Chroniqueur : Thomas Sotto
Ce matin, Thomas Sotto reçoit Marine Le Pen, députée et président du groupe RN à l'Assemblée nationale, dans les 4 vérités.
Ce matin, Thomas Sotto reçoit Marine Le Pen, députée et président du groupe RN à l'Assemblée nationale, dans les 4 vérités.
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00:00 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Marine Le Pen.
00:05 Bonjour.
00:06 C'est donc aujourd'hui, tout à l'heure, à 10h que l'intersyndicale va être reçu par Elisabeth Borne à Matignon.
00:10 Et sauf miracle, il ne devrait pas en sortir grand-chose.
00:13 Quel sens ont ces entretiens aujourd'hui ?
00:16 Le gouvernement continue à essayer de faire croire aux Français qu'il est dans la discussion, dans le compromis.
00:24 Alors qu'on a bien vu pendant la réforme des retraites, et surtout avant la réforme des retraites,
00:29 qu'il n'a absolument tenu aucun compte de ce qui lui était dit.
00:33 En réalité, il cherchait juste quelques voix LR.
00:36 Mais comme j'ai eu l'occasion de le rappeler, on ne peut pas appeler "compromis" une discussion
00:41 avec un mouvement qui a fait 4,5% à la présidentielle.
00:43 Demain, du coup, rebelote, 11e journée de manifestation, de mobilisation contre la réforme des retraites.
00:49 Est-ce qu'il n'y a pas un moment où il faut savoir acter ces désaccords,
00:52 mais aussi accepter le jeu démocratique et passer à la suite ?
00:54 Est-ce que ce moment-là n'est pas venu, Marine Le Pen ?
00:56 C'est difficile de dire ça. Il y a un moment où il faut que les Français acceptent qu'ils vont travailler 2 ans de plus,
01:00 alors que c'est injuste, qu'on s'aperçoit en réalité que les bénéfices, les gains financiers
01:07 qui étaient attendus de cette réforme seront très certainement dérisoires,
01:10 qu'en revanche, la conséquence, ce sera la baisse massive des pensions.
01:13 Parce que c'est ça l'objectif du gouvernement.
01:15 C'est en réalité faire baisser massivement les surcotes qu'arrivait à obtenir un certain nombre de Français,
01:23 et en revanche, multiplier les décotes de pensions qui vont donc entraîner une baisse généralisée des pensions de retraite.
01:29 Donc, qu'il ne soit pas prêt à céder à cela, on peut l'entendre, on peut le comprendre.
01:35 Maintenant, le combat n'est pas terminé. D'abord, il ne sera pas terminé.
01:39 Il sera terminé quand ce combat ?
01:41 Non, mais d'abord, il n'est pas terminé parce que le Conseil constitutionnel doit rendre une décision.
01:45 Or, il a de très bonnes raisons de censurer ce texte,
01:49 notamment une jurisprudence que nous avons développée, nous, dans notre recours.
01:53 Je crois que nous sommes les seuls à l'avoir fait d'ailleurs,
01:55 et qui indique que le gouvernement a commis une erreur lourde.
01:59 De procédure, en quelque sorte.
02:01 De procédure, exactement.
02:03 Mais si le Conseil constitutionnel dit "Bon, ça passe, j'ai pas grand chose à redire ou j'ai rien à redire",
02:07 est-ce que ça sera la fin du match et après le rendez-vous sera électoral la prochaine fois ?
02:10 Le rendez-vous sera électoral, vous avez parfaitement raison de le dire.
02:12 Il sera électoral non seulement aux prochaines présidentielles,
02:15 parce que c'est là que cette réforme des retraites pourra être annulée,
02:23 mais même dès les européennes, après tout.
02:27 Parce que ce sera un moyen pour les Français d'exprimer la sanction à l'égard de,
02:32 non seulement du gouvernement, mais également des mouvements politiques
02:36 qui ont soutenu cette réforme injuste des retraites.
