• avant-hier
Ce mercredi 27 novembre, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a annoncé que 200.000 emplois du secteurs industriels pouvaient être menacés dans les mois à venir. Gaëtane Meslin, cheffe du service Eco de BFMTV revient sur cette affirmation et comment la France peut éviter cette hémorragie sociale 

Category

🗞
News
Transcription
00:00Et on se retrouve en direct sur BFM2. Dans quelques instants, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, va
00:08effectuer un point presse. Nous sommes avec Gaëtane Mélin, qui vous êtes la chef du service éco de BFM TV.
00:14On va parler un petit peu de la situation
00:16budgétaire et de la situation de l'industrie en France. Ce matin, Sophie Binet, donc la secrétaire générale de la CGT, a annoncé que
00:22200 000 emplois seraient menacés dans les mois à venir. Dans quel secteur précisément ?
00:28Alors, effectivement, Sophie Binet est très alarmiste sur la situation
00:33de l'emploi en France, notamment dans l'industrie. On sait qu'aujourd'hui, il y a effectivement quelques plans sociaux qui ont été dévoilés,
00:42d'autres à venir. Beaucoup d'inquiétudes dans ce secteur d'activité, notamment dans l'automobile, avec effectivement
00:49des difficultés qui sont liées
00:52à l'environnement
00:54international.
00:56La métallurgie également est concernée, ou bien encore la chimie, avec là aussi de nombreuses suppressions
01:03de postes. Donc, si on veut revenir en fait sur
01:08l'historique de ces nouveaux plans sociaux, tout d'abord, il ne faut pas oublier qu'au moment du Covid, il y a de nombreuses aides qui ont été
01:15octroyées à des entreprises qui étaient déjà en difficulté.
01:19En l'occurrence, aujourd'hui, certaines d'entre elles doivent rembourser les PGE, les prêts garantis par l'État,
01:26mais leur situation ne s'est pas améliorée. Donc, aujourd'hui, ces entreprises sont dans l'incapacité de rembourser les PGE,
01:33d'où pour certaines, l'obligation tout simplement de fermer leurs portes. Alors,
01:38certains disent que
01:40ces PGE, il aurait fallu prolonger
01:46la durée de ces PGE et permettre à ces entreprises de les rembourser plutôt sur sept à dix ans.
01:53Reste qu'aujourd'hui, c'est vraiment une partie
01:56de ces plans sociaux. Parce qu'encore une fois, quand on regarde de plus près l'automobile, quand on regarde la croissance
02:03économique mondiale, et notamment ce qui se passe en Chine, eh bien, on s'aperçoit que les difficultés sont
02:11internationales et qu'aujourd'hui, on a des secteurs d'activité en France, mais pas que.
02:15En Allemagne, Volkswagen a annoncé de très importantes suppressions d'emplois. Eh bien,
02:23la France n'est pas exempte et n'est pas, malheureusement,
02:29différente des pays comme l'Allemagne qui connaissent les mêmes difficultés.
02:33Et Gaëtane, vous l'avez un peu abordé, mais en fait, dans l'espace de quelques mois, il y a quand même une
02:37accélération des plans sociaux. Ça, c'est lié à quoi ?
02:41À la conjoncture économique. On a tout simplement aujourd'hui
02:45une croissance économique atone,
02:48pas qu'en France, pas qu'en Europe, mais partout dans le monde. Et forcément, ça freine tous ces pans
02:55industriels avec une croissance, avec une compétition mondiale qui est très importante.
03:00On parlait de la Chine tout à l'heure, qui
03:04inonde le marché européen de
03:07ces voitures. Mais on pense aussi au panneau solaire, des grandes difficultés aussi
03:12dans cette industrie en France, qui encore une fois a été
03:14jusqu'à présent protégée. Mais voilà, aujourd'hui, on ne peut que constater que
03:22cette filière a beaucoup de mal à se développer. Pourquoi ? Parce qu'elle n'est pas concurrentielle. Elle ne peut pas faire face, encore une fois,
03:28au panneau solaire chinois. Et puis à cela, vous rajoutez effectivement les mesures qui ont été prises aux Etats-Unis pour favoriser l'industrie
03:37américaine au dépôt, encore une fois, de l'industrie européenne et l'industrie française. Et voilà. Et aujourd'hui,
03:43on a une croissance qui est vraiment, encore une fois, très timide.
03:49Le gouvernement qui table pour 2025 sur 1,1% de croissance, alors que la Banque de France estime qu'elle pourrait être
03:56autour de seulement 0,8%.
03:58Et on a l'impression aussi que les plus grandes entreprises sont particulièrement touchées par ce phénomène.
04:03ArcelorMittal, il y a encore trois jours.
04:06Qu'est-ce qui explique, du coup,
04:08pourquoi les grandes entreprises sont particulièrement touchées par cette récession ?
04:10Alors, parce que là, vous parlez d'entreprises qui, encore une fois,
04:15viennent du secteur industriel. C'est vraiment l'industrie aujourd'hui. On le voit bien qu'il y a une grosse, grosse difficulté.
04:22Vous parlez de l'acier. L'acier qui, encore une fois, doit faire face à la concurrence
