• avant-hier
Dans cette vidéo, plongez dans le récit bouleversant d’un homme né sous X à Paris et adopté à l'âge de 5 mois. Son parcours est celui d’une quête incessante pour retrouver ses racines et comprendre l’histoire qui l’a mené à être abandonné.

Dès l’enfance, des questions sur son identité le hantent, attisées par les regards et les remarques des autres. Malgré une enfance heureuse dans une famille adoptive aimante, le besoin de connaître ses origines ne le quitte jamais. Après des années de recherches infructueuses, c’est grâce à un documentaire poignant et une série de coïncidences qu’il finit par obtenir les réponses qu’il attendait depuis toujours.

Mais les retrouvailles ne sont pas sans obstacles : sa mère biologique vit à l’étranger, des barrières culturelles et linguistiques compliquent les échanges, et l’émotion de découvrir l’existence de deux frères, eux aussi ignorants de son histoire, bouleverse tout. Ce témoignage est une plongée dans les méandres de l’adoption, des émotions complexes, et de la redécouverte de soi.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Je suis né sous X. Je suis né à Paris, dans le 14e.
00:02J'ai été adopté à l'âge de 5 mois à peu près.
00:05Mes parents sont venus me chercher.
00:06Je suis arrivé en Mayenne.
00:07J'ai vécu dans un petit village de 1000 habitants à 10 minutes de Laval.
00:12J'avais beaucoup de questionnements, en fait, de mes copains dans la rue
00:15qui me disaient « mais tu te rends pas compte pourquoi toi t'es noir et pas eux, etc. »
00:18Moi, je m'en rendais pas compte.
00:19Et puis, à force de me poser des questions, j'ai commencé à en poser.
00:22Et puis un jour, mon père m'a expliqué.
00:23Très simplement, j'ai compris tout de suite.
00:25J'ai compris tout de suite que j'avais eu beaucoup de chance et que j'allais être très heureux.
00:29J'avais 6 ans, donc quand mon père m'a expliqué que j'étais un enfant de la DAS, en fait.
00:33Mon questionnement toute ma vie, ça a été savoir si j'avais des frères et soeurs.
00:36C'est ça qui m'importait, parce que je suis fils unique.
00:39Donc, c'était plus ce questionnement-là.
00:41Et à la fin de l'adolescence, j'étais vendeur à l'époque.
00:43Et je discutais avec un client qui me pose des questions sur mes origines, etc.
00:47Et qui m'explique que lui est issu de l'adoption.
00:50Donc, c'était une personne qui avait une cinquantaine d'années
00:52et qu'il a retrouvé sa mère, en fait, biologique.
00:54Donc, il me parle de tout ça.
00:55On reste une heure à discuter.
00:56Et il m'explique, au final, qu'il était content de la retrouver,
01:01mais qu'il ne s'était rien passé, qu'il était trop tard, en fait.
01:04Mais en tout cas, il m'a donné envie.
01:05Donc, il m'a donné des contacts, ce genre de choses,
01:08pour que je puisse, moi, entamer des recherches.
01:10C'est comme ça que ça a démarré.
01:11Mais c'est des réponses qui arrivent six mois après,
01:14qui sont souvent négatives, en fait.
01:15Et au final, on se lasse un peu.
01:17Je me posais des questions.
01:18Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'on m'a abandonné ?
01:21Après, j'ai toujours pensé qu'il y avait une raison valable.
01:24Je ne pense pas qu'on puisse abandonner son enfant par plaisir
01:28ou parce qu'on n'en veut pas.
01:31Il y a forcément une raison évidente, en tout cas, à mes yeux.
01:33J'avais une angoisse terrible.
01:35C'était être issu d'un virus.
01:38Ça, c'était une angoisse, par contre, permanente.
01:40En fait, juste savoir, juste rencontrer la personne.
01:43En l'occurrence, ma mère, ma démarche était de rechercher ma mère biologique.
