• il y a 9 mois
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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce jeudi, il revient sur la passe d'armes entre Gabriel Attal et Marine Le Pen dans l'hémicycle. Selon lui, à demi-mot, le Premier ministre a accusé l'opposition d'intelligence avec l'ennemi.
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Transcription
00:00 L'édito politique sur Europe avec le Figaro, bonjour Alexis Brezet.
00:05 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:07 Mardi à l'Assemblée, Gabriel Attal a lancé une vive attaque contre Marine Le Pen en lui lançant qu'il y avait lieu de se demander si les troupes de Vladimir Poutine ne sont pas déjà dans notre pays.
00:16 Je parle de vous et de vos troupes, Madame Le Pen, fin de citation.
00:20 Vous estimez Alexis que cette tirade de Gabriel Attal mérite que l'on s'y arrête ?
00:24 Oui, parce qu'il est quand même rare et sans précédent récent qu'un premier ministre accuse quasi explicitement le chef du premier parti d'opposition d'intelligence avec l'ennemi, parce qu'au fond c'est bien ça.
00:37 Alors qui sont ces troupes de Poutine dont parle Gabriel Attal ? Est-ce que sont les électeurs de Marine Le Pen ? Est-ce que sont ses élus ?
00:44 Dans un cas comme dans l'autre, l'accusation est grave et le plus surprenant est qu'elle vient, cette accusation, dans la bouche de Gabriel Attal qui, il y a un mois, nous expliquait que, à la différence d'Elisabeth Borne, il était prêt, lui, à travailler avec tout le monde, sans œillères ni exclusives, que l'arc républicain, pour lui, c'était tout l'hémicycle.
01:04 Et c'est le même qui aujourd'hui fait du RN le parti de l'étranger, allez comprendre.
01:09 Alors bien sûr, on peut voir derrière tout ça un certain embarras sur le fond. Il est vrai que l'exacte pensée d'Emmanuel Macron sur cette question d'envoi des troupes au sol est assez difficile à décrypter.
01:21 Stéphane Séjournet et Christophe Béchut qui s'y sont essayés n'ont, disons-le, pas vraiment brillé.
01:26 Mais je crois qu'il faut voir aussi dans cette charge préparer, calculer, assumer l'expression d'une stratégie politique qui sera celle du camp présidentiel jusqu'aux élections européennes et qu'on pourrait appeler la stratégie du grand méchant russe.
01:42 - Que voulez-vous dire Alexy ?
01:43 - Pour comprendre cette stratégie du grand méchant russe, il faut remonter à la campagne présidentielle de 2022.
01:50 En janvier de cette année-là, Emmanuel Macron est favori. Mais enfin l'affaire n'est pas vraiment gagnée, la bataille promet de disputer.
01:58 Et puis le 24 février 2022, c'est l'invasion de l'Ukraine par Poutine. Et là tout change.
02:04 L'émoi est considérable, c'est normal, on ne parle plus que de ça, c'est normal, et la campagne présidentielle est totalement gelée.
02:11 Mais le mieux pour Emmanuel Macron, c'est que des pans entiers de l'électorat, légitimement inquiets des dangers que Vladimir Poutine fait courir à la paix du monde,
02:21 abandonnent leurs candidats, Eric Zemmour, Valérie Pécresse, Anne Hidalgo, pour se réfugier sous l'étendard du président protecteur de la nation.
02:33 Et résultat, Emmanuel Macron est très largement élu, sans campagne, sans programme, sans coup fait rire, merci Poutine.
02:40 Et donc aujourd'hui, c'est logique, c'est réfléchi, et c'est d'ailleurs avoué par un certain nombre de ses proches.
02:46 Le président, dans cette campagne européenne, veut nous refaire le coup du grand méchant russe.
02:52 Alors comment ? D'abord en installant l'Ukraine au cœur de la campagne, d'où son intervention sur l'envoi des troupes au sol,
02:59 d'où aussi cette annonce cousue de fil blanc d'un grand débat parlementaire sur la question.
03:04 Et puis parallèlement, en poutinisant Marine Le Pen, dans l'espoir de mobiliser contre elle et autour de lui, l'électorat modéré.
03:12 Vous pensez que ça peut marcher ? Non, pas vraiment.
03:15 D'abord parce que les européennes ne sont pas la présidentielle.
03:18 Ensuite parce que l'angoisse collective n'est pas du tout aujourd'hui la même qu'en 2022.
03:22 On peut le regretter, mais enfin les esprits se sont détournés de la ligne de front ukrainienne.
03:26 Et puis enfin, troisième différence, parce que Marine Le Pen n'est pas Vladimir Poutine.
03:30 Alors on peut lui reprocher bien des choses, son programme, sa personnalité, la proximité qui fut longtemps la sienne avec le régime russe,
03:38 mais on ne fera croire à personne qu'elle serait la réincarnation française de l'autocrate du Kremlin.
03:44 Donc cette polarisation de tout le débat politique sur la personne d'une Marine Le Pen poutinisée, comme elle fut jadis diabolisée,
03:52 cette polarisation construite par Emmanuel Macron me semble vouée à l'échec et pour tout dire, contre-productive.
04:00 Écoutez cette phrase.
04:01 À vouloir surenchérir sur les extrémistes, Emmanuel Macron va finir par faire élire Marine Le Pen.
04:07 Vous savez qui dit ça dans Le Figaro ?
04:09 C'est Jean-Pierre Chevènement, un ami de la première heure du chef de l'État.
04:12 L'édito politique sur Europe 1, merci Alexis Brézet, je signale la une du Figaro, consacrée au cas Ursula von der Leyen.

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