:32 Et le fait de ne pas pouvoir avoir de garantie si on achète sur les plateformes classiques
24:37 de seconde main.
24:38 Et c'est là que nous, on répond à ce problème en offrant les mêmes garanties que pour Duneuf.
24:42 D'accord.
24:43 Parce que s'il manque une pièce, vous allez…
24:45 Le puzzle, il est fichu.
24:46 Et vous, vous allez pouvoir la récupérer pour le remettre sur le… ou alors vous ne
24:49 le vendez plus ?
24:50 Ce qu'on fait, c'est que comme on travaille directement avec les marques pour lesquelles
24:55 on revend les puzzles de seconde main, en fait, ils ont la possibilité de nous renvoyer
24:59 cette fameuse pièce qui manque et donc de le compléter.
25:01 Eux, ils ont des puzzles qui servent uniquement à ça, en fait, à envoyer les fameuses pièces
25:05 qui manquent, soit qui ont été perdues, mangées par un animal.
25:09 Enfin, ça peut être plein de choses.
25:10 Et du coup, c'est grâce à ça qu'on peut offrir les mêmes garanties que pour Duneuf.
25:17 Merci beaucoup, Émilie Huet, et bon vent à la puzzlerie.
25:20 Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
25:22 Merci à toutes et à tous de votre fidélité.
25:24 Abyssmart, la chaîne des audacieuses et les audacieux.
25:27 Salut.
25:27 [Musique]

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