Tous les vendredis, samedis et dimanches à 19h17, Pascale de La Tour du Pin reçoit un invité au cœur de l'actualité politique pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment. Ce soir, Elie Korchia, président du Consistoire centrale juif de France et avocat des victimes des attentats du 13 novembre 2015 et de Toulouse en 2012.
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00:00Nous sommes toujours en studio avec Jules Touret, journaliste politique au JDD, Paul Melun, écrivain et essayiste.
00:05Edi Corchia est avec nous. Bonsoir Edi Corchia.
00:08Bonsoir.
00:09Vous êtes président du consistoire central juif de France et avocat des victimes des attentats du 13 novembre 2015
00:14et des victimes de Mohamed Merah en 2012 à Toulouse.
00:17Avant de revenir sur la gauche qui semble-t-il se réveille,
00:21en tout cas les acteurs, ceux qui ont mis en place cette loi qui condamnait l'apologie du terrorisme,
00:28comment avez-vous pris, vous, en tant que président du consistoire central juif de France,
00:33cette proposition de LFI de supprimer ce délit du code pénal ?
00:39Écoutez, on a été habitué ces derniers temps aux outrances, aux excès de la part de nombreux élus de LFI.
00:47J'allais dire que le pire serait qu'on s'y habitue.
00:51C'est-à-dire qu'à chaque fois il y a un palier supplémentaire dans certaines déclarations,
00:55dans certaines postures qui sont totalement en dehors des valeurs de la République.
00:59Mais là, effectivement, peut-être est-ce la goutte d'eau qui va faire déborder le vase
01:03d'une alliance contre-nature entre certaines personnes qui sont de gauche et de gauche républicaine,
01:08attachées aux valeurs de la République et qui peut-être demain n'accepteront plus,
01:12comme les premières déclarations que nous avons pu entendre le font ressentir,
01:17n'accepteront plus d'être alliés avec des élus et avec un parti qui aujourd'hui
01:23prône des valeurs qui ne sont plus des valeurs républicaines.
01:26Et effectivement, comme vous l'avez dit, cette proposition de loi qui veut revenir
01:31sur le délit d'apologie du terrorisme, proposition de loi qui avait été prise,
01:35rappelez-vous, sous un gouvernement de gauche, sous la présidence de François Hollande,
01:39entre les attentats de mars 2012 dont vous venez de parler,
01:42les attentats qui avaient touché les militaires, les enfants juifs à l'école Osara Tora,
01:46les attentats de Toulouse et de Montauban,
01:48et juste avant les attentats que nous avons connus en janvier 2015, puisque cette loi est de 2014.
01:53Et tout à l'heure, je n'ai pas accompagné les victimes du 13 novembre,
01:57mais les victimes de janvier 2015, Charlie Hebdo, Porte de Montrouge,
02:00et pour ma part, Hypercacher, pour les victimes de Hypercacher,
02:03et vous savez que nous avons été en justice devant la cour d'assises spécialement composée,
02:07et les complices ont été condamnés par la justice antiterroriste.
02:11Donc c'est une injure qui est faite finalement aux victimes du terrorisme
02:15que notre pays a connu au cours de ces douze dernières années,
02:19et je pense que c'est une proposition de loi indigne.
02:22Et aujourd'hui, la France insoumise, par de nombreux actes qu'ils ont eus,
02:26et celui-ci, et peut-être, comme je l'ai dit, c'est peut-être la goutte d'eau qui va faire déborder le vase,
02:31c'est une proposition de loi qui est indécente.
02:34Une proposition de loi indécente, et l'ICORCHIA,
02:37président du Consistoire central juif de France et avocat des victimes,
02:40je le rappelle, des attentats du 13 novembre 2015 et de Toulouse en 2012.
02:43Je voudrais vous lire cette phrase et cette réaction de Bernard Cazeneuve,
02:46ancien ministre de l'Intérieur, qui lui aussi était un acteur majeur
02:49au moment où cette loi a été promulguée.
02:54Il accuse, il renvoie les insoumis à l'histoire.
02:57Je vais lire ces mots, et vous allez me dire si ça fait écho chez vous.
03:00Elle les fit oublier que le régime de Vichy avait abrogé les décrets-lois marchands d'eau.
