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La CGT recense sur une carte 286 plans de suppression d'emplois à travers la France depuis septembre 2023. Jusqu'à 200.000 emplois pourraient être supprimés.

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00:00Gaëtan Mélin nous accompagne, on est en direct ce matin avec Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, bonjour et merci d'être en direct dans première édition, Sophie Binet, d'abord un mot, vous êtes ce matin au marché international de Rungis, pour quelle raison ?
00:20Oui tout à fait, la CGT se déploie en direction des salariés des petites entreprises qui sont très nombreux ici à Rungis, parce qu'il y a des élections actuellement jusqu'au 9 décembre, c'est les 5 millions de salariés qui travaillent dans des entreprises de moins de 11 salariés qui sont appelés à voter,
00:37c'est des élections très importantes parce que c'est ça qui va définir qui sont les syndicats qui vont négocier les conventions collectives qui définissent tous les droits des salariés,
00:45par exemple la majoration des heures supplémentaires, le nombre de congés payés etc, le vote se fait sur internet via France Connect et la CGT met en place un numéro vert pour informer les salariés sur leurs droits et pour les aider à voter,
00:57notre objectif c'est de gagner plus de droits pour les salariés des toutes petites entreprises parce que c'est des salariés dont on ne parle jamais, ils sont 5 millions et ils ont moins de droits que les autres,
01:08pas de droits aux activités sociales et culturelles comme on a dans les grandes entreprises avec des colonies de vacances pour les enfants, des chèques déjeuner etc, et donc nous c'est ces droits-là qu'on veut gagner grâce à ces élections, c'est pour ça que c'est très important d'aller voter.
01:21L'actualité Sophie Binet ce matin c'est Valeo, 868 postes menacés dans 8 sites du groupe concerné par ce programme de réduction d'emploi, le site de l'Asus sur Sarthe et Verrière vont être fermés,
01:34ce plan de réduction d'emploi qui s'ajoute à la liste que vous avez dressée de 286 plans de suppression d'emploi à travers toute la France et jusqu'à 200 000 emplois menacés.
01:45Votre première réaction tout d'abord à ce qui se passe chez Valeo ?
01:50Eh bien ça confirme ce que la CGT dénonce depuis des mois, ça fait plus de 6 mois qu'on tire le signal d'alarme, au mois de mai on avait fait une liste de 130 plans de licenciement,
01:59quand j'ai rencontré le Premier ministre la liste était montée à 180, aujourd'hui on est quasiment à 300, on est au pied du mur, il faut agir, on ne peut pas laisser cette saignée industrielle se faire,
02:10sinon c'est des territoires entiers qui sont dévastés, des vies et des familles, et donc nous appelons le gouvernement à mettre en place un plan d'urgence pour empêcher cette saignée industrielle,
02:20en commençant par mettre en place un oratoire sur les licenciements.
02:25Eh bien c'est sûr que ça aurait été mieux d'agir au mois de mai quand on avait tiré le signal d'alarme, mais à l'époque le gouvernement n'en avait rien à faire,
02:31puisqu'il était centré sur ses enjeux politiciens dans les échéances électorales, donc là évidemment c'est plus tard, c'est plus compliqué, mais c'est encore possible d'agir,
02:42mais pour ça il faut le faire vite et fort, et moi je vais vous le prendre dans l'autre sens, si on ne fait rien, ça ne sert à rien de parler de réindustrialisation,
02:49parce qu'on ne peut pas réindustrialiser le pays si on laisse les entreprises qu'on a aujourd'hui partir et fermer.
02:55Mais possible alors qu'on ne sait même pas si ce gouvernement sera encore là dans les jours qui viennent ?