01:47Je l'ai su tard, mais j'ai une tête d'Arabe.
01:50Du coup, beaucoup de gens issus de la communauté maghrébine
01:54venaient me parler, notamment en arabe.
01:55Le salame, etc. me parlaient.
01:57Donc, moi, je les regardais.
01:58Je suis désolé, je ne parle pas la langue.
01:59Ils étaient un peu surpris.
02:00Dès que je leur expliquais, il n'y avait pas de souci.
02:02Mais c'est ça qui m'a relancé un petit peu dans mes démarches.
02:06J'ai refait des démarches.
02:08En fait, j'ai vu un film qui s'appelle Lion,
02:11qui est juste incroyable, qui m'a parlé, qui m'a retourné.
02:15Alors, je ne suis pas fleur bleue devant les films et ça,
02:17mais celui-ci m'a bien bien retourné.
02:19Et après le film, je suis allé sur Internet.
02:21J'ai recommencé mes démarches, ma demande de dossier,
02:25puisque je n'avais jamais reçu mon dossier que j'avais demandé.
02:27Je ne l'avais jamais reçu.
02:28Donc, ce film-là m'a vraiment...
02:30Ça a été un vrai déclencheur.
02:31Alors, en fait, après le film, je suis allé sur Internet.
02:34J'ai cherché vraiment ce que je pouvais faire.
02:36Donc, j'ai réussi à faire une demande pour obtenir mon dossier naissance.
02:40Je l'ai reçu des années après, en fait.
02:43Donc, j'avais 38 ans quand j'ai reçu mon dossier à la maison.
02:47Un dossier que je n'attendais plus, en fait.
02:49J'étais très surpris.
02:50C'est ma compagne qui me dit
02:52« Il y a une enveloppe énorme qui arrive de Paris. »
02:55Je dis « Oui, mais ça doit être mon dossier. »
02:57Donc, je ne l'ai pas ouvert tout de suite.
02:59Parce que je me suis dit « Il y a peut-être des choses un peu incroyables. »
03:03Donc, j'ai dû me mettre deux jours à l'ouvrir.
03:05Et puis, après, j'ai lu mon dossier.
03:07Alors, il y a pas mal de choses cachées.
03:09Ils ont le droit de cacher certaines choses.
03:11Et je lis mon dossier.
03:12Donc, je prends cher parce qu'en fait,
03:14quand je lis, la trame, un peu, c'est un torchon, le truc.
03:18C'est un torchon et j'ai l'impression que la personne qui a écrit ce truc
03:23n'est pas bienveillante et n'est pas sympathique, en fait.
03:25Je lis et à la fin, je me dis « Bon, je ne retrouverai jamais personne, en fait. »
03:28Et puis, tout à la fin du dossier,
03:30il y a une petite ligne où c'est écrit
03:32« Une personne a essayé de prendre contact avec vous en 2007 et en 2010.
03:36Et une lettre vous a été adressée en 2012. »
03:39Je vois ça vraiment à la fin.
03:41Et là, je suis surpris.
03:43Donc, il n'y a pas de lettre avec.
03:45Donc, j'essaye de rappeler l'organisme.
03:49Le pauvre secrétaire, sans lui manquer de respect, ne sait pas.
03:52Il dit « Écoutez, je vais voir ce que je peux faire, etc. »
03:54Et puis, ça s'arrête là.
03:56En gros, il m'explique qu'il faut que je contacte le CNAOP.
03:58Donc, c'est le Conseil national d'accès aux origines personnelles.
04:03Et qu'eux pourront m'aider dans ma démarche, en fait,
04:06afin de retrouver ma famille biologique.
04:09Mais sauf que c'est impossible de les contacter, en fait.
04:11C'est-à-dire qu'on ne peut pas les joindre par téléphone.
04:13C'est des mails auxquels on n'a pas de réponse, etc.
04:15Donc, c'est très compliqué.
