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Les élections législatives du moins d’octobre ont confirmé au pouvoir le parti pro-russe qui suspend le processus d’adhésion à l’élection européenne. Un nouveau scrutin est réclamé par les partis d'opposition tout comme par la présidente Salomé Zourabichvili.

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Transcription
00:00Sonia De Villers, votre invitée, présidente de la Géorgie.
00:03Nous sommes en direct avec elle depuis la capitale d'Ilici, au lendemain d'un week-end de manifestations monstres dans tout le pays.
00:10Je rappelle que les élections législatives du mois d'octobre ont confirmé au pouvoir le parti prorusse
00:15qui suspend le processus d'adhésion à l'Union Européenne.
00:19Bonjour Salomé Zorabishvili.
00:22Bonjour.
00:23Ancienne diplomate française, vous avez été élue à la présidence de la Géorgie en 2018
00:30et vous avez déclaré samedi que vous refusiez de quitter le palais au terme de votre mandat, on va y venir.
00:36D'abord, la contestation s'est étendue comme jamais dans le pays, madame la présidente.
00:41Vous qui vous battez pour sceller l'entrée de votre pays avec l'Union Européenne,
00:46quel est votre sentiment ?
00:48Que ressentez-vous quand vous voyez même les petites villes géorgiennes manifester, ce qui est rare ?
00:56C'est la révolte d'un pays tout entier.
00:59Je n'ai jamais vu ça, ni même entendu parler avant d'une révolte aussi généralisée.
01:06Vous venez de le dire, dans toutes les villes et les petites villes de Géorgie,
01:10habituellement, et on a eu beaucoup de manifestations dans ce pays,
01:14tout était concentré dans la capitale.
01:17Aujourd'hui, c'est partout, dans ces petites villes qui soi-disant ont été gagnées à 120 ou 130%
01:25par le parti au pouvoir, dans des élections violées magistralement avec l'aide
01:31et avec le système russe de violation des élections,
01:34auquel moi j'appellerais les pays européens à faire davantage attention
01:39parce que c'est ce qui menace la Roumanie aujourd'hui.
01:43Ça a menacé la Moldavie hier et c'est quelque chose qui va être étendu
01:47si ce n'est pas ici en Géorgie qu'on l'arrête.
01:50Les Géorgiens sont prêts à arrêter ce système dans lequel aujourd'hui
01:55nous avons après des élections russes et un pouvoir russe
01:58qui aujourd'hui est un pouvoir d'un parti et d'un homme.
02:02Aujourd'hui, nous avons une répression russe avec des forces spéciales
02:07qui sont de toute évidence maintenant depuis plusieurs jours droguées.
02:11Droguées c'est-à-dire ?
02:13La brutalité, c'est-à-dire qu'on leur donne des amphétamines
02:16ou je ne sais pas ce qu'on leur donne pour que leur brutalité soit exacerbée
02:21et leur aussi résistance parce que maintenant ça fait cinq nuits,
02:26nos jeunes sont très résistants mais eux ils ont besoin aussi de résistance
02:30pour maintenir ce degré de brutalité qui est invraisemblable.
02:35Je précise que les arrestations se sont largement multipliées hier soir,
02:38qu'on compte aussi de nombreux blessés.
02:41Mais des arrestations, et ça il faut le souligner,
02:45des arrestations qui bien au-delà de la fin de la manifestation vers 6h du matin,
02:50ils vont chercher les gens dans leurs immeubles, dans leurs maisons,
02:55jusqu'au bout, c'est quelque chose que moi je n'ai jamais même entendu parler.
03:00Le Parlement doit désigner très prochainement,
03:04le 14 décembre, le prochain président de la Géorgie.
03:07Alors le processus des désignations a été modifié
03:09et c'est un ex-footballeur qui est entré en politique dans un parti d'extrême droite
03:13qui a été choisi de toute façon d'un parti pro-russe.
03:17Vous considérez, Salomé Zourabichvili,
03:20vous venez de le dire que ces dernières législatives ont été massivement truquées,
03:24donc vous l'avez dit samedi soir, vous refusez de quitter votre poste.
03:29Ça sera donc un bras de fer entre vous et le Premier ministre ?
03:33Non, non, ce n'est pas que je refuse de quitter mon poste,
03:36la situation est constitutionnelle,
03:38c'est-à-dire que les élections ont été violées et volées,
03:43elles ne sont reconnues par personne,
03:45elles ne sont pas reconnues par la population
03:46et on le voit tous les jours depuis les élections,
03:49elles ne sont pas reconnues par nos partenaires européens et démocratiques
03:53et elles n'ont pas eu lieu.
03:57Et il y a eu trois violations constitutionnelles coup sur coup,
04:00la convocation d'un Parlement non légitime,
04:03sous des formes non constitutionnelles.
04:06Donc tout ça fait que nous sommes devant un régime
04:09qui est en train de sortir du droit constitutionnel complètement,
04:13de violer la Constitution.
04:14Donc ils ont élu un gouvernement qui n'est pas légitime,
04:18venant d'un Parlement non légitime,
04:20dans lequel les partis d'opposition ne siègent pas.
