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Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, retour sur le livre de Christine Kelly et Marc Menant.

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Transcription
00:00Alors évidemment, Jeanne d'Arc, Christophe Colomb, Léonard Vinci, Laurent de Margaux, Jean de La Fontaine, etc.
00:05C'est destins qui ont fait l'histoire. Mais je voulais qu'on commence par Jeanne d'Arc.
00:08Parce que quand j'étais en fac, j'avais un prof d'histoire qui était sans doute marqué un peu à gauche
00:14et qui ne cessait de répéter dans l'année, Jeanne d'Arc est historiquement inventée.
00:18Et j'étais surpris évidemment, j'avais 18-19 ans à cette époque-là.
00:23Est-ce qu'il y a un mystère autour de Jeanne d'Arc ?
00:27On sait tout de Napoléon parce que c'est plus proche de nous, mais Jeanne d'Arc, avouons que c'est plus loin.
00:33Donc est-ce que tout ce qu'on nous raconte est validé ?
00:37Je ne sais pas si Christine Kelly répond ou si Marc Menand.
00:42Mais est-ce qu'il y a une polémique ? Sérieusement, il y a eu des polémiques sur Jeanne d'Arc ?
00:45Oui, il y a plus qu'une polémique.
00:47On a choisi avec Christine d'en parler parce que justement, il y a cette légende d'une gamine qui aurait été totalement inculte, la petite bergère.
00:59Ce que l'on sait de Jeanne d'Arc, c'est grâce au procès qui la condamne aux flammes.
01:04Mais n'oubliez pas que dans un premier temps, elle pourrait échapper à ce sinistre destin
01:11si elle ne demandait pas à un moment donné de remettre ses habits d'homme.
01:18Parce qu'elle estime qu'elle devrait être traduite devant un tribunal religieux, ce qui n'est pas le cas.
01:25Et par conséquent, elle épargure. Et c'est parce qu'elle épargure qu'elle finira dans le bûcher.
01:32Mais toute son existence, on ne prend que des petits éléments.
01:36Ce dont on est à peu près certain, c'est qu'elle vivait dans une toute petite maison avec ses parents,
01:41mais que ses parents n'étaient pas du tout de cette basse extraction.
01:46Son père menait les affaires judiciaires du village.
01:50Elle avait une chambre à elle, elle possédait une robe, ce qui était extrêmement rare à l'époque.
01:55Alors pourquoi une bergère ?
01:57Et bien tout simplement parce que dans le village, n'oubliez pas, on est en pleine guerre de cent ans,
02:02et il y a les bourguignons alliés aux anglais, le village est séparé en deux,
02:07et de temps en temps, vous avez les troupes d'élités qui, elles, mènent, pour pouvoir survivre,
02:13des expéditions contre les villages.
02:16Alors à ce moment-là, comme dans le village...
02:18Non mais vous vous écartez de ma question.
02:19Non ?
02:20Mais non, vous vous écartez de ma question.
02:21Pourquoi, historiquement inventée, certains disent que ça n'a même pas existé ? C'est ça ma question ?
02:26Ça, je pense qu'on ne peut pas dire qu'elle n'ait pas existé.
02:29Voilà, il y a eu...
02:30Il y a un personnage qui jaillit, mais qui n'est pas du tout celle, comme un Duguéclin,
02:37qui sortirait avec des armes, et non, elle va galvaniser.
02:41Ce qui est étonnant, ce sont toutes les questions qu'on peut se poser.
02:44Cette jeune fille, même si elle est d'une bonne famille, comment imaginer qu'elle sache monter à cheval ?
02:48Comment imaginer que du jour au lendemain, en quatre jours, on lui fasse une armure sur mesure ?
02:54Tout ça, oui, ça n'est pas crédible, mais il y a un vrai procès.
03:00C'est-à-dire qu'on ne peut pas nier que cette femme ait existé, qu'elle ait été traduite devant des juges, etc.
03:05Bon, alors, ces destins qui ont fait l'histoire, je le répète, c'est passionnant, c'est la version poche qu'il y a eu,
03:11la version grand format, si j'ose dire.
03:15Est-ce que, parmi toutes ces histoires, Christine Kelly, il y en a un destin qui vous touche particulièrement ?
03:22Je pense que le destin de Beethoven me touche particulièrement, parce que souvent, on voit dans les personnalités,
03:33vous avez cité tout à l'heure Napoléon, ou Antenne, ou je ne sais plus,
03:36on voit souvent des personnalités, on oublie qu'ils ont toujours des forces et des faiblesses.
