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Aujourd’hui dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.
Aujourd’hui dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.
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00:00Arnaud Rousseau qui écoutait la chronique d'Axel Deterl est complètement consterné mais on imagine que ça doit vous rappeler pas mal de souvenirs.
00:07On va en parler. D'abord peut-être une réaction si vous voulez bien à la mort de Jean-Marie Le Pen. Vous l'aviez rencontrée ou pