Éric Coquerel (LFI), Marine Le Pen (RN), Boris Vallaud (Socialistes) et Laurent Wauquiez (LR) se sont exprimés dans le cadre des motions de censure déposées et en présence de Michel Barnier à l'Assemblée nationale.
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00:00Madame la Présidente, Monsieur le Premier ministre, Messieurs-dames les ministres, chers collègues, Monsieur le Premier ministre, nous faisons aujourd'hui l'histoire.
00:11Vous, parce que vous allez être le seul Premier ministre à être censuré depuis Georges Pompidou en 1962. Moi, parce que j'ai l'honneur de porter cette motion de censure.
00:23Ne voyez dans cette introduction ni de quoi adoucir votre déception, ni de quoi me glorifier. Simplement, je veux dire toute l'importance et la solennité de ce moment.
00:37J'apprécie tout le sérieux et l'ampleur de ce jour. Et je sens une responsabilité d'autant plus grande qu'à l'inverse de Georges Pompidou, la majorité de nos concitoyens
00:48n'est ni derrière votre gouvernement, ni encore moins derrière le Président qui vous a nommé à cette place. La majorité du peuple est bien derrière la motion que je porte.
01:01Au fond, cette motion va emporter votre gouvernement parce que vous n'avez jamais su déjouer la malédiction que vous a transmise le vrai responsable de cette situation, Emmanuel Macron.
01:13Cette malédiction, c'est l'illégitimité. Votre illégitimité absolue devant le suffrage universel. Vous qui êtes issu de la force politique parlementaire qui a eu le plus mauvais résultat aux élections législatives.
01:26L'illégitimité de la coalition qui était censée vous porter, et plus encore, l'illégitimité du programme économique et social puissamment rejeté par les Françaises et Français en juillet 2024.
01:42Ce même programme que vous aurez vainement tenté de perpétuer, puisque telle était la mission pour laquelle vous aviez été choisi, vous minoritaire, par un Président lui aussi minoritaire.
01:53Votre échec était annoncé et il fut finalement cuisant. En témoigne le budget de la Sécurité sociale transformé par les amendements du nouveau Front Populaire qui ont été adoptés contre votre gré.
02:06Mais vous avez esquivé son adoption en jouant la montre, car elle est la dernière arme des gouvernements faibles.
02:11Par ailleurs, le débat sur le budget de l'État, déserté par vos troupes, a eu lieu en présence de seulement 20 à 30 députés de votre socle présumé commun qui s'est révélé un dernier bataillon en déroute.
02:26Ce socle fissuré fut incapable d'éviter l'adoption des amendements de justice fiscale et sociale portés par le NFP. Un budget transformé contre lequel vous te seules parades, putussis non la montre, mais l'appui du Rassemblement National.
02:41Cette illégitimité provoque votre chute aussi, car vous n'avez pas tenu vos engagements.
02:47Vous disiez que vous respecteriez le Parlement après le record de 49.3 déclenché par les gouvernements précédents pour expédier une politique déjà minoritaire.
02:56Nous ne vous avions pas cru, d'où notre motion de censure en octobre. La suite a montré que nous avions eu raison.
03:03Vous avez montré que les seuls compromis que vous étiez prêts à admettre étaient ceux négociés avec vous-même.
03:11Vous n'avez même pas esquissé le moindre mouvement en faveur des amendements adoptés dans cette Chambre, ni dans le budget de la Sécurité Sociale,
03:18où pourtant nous réglions une grande partie des déficits des comptes sociaux en faisant, par exemple, cotiser les dividendes,
03:24ni dans le budget de l'Etat, où pourtant nous apportions 56 milliards d'euros en revenant sur les cadeaux fiscaux faits éhontément aux ultra-riches et aux très grandes entreprises depuis 2017.
03:36Or, ces recettes supplémentaires permettaient d'éviter d'augmenter les taxes sur l'électricité ou de pénaliser le pouvoir d'achat des actifs et des retraités.
03:46Et ces recettes permettaient aussi de réduire le déficit en dessous de 3%, ce qui libérait directement des marges de manœuvre pour investir dans l'écologie, l'éducation, la santé.
03:57Voilà le résultat que vous avez évacué d'un revers de main. Ce résultat adopté grâce au NFP s'avérait pourtant largement préférable à la soeur et aux larmes que vous promettez aux Français,
04:09au détriment de l'activité économique et de la bifurcation écologique. Pire, vous avez finalement tenté des compromis, mais avec l'extrême droite.
04:20Ce rassemblement national que vous avez privilégié en violation du barrage républicain qui s'est exprimé majoritairement en juillet dernier.
04:28Ce barrage dont vous auriez à minima, M. le Premier ministre, dû être le garant. Mais cette compromission n'empêchera pas votre chute.
04:35Vous chuterez de surcroît dans le déshonneur puisque vous étiez même prêts à remettre en question l'aide médicale d'Etat.
04:43Jusqu'au bout vous-même, où vos ministres, comme M. Retailleau hier en déquestion gouvernement, auraient invoqué des valeurs communes avec l'extrême droite afin d'éviter que ces députés ne votent la censure.
04:55Cette aspiration à un front réactionnaire est une insulte vis-à-vis de tous les électeurs qui ont permis à vos maigres soutiens de siéger encore dans cette chambre pour faire barrage.
05:06Vous vous inscrivez ainsi dans cette tendance qui voit dans beaucoup d'autres pays les partisans du néolibéralisme et du marché s'accorder avec l'extrême droite, s'approprier ses idées et mettre en oeuvre son programme.
05:19Illégitime, vous l'êtes aussi parce que vous avez refusé d'entendre, après le puissant message du mouvement social de 2023, l'écrasante majorité qui veut l'abrogation de la réforme des retraites.
05:30Cette volonté qui s'est exprimée de nouveau en juin dans les urnes. Comme les vôtres ont contourné le refus des Français du traité considéré européen en 2005, vous avez aujourd'hui considéré que le peuple avait tort puisque vous estimez avoir toujours naturellement raison.
05:49Cette illégitimité remonte à ce passage en force contre la population exigé par le président de la République.
05:56Hier par le 49.3 du gouvernement Borne, aujourd'hui par l'obstruction parlementaire organisée par votre gouvernement pour éviter l'abrogation.
06:06Ce mépris explique le crépuscule qui tombe sur l'avenir politique du président et dans l'immédiat sur le vôtre.
06:14Comme certains de mes collègues ici l'ont fait, je vais vous raconter, chers collègues, mon rapport personnel à l'âge de départ à la retraite.
06:23Marcel Mercier était mon grand-père maternel, ouvrier chez Michelin dans la banlieue parisienne. Il part à la retraite en 1969 à l'âge de 65 ans.
06:32Il rejoint son pays natal, le pays rouennais. Mais il meurt 6 mois après. En 1980, la gauche arrive au pouvoir et abaisse l'âge de la retraite à 60 ans.
06:41Or, je n'ai jamais pu m'ôter de l'esprit le fait que mon grand-père aurait eu le droit de vivre heureux au moins 5 années supplémentaires.
06:50Ces histoires-là, chers collègues, nous les partageons par millions en France. Et nous sommes beaucoup à penser que la question n'est pas de travailler jusqu'à l'épuisement,
06:59mais bien le droit de profiter en bonne santé de ces années de vieillesse. Ce choix, il appartient aux travailleuses et aux travailleurs.
07:09Et ils disent qu'ils aspirent à un meilleur partage de la valeur plutôt que de travailler deux années de plus. Voilà ce que vous n'avez pas compris.
07:17Car les salariés estiment, par exemple, que deux ans de vie valent largement 0,15% de cotisation en plus pendant 7 ans. Ainsi, nous pourrions garantir l'équilibre du régime.
07:27Or, à cette préférence, vous n'avez rien d'autre à opposer que les éléments de langage du MEDEF et des fonds de pension désireux de mettre la main sur ce pactole.
07:36Ce serait, M. le Premier ministre, une raison déjà suffisante pour vous censurer.
07:41Enfin, arrêtez ce mauvais coup porté au pays qui consiste à dire, après moi, le déluge. Le chaos est déjà là. Il est politique, économique et social.
07:54Ce n'est pas la politique économique que nous voulons qui explique les chiffres catastrophiques du déficit, les plans de licenciements massifs,
08:01le chômage qui remonte, l'incapacité à faire face aux besoins en matière d'investissement écologique. C'est votre politique économique et fiscale
08:10qui a consisté à appauvrir le pays au bénéfice des ultra-riches et du capital, et pour le plus grand malheur du reste du pays.
08:19C'est pourquoi la censure populaire se fait chaque jour plus vivre, celle des agriculteurs, des taxis, des salariés de champs, des soignants et demain des enseignants.
08:30Votre navire prend l'eau, la colère monte. Cette politique échoue ici et partout en Europe. Il est donc vital de rompre avec elle.
08:39Le chaos est déjà là et il n'interviendra pas avec votre chute. Si le budget de la Sécurité sociale n'est pas adapté, on appliquera celui en cours.
08:48Les cartes vitales fonctionneront toujours et les retraites seront même indexées sur l'inflation, ce qui bénéficie aux retraités,
08:56sans compter que rien n'empêchera un gouvernement de déposer un nouveau budget de la Sécurité sociale.
09:02Et après votre chute, il y aura tôt ou tard un budget pour l'État. Arrêtez de faire croire que la lumière s'éteindra.
09:10La loi spéciale évitera toute shutdown. Elle permettra de passer la fin de l'année en décalant de quelques semaines l'examen du budget pour 2025.
09:18Et contrairement à votre propagande, cela ne fera pas payer d'impôts de plus aux Français puisque cette loi n'aura pas vocation à durer plus de quelques semaines.
09:28Il existe une meilleure solution qui respecterait le suffrage universel. Nommez un gouvernement NFP qui pourrait avantageusement amender le budget,
09:35qui reviendra le 18 décembre à l'Assemblée. Il pourrait reprendre tous les amendements qui avaient sous-trouvé une majorité ici même.
09:42Il lui restera alors deux semaines pour essayer de faire passer la partie recette avant fin décembre comme la loi l'y oblige.
09:48Mais il semble que le chef de l'État ne veuille toujours pas de cette solution qui contredit les fondements de sa politique au service de la finance.
09:54Voilà pourquoi se posera à nouveau et rapidement la question de la sortie de cette impasse. Cette sortie de crise passera par le suffrage populaire.
10:01Elle ne pourra tant que juillet et doit concerner le responsable de tous ces chaos, j'ai nommé le Président de la République.
10:08Aujourd'hui, nous votons la ceinture de votre gouvernement, mais plus que tout, nous sonnons le glas d'un mandat, celui du Président.
10:15Collègues, notre main n'a pas à trembler. Je vous incite à censurer ce gouvernement en ce jour. Ouvrons un avenir, la promesse d'une ombre après le crépuscule.
10:25Merci beaucoup.
10:41Merci beaucoup. La parole est à présent à Mme la Présidente Marie-Hélène Le Pen pour le Rassemblement National.
10:55Pour une durée de 15 minutes.
11:07Madame la Présidente, M. le Premier ministre, Mesdames et Messieurs les ministres, chers collègues.
11:13Allez, silence, s'il vous plaît, s'il vous plaît.
11:16Nous voilà arrivés au moment de vérité, un moment parlementaire inédit depuis 1962 qui va sceller, selon toute vraisemblance, la fin d'un gouvernement éphémère, un gouvernement de circonstances et finalement d'apparence.
11:30M. le Premier ministre, dès votre nomination à Matignon, le Rassemblement National avait fait un choix responsable, transparent et loyal.
11:40Vous prendre au mot lorsque vous vous disiez prêt à construire un texte garantissant, je vous cite, des dépenses maîtrisées, un effort juste et une France souveraine.
11:48Et à tenir compte des attentes légitimes de nos 11 millions d'électeurs pour atteindre ces trois objectifs.
11:56Nous avons voulu croire manifestement à tort que vous ne seriez pas le simple continuateur d'un système rejeté lors des dernières élections,
12:05mais un bâtisseur sincère, conscient des souffrances du pays, capable d'appréhender les nouveaux équilibres politiques
12:09et de rendre enfin la parole à ces millions de Français ignorés comme effacés de l'esprit des gouvernants.
12:15Mais au fil de ces trois petits mois, il est apparu que vous étiez en réalité à la tête d'un gouvernement dépourvu de toute assise démocratique,
12:23y compris au cœur de votre soi-disant socle commun, un socle par ailleurs miné par les ambitions personnelles et les manœuvres de couloirs qui le rongent.
12:34L'Assemblée nationale va très vraisemblablement censurer dans quelques minutes cette illusion d'optique.
12:42Vous vous êtes dit surpris de cet épilogue.
12:46Ce qui est surprenant dans cette affaire, c'est la surprise d'un Premier ministre
12:50qui sait mieux que nous que c'est dans ses rangs que l'intransigeance, le sectarisme et le dogmatisme
12:56lui ont interdit la moindre concession, ce qui aurait évité ce dénouement.
13:04Monsieur le Premier ministre, vous avez fait le choix de prolonger l'hiver technocratique
13:10dans lequel est plongée la France depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017.
13:16La déconnexion des attentes démocratiques, la verticalité des décisions,
13:20le refus des consultations et des compromis, en somme le respect de la volonté du peuple français
13:26en matière migratoire, sécuritaire ou fiscale ou en matière de construction européenne
13:32et ce malgré les résultats sans appel des élections de juin et juillet derniers.
13:38Rien d'étonnant dans ces conditions à ce que ce budget s'inscrive dans la continuité
13:42des cinquante derniers qui l'ont précédé, des budgets de déficit chronique et de gaspillage
13:46qui ont porté notre dette à un niveau jamais atteint, 3 300 milliards,
13:51dont la facture est invariablement présentée au français sommet d'éponger ses errements.
13:57Depuis 50 ans, la France a perdu le contrôle de ses finances publiques.
14:02Elle s'est rendue prisonnière de ces budgets qui aubertent désormais son avenir,
14:06celui de nos enfants et même de nos petits-enfants.
14:10Ils n'ont pas seulement découragé le travail, mais la création de richesses,
14:14pas seulement la volonté d'entreprendre, mais la possibilité de le faire.
14:18Ce budget ne s'inscrit pas seulement à la France, il prend en otage les français
14:23et singulièrement les plus vulnérables, les retraités modestes, les personnes malades,
14:28les travailleurs pauvres, les français considérés comme trop riches pour être aidés,
14:33mais pas assez pauvres pour échapper au matraquage fiscal.
14:37Ces français qui se posent tous une unique question,
14:44où va l'argent ? Car comme nous, ils constatent cet extravagant paradoxe.
14:52Toujours plus d'impôts et pourtant toujours moins de services publics,
14:58toujours moins de protection sociale.
15:02Dans ce contexte de crise budgétaire et institutionnelle,
15:06nous vous avons proposé un contre-budget traduisant cinq choix politiques clairs.
15:13Rendre du pouvoir d'achat aux français, défendre les entrepreneurs,
15:17lutter contre les rentes, la spéculation et la fraude,
15:21dégraisser l'Etat et le recentrer sur ses missions régaliennes,
15:25stopper les dépenses contraires à la volonté populaire.
15:30Vous avez refusé jusqu'au bout de retenir, ne serait-ce qu'une partie raisonnable
15:35mais essentielle de ces mesures, pourtant détaillées et chiffrées.
15:40Vous n'avez apporté qu'une seule réponse, l'impôt, l'impôt, toujours l'impôt.
15:4640 milliards d'impôts nouveaux, dont 20 milliards pour les entreprises.
15:57Ce n'est pas le Rassemblement national qui a qualifié votre budget de récessif,
16:03ce sont les milieux économiques.
16:06Vous avez même refusé de soutenir l'indexation des retraites sur l'inflation,
16:10une mesure qui, il y a quelques mois, était un marqueur,
16:13voire une ligne rouge du soi-disant socle commun.
16:17En fait, les seules lignes rouges qui ont été abandonnées depuis trois mois,
16:21ce sont finalement celles de vos députés.
16:24Je voudrais rafraîchir ici, d'ailleurs, la mémoire de certains d'entre eux,
16:30car ils semblent comme frappés d'amnésie générale.
16:34Messieurs Wauquiez et Attal, au hasard,
16:39qui, pêle-mêle, nous affirmaient qu'il y aurait une règle d'or
16:43pour revaloriser chaque année les retraites à hauteur de l'inflation,
16:47ou qu'il n'y aurait aucune augmentation d'impôts pour les Français.
16:51Le tout a été admirablement résumé par l'une de vos députés,
16:55devenue depuis ministre de votre gouvernement.
16:58Hausse d'impôts, disait-elle, diminution des retraites,
17:01aggravation du déficit public, ça, pour le coup,
17:04on l'a dit très vite au président de la République,
17:07c'est le déclenchement de la censure.
17:10Mais le budget que nous rejetons aujourd'hui
17:17ne fait pas que renier vos promesses.
17:20Il ne comporte ni cap ni vision.
17:23C'est un budget technocratique qui continue à dévaler la pente
17:27en se gardant bien de toucher au totem qu'est l'immigration hors contrôle,
17:32en s'abstenant de s'attaquer à la vie chère,
17:35en métropole comme en Outre-mer,
17:38en refusant de s'attaquer aux causes
17:41plutôt que de parler des conséquences
17:44de la vertigineuse glissade sécuritaire et criminelle que connaît le pays.
17:49Permettez-moi de m'arrêter un instant sur les Outre-mer,
17:54si chère à mon cœur.
17:57Manifestement, vous n'avez pas pris la mesure de leur désespoir.
18:01Crise sociale due à la vie chère, accès à l'eau potable,
18:05insécurité et immigration clandestine,
18:08sur tout cela vous n'avez rien entrepris.
18:11Le budget que nous rejetons aujourd'hui
18:14apparaît clairement comme le contraire d'une politique pensée et pesée.
18:18Il n'est qu'une comptabilité froide,
18:21issue de logiques bureaucratiques,
18:24de choix d'habitude ou de routine dépensière,
18:27sans se soucier des postes et des personnes,
18:30en ayant à l'esprit que le mandat que nous ont confié nos électeurs
18:33est le sens de l'intérêt national.
18:36Nous avions éclairé le chemin qui mène aux compromis avec trois balises.
18:39Immigration, pouvoir d'achat, sécurité.
18:43Ces balises, le gouvernement n'a pas voulu les voir,
18:46comme s'il était pour lui déshonorant
18:49de chercher en ces circonstances les voies de la conciliation nationale.
18:53Les petits pas qu'il a timidement et très tardivement tentés
18:58ne peuvent s'appeler des concessions,
19:01ce sont des miettes.
19:03Je le déplore, mais c'est ainsi.
19:06Alors, à ceux qui me croient animés
19:10de l'intention de choisir par un vote de censure
19:13la politique du pire,
19:15je veux leur dire que la politique du pire
19:19serait de ne pas censurer un tel budget,
19:22un tel gouvernement, un tel effondrement.
19:27La France aura un budget,
19:32car comme nous l'avons rappelé,
19:34nos institutions nous permettront de voter au plus tôt
19:37avec un nouveau gouvernement des lois de finances pour 2025.
19:41Et d'ici là, une loi spéciale que nous voterons évidemment
19:45permettra à l'Etat de continuer à percevoir l'impôt
19:48et d'exécuter les dépenses publiques indispensables
19:51à la continuité de la vie nationale.
19:53En revanche, nous lui évitons la prolongation
19:56des tragiques erreurs économiques et fiscales du passé.
