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Mardi 19 novembre 2024, SMART TECH reçoit Hervé le Jouan (Fondateur, Advisory) , Constantin Pavléas (Avocat en droit des nouvelles technologies, Pavléas Avocats) , Jean-Baptiste Kempf (fondateur de VLC & Chief Technology Officer, Scaleway) et Nicolas Huchet (co-fondateur, My Human Kit)

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00:00Générique
00:08Bonjour à tous. L'intelligence artificielle à la une de Smartech.
00:11On va débattre de l'actu, notamment la nomination d'Elon Musk.
00:15Quel impact sur l'IA ? On parlera aussi de cette IA qui entre au tribunal de commerce de Paris
00:20ou encore des IA fabriquées en France avec des avancées.
00:24Dans cette édition également deuxième partie, ce sera notre rendez-vous privacy.
00:29On va parler des fuites de données, accélération mais aussi responsabilité.
00:33D'abord, je vous propose qu'on s'intéresse à des exploits, des exploits de cyborgs.
00:37C'est tout de suite l'interview dans Smartech.
00:39Générique
00:44Aussi battelons compétition internationale dans le domaine des prothèses
00:47et des dispositifs d'assistance robotique.
00:50Et bien la BionicoHand qui est une solution française et absolument unique en son genre
00:56est sortie première aux qualifications et a terminé deuxième sur le podium face à une équipe chinoise.
01:02Pas mal quand même. Bonjour Nicolas Huchet.
01:04Bonjour Delphine.
01:05Félicitations d'abord.
01:07Je rappelle que vous êtes le cofondateur de My Human Kit,
01:10une association qui invente, fabrique, partage des solutions d'aide technique
01:15pour et avec des personnes en situation de handicap.
01:18Vous êtes le chef de projet Bionico qui est partie de la fabrication collaborative
01:23de votre propre prothèse de main, votre main bionique.
01:27Alors je vous disais félicitations pour ce podium,
01:29même si je sais que deuxième place est toujours un petit peu frustrant.
01:32Je voudrais qu'on commence cela dit par s'intéresser à la BionicoHand.
01:35Quelle est cette prothèse d'avant-bras myoélectrique,
01:39c'est-à-dire commandée par des capteurs musculaires que vous avez présentés en compétition.
01:43En quoi justement elle est performante et unique en son genre ?
01:48Alors vous pouvez aller voir, elle est ici.
01:51Donc on s'était vu il y a quelques années.
01:53La différence, depuis 2020, on est passé en fait à une prothèse qui est cette fois usinée en aluminium.
02:01Donc elle est fabriquée, les pièces sont fabriquées dans un lycée technique
02:04par des étudiants qui vont plus tard être usineurs, tourneurs, fraiseurs, vont travailler dans l'industrie.
02:12Elle est magnifique, mais on a une question de proportion,
02:14est-ce que vous pouvez mettre votre autre main à côté, qu'on se rende bien compte ?
02:18Elle a été faite, elle n'est pas calquée sur ma main.
02:23Donc les particularités de cette prothèse, c'est que d'abord on veut qu'elle soit anthropomorphique.
02:28Quand on dit anthropomorphique, on veut qu'elle ait un relief un peu similaire à une main réelle.
02:34Donc là, si je les mets côte à côte, voilà.
02:37C'est très important de travailler sur l'acceptabilité de la prothèse.
02:40Quand on s'achète des vêtements, des chaussures, etc., on les achète parce qu'ils nous plaisent.
02:45Donc une prothèse, si elle n'est pas jolie, on ne va pas la vouloir.
02:49Ça, c'est quelque chose qui est très important à prendre en compte.
02:54Donc le deuxième point de la particularité de cette prothèse, c'est qu'en fait l'usager,
02:59donc l'utilisateur, c'est-à-dire moi, est au cœur du projet.
03:02Donc moi, je suis plus qu'impliqué, je suis chef du projet.
03:06Et donc ça, c'est important parce que ça permet de valider chaque étape de développement de la prothèse,
03:10vérifier qu'elle répond bien aux besoins de design, mais aussi aux performances.
03:15Et la deuxième particularité, c'est qu'elle est fabriquée par la voie collaborative
03:20avec un centre de recherche qui s'appelle INRIA, une start-up qui s'appelle Ortopus,
03:25une entreprise de prothésistes qui s'appelle OPR AREN,
03:30un auto-entrepreneur JF Tech et un lycée technique,
03:34donc lycée Saint-Aubin-la-Salle à Angers.
03:37Ce qui fait que cette prothèse, elle est fabriquée par la voie collaborative,
03:41grâce à des acteurs qui s'impliquent dans la fabrication de la main.
03:46Et donc la main, les plans sont partagés sur Internet
03:50pour permettre une reproduction et une amélioration de celle-ci.
03:56Ah oui, donc c'est à la fois collaboratif, open source,
03:59tous les projets qu'on adore dans Smartech, je vous le dis tout de suite.
04:02Comment s'est passé alors ce six battelons ?
04:05Est-ce que selon vous, votre main Bionic a été à la hauteur de vos espérances ?
04:10Qu'est-ce qui vous a manqué pour ne pas terminer premier sur la marche du podium ?
04:14Alors déjà, je vais commencer par répondre à la deuxième question
04:17parce qu'effectivement, j'étais frustré même si on avait rempli notre contrat
04:22qui était d'aller en finale et de montrer au monde entier
04:25qu'on avait une prothèse qui était au moins égale aux prothèses sur le marché.
04:29Donc déjà, on a fini premier en qualification,
04:31donc on avait déjà réussi notre pari en étant premier.
04:38Et ce qui s'est passé, c'est que soit un facteur technique,
04:45donc la prothèse qui tombe en panne ou qui n'était pas assez performante,
04:48soit un facteur humain, là c'était le facteur humain,
04:50c'est-à-dire que j'ai voulu aller plus vite.
04:53J'étais un peu fatigué et j'ai fait une faute sur cette tâche en particulier
04:58où on doit donc saisir un manche qu'on doit tenir avec la prothèse
05:04et donc tourner l'avant-bras et surtout ne pas toucher le fil,
05:08c'est l'épreuve de fil chaud, et donc j'ai touché alors que d'habitude j'y arrive.
05:12Alors c'est une épreuve qu'on peut rater avec une main complètement biologique d'ailleurs.
05:18En fait, c'est tout un tas d'exercices
05:21qui permettent de mesurer quelle est la dextérité des doigts,
05:26à quel point on peut piloter son bras de manière précise,
05:29donc il y a beaucoup d'épreuves et c'est uniquement sur celle-ci qu'il y a une petite accroche.
05:35Alors ce n'est pas uniquement sur celle-ci,
05:37il y a une épreuve en fait que volontairement je n'ai pas faite
05:40puisque la prothèse n'était pas adaptée pour ça.
05:42C'est une épreuve où on doit reconnaître des objets dans un sac
05:45et on ne voit pas ce qu'il y a dans ce sac.
05:47Donc moi j'ai un retour haptique de type vibration sur mon avant-bras,
05:54que vous pouvez voir ici,
05:55qui vibre proportionnellement à la force de serrage de la prothèse.
06:01Donc ça me permet de savoir si je prends un objet mou ou un objet dur.
06:04Mais en ce qui contient la forme de l'objet,
06:06c'était soit un objet cylindrique, soit un cubique,
06:09là je n'étais pas en capacité de le faire.
06:11Ça demanderait quel dispositif spécifique ?
06:14Alors pour reconnaître la densité de l'objet,
06:18donc dur ou mou, on a ce qu'il faut,
06:20mais pour reconnaître la forme, en fait c'est vraiment compliqué.
06:23Et donc l'équipe chinoise, qui est la seule équipe qui a réussi,
06:26en fait eux ils avaient une caméra dans la prothèse,
06:30tout un système de classification de l'objet avec un retour,
06:34avec un écran qui permettait de dire à la personne si c'était carré, mou.
06:47Au quotidien, si vous voulez, on n'aurait pas ça,
06:50puisqu'on n'aurait pas imaginé dans votre sac à main,
06:53il faudrait un symbole pour chaque objet que vous avez.
06:56En fait du coup, nous notre objectif c'était de montrer
06:58qu'une prothèse comme la nôtre peut suffire au quotidien
07:03pour réaliser toutes les tâches du quotidien.
07:05Et donc cette prothèse, sa particularité technologique,
07:07c'est que vous voyez elle peut saisir dans cette position,
07:10voilà ce qu'on appelle la position opposée,
07:12et elle peut saisir dans cette position, c'est-à-dire la position latérale.
07:16Et donc pour ça en fait, c'est deux mouvements mécaniques bien différents,
07:19et la particularité de cette prothèse, c'est qu'elle fait ces deux mouvements mécaniques
07:23avec un seul actionneur, un seul moteur.
07:25Ce qui veut dire que son innovation, elle est dans le mécanisme qu'on ne voit pas là,
07:29mais que je pourrais vous montrer, qu'on peut trouver sur les plans.
07:32Super, vous viendrez un jour en plateau vous montrer ça en vrai.
07:36Merci beaucoup Nicolas Huchet.
07:38Je rappelle que vous êtes le co-fondateur de My Human Kit,
07:40et vous êtes aussi le chef de projet de BioNyco.
07:44Merci encore et toutes nos félicitations.
07:46J'imagine que ça va être un super booster quand même de gagner cette compétition,
07:49y compris au deuxième rang, une compétition internationale.
07:52Merci.
07:57Pour ce grand rendez-vous de l'IA, j'ai convié aujourd'hui Constantin Pavléas.
08:01Bonjour.
08:02Bonjour.
08:03Vous êtes avocat spécialisé en droit des nouvelles technologies, ça va sans dire,
08:05fondateur et dirigeant du cabinet Constantin Pavléas Avocat.
08:09Vous êtes également professeur et coordinateur du programme
08:11Droits du numérique et propriétés intellectuelles,
08:14responsable d'enseignement à l'école des hautes études appliquées du droit H.E.A.D.
08:19Et vous arrivez avec une actu qu'on va commenter ensemble, mais pas seulement.
08:23A vos côtés, Jean-Baptiste Kempf, fondateur du célèbre lecteur multimédia VLC,
08:29lecteur open source faut-il le préciser, président de Vidéolan qui édite VLC.
08:35Et vous êtes également le co-fondateur de Playruo,
08:38que moi j'avoue avoir découvert assez récemment,
08:40startup qui développe une solution qui permet de jouer à des démos
08:44ou des versions limitées d'un jeu sans avoir besoin d'installer le logiciel au préalable.
08:50Super initiative.
08:51C'est surtout vraiment quelque chose qui n'existe pas et dont on a besoin,
08:54parce que quand tu vas jouer à un jeu vidéo, finalement ça coûte quand même vite très cher.
08:58T'aimerais bien savoir si ça va te plaire.
09:00Et là c'est une solution qui permet dans le navigateur sans en installer,
09:02on clique et ça se lance tout seul.
09:04Génial.
09:05Alors en plus, Jean-Baptiste vient d'être nommé le tout nouveau CTO,
09:09le Chief Technology Officer de Scaleway.
09:12Scaleway qui a fait des annonces majeures dans l'IA.
09:15Alors ensemble on va débattre de trois grandes actualités.
09:18On va essayer de toutes les traiter.
09:20On commence par la nomination d'Elon Musk.
09:22Est-ce que ça va avoir un impact dans l'IA,
09:25sachant que lui même a une entreprise qui s'appelle XAI,
09:30qui n'est pas n'importe qui quand même dans le paysage de l'IA, XAI.
09:35Allez, qui veut commencer ?
09:37Jean-Baptiste.
09:38En fait surtout XAI, c'est ceux qui sont en train de déployer le plus gros cluster de GPU au monde.
09:43Ils ont déployé plus de 100 000 GPU.
09:45Colossus.
09:46Colossus.
09:47Ça s'appelle déjà, ça porte bien son nom.
09:49Et surtout, ils vont encore en déployer beaucoup.
09:52Et Elon Musk, il était quand même aussi dans OpenAI à l'origine.
09:55Il a quand même une longue histoire.
09:57Et là, il a passé la vitesse supérieure.
10:00Et donc, il a un poids important dans l'IA.
10:03Oui, alors quand il a vu le succès d'OpenAI,
10:06il a quand même demandé à ce qu'on freine sur l'intelligence artificielle.
10:09Il faut quand même le rappeler.
10:10Il a signé un appel à un moratoire.
10:13Et puis là, finalement, il accélère avec ce Colossus
10:16qui est pour l'instant le plus puissant super ordinateur d'IA au monde.
10:20Sa nomination à la tête d'une responsabilité finalement gouvernementale
10:25dans l'administration Trump pour mesurer l'efficacité du gouvernement
10:30va lui permettre quand même de prendre des décisions, d'avoir de l'influence.
10:33Comment vous voyez les choses, Constantin ?
10:35Il est en plein conflit d'intérêts et en pleine contradiction.
10:38Mais c'est aussi le personnage.
10:39Comme vous disiez, il était au début d'OpenAI.
10:44Il signe la lettre contre OpenAI
10:46et commence à lancer chaque GPT, l'IA générationnelle.
10:50Il freine, il veut freiner.
10:52Maintenant, il se retrouve au gouvernement pour tailler.
10:54Alors ça, il sait faire.
10:56Il l'a fait quand il a racheté le réseau social X, anciennement Twitter.
11:01Donc oui, il est dans ses contradictions, dans ses conflits d'intérêts.
11:04Est-ce que c'est une bonne nouvelle pour la technologie ?
11:06Je dirais oui, parce qu'il ne va pas seulement tailler
11:11dans les effectifs des fonctionnaires fédéraux aux États-Unis,
11:14mais il va aussi probablement réduire les réglementations.
11:18Donc c'est probablement une bonne nouvelle pour les États-Unis,
11:21pour la tech américaine.
11:22Est-ce que c'est une bonne nouvelle pour nous ?
11:24Oui, question.
11:26Peut-être que ça va nous faire réviser notre jugement aussi
11:30sur cet afflux de réglementations en Europe qui touche la tech.
11:34Ça fait quand même très longtemps qu'on en parle,
11:36des réglementations dans la tech.
11:38Et surtout, le problème des réglementations,
11:40c'est qu'elles sont malheureusement souvent faites
11:42par des gens qui ne la maîtrisent pas intégralement.
11:45On voit par exemple la conséquence du GDPR.
11:49Pour beaucoup de gens, c'est plein de bandeaux de cookies
11:51où de toute façon, on fait oui, oui, oui,
11:53et on ne comprend pas ce qui s'est passé.
11:55Le RGPD en français, je traduis.
11:57Pardon.
11:58Et là, il y a des vraies réglementations sur l'IA,
12:01et en vrai, on n'a aucune idée.
12:03D'abord, on n'a aucune idée de comment implémenter ça,
12:06mais surtout, on n'a aucune idée de comment ça va évoluer.
12:09Je veux dire, la base DLLM, les transformers,
12:12finalement, c'est un concept qui a quand même six, sept ans maintenant
12:15avec All Units Attention.
12:17Et tout d'un coup, ça fait deux ans
12:19qu'il y a une accélération très forte.
12:21Et toutes les semaines, on a un nouvel LLM,
12:24mais surtout, on a de nouveaux modèles d'IA qui ne sont pas DLLM
12:27qui arrivent très, très, très vite.
12:29On le voit dans la vidéo, la génération de vidéos, etc.
12:31Donc en fait, c'est très difficile de savoir...
12:33Dans le vocal avec Moshi, par exemple.
12:35Dans le vocal.
12:36C'est très difficile de savoir comment ça va évoluer
12:39et mettre des réglementations assez fortes,
12:41assez contraignantes, qu'on ne sait pas.
12:43Effectivement, ça va nous ralentir.
12:45Ce n'est pas que les entrepreneurs libertaires ou libertariens
12:49qui disent ça aujourd'hui.
12:51C'est vraiment tout l'écosystème qui estime
12:53qu'on a trop de réglementations sur le numérique.
12:55Mais on peut aussi se dire, mais finalement,
12:57on n'en avait peut-être pas assez non plus.
12:59Ouais.
13:00Non, mais j'abonde dans ce sens aussi.
13:04Il y a un équilibre à trouver.
13:06Entre réglementation, c'est-à-dire protéger,
13:11finalement protéger le citoyen, l'usager,
13:13mais protéger aussi l'entreprise.
13:15L'Europe essaie de le faire.
13:17Mais on est dans un contexte...
13:19On n'est pas tout seul.
13:21L'Europe n'est pas suspendue dans l'espace.
13:23On a d'autres...
13:24Les États-Unis, la Chine,
13:26on a des blocs qui sont beaucoup moins regardants.
13:28Là, avec l'arrivée d'Elon Musk,
13:30qui va tailler dans les réglementations,
13:32ils vont être encore plus compétitifs.
13:34Ils ont une économie qui est beaucoup plus dynamique.
13:36Et nous, en Europe, on a beaucoup de réglementations
13:39et on a beaucoup moins d'argent.
13:41Qu'est-ce que ça veut dire pour la technologie européenne ?
13:43Ce n'est pas une bonne nouvelle.
13:45Le rapport Draghi nous alertait
13:47sur un grand déficit de compétitivité européenne.
13:50Il nous faut un sursaut.
13:52Ce ne sont pas les réglementations qui en soi sont problématiques,
13:55mais c'est un empilement, comme tu disais.
13:57C'est un empilement de réglementations.
13:59C'est très difficile aujourd'hui pour une start-up d'y voir clair.
14:02Quand on lance une plateforme,
14:04on n'a pas juste une réglementation,
14:06on en a plusieurs qu'il faut regarder,
14:08auxquelles il faut se conformer.
14:10Et ça a un coût.
14:12Bizarrement, on ne s'en rend pas compte,
14:14mais par exemple, la conclusion du RGPD,
14:16c'est que c'est les plateformes américaines
14:18qui ont été capables de s'adapter le plus vite.
14:21On a l'impression que c'est sa part de bonnes intentions,
14:25mais l'implémentation est tellement compliquée
14:27que finalement, c'est ceux qui ont des armées d'avocats
14:29et des armées d'ingénieurs qui sont capables de s'adapter.
14:32Par exemple, on se rend compte que le RGPD
14:35a renforcé la position de Google sur la publicité,
14:38alors qu'un des objectifs, c'était de faire l'inverse.
14:40Donc en fait,
14:42beaucoup trop de réglementations sont faites sans comprendre,
14:46avec une mécompréhension de la techno et des évolutions.