04:17Quelques mois après, j'ai un coup de téléphone en mai d'une personne du CNAOP, justement,
04:24qui me dit « Écoutez, je suis sur votre dossier depuis six mois. »
04:28Donc, en fait, mon dossier avait été transmis directement, sans que je le sache.
04:32Le dossier a été transmis.
04:33Et donc, en fait, la personne me pose plein de questions sur ma vie,
04:38mon travail, ma vie de famille, etc.
04:41Plein de choses, je pense, pour voir si j'ai une vie plutôt stable,
04:46pour me balancer la bombe derrière,
04:48comme quoi elle aurait potentiellement retrouvé ma mère biologique.
04:53Mais elle n'en est pas certaine, en fait.
04:55Donc, elle m'explique ça.
04:57On reste une heure au téléphone.
04:59Et puis, elle me dit « Je vous recontacte si j'ai des nouvelles. »
05:02Mais elle me dit « Votre dossier, il est trop complexe. »
05:04Et donc, voilà, la conversation se termine.
05:06Et elle me rappelle 15 jours, 3 semaines après pour me dire qu'en fait,
05:09c'est bon, elle a retrouvé ma mère biologique.
05:13Alors, le dossier, il est complexe parce qu'en fait,
05:15ma mère biologique a donné une fausse identité lors de son accouchement.
05:19Donc, en gros, la recherche, le nom ne correspondait pas,
05:23le prénom ne correspondait pas.
05:26Donc, c'était très compliqué de retrouver la personne.
05:28Et il s'avère qu'aujourd'hui, elle vit à l'étranger.
05:30Donc, forcément, retrouver quelqu'un qui est dans un autre pays,
05:33c'est très, très compliqué.
05:35Avec mes parents adoptifs, on n'en parlait pas du tout.
05:38Ma mère adoptive m'a toujours poussé à faire des recherches.
05:41Et bizarrement, peut-être par respect ou pour ne pas les blesser,
05:44je leur disais que non, je ne ferais rien.
05:47Voilà, je ne voulais pas les blesser.
05:48Je pense que ça peut être un peu compliqué.
05:51Ce sont des gens très timides, très introvertis, mes parents adoptifs.
05:55Donc, je ne voulais pas trop les déranger avec ça.
05:57Quand elle m'a rappelé, c'est une sensation de...
06:00C'est super bizarre.
06:01Je me dis, ça fait 40 piges que j'attends ça, finalement.
06:05Donc, je me dis que c'est complètement fou.
06:08Et elle m'explique qu'elle vit à l'étranger, en l'occurrence en Hollande.
06:11Et dans la discussion, elle me dit que j'ai deux frères aussi.
06:15Deux petits frères, du coup.
06:16Donc, j'apprends ça en cinq minutes.
06:20Je suis sur mon lieu de travail.
06:21Donc, oui, c'est une vraie bombe, quand même.
06:25C'est déstabilisant.
06:27C'est peut-être très bizarre, ce que je veux dire,
06:28mais ça avait limite plus d'importance pour moi,
06:31de savoir que j'avais deux frères, que j'avais retrouvé ma mère biologique.
06:34C'est nul, mais moi, c'est comme ça que je le ressentis.
06:37Le truc, c'est que lors du coup de fil, j'ai appris que j'avais deux frères,
06:41mais qu'eux ont appris mon existence en même temps que moi, j'ai appris la leur.
06:45C'est-à-dire qu'ils n'avaient pas du tout l'info
06:49que leur maman avait eu un enfant précédemment.
06:52Donc, c'était une grosse bombe pour eux aussi, pour le coup.
06:56Les premiers contacts, je ne peux pas avoir de contact direct avec ma famille biologique.
07:00Je passe par cette personne, en l'occurrence Sophie.
07:03Elle s'appelle Sophie.
07:05Et elle me dit, si tu as envie de leur parler, de te faire une lettre ou quelque chose comme ça,
07:10tu peux, mais ça passe par moi.
07:12Je vérifie si tout est bienveillant, en fait.