19:59Nous permettons par notre défense de l'intérêt national
20:02un rebours de 40 ans de politique économique toxique
20:05dont vous êtes le continuateur d'éviter le chaos.
20:09Que l'on soit juste, la dissolution,
20:12nous la devons à la rupture profonde et ancienne
20:15entre la volonté du peuple et les réalisations de leurs dirigeants.
20:19La censure est la conséquence
20:21non seulement des manœuvres électorales,
20:23des élections législatives
20:25qui ont privé la France d'une majorité de gouvernement,
20:29mais également du chantage de votre propre minorité
20:34qui vous a interdit de trouver les voies de passage
20:36avec vos oppositions,
20:38ce qui est pourtant le fondement de la démocratie.
20:42Enfin, la situation de notre pays,
20:44nous la devons aussi à un président
20:47qui s'est ingénié sans discontinuer
20:49à déconstruire tout ce qu'il pouvait.
20:52Le quai d'Orsay, la préfectorale, la police judiciaire,
20:56le droit à la retraite, l'assurance chômage, la SNCF,
21:00la souveraineté nationale, les fleurons de notre industrie
21:03et cette liste n'est pas exhaustive.
21:06Emmanuel Macron s'est attaqué depuis 7 ans
21:08à tous les murs porteurs de l'Etat et de la nation
21:11et a terriblement affaibli la fonction présidentielle,
21:15clé de voûte de l'édifice institutionnel français.
21:19Parce qu'une logique constitutionnelle le commande,
21:23en attendant que le peuple reprenne la parole et la main,
21:27c'est au chef de l'Etat et à lui seul qu'il appartiendrait
21:31de sortir le pays de cette pathétique ornière.
21:35Je le dis ici, j'ai trop de respect pour la fonction suprême,
21:39de déférence à l'égard de nos institutions,
21:42de révérence vis-à-vis du suffrage universel
21:45pour participer à une quelconque entreprise,
21:48même parlementaire, de demande de destitution.
21:52Je laisse cela aux tchégévaristes de Carnaval
21:55qui sans nul doute se reconnaîtront.
22:05C'est à l'intéressé lui-même de conclure
22:09s'il est en mesure de rester ou pas.
22:12C'est à sa conscience de lui commander
22:15s'il peut sacrifier l'action publique et le sort de la France à son orgueil.
22:19C'est à sa raison de déterminer
22:22s'il peut ignorer l'évidence d'une défiance populaire massive
22:26que dans son cas je crois définitive.
22:29S'il décide de rester, il sera contraint de constater
22:32qu'il est le président d'une république
22:35qui n'est plus tout à fait par sa faute la cinquième.
22:38Il devra se résoudre enfin
22:41au respect de l'Assemblée nationale élue,
22:44au respect de tous les citoyens sans exception
22:47et évidemment au respect des logiques démocratiques.
22:50Alors mes chers collègues,
22:53aujourd'hui où la censure nous apparaît comme une nécessité
22:56pour mettre fin au chaos, pour éviter au français un budget
22:59dangereux, injuste et punitif qui de surcroît
23:02aggrave les déficits, les institutions nous contraignent
23:05à mêler nos voix à celles de l'extrême gauche.
23:08Ce n'est pas de gaieté de cœur
23:11que nous le faisons,
23:14tant les idées de l'extrême gauche et de la gauche extrémisée
23:17sont dévastatrices pour l'unité, la sécurité
23:20et la prospérité du pays,
23:23et tant leur comportement est terriblement éloigné
23:26de l'idéal français et du respect de nos institutions.
23:29Ces mêmes institutions nous contraignent aujourd'hui
23:32à utiliser le NFP comme un simple outil
23:35pour éviter l'application d'un budget toxique.
23:46Mais contrairement à ce que vous avez fait en juin dernier,
23:49nous, nous ne les envisagerons jamais
23:52comme des alliés,
23:55car les français,
23:58les français,
24:01les français n'oublieront pas
24:04que si tant de députés insoumis
24:07siègent sur ces bancs,
24:10c'est grâce au désistement des candidats macronistes et LR.
24:13Si tant de députés macronistes et LR
24:16siègent sur ces bancs,
24:19c'est grâce au désistement de candidats insoumis,
24:22n'est-ce pas, monsieur Wauquiez ?
24:28Quoi qu'il advienne,
24:31le RN se tiendra prêt
24:34pour ouvrir au pays la voie du redressement qui l'attend.
24:37C'est la vocation même de la France d'ailleurs
24:40de renouer avec le sursaut et la grandeur.
24:43Je veux dire à ceux qui souffrent
24:46et qui désespèrent que le temps n'est plus très loin
24:49avant que ne se profite la grande alternance,
24:52cette grande alternance que nous appelons de nos voeux
24:55le français de délivrance.
24:58Ce jour viendra bientôt, peut-être très vite.
25:01Ce sera là le véritable choc d'espérance qu'attend la France.
25:04Je vous remercie.
25:25Merci beaucoup.
25:28La parole est à présent à monsieur le Président Boris Vallaud
25:31pour le groupe socialiste.
25:34Madame la Présidente, monsieur le Premier ministre,
25:55mesdames et messieurs les ministres, chers collègues,
25:58c'est avec gravité que je me présente devant vous
26:02dans un sentiment mêlé de colère,
26:05de déception, d'inquiétude
26:08et avec une totale incompréhension.
26:11Au moment de la constitution de votre gouvernement,
26:14vous aviez annoncé une nouvelle méthode,
26:17revendiqué une culture, celle du compromis
26:20et fait la promesse de la concertation.
26:23Vous nous aviez également assuré au moment de son dépôt
26:26que votre projet de budget de la sécurité sociale
26:30Nous vous avons pris au mot, soucieux de l'intérêt général,
26:33de l'intérêt de la France et des Français,
26:36désireux de faire vivre ce parlementarisme
26:39auquel nous sommes attachés.
26:42Dans la fidélité aux engagements pris devant nos électeurs,
26:45nous avons, avec les groupes écologistes ZDR et de la France Insoumise,
26:48mais également en quelques autres occasions avec d'autres,
26:51voulu améliorer votre budget de la sécurité sociale
26:54en partant des besoins des Françaises et des Français,
26:58exonérer les classes populaires, les malades et les retraités
27:01des efforts d'économie demandés, soutenir l'hôpital à la peine
27:04et les hôpitals exempts avec des ressources nouvelles,
27:07faire de la prévention une priorité
27:10pour améliorer durablement la santé des Français,
27:13répondre enfin aux défis du grand âge
27:16alors que nous attendons depuis huit ans une loi jamais présentée.
