• il y a 2 semaines
Lundi 2 décembre 2024, SMART IMPACT reçoit Gaël Magda (directeur France et Europe de l’ouest, GROHE) , Nathalie Nénon-Zimmermann, (Directrice générale, 261PI) , Leslie Thomas, (secrétaire générale, CNC) et Stéphane MacMillan (PDG, Bon Vivant)

Category

🗞
News
Transcription
00:00Générique
00:08Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif, et voici le sommaire du jour.
00:15Mon invité, c'est Gaël Magda, directeur français Europe de l'Ouest de Gros E. On verra comment le groupe de Robinetry œuvre pour la préservation de l'eau et l'économie circulaire.
00:26Dans notre débat, on se demandera comment décarboner la culture, notamment le cinéma, comment les œuvres de fiction peuvent diffuser des messages de préservation du climat et de la biodiversité.
00:36Et puis dans notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables, vous découvrirez les protéines de lait sans vache de l'entreprise Bon Vivant, de l'eau, du cinéma, du lait sans vache.
00:49C'est le cocktail du jour et c'est parti pour ce Smart Impact.
00:53Générique
00:59L'invité de Smart Impact, c'est Gaël Magda, bonjour.
01:03Bonjour.
01:04Bienvenue, vous êtes directeur français Europe de l'Ouest de Gros E, marque allemande qui appartient aujourd'hui au groupe Lixil. Présentez-nous le groupe Lixil en quelques mots pour commencer.
01:12Lixil, c'est un player global aujourd'hui autour de l'habitat qui a racheté la marque Gros E en 2014, donc ça fait maintenant 10 ans.
01:19On est présent un peu partout dans le monde avec des grandes marques en Europe Gros E essentiellement, aux Etats-Unis, American Standard, et puis beaucoup d'autres produits qui constituent l'habitat.
01:28Donc ça va de la fenêtre en aluminium 100% recyclé au WC du futur qu'on est en train de travailler aux Etats-Unis avec la fondation Bill et Melinda Gates.
01:38Ok, très bien. Et donc on va se concentrer sur Gros E avec quelques chiffres, 5 sites industriels, 3 en Allemagne, 1 au Portugal, 1 en Thaïlande, 7200 salariés dans le monde, 150 en France,
01:49implantés dans 150 pays, vous présentez comme leader sur les principaux marchés européens. C'est une marque qui va bientôt fêter ses 90 ans. Depuis quand l'impact environnemental est intégré à la stratégie, est devenu un enjeu stratégique important ?
02:04Nous, ça fait plus de 20 ans qu'on a intégré l'ARSE dans notre stratégie de marque et stratégie d'impact qu'on a élevé maintenant depuis 4 à 5 ans dans une stratégie d'impact forte qui va de la fabrication et la production de nos produits
02:19aux produits en eux-mêmes qui cherchent bien sûr à être économes en ressources et aussi avec tout le tissu de partie prenante qu'il y a autour de notre marque, donc les artisans bien sûr,
02:29mais aussi les architectes, les bureaux d'études qui utilisent nos produits pour les intégrer dans un bâtiment de plus en plus responsable. Donc cette stratégie, elle est vraiment ancrée dans notre ADN et on la vit aujourd'hui dans tout l'écosystème.
02:42Alors ça, on va rentrer un peu dans le détail. Ça suppose quoi ? Parce qu'il y a plein de leviers qu'on peut activer quand on fait ce choix dans une grande entreprise, l'emballage, la logistique, le choix des matériaux, la recyclabilité, etc.
02:54On va, si vous voulez bien, lister un peu tout ça. Par exemple, sur les emballages. J'imagine, c'est des millions et des millions de produits à livrer, à des détaillants, etc., etc. Quel choix vous êtes en train de faire ou vous avez fait ?
03:05Alors on a fait ce choix. On l'a fait en 2018. Donc ça fait maintenant 6 ans. On a plus de 30 millions d'emballages mis sur le marché chaque année. Aujourd'hui, nos emballages, ils sont 100% en carton.
03:17On a enlevé le plastique et on a encore un tout petit peu de plastique. Quand on l'a, c'est du plastique recyclé, végétal. Donc ça, c'est un parti pris qui a été assez fort, qui finalement n'est pas simple parce que ça oblige à revoir comment on met un produit dans son emballage pour qu'évidemment, on ne l'abîme pas et qu'un installateur, un artisan qui va accéder à ce produit puisse avoir aussi des emballages de plus en plus compacts pour les recycler.