03:01Eh bien nous, nous avons un gouvernement aujourd'hui, et donc nous travaillons avec lui, et nous l'appelons à mettre en place des choses,
03:09nous appelons les services de l'Etat à mettre en place un plan d'ensemble pour utiliser tous les leviers à leur disposition pour empêcher ces fermetures d'entreprises,
03:18il y a beaucoup de leviers à disposition, mobiliser les banques publiques, notamment la banque publique d'investissement, rentrer au capital, nationaliser quand c'est nécessaire,
03:28et la proposition que nous faisons c'est d'un moratoire sur les licenciements, en rendant obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés le fait de chercher un repreneur avant de fermer,
03:40parce que fermer c'est facile, mais ça détruit des territoires, des vies et des familles, l'enjeu c'est de trouver un repreneur, et c'est ça que nous voulons imposer,
03:49et imposer qu'il n'y ait pas de suppression d'emploi pendant toute la période de recherche de repreneurs, et prendre le temps nécessaire,
03:55si il faut prendre 6 mois, on prend les 6 mois et on garde l'outil productif intact, on a su prendre des mesures exceptionnelles pendant le Covid pour empêcher que notre économie tombe à terre,
04:06là maintenant il faut prendre des mesures exceptionnelles à la hauteur de la saignée industrielle qui est en cours.
04:12Merci en tout cas Sophie Binet pour votre commentaire ce matin, Paula Fabiani nous a rejoint, bonjour, vous êtes la vice-présidente du Medef,
04:19quand la CGT parle de 289 plans sociaux qui seraient actuellement dans les tuyaux, est-ce que c'est des remontées que vous avez aussi vous les patrons ?
04:28Alors il est indéniable que le climat est lourd, qu'on alerte depuis plusieurs mois au Medef sur la difficulté conjoncturelle et aussi sur la concurrence internationale,
04:37et puis on voit que le chiffre des défaillances d'entreprise n'a jamais été aussi haut depuis 15 ans, donc oui, et effectivement nos 200 000 adhérents nous remontent plusieurs choses,
04:48freinent les investissements, freinent les embauches et certains malheureusement compte tenu du climat doivent réduire les effectifs.
04:53Finalement vous faites le même constat que la CGT et c'est pas mal qu'à un moment les syndicats et les patrons se retrouvent sur le constat, d'accord sur les recettes ?
05:03Alors je ne suis pas vraiment là pour commenter les chiffres, l'idée c'est vraiment de se dire comment on fait pour agir, ne dégradons pas plus le climat.
05:11Alors est-ce qu'il n'est pas trop tard, je vous pose la même question que Sophie Binet.
05:12Alors est-ce qu'il n'est pas trop tard, je suis peut-être à nature optimiste, il n'est jamais trop tard, agissons maintenant, parce que quand on voit qu'effectivement on risque d'alourdir le coût du travail,
05:20effectivement c'est les entreprises, on ne va pas finalement tuer les entreprises qui dynamisent l'activité et qui vont peut-être être la solution justement à l'emploi.
05:27Donc si le gouvernement alourdit le coût du travail, derrière effectivement on estime à peu près à une réduction de 400 000 emplois.
05:35Donc vous dites madame que l'explication est moins économique que liée en fait à l'incertitude politique dans laquelle nous sommes aujourd'hui ?
05:42Les deux, c'est-à-dire que de toute façon les ennemis de l'activité économique sont le manque de confiance et de l'autre côté le manque de visibilité.
05:50Si en plus on accroît, on détruit la machine et en plus on alourdit le coût du travail, effectivement on sait où ça mène.
05:58Ce qui est surprenant et très inquiétant, c'est qu'on a l'impression que tous les secteurs sont concernés, y compris les secteurs liés par exemple à la haute technologie.
06:06Alors il y a beaucoup de secteurs qui sont touchés pour différentes raisons, il ne faut pas oublier aussi la concurrence internationale,
06:13il ne faut pas oublier aussi que la France est le pays le plus taxé d'Europe, donc les entreprises sont les plus taxées,
06:18donc effectivement créons les conditions pour qu'on puisse en fait relancer l'activité.
06:22Donc vous, vous réclamez un allègement des charges, or ce n'est pas du tout le tempo en ce moment du gouvernement.
06:27Alors on réclame surtout qu'on n'alourdisse pas les charges.