07:15Parce qu'elle m'expliquait qu'il y a beaucoup de cas d'adoption où ça ne se passe pas bien.
07:21Elle m'a expliqué clairement que c'était le dossier le plus compliqué qu'elle avait eu à gérer,
07:26en tout cas pour moi, en tout cas au niveau des recherches.
07:29Il faut savoir que ma mère biologique, en plus, ne parle pas français.
07:31Donc, elle ne parlait pas, alors je crois que Sophie parlait aussi anglais et je ne sais plus quelle langue,
07:37et espagnol, probablement.
07:39Et en fait, elle avait beaucoup de mal à communiquer avec elle.
07:41Alors, une des sœurs de ma mère biologique, en fait, avec son aide,
07:46elle envoyait des courriers à l'organisme pour me rechercher.
07:50Et bien, ça faisait une quinzaine d'années, en fait.
07:52C'est un tsunami, très clairement, quand on t'apprend tout ça.
07:55Et on a retrouvé ta mère, ta deux frères.
07:58Le fait de savoir qu'ils ignoraient mon existence aussi,
08:01c'est quelque chose d'incroyable, parce que je me dis comment ils vont le prendre.
08:04Et donc, on échangeait beaucoup.
08:05Elle m'a expliqué qu'ils étaient plutôt bienveillants, plutôt enthousiastes.
08:10Et on a commencé comme ça, en fait.
08:12Donc, j'ai envoyé un premier mail pour parler de ma vie,
08:16grosso modo, les étapes, ma vie de famille, etc.
08:20Elle a ensuite envoyé le mail.
08:22Donc, je communiquais avec un de mes frères qui parle anglais, en fait.
08:25Donc, c'est lui qui traitait les mails.
08:27Et puis, il m'a répondu.
08:29Et puis après, il y a les premiers échanges de photos et tout ça.
08:33En fait, c'est ça le plus costaud.
08:35C'est les photos.
08:35C'est de mettre un visage sur une personne,
08:38parce qu'on l'imagine, on ne sait pas vraiment, en fait.
08:40Et là, de voir les photos, ça m'a retourné.
08:44Il y a une phrase terrible qui m'est mon frère Amadi, donc le plus jeune.
08:49En gros, c'est « Je comprends pourquoi notre mère pleure tous les jours.
08:54Maintenant que je sais que tu existes. »
08:56Parce qu'en fait, ils n'ont jamais compris.
08:57Elle était visiblement dépressive.
08:59Et il me dit « Notre mère, elle pleure tous les jours
09:01et on ne sait pas pourquoi. Elle ne nous a jamais expliqué. »
09:03Donc, il me dit « Maintenant, je comprends, en fait. »
09:06C'était une phrase assez choc.
09:07Et puis, on parle de tout et de rien, de nos passions, de nos métiers,
09:13ce genre de choses, pas de futilité.
09:16Et puis, on continue d'échanger, en fait.
09:18Et on s'envoie des mails, donc un mail, deux mails, trois mails, etc.
09:21Alors, ça prend du temps, parce que le temps que ça passe par le CNAP,
09:24qu'ils transmettent, etc., en fonction des emplois du temps de chacun,
09:28des fois, il y a trois, quatre jours avant d'avoir une réponse.
09:30Donc, c'est hyper long.
09:32Et puis, voilà. Après, ça s'enchaîne.
09:36On s'échange nos numéros.
09:38Sophie, en fait, nous explique que tout le monde est bienveillant,
09:40que ça va bien se passer.
09:41Donc, on échange nos numéros.
09:42Et puis après, premier WhatsApp, donc, on échange les vidéos et tout ça.
09:46Donc, c'est fou.
09:48Le premier visio, je l'ai fait avec ma mère.
09:49Donc, on ne parle pas la même langue.
09:52Donc, c'est hyper compliqué.
09:53Il n'y a pas besoin de parler sur le premier.
