Wassim Benouis, co-fondateur de Studiava, lauréat Radio France 2024 du concours "Talents des cités", est l'invité de Mathilde Munos dans le 5/7. Sa société permet de compenser les manquements du système Parcoursup sur l'orientation des jeunes vers des études supérieures. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-jeudi-28-novembre-2024-5024195
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00:00Il est 6h21, l'invité du 5-7 ce matin a 25 ans, il était hier soir à l'Elysée pour recevoir une récompense.
00:15Bonjour Wassim Bidouis, vous avez été primé au concours « Talents des cités » qui distingue depuis plus de 20 ans maintenant
00:21les entrepreneurs qui ont implanté leur activité dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.
00:27666 candidats cette année, il y avait plusieurs catégories, vous, vous avez reçu le prix Radio France avec votre associé Johan Ravel.
00:34Prix qui vous a été remis hier soir par Sybille Veil, la présidente de Radio France, en présence du chef de l'État Emmanuel Macron
00:41et qui récompense donc votre société, votre entreprise Studiava, c'est une plateforme qui accompagne les jeunes dans leur orientation post-bac.
00:49En gros, c'est pour les aider à ne pas se retrouver noyés dans Parcoursup ?
00:53Alors nous on aime bien dire que c'est le Tinder de l'orientation, l'idée c'est de leur faire trouver leur âme sœur mais qui concerne leur avenir
00:59parce que c'est aujourd'hui un grand enjeu.
01:01Mais c'est pas le travail des conseillers d'orientation de faire ça ? Des CIO ?
01:04L'idée c'est, aujourd'hui un jeune, sur Parcoursup, il a 23 000 formations qui lui sont proposées.
01:10Comment faire le tri ? Aujourd'hui un humain n'en est pas capable, donc l'idée c'est vraiment de venir les accompagner sur ce travail-là.
01:16Pouvoir faire un premier tri sur les compétences du jeune, son profil, ses ambitions
01:21et à la fin permettre, une fois que le tri est fait, d'avoir ce commentaire-là des conseillers d'orientation, des professeurs principaux,
01:28des gens de l'éducation nationale qui vont venir commenter ces voeux qui ont été obtenus grâce à l'outil.
01:32Et ça s'adresse à qui exactement ?
01:34On travaille aujourd'hui avec les lycéens, très bientôt les collégiens et aussi les élèves en situation de réorientation.
01:41Mais aujourd'hui c'est un gros focus sur les lycéens.
01:43De tout milieu ?
01:44De tout milieu. Alors, c'est important que vous en parliez, on est en effet primé sur le sujet talent décité.
01:51Parce qu'aujourd'hui on s'est rendu compte qu'il y avait un gros problème sur l'orientation scolaire dans les quartiers prioritaires de la ville.
01:57En mettant le nez dedans, on se rend compte que ça ne concerne pas que les quartiers prioritaires de la ville.
02:01Ça concerne les territoires ruraux, ça concerne les territoires d'outre-mer,
02:05ça concerne même les foyers les plus aisés où les parents ont fait l'X, Sciences Po, mais au final les enfants ne veulent pas forcément suivre la même voie.
02:10Donc l'orientation est une cause nationale sur laquelle on s'inscrit et on veut répondre de la plus belle des façons.
02:17Il y a de l'inégalité, c'est ça ?
02:19En gros, il y a des enfants qui n'ont pas de coup de main, pas de parents, pas de CIO parfois, pas de conseiller d'orientation dans leur établissement ou à proximité.
02:26Pour pouvoir les aider, ils doivent se débrouiller tout seuls, c'est ça ? C'est ça que vous voulez changer en fait ?
02:30C'est même plus que ça. Avant de vouloir se débrouiller tout seul, il faut qu'on ait en tête l'importance des enjeux de l'orientation.
02:37On s'en rend compte souvent très tard, des fois c'est 23h59 à la veille des clôtures Parcoursup, mais souvent c'est deux ans ou trois ans après.
02:46On se rend compte qu'on a fait le mauvais choix, qu'on a fait le choix par défaut, on est allé dans telle ou telle formation parce que son meilleur ami était là-bas.
02:52Donc nous on veut casser tout ça, on veut d'abord sensibiliser, faire comprendre aux jeunes qu'ils peuvent devenir ingénieurs, avocats, médecins,
02:57mais aussi avoir des métiers, entre guillemets, plus simples mais qui leur correspondent plus,
03:02en se renseignant sur leur formation et en allant chercher les outils qui peuvent les aider à faire le meilleur choix.
03:08Vous-même, vous êtes passé par là, vous avez galéré pour trouver votre voie après le bac ?
03:12Oui, c'est mon cas, mais c'est aussi celui de mon associé Yoann Ravel, on a eu des chemins complètement différents pour atteindre notre parcours aujourd'hui.
03:21Racontez-moi si ce n'est pas indiscret.
03:23Avec grand plaisir.
03:24Moi, ma mère voulait absolument que je fasse médecine, donc elle surveillait sur mon bulletin mes félicitations, chaque trimestre.
03:33Et au moment de Parcoursup, je me suis rendu compte que médecine, ce n'était peut-être pas fait pour moi.
03:37Pourquoi ?
03:39J'avais un profil qui était plus différent, plus proche de la technique, plus proche de l'ingénierie en tout cas.