02:38 Je vous demandais s'il n'était pas temps d'accepter le jeu de démocratique et de passer à autre chose,
02:41 parce que ce qu'on voit pousser autour de cette contestation,
02:44 c'est des épisodes de violence, dont les manifestants sont pas responsables,
02:47 dont les syndicats sont pas responsables.
02:49 Par exemple, le groupe Renaissance, le groupe macroniste à l'Assemblée,
02:52 va demander la création d'une commission d'enquête pour savoir d'où viennent ces violences,
02:56 qui tirent les ficelles, notamment les manifestations plus ou moins spontanées.
02:59 Je vous vois sourire, est-ce que ça veut dire que vous ne soutiendrez pas cette demande ?
03:01 Non, c'est pas... Bon, d'abord, merci de rappeler que la manifestation pacifique
03:07 n'a rien à voir avec les groupes de casseurs, d'ultra-gauches,
03:12 d'anarchistes que l'on connaît depuis des années, et contre lesquels absolument rien n'est fait depuis des années.
03:18 Donc le jeu démocratique, la manifestation pacifique, fait partie en quelque sorte du jeu démocratique.
03:25 La preuve, c'est que c'est un droit qui est inscrit dans notre Constitution.
03:28 Le reste est une volonté de déstabiliser les institutions.
03:33 Moi, je veux bien que le groupe Renaissance fasse une demande de rapport,
03:37 mais ils sont au pouvoir. Ils sont au pouvoir.
03:41 Donc normalement, ils ont l'intégralité déjà des éléments permettant de savoir
03:46 qu'est-ce qui se passe, quels sont ces groupuscules d'ultra-gauches, et d'ailleurs ils le savent.
03:51 Il y en a quelques-uns que Gérald Darmanin a... dont il a annoncé la dissolution, il y en a deux récemment.
03:55 Je veux dire, depuis 2007, je crois qu'il y a 45 organisations contre lesquelles a été prononcée une dissolution.
04:04 Un seul était un groupuscule d'ultra-gauches, et le dossier avait été tellement mal monté
04:10 que je crois que le Conseil d'État a annulé cette dissolution.
04:14 Ça veut dire qu'il y a une impunité de ces groupes ultra-gauches...
04:18 Vous accusez Gérald Darmanin de complaisance avec ces groupes du gouvernement ?
04:20 Non, mais pas seulement Gérald Darmanin, tous ceux qui l'ont précédé.
04:23 En réalité, depuis Nicolas Sarkozy, ces groupes d'ultra-gauches sont utilisés pour discréditer la contestation sociale,
04:30 les mouvements sociaux, le 1er mai et l'ensemble des grandes manifestations de contestation.
04:35 Donc c'est une grosse responsabilité de la part du gouvernement.
04:38 Utiliser ces groupes, c'est lourd de sens ce que vous dites ce matin.
04:40 Oui, c'est lourd de sens, mais ça a été révélé.
04:43 Je vous rappelle que dans un livre de Patrick Buisson sur le mandat de Nicolas Sarkozy,
04:48 il le dit très clairement, on laissait faire parce qu'il s'agissait de discréditer le mouvement social.
04:54 Il avait quelques comptes à régler Patrick Buisson par ailleurs.
04:56 Non, mais ce n'est pas le sujet. Je pense que cette utilisation des groupements d'ultra-gauches s'est multipliée dans le temps.
05:04 Il est temps d'y mettre fin parce qu'on voit aujourd'hui s'hybrider les écologistes anarchistes,
05:10 en quelque sorte les écologistes radicaux et cette ultra-gauche et on risque d'avoir de mauvaises surprises dans l'avenir.
05:16 Si vous étiez au pouvoir Marine Le Pen, comment feriez-vous pour réconcilier le pays ?
05:19 Ce qui était la promesse originelle d'Emmanuel Macron.
05:21 La meilleure manière de réconcilier le pays, c'est d'abord d'utiliser des outils qui sont profondément démocratiques,
05:26 qui sont le référendum et la mise en œuvre de la proportionnelle.
05:33 Pour que chaque Français se dise "ma voix compte".