09:54Pour le coup, c'est beaucoup, beaucoup d'émotions.
09:57Donc, on a parlé un petit peu.
09:58Elle a quelques bases de français.
10:00Donc, on a réussi à communiquer, mais elle ne parle pas anglais non plus.
10:02Et puis après, c'était plus par les mails, en fait.
10:07On a vu si on avait des points communs.
10:08Elle a une passion pour le sport, ce genre de choses.
10:10Mais pas...
10:12En fait, c'est très difficile, parce qu'on n'a pas du tout la même culture.
10:14Et ce n'est pas un frein.
10:17En tout cas, pour mes frères, pour ma mère, c'est beaucoup plus compliqué.
10:20Parce qu'elle est très...
10:21Elle se questionne beaucoup sur le fait que je ne suis pas de confession musulmane,
10:26ce genre de choses, que je ne parle pas arabe,
10:27alors que moi, ce n'est pas l'éducation que j'ai eue.
10:29Donc, forcément, ça ne risque pas, quoi.
10:32Mais c'est vrai que ça, ça la questionne beaucoup.
10:33Ah bon, tout le monde chialait, clairement.
10:36C'était...
10:38On pleurait tous les deux, on se regardait.
10:40On n'en revient pas, en fait.
10:41Et je pense que c'est encore plus fou pour elle.
10:44Je veux dire, je suis son fils.
10:46Elle m'a mis au monde.
10:46Je pense qu'il n'y a pas une maman qui resterait insensible à ça.
10:51Émotionnellement, c'était très fort.
10:52Très, très fort.
10:53On n'était que tous les deux la première fois.
10:55Et puis, on a enchaîné après des visios avec...
10:57Avec surtout un de mes frères.
10:58Je communique surtout avec un de mes frères le plus jeune qui s'appelle Amadi.
11:01Et donc, après, on a continué les visios et tout ça.
11:03Et puis, voilà, quoi.
11:05Par la suite, en fait, ça m'effrayait à l'idée de les retrouver.
11:10Je trouvais que ça faisait beaucoup d'un coup.
11:13Et puis, j'en ai parlé à un de mes meilleurs potes, un pote d'enfance,
11:17et qui m'a dit, non, non, il faut y aller.
11:20Il faut foncer.
11:21Tu vas le regretter si tu ne le fais pas maintenant.
11:23Et puis, l'été est arrivé.
11:25Et puis, je me suis dit, écoutez, je veux venir en Hollande.
11:29Donc, j'ai pris le train.
11:30Et puis, je suis parti les voir là-bas.
11:32Et donc, je suis arrivé à la gare d'Amsterdam.
11:34Alors, ça a été très long parce qu'en fait, je me suis trompé de sortie.
11:37Donc, j'ai attendu sur le grand parvis qui est d'ailleurs très joli.
11:40Et puis, forcément, il y a une angoisse incroyable.
11:44Et il se passe 15, 20 minutes.
11:47Je ne vois personne arriver.
11:48Mon frère me rappelle, en fait, je me suis trompé de sortie.
11:51Et puis, donc, il me dit, ne bouge pas, j'arrive tout de suite.
11:53Et puis donc, je l'ai vu arriver parce que forcément, je l'ai reconnu.
11:56Beau bébé, Golgoth.
11:58Et puis, voilà, donc, c'est retrouvé.
12:01J'ai voulu jouer le bonhomme et le checker.
12:04Mais en fait, l'émotion, elle était trop forte.
12:07Donc, voilà, il a été bienveillant.
12:10Il a compris mon émotion.
12:12Il en avait aussi, mais il est plus, je pense, moins expressif que moi.
12:16Je suis tombé sur lui.
12:17Il m'a dit, écoute, on va aller à la voiture.
12:19Mohamed, donc, mon autre frère et maman t'attendent là-bas.
12:23Donc, mon second frère est venu à notre rencontre.
12:27Donc, voilà, je l'ai retrouvé aussi.