03:41On se dit toujours, c'est facile, il suffit de prendre la décision. Sauf que derrière, il y a une chaîne de valeur et d'organisation à mettre en place. Tiens, justement sur la logistique, les choix logistiques, combien de camions sur les routes ? Est-ce que vous avez pu limiter leur impact ? Quelle direction vous voulez prendre ?
03:59Nous, en fait, sur la logistique, d'abord, notre angle, ça a été de se dire qu'on doit être près des bassins de consommation. Aujourd'hui, finalement, l'Europe, c'est notre plus grand marché mondial. Donc on a, et vous l'avez rappelé tout à l'heure dans votre introduction, dans nos cinq sites industriels, quatre sont en Europe et ils sont vraiment aux frontières de la France, que trois sont en Allemagne, un au nord du Portugal.
04:20Donc on a en fait, en fabriquant et en distribuant les produits à proximité des bassins de consommation, on n'a pas cet impact sur la chaîne de distribution qui peut être aussi important pour d'autres confrères qui viennent de plus loin.
04:33Le choix des matériaux, est-ce qu'on peut faire évoluer ce qui est le matériau de base d'une robinetterie et en partie le décarboné ?
04:43D'abord, oui. Et puis après, c'est un vrai sujet. Pourquoi c'est un vrai sujet ? Parce que vous n'êtes pas sans savoir qu'un robinet a été fait en laiton, en alliage lourd. Le laiton, ça se fait comment ? Ça se fait avec de la fonderie. La fonderie, c'est tout sauf économe. C'est extrêmement énergivore.
04:57Et donc on repense en fait les alliages de nos produits pour avoir des alliages plus légers, utiliser des matières aujourd'hui qui nous permettent d'avoir un rendu de produit qui est très qualitatif, avec une surface chromée qui sera évidemment la même pour le client, mais toujours en cherchant à préserver un saut de qualité et un « made in Europe » qui nous caractérise aujourd'hui beaucoup.
05:21Là, vous dépendez de vos partenaires, de leur capacité à effectivement inventer ou faire fonctionner des fonderies avec moins d'énergie ?
05:31Ce ne sont pas nos partenaires. En fait, on fabrique vraiment l'ensemble de nos produits. Nos usines sont nos propres usines. Évidemment, on a un tissu aujourd'hui de fournisseur qui nous donne des composants, qui nous donne de la matière.
05:42Donc on a fait évoluer en partant de cette R&D pour dire comment le matériau de demain est plus propre et aussi en adaptant les postes. Parce que finalement, quand on dit « on change de matériau », on change de processus de fabrication. Il faut aussi changer la façon de faire et aussi les équipes qui étaient éventuellement spécialisées dans ces technologies.
06:00Si on parle du cycle de vie, c'est recyclable ? Un robinet en laiton, on en fait quoi après ?
06:06Aujourd'hui, on fait partie d'un éco-organisme qui s'appelle Valobat depuis quelques années sur le marché. Évidemment, nos produits sont recyclables. Pourquoi ? Parce que c'est du métal. Et le métal, c'est finalement ce qui intéresse tout le monde en termes de recyclabilité.
06:20Ça se réutilise fortement. Et nous-mêmes, dans nos processus de fabrication, on utilise une partie de matériaux recyclés pour fabriquer nos produits. Et ça, c'est déjà intégré dans nos processus de fabrication actuels.
06:33Vous menez aussi des actions pour la préservation de l'eau. Expliquez-moi de quoi il s'agit.
06:39L'eau, c'est une ressource dont on n'a pas beaucoup parlé ces dernières années. On a beaucoup parlé d'énergie pour de bonnes raisons. Et de fait, l'eau a été un peu mise sur le côté.
06:50Elle a été mise sur le côté parce que c'est une ressource aujourd'hui qui était abondante d'un côté et une ressource qui n'est pas chère aujourd'hui. Le Français paye 4 à 6 euros par mètre cube. En France, 100 d'eaux.
07:03Donc il n'y a pas une préoccupation aujourd'hui chez les Français pour se dire « il faut que je préserve mon eau ». Mais malheureusement, ça a changé.
07:10Ça a changé quand ? Ça a changé il y a deux étés. En 2022, on a vu 100 communes en France qui n'ont plus eu accès à de l'eau potable. Et ça, c'était un phénomène climatique qu'on n'anticipait pas sur notre territoire.