05:36 Là l'Assemblée est assez représentative du pays pour la compter.
05:40 Non, elle ne l'est pas. Elle ne l'est pas assez et il y a encore des millions de Français dont le vote n'est pas reconnu
05:47 en ce sens qu'ils n'ont pas de représentants à l'Assemblée nationale.
05:50 Il faut que tous les Français soient représentés.
05:52 Et puis il faut encore une fois, quand il y a une crise politique comme celle que nous vivons, il faut retourner au peuple.
05:58 C'est lui le souverain, je le rappelle, c'est dans notre constitution, c'est lui qui doit trancher.
06:03 Or, il y a un rejet du référendum.
06:06 Donc là vous appelez Emmanuel Macron à dissoudre un référendum ?
06:09 Il y a deux possibilités.
06:10 Soit on utilise le référendum, dont je rappelle qu'il n'a pas été utilisé depuis qu'il a été rejeté d'un revers de la main en 2005,
06:23 et la dissolution. Il y a une crise politique, le gouvernement n'a plus la confiance des Français, ça me paraît très clair.
06:32 Un changement de Premier ministre ne serait pas suffisant ? Vous avez dit qu'elle était carbonisée Elisabeth Borne.
06:36 Le changement de Premier ministre aurait dû avoir lieu le lendemain du vote de la motion de censure.
06:41 Là on est 15 jours, 3 semaines après, ça ne changerait pas grand chose.
06:43 Est-ce que ça serait de nature à relégitimer le gouvernement ?
06:46 Je crois que vous vous trompez, ça changerait quelque chose.
06:48 Parce que s'il avait fait le lendemain de la motion de censure, le Président aurait lancé un signal aux Français en disant
06:52 "J'ai entendu que vous n'avez plus confiance dans ce gouvernement parce que vous vous êtes exprimé au travers de vos représentants".
06:58 Là maintenant s'il le fait, on dira que c'est la conséquence des violences qui se sont développées dans la rue.
07:03 Donc ça n'aurait pas le même sens politique pour vous ?
07:05 C'est le pire signal que peut lancer le Président de la République. C'est le même d'ailleurs qui avait été utilisé au moment des gilets jaunes.
07:11 Il a fallu des violences pour que le Président fasse mine d'entendre les Français. C'est dommage parce qu'il n'entend pas les bons du coup.
07:18 Je ne sais pas si vous avez vu le tag géant représentant Emmanuel Macron en Adolf Hitler qui a été peint sur une façade à Avignon.
07:25 Est-ce que ça ne vous inquiète pas de voir qu'on en arrive là à des choses pareilles ? Est-ce que ça ne devient pas dangereux pour la démocratie ?
07:30 Je sais que ça fait 40 ans que nous sommes victimes de ce genre de caricatures sans que ça n'émeuve personne.
07:35 Donc moi je trouve ça, objectivement, très contestable, très critiquable parce qu'on fait référence à une période de l'histoire
07:42 qui est une période absolument dramatique. Mais il existe dans notre pays, c'est vrai, une tradition de caricature dont j'ai été moi-même très souvent victime.
07:57 Gérald Darmanin, qu'on évoquait, a détaillé avec Éric Dupond-Moretti hier les moyens supplémentaires importants qui ont été affectés à la lutte contre le trafic de drogue à Marseille.
08:06 Et pourtant la ville est prise dans une logique de vendetta, pour reprendre les termes de la procureure de la République.
08:10 Allusion au règlement de compte, qu'on a déjà fait 14 morts là-bas depuis le début janvier.
08:14 Comment mettre fin à ces guerres de territoire qui envoient régulièrement des gens et des jeunes au cimetière ? Marine Le Pen.
08:20 Je vous rappelle qu'Emmanuel Macron était allé en août 2021, de mémoire, ou en septembre, pour annoncer un grand plan.
08:28 150 millions.
08:30 Il s'appelait Marseille en grand. En l'occurrence c'est Marseille en grand banditisme, parce que rien n'a échangé.