27:19Nous avons en commission
27:22et dans cet hémicycle défendu ce chemin,
27:25cherchant pas à pas des compromis
27:28et posant devant chaque dépense nouvelle
27:31ou chaque économie que nous récusions
27:34des prélèvements sociaux justes, équilibrés,
27:37efficaces sur le plan sanitaire, économique, social.
27:40Vos prédécesseurs, il faut le dire,
27:43vous ont privé de 40 milliards de cotisations par an depuis 2017.
27:46Monsieur le Premier ministre,
27:49à aucun moment vous nous avez laissés améliorer votre projet.
27:53Il est injuste et inefficace.
27:56Il fait payer les malades, appauvrit les retraités,
27:59fragilise l'hôpital et ne prépare pas le pays
28:02au défi de la société du vieillissement.
28:05Vous nous avez refusé la possibilité d'aller au bout de son examen
28:08et êtes demeuré obstinément sourd
28:11aux propositions encore formulées lors de la CMP.
28:14Nous n'avons jamais, pour ce qui nous concerne,
28:17été dans le doute ou rien.
28:20Vous n'êtes entré en dialogue avec l'opposition de la gauche
28:23et des écologistes,
28:26ni n'avez donné suite à aucune de nos propositions,
28:29que ce soit à l'occasion du débat parlementaire que vous avez déserté,
28:32ni à la suite des courriers que nous vous avons adressés
28:35et de nos récents réponses,
28:38ni lors de notre récente entrevue à votre invitation pourtant.
28:41Lors de cette entrevue, vous avez eu cette confidence saisissante.
28:44Je connais vos propositions,
28:47certaines sont intéressantes,
28:50mais je ne peux pas prendre le risque de fracturer mon socle commun.
28:53Toute votre énergie était donc consacrée
28:56à apaiser les ambitions de M. Attal,
28:59à contenter M. Wauquiez,
29:02à vous assurer de la bienveillance de Mme Le Pen.
29:05Je comprends que c'est d'abord entre eux et avec eux
29:08qu'il vous a fallu trouver des compromis.
29:11Cette motion de censure,
29:14c'est d'abord votre échec,
29:17l'échec de la méthode Barnier.
29:20Elle n'aurait été en définitive qu'un bruit qui court.
29:23Mais il y a plus grave.
29:26Le 7 juillet dernier, des femmes et des hommes,
29:29unis dans l'idéal d'une République laïque, sociale, fraternelle,
29:32et pris de justice et de démocratie,
29:35comme à chaque fois que l'histoire l'exige,
29:38se sont retrouvés pour défendre l'essentiel
29:41de l'extrême-droite au pouvoir.
29:44Les députés, vous, chers collègues,
29:47élus par l'élan démocratique de ce Front républicain,
29:50n'étiez tenus que par une seule promesse,
29:53une seule loyauté, un seul engagement,
29:56ne rien céder à l'extrême-droite.
29:59Pourtant, M. le Premier ministre,
30:02c'est avec le seul Rassemblement national
30:05que vous avez engagé des discussions,
30:09c'est d'aux plus viles obsessions de l'extrême-droite,
30:12une nouvelle loi immigration après la débâcle politique et moral
30:15de l'an dernier, et une réforme de l'aide médicale d'État.
30:18Pendant des semaines,
30:21et hier soir encore à la télévision,
30:24vous êtes enfermés dans un tête-à-tête humiliant avec elle.
30:27M. le Premier ministre,
30:30il est manifestement devenu plus convenable
30:33de parler avec l'extrême-droite qu'avec la gauche,
30:37et nous ne pouvons nous résoudre à cela
30:40comme nous ne pouvons nous résoudre à la trahison du Front républicain
30:43qui justifie à elle seule cette motion de censure.
30:46Et je m'adresse à vous, collègues du socle commun,
30:49n'êtes-vous vraiment pour rien dans ce qui se joue ?
30:52Cette censure ne s'en tépoue pas,
30:55qu'elle est aussi la vôtre, la censure de votre désertion,
30:58la censure de votre silence, la censure de votre défense obstinée
31:01d'une politique qui a échoué
31:04et que les électeurs ont rejetée.
31:07Vous n'avez été définitivement que dans la défense du bilan,
31:10tout le bilan, rien que le bilan d'Emmanuel Macron.
31:13Cette motion de censure,
31:16ceux qui la déposent,
31:19prennent en effet la responsabilité
31:22d'affirmer leur capacité de gouverner.
31:25Et nous revendiquons à gauche
31:28de gouverner et de nous engager
31:31sur les chantiers prioritaires que nous avons défendus
31:34avec le Nouveau Front Populaire devant les électeurs.
31:37Mais je sais aussi que le vote des Français
31:40n'a pas destiné de majorité au sein de l'Assemblée.
31:43Nous en avions même pris acte en août dernier dans un courrier
31:46signé par l'ensemble des présidents du Nouveau Front Populaire
31:49auquel vous n'avez jamais répondu.
31:52Nous nous faisions déjà les garants d'une nouvelle méthode
31:55et de la recherche de majorité texte par texte.
31:59Un chemin de dialogue et d'action concrète
32:02avec les seules forces républicaines,
32:05ce chemin que le Premier ministre n'a pas trouvé.
32:08C'est le contrat, je le dis, qui nous lie à nos électeurs
32:11qui espèrent de la gauche un changement dans leur vie.
32:14Je pense aux chômeurs, aux sacrifiés des plans sociaux qui viennent,
32:17aux agriculteurs, aux artisans, aux travailleurs précaires.
32:20Je pense aux chômeurs, aux jeunes, aux familles
32:23en grande difficulté accablées par votre budget,
32:26aux fonctionnaires, aux enseignants, aux soignants
32:29dont les conditions de travail vont se dégrader,
32:32à tous ces Français modestes d'Hexagone et de l'Outre-mer
32:35qui peinent à envisager l'avenir écrasé par le poids du quotidien,
32:38aux classes populaires qui ont conscience de leurs intérêts,
32:41qui ne peuvent se payer le luxe
32:44d'attendre la délivrance d'une hypothétique nouvelle élection,
32:47qui savent qu'un pas en avant
32:50vaut mieux que mille programmes
32:53et préfèrent l'action même imparfaite au verbe s'il est impuissant.
32:56Un Premier ministre de gauche
32:59conduisant la politique de la nation
33:02en cohérence avec la volonté de changement
33:05des électeurs qui nous ont fait confiance
33:08et une Assemblée qui cherche des compromis
33:11et les majorités les plus larges autour de quelques priorités
33:14pour répondre à l'urgence et aux attentes des Français.
33:17C'est cela que nous appelons un accord de non-censure pour gouverner 149-3.