07:23On le voyait un peu plus lointain. On en entendait parler. Mais on se disait « nous, on est un peu protégés ». Ce n'est plus le cas. Et évidemment, ces phénomènes vont s'accentuer dans les prochaines années.
07:34Donc de fait, aujourd'hui, nous, on travaille bien sûr avec les différentes parties prenantes du bâtiment pour diffuser des produits qui sont déjà économes en eau.
07:43On a un certain nombre de technologies – on n'en fera pas l'apanage aujourd'hui – qui font 30 à 70 % d'économies d'eau aujourd'hui par rapport à un produit classique du marché.
07:52– C'est-à-dire pour le construire ? – Non, dans l'utilisation.
07:56– C'est pour ça que j'ai eu raison de poser la question. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que quand je me douche, par exemple, avec de nouveaux pommeaux,
08:03je vais pouvoir utiliser de 30 à 70 % de moins d'eau. – Exactement. Donc ça, on a intégré des nouvelles technologies dans nos produits qui sont relativement simples.
08:11On fait partie vraiment des marques qui pensent qu'on peut réinventer l'usage dans une certaine mesure, mais on doit toujours avoir un confort dans l'utilisation.
08:20Sans quoi on risque de passer plus de temps dans sa douche ou dans son utilisation de l'eau. Et finalement, la consommation, qui aura peut-être été un peu plus faible, va s'allonger.
08:29Donc on veut vraiment maintenir une expérience d'utilisation des produits qui est importante, mais qui soit beaucoup plus modérée et raisonnable.
08:37– Ça, c'est au rythme du renouvellement des robinetteries que ça va se faire ou alors on peut rajouter un « accessoire » pour consommer moins d'eau ?
08:47– Aujourd'hui, plus de 80 % de nos produits sont déjà équipés de ces technologies. C'est en fait la bonne nouvelle, c'est que ce changement, on l'a anticipé, on l'a vu arriver.
08:54On a fait évoluer nos produits. Il y a des produits encore plus révolutionnaires qui arrivent à partir de 2025 qui seront encore plus économes en eau.
09:01Mais dès aujourd'hui, on a ces technologies intégrées dans une bonne partie de nos produits.
09:06– Alors j'ai vu en préparant l'émission que vous proposez une douche circulaire qui s'appelle « Everstream ». Alors c'est quoi une douche circulaire déjà ?
09:13– Alors Everstream ou une douche circulaire, qu'est-ce que c'est ? C'est une douche dans laquelle, quand vous avez terminé de vous laver,
09:19vous voulez potentiellement rester encore quelques minutes de plus sous la douche ou en tout cas ne pas culpabiliser ceux qui seront toujours sous la douche.
09:26Donc là, vous avez un petit bouton additionnel sur lequel vous appuyez et l'eau travaille en circuit fermé.
09:31Donc en circuit fermé, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on réutilise l'eau que vous venez d'utiliser.
09:34Elle est bien sûr purifiée, bien sûr filtrée et un peu réchauffée parce qu'entre la douche de tête et puis le sol, on perd quelques degrés.
09:41Et cette promesse, en fait, c'est quoi ? C'est 70% d'économie d'eau et 75% d'économie d'énergie puisque l'eau est chaude donc elle doit être chauffée en amont.
09:50Donc c'est vraiment un produit révolutionnaire qui arrive sur le marché à partir de cette année et qui va nous permettre bien sûr d'augmenter l'expérience des utilisateurs
10:01avec une promesse qui est vraiment cette économie importante.
10:04– Et alors ce WC du futur, dont vous parliez tout à l'heure, c'est quoi ?
10:08– Alors aujourd'hui, le WC en France ou le WC dans les pays développés, on renvoie nos eaux dites grises dans les réseaux.
10:14Évidemment c'est compliqué, ça nécessite de l'assainissement qu'on n'a pas toujours, en tout cas nous on en a globalement beaucoup en France.
10:20On prépare à un horizon 2040, avec la fondation Bill et Melinda Gates et l'ensemble des équipes de l'IXIL, un WC qui n'aura plus d'eau.
10:29C'est-à-dire que l'ensemble des déchets issus de l'utilisation du WC seront miniaturisés au fil du temps
10:35avec une maintenance extrêmement légère et permettra en fait d'éviter de renvoyer des eaux grises dans les réseaux.
10:42Aujourd'hui on a déjà un prototype qui est fait, qui est en fonctionnement.
