Aujourd'hui, dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine à l'Assemblée nationale et député de Haute-Loire.
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00:00Bonjour Laurent Wauquiez. Bonjour Monsieur Arnaud. Merci d'être avec nous, de nous avoir réservé votre première réaction au lendemain de ces instants importants dans l'histoire de la politique française.
00:12Michel Barnier va donc remettre sa démission dans un peu plus de deux heures maintenant, à dix heures précisément. Et hier, la censure a été votée dans une ambulance électrique.
00:19Vous avez pris la parole avec un ton assez grave. Racontez-nous comment vous avez vécu ce moment hier.
00:25Vous l'avez dit, c'était un moment qui était grave. Et il était grave pour des raisons, je trouve, qui n'ont pas été suffisamment mises sur la table.
00:32C'est-à-dire ?
00:33C'est-à-dire que cette censure, elle a des conséquences. Et elle a des conséquences dans la vie quotidienne des Français. Et je voudrais commencer par expliquer ça.
00:41Prenons un exemple. Il était prévu le recrutement de 6 500 personnes pour les maisons de retraite. C'est fini.
00:47Il était prévu la construction de nouveaux commissariats, de nouvelles casernes. Ça ne pourra pas avoir lieu.
00:52Mais l'opposition dit qu'il va y avoir une loi spéciale qui permettra de faire tout ça. Ce n'est pas vrai ?
00:56Je ne sais pas quelle sera la politique fiction de demain. On en parlera tout à l'heure. Mais je voudrais d'abord commencer par les premières conséquences.
01:03Par exemple, on avait prévu la possibilité que des médecins à la retraite puissent continuer à exercer. Je viens de Haute-Loire, un territoire où on a beaucoup de désertifications médicales.
01:13Très clairement, c'est par terre. L'impôt sur le revenu, on en a beaucoup parlé. Ce n'est pas rien.
01:19C'est 18 millions de personnes qui, si rien n'est fait, auront leur impôt qui va augmenter.
01:23La dette, dans la période actuelle, avec tout ce désordre, la France est perçue comme étant moins crédible que la Grèce.
01:31Et puis, je pense à ceux qui nous écoutent, ça crée une incertitude économique, vous l'avez dit.
01:36Ça veut dire que pour les achats de Noël, les Français vont se dire mais qu'est-ce qu'on fait ? C'est quoi le climat demain ?
01:43Pour nos commerçants, nos artisans, nos entreprises, on crée une gigantesque incertitude.
01:47Mais vous le qualifiez comment l'état de la France ce matin ? C'est vraiment catastrophique, c'est la tempête ou c'est l'incertitude, l'instabilité ?
01:54Il y a différents registres, différents degrés.
01:56En fait, ce qui a été le choix d'hier, ceux qui ont voté la censure, ils ont voté le désordre.
02:01Et pourquoi est-ce que je vous dis qu'hier, ça me choquait ? Parce que j'ai trouvé qu'il y avait de la légèreté de Mme Le Pen.
02:08Parce que j'ai trouvé qu'il y avait des députés de la France insoumise qui se réjouissaient.
02:12Et que dans un moment qui est quand même grave pour le pays, voir Mme Le Pen voter avec des députés de la France insoumise pour faire tomber un gouvernement,
02:20pour moi, il y a quelque chose de grave.
02:22Et même, elle est au bout de la façon de le qualifier presque d'irresponsable, parce que c'était juste destructeur.
02:29Et je trouve que ça les discrédite.
02:32Parce que quand vous prétendez vouloir diriger un pays, vous ne pouvez pas faire le choix de l'instabilité.
02:36Si elle est la principale responsable, c'est Emmanuel Macron, les socialistes, la France insoumise.
02:42Ce qui m'a marqué dans ce qui s'est passé dans son comportement, c'est qu'au fond, il y a eu un avant et un après-procès.
02:50Avant son procès, elle était dans une attitude qui était constructive.
02:54Après son procès, ça a basculé dans autre chose.
02:57C'est important ce que vous nous dites. Vous pensez que c'est lié aux réquisitions qui ont demandé une inéligibilité applicable instantanément.
03:05C'est ça qui l'a fait basculer selon vous, ce qu'elle dément ?
03:08Vu les conséquences pour les Français, vu la gravité de ce qui va affecter le pays, je ne veux pas noircir le tableau,
03:14mais pour ceux qui nous écoutent, ils comprennent que c'est concret ce qui se passe.
03:18Oui, mon sentiment, c'est qu'elle n'a pas été guidée par l'intérêt de la France.
03:21Et qu'après son procès, il y a autre chose qui s'est enclenchée.
03:25Expliquez-nous pourquoi. Qu'est-ce que ça a changé ?
03:28Je pense qu'il y a eu une failure pour elle. Et ce n'est pas bien.
03:32Parce que vous ne faites pas tomber un gouvernement par rapport à ça.
03:35Vous ne précipitez pas le pays dans le chaos par rapport à ça.
03:38Mais vous l'expliquez comment ? Pour des raisons politiques, pour des raisons psychologiques, que sais-je ?
03:42Vous êtes en train de sonder l'âme de Marine Le Pen. Expliquez-nous.
03:45Ce qui m'intéresse, ce n'est pas de sonder son âme. Ce que je dis, c'est qu'elle a été guidée plus par son intérêt personnel que par l'intérêt du PIR.
03:51Mais en quoi ça l'aide sur le plan personnel ? C'est ça qu'on a du mal à comprendre.
03:54Tout le monde l'a compris, non ? Je pense que pour M. Mélenchon et pour Mme Le Pen,
03:59le raisonnement d'hier, c'était plus la présidentielle que l'intérêt de la France.
04:03Et qu'au fond, les embauches dans les maisons de retraite, la question de l'impôt sur le revenu,
04:07la question de la dette, l'incertitude économique, n'ont pas pesé beaucoup.
04:11Hier, ce qu'elle fait, c'est un coup politique.
04:13Donc l'idée, c'est de pousser Emmanuel Macron à la démission pour être élu et éviter les ennuis judiciaires.
04:18C'est ça que vous dites, pour être clair ?
04:19C'est faire diversion, faire un coup politique, quel qu'en soit le prix,
04:23quitte à voter avec la France insoumise et quitte à jouer avec l'intérêt du pays.
04:27Et ça, je trouve ça grave. Parce que précisément, pour moi, c'est irresponsable.
04:31Quand vous prétendiez être le parti de l'ordre, voter le désordre pour de telles raisons,
04:37pour moi, sciemment, jouer cette instabilité, je le dis ce matin, c'est quelque chose de grave.
04:43Juste, il y a eu un débat politique sur la demande d'inéligibilité immédiate.
04:47Quel est votre sentiment là-dessus ?
04:49Il y a eu des voix qui l'ont soutenu en disant que la politique ne se fait pas au prétoire mais dans les urnes.
04:55Vous citez Gérald Darmanin, François Bayrou notamment. Quel était votre point de vue là-dessus ?
04:58Moi, je ne commande pas les affaires de justice. Je considère que la justice doit faire son travail.
05:03Emmanuel Macron, lui, doit faire son travail aussi aujourd'hui.
05:05Il reçoit Michel Barnier à 10h et à 20h, il s'exprimera.
05:09Que doit-il dire, selon vous ?
05:12Il y a la responsabilité de la dissolution et de cette instabilité.
05:17Maintenant, la responsabilité et le devoir du président de la République, c'est de trouver une solution.
05:22Et donc, ce que j'attends de lui, c'est qu'il crée les conditions pour qu'on puisse avoir un gouvernement qui agisse.
05:28Pourquoi ? Parce que, maintenant, moi, qu'est-ce qui m'importe ?
05:32Je vous ai dit toutes les fêlures qui étaient ouvertes par cette censure.
05:36Qu'est-ce qu'on va devoir faire le plus vite possible ?
05:39C'est protéger les Français, ceux qui nous écoutent ce matin.
05:42Comment ?
05:43Ça veut dire que la première chose dont on a besoin, c'est d'abord une loi de financement de nos organismes sociaux.
05:48Parce que sinon, c'est très concret, dans deux mois, ils n'auront pas les moyens de payer les prestations sociales.
05:53Donc, il faut une loi spéciale votée par le gouvernement provisoire ?
05:55Il faut d'abord une loi pour nos organismes sociaux, pour qu'ils puissent emprunter, pour qu'ils puissent se financer,
06:00et pour qu'ils puissent payer les cotisations sociales des Français.
06:04La deuxième chose, c'est qu'il faut une loi spéciale pour que l'État puisse tout simplement percevoir les recettes,
06:09pour faire fonctionner nos services publics, pour que la France marche.
06:13Et c'est les deux urgences.
06:15Et il faut commencer par ça.
06:16Et avec nos députés de la droite républicaine, c'est d'abord là-dessus qu'on va s'engager.
06:20D'accord. Et au-delà de ça ?
06:22Après, au-delà de ça, il va falloir définir une stratégie politique.
06:27C'est-à-dire, qu'est-ce qu'on fait au milieu de ce désordre ?
06:29Alors justement, il y a eu des appels notamment à ce qu'on appelle, ce que certaines voix à gauche,
06:33Gabriel Attal, Boris Vallaud, appellent une coalition de la non-censure.
06:36Et ils incluent les Républicains dans cette coalition de la non-censure.
06:39Est-ce que ce matin, vous dites oui, cette main que vous tendez, je la saisis ?
06:43Ou bien c'est une fin de l'en recevoir ?
06:45Est-ce qu'on jouera la stratégie du pire ?
06:48Jamais.
06:50Cet engagement, c'est celui que je prends ce matin.
06:52C'est-à-dire que dans cette période d'instabilité, de chaos,
06:55avec le vote hier de Mme Le Pen et de M. Mélenchon ensemble,
06:59nous, on ne jouera pas ce jeu.
07:00Donc vous pourriez accéder à cette demande ?
07:02Ce que je veux dire par là, c'est qu'on ne sera pas dans le blocage.
07:05On ne sera pas dans la stratégie du pire.
07:07Et mieux que mes paroles, je pense que les actes qu'on a eus au cours des derniers mois l'ont montré.
07:11On a accepté de dialoguer, on a accepté de discuter.
07:14On a accepté de faire des efforts pour précisément essayer de donner un minimum de stabilité au pays.
07:20Pour autant, est-ce que notre participation à un nouvel gouvernement sera automatique ?
07:24Non.
07:25Notre engagement, il était auprès de Michel Barnard.
07:28Quelles seraient les conditions de cet engagement ?
07:31Pour moi, qu'est-ce qui va compter ?
07:33Pour nos députés, qu'est-ce qui va compter ?
07:35C'est pour faire quoi ?
07:36Et toute autre réponse ce matin serait grotesque.
07:40C'est-à-dire la première question, c'est qu'est-ce qu'on veut faire pour les Français ?
07:43Alors on dit qu'il y aurait trois, quatre grands sujets consensuels,
07:46donc pas l'immigration par exemple.
07:48Est-ce que c'est quelque chose qui pourrait vous aller ?
07:51D'abord, M. Arnault, l'immigration, c'est un sujet consensuel.
07:55Pas vraiment à l'Assemblée nationale ?
07:57Non, mais pour les Français.
07:59Et pour moi, ça compte presque au plus.
08:01Pourquoi est-ce que je vous dis ça ?
08:03Parce que les Français demandent tous qu'on contrôle mieux notre immigration.
08:06Oui, mais c'est l'un des sujets de fracture évidemment.
08:08S'il y a un gouvernement où vous siégez avec les socialistes, là-dessus vous ne serez jamais d'accord.
08:11C'est quand même un des sujets importants d'attente.
08:14Donc pour moi, dire non, on ne va pas s'occuper d'immigration, ce n'est pas possible.
