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Flavie Flament reçoit Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste de BDO France, pour répondre à la question : comment sont fixés les prix dans nos supermarchés ?

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Transcription
00:00Merci d'être là ce matin. Vous êtes chef économiste de BDO France et vous êtes également professeur à Paris Panthéon Sorbonne.
00:06Alors comment les prix des produits dans nos supermarchés sont-ils fixés ? Comment ça se passe ?
00:11Alors chaque année, il y a une négociation qui commence entre les distributeurs et les producteurs du mois de décembre maintenant jusqu'au mois de mars
00:21pour fixer les prix de l'année suivante.
00:23Et sur quels critères, en fait, on fixe ces prix ? Parce que c'est pas la même chose, en fait.
00:27Il y a les matières premières, il y a les marges que doit faire le distributeur. Expliquez-nous comment ça se passe.
00:31Alors il y a différents critères. C'est vrai qu'avec la loi Egalim, l'idée c'était vraiment de protéger les agriculteurs et de protéger les producteurs.
00:37On sait qu'on a eu une augmentation des prix et des coûts, notamment avec l'augmentation des prix de l'énergie.
00:42Donc l'idée c'est de dire, on négocie les prix en prenant en compte différents critères, différents entre les prix, on va dire simple, fruits, légumes, et puis les produits transformés.
00:50Les produits, les matières premières, en effet, il y a des prix qui sont négociés qui ne peuvent pas être en dessous du coût de vente de ces matières premières-là,
00:58justement pour conserver le revenu des agriculteurs qui a été déjà très entamé avec l'augmentation des prix et des coûts.
01:04Et puis, par contre, sur les produits transformés, où là vous avez beaucoup plus d'acteurs dans la chaîne de valeur, l'emballage, le factage, le marketing,
01:12eh bien là, la fixation des prix est différente. C'est vraiment l'offre et la demande.
01:17Et c'est comment chaque partie pèse de tout son poids pour avoir les prix les plus attractifs.
01:21Est-ce que ça concerne tous les produits qui sont dans les rayons de mon supermarché ?
01:24Oui, ça concerne tous les produits.
01:25Donc de la balayette ?
01:26Tout à fait. La lessive, justement, on a dit les fruits, les légumes, le sucre, tous les produits sont concernés.
01:31D'accord. Et l'ambiance dans Sénégal, comment ça se passe en fait ? C'est tendu ou pas ?
01:34Alors, je n'y suis pas, donc je ne vais pas vous dire. Mais globalement, c'est vrai que surtout quand on a eu une augmentation des coûts de l'énergie, c'était assez tendu.
01:42L'autre élément, c'est qu'on se souvient, il y a deux ans, avec l'augmentation de l'inflation,
01:46on avait vraiment une très forte hausse des prix dans l'alimentaire qui venait booster l'inflation.
01:51On se souvient, 20 %, on a eu un pic d'augmentation de l'alimentaire.
01:54Et le problème, c'est que les distributeurs ont perdu beaucoup de clients qui sont allés plutôt vers les hard discounters à cause de l'augmentation des prix.
02:00C'est vrai qu'il y a aujourd'hui une bataille des prix qui est assez agressive au niveau des distributeurs pour regagner des parts de marché
02:06et puis réattirer les consommateurs qui sont des fois partis.
02:10Est-ce qu'il y a des produits qui sont plus sujets aux tensions que d'autres ?
02:13C'est bien sûr ce qu'on a dit, les produits frais, les fruits, les légumes, le poisson, la viande, puisque ce sont les denrées un petit peu luxueuses,
02:22où il y a beaucoup de tensions, où il y a eu vraiment des augmentations avec l'augmentation des coûts.
02:27Donc c'est vrai que ce sont ces produits-là où en général les distributeurs essaient de se différencier pour réattirer la clientèle.
02:33Et ces prix des produits, ils sont fixés pour combien de temps ?