10:46On n'a pas encore atteint la phase de miniaturisation qui permettra de mettre cet équipement dans un habitat soit collectif, soit individuel.
10:55Voilà donc c'est 2040 et je pense que là c'est vraiment repenser l'usage.
10:58– Oui, ça va arriver assez vite. Merci beaucoup Gaël Magda et à bientôt sur Be Smart For Change.
11:03On passe tout de suite à notre débat, et si la culture se décarbonisait ?
11:07Générique
11:14Et si la culture se décarbonait, c'est le thème de notre débat avec Nathalie Nénon-Zimmermann.
11:20Bonjour. – Bonjour.
11:21– Bienvenue, vous êtes directrice générale de 261PI.
11:25Leslie Thomas, bonjour. – Bonjour.
11:26– Secrétaire générale du CNC, Centre national du cinéma et de l'image animé.
11:31Vous venez d'être nommée à la tête de 261PI, peut-être nous présenter l'entreprise en quelques mots,
11:38puis après vous nous direz, voilà, quelle ambition vous avez à la tête de cette entreprise.
11:41– Tout à fait. Alors 261PI, c'est une société qui a pour mission de noter la performance ESG,
11:51donc c'est Environnement, Social et Gouvernance, des entreprises dans le secteur du sport et de l'entertainment.
11:56– D'accord.
11:57– Notre ambition, c'est d'accompagner les entreprises de ce secteur à embrasser la transition
12:05et leur montrer que le sujet ESG, c'est une somme d'opportunités pour se développer mieux
12:12et être capable de faire face à un certain nombre de choses qui vont les affecter dans les temps à venir.
12:19– Votre arrivée, ça marque une sorte de tournant stratégique ?
12:23– Oui, tout à fait. En fait, moi je suis arrivée lors de la dernière levée de fonds,
12:26donc à la demande des actionnaires.
12:28Nous avons un pool d'actionnaires qui est essentiellement dans le sud-ouest
12:31où nous avons, j'allais dire, un vivier d'excellence sur la Sportec notamment.
12:38Et la volonté des actionnaires était d'utiliser mon expérience dans le sport,
12:44puisque moi ça fait plus de 30 ans que j'accompagne des grandes organisations sportives à se financer,
12:50et donc apporter cette compréhension des enjeux et le traduire en opportunité commerciale,
12:56puisque en fait, je pense que la seule façon de faire passer des messages concernant l'ESG,
13:03c'est de dire que plus on va travailler sur les sujets d'environnement, de société et de gouvernance,
13:10et plus on va être capable d'être durable dans le temps en termes d'activité.
13:15– Le CNC, vous financez combien de projets chaque année ?
13:18– Oula !
13:19– Ça se compte en quoi ? En centaines ? En milliers ?
13:21– Ça se compte, alors pour l'audiovisuel c'est 4600 heures de programme,
13:25donc ça se compte en milliers, pour les films d'initiatives françaises, les longs-métrages,
13:29c'est plutôt entre 200 et 300 films par an.
13:32– Et alors je voyais les chiffres, j'ai trouvé les chiffres de 2022,
13:35vous aviez versé pour 675 millions d'euros de soutien public,
13:40alors c'était global ou c'était que au cinéma ça ?
13:42– Non c'est global, c'est cinéma et audiovisuel.
13:45– Ça grandit, c'est encore plus cette année ?
13:48– Non c'est le même ordre, on est à peu près à 700 millions d'euros d'aide publique par an.
13:53– D'accord, et alors ce qui est intéressant,
13:55c'est que vous avez décidé de faire de cet argent un levier de transformation, comment ?
14:00– Tout à fait, on a depuis 2021 fixé un certain nombre de contreparties aux aides publiques,
14:05donc qui s'inscrivent en cohérence avec ce que vous décriviez,
14:08c'est-à-dire qu'on a mis en place des contreparties
14:11pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles
14:13dans le secteur du cinéma et de l'audiovisuel,
14:15et tout récemment, le 1er janvier dernier, on a mis en place une éco-conditionnalité des aides,
14:19c'est-à-dire que pour pouvoir bénéficier des financements publics du CNC,
14:23il faut fournir des bilans carbone des œuvres produites.
14:26– Et ça, c'est vous qui êtes à l'initiative,
14:30ça a commencé à bouger un peu sur les plateaux de tournage,
14:33vous vous êtes dit, il faut secouer le cocotier si j'ose dire ?