03:06Ces décrets-lois avaient fait sortir de la loi de 1881
03:09les propos appelant à la haine antisémite pour lutter contre l'antisémitisme
03:13propagé à l'époque par l'extrême droite.
03:16Est-ce qu'aujourd'hui on se retrouve dans une situation similaire ?
03:20Est-ce qu'on peut renvoyer cette proposition de loi à l'histoire ?
03:23Ces comparaisons n'aient pas raison.
03:26Chaque époque, effectivement, a ses combats.
03:29Et dans les combats de 1940, il y avait effectivement
03:32ceux qui se sont alliés à la collaboration, sans vergogne,
03:35et l'histoire n'est pas jugée.
03:36Et il y avait ceux qui ont su dire non, à un moment donné, au nom de la République.
03:40Aujourd'hui, nous sommes dans une autre époque.
03:43Mais ce que je vois, ce que je constate aujourd'hui,
03:45et je ne suis évidemment pas le seul,
03:47c'est qu'aujourd'hui, à l'extrême-gauche, et du côté du parti à la fille,
03:50c'est là que se trouve aujourd'hui l'extrémisme en France.
03:53C'est là que se trouve l'extrémisme le plus dangereux.
03:56Celui qui, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale,
03:58ose faire une telle proposition de loi.
04:00Vous savez, à l'époque, il y a encore quelques années,
04:03c'était l'extrême-droite de Jean-Marie Le Pen,
04:06le Front national de Jean-Marie Le Pen,
04:08qui, à l'époque, demandait l'abrogation de la loi Guaisseau.
04:11Aujourd'hui, nous sommes en 2024,
04:13et aujourd'hui, le curseur s'est déplacé.
04:15Nous voyons aujourd'hui le parti de Jean-Luc Mélenchon,
04:18à l'extrême-gauche, avoir, eux,
04:20des positions totalement extrémistes, radicales,
04:23qui vont, encore une fois, à l'encontre
04:25de ce qui fait les valeurs de la République.
04:28Et c'est exactement ce qui se passe avec cette proposition de loi.
04:31Donc, moi, ce que j'espère aujourd'hui,
04:33c'est que tous ceux qui, à gauche,
04:35se sont alliés, par soucis, je peux comprendre,
04:38électoraux lors des dernières élections,
04:41qu'ils comprennent maintenant que ce n'est plus une alliance possible.
04:45Il y a un moment donné où on ne peut pas rester,
04:48quand on est, à gauche, attaché aux valeurs de la gauche républicaine,
04:52je crois qu'on ne peut pas rester, aujourd'hui, avec un parti comme LFI,
04:55être partenaire, dans ce nouveau Front populaire,
04:58d'un parti qui prône des idées, aujourd'hui,
05:00qui sont totalement opposées aux vertus cardinales de la République,
05:04à la liberté, à la fraternité,
05:06parce que c'est, encore une fois, vouloir revenir
05:08sur ce délit d'apologie du terrorisme,
05:10dans un pays, chez nous, en France,
05:12qui avons connu le terrorisme islamiste,
05:14le meurtrier, que ce soit en 2012,
05:17que ce soit en janvier 2015,
05:18pour les victimes de l'Hypercacher que j'accompagnais,
05:20que ce soit ensuite, le 13 novembre 2015.
05:23Vous imaginez, dans un pays comme la France,
05:25vouloir revenir sur ce symbole, aussi,
05:27qui est le délit d'apologie du terrorisme,
05:29qui a permis, aussi, d'éviter une certaine radicalisation,
05:32dans notre pays, parce que la loi
05:34et parce que l'Assemblée nationale
05:35avaient fait son devoir de législateur,
05:37vouloir revenir dessus, c'est faire machine arrière
05:40sur les valeurs qui sont les nôtres,
05:41et ça, je crois qu'aujourd'hui,
05:42tous les citoyens, tous nos compatriotes,
05:44qui sont attachés aux valeurs que nous portons,
05:46ne peuvent pas s'associer à une proposition indigne et indécente,
05:49comme je vous l'ai dit,
05:50comme celle qui a été portée par ce député LFI,
05:52avec, évidemment, le soutien de nombreux cadres de LFI.
05:56Donc, Elie Korchia,
05:58président du Consistoire central juif de France,
06:00ce soir, peut-on dire que, sur Europe 1,
06:03vous appelez solennellement la gauche modérée
06:06à se désolidariser,
06:08à se désolidariser de LFI ?