03:47Et en tout cas, elle n'a pas pu m'aider, elle n'avait pas en tête tous les chemins possibles, les classes prépare-t-on aux grandes écoles, les écoles d'ingénieurs, comment ça fonctionnait.
03:55Donc je me suis retrouvé un peu perdu et en rencontrant quelqu'un par hasard qui a pu m'aider, je me suis retrouvé en classe prépare-t-on.
04:01Mais tout ça, c'est beaucoup de chance et nous aujourd'hui, on ne veut plus laisser ça à la chance.
04:06On veut que pour tous les Français, on puisse avoir un outil ou en tout cas un accompagnement, même si ce n'est pas le nôtre, mais que l'orientation puisse être un vrai sujet.
04:15Parce que c'est crucial, ça change une vie en fait une orientation, ça détermine parfois une vie.
04:19Nous, ce qu'on aime bien dire, c'est souvent dans nos pitchs et dans nos présentations, c'est qu'Yohann et moi, on est très optimistes.
04:24On est convaincus que dans les 600 000 jeunes lycéens qui, chaque année, vont faire leur vœu Parcoursup,
04:29on aura la future personne qui va résoudre la faim dans le monde, trouver le remède contre le cancer.
04:34Mais toutes ces personnes-là, elles pourront résoudre leur grand destin, leur gros potentiel qui les attend, seulement s'ils ont la bonne information au bon moment.
04:40Donc en plus que changer une vie, ça change la vie potentiellement du monde entier.
04:44Alors vous, votre société, elle existe depuis un an et demi, vous avez déjà accompagné plus de 1500 jeunes.
04:49Entrons vraiment maintenant...
04:50Un peu plus.
04:51Un peu plus ? Ah, j'étais resté sur 1500, c'est quoi le dernier chiffre ?
04:53Donc là, on va dépasser les 3000 avec à peu près 800 jeunes par mois.
04:57800 jeunes par mois. Alors, entrons dans le concret, comment ça fonctionne ?
05:00Je vais sur la plateforme et je rentre quoi comme information ? Qu'est-ce qu'on me demande ?
05:04Il y a trois grands piliers d'informations qui sont demandés.
05:06Le premier, c'est le socle académique, donc avec un petit bulletin interactif, on demande aux jeunes de remplir ses notes.
05:10On lui demande où est-ce qu'il veut étudier, aussi géographiquement, après son bac.
05:13Et surtout, surtout, on pose des questions détournées aux jeunes pour identifier ses soft skills.
05:19C'est quoi, pardon ?
05:19Pour identifier ses soft skills.
05:21Ça veut dire quoi ?
05:21Donc, c'est tout ce qui concerne les compétences qui sont autour du savoir-être, qui ne sont pas enseignées dans l'école.
05:27D'accord.
05:28Je vous donne un exemple très concret.
05:29On lui pose des questions du style, qu'est-ce que tu fais le week-end ?
05:33Est-ce que, par exemple, tu as une activité sportive ?
05:35Oui, je suis capitaine de mon équipe de football.
05:36Super, on tire le leadership.
05:39Est-ce que tu as des responsabilités, etc. ?
05:40Oui, je garde mes petits frères.
05:41OK, super, donc là, on peut tirer de la responsabilité.
05:44Toutes ces choses-là sur lesquelles, aujourd'hui, le lycéen n'est pas capable de mettre un nom,
05:48nous, on va essayer de le récupérer avec des questions de ce style-là pour pouvoir les faire matcher avec des formations post-bac.
05:53Et donc, toutes ces données sont moulinées par l'intelligence artificielle.
05:56Tout ça, donc c'est un algorithme qui va venir compiler tout ça et faire une proposition de dix voeux,
06:01classé sur profil, classé par pourcentage de pertinence.
06:04Plus le pourcentage est élevé, plus la formation est susceptible de lui correspondre.
06:07Et c'est payant ?
06:08Alors, aujourd'hui, on fait une offre pour les collectivités.
06:11Donc, on travaille avec énormément de collectivités sur le territoire national.
06:14Le but, c'est d'en avoir le plus possible pour pouvoir faire grandir notre impact.
06:18Donc, c'est les collectivités qui achètent ces licences-là et qui les redistribuent gratuitement pour les jeunes.
06:22Donc, ça, c'est notre format principal.
06:24On a aussi un format adressé aux clients en B2C pour permettre aux clients qui n'ont pas cet accompagnement collectif
06:31de pouvoir l'utiliser.
06:32Et vous aidez concrètement à écrire un CV, à écrire une lettre de motivation ?
06:35Ça peut aller jusque là ?
06:36Ça peut aller jusqu'au coaching avec des partenaires qui font cette approche aussi humaine pour compléter.
06:42Donc, l'IA plus l'humain pour à la fin avoir un accompagnement 360.
06:46Studiava, c'est le nom de votre société, de votre plateforme.
06:50Merci beaucoup à Wassim Benouïs.
06:52Récompensé hier soir, félicitations à vous au concours Talent des Cités.
06:57Je vais donner quand même le nom de votre associé aussi, qui n'est pas là avec nous ce matin,
07:00Yoann Ravel.
07:01Merci et bravo à tous les deux.
07:02Il est 6h27.