14:36– Alors, c'est pas tout à fait comme ça qu'on a…
14:39– Ce n'est pas les mots que vous avez employés, oui.
14:41– Ce n'est pas tout à fait les mots qu'on a employés,
14:42mais pour autant, ce qu'il faut dire, c'est qu'il y a quand même chez les professionnels
14:46beaucoup d'initiatives qui sont extrêmement vertueuses,
14:49que ce soit dans l'audiovisuel ou que ce soit dans le cinéma,
14:51on voit qu'il y a des réalisateurs, des producteurs qui vraiment s'engagent et vont très très loin.
14:56Donc ça, c'était le 1er vecteur,
14:58et puis le 2e vecteur, c'est qu'on a une stratégie nationale bas carbone,
15:02il y a des réglementations européennes qui nous fixent des objectifs à atteindre
15:05et donc il fallait prendre le train.
15:07– Oui, et il n'y avait pas de raison que la culture et le cinéma ne prennent pas le train.
15:11Le 1er poste d'émission de gaz à effet de serre d'un événement,
15:15que ce soit dans le sport ou la culture, c'est le public.
15:18– Absolument.
15:19– Et ce n'est pas le plus simple à réduire
15:21puisqu'on a besoin du public dans les stades ou dans les salles de concert.
15:26Quel levier on peut activer ?
15:27Si, alors je sais que vous avez notamment travaillé à l'OM par exemple,
15:31entre autres, comment on fait ?
15:34On peut inciter les spectateurs à venir en covoiturage,
15:37on met en place des navettes, comment on trouve un effet, une efficacité sur ce levier ?
15:44– Alors vous avez raison, le sujet transport dans le sport globalement est un vrai sujet.
15:49Vous avez la partie spectateur mais vous avez aussi la partie déplacement des équipes
15:54qui est aussi en termes de bilan carbone très très fort.
15:58Je pense que ça pose deux sujets, il y a un sujet court terme qui est de dire
16:02qu'effectivement il faut favoriser l'utilisation des transports en commun
16:06et le covoiturage et la possibilité de mettre des navettes avec des parkings de délestage
16:12éventuellement pour ne pas encombrer les abords des stades.
16:16Il y a aussi un autre sujet sur lequel on peut se poser la question,
16:19c'est le gigantisme des stades et se dire qu'aujourd'hui la taille des stades
16:24ne correspond plus à ce qu'on peut faire en termes d'empreintes carbone,
16:27que ce soit en termes de construction ou en termes d'exploitation.
16:33Pour moi c'est les deux leviers, mais je voudrais aussi dire que ça vient remettre en question
16:40la façon dont on voit les événements sportifs, c'est-à-dire qu'aujourd'hui
16:45un indicateur de performance dans le sport, que ce soit le foot que je connais bien
16:50mais j'ai travaillé dans 15 sports différents, on a parlé des Jeux Olympiques,
16:55l'indicateur de performance c'est le nombre de spectateurs.
16:57Je pense que c'est un vrai sujet et que ça ne doit plus être un indicateur de performance,
17:02c'est-à-dire que déplacer des dizaines de milliers de personnes
17:06ou des millions de personnes comme des Jeux Olympiques pose le problème de la taille
17:11et se dire que participer ce n'est pas forcément faire venir des gens de très loin
17:16mais être capable de faire vivre des événements de façon locale et régionale.
17:21Je vous interromps, mais je n'ai pas l'impression que les instances internationales
17:25aient totalement intégré cette vision dans l'organisation des prochains grands événements sportifs.
17:33Si on prend la Coupe du Monde de foot qui va se dérouler dans 4 ou 5 pays différents,
17:38vous voyez ce que je veux dire.
17:39Je suis entièrement d'accord avec vous et je pense que là on aurait beaucoup à apprendre du CNC
17:42parce que si on mettait des conditionnalités sur les aides des gouvernements
17:48dans la réception des grands événements, parce que les Jeux payent les Jeux,
17:52les Coupes du Monde payent les Coupes du Monde, mais il y a quand même des infrastructures,
17:55il y a des dépenses de l'Etat sur la sécurité et bien d'autres.
18:01Les Etats ont la possibilité de conditionner leur soutien ou leur réception de grands événements
18:09sur des critères liés au nombre de spectateurs.
18:12Mais après c'est un problème politique, tout le monde est très content de dire
18:15« j'avais le plus grand nombre de spectateurs à mon événement ».