08:35 La raison simple c'est que la philosophie est mauvaise. Ca fait des années qu'on pense que c'est par la politique de la ville qu'on va régler le problème du grand banditisme et de la grande criminalité à Marseille.
08:45 C'est d'abord en s'attaquant à l'immigration anarchique, parce que c'est bien souvent des gens issus de l'immigration clandestine qui tiennent en réalité ce grand banditisme.
08:59 Mais ceux qui se tirent dessus ne sont pas toujours des étrangers ou des immigrés ?
09:01 Non, non, ce n'est pas le sujet. C'est eux qui tiennent le grand banditisme. Donc si on n'arrête pas l'immigration massive et anarchique, on fait venir des soldats de ces réseaux de drogue.
09:12 Mais Marine Le Pen, les réseaux ne sont pas tenus par des petits clandestins dans leur coin. Ce sont des réseaux internationaux qui sont gérés de l'étranger. Ce n'est pas un problème d'immigration clandestine en France.
09:20 Oui, d'accord, mais vous imaginez bien que les petits soldats qui sont sur le terrain, ce sont très souvent des étrangers en situation irrégulière.
09:27 Qu'est-ce qui vous permet de l'affirmer ?
09:31 Si on retire au général de l'armée des bandits ces petits soldats, déjà il y aura plus de difficultés.
09:35 Vous avez des chiffres, des éléments qui vous permettent de l'affirmer, ça, ou pas du tout ?
09:37 Mais évidemment, enfin, tout le monde le sait. Il suffit de discuter avec des policiers à Marseille, il n'y a évidemment que quasiment des clandestins qui sont dans ces trafics de drogue.
09:51 Donc il faut régler ce problème-là, mais encore une fois, c'est parce qu'ils utilisent de la main-d'œuvre, en quelque sorte, qui est disponible pour leur trafic.
10:03 C'est catastrophique ce qui se passe à Marseille, parce que ça n'a pas seulement une conséquence sur l'insécurité, dont que subissent également les Français d'origine immigrée, par ailleurs.
10:13 Il faut dire les choses, les gens qui vivent dans les quartiers Nord, qui sont des Français d'origine immigrée, aujourd'hui manifestent en disant "arrêtez, on ne peut plus avec cette criminalité et cette délinquance".
10:23 Mais ça appauvrit en plus l'ensemble de la population marseillaise, parce que, de fait, les entrepreneurs, les cadres fuient la ville, et ça entraîne, ça aspire la ville dans une pauvreté.
10:37 Et ce n'est pas le cas qu'à Marseille, c'est le cas, hélas, dans beaucoup de quartiers des villes françaises, parce qu'en matière d'insécurité, je vais vous dire une chose très claire, il vaut mieux aller voir des criminologues que des sociologues.
10:49 J'ai une dernière question qui concerne davantage la cuisine interne du RN. Il y a quelques jours, un de vos députés, Joris Hébra, a reçu un blâme pour avoir participé à l'inauguration d'une mosquée francoture dans sa circonscription.
10:59 Hier, on a appris qu'il allait quitter l'Assemblée pour être remplacé par sa suppléante. Est-ce que c'est une sanction, Marine Le Pen ? Est-ce que c'est vous, le parti, qui lui a demandé de partir ?
11:07 Non, pas du tout, absolument pas. La sanction a été prononcée par le Rassemblement national à l'égard de ce député, mais il a fait le choix personnel de redevenir maire de sa ville, ce que l'on peut parfaitement comprendre, d'ailleurs.
11:19 Et donc, il ne démissionne pas.
11:22 Il ne démissionne pas pour pas qu'il y ait une élection et pour que sa suppléante puisse prendre la place ?
11:25 Non, il ne démissionne pas. Il redevient maire, ce qu'il souhaitait. Au bout d'un an de mandat, il souhaitait redevenir maire. Et du coup, sa suppléante le remplace.
11:34 Donc, il n'y a rien à dire sur ce sujet-là.
11:38 Il n'y a pas de sanction. Merci beaucoup, Marine Le Pen, députée de l'AVK-TV. Merci à vous et bonne journée.