06:30Les charges elles sont allégées quand même de 80 milliards d'euros, l'impôt sur les sociétés il a été baissé,
06:36qu'est-ce que vous demandez de plus et puis comment vous comptez participer à l'effort qui est demandé à tous les Français,
06:41parce qu'on va faire payer les ménages, est-ce que les entreprises sont prêtes aussi à faire un geste ?
06:44Alors les entreprises sont clairement prêtes à contribuer et on doit réduire cette dépense, mais il y a d'autres solutions que effectivement.
06:51Alors petite parenthèse aussi étant dit, effectivement les impôts ont été diminués, notamment sur l'IS,
06:56mais la recette n'a jamais été aussi importante qu'il y a deux ans et un an, effectivement grâce à un certain nombre d'allègements.
07:02Donc on voit bien que la politique, ce qu'on appelle de l'offre, fonctionne, permet de créer finalement plus de recettes,
07:07et donc ne gâçons pas la machine, c'est ça le point.
07:09Antoine Armand, le ministre de l'économie, vous l'avez peut-être croisé dans les couloirs, sera l'invité d'Apolline de Malherbe dans quelques instants.
07:14Quel est le message ou la demande que vous pouvez lui formuler pratiquement en direct ?
07:18Elle est très claire. Entre impôts et emplois, il faut choisir, choisissons l'emploi.
07:22Madame Binet, je croyais toujours là, est-ce que vous, vous avez aussi une question à poser à M. Armand ?
07:30Oui, tout à fait. Nous sommes très inquiets par le budget 2025, par les coupes qui vont être faites dans les services publics
07:39et sur les droits des salariés, notamment la baisse par exemple de pension des retraités.
07:43Ces coupes dans les services publics, par exemple pour les collectivités territoriales, vont avoir un impact négatif sur l'activité économique
07:50parce que les collectivités territoriales investissent beaucoup et aujourd'hui, elles retardent leurs projets d'investissement.
07:55Donc nous pensons que ce budget 2025, il faut faire ce que Michel Barnier avait annoncé, à savoir de la justice fiscale,
08:02faire payer les plus grandes entreprises et les plus riches, et les aides aux entreprises n'ont jamais été aussi élevées.
08:07On est à plus de 200 milliards chaque année, c'est un tiers du budget de l'État.
08:11Ce qu'il faut, c'est que les aides soient centrées sur les entreprises qui en ont réellement besoin, à savoir les petites entreprises
08:17et celles qui sont exposées à la concurrence. Or, aujourd'hui, on voit par exemple que parmi les premiers bénéficiaires des aides,
08:23c'est la grande distribution qui n'est pas du tout exposée à la concurrence.
08:27On a des entreprises qui touchent des millions d'aides, qui distribuent des milliards de dividendes et qui licencient aujourd'hui.
08:32Ça, c'est pas normal. Le problème, c'est que les grandes entreprises ne jouent pas le jeu et qu'à la fin, c'est les petites qui payent l'addition.
08:39Est-ce que le pire est à venir, justement, puisque vous avez évidemment des repères un petit peu partout,
08:44est-ce que le pire est à venir dans les mois qui viennent pour les petites entreprises ?
08:47Alors, on l'espère pas, mais on sent que les indicateurs sont... Alors, au troisième trimestre, on a eu une légère croissance.
08:53Là, les premiers indicateurs du quatrième trimestre sont dans le rouge, ce qu'on voit.
08:57Donc, effectivement, on n'a pas de très bons signes à ce stade. C'est pour ça qu'il faut réagir.
09:02Pour ne pas accroître la gravité de la situation et augmenter les défaillances et ainsi de suite.
09:07Donc, on voit bien l'écosystème. Dans nos 120 MEDEF territoriaux, donc sur toute la France,
09:13on voit effectivement qu'il y a une angoisse et une incertitude.
09:16Merci en tout cas d'avoir été avec nous ce matin. Merci à Sophie Binet qui se trouvait au marché international.

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