33:20Nous pouvons convenir ensemble,
33:23tout président de groupe ayant bénéficié du Front républicain
33:26d'un accord de méthode pour y parvenir.
33:29C'est une constriction politique difficile, je le sais,
33:32mais c'est la seule possible et raisonnable devant nous.
33:35Mes chers collègues, le pouvoir n'est plus à l'Elysée,
33:38le pouvoir n'est plus à Matignon,
33:41le pouvoir est ici, à l'Assemblée nationale.
33:44Et ceux qui, comme moi, définitivement, croient au Parlement,
33:47à ceux qui espèrent du réveil démocratique,
33:50à ceux qui espèrent d'une sixième République,
33:53je le dis, la voici.
33:56Oui, nous pouvons changer de budget, changer de Premier ministre
33:59et changer la vie, et trouver un chemin pour cela.
34:02Je crois dans le génie de la démocratie,
34:05mais elle a besoin de démocrates sincères,
34:08de républicains ardents.
34:11Elle a besoin de parlementaires adultes,
34:14de parlementaires qui vocifèrent, je le dis avec gravité.
34:17Cette censure est un appel aux sursauts moraux.
34:20La majorité de compromis que vous avez voulu
34:23s'est transformée en un sinistre gouvernement
34:26de connivence avec l'extrême droite
34:29que vous subissez et qui, désormais, vous achève.
34:32A tout républicain authentique,
34:35le prix à payer est devenu beaucoup trop élevé.
34:38Le choix qui est devant vous
34:41est désormais clair.
34:44Préférez-vous négocier avec une gauche au pouvoir
34:47que certains jugent imparfaite,
34:50mais avec laquelle vous partagez la plupart des combats républicains
34:53ou continuez-vous à courber les chines
34:56aux injections de Madame Le Pen ?
34:59Que préférez-vous, la laisse et le bâton du Rassemblement National
35:02ou la responsabilité républicaine
35:05au prix de négociations parlementaires exigeantes ?
35:08Nous vous demandons d'être à la hauteur de la France
35:11et d'entendre les aspirations à la fraternité du pays.
35:14Chers collègues, la stabilité, ce n'est pas de continuer
35:17de livrer le gouvernement au maître chanteur de l'extrême droite.
35:20Le bon sens, ce n'est pas de régler la crise budgétaire
35:23en poursuivant la politique qu'il a mise en cause.
35:26Cette motion de censure n'est pas une fin en soi.
35:29Notre responsabilité est de présenter une issue et des solutions.
35:32Je les ai esquissées.
35:35Les socialistes y prendront leur part.
35:38Nous pouvons, sur cette base, nous retrouver dès demain.
35:41Cette motion de censure n'est pas non plus un outil qui vise
35:44à la déstabilisation et au chaos institutionnel.
35:47Cette motion de censure n'est pas...
35:50C'est pour retrouver le chemin du progrès, du dialogue républicain,
35:53pour donner à la France un budget juste et aux Français.
35:56Cette motion, c'est pour gouverner sans plus jamais négocier
35:59avec l'extrême droite.
36:02C'est pour donner à la France un gouvernement qui a besoin
36:05de légitimité pour exercer son autorité et ne pourra la trouver
36:08que dans cette Assemblée, pour que vive la France
36:11et la République dans la fidélité au meilleur de son histoire.
36:15Merci beaucoup.
36:29Merci beaucoup.
36:32La parole est à présent à M. le Président Laurent Wauquiez
36:35pour le groupe droite républicaine pour une durée de 15 minutes.
36:44Madame la Présidente,
36:47M. le Premier ministre,
36:50chers collègues,
36:53il y a deux mois,
36:56devant vous,
36:59j'évoquais une question
37:02qui a été posée par le président de la République
37:05et qui a été posée par le président de la République
37:08et qui a été posée par le président de la République
37:11Devant vous,
37:14j'évoquais les phrases de Georges Pompidou
37:17lorsque le 5 octobre 1962,
37:20faisant face à une motion de censure,
37:23il dénonçait la passion de tout renverser.
37:26Le mauvais génie d'autrefois,
37:29disait-il, qui hantait à nouveau
37:32l'hémicycle.
37:35Ici même alors, le 5 octobre 1962,
37:38un gouvernement pour la première
37:41et jusque-là la dernière fois de la Vème République
37:44tombait avec une coalition des contraires,
37:47celle de l'extrême gauche et de l'extrême droite.
37:50Je me souviens encore des propos
37:53sur les bancs de la gauche lorsque j'évoquais
37:56il y a deux mois cette réalité
37:59et vous disiez, nous, jamais avec le Rassemblement national.
38:02Et je me souviens
38:05des propos que l'on entendait,
38:08Madame Le Pen, sur vos rangs
38:11où vous disiez, jamais avec la France insoumise.
38:14Eh bien, nous y voilà.
38:17Nous y voilà. Vous faites semblant ici
38:20de vous injurier les uns les autres
38:23et vous vous apprêtez juste à voter les uns avec les autres.
38:26Vous vous apprêtez à voter ensemble
38:29pour faire tomber un gouvernement.
38:32Est-ce une surprise ?
38:35Je ne le crois pas.
38:38Cette jonction de la France insoumise et du Rassemblement national
38:41on la voyait déjà à l'œuvre depuis quelques semaines
38:44lorsque vous tentiez d'abroger
38:47la réforme des retraites sans les financer.
38:50Ce mauvais génie d'autrefois
38:53le voilà revenu parmi nous aujourd'hui
38:56et pour la première fois tout le monde doit mesurer
38:59la gravité de ce moment.
39:02Pour la première fois depuis 62 ans
39:05un gouvernement risque d'être renversé.
39:08Alors oui, bien sûr, nous avons tous conscience
39:11de la situation politique extrêmement difficile.
39:14Oui, il n'y a pas dans cet hémicycle
39:17de majorité.
39:20Oui, bien sûr, la France traverse une situation trouble
39:23et confuse.
39:27Le choix, lui, que vous avez à faire
39:30il est parfaitement clair celui-là.
39:33Le choix que nous avons à faire, chers collègues, il est parfaitement clair.
39:36Et il n'y en a pas trois. Il n'y a que deux choix possibles.
39:39L'intérêt du pays ou l'intérêt des partis.
39:42Le choix de la responsabilité
39:45ou le choix du chaos.
39:48Le choix de la solution ou le choix du désordre.
39:52Les Français n'attendent pas, bien sûr.
39:55Et nous le savons tous.
39:58Ils n'attendent pas de miracle dans cette période.
40:01Ils attendent en revanche que nous fassions du travail utile.
