• il y a 6 mois
Les partenaires sociaux n'ont pas trouvé d'accord, alors le gouvernement reprend la main et fixera lui-même de nouvelles règles d'indemnisation pour les demandeurs d'emploi. Michel Picon, le président de l'U2P, l'Union des entreprises de proximité est l'invité éco de franceinfo, lundi 22 avril.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous, c'est décidé, le gouvernement va procéder par décret pour modifier les règles de l'assurance chômage.
00:10 Bonsoir Michel Picon.
00:11 Bonsoir.
00:12 Vous êtes le président de l'UDEP, l'Union des entreprises de proximité.
00:15 Le ministère du Travail l'a annoncé cet après-midi par Communiqué.
00:18 Il acte l'échec de la négociation entre partenaires sociaux sur l'emploi des seniors pour reprendre la main sur l'assurance chômage
00:26 avec de nouvelles règles qui entreront en vigueur dès le 1er juillet. Est-ce que vous le regrettez Michel Picon ?
00:32 Oui, je le regrette vraiment. Je pense que c'est un rendez-vous manqué des partenaires sociaux.
00:37 C'était malheureusement ce qui pouvait être prévu. On va voir dans quelles conditions les choses se déclinent.
00:43 Mais en tout cas, oui, nous avons fait, nous l'UDEP, tout ce que nous pouvions pour essayer de trouver un accord.
00:49 Mais nous avions des partenaires patronaux qui avaient décidé de ne rien lâcher.
00:54 Et c'est ce qui s'est passé, ils n'ont rien lâché.
00:57 Et les organisations de salariés, à l'unanimité, ont toutes rejeté le texte qui était proposé.
01:03 En même temps, c'était inévitable puisque l'échec des négociations signifiait reprise en main du gouvernement.
01:09 Il avait prévenu et les règles actuelles ont déjà été prolongées de plusieurs mois.
01:13 Donc vous le saviez que ça allait se terminer comme ça ?
01:15 Bien sûr, nous le savions. C'est à croire que ça ne dérangeait pas tout le monde.
01:18 Moi, je voudrais dire que l'accord que nous avons passé au mois de novembre était un accord équilibré.
01:23 Les dispositions sur les conséquences du report d'âge sur la filière senior en fonction de la réforme des retraites n'avaient pas été prises,
01:33 mais devaient l'être avec un certain nombre de dispositions qui devaient figurer là-dedans.
01:38 Je voudrais rappeler que dans cet accord du 20 novembre, il y avait une baisse de cotisation des entreprises de 0,05%.
01:46 C'est 1,5 milliard de cotisation en plus que les entreprises de notre pays vont payer parce que cet accord n'a pas été validé.
01:57 Alors la ministre du Travail, Catherine Vautrin, précise selon son entourage que c'est un crève-cœur pour elle d'en arriver là aujourd'hui.
02:05 Oui, j'entends.
02:07 Chacun prend ses responsabilités.
02:09 Elle me l'a dit aussi vendredi qu'elle aurait préféré que nous trouvions un accord.
02:12 Moi je dois dire que ce n'est pas de la responsabilité ni de l'UDP ni du gouvernement au fond.
02:20 Puisque cette négociation, elle n'était non pas faite sur une lettre de cadrage, mais une lettre d'orientation
02:26 qui nous demandait de prendre des dispositions pour maintenir les seniors dans l'emploi et pour faciliter leur recrutement.
02:33 Nous en avons fait.
02:35 Donc ça veut dire que c'est le patronat, le reste du patronat, le Medef et la CPME qui n'ont pas joué le jeu à votre avis ?
02:40 Ils ont été trop durs dans cette négociation.
02:43 Les raisons, je ne les connais pas.
02:45 Tout à tout perdre ?
02:46 Oui absolument.
02:47 C'est d'ailleurs assez déroutant comme posture.
02:50 Alors sur le fond de la réforme, si vous le voulez bien, le Premier ministre Gabriel Attal a déjà dit ce qu'il voulait faire.
02:56 Durcir les règles actuelles d'indemnisation des chômeurs pour parvenir au plein emploi avec plusieurs lieux veillés à activer.
03:03 Et c'est l'affiliation qui a sa préférence. Aujourd'hui, il faut avoir travaillé six mois sur les 24 derniers mois pour avoir droit à l'assurance chômage.
03:11 Qu'est-ce que vous en pensez ?
03:13 Écoutez, moi j'en pense que tant qu'on n'a pas les études d'impact de cette mesure fournies soit par l'Unedic ou par d'autres établissements habilités à le faire, je suis assez réservé.
03:24 On a le sentiment que le gouvernement se dit, en mettant la pression sur le montant de zénamité, parce que c'est évoqué, le montant d'affiliation...
03:34 Alors il a quand même dit que cette option-là n'avait pas sa préférence, il l'a écartée.
03:37 On verra au fur et à mesure, mais enfin on a entendu beaucoup de choses.
03:40 Et d'ailleurs c'était compliqué de négocier avec sans arrêt des annonces qui étaient faites, on va reprendre la main sur l'assurance chômage, etc.
03:48 Ça n'encourageait pas à la négociation.
03:50 Mais justement, sur cette préconisation précisément, augmenter la durée de travail pour avoir droit à l'indemnisation, qu'est-ce que vous en pensez ?