03:41On prend les personnalités en se disant, voilà, Beethoven, c'était une star de la musique, un champion, un héros, un fou gueux.
03:50Et on oublie à quel point son enfance a forgé, travaillé et a fait l'homme qu'il est, à la fois ses forces et à la fois ses faiblesses.
04:04Parce qu'il était indomptable, il était ingérable. Et pourquoi est-ce qu'il était ingérable ?
04:08Son enfance, et son enfance me touche particulièrement, et c'est bien que je suis très attachée à l'enfance des différents personnages,
04:15parce qu'il avait un père alcoolique, parce que son père l'obligeait à jouer au piano,
04:21parce que son père le réveillait la nuit pour jouer au piano, et parce qu'à force d'être brimé par son père,
04:29il a fini par se mettre en piano, transformer une adversité en opportunité, devenir un héros,
04:35et un héros tellement rempli de souffrance, avec à la fin un héros qui termine sourd,
04:42on ne sait pas si c'est à cause des coups de son père ou pas, mais qui termine sourd.
04:45Il est sourd toute sa vie ou une partie de sa vie ?
04:48Une partie de sa vie, vers la fin.
04:50Donc la légende d'un Beethoven sourd, c'est qu'il a composé alors qu'il entendait sa musique ?
04:54Ah non, non, non, non, pas du tout !
04:56Au début, oui.
04:58Mais à partir de 25 ans, tout ce qu'il compose, alors il a même une astuce !
05:03À 25 ans déjà, il est sourd.
05:05Oui, bien évidemment, il commence à avoir, alors il a une sorte de grand entonnoir qu'il place contre l'oreille,
05:10Hyper petite audition.
05:11Hyper l'audition, mais alors pour percevoir les notes, il a inventé une sorte de principe,
05:17c'est-à-dire qu'il met un crayon qui touche les cordes du piano,
05:21et c'est par cette vibration qui lui vient au bout de la langue qu'il connaît,
05:25qu'il arrive à traduire ce qu'il est en train de composer.
05:28Alors avec cet esprit d'initiative qu'est le sien, Fabrice Laffitte voit qu'on parle de Beethoven,
05:33et je suis sûr qu'il va nous proposer quelques notes de Beethoven,
05:37Avant même que je lui demande, je précise pour M. Bouc, que Beethoven n'est pas un chien !
05:42Je précise que Beethoven est un compositeur !
05:49Humiliez-moi devant Marc-Christophe !
05:53Mais non, il y a l'ode à la joie, bien sûr !
05:59On sent la fougue !
06:03C'est le souffle !
06:05C'est Marc qui a la fougue !
06:09Je pense que vous avez plus à vous que Beethoven !
06:13Vous savez ce qu'il disait ?
06:15« Je prends mon destin à la gueule ! »
06:17C'est formidable !
06:19Ça montre comment...
06:21Mais c'est des génies !
06:23Là on a affaire à des génies, Beethoven, Mozart...
06:25Mais qui transforment leurs difficultés en opportunités !
06:27Mais vous êtes sensible toujours à cette résilience,
06:29parce que, disons-le Christine,
06:31ceux qui nous écoutent connaissent votre histoire,
06:33il y a de la résilience en vous !
06:35Oui, parce que je pense avoir un message,
06:37peut-être aussi modestement,
06:39et pour le temps que Dieu me permet d'être scientaire,
06:41de partir de mon témoignage
06:43et de dire que la vie,
06:45c'est une succession de résilience !
06:47Ce n'est pas parce que vous avez été battu
06:49lorsque vous étiez petit,
06:51ce n'est pas parce que vous êtes né dans un quartier,
06:53ce n'est pas parce que vous êtes né dans une petite Guadeloupe,
06:55ce n'est pas parce que vous n'avez pas d'argent,
06:57ce n'est pas parce que vous n'avez pas les moyens
06:59que vous ne pouvez pas aussi avoir
07:01aussi modeste qu'il soit,
07:03mais transformer les difficultés que vous puissiez avoir !
07:05Et je pense qu'on a besoin d'entendre ça aujourd'hui !
07:07C'est différent de Marc Menand qui est né dans l'opulence,
07:09avec des parents très riches,
07:11dans un hôtel particulier,
07:13on venait vous chercher avec un chauffeur
07:15pour aller à l'école et c'est là que vous avez appris l'histoire !
07:17Moi j'aime bien Hugo,
07:19Hugo c'est quand même,
07:21il y a le mot de Gide que je ne comprenais pas,
07:23d'ailleurs quand j'avais 15 ans,
07:25on disait qu'il était le plus grand écrivain du 19ème siècle,
07:27il avait dit
07:30Hugo, hélas !
07:32Et je comprenais mal ce qu'il voulait dire !
07:34Mais c'est un génie Hugo !
07:36Il est parfois d'ailleurs méprisé justement,
07:38quand Gide dit ça,
07:40c'est une manière de le mépriser !
07:42C'est un volcan, c'est l'éruption !
07:44C'est invraisemblable !
07:46C'est-à-dire quand on voit le nombre de pages
07:48qui jaillissent de sa plume !
07:50Et de qualité !
07:52C'est plus que de la qualité !
07:54C'est-à-dire que le verbe est en flamboyance !
07:56Il n'y a pas une seule seconde où on est déçu par Hugo !
07:58À la limite, parfois,
08:00on se dit, oh là là, il va trop loin !
08:02Un peu comme le pilote de Formule 1 dans le virage,
08:04il va rater ! Non !
08:06Il s'arrête juste dans l'emphase,
08:08et ça reste simplement majestueux !
08:10Je n'aurais pas trop paré, pour tout vous dire,
08:12Hugo à un pilote de Formule 1 !
08:14Non, je parle de la ligne !
08:16Ce n'est pas quelque chose qui me serait venu immédiatement !
08:18C'est ce qui fait la différence !
08:20Bien sûr !
08:22Il y a ce poème magnifique,
08:24que chacun connaît quand même,
08:26que je vais lire,
08:28parce qu'il est dans ce livre,
08:30c'est Destin qui ont fait l'histoire,
08:32et c'est aux éditions Litos Histoire !
08:34Demain dès l'aube ! Tout le monde connaît ça !
08:36C'est merveilleux !
08:38D'ailleurs, c'est étonnant parce que ça n'a jamais été mis en chanson, je pense !
08:40Demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
08:42je partirai, vois-tu,
08:44je sais que tu m'attends, j'irai par la forêt,
08:46j'irai par la montagne,
08:48je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps,
08:50je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
08:52sans rien voir au dehors,
08:54sans entendre aucun bruit,
08:56seul, inconnu, le dos courbé,
08:58les mains croisées, tristes,
09:00et le jour pour moi, sera comme la nuit,
09:02je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
09:04ni les voiles,
09:06au loin, descendant vers Arfleur,
09:08et quand j'arriverai,
09:10je mettrai sur ta tombe,
09:12un bouquet de houx verts,
09:14et de bruyères en fleurs,
09:16enfin je saluerai Marc Benant et Christine Kelly !
09:18C'est vraiment magnifique !
09:20Léopoldine !
09:22C'est l'homme de la souffrance aussi,
09:24l'homme de l'exploit,
09:26on n'a même pas parlé de son côté politique,
09:28l'homme politique, il réussit sur tout,
09:30et là c'est la profonde souffrance aussi,
09:32qu'il a vécue avec la perte de sa fille,
09:34il est terrible ce poème,
09:36il est puissant, il jaillit justement,
09:38comme vous dites souvent Marc Benant,
09:40de souffrance et de puissance.
09:42C'est l'un des moments
09:44les plus invraisemblables
09:46de douleur qu'un être humain puisse connaître,
09:48il est avec sa maîtresse,
09:50Juliette, ils sont en vacances,
09:52tous les ans, ils s'absentent comme ça,
09:54je dirais de l'existence,
09:56ils sont guillerets,
09:58ils ont marché toute la journée,
10:00et ils décident d'aller se reposer
10:02dans un cabaret.
10:04Ils sentent,
10:06il n'y a pas grand monde,
10:08ils se placent au bout de la pièce,
10:10il y a des journaux,
10:12alors chacun en prend un,
10:14et là il lit,
10:16la disparition d'une jeune fille
10:18à côté de Rouen,
10:20il découvre que cette jeune fille
10:22morte noyée
10:24alors qu'elle faisait du canoë
10:26avec son fiancé,
10:28c'est sa Léopoldine.
10:30Et là il s'effondre,
10:32en pleurs, et il faut lire
10:34comment Juliette Drouet raconte
10:36cet instant qui est
10:38je dirais la brisure
10:40totale d'un être,
10:42et comment on arrive à se redresser,
10:44repartir dans l'existence après cela,
10:46c'est Hugo.
