Europe 1
  • il y a 2 mois
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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce jeudi, il revient sur le vote pour l'abrogation de la réforme des retraites qui n'a pas été suivi à l'Assemblée nationale.

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Transcription
00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Alexis Brezet.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:06Alexis, aujourd'hui normalement à l'Assemblée, la fameuse niche RN devait mettre au vote l'abrogation de la réforme des retraites, le texte de l'an dernier.
00:14Bon, finalement la grande bataille n'aura pas lieu, que s'est-il passé Alexis ?
00:18Et bien il s'est passé Dimitri, ce qu'avait annoncé Wally Bordas, le journaliste parlementaire du Figaro.
00:24Yael Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée, a retoqué, en invoquant la Constitution, les deux amendements RN qui prévoyaient de revenir aux 62 ans.
00:34La niche demeure, mais elle est vidée de son chien le plus méchant.
00:38Alors évidemment, du côté du RN, on hurle au scandale démocratique, au complot politique, on dénonce ce baillon imposé au premier parti de l'Assemblée.
00:46Et évidemment, du côté des adversaires du RN, on se réjouit bruyamment de ce camouflet infligé à Marine Le Pen, de l'humiliation politique cuisante essuyée par son mouvement.
00:57Et bien je vais vous dire, je ne suis d'accord ni avec les uns, ni avec les autres.
01:01Donc vous dites Alexis que ce n'est ni une manœuvre dirigée contre Marine Le Pen, ni une défaite pour le Rassemblement National ?
01:08Exactement Dimitri, ça n'est pas une manœuvre, parce que c'est l'application pure et simple de la Constitution,
01:13dont l'article 40 dispose que les parlementaires, par voie d'amendement, ne peuvent pas diminuer une ressource, ni créer ou aggraver une charge qui creuserait le déficit.
01:22Cet article 40, c'est un garde-fou contre la folie dépensière, qui est classiquement et régulièrement invoqué.
01:28En juin 2023, Yole-Brune-Pivelle avait actionné contre un autre amendement, un amendement d'abrogation de la réforme des retraites déjà, qui avait été déposé par le groupe Lyot.
01:39Et bien elle ne pouvait pas faire moins cette fois. Et je dirais heureusement, parce qu'il ne s'agit pas de quelques petits millions d'euros.
01:45La fin de la réforme de retraite, c'est un coût direct vertigineux d'au moins 30 milliards, sans compter les coûts indirects qui, au bas mot, doubleraient la facture.
01:55Songez que le déficit des régimes de retraite est responsable pour moitié de l'envolée de la dette publique depuis 2017.
02:03Et on voudrait creuser encore, alors que nous sommes sous surveillance étroite des marchés.
02:08Mais ce serait un cataclysme financier.
02:11De ce point de vue, Yole-Brune-Pivelle a rendu un fier service au pays.
02:16Mais peut-on dire que sa décision affaiblit le RN ? Il me semble là que ce serait aller un peu vite en besogne.
02:23Alors évidemment, les gaucho-lepénistes, les néo-chevenmentistes, les élus des circonscriptions très populaires du Nord de la France,
02:31ceux que représente assez bien Jean-Philippe Tanguy, tous ceux-là sont déçus.
02:35Mais les autres, ceux qui se sentent de droite et dont les électeurs viennent de la droite, les sudistes, les amis de Jordan Bardella,
02:42qui lui, assument de plus en plus franchement un discours libéral en matière économique,
02:47ceux-là, qui considèrent que l'abrogation de la réforme des retraites est une folie,
02:51sont immensément soulagés d'échapper aux pièges mortels de la mélanchonisation.
02:57Et dans cette affaire Marine Le Pen, où se situe-t-elle ?
02:59Elle hésite. Culturellement, historiquement, elle se reconnaît plutôt dans la ligne Tanguy.
03:05Elle ne se veut pas de droite, ni libérale, ni conservatrice.
03:09L'abrogation de la réforme des retraites, c'est un vieux tabou.
03:12Totem, pardon !
03:13Elle ne veut pas donner le sentiment de l'abandonner.
03:16Mais en même temps, elle voit bien que c'est à droite que l'entraîne la grande machine de la polarisation.
03:21Elle voit bien que c'est à droite aussi qu'est son électorat de conquête.
03:25Elle voit ce que lui a coûté hier et ce que risque de lui coûter demain l'hostilité des milieux économiques.
03:31C'est pas hasard si elle a fait alliance avec Éric Ciotti.
03:33Pas hasard non plus si pendant la discussion budgétaire, ses troupes, en séance publique,
03:39à l'inverse de ce qui s'était passé en commission,
03:41ont souvent affiché leur accord avec le Bloc central, contre les folies fiscales du NFP.
03:46Au fond, la présidente du RM aimerait ne pas choisir.
03:50Il faudra pourtant qu'elle le fasse fin novembre,
03:52quand elle effie à son tour, proposera, si ça passera la rampe, l'abrogation de la réforme des retraites.
03:57En attendant, elle savoure ce moment de répit,
04:00et puis, puisqu'il reste quelques petits chiens dans la niche,
04:04elle se délecte déjà de l'embarras de la droite et des macronistes
04:08qui tout à l'heure vont devoir voter contre la double peine et les peines planchées,
04:12ou bien voter pour, mais avec le Rassemblement national.
04:15L'édito politique sur Europe 1, merci Alexis Brézé.
04:17À la Lune du Figaro ce matin, les maires démunis face à l'explosion du narcotrafic.
04:21Grand reportage notamment au cœur de la bataille de l'Atlantique contre la drogue.
04:25À une semaine, la présentation à Marseille,
04:27par Bruno Retailleau de son plan de lutte contre les stups.
04:30On en parlera évidemment sur Europe 1. Merci beaucoup Alexis.