03:59 Ce que j'en pense, c'est que la moitié des chômeurs, des demandeurs d'emploi, ne sont pas indemnisés.
04:05 Ça veut bien dire que s'ils ne sont pas indemnisés, ce n'est pas la pression que l'on met sur eux qui les amène à reprendre un emploi.
04:11 Pour garder un emploi pendant plus de 6 mois, faut-il que l'entreprise offre des emplois de plus de 6 mois ?
04:18 Ça, c'est pas de conjoint.
04:20 Vous avez votre responsabilité, Monsieur Michel Picot.
04:22 Oui, bien sûr, nous avons notre responsabilité, mais elle est collective.
04:24 Elle est aussi de l'inadéquation de la formation des demandeurs d'emploi par rapport aux besoins des entreprises.
04:30 Peut-être que ça va vous inciter à proposer des contrats plus longs.
04:34 Oui, à condition que l'on ait un carnet de commande qui le permette.
04:38 Parce qu'un employeur ne recrute pas pour le plaisir de recruter ou sur injonction.
04:43 Peut-ce que ça peut vous permettre de changer un petit peu les règles des contrats que vous signez, si les règles de l'assurance chômage changent ?
04:49 Non.
04:50 Pas du tout ?
04:51 Non, l'économie de l'entreprise n'est pas corrélée avec les règles de l'assurance chômage.
05:00 Très franchement, à quelques cas, à la marge, mais ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.
05:05 L'entreprise recrute quand elle a du travail, quand elle a un carnet de commande qui s'en remplit.
05:10 Et elle garde ses salariés, bien évidemment, lorsqu'elle ne les garde pas, lorsqu'elle n'offre pas un contrat CDI au lieu d'un CDD.
05:18 Alors on a imaginé des tas de sujets, le malus, le bonus et de la coercition, et je t'en remets une couche.
05:25 Mais tout ça, ça n'apporte pas les résultats escomptés.
05:29 Mais c'est du pragmatisme Michel Picotte, si les règles changent.
05:32 Vous parlez d'attractivité de vos métiers, de vos entreprises.
05:35 Si les règles changent, il va bien falloir que vous vous adaptiez.
05:38 Oui mais Madame, vous n'aurez personne qui embauche quelqu'un simplement pour faire plaisir au gouvernement parce qu'il a augmenté les règles.
05:44 Il recrutera lorsque son carnet de commande et son besoin en personnel va augmenter.
05:49 Or, aujourd'hui, 55 000 entreprises sont parties au tapis l'année dernière.
05:53 Et bien évidemment, si elles sont parties au tapis, c'est qu'elles n'avaient pas assez d'activités.
05:57 Il n'a échappé à personne que depuis le dernier semestre 2023, la conjoncture économique, elle n'est pas celle que nous avons connue à l'après-Covid.
06:05 Et évidemment, ce n'est pas simplement en disant, avec des incantations, on va allonger la durée du chômage.
06:12 Je ne dis pas que ça n'aura pas un impact à la marche, bien évidemment, mais je pense aujourd'hui,
06:17 sauf à avoir des études contraires, que ça restera des dispositions qui auront un impact à la marche.
06:23 Et donc le gouvernement a raison de reprendre la main, puisque effectivement, vous ne seriez jamais parvenu à un accord là-dessus,
06:28 sur le durcissement des règles d'assurance chômage.
06:31 Si vous aviez un message à faire passer au gouvernement là.
06:34 Si j'avais un message à faire passer au gouvernement, je lui dirais de faire un peu plus confiance aux partenaires sociaux,
06:40 et d'essayer de comprendre avec nos partenaires du MEDEF, pourquoi ils bloquent ces négociations.
06:47 Pourquoi on ne va pas plus loin ?
06:48 Pourquoi on n'est pas arrivé à trouver un accord sur des sujets aussi simples que le CETU dont on nous dit aujourd'hui ?
06:54 Le compte épargne-temps universel, vous aviez prévu d'ailleurs une réunion demain à ce sujet ?
06:57 Oui, bien sûr, demain, elle aura lieu.
06:58 Elle aura lieu malgré tout, même si le gouvernement a décidé de reprendre la main.
07:01 Mais bien sûr, elle aura lieu.
07:02 Pourquoi ?
07:03 Parce que ce n'est pas lié à l'assurance chômage directement,
07:06 c'est lié à mettre en place des dispositifs dans les petites entreprises,
07:12 aussi dynamiques que ceux qui peuvent exister dans les grandes entreprises,
07:17 notamment avec le compte CET, qui n'est pas adapté aux petites entreprises.
07:21 Et donc, en espérant quoi ? Que le gouvernement regarde cet accord ?
07:24 Oui, bien sûr.
07:25 Et s'en inspire ?
07:26 Il y a trois points.
07:27 Il y a le CETU, il y a la reconversion professionnelle,
07:29 il y a de prévenir l'usure professionnelle,
07:32 et puis il y a aussi la mutualisation des indemnités de rupture de contrat
07:36 en cas d'inaptitude professionnelle.
07:39 Ces trois éléments, ces quatre éléments sont fondamentaux.
07:42 Et nous, nous espérons que l'accord que nous allons prendre demain
07:45 sera retenu et repris dans la future loi travail que le gouvernement prépare pour l'automne.
07:50 Merci beaucoup Michel Picon, président de l'UDP.
07:55 Vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.
07:57 Merci à vous.

Recommandations