40:04Ce choix, monsieur le Premier ministre,
40:07cher Michel,
40:10c'est celui que vous avez fait depuis trois mois.
40:13Avec dignité, avec respect,
40:16avec droiture.
40:19Et je veux vous rendre hommage parce que ce comportement
40:22contraste tellement avec le visage qu'offrent
40:25certains ici sur les bancs de cet hémicycle.
40:28Vous vous êtes employés à éteindre l'incendie budgétaire
40:31dans un pays en faillite.
40:34Vous vous êtes employés avec Bruno Retailleau
40:37à remettre un cap dans notre politique de sécurité.
40:40Vous vous êtes employés
40:43à ouvrir des chantiers importants.
40:46Je pense à la lutte contre les narcotrafics.
40:49Je pense à la volonté de reprendre la main sur l'immigration irrégulière
40:52avec la volonté de rétablir le délit de saison irrégulier.
40:55Je pense à la volonté de remettre
40:58davantage de justice entre le public et le privé
41:01avec le débat salutaire sur les jours de carence.
41:04Oui, monsieur le Premier ministre, vous avez essayé dans cette période
41:07de porter un choix de responsabilité.
41:10Avec les parlementaires de la droite républicaine,
41:13avec Mathieu Darnot et la majorité sénatoriale,
41:16nous avons fait aussi ce choix de responsabilité
41:19en vous soutenant.
41:22Et nous avons fait des propositions comme le Premier ministre
41:25le souhaitait afin d'améliorer le budget.
41:28Et je veux remercier ici le ministre du Budget,
41:31Laurent Saint-Martin, qui a fait un travail courageux
41:34dans cet hémicycle.
41:37Nous avons ouvert
41:41avec Véronique Louvaji le chantier de la lutte
41:44contre la bureaucratie administrative,
41:47contre ces myriades d'agences administratives si coûteuses
41:50à l'origine des normes qui puisent les Français.
41:53Nous avons porté avec Yannick Nedaer
41:56et Thibaut Bazin l'idée essentielle
41:59de la revalorisation du travail
42:02en proposant le plafonnement des aides sociales par rapport au SMIC
42:05et en ouvrant le chemin pour une réforme
42:08et une diffusion dans une aide sociale unique, indispensable.
42:11Gardez le social,
42:14arrêtez l'assistanat,
42:17revalorisez le travail, tout ce que vous avez oublié
42:20et ce que vous avez abandonné sur les bancs de la gauche.
42:23Et il reste tant à faire.
42:26Est-ce que ce que nous avons engagé
42:29est perfectible ?
42:32Bien sûr.
42:35Est-ce que notre pays peut encore se payer de perdre le luxe
42:38de semaines d'instabilité gouvernementale
42:41alors qu'il y a tout à rebâtir ?
42:44Sûrement pas.
42:47Et nous voilà tous, même si vous éructez,
42:50nous voilà tous aujourd'hui face à nos responsabilités.
42:53Chacun fera évidemment
42:56son choix en son âme et conscience.
42:59Mais ce choix-là,
43:02vous le porterez surtout devant les Français.
43:05Parce qu'il y a une chose qu'on ne peut pas accepter ici.
43:08On ne peut pas accepter,
43:11comme vous vous employez à le faire,
43:14sur ces derniers jours, on ne peut pas accepter que vous expliquiez
43:17que la motion de censure, ça n'est pas grave.
43:20On ne peut pas expliquer avec la légèreté avec laquelle vous le faites
43:23que la censure n'aura pas de conséquences.
43:26On ne peut pas mentir aux Français en disant qu'il n'y aura pas des conséquences.
43:29Il y aura des conséquences.
43:32Et ces conséquences seront payées
43:35par les Français et tous ceux qui se prêtent
43:38à ce jeu minable aujourd'hui en rendront compte devant les Français.
43:41La censure,
43:44ce que vous appelez « bullshit »,
43:47la censure, ça va être l'augmentation de l'impôt sur le revenu.
43:50Tous ceux dont vous vous moquez,
43:53les 18 millions de Français qui vont payer ce fameux « bullshit »
43:56que les députés du RN balayent d'un revers de main.
43:59Ces 400 000 travailleurs qui vont devenir imposables
44:02mais qui visiblement sont le cadet de votre souci sur les bords du Rassemblement National.
44:05Voilà la façon dont vous défendez la France qui travaille.
44:08Et une fois encore, Mme Le Pen,
44:11ce sont eux qui paieront les conséquences
44:14de votre légèreté et de votre irresponsabilité.
44:17La censure,
44:20la censure,
44:23la censure, Mme Genevard,
44:26c'est la fin des aides d'urgence pour les agriculteurs.
44:29C'est la fin de tout ce que vous avez cherché à construire
44:32ces dernières semaines.
44:35La fin des allégements de charges qu'ils demandent aujourd'hui.
44:38La fin des exonérations de taxes.
44:41La fin de la revalorisation des retraites des agriculteurs
44:44pour des agriculteurs qui travaillent dur et touchent des retraites de misère.
44:47Il est facile d'aller sur les ronds-points
44:50pour soi-disant flatter les agriculteurs
44:53quand on les abandonne ensuite dans l'hémicycle ici.
45:01La censure,
45:04c'est la fin du plan d'urgence pour sauver nos maisons de retraite de la faillite.
45:07La censure, c'est l'abandon du cumul emploi-retraite
45:10qui permettrait de lutter contre la désertification médicale.
45:13La censure, et ça vous gêne,
45:16c'est renoncer aux augmentations d'effectifs de gendarmes,
45:19de policiers, de magistrats si indispensables
45:22quand la sécurité doit être notre priorité.
45:25La censure,
45:28c'est le coup d'arrêt à la loi de programmation militaire
45:31alors même que l'Europe est menacée à ses frontières.
45:34La censure,
45:37c'est la dette qui va continuer à filer
45:40alors même que la France, avec tout ce désordre que vous avez conjointement installé,
45:43est aujourd'hui considérée comme moins crédible que la Grèce.
45:46Un point d'intérêt de taux supplémentaire.
45:49Ce sont les Français qui vont payer l'addition.
45:52C'est 30 milliards d'euros de dettes supplémentaires
45:55et d'intérêts dans les années qui viennent.
45:58C'est trois fois le budget de la justice.
46:01La censure, et visiblement ça vous gêne,
46:04c'est l'aggravation de la crise immobilière.
46:07C'est la fin du prêt à taux zéro au moment même où le marché de l'immobilier s'effondre
46:10mettant en péril nos artisans et nos entreprises.
46:13La censure,
46:16c'est l'incertitude économique pour tous ceux qui prennent des risques.