10:48Alors Hugo, Notre-Dame de Paris va rouvrir,
10:50c'est vrai que Notre-Dame de Paris,
10:52on peut sauter des lignes de temps en temps
10:54parce que les descriptions sont longues,
10:56avouons-le, ce qui n'est pas le cas des misérables,
10:58je trouve que les misérables c'est formidable
11:00parce qu'il y a une intensité,
11:02il y a d'ailleurs des misérables qui sont montés
11:04en ce moment au Châtelet, il y a une intensité
11:06et puis il y a une galerie de portraits
11:08qu'il y a moins
11:10j'ai envie de dire, dans Notre-Dame de Paris
11:12parce qu'il y a beaucoup plus de descriptions
11:14parfois qui sont un peu ennuyeuses
11:16pour le lecteur d'aujourd'hui.
11:18Vous avez raison, il faut lire 93,
11:20l'homme qui rit, mais Notre-Dame
11:22c'est lui qui sauve Notre-Dame,
11:24Notre-Dame elle était devenue une sorte de hangar
11:26des écuries,
11:28le dernier jour d'un condamné à mort,
11:30l'homme qui rit,
11:32bien sûr.
11:34Bon bah écoutez,
11:36c'était un plaisir,
11:38est-ce que vous savez déjà l'émission que vous allez faire ce soir ?
11:40Non justement, je n'ai pas encore les sujets,
11:42ça m'interpelle beaucoup, Notre-Dame demain.
11:44Est-ce que vous serez
11:46à l'inauguration de Notre-Dame ?
11:48Non, je ne suis pas invitée.
11:50Vous pourriez, vous êtes une figure de la société française
11:52chère Christine Kelly.
11:54Je ne suis pas invitée dans les moments importants
11:56de la société française.
11:58Et vous Marc Menand, vous pourriez peut-être
12:00être un des figurants de Notre-Dame ?
12:02Limpi !
12:06Le passager clandestin
12:08de l'inauguration.
12:10Vous pourriez être Esmeralda
12:12et Christine
12:14et vous, vous ne seriez pas
12:16Casimodo ?
12:20Est-ce qu'on a l'air de belles,
12:22belles, magnifiques ?
12:24Effectivement !
12:26Bon bah écoutez,
12:28c'est aussi un livre pour Noël,
12:30même si on a tous des souvenirs,
12:32vous savez, le tonton qui nous offrait
12:34un livre le soir de Noël,
12:36on était ravis, on avait 12 ans, on disait
12:38Mais en même temps,
12:40c'est bien, vous lisez toujours
12:42beaucoup M. Menand ?
12:44Votre bibliothèque elle doit être incroyable !
12:46J'ai plus de 2000 livres !
12:48Ils sont partout dans sa maison, il n'a pas de bibliothèque.
12:50Je le dis pour les télés, après que vous allez dans la maison
12:52de M. Menand,
12:54et vous en ressortez, vous arrivez à ressortir
12:56pas vivante !
12:58Faites attention, la maison
13:00de M. Menand,
13:02je ne m'y risque pas !
13:04C'est vrai qu'on n'aime pas trop
13:06les livres, mais là,
13:08c'est intéressant pour des enfants, pour des jeunes
13:10à lire, parce que les chapitres sont courts,
13:12ils sont simples, et c'est question-réponse.
13:14Je pose des questions à Marc, il répond simplement,
13:16ce n'est pas non plus des chapitres
13:18un peu compliqués.
13:20Un petit chapitre sur un personnage,
13:22c'est intéressant.
13:24Est-ce qu'on a la musique ?
13:26C'est un mot qu'on dirait
13:28d'un début
13:30quand elle danse
13:32et qu'elle met son corps
13:35dans l'eau.
13:49Vous savez qu'il habitait
13:51à l'avenue Victor Hugo ?
13:53C'est ça qu'il a son vivant,
13:55incroyable !
13:57Le jour où vous habiterez à l'avenue Marc Menand,
13:59je regarderai différemment.
14:01Vous savez que toutes ces petites dames,
14:03vont faire leur prestation
14:05en hommage à Victor Hugo,
14:07prestation gratuite.
14:09Les petites dames, vous voulez dire
14:11les dames de petites vertus, les dames de joie.
14:13Les dames de joie qu'on paye.
14:15Il est 12h48,
14:17le débrief
14:19de Monsieur Tessier.
14:21Merci les amis.
14:23A tout de suite sur Eurovision.

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