14:50Et c'est ça qui est gênant.
14:51Est-ce que vous imaginez qu'on pourrait même être
14:53« puni » par les Etats-Unis,
14:56et Elon Musk avec ce nouveau pouvoir
14:58qu'il va avoir entre les mains,
15:00et avoir une Europe qui va être à la traîne,
15:04et privée de certaines technologies,
15:07notamment dans l'IA ?
15:09Oui, ils essayent.
15:11Il y a eu un peu un push,
15:13notamment par Meta,
15:15qui disent que certaines fonctionnalités n'arrivent pas en Europe.
15:17Chez Apple aussi ?
15:18Chez Apple aussi.
15:19C'est de la négociation, soyons très honnêtes.
15:22Et Elon Musk ne pourrait pas s'en servir ?
15:25Je n'y crois pas.
15:27Non, je n'y crois pas plus que ça.
15:29Mais c'est juste que nous, on est déjà à la traîne.
15:31On se rend compte quand même qu'il y a un vrai décrochage
15:33de l'Europe, et que notamment les Etats-Unis
15:35ont la plupart de la croissance, quand même,
15:37elle vient des entreprises de la tech américaine.
15:40Et là, aujourd'hui, une énorme partie de la croissance
15:44est sur l'IA et les investissements en IA.
15:47Et on est en retard.
15:49Et on n'a pas beaucoup de grandes entreprises de l'IA
15:51qui font beaucoup d'argent.
15:53Et nos plus grandes, elles commencent déjà à avoir un capital
15:55où il y a beaucoup d'Américains qui rentrent dedans,
15:57celles qui sont les plus prometteuses.
15:59Donc on a un vrai problème de création de valeur.
16:01Et rajouter de la réglementation,
16:03alors que d'un côté, on a les Chinois
16:05qui ne sont pas trop intéressés
16:07par des réglementations très compliquées.
16:09Et Elon Musk qui va, grosso modo,
16:11couper, ou en tout cas pousser pour couper
16:13toutes ces réglementations.
16:15C'est-à-dire que nous, on se rajoute une barrière à l'entrée
16:17avant que le marché ait cru.
16:19Je voudrais qu'on passe quand même au deuxième sujet
16:21parce que le temps file très très vite.
16:23Il se passe quand même des choses dans l'IA.
16:25Et notamment du côté du tribunal de commerce de Paris
16:29qui dit vouloir l'intégrer à partir de 2025.
16:31Est-ce que c'est une bonne nouvelle ?
16:33C'est une très bonne nouvelle, bien sûr.
16:35Il montre la voie.
16:37Qu'est-ce qu'ils proposent de faire ?
16:39Concrètement, ils vont utiliser l'IA
16:41pour faciliter les tâches administratives,
16:45pour aiguillonner les affaires
16:47vers les chambres concernées.
16:49Ça ne semble rien du tout de le dire.
16:51Mais il me semble avoir lu qu'il y avait neuf personnes
16:53qui s'occupaient aujourd'hui d'aiguillonner ce flux.
16:55Il faut imaginer un énorme flux d'affaires
16:57qui arrive au tribunal de commerce de Paris
16:59tous les jours.
17:01Il faut les aiguillonner.
17:03Il y a neuf personnes, me semble-t-il, qui le font.
17:05Vers telle chambre, vers telle chambre.
17:07L'IA pourrait tout à fait le faire.
17:09C'est ce qu'ils vont mettre en place.
17:11Mais aussi, ils vont un peu plus loin
17:13sur les décisions très simples.
17:15Les ordonnances d'injonction de payer.
17:17Vous avez une facture,
17:19vous avez une créance certaine,
17:21vous avez un débiteur qui ne paye pas.
17:23Vous allez devant le tribunal de commerce
17:25et vous demandez une ordonnance de payer,
17:27un commandement de payer.
17:29Ça va accélérer les procédures.
17:31Bien sûr, ça va faciliter, accélérer,
17:33alléger, alléger
17:35les magistrats, mais aussi les greffiers,
17:37toutes les personnes qui contribuent
17:39au fonctionnement du tribunal,
17:41pour qu'ils fassent mieux leur travail
17:43et dans des meilleures conditions.
17:45Oui, bravo.
17:47Mais c'est bien, il faut aller plus loin.
17:49C'est le tribunal de commerce de Paris.
17:51Les procédures collectives sont exclues
17:53pour l'instant de ce champ d'expérimentation.
17:55Il faut aussi qu'on forme les juges
17:57à ce prompt engineering.
17:59Ils sont en train de le faire,
18:01de se former.
18:03Mais c'est uniquement le tribunal de commerce
18:05de Paris qui est concerné.