46:19C'est l'incertitude pour les entreprises.
46:22C'est l'incertitude pour les PME. C'est l'incertitude pour les commerçants.
46:25C'est l'incertitude pour les artisans.
46:28C'est l'incertitude pour les professions libérales.
46:31Vous n'en avez même pas dit un mot, Mme Le Pen.
46:34Cette incertitude, c'est celle des Français qui vont hésiter à consommer demain.
46:37Et je prends date aujourd'hui.
46:41Vous allez enfoncer la France dans une crise économique et financière.
46:44Et vous en porterez la responsabilité devant les Français
46:47parce qu'ils se souviendront de ceux qui ont allumé la mèche.
46:54Un pays a besoin de stabilité.
46:57Un pays a besoin de stabilité.
47:00Il a besoin d'un budget. Il a besoin d'un gouvernement.
47:03Rien n'est pire pour une économie que l'incertitude.
47:06La censure,
47:09et c'est sans doute le plus grave parce que c'est l'image que vous offrez aujourd'hui,
47:12c'est faire perdre à notre pays son dernier atout.
47:15La France pouvait au moins compter
47:18sur la stabilité de ses institutions.
47:21Et vous vous délectez sur ces deux bancs de la plongée dans l'instabilité.
47:24Cette stabilité de nos institutions,
47:27c'est ce qui nous a toujours protégés.
47:30Même dans les crises les plus graves, notre pays demeurait gouvernable.
47:33Nous dansons au-dessus d'un volcan et vous nous proposez
47:36de faire un pas supplémentaire en direction
47:39de l'instabilité institutionnelle qui a précipité l'agonie de la 4ème République.
47:42Vous vous apprêtez à ouvrir la boîte de Pandore.
47:45De l'instabilité gouvernementale.
47:48Vous réveillez les vieux démons qui viennent de l'extrême gauche
47:51de la politique française.
47:54Ceux de l'impuissance, de l'instabilité ministérielle
47:57et de l'incertitude économique.
48:00Et si encore vous aviez des solutions.
48:03Si encore vous aviez des solutions.
48:06Parce que vous proposez le blocage sans solution.
48:09Parce que, que vous le vouliez ou non,
48:12il ne peut pas y avoir de nouvelles élections législatives avant l'été.
48:15C'est ça la vérité.
48:18Et que, pendant que se joue cette comédie d'une insoutenable légèreté,
48:21qu'est-ce qu'on a entendu ?
48:24Vous ne nous avez pas assez traités.
48:27Voilà ce qu'on a entendu.
48:31Et qu'est-ce que cela veut dire ?
48:34Cela veut dire que vous vous apprêtez à jouer avec le destin de la France.
48:37Que vous vous apprêtez à faire tomber un gouvernement
48:40parce qu'on ne vous a pas assez traités.
48:43Et c'est cela être à la hauteur des enjeux.
48:46Voilà l'image que vous offrez.
48:49Alors je n'oublie rien de la responsabilité
48:52qui est celle de la France insoumise.
48:55Je n'oublie rien du danger de ceux
48:58qui veulent autoriser l'apologie du terrorisme.
49:01Je n'oublie rien du danger de ceux
49:04qui entraînent des complaisances détestables avec l'antisémitisme.
49:07Je n'oublie rien du danger
49:10de ceux qui ont trahi Jaurès et Clemenceau.
49:13Mais la réalité, c'est que sans vos voix,
49:16Madame Le Pen, la France insoumise ne pourrait rien.
49:19La réalité, Madame Le Pen,
49:22c'est que vous vous apprêtez à voter
49:25pour ceux qui traitent les policiers d'assassins.
49:28La réalité, Madame Le Pen, c'est que vous vous apprêtez
49:31à voter pour ceux qui traitent les terroristes de résistants.
49:34La réalité, Madame Le Pen,
49:37et honnêtement, la dignité vous imposera un autre comportement dans cet hémicycle.
49:40La réalité, Madame Le Pen,
49:43c'est que quand on lit le texte de la motion de censure,
49:46on comprend l'hypocrisie
49:49qui est derrière.
49:52Un texte qui dénonce les plus viles obsessions de l'extrême droite.
49:55Et vous allez voter cela.
49:58Un texte qui explique qu'il ne faut pas revenir sur l'aide médicale d'Etat.
50:01Et vous allez voter cela.
50:04Un texte qui explique
50:07qu'il ne faut pas de loi d'immigration plus ferme.
50:10Et vous allez voter cela.
50:13Voilà, Madame Le Pen, ce que vous allez faire.
50:16Voilà à quelles incohérences en sont réduits dans cet hémicycle
50:20les sommeurs de chaos.
50:23Dans un parcours politique, il y a toujours un moment de vérité.
50:26Il y a des moments où on ne peut pas duper, on ne peut pas esquiver,
50:29on ne peut pas feindre.
50:32Des moments où il faut choisir entre un intérêt personnel, Madame Le Pen,
50:35et l'intérêt du pays.
50:38Des moments où il faut choisir entre son intérêt partisan et le sens de l'Etat.
50:41Madame Le Pen, je n'ai jamais été de ceux qui vous diabolisaient.
50:44Je n'ai jamais été de ceux qui vous donnaient de leçons de morale.
50:48Jamais.
50:51Et je vous le dis donc avec d'autant plus de force aujourd'hui.
50:54Les Français jugeront sévèrement le choix que vous vous apprêtez à faire.
50:57Les Français jugeront sévèrement le choix
51:00de ceux qui prétendent vouloir redresser le pays
51:03et font aujourd'hui le choix du désordre.
51:06Les Français jugeront sévèrement
51:09ceux qui voulaient se montrer responsables
51:12et vont faire le choix de l'irresponsabilité.
51:15Les Français jugeront sévèrement
51:18ceux qui prétendaient incarner l'ordre
51:21et qui vont faire le choix du chaos.
51:24Emmanuel Macron porte peut-être seul
51:27la responsabilité de la dissolution,
51:30mais vous allez porter avec la France insoumise
51:33la responsabilité de la censure
51:36qui va plonger le pays dans l'instabilité.
51:39Alors je vous le dis une dernière fois.
51:42Ressaisissez-vous, il est encore temps.
51:45Ressaisissez-vous et changez votre choix.
51:48Ressaisissez-vous parce que sinon nous nous souviendrons longtemps
51:51de ce jour désolant.
51:54Nous nous souviendrons longtemps Madame Le Pen
51:57qu'une alliance des contraires portée par le cynisme
52:00a plongé notre pays dans l'instabilité.
52:03Ressaisissez-vous parce qu'il est toujours temps
52:06de faire le choix de la France.
52:09Merci beaucoup.