06:11Bien évidemment, c'est cette gauche républicaine
06:14qui doit, aujourd'hui, prendre ses responsabilités
06:16et se désolidariser de LFI.
06:18Je vous rappelle, d'ailleurs,
06:19j'en discutais tout à l'heure avec le ministre Bruno Retailleau,
06:21qui va faire un discours, dans quelques minutes,
06:23à la clôture de la convention du CRIF,
06:25avec mes amis du CRIF.
06:26Je suis actuellement à la Maison de la Chimie,
06:28d'où je vous parle.
06:29J'ai aussi lu avec attention
06:31ce qui a été écrit par Gabriel Attal
06:33au président des différents groupes,
06:35de gauche à l'Assemblée nationale.
06:37Lettre de Gabriel Attal,
06:39qui, en tant que président du groupe lui-même,
06:41leur dit qu'ils ne peuvent plus,
06:43que c'est le moment de se désolidariser,
06:46de ne plus faire alliance avec un parti
06:48qui, à travers cette proposition de loi,
06:51encore une fois, a poussé le curseur.
06:53Vous savez, je terminerai peut-être par une phrase
06:55de Péguy, le grand Péguy,
06:57puisqu'on parlait d'histoire tout à l'heure.
06:59Charles Péguy disait
07:01« Il y a pire que les âmes perverses,
07:03il y a les âmes habituées. »
07:05Et je crois qu'à un moment donné,
07:07on ne peut pas s'habituer dans notre pays,
07:09jour après jour, semaine après semaine,
07:11mois après mois,
07:12parce que des députés,
07:13un parti d'extrême-gauche comme LFI,
07:15essayent de repousser à chaque fois les barrières,
07:17essayent de revenir à chaque fois
07:19les corps dans notre pays à travers nos valeurs,
07:21à travers nos principes républicains.
07:23Donc je pense que la gauche républicaine, effectivement,
07:25doit se désolidariser, bien évidemment,
07:27de ce type de posture qui n'est pas conforme
07:29à l'idéal républicain.
07:30Merci infiniment Elie Korchia
07:32d'avoir été avec nous en direct ce soir
07:34dans Europe 1 Soir Week-end,
07:35président du Consistoire central juif de France,
07:37avocat des victimes des attentats du 13 novembre 2015
07:40et de Toulouse en 2012.
07:42Merci à vous.
07:43Une réaction peut-être ?
07:44Jules Torres, Paul Melun.
07:46La gauche était silencieuse,
07:48je le redis, si ce soir on en parle,
07:50c'est que nous avons essayé, Adrien Bagé,
07:52à passer des coups de fil,
07:54mais toute la gauche, on a balayé la gauche,
07:56je parle de la gauche modérée.
07:58Personne ne voulait réagir,
08:00personne, personne à cette proposition LFI.
08:03Parce qu'aujourd'hui, on ne sait plus vraiment
08:04où s'arrête et où commence la gauche dite modérée.
08:07Est-ce que, par exemple, Olivier Faure
08:09et les membres, certains membres du bureau national du PS
08:11qui le soutiennent, sont des modérés ?
08:13Je ne sais même plus, en fait,
08:14parce que le fait que la France insoumise
08:16se soit extrémisée,
08:18que la France insoumise flirte avec
08:20des antisémites notoires,
08:22ou avec des islamistes notoires,
08:23ça aujourd'hui s'est avéré.
08:24Tout le monde est d'accord.
08:26Je pense que là, ça fait consensus, ce sujet-là.
08:28Maintenant, il y a des gens qui sont dans une zone grise.
08:30Les écologistes, par exemple,
08:32Madame Tondelier, elle ne condamne jamais vraiment,
08:34ou du bout des lèvres,
08:36elle est très mal à l'aise,
08:37elle essaye d'être consensuelle,
08:38elle dit je ne veux pas parler de Jean-Luc Mélenchon,
08:39je parle d'autres choses.
08:40Elle n'est pas claire, Madame Tondelier.
08:42Et pour reprendre Martine Aubry,
08:44c'est flou, il y a un loup.
08:45C'est pareil pour Sandrine Rousseau, vous avez raison.
08:47On avait fait la liste hier soir avec Thomas Lacroix.
08:49Ce pauvre Adrien, s'il prend son répertoire,
08:51notre ami Adrien, pour rappeler les uns et les autres,
08:53ce n'est pas facile, parce qu'il y en a beaucoup.