12:28Et puis, j'ai fini par ma mère qui nous attendait à la voiture
12:31parce qu'elle a un petit peu de mal à se déplacer.
12:33Donc, voilà, c'était une émotion très intense.
12:37Alors, elle a fait un petit malaise en plus.
12:38Donc, c'était un peu compliqué.
12:40Mais après, c'était très déstabilisant parce que j'étais hyper heureux, forcément.
12:46Mais ça reste, c'est peut-être très violent,
12:49parce que je veux dire, ça reste une étrangère pour moi.
12:51Et je suis très heureux de la retrouver.
12:52Mais bon, forcément, on se prend dans nos bras, etc.
12:55Mais ils étaient très chauds, je me rappelle.
12:57Et voilà, elles me touchaient la peau, elles m'embrassaient les bras.
13:00Pour moi, c'est très bizarre parce que je le fais même pas avec ma mère.
13:04Donc, forcément, c'était un peu déstabilisant.
13:07Après, je comprenais et je la laissais faire parce qu'elle en avait besoin.
13:11Donc, mais c'était une sensation très bizarre.
13:13Ils vivent dans une petite ville à une vingtaine de minutes d'Amsterdam,
13:17qui s'appelle Alversum.
13:19On est allé chez mon frère Hamadi.
13:20Et puis, on s'est posé, on a mangé.
13:23Enfin, on a essayé de manger.
13:24Moi, je n'ai pas avalé grand-chose.
13:26Et puis, on a parlé de tout et de rien.
13:30Alors, c'est compliqué parce qu'il y a des questions que moi, je me pose sur ma naissance, etc.
13:37que je ne peux pas demander à mon frère, en fait.
13:39Je trouve que c'est pas...
13:40Même lui, ça le met très mal à l'aise.
13:43Donc, je n'ai pas procédé de cette façon-là.
13:45On a discuté tous les deux.
13:47Il a compris que moi, j'avais des questions à poser.
13:49Il nous a laissés.
13:51Et puis, on a conversé.
13:54On a essayé de se dire des choses et puis, on a réussi.
13:58Donc, j'ai compris un peu mon histoire aussi.
14:00Elle m'a expliqué pas mal de choses.
14:02Concrètement, qu'elle avait fui l'Algérie en 82.
14:07Qu'elle était enceinte, mais que mon père biologique ne le savait pas.
14:12C'était un mari un peu volage.
14:15Elle a fui, elle avait de la famille en France.
14:17Une de ses sœurs, parce qu'elle a quatre sœurs.
14:20Et donc, elle est arrivée ici et puis, elle a accouché.
14:24Et à l'accouchement, en gros, c'était maintenant, madame, il faut repartir en Algérie.
14:29Donc, on est en 82.
14:32Je pense que quand tu quittes ce pays et que tu reviens avec un bébé dans les bras,
14:36déjà, de le fuir, je pense que ce n'est pas bien vu.
14:38Mais de revenir, c'était quasiment impossible.
14:40Même impossible, d'ailleurs.
14:42Donc, elle m'a dit, j'ai paniqué et j'ai fui l'hôpital.
14:47Et je suis parti, j'ai pris un train et je me suis retrouvé en Hollande
14:49parce que j'avais une sœur qui vivait là-bas.
14:51C'est comme ça que ça s'est passé.
14:52En tout cas, c'est comme ça qu'elle me l'a expliqué.
14:54J'ai tendance à la croire.
14:55En tout cas, plus que le torchon que j'ai lu, que j'ai reçu dans mon dossier, c'est certain.
15:01Je n'avais pas un manque terrible, comme elle a dû ressentir.
15:04C'est une maman, je suis père de famille.
15:07Je pense que ça doit être très compliqué à gérer.
15:08Je suis plus confronté à certains problèmes, parfois.
15:11On fait toujours des visios.
15:13Alors ici, c'est au fur et à mesure, finalement.
15:15Au début, il y en avait quand même pas mal.