18:18Donc je pense que c'est tout un paradigme qu'il faut remettre en question.
18:23C'est un état d'esprit.
18:24Et puis re-réfléchir, ça veut dire c'est quoi vivre ensemble un grand événement ?
18:27À l'heure du numérique, on peut aussi se dire que des diffusions sur écrans géants
18:32comme on fait dans les fan zones ou dans d'autres lieux que peuvent être les cinémas,
18:36il y a des choses à faire.
18:37Quand on voit que les grands opéras aujourd'hui sont diffusés en live partout dans le monde,
18:43on a peut-être des choses à regarder de ce côté-là.
18:45C'est quoi un tournage bas carbone ?
18:47Un tournage bas carbone ?
18:48Comment je peux ? Allez, je me lance, je suis producteur, je vais tourner un film.
18:52Déjà, dès la phase de la préparation du film, vous allez vous poser des questions
18:57sur les transports, les mobilités, comment vous transportez l'équipe, comment vous
19:00transportez les décors, comment vous transportez le matériel.
19:03Ça va être l'énergie qui est consommée sur le tournage, est-ce que j'ai un groupe
19:08électrogène ou est-ce que je peux avoir du branchement forain pour pouvoir avoir des
19:12consommations énergétiques qui soient mondiales ou quel est le biocarburant que j'utilise
19:16ou que je n'utilise pas, très clairement.
19:18L'alimentation, la construction des décors, les costumes, le maquillage, il y a toute
19:24une série de paramètres qui peuvent rentrer en ligne de compte et si vous jouez sur certains
19:28indicateurs et si vous jouez sur certaines actions, vous allez pouvoir réduire l'impact
19:33carbone d'un tournage.
19:35La gestion des déchets ?
19:36La gestion des déchets, c'est moins l'impact carbone que l'impact environnemental, la gestion
19:39des déchets, mais effectivement, la gestion des déchets, faire du tri sélectif.
19:43Et puis, ce n'est pas qu'une source de dépense, c'est aussi une source d'économie, c'est-à-dire
19:46que quand vous faites sur certains choix électriques ou sur certains choix énergétiques,
19:53vous allez pouvoir faire des économies sur l'alimentation, le fait de ne pas avoir de
19:57repas carné systématiquement sur le catering d'un tournage, ça va vous permettre de gagner
20:01un peu d'argent et de compenser les dépenses que vous allez faire par ailleurs sur d'autres postes.
20:06Vous réalisez une série d'études d'impact avec l'Observatoire de la transition écologique,
20:11c'est ça ? L'objectif, c'est quoi ? C'est de donner des clés justement aux professionnels
20:16du secteur, de les aider à faire les bons choix ?
20:18Exactement. En fait, en 2022, on a mis en place un observatoire de la transition écologique
20:23qui mène des études pour comprendre et faire comprendre aux professionnels d'où on part.
20:27Si on veut pouvoir bouger les lignes, si on veut pouvoir se fixer des objectifs,
20:30il faut déjà commencer par compter. Et donc, on a fait bilan énergétique des salles de cinéma,
20:35bilan environnemental des studios de tournage. Là, on va sortir une étude sur les studios
20:40d'animation et les studios de FX. Enfin, voilà. Donc, on donne des clés de compréhension aux
20:45professionnels. On est dans l'ère de la directive CSRD, directive européenne sur le bilan
20:51extra-financier qui finalement oblige à valoriser ses actions en matière environnementale mais
20:59aussi de gouvernance ou sociétale. Ça veut dire que vous, vous avez des clients qui sont en train
21:06de préparer déjà aujourd'hui leur bilan extra-financier ? Oui, tout à fait. On a des
21:12clients qui s'y préparent parce qu'ils vont rentrer dans les normes qui leur imposent la
21:18mesure. Mais nous, ce qu'on vient leur apporter, c'est au-delà de ça, c'est des outils pour
21:23évaluer leur trajectoire. C'est-à-dire que la CSRD, et je fais une parenthèse parce que ce secteur
21:31RSE, ESG, c'est plein d'acronymes. Et plus on parle en acronyme et plus on donne... Plus le
21:36public s'y perd. Voilà, plus on s'y perd. Et on a de la chance d'avoir des très grands scientifiques
21:41qui ont pu montrer ce qui est en train de se passer. Mais ce n'est pas très audible. Les
21:46scientifiques sont très bons sur les sciences, beaucoup moins sur la communication. Et je pense