08:54Le pauvre, il n'a pas un métier facile, je peux vous le dire.
08:56On est solidaire de lui.
08:57Parce qu'à gauche, pour trouver des gens courageux
08:59face à LFI, ce n'est pas facile.
09:00Il faut beaucoup de répertoires,
09:01et beaucoup de pages dans le répertoire.
09:03Effectivement, des gens comme Bernard Cazeneuve
09:05ne sont pas coupables
09:07de compromissions avec LFI.
09:08Il est courageux, Bernard Cazeneuve,
09:09c'est un homme pour lequel j'ai beaucoup de respect.
09:11On a partait à la même gauche, lui et moi.
09:12Mais cette gauche-là, elle doit se faire entendre,
09:14et elle doit rompre radicalement,
09:16c'est ce que nous disait Ligorchia,
09:17elle doit rompre avec LFI.
09:18Bon, Jules Torres, on est d'accord,
09:19cette gauche modérée,
09:20mais je le disais hier soir dans ce studio,
09:22hier soir, je disais,
09:23mais elle est où, la gauche modérée ?
09:24Ils sont où, ces gens-là,
09:26pour réagir à ces propositions ?
09:28Non, mais c'est une proposition de loi infamante.
09:30Vous savez que l'auteur,
09:32dont je m'évertue à n'avoir pas donné le nom,
09:34depuis le début de cette affaire,
09:36ne le regrette pas,
09:37puisque dans les colonnes du Parisien,
09:38il est interrogé,
09:39il dit, non, moi j'ai proposé ça,
09:40je ne le regrette pas.
09:41Deux secondes, Jules Torres.
09:42Je ne sais pas si vous le savez, Pascal,
09:43mais on parle donc du Gobernalicis,
09:44qui est un député de la France Insoumise.
09:46Est-ce que vous savez quel ministère il aurait eu
09:48si on avait eu un gouvernement du Nouveau Gouvernement ?
09:50Oui, l'intérieur, mais vous avez raison.
09:51Il était pressenti pour avoir le ministère de l'Intérieur.
09:53On voit qu'aujourd'hui,
09:54le ministère de l'Intérieur, Bruno Rotailleau,
09:56qualifie sa proposition de loi
09:58de difficilement plus ignoble.
10:00Eh bien, on est complètement dans ces mots-là.
10:02Et je souscris complètement à ce qu'a dit Bruno Rotailleau,
10:04je souscris complètement à ce que vient de dire Elie Korshia,
10:07je souscris complètement à ce que vient de dire Paul Melun.
10:09Aujourd'hui, cette gauche modérée,
10:11qui, malheureusement selon moi,
10:12n'est pas très représentée,
10:14n'est pas très représentative.
10:15C'est quelques communes,
10:16c'est quelques mairies,
10:17c'est une présidence de région,
10:18Carole Delga,
10:19c'est Mickaël Delafosse, le maire de Montpellier.
10:21Mais pardon,
10:22tous ces gens-là
10:24se sont vendus à la découpe à la France Insoumise.
10:27Ils sont aujourd'hui responsables
10:29de ce que l'on vit,
10:30de l'hégémonie de la gauche mélenchoniste
10:34aujourd'hui en politique.
10:36Si ce n'est Bernard Cazeneuve,
10:37mais M. François Hollande,
10:38il a beau ce soir utiliser des grands mots,
10:40remuer ciel et terre,
10:41pour montrer qu'il est respectueux,
10:43il a été élu par la France Insoumise.
10:45M. Gabriel Attal,
10:46qui demande aux communistes,
10:48dans une lettre,
10:49aux écologistes et aux socialistes,
10:50de se désolidariser le 3 juillet 2024.
10:53Qu'a-t-il fait sur France Inter ?
10:55Il a dit qu'il fallait faire barrage
10:57au Rassemblement National
10:58avec un bulletin de la France Insoumise.
11:00Donc toutes ces personnes-là,
11:02qui vont vous dire ce soir
11:03qu'ils se désolidarisent de la France Insoumise,
11:05ils ont contribué au fait qu'aujourd'hui,
11:07à gauche, c'est la France Insoumise
11:09qui maîtrise le tempo.