08:18Vous dites d'un côté qu'on est prêt à participer éventuellement à une coalition,
08:21et puis dès qu'il y a un sujet qui fait friction...
08:23Non, c'est parce que j'ai été très précis.
08:25Ce que j'ai dit clairement, c'est que nous, on ne fera pas tomber le gouvernement.
08:28On ne fera pas ce qu'a fait Marine Le Pen.
08:30On ne sera pas dans la stratégie du pied.
08:32Vous ne participerez pas forcément, mais vous ne censurerez pas.
08:34Exactement. Après, quels sont pour nous les points importants ?
08:38D'abord, c'est moins de gaspillage de l'argent public pour pouvoir rendre l'argent aux Français.
08:42Parce qu'aujourd'hui, je pense que les Français sont pauvres, ils ont du mal,
08:46il y a des difficultés sur le porte-monnaie,
08:48parce qu'il y a trop de gaspillage de l'argent public.
08:50Le deuxième impératif fondamental, c'est revaloriser ceux qui travaillent.
08:55Je pense aux infirmières libérales, je pense aux aides-soignantes,
08:58je pense à nos agriculteurs, je pense aussi à des gens dont on ne parle jamais,
09:01nos commerçants, nos artisans qui payent énormément d'impôts.
09:04Revaloriser le travail. Garder le social, enlever l'assistanat, revaloriser le travail.
09:09Puis, le troisième sujet, c'est la question de la sécurité.
09:13C'est le combat que porte Bruno Rotailleau, c'est remettre de l'ordre, du respect.
09:17Et c'est les trois sujets qui comptent. Pour faire quoi ?
09:20Et la première question du futur gouvernement, c'est ça.
09:23Moi, ce que j'ai besoin de savoir, c'est qu'est-ce qu'on va faire ensemble.
09:26Alors, vous avez aussi besoin de savoir qui pourrait porter cet ensemble.
09:30Évidemment, il y a pas mal de noms qui sont cités.
09:33Est-ce qu'il y en a qui retiennent votre attention davantage que d'autres ?
09:36François Bayrou, Bernard Cazeneuve, François Barboin,
09:39qui appartient aux Républicains, notamment. Entre autres noms.
09:43Je comprends la question.
09:45C'est important, l'incarnation.
09:47Bien sûr, je suis d'accord. Avec qui, ça compte.
09:49Mais d'abord, pour faire quoi ?
09:51Et donc, ce qui m'intéresse, c'est pour faire quoi ?
09:53Donc, j'ai besoin que cette réponse me soit apportée,
09:56parce qu'on est dans une période où c'est tellement trouble.
10:01Vous le savez, le projet qu'on porte, ça n'est pas le même que la Macronie.
10:05Pour autant, on a été capable de faire des efforts.
10:08Parce que précisément, on a considéré que c'était l'intérêt du pays
10:11qu'un certain nombre de politiques soient capables de faire des efforts
10:14pour se mettre ensemble.
10:15Mais sur tous les noms qui sont cités là, je rajoute Sébastien Lecornu,
10:17il n'y en a aucun que vous refusez, disons, d'emblée, sans les adouber ?
10:21Non, mon refus d'emblée, il serait sur un programme qui ne correspond pas
10:25à ce que je pense que ce dont le pays a besoin.
10:27Ça, ce serait mon refus d'emblée.
10:29Et donc, la question pour nous, elle est d'abord dans ce sens-là.
10:32Je pense, si je peux me permettre, que c'est quand même la seule façon
10:35qui est à peu près saine de fonctionner dans cette période.
10:37Un, dire, on ne bloquera pas.
10:39On ne sera pas dans cette logique de terre brûlée
10:42qui était celle que j'avais sous les yeux hier à l'Assemblée nationale.
10:45Et deuxièmement, ce qui compte, c'est pour faire quoi ?
10:48Le message de Laurent Wauquiez qui est passé ce matin dans les 4V.
10:50Merci beaucoup.
10:51Merci à vous.