18:07Vous dites qu'il faut élargir l'expérimentation.
18:09C'est un très bel exemple
18:11pour l'élargir auprès d'autres juridictions,
18:13que ce soit
18:15pour faciliter
18:17toute la partie administrative,
18:19pour faciliter le travail des greffiers,
18:21le travail des magistrats,
18:23mais aussi peut-être aller plus loin
18:25et envisager des décisions
18:27automatisées.
18:29On connaît d'ailleurs ça.
18:31Ça peut inquiéter le citoyen,
18:33ça ne vous inquiète pas Jean-Baptiste ?
18:35Pas du tout.
18:37Non, mais ce n'est pas ça.
18:39Pour avoir travaillé un peu
18:41avec les tribunaux de commerce en tant qu'entrepreneurs,
18:43la plupart de leurs documents,
18:45comme beaucoup de documents juridiques,
18:47c'est beaucoup de répétitions,
18:49c'est beaucoup de la même chose
18:51de la même modification,
18:53entraîner des modèles
18:55qui sont capables de reproduire
18:57ce même genre de documents
18:59de façon plus rapide.
19:01Oui, tant mieux.
19:03Ce qui est sûr, c'est qu'à la fin,
19:05il faut qu'il y ait un humain qui fasse une décision.
19:07Je suis désolé pour mon confrère,
19:09mais en fait,
19:11les gens du droit
19:13adorent avoir leur langage
19:15très compliqué, leur façon de parler
19:17qui est très loin du citoyen.
19:19Allez, on se renvoie la balle.
19:25Mais à la fin, c'est très compliqué à comprendre.
19:27Et franchement,
19:29je suis habitué à faire ça, etc.
19:31C'est encore des seules personnes qui parlent des molluments,
19:33des termes qui n'ont aucun sens.
19:35On pourrait utiliser l'IA pour traduire
19:37les décisions de justice.
19:39Et être capable de simplifier par l'IA,
19:41c'est utile,
19:43parce qu'il faut que le juge,
19:45que le greffier, etc.,
19:47soit vraiment sur de la décision
19:49et pas sur de la paperasse.
19:51L'IA va pouvoir aider là-dessus.
19:53Par contre, j'ai un petit problème là-dessus.
19:55L'IA va permettre d'accélérer les étapes,
19:57mais si le process est compliqué,
19:59l'IA ne va pas faire de miracle.
20:01Il faut réfléchir.
20:03Et ça, ce n'est pas du tout pour le tribunal de commerce
20:05mais pour d'autres endroits de l'administration.
20:07Il faut se rendre compte que parfois,
20:09il faudrait peut-être déjà simplifier le process
20:11avant d'essayer de l'accélérer.
20:13On va parler de cette IA fabriquée en France.
20:15Elle a fait un show à Station F.
20:17Très rapidement,
20:19sur les annonces,
20:21qu'est-ce qu'on peut retenir ?
20:23Est-ce qu'on se calque finalement, en France,
20:25sur la stratégie des hyperscalers ?
20:27Est-ce que c'est ce qu'il faut faire ?
20:29En toute subjectivité, puisque, Jean-Baptiste,
20:31vous venez d'un hyperscale, oui.
20:33On me connaît avec mon franc-parler,
20:35donc il n'y a pas trop de problèmes.
20:37Il est nécessaire d'avoir des hyperscalers européens.
20:39On peut essayer de le dire, de tergiverser.
20:41On en a 3 américains, même 4.
20:433 en Chine.
20:45En Europe, il n'y a pas.
20:47C'est de faire exactement la même chose ?
20:49C'est comme ça qu'on va s'en sortir ?
20:51Je ne sais pas ce que ça veut dire,
20:53mais c'est nécessaire d'en avoir.
20:55Rivaliser.
20:57Il faut pouvoir faire de l'entraînement.
20:59On a beaucoup de belles startups d'IA
21:01parce qu'il y a beaucoup de gens
21:03de français dans l'IA,
21:05même dans les entreprises américaines.
21:07On voit beaucoup de français dans l'IA
21:09par notre culture d'école d'ingénieurs
21:11exceptionnels et beaucoup de maths.
21:13Là, il y a un vrai
21:15edge de la France.
21:17C'est intéressant.
21:19On a des vraies startups qui sont très fortes.
21:21On parle de Mistral, de Q-tie,
21:23de Hache,
21:25et il y en a plein
21:27qui sont vraiment dans l'IA.
21:29Il y a eu beaucoup d'entreprises françaises
21:31autour de la data.
21:33Il y a un vrai sujet.
21:35Mais à un moment, ils ont besoin de machines.
21:37La seule réponse qu'on leur donne,
21:39c'est qu'il n'y a que les hyperscalers.
21:41Ils vont donner toutes les données à hyperscalers.
21:43Là, il y a un vrai problème.
21:45Quand on va parler de droits de données sensibles,
21:47de données d'entreprise
21:49ou des documents de santé,
21:51c'est important qu'on ait
21:53pas forcément la même chose que l'hyperscaler
21:55mais au moins la base pour pouvoir dire
21:57vous êtes capable de faire vos entraînements,
21:59votre IA en local.
22:01Vous vous annoncez premier fournisseur
22:03de cloud en Europe à proposer
22:05NVIDIA BlackQualpus, l'IA la plus puissante au monde
22:07et qui consomme 25 fois moins d'énergie.
22:09C'est aussi une préoccupation
22:11peut-être plus européenne, je ne sais pas.
22:13En même temps, l'énergie, c'est de l'argent.
22:15Est-ce que ça, ça va suffire ?
22:17Non, ça ne suffit pas.
22:19C'est clair que ça ne suffit pas.
22:21Comment on fait sans les centaines de milliards d'investissements ?
22:23Il n'y a pas besoin d'avoir des centaines de milliards d'investissements.
22:25Il faut se dire que
22:27chaque millier de GPU,
22:29ça coûte des dizaines de millions d'euros.
22:31Mais on peut se dire qu'effectivement,
22:33il faudrait qu'en Europe, en tout cas en France,
22:35on ait un parc de GPU
22:37qui soit entre, dans l'ordre de la centaine
22:39de milliers de GPU sur l'ensemble des acteurs.
22:41Aujourd'hui, on n'y est pas.
22:43Scaleway a fait des annonces en étant un des premiers
22:45avec plus de 5000 GPU déployés aujourd'hui
22:47et encore beaucoup l'année prochaine des dizaines de milliers
22:49avec les nouvelles puces, notamment Blackwell.
22:51Mais ça n'est pas suffisant.
22:53Un mot ?
22:55Il faut être sur toute la chaîne de valeur.
22:57On a vraiment un enjeu
22:59qui est stratégique aujourd'hui.
23:01Hyperscaler avec des technologies européennes,
23:03avec des financements européens.
23:05Il faut aussi qu'on ait nos propres puces,
23:07nos propres fabricants.
23:09On a aujourd'hui des startups, mais il faut les booster
23:11pour qu'on arrive à avoir
23:13des technologies européennes.
23:15Merci beaucoup,
23:17Jean-Baptiste Kemme, fondateur de VLC, je rappelle,
23:19et puis CTO de Scaleway,
23:21Constantin Pavlias, avocat.
23:23Merci à tous les deux.
23:25C'est notre rendez-vous
23:27privacy avec Hervé Lejouan, advisor.
23:29Bonjour Hervé.
23:31Bonjour Delphine.
23:33Aujourd'hui, coup de gueule,
23:35grosse envie de commenter
23:37cette accélération dans les fuites
23:39de données, sujet qu'on a traité
23:41dans un talk tout récemment.
23:43Qu'est-ce que ça vous évoque ?
23:45C'est vrai que je voulais
23:47faire un coup de gueule parce que
23:49c'est vrai qu'on parle beaucoup de ces sujets-là en ce moment.
23:51Mais en fait,
23:53pour moi, ça fait très longtemps
23:55qu'on en parle et finalement,
23:57je ne vois pas beaucoup de changements.
23:59Bien sûr que les entreprises
24:01font beaucoup d'efforts
24:03sur la cybersécurité,
24:05ont mis beaucoup de moyens récemment.
24:07Mais il y a quand même deux aspects
24:09qui restent là
24:11et qui ne sont pas simples à gérer.
24:13Pour l'un, plus simple,
24:15le premier, c'est la protection
24:17des données.
24:19On reçoit en tant qu'individu consommateur
24:21des mails de ces entreprises qui ont des fuites
24:23et c'est toujours un peu la même histoire.
24:25C'est-à-dire qu'on nous dit votre nom, votre prénom,
24:27votre adresse, votre adresse email,
24:29votre numéro de téléphone
24:31et puis votre IBAN aussi.
24:33Et ça, ça fait des années que ça dure.
24:35C'est-à-dire que ça fait des années qu'on nous dit un peu toujours la même chose.
24:37Or, on sait très bien
24:39que si ces informations ne sont pas
24:41stricto sensu des informations très sensibles,
24:43voire que l'IBAN, il l'est,
24:45selon moi,
24:47mais néanmoins, on voit bien aujourd'hui qu'avec ces informations,
24:49un hacker, des gens mal intentionnés
24:51peuvent générer des fraudes massives
24:53à tous les étages et donc générer
24:55d'autres problèmes sur les consommateurs.
24:57Donc je ne comprends pas pourquoi aujourd'hui
24:59on a toujours et toujours
25:01ces problèmes de données
25:03et de finalement de données
25:05et on nous envoie toujours le même message
25:07et ça a été récemment encore le cas.
25:09Donc ça, c'est le premier point. Sur les données,
25:11déjà, ce premier point. Puis le deuxième point,
25:13c'est que finalement, on vit dans un monde
25:15où il y a de plus en plus de tiers,
25:17de fournisseurs,
25:19ces sociétés font appel à de plus en plus de fournisseurs
25:21et finalement, elles n'ont plus seulement à gérer leurs
25:23propres risques, et les grandes entreprises
25:25de ça, bien entendu, elles font des choses,
25:27mais à gérer le risque de leurs fournisseurs.
25:29Et c'est des cascades, c'est-à-dire
25:31que ce n'est pas seulement un fournisseur
25:33unique, c'est que ce fournisseur fait appel aussi
25:35lui-même. Aujourd'hui, on vit dans un monde
25:37d'API, de SDK,
25:39de toutes ces solutions SAS
25:41et donc finalement, c'est une cascade
25:43qu'il faut contrôler
25:45et cette gestion de risque, elle est très complexe,
25:47ça j'en conviens, mais néanmoins, il faut
25:49vraiment que chacun et tout le monde
25:51y fasse,
25:53finalement, y apporte une grande
25:55attention. – Donc c'est un sujet
25:57pour vous de responsabilité ?
25:59Responsabilité des tiers ?
26:01– Ben oui, c'est un sujet de responsabilité des tiers
26:03parce qu'on ne peut pas simplement continuer
26:05d'envoyer, alors que sa taxe multiplie,
26:07continuer d'envoyer des mails en disant
26:09voilà, c'est bon, tout va bien, et puis finalement,
26:11il n'y a pas vraiment de changement,
26:13il n'y a pas vraiment de changement
26:15dans le fait que nos données ne sont pas chiffrées
26:17finalement, c'est-à-dire que
26:19mon adresse personnelle, mon e-mail, mon numéro
26:21de téléphone sont des données en clair dans les bases de données,
26:23je trouve que c'est
26:25une négligence, on vit dans un monde
26:27où les choses explosent. – Il était aussi
26:29des organisations de protection des données personnelles, vous diriez ça ?
26:33– Oui, quelque part,
26:35ces gens-là sont aussi
26:37fautifs aussi de ne pas
26:39forcer et obliger à mettre un certain
26:41nombre de choses en place, c'est-à-dire le RGPD,
26:43lui, il a fait des recommandations sur le domaine du chiffrement
26:45des données, mais il n'a pas été
26:47à ce point-là
26:49en disant non, il faut absolument
26:51que ces données soient protégées,
26:53donc c'est sûr qu'il y a
26:55une responsabilité à la fois des organisations,
26:57des sociétés,
26:59et puis aussi des organismes
27:01qui sont chargés autour de
27:03faire des régulations
27:05et d'obliger ces sociétés
27:07à prendre des décisions, donc c'est vrai
27:09que c'est une chaîne dans la responsabilité
27:11mais il faut, à un moment donné,
27:13qu'on passe à une autre étape, parce que là,
27:15on ne peut pas continuer à avoir, systématiquement,
27:17et ça va exploser,
27:19des hacks et des fraudes
27:21et des vols de données. – Très rapidement,
27:23mais qu'est-ce qu'on doit changer,
27:25selon vous ? – Ce qu'on doit changer,
27:27déjà, si on pouvait chiffrer déjà toutes les données,
27:29y compris surtout les adresses personnelles,
27:31les numéros de téléphone,
27:33et ces choses-là, ça serait déjà bien,
27:35comme ça on n'aurait plus ce problème de vol de données
27:37à priori personnel,
27:39et puis sur la gestion du risque des tiers,
27:41vraiment, essayer de mettre en place
27:43des process
27:45et des contrôles sur ces process
27:47qui font qu'effectivement, les sociétés peuvent
27:49contrôler et gérer cette cascade
27:51de risque, et donc éviter
27:53au maximum les fraudes,
27:55parce qu'aujourd'hui, on est dans ce monde où
27:57c'est pas seulement vous, c'est aussi
27:59votre fournisseur et vos fournisseurs qui sont à risque.
28:01– Merci beaucoup, Hervé Lejouan,
28:03merci pour vos éclairages et votre coup de gueule
28:05aujourd'hui. Voilà, c'était Smartech,
28:07merci à vous de nous suivre avec fidélité,
28:09on se retrouve très bientôt sur la chaîne
28:11Be Smart For Change, également en podcast
28:13si vous le préférez,
28:15à très bientôt, excellente journée à tous.
28:17– Sous-titrage Société Radio-Canada