11:10Et ce tempo-là,
11:11je peux vous dire,
11:12on en a beaucoup parlé,
11:13l'arrestation de Boilem Sansalle.
11:14Est-ce que vous avez vu des réactions à gauche ?
11:16Ou non ?
11:17Ou quelques réactions timides ?
11:19Celle de M. Delafosse, encore une fois,
11:21qui a qualifié ça de honteux.
11:24Oui, mais il faut chercher.
11:26Et à chaque fois,
11:27c'est des réactions qui sont très timides.
11:29Donc cette gauche-là, aujourd'hui,
11:31doit arrêter de faire des tweets.
11:33Doit arrêter de dire
11:34« Oh, c'est pas très bien. »
11:35Non.
11:36Il doit y avoir une vraie rupture
11:38avec la France Insoumise
11:39car ce n'est plus possible
11:40depuis le 7 octobre.
11:41Les LFI, c'est le diable de la République.
11:43Ça demande du courage.
11:44Vous avez raison, Paul Melun.
11:45On va continuer d'en parler
11:46dans un tout petit instant sur Europe 1.
11:48Vous savez où il était,
11:49ce député LFI,
11:50après avoir fait sa proposition hier soir ?
11:52Oui, je sais.
11:53Au syndicat de la magistrature.
11:54Au syndicat de la magistrature à Lille.
11:55Pour répondre à la bonne parole,
11:56il parait que ça s'est très bien passé.
11:58Le thème était
11:59« La justice, selon Emmanuel Macron,
12:01est sous l'extrême centre. »
12:02Oui.
12:03Non, mais attendez.
12:04On va en discuter.
12:05A tout de suite sur Europe 1.
12:06Et nous sommes dans ce studio
12:08avec Paul Melun,
12:09avec Jules Torres.
12:10Nous étions en train de revenir
12:13sur François Hollande,
12:15sur Bernard Cazeneuve
12:16qui sortent de leur silence
12:18après cette polémique
12:19dont nous vous parlons
12:20depuis plus de 48 heures maintenant sur Europe 1.
12:23Cette proposition LFI,
12:24proposition de loi,
12:25de supprimer du code pénal français
12:28le délit d'apologie du terrorisme.
12:30Outre le fait que tous les proches des victimes
12:34sont vants debout,
12:36sont affligées par cette proposition.
12:39On en a parlé hier avec Samia Makhdouf.
12:42Edi Corchia,
12:43qui a été aussi avocat des victimes
12:44des attentats du 13 novembre 2015
12:46et de Toulouse en 2012 et Montauban.
12:49Les victimes sont affligées.
12:51On sait bien pourquoi LFI
12:53veut faire bouger ce délit.
12:57N'est-ce pas ?
12:58Pourquoi Jules Torres ?
13:00Pourquoi ?
13:01Parce que quand on est visé soi-même
13:03par ce délit d'apologie du terrorisme,
13:05on essaye de le faire supprimer de la loi.
13:07Il y a plusieurs responsables de la France Insoumise
13:10ou de la gauche radicale
13:12qui ont été soit condamnés,
13:13soit poursuivis ces derniers mois.
13:15Je peux prendre l'exemple
13:16du responsable de la CGT du Nord
13:18qui a été condamné à un an de prison avec sursis
13:20parce qu'il a dit que
13:22le 7 octobre était une offensive armée
13:24menée par le Hamas.
13:26Lui, il a été condamné.
13:27Il y en a qui ont été poursuivis.
13:28Je pense à Mathilde Panot.
13:29Je pense à Rima Hassan.
13:30Mathilde Panot, qui est la présidente
13:32du groupe LFI à l'Assemblée Nationale
13:33et Rima Hassan, que l'on ne présente plus,
13:35qui est la députée européenne
13:37de la France Insoumise.
13:38Elles sont passées devant la justice en avril
13:40et ce n'est pas très agréable, en effet,
13:42de passer devant la justice.
13:44C'est pour ça aussi qu'ils veulent supprimer ça.
13:47Mais c'est d'autant plus cynique, Pascal,
13:49qu'ils savent très bien
13:50que ça ne passera jamais à l'Assemblée Nationale.
13:52Donc c'est un énième coup de com'.
13:54Ils ont proposé
13:56qu'Israël soit qualifié
13:58de régime d'apartheid.
14:00Ils savaient quand bien même que ça ne passerait pas.