21:50qu'il y a un vrai travail à faire. Donc, pour revenir sur la CSRD, le point, pour moi, c'est
21:55surtout aller capter les bonnes datas qui vont permettre d'évaluer concrètement où on en est
22:00et mesurer une trajectoire. Le problème de la CSRD aujourd'hui, c'est 60% de textes, 10% d'hybrides
22:06textes et datas, et 30% de datas. Il faudrait qu'il y ait plus de datas. Donc, nous, on travaille
22:10vraiment sur le fait de rendre les datas les lisibles. Il nous reste une minute. C'est une
22:13dernière question qui est plus sur l'imaginaire. Notre responsabilité collective, nous médias,
22:20professionnels du cinéma, créer un imaginaire qui fasse rêver sur ce futur décarboné. Les films
22:28sont des bons leviers, d'après vous ? Ah oui, les films sont d'excellents leviers pour créer des
22:32imaginaires. D'ailleurs, les Américains, après la seconde guerre mondiale, ont investi très
22:36fortement dans Hollywood pour promouvoir leur culture et leur mode de vie. Donc oui, c'est un
22:41vecteur majeur de transition et de changement. Mais donc, il y a des films qui sont dans cet
22:48objectif. Ce n'est peut-être pas le premier objectif, mais c'est l'un des objectifs ? Alors,
22:51en tout cas, pas pour le CNC. Le CNC, il est là pour soutenir diversité de la création et liberté
22:56de la création. Mais vous avez des réalisateurs, vous avez des auteurs, vous avez des producteurs
22:59qui aujourd'hui réfléchissent à des films à impact et créent des films à impact. Si vous prenez,
23:04je peux le citer le dernier Nicolas Vannier, c'est le monde à l'envers. En fait, dès le départ,
23:09dès l'étape de l'écriture, il y a eu un objectif fort en matière, non seulement de production
23:15durable, mais de contenu à impact. Merci beaucoup à toutes les deux et à bientôt sur BeSmart.
23:21For Change, on passe à notre rubrique start-up tout de suite.
23:30Smart Ideas, notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables avec Stéphane Macmillan,
23:35bonjour. Bonjour. Bienvenue, vous êtes président co-fondateur de Bon Vivant,
23:39vous l'avez créé en janvier 2022 avec Hélène Briand et avec quelle idée ? Alors l'idée,
23:44c'est la suivante. En fait, d'ici quelques décennies, il va falloir nourrir 10 milliards
23:48de personnes. Et si on continue à les nourrir de la même manière qu'à l'heure actuelle,
23:53ça veut dire qu'il faudrait déboiser 1,8 milliard de plus de forêts. C'est un des chiffres parmi
23:57tous les problématiques auxquels on fait face. Donc évidemment, on comprend qu'il va falloir
24:00qu'on fasse différemment. Et donc nous, on s'est concentré sur les protéines de lait,
24:04qui sont une source essentielle d'acides aminés et de nutrition. Et donc on produit des protéines
24:10de lait, mais au lieu de passer par une vache et le lait, on produit directement la protéine
24:15par des micro-organismes. Ça s'appelle la fermentation de précision. Alors là,
24:18je veux bien qu'on rentre dans le détail parce que produire du lait sans vache, si je résume,
24:22c'est ça. Alors oui, je préciserais, on ne peut pas produire du lait. Le lait, c'est vraiment une
24:27matière très complexe. On produit que les protéines. D'accord. On a toujours besoin de
24:30des vaches pour le lait. Mais par contre, on peut faire les protéines directement. Comment
24:33vous faites ? En fait, c'est une technologie qui existe depuis très longtemps et qui est même dans
24:36notre quotidien. Si je vous prends des exemples, l'insuline pour les diabétiques, elle est faite
24:40comme ça. Donc c'est une molécule, l'insuline, une protéine qui est faite par fermentation de
24:44précision. Plus proche de nous, si on n'est pas diabétique, la vanilline, l'arôme de vanille qu'on
24:48a dans nos yaourts, par exemple, est faite comme ça. Nous, là où on innove, c'est qu'on est allé
24:52un peu plus loin, on le fait sur les protéines du lait. Donc en gros, c'est un micro-organisme
24:56avec lequel on va insérer le gène qui produit cette protéine. On va le faire fermenter et ensuite,
25:01on va récupérer la protéine. Elle est identique, du coup, à 100 %, à celle de la vache. Même
25:06nutrition, même apport, mais avec un impact environnemental qui est bien, bien moindre.