02:37Un an, parce qu'après vous allez avoir l'année d'après, l'année prochaine, une renégociation pour l'année suivante.
02:43Mais parfois j'ai l'impression qu'il y a des produits qui ont un prix qui varie, il y a des clauses particulières ?
02:47Oui, bien sûr. Donc là quand il va y avoir les négociations, il va y avoir aussi l'idée de, on peut fluctuer les prix en fonction aussi du coût des matières premières.
02:55On va voir quel genre de promotion on peut faire. Par exemple dans la loi Egalim, on ne peut pas faire plus de 34% de promotion justement sur les produits frais
03:02pour garder et préserver le revenu des producteurs. Donc en effet il y a des choses comme ça dans la loi qui sont fixées.
03:09Par contre après, on est vraiment dans un jeu assez agressif entre les distributeurs, avec des promotions, avec des prix souvent bas, pour encore une fois réattirer le consommateur.
03:18Est-ce que c'est aussi maintenant que vont se négocier les périodes de promotion de certains produits ?
03:23Oui, tout à fait.
03:24En fait, tout se décide en ce moment ?
03:25Voilà, tout se décide en ce moment, si on peut dire. Tout se décide, en tout cas les très grandes lignes.
03:29Et pour les promotions aussi, on l'a vu notamment une fois que l'inflation a ralenti, il y avait vraiment eu un jeu très agressif dans les promotions.
03:36On était tout le temps en promotion, on avait des promotions très importantes, d'où les fameux 34% maximum pour ces fameux produits frais.
03:43Là aussi, les distributeurs se livrent une guerre assez importante pour aussi concurrencer les hard discounters qui sont beaucoup développés avec la crise inflationniste.
03:52Donc là aussi, c'est négocié en ce moment et c'est pour ça que c'est vraiment très important et que ça va durer plusieurs mois.
03:58Quel est le dernier mot dans ces négociations ? On aurait tendance à se dire que c'est le distributeur qui est en position de force.
04:03Alors, c'est ça un petit peu les critiques, notamment avec l'augmentation des coûts de l'énergie, de l'inflation.
04:08C'est qu'on dit souvent en effet, on le voit avec la crise agricole, que les agriculteurs, que les producteurs industriels ne sont pas en position de force puisque c'est très compliqué.
04:18En effet, pour les distributeurs, c'est très important d'avoir votre produit qui est référencé pour avoir accès aux consommateurs.
04:23Donc si vous n'avez pas votre produit, c'est vrai que c'est une perte de marché qui est très importante.
04:27Après justement, il y a eu ces fameuses lois, on a parlé des galimes pour avoir une négociation qui soit au milieu.
04:33Donc aujourd'hui, on est dans un climat qui est quand même beaucoup plus équilibré, même si bien sûr, c'est très important pour les producteurs d'avoir accès aux distributeurs
04:41pour reprendre des parts de marché et que leurs produits puissent être diffusés.
04:45Est-ce qu'il y a certaines enseignes qui ont plus de poids que d'autres ?
04:48Ça dépend. C'est vrai qu'en France, c'est assez concentré. On connaît la grande distribution, les 3-4 grandes enseignes.
04:55Après, en effet, il y a plutôt une remise en cause, on va dire, un petit peu de ce monopole, cette majorité, avec les hard discounters, avec la crise inflationniste.
05:05Donc là aussi, on a revu les rapports de force avec ces nouveaux acteurs, aussi la vente sur Internet, la vente en direct.
05:11Eh bien, c'est un petit peu remis en cause, mais par les actes des consommateurs qui sont allés ailleurs et qui ont consommé autrement.
05:18Donc c'est plutôt ça qui a changé le rapport de force, comme quoi le consommateur a un vrai pouvoir.
05:22A aussi un véritable pouvoir et on vient de l'entendre ce matin grâce à vous.
05:25Merci beaucoup, Anne-Sophie Alcy, d'avoir répondu à mes questions.
05:28Merci à vous.

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