04:27de l'acier chinois, de l'acier indien, qui est nettement moins cher. On n'a pas du tout nombre de milliers de tonnes de l'acier chinois.
04:34De l'acier indien, qui est nettement moins cher. On n'a pas du tout, non plus, les mêmes normes environnementales.
04:42Donc, oui, de grandes entreprises, bien sûr,
04:46qui, aujourd'hui, font tout simplement
04:50le ménage et qui essaient d'être plus profitables qu'elles ne le sont. Et malheureusement, ça se fait, en tout cas,
04:57pour certaines d'entre elles, au détriment de l'emploi. Parce que, encore une fois, ce sont les coûts de production. On parle aujourd'hui des coûts de production
05:03qui sont beaucoup plus élevés
05:06en France, en Europe,
05:08qu'en Chine ou en Inde, par exemple.
05:10Parce que, je ne sais pas si des chiffres sont sortis sur ça, mais est-ce que les PME, dans l'industrie, sont peut-être moins affectées par,
05:18du coup, une récession ?
05:21Alors, en tout cas, pour le moment, peut-être qu'elles sont un peu moins
05:25affectées, comme vous le dites. Mais, malheureusement,
05:27ces entreprises travaillent très souvent pour ces grands groupes industriels. Donc, ce seront des victimes
05:33collatérales, qui, à un moment ou à un autre, elles aussi, devront faire des choix.
05:37Parce que, si leur cannet de commandes diminue, eh bien, forcément, il faudra aussi diminuer la masse salariale.
05:43Forcément. Et donc, du coup, est-ce que la France peut, je ne sais pas, stopper cette hémorragie de cette crise sociale ?
05:49La France seule, ça va être compliqué. Parce qu'encore une fois, la France ne dispose pas de moyens financiers, aujourd'hui,
05:55pour venir en aide à toutes ces entreprises, encore une fois, qui commencent à
06:01s'accumuler. Puis, on a aussi des règles européennes, aujourd'hui, qui nous interdisent
06:06de protéger un secteur d'activité en particulier. Non, la réponse, elle doit être européenne. Aujourd'hui,
06:13il ne s'agit pas encore de défendre l'industrie française, mais bien de défendre l'industrie européenne.
06:19C'est-à-dire que la France seule ne peut rien face à la concurrence chinoise,
06:23face à la concurrence indienne ou face à la future concurrence américaine. On pense aux droits de douane,
06:29de Donald Trump, qui a encore indiqué, dans un discours, il y a quelques jours,
06:35qu'il souhaitait que les constructeurs automobiles européens deviennent des constructeurs automobiles américains.
06:40Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il invite, aujourd'hui,
06:44les constructeurs automobiles européens à venir produire leurs voitures aux Etats-Unis.
06:49Et il les menace en disant, très bien, continuez de produire vos véhicules
06:53en Europe, mais de toute façon, je vous imposerai des droits de douane.
06:56Je vous imposerai des droits de douane. Donc, encore une fois, une nouvelle menace pour
07:01pour l'industrie européenne. Et sans réponse très, très forte
07:07de l'Union européenne, c'est-à-dire une seule et même réponse, eh bien, je vois mal comment
07:13notre industrie, que ce soit encore une fois l'industrie française ou l'industrie européenne, va pouvoir
07:19s'en sortir. Encore une fois, on n'évolue pas du tout dans les mêmes
07:21sphères. Oui, voilà, c'est ça, exactement. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a, en France, et
07:29globalement en Europe, même s'il y a quelques exceptions, on n'a pas les mêmes coûts de production. Mais malgré tout, on a des coûts de production qui restent très élevés.
07:37Et on ne peut pas concurrencer la Chine, l'Inde ou demain les Etats-Unis. Donc, il faut des mesures, il faut des réponses.
07:46Le rapport Drahi propose justement de subventionner des pans entiers de notre économie européenne, justement, pour favoriser une concurrence plus loyale.
08:00Et juste, petite question, je rebondis sur ce que vous avez dit vis-à-vis de l'automobile, qu'il fallait faire donc bloc, une Union européenne.
08:07Qu'est-ce qu'on pourrait faire, en fait, concrètement, face à cette menace américaine ?
08:11Subventionner, c'est-à-dire qu'il faut absolument, aujourd'hui, faire baisser le prix des voitures européennes. Et si on veut faire baisser le prix des voitures européennes,
08:18il faut faire baisser les coûts de production. Et pour faire baisser ces coûts de production, il faut tout simplement protéger, mettre sur la table des milliards d'euros pour protéger notre industrie,
08:28encore une fois, face à la concurrence étrangère.
08:30Ça marche. Merci beaucoup pour ces éléments de réponse. On va suivre Sofibinet et la CGT qui vont prendre la parole.
08:37Et qui vont surtout nous présenter une cartographie, justement, des plans sociaux qui ont été annoncés et à venir.
08:43Et on voit la carte de France, là, d'ailleurs, juste derrière eux.
08:45Oui, exactement.
08:47Merci beaucoup, en tout cas.
08:49Avec plaisir.
08:51Et on vous laisse, du coup, sur la prise de parole de la CGT et de Sofibinet.

Recommandations