14:02C'est encore une fois un coup de
14:04filon, si je puis dire,
14:06parlementaire utilisé par la France Insoumise
14:08pour continuer
14:10à faire leur beurre électoral
14:12sur le dos des Juifs de France.
14:14Voilà, aujourd'hui.
14:16Et les socialistes et les écologistes
14:18ne voteraient pas ce texte-là, ils le savaient.
14:20Donc c'est un énième coup de com'
14:22qui vient, une fois de plus, décrédibiliser,
14:24diaboliser la France Insoumise.
14:26Alors, Bruno Retailleau
14:28est en train de s'exprimer en ce moment,
14:30en ce moment, à la Convention nationale
14:32du CRIF, à la Maison de la Chimie,
14:34à Paris. Je vous propose d'écouter
14:36les mots du ministre de l'Intérieur
14:38qui dit, parce qu'on en est là
14:40aujourd'hui, d'après le ministre de l'Intérieur,
14:42que nous avons besoin d'un nouveau j'accuse.
14:44Je crois qu'aujourd'hui,
14:46alors que, de nouveau,
14:48ce cri de mort antisémite
14:50se fait entendre, nous avons besoin
14:52de nouveau j'accuse.
14:54Oui, nous avons besoin de nouveau
14:56j'accuse pour désigner
14:58le nouvel antisémitisme
15:00pour démasquer
15:02les nouveaux antisémites.
15:04Alors, c'est très fort.
15:06On va vous faire écouter
15:08d'autres extraits de l'intervention
15:10du ministre de l'Intérieur. Nous avons besoin
15:12d'un nouveau j'accuse, on en est là.
15:14Le ministre établit directement
15:16un parallèle avec l'époque
15:18où nous avons connu le pire
15:20et les prémices du pire de l'antisémitisme
15:22dans l'histoire de France, à savoir la fin du XIXe siècle
15:24et le début du XXe siècle.
15:26Tout ça aboutit avec la solution finale
15:28pendant la Seconde Guerre mondiale.
15:30Donc là, il prend, si vous voulez,
15:32certains diraient que c'est un point Godwin, comme on dit,
15:34c'est-à-dire qu'il prend vraiment le pire de la période
15:36antisémite en Europe pour la comparer
15:38avec les heures que nous traversons.
15:40Il faut en général prendre ces arguments-là
15:42avec parcimonie à bon escient.
15:44Là, je dirais que le ministre l'utilise à bon escient
15:46parce que, effectivement,
15:48lorsqu'on voit la proposition
15:50du gobernalicis, l'insoumis
15:52et l'attitude des insoumis concernant l'antisémitisme
15:54depuis plusieurs mois, il réhabilite
15:56en effet, en filigrane, certaines
15:58thèses de l'antisémitisme de la gauche
16:00de la fin du XIXe siècle et de l'extrême-droite
16:02du début du XXe siècle. Donc, le parallèle
16:04historique est fondé. Du reste,
16:06le parallèle historique que fait aussi Bernard Cazeneuve
16:08avec la France collaborationniste est aussi fondé.
16:10Et il faut le renvoyer, ça aussi, à la France insoumise
16:12parce que la stratégie de l'FI, depuis
16:14des années et des mois, c'est de faire le parallèle
16:16avec la Seconde Guerre mondiale en permanence
16:18et de traiter tous ceux qui ne sont pas d'accord avec eux de nazis.
16:20Donc, prenons-les à leur propre
16:22jeu, puisque là, en plus, nous sommes fondés à le dire
16:24parce que c'est la vérité, que eux
16:26jouent un jeu dangereux
16:28qui, dans l'histoire, a causé
16:30des millions de morts. Donc, il est bon
16:32aussi de remuer un peu les choses devant la France insoumise
16:34et de leur dire ce qu'ils sont en train de commettre.
16:36Concrètement, si cette proposition doit elle passer,
16:38ça veut dire que si demain, quelqu'un arrive et dit
16:40le Bataclan, c'était formidable, vive le
16:42terrorisme, il peut le dire sans être
16:44inquiété par la loi. Alors même que
16:46ce sont des propos qui dépassent la liberté d'expression
16:48et qui sont sous le coup de l'apologie pour
16:50le terrorisme et qui sont, évidemment, des propos
16:52qui n'ont pas lieu de citer
16:54dans une démocratie libérale comme la nôtre.
