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Avec Michel Martial, pharmacien

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##C_EST_A_LA_UNE-2024-12-02##

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Transcription
00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — Nous sommes au Bousca. Le Bousca, c'est près de Bordeaux, le quartier Godard, au Bousca.
00:10Et avec nous, le pharmacien du quartier Michel Martial. Bonjour. — Oui. Bonjour. — Ça me fait plaisir de vous recevoir, Michel Martial,
00:19parce que j'ai été interpellé par ce que vous vivez. Vous êtes pharmacien depuis combien de temps dans ce quartier du Bousca ?
00:27— Alors donc dans ce quartier, je suis là depuis 5 ans, si vous voulez. Je rentre dans ma 6e année. Bon, auparavant, j'ai fait...
00:36Enfin en tout, j'ai quand même 42 ans d'ancienneté dans le métier. Et toujours dans la même ville, puisque j'étais à 2 km de là.
00:47— Bien. Vous êtes au Bousca, donc dans ce quartier Godard. Et dans le quartier, tout a bien changé. Pourquoi ? Parce que depuis maintenant 2 ans,
00:58c'est bien cela, une bande s'installe dans le quartier, notamment devant votre pharmacie. Et cette bande de trafiquants, de stupéfiants
01:07vend ses produits, sa drogue devant chez vous. — Oui, tout à fait. Effectivement. Donc j'ai 5 ans d'ancienneté dans le quartier.
01:17Pendant 3 ans, le quartier a été très calme, très tranquille. D'un côté, c'est un habitat bas. De l'autre côté, nous avons donc des immeubles
01:29de 10 étages, si vous voulez, une population représentative de la France, c'est-à-dire personnes âgées. Et dans l'habitat bas, personnes jeunes également.
01:41Voilà. Et donc depuis 2 ans, on a une bande de jeunes, donc certes des gamins, qui sont venus s'installer devant la pharmacie pour dealer.
01:57Alors certes, ce n'est pas de gros trafics, mais ce sont des incivilités permanentes. C'est l'ambiance qui devient insupportable, des dégradations permanentes.
02:10Tant et si bien que, bon, mais les quelques commerces que nous sommes, le coiffeur à côté est parti, le chauffagiste est parti.
02:22Si vous voulez, tout le monde est en train de partir dû à cette mauvaise ambiance dans le quartier, dû exclusivement à la présence de ces jeunes.
02:32— Oui. Alors tous les matins, évidemment, vous ramassez des détritus, des canettes, des mégots. Ce n'est pas évidemment très sécurisant.
02:40Qu'est-ce que... Vous en parlez avec eux ? Vous essayez de les faire partir ? Ça doit être difficile, d'ailleurs. Enfin bon. Comment faites-vous ?
02:49— Oui, oui, totalement. Le dialogue s'est engagé. Un petit peu plus loin dans la rue, il y a un vétérinaire. Il a essayé d'engager la conversation.
03:00Même moi, j'ai engagé la conversation. Je leur demandais d'aller ailleurs, pas devant la pharmacie, de ne pas nous provoquer en permanence devant la pharmacie.
03:12Parce qu'à l'heure actuelle, c'est surtout, outre les incivilités, mais c'est de la provocation permanente. Il frappe contre les vitrines. Il noircelle.
03:24Il se met sur une caisse devant la porte, carrément. On a eu des jets de canettes dans la pharmacie, des jets de bouteilles également sur la vitrine.
03:35Voilà. C'est en permanence une provocation.
03:40— Mais la police nationale ne fait rien. Il y a une police municipale au Bousquet ? — Absolument, absolument. Donc on a la police municipale. Nous les appelons.
03:49La police nationale également vient, si vous voulez. Donc dès qu'ils arrivent, tout le monde s'évapore dans la nature, parfois reste sur place,
04:02font 5 mètres en arrière et donc sont en propriété privée, narguent la police en train de leur dire « Mais moi, je suis en propriété privée. Vous ne pouvez pas venir me déloger ».
04:15Ils posent leur chaise devant la pharmacie pour tenir commerce devant chez nous. — Mais qu'est-ce que vous allez faire, Michel Martial ?
04:24— Alors qu'est-ce qu'on va faire ? J'ai bien essayé de ne pas partir, mais je vais être contraint de déménager ma patientelle, si vous voulez.
04:36J'ai la chance d'avoir donc mon fils qui est également pharmacien. Vous savez, nous sommes toute une tribu de pharmaciens dans la famille que depuis 5 générations.
04:45Donc si vous voulez, la pharmacie, nous connaissons. Bon, on en a vu de toutes les couleurs. Mais là, ça dépasse totalement 1 000 bornes.
04:53Je vais être obligé de déplacer ma pharmacie chez mon fils. On ne peut plus continuer, si vous voulez. Une pharmacie, c'est un lieu de santé.
05:04Il faut du calme. On ne peut pas travailler face à une bande de racailles en face de votre comptoir qui vous harcèlent toute la journée.
05:15— Ça veut dire que tout le monde va en pâtir, les habitants, évidemment, les premiers du quartier qui n'auront plus leur pharmacie à proximité, et puis vous.
05:23— Totalement. — Voilà. Voilà. Tout ça, parce que... — Totalement. Et surtout, je pense non pas aux gens qui sont... Enfin je pense même à tout le monde.
05:32Mais je pense surtout aux personnes âgées qui viennent avec un déambulateur dans une pharmacie, c'est-à-dire quand on parle de proximité au-delà de 50, 100 m,
05:44mais quelqu'un qui a un déambulateur, c'est un souci, c'est un problème. Bon, je suis à 500 m. Bien entendu, nous leur livrerons leurs produits à domicile, si vous voulez.
05:58Mais quand je suis venu dans ce quartier, puisque j'étais dans un quartier juste dans ce quartier-là, je n'étais pas du tout dans ce but-là.
06:10— Bien sûr. Merci beaucoup, Michel Martial. Merci, témoignage édifiant de la situation engendrée par le trafic de stupéfiants.
06:18Il est 7 h 18. Ça vous fait réagir 0, 826, 300, 300. Vous allez réagir aussi, car nous jouons.

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