25:12Et qui sont vos clients ? C'est l'agroalimentaire qui utilise les protéines de lait ?
25:16Oui, nous, on est B2B. On est au service des industriels de l'agroalimentaire. On produit
25:23un ingrédient, ça finit par recevoir une poudre blanche, comme du lait séché. Et eux, ensuite,
25:30ils reformulent, c'est-à-dire qu'ils vont utiliser des matières grasses, différentes choses pour
25:34refaire un yaourt ou enrichir un yaourt existant déjà en protéines pour l'enrichir. Mais encore
25:40une fois, le but, c'est vraiment sur la partie environnementale de pouvoir avoir un impact
25:43bon environnemental. Alors justement, si on compare un peu, si on fait le bilan de l'impact
25:48positif de cette protéine de lait, il y a plein de critères, les émissions de gaz à effet de serre,
25:56la consommation d'eau. Enfin, j'imagine que vous avez fait le comparatif ? Oui, alors absolument,
26:00on l'a fait en partenariat avec une personne de l'INRA. Et donc, on a été la première,
26:04on appelle ça une analyse de cycle de vie du produit. Donc, c'est la première européenne
26:08qui a été publiée. Et surtout, c'est important qu'elle ait été revue par des pairs. Donc,
26:10vous savez, c'est-à-dire que c'est vraiment normiso, etc. C'est validé de l'extérieur. Et
26:16on arrive à des chiffres en effet. Donc, il y a une quinzaine de critères. Mais si on prend le gaz
26:19à effet de serre, on a moins 72 % en équivalent tonnes de CO2. Sur l'eau, on a moins 80, un peu
26:25plus de 80 %. Voilà, c'est normal. On passe d'un macro-organisme, une vache, à un micro-organisme.
26:30Donc, la consommation est bien plus faible. Idem pour la quantité de terres cultivables,
26:35de terres arables qui sont mobilisées. Là, on est sur un moyen de 99 %, et c'est normal,
26:40puisqu'en fait, une vache, il y a son nombre là où elle est. Mais en fait, surtout,
26:43elle est nourrie. Donc, il y a des céréales, etc. Donc, encore une fois, c'est plus, on en
26:49parlait, on en parle souvent avec nos potentiels clients. En fait, c'est vraiment avoir quelque
26:54chose de complémentaire. C'est-à-dire qu'on a la méthode conventionnelle, une vache qui fait du
26:58lait, c'est très bien. On a commencé à avoir les produits végétaux. Là, c'est la troisième
27:04brique qu'on peut amener. Donc, c'est un peu comme, on a le mix énergétique, il faut aussi
27:08qu'on ait un mix protéique. Donc, arriver à trouver comment on va se nourrir sans impacter
27:14trop fort notre planète. Alors, vous en êtes où là ? Vous allez fêter vos trois ans. Il y a eu
27:18une levée de fonds annoncée de 15 millions d'euros, c'était il y a un peu plus d'un an,
27:22c'est ça ? Oui, absolument. Donc, on est sur quelle stratégie ? Alors, on est sur une stratégie
27:26où la technologie est prête. Donc, nous, on est le seul acteur français européen qui fait des
27:34protéines. Donc, on appelle ça les protéines sériques. Il y a plusieurs types de protéines,
27:37on est sur les sériques. Les deux acteurs sont israéliens et un aux Etats-Unis. Donc, en tout,
27:42on n'est pas nombreux dans le monde. Et donc, la technologie étant prête, maintenant, on est en
27:46train de passer à l'échelle parce qu'évidemment, les volumes sont gigantesques. Donc là, on sait
27:50produire de l'ordre des kilos. Maintenant, il va falloir passer à la tonne. Ça, c'est l'enjeu.
27:55Et le deuxième enjeu, c'est tout simplement réglementaire puisqu'on est sur de l'alimentaire.
27:59Donc, on a déjà obtenu l'autorisation aux Etats-Unis et la prochaine étape,
28:03ça va être l'Europe et après d'autres pays. Merci beaucoup Stéphane McMillan d'être venu
28:08nous présenter votre entreprise. Bon vent à bon vivant, ça rime. Voilà, c'est la fin de ce numéro
28:13de Smart Impact. Merci à toutes et à tous de votre fidélité. À la chaîne des audacieuses et
28:18les audacieux. Salut !