16:56Ce qui, possiblement, peut être
16:58réjouissant dans cette polémique,
17:00c'est, encore une fois, la détermination
17:02du ministre de l'Intérieur. C'est-à-dire que, lui,
17:04il a une mission, c'est rétablir l'ordre en France
17:06et il en a une deuxième, et ça, on le voit au fur et à mesure
17:08des semaines, c'est qu'il ne laissera rien
17:10passer à la France insoumise.
17:12Quand Raphaël Arnault nous dit que
17:14nos policiers français assassinent
17:16les Kanaks, signalement à la justice.
17:18Quand Adrien Clouet dit
17:20que les journalistes,
17:22les membres du ministère de l'Intérieur sont des petites frappes
17:24fascistes, signalement à la justice.
17:26Quand on a un collaborateur de la France
17:28insoumise qui nous appelle
17:30à l'intifada en France, si ça,
17:32d'ailleurs, ce n'est pas de l'apologie du terrorisme,
17:34je ne sais pas ce que c'est, eh bien, signalement
17:36à la justice et interdit d'entrer à l'Assemblée.
17:38Donc, Bruno Rotewill ne laissera rien passer
17:40sur cette question-là. Son discours
17:42ce soir, pardonnez-moi, est très fort.
17:44C'est sans doute le plus fort, et c'est finalement
17:46ce que François Hollande aurait peut-être dû faire
17:48et Bernard Cazeneuve, parce que c'est bien gentil de dire que
17:50c'est honteux, mais il faut acter.
17:52Ils ont mis en place le délit d'apologie du terrorisme
17:54eux-mêmes pendant les attentats.
17:56Oui, mais là, on parle de la gauche doit
17:58se séparer de l'Evie.
18:00Parce que là, il y a une gauche qui a été irréprochable
18:02sur le sujet de l'apologie du terrorisme.
18:04Là, il faut qu'on soit dans une escalade des mots.
18:06On ne peut plus se contenter de dire
18:08que c'est honteux, que ça n'a rien
18:10à faire dans le débat public. Non. Il faut dire
18:12aujourd'hui que
18:14ceux qui nourrissent aujourd'hui l'antisémitisme,
18:16ceux qui sont
18:18les alliés de la propagande islamiste et terroriste,
18:20ce sont la France insoumise. Il faut le dire
18:22et le rappeler. Sur le fond, je suis d'accord avec vous à 100%,
18:24mais le raisonnement d'un Olivier Faure
18:26qui était un politicien en chef et qui
18:28est un homme de calcul, ce n'est pas le même que nous.
18:30Il ne résonne pas par le fond et par le bien fondé
18:32de dénoncer l'antisémitisme.
18:34Il résonne en termes de circonscriptions, de communes,
18:36etc. Et je peux vous parier qu'au municipal,
18:38vu comme ils ont besoin de la France insoumise
18:40pour regagner leur mairie, je vais vous dire
18:42que tout le monde va bien gentiment rentrer dans le rang,
18:44que l'antisémitisme, ça va être oublié,
18:46que les folies prononcées par
18:48Mme Hassan vont être vite oubliées,
18:50et que M. Faure, il va arriver béré à la main
18:52face à Jean-Luc Mélenchon, lui disant « tu veux combien ? »
18:54et ça va être dealé en quelques minutes dans une salle.
18:56Mais c'est terrible ce que vous racontez.
18:58C'est le bras de lentilles,
19:00parce que les gens ne veulent plus de l'antisémitisme.
19:02Quand la soupe est bonne, on continue à en manger ?
19:04Est-ce que vous vous rendez compte ?
19:06Gabriel Attal a demandé aux socialistes,
19:08en tout cas à l'Assemblée nationale, aux écologistes,
19:10aux communistes, de se désolidariser
19:12de LFI. La gauche peut-elle
19:14bouger ? Olivier Faure, lui, n'a pas,
19:16a bien dit hier soir, je le redis,
19:18le leader du PS,
19:20a bien dit hier soir qu'il ne validerait pas
19:22cette proposition de loi LFI.
19:24C'est un petit signal, quand même.
19:26Oui, mais ce n'est pas très courageux, pardonnez-moi.
19:28Évidemment qu'il ne va pas
19:30voter cette loi, encore heureux.
19:32On est là, il y a un tollé.