15:16Et puis là, aujourd'hui, il y en a un peu moins.
15:18Il y en a toujours, on est toujours en contact.
15:20Mais elle me demande des choses, de l'appeler maman, ce genre de choses.
15:24Et j'y arrive pas, clairement.
15:27Pour moi, c'est impossible.
15:27J'ai déjà une mère.
15:29C'est quelque chose que je n'arrive pas à...
15:31Alors, je l'essaye de la jouer, l'américaine, en disant m'aime, ce genre de truc, histoire d'œuvre.
15:35Parce que maman, il n'y en a qu'une.
15:36Mais voilà, j'ai un petit peu de mal avec ça.
15:39Alors, je leur ai dit tard.
15:42Je leur ai dit tard, ce que je n'arrivais pas à leur dire.
15:47Quelques mois après, je dirais peut-être six mois après, je pense, quelque chose comme ça.
15:52Et puis, ils l'ont très bien pris, ils étaient très contents pour moi.
15:55Je l'ai amené, je l'ai bien amené, je pense, en me montrant une photo,
16:00une photo d'un de mes frères avec qui je suis.
16:02Et puis, je leur demande s'ils connaissent la personne.
16:03Et forcément, ils ne savent pas qui c'est.
16:05Et puis, je leur explique.
16:06Ils étaient émus, mais ils étaient contents pour moi.
16:09Après, il y a du recul aussi.
16:11Je suis un peu plus vieux maintenant, c'est plus facile d'en parler.
16:14Plutôt que quand j'avais 20 piges, c'était plus complexe.
16:17J'explique à ma fille, on fait bisous avec mes enfants,
16:20parce que forcément, elle est grand-mère, donc elle a envie de les voir.
16:22Mais pour eux, ce n'est pas très attrayant, puisque la barrière de la langue.
16:26Après, coucou, bisous.
16:28Quand on ne peut pas échanger avec quelqu'un, c'est compliqué.
16:31Mais en tout cas, j'ai expliqué à ma fille.
16:34Mais elle savait déjà que j'étais issu de l'adoption.
16:37Je lui avais déjà bien expliqué ces choses-là.
16:38Je pense que c'est important.
16:40Le métissage, etc., la couleur de peau,
16:43pourquoi papi et mami sont blancs et pas papa, etc.
16:45Donc ça, je lui avais bien expliqué.
16:47L'objectif, c'est d'y retourner quand je ne sais pas,
16:49quand j'aurai les moyens financiers, si ça coûte des ronds.
16:52Mais oui, j'y retournerai.
16:54J'aimerais beaucoup leur présenter ma famille, forcément.
16:56Mes enfants, Amadi aimerait beaucoup rencontrer mes enfants,
17:00ce qui est normal, je pense.
17:01Il me dit toujours, je suis tonton, j'aimerais beaucoup les voir.
17:04C'est quelqu'un qui a beaucoup de petites attentions.
17:06Il connaît les dates anniversaires.
17:07Il envoie des visios pour les anniversaires, tout ça.
17:09Donc, c'est toujours cool.
17:11Ça fait toujours plaisir, très clairement.
17:13Après, j'espère pouvoir en tout cas d'aller en Algérie.
17:18Je voudrais y aller, ne serait-ce que pour découvrir le pays,
17:21parce que je n'y suis jamais allé, finalement.
17:22Et je n'ai pas eu l'occasion et je n'en ai peut-être pas ressenti le besoin.
17:27Mais aujourd'hui, j'aimerais beaucoup découvrir le pays.
17:29En fait, c'est quelque chose d'ultra positif.
17:31Moi, j'ai beaucoup de chance.
17:33Je souhaite en tout cas à quiconque de vivre la même chose que moi.
17:37En tout cas, à ceux qui sont issus comme moi, qui sont nés sous X,
17:40s'ils peuvent vivre le même truc, c'est formidable.
17:43Mais c'est propre à chacun.

Recommandations