04:24Et ils vont élire, le 14 décembre je crois,
04:28un président qui ne sera pas davantage légitime,
04:31qui n'a d'ailleurs aucune légitimité,
04:32il n'a même pas un diplôme au-delà de sa carrière de footballeur,
04:37mais ça ce n'est pas le plus important.
04:40Alors qu'est-ce que vous attendez ?
04:41Moi ce n'est pas que je refuse de partir,
04:42moi mon mandat continue constitutionnellement
04:46jusqu'au jour où est inauguré un président qui est élu légitimement.
04:51Donc j'attends, ce n'est pas que je me...
04:55Et donc c'est vraiment un débat constitutionnel.
04:59C'est ça, ce n'est pas une volonté de se bunkeriser
05:01à l'intérieur du palais présidentiel.
05:03Absolument pas.
05:03Qu'est-ce que vous attendez Madame la Présidente ?
05:06J'ai un recours déposé à la Cour constitutionnelle,
05:09moi et les partis politiques.
05:11La Cour constitutionnelle se tapit sous la table
05:16pour ne pas avoir à répondre
05:17et aujourd'hui commencent des manifestations,
05:20outre celles qui sont dans toutes les villes,
05:22devant la Cour constitutionnelle pour l'obliger à se prononcer
05:26parce qu'elle a en réalité entre ses mains
05:29la possibilité de terminer la crise de façon stable
05:33et de sortir le pays de cette situation ubuesque
05:37dans laquelle il y a un régime russe
05:39qui viole la constitution géorgienne
05:41et qui essaye par la force de se maintenir au pouvoir.
05:44Et de l'Union européenne, Salomé Zourabichvili,
05:47qu'attendez-vous ?
05:48Est-ce que vous attendez des sanctions
05:51très fortes et très prononcées vis-à-vis de la Géorgie ?
05:55Est-ce que le risque serait de couper le lien
05:57avec la population géorgienne
06:00et d'accroître encore plus l'influence russe ?
06:03Ou est-ce qu'au contraire, il faut absolument
06:05que l'Union européenne tape du poing sur la table ?
06:09Moi je crois qu'elle doit taper du poing,
06:10c'est ce qu'attend la population
06:12qui serait pour le coup extrêmement déçue
06:16étant aujourd'hui une population
06:18qui manifeste plus fermement que n'importe où ailleurs pour l'Europe.
06:22C'est la seule idée qui domine tout cela,
06:24c'est nous voulons qu'on nous rende notre destin européen
06:28et qu'on nous rende notre voie électorale
06:30qui précisément était là pour conforter le destin européen.
06:35Donc la population demande à l'Europe de réagir,
06:39de continuer à ne pas reconnaître ce gouvernement illégitime
06:45et de prendre les mesures que les Européens considèrent
06:48comme nécessaires pour être fidèles à leur idéal et à leur parole.
06:53Alors quel est le premier motif
06:57chez les Géorgiennes et chez les Géorgiens
07:00de cette volonté d'adhésion à l'Europe ?
07:02Qu'est-ce qu'ils attendent en premier de l'Europe ?
07:06En premier de l'Europe, c'est le retour à leurs propres valeurs.
07:09C'est-à-dire ?
07:10Et c'est tout le socle des valeurs individuelles
07:15qui fait l'Europe et qui fait la Géorgie multiculturelle.
07:20C'est un pays toujours multiculturel
07:22mais avec une identité propre.
07:24Et c'est une protection ou une aide militaire ?
07:26Et qui s'est battue pour sa liberté.
07:28Et c'est une protection et une aide militaire ?
07:29C'est une protection morale.
07:31Tout le monde sait qu'il n'y aura pas d'aide militaire,
07:32on a l'habitude.
07:33Ça fait longtemps que la Géorgie s'est battue seule
07:36contre l'Union soviétique d'abord,
07:38contre l'Empire russe avant.
07:40Elle n'a jamais été soutenue par personne d'extérieur
07:43pour des raisons géographiques d'abord.
07:46Donc il n'y a pas d'illusion sur ce plan-là
07:49mais il y a un besoin très fort
07:51d'un soutien moral et politique très clair.
07:54Le moment n'est plus aux messages ambigus,
07:57le moment n'est plus d'oublier ce qui se passe ici
08:01parce qu'il y a d'autres crises
08:02et ça c'est très compréhensible pour tout le monde.
08:05Mais ici, il y a un enjeu qui est l'enjeu de l'Europe
08:08fidèle à elle-même ou non,
08:10et de l'Europe de demain parce qu'aujourd'hui
08:12c'est la mer Noire et ses rivages.
08:14La Russie a commencé ici,
08:17une stratégie hybride
08:20qui est comment est-ce qu'on fait sortir les Européens,
08:22comment est-ce qu'on gagne sur les Européens,
08:25non par la guerre, on n'y arrive pas en Ukraine,
08:27mais par des stratégies hybrides, la Géorgie,
08:30la Roumanie demain peut-être,
08:32la Moldavie pas encore,
08:33mais avec des tentatives très très fortes.
08:36C'est ça la nouvelle stratégie russe
08:38et c'est à ça que l'Europe doit répondre en Géorgie.
08:41Merci.
08:42Merci Salomé Zourabichvili, président de la Géorgie.
08:45Merci.
08:46Et merci Sonia De Villers, il est 7h58.

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