19:34Jusqu'aux communistes, ils dénoncent
19:36cette proposition de loi.
19:38On ne va pas dire qu'Olivier Faure est courageux parce qu'il dit qu'il ne la votera pas.
19:40Ce qui est courageux,
19:42c'est ce qui dénonce aujourd'hui
19:44une idéologie qui est de plus en plus mortifère.
19:46Ce n'est pas juste
19:48une proposition de loi, c'est une
19:50trahison politique.
19:52Pour les plus de 270 personnes
19:54qui sont morts du terrorisme.
19:56C'est une trahison politique alors qu'on vient de commémorer
19:58il y a quelques jours
20:00les victimes du 13 novembre 2015.
20:02C'est ça, c'est une réalité.
20:04Ce n'est pas une proposition de loi, c'est une trahison politique
20:06et elle est coupable et complice
20:08de ceux qui piétinent aujourd'hui en France nos libertés
20:10et qui mettent une cible
20:12dans le dos de nos compatriotes.
20:14C'est une trahison aussi de l'héritage de gauche.
20:16Monsieur Faure, il n'y a pas très longtemps, j'ai vu qu'il avait été
20:18pris en photo avec des membres du Parti Socialiste
20:20pour se recueillir devant Jaurès, etc.
20:22Invoquant l'héritage de Jaurès.
20:24Jaurès, il faisait partie de ceux qui défendait
20:26Dreyfus face à
20:28toutes les antisémites. Jaurès, c'était
20:30ceux qui, avec les socialistes, avec
20:32Léon Blum, se sont battus contre
20:34les antisémites au début du XXe siècle.
20:36Et lui, il collabore avec ceux qui
20:38tiennent l'antisémitisme comme une valeur.
20:40Donc si vous voulez, Monsieur Faure, il faudrait peut-être qu'il soit
20:42constant et qu'il ne fasse pas qu'à les mettre
20:44des bouquets de fleurs devant la tombe de Jaurès
20:46ou devant ses bustes, mais peut-être qu'il relise
20:48un peu Jaurès, qu'il repense à l'aune de Jaurès
20:50et qu'il revienne à la gauche républicaine
20:52d'avant. Pas à la gauche de Jean-Luc Mélenchon
20:54qui n'a de gauche que de nom, d'ailleurs.
20:56Et les électeurs, c'est pareil. Il y a plein d'électeurs
20:58qui ne suivent pas la folie
21:00furieuse de la France insoumise
21:02et qui ne se reconnaissent pas du tout dans cette
21:04dérive de la gauche. Ces électeurs-là, il faut leur
21:06parler. Si c'est Bernard Cazeneuve qui leur parle, c'est
21:08très bien. Si c'est Carole Delga qui leur parle, c'est très bien.
21:10Mais il faut reprendre ces électeurs. Parce que
21:12les électeurs de gauche aujourd'hui, moi je pense qu'il y en a
21:14une majorité qui ont honte d'être représentés
21:16par Jean-Luc Mélenchon. Quand on dit
21:18à quelqu'un vous êtes de gauche, ah bon, comme Mélenchon,
21:20je ne suis pas bien sûr qu'on ait envie, quand on est
21:22de gauche, d'être assimilé à Jean-Luc Mélenchon
21:24ou à Madame Assane. Paul Mollet, il faut le signal fort, il faut se désolidariser
21:26de LFI. Il faut que la gauche modérée
21:28se désolidarise officiellement
21:30de LFI. Non mais il faut le faire.
21:32Il faut qu'elle le fasse aux municipales.
21:34Il faut qu'il le fasse. Il faut qu'il le fasse.
21:36Il faut qu'il le fasse. Il faut que Mme Roland à Nantes,
21:38elle le fasse. Il faut que tous les socialistes
21:40qui ont des valeurs et qui sont les porteurs
21:42d'une gauche de gouvernement, ils disent
21:44on ne s'allie pas avec les insoumis. Les insoumis présenteront
21:46leurs candidats et eux les leurs.
21:48On va écouter dans un tout petit instant un extrait
21:50du discours de Bruno Retailleau.
21:52C'est en ce moment même à la Maison de la Chimie
21:54à Paris. Il vient
21:56de faire une charge très lourde contre
21:58l'islamisme et ses conséquences
22:00chez nous, en France.
22:02C'est tout de suite sur Europe 1. Il est 19h42.