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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce mardi, il revient sur la décision de Marine Le Pen de voter les motions de censure à l'encontre du gouvernement Barnier.

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Transcription
00:00Matin. L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro. Bonjour Alexi Breset. Bonjour Dimitri, bonjour à tous. Hier matin Michel Barnier a annoncé des
00:07concessions sur le prix des médicaments.
00:09Alors on s'est dit alors qu'un accord avec Marine Le Pen était proche, que le Premier Ministre peut-être échapperait à la censure.
00:14Il n'en a rien été. Que s'est-il passé hier, Alexi, entre Michel Barnier et Marine Le Pen ?
00:20Eh bien, il s'est passé quelque chose d'assez simple Dimitri, c'est que Marine Le Pen a fait brutalement,
00:27délibérément, le choix de la rupture.
00:30Michel Barnier lui a fait des concessions,
00:32tardives certes, mais enfin bien réelles. Elle les a refusées et à ce refus, on comprend qu'elle avait déjà fait le choix de le
00:40censurer.
00:41Alors on peut reprocher, c'est vrai, à Michel Barnier d'avoir cru trop longtemps que Marine Le Pen n'oserait pas passer à l'acte.
00:47On peut estimer que, passés les premiers jours de son installation, il n'a pas eu suffisamment d'attention pour les dirigeants du IRN.
00:54Tout cela est vrai, ça a sûrement compté. Mais enfin, dans la dernière ligne droite, Barnier a fait le job.
00:59Il a mis des concessions sur la table et puis pas négligeable, l'annulation de la surtaxation de l'électricité,
01:05des économies supplémentaires sur l'aide médicale aux étrangers, et puis enfin, pour finir, la fin du déremboursement de certains médicaments.
01:12C'était pas rien, il y en avait pour environ 5 milliards d'euros. Et puis, il n'y a pas que l'argent,
01:17il y a les formes, les égards dont soudain la patronne du IRN a été entourée, lundi matin toujours.
01:23Michel Barnier, qui ne l'avait jamais fait jusqu'ici, et c'est sans doute une partie du problème, a téléphoné à Marine Le Pen et il l'a fait savoir.
01:30C'était lui le demandeur. Et à l'issue, il a publié un communiqué pour préciser
01:36explicitement que c'est bien à Marine Le Pen et pas à d'autres qu'on devrait la fin du déremboursement.
01:41Enfin, Marine Le Pen, qui s'était beaucoup plaint qu'on la traite par-dessus la jambe, pouvait cette fois revendiquer devant ses électeurs une victoire
01:49officielle, signée,
01:51tamponnée sur papier en tête de l'hôtel de Matignon. Bref, on s'est dit qu'elle avait toutes les raisons d'accepter.
01:57Oui, sauf qu'elle a refusé.
01:58Et oui, on pensait qu'entre elle et lui, il y avait la possibilité d'un deal, mais dans les œuvres de Houellebecq, c'est
02:06anéantir qu'elle a choisi. La candidate à l'élection présidentielle aurait pu, et puis ça semblait du bon sens, prendre son gain.
02:12Elle aurait pu encaisser le bénéfice politique des concessions extorquées à Barnier, tout en faisant valoir
02:20son sens des responsabilités.
02:23Après cet épisode, elle serait apparue plus que jamais aux yeux des médias et de la gauche, qui s'en seraient indignés, comme la vraie patronne du
02:29gouvernement. Elle n'avait même pas besoin d'approuver le budget. Il lui suffisait de voter sa censure sans mêler ses voix à celles des amis de Jean-Luc Mélenchon.
02:38Au lieu de quoi,
02:40renonçant à cette quête de respectabilité,
02:42qui était au cœur de sa stratégie depuis si longtemps,
02:44elle joint ses suffrages à la motion de censure du NFP, qui reproche au gouvernement quoi ?
02:50De préparer des lois anti-immigration et d'être complice du
02:54Rassemblement National. Vous avez bien entendu, le RN va voter une motion de censure qui dénonce le RN.
03:00Comprenne qui pourra ?
03:01Justement, comment vous expliquez cela Alexis ?
03:03À ce revirement stratégique, il semble qu'il y a des motifs avoués et évidents. Revenir au centre du jeu,
03:10répondre à l'attente majoritaire des électeurs du RN,
03:14infliger une bonne leçon au parti traditionnel et aux futurs premiers ministres, qui dorénavant lui parleront sur un autre temps.
03:20Bien sûr, il y a tout cela.
03:21Mais il y a aussi autre chose dont on parle moins, et qui est là comme le motif caché dans le tapis, c'est l'actualité judiciaire.
03:30Marine Le Pen aurait-elle décidé de censurer Michel Barnier s'il n'avait pas été pris contre elle ? Les réquisitions auraient-elles
03:38disproportionnées ? Que l'on sait.
03:40Alors que le comte, à rebours de son inéligible
03:43est lancé, ne veut-elle pas au contraire prendre le calendrier judiciaire de vitesse en provoquant contre Emmanuel Macron
03:52l'emballement du calendrier politique ?
03:54Pour Marine Le Pen, le pari est sans aucun doute périlleux.
03:58L'ennui, c'est que pour la France, il ne l'est pas moins.
04:00L'édito politique sur Europe 1, merci Alexis Brézé et Alain Dufigaro.

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