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Des études de cas valent souvent mieux qu’un long raisonnement économique. Ici, la multinationale danoise Yara. Peu connue, elle est numéro 1 mondial des engrais azotés et a réalisé en 2023 un chiffre d’affaires consolidé de près de 16 milliards de dollars. Sa matière première principale, le gaz naturel, est transformée en ammoniaque, un composant essentiel pour la fabrication d’engrais. Selon l’estimation du groupe, en incluant les aides de l’État américain, le prix de production de l’ammoniaque outre-Atlantique va devenir 4 fois moins élevé qu’en Europe. Les conséquences ? Les fermetures d’un site en Belgique, d’un autre en France et ce n’est certainement pas terminé. Le cas n’est pas isolé. [...]

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00:00Des études de cas valent souvent mieux qu'un long raisonnement économique.
00:13Ici, la multinationale danoise Yara. Peu connue, elle est numéro 1 mondial des engrais azotés
00:20et a réalisé en 2023 un chiffre d'affaires consolidé de près de 16 milliards de dollars.
00:26Sa matière première principale, le gaz naturel, est transformé en ammoniaque,
00:30un composant essentiel pour la fabrication d'engrais.
00:34Selon l'estimation du groupe, en incluant les aides de l'État américain,
00:38le prix de production de l'ammoniaque outre-Atlantique va devenir 4 fois moins élevé qu'en Europe.
00:44Les conséquences ? Les fermetures d'un site en Belgique, d'un autre en France,
00:48et ce n'est certainement pas terminé.
00:51Le cas n'est pas isolé.
00:52L'allemand BASF, géant de la chimie, a réduit son activité sur son site historique
00:57tout en réalisant le plus gros investissement étranger de son histoire en Chine.
01:0310 milliards de dollars dans la construction d'un complexe chimique.
01:06Le sidérurgiste Asselin-Mittal envisage une expansion en Alabama
01:11alors qu'il ferme ses usines de Reims et de Denain en France.
01:14Au cœur de l'Europe, l'industrie manufacturière allemande est sous pression.
01:19La production des secteurs les plus énergivores a notamment plongé de 15%
01:23par rapport à son niveau d'avant la crise Covid.
01:26Et il y a de la casse.
01:27Les défaillances dans l'industrie manufacturière sont sur une pente montante,
01:31tout comme dans l'industrie en général au sein de la zone euro.
01:35La cause de tous ces déboires est multifactorielle,
01:39mais il existe un coût coupable plus que les autres.
01:42L'énergie.
01:43L'exemple français en donne une illustration parfaite.
01:46Le prix du gaz naturel a bondi de 80% en France
01:49entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2024,
01:53avec, selon les volumes consommés, des hausses étalantes de 45% à 80% environ.
01:59Et peu importe que les tarifs soient aujourd'hui inférieurs au pic atteint
02:03peu après le déclenchement de la guerre en Ukraine,
02:05le choc reste d'une violence inouïe.
02:08Le nœud du problème, c'est qu'à la différence du pétrole,
02:11marché globalement unifié, avec des écarts de cours limités entre le Brent,
02:15la référence en Europe, et le WTI pour l'Amérique,
02:18le marché du gaz est fragmenté,
02:21entraînant de fortes disparités entre les régions
02:23depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.
02:26La volonté des pays européens de limiter leur dépendance au gaz russe
02:30a conduit à un ranchérissement structurel des coûts d'approvisionnement.
02:35Bilan, en 2024, le prix du gaz naturel en Europe
02:38était cinq fois plus élevé que celui des États-Unis.
02:41Comme le prix de l'électricité est en grande partie couplé à celui du gaz,
02:46les évolutions sont du même acamie et dans ce cas comme dans l'autre,
02:49les gros consommateurs, les industriels les plus énergivores,
02:52sont aussi ceux qui subissent les hausses les plus spectaculaires.
02:56Les particularismes nationaux peuvent nuancer le discours,
02:59mais le sens de l'histoire est donné.
03:02Le prix de l'électricité est trois fois plus élevé en Europe qu'en Chine par exemple.
03:07Comment les secteurs électro-intensifs, chimie,
03:09métallurgie notamment, où les coûts de l'énergie peuvent représenter jusqu'à 60% de leurs coûts globales,
03:15peuvent-ils rivaliser et rester compétitifs sans un soutien massif ?
03:20Le risque sinon, c'est que le fer, l'acier, l'aluminium, la chimie, la pétrochimie,
03:26mais aussi une partie de l'agroalimentaire subissent le même sort que l'industrie du textile et se retrouvent décimés.
03:32L'Europe est sous la menace d'une perte massive de sa puissance industrielle.
03:36C'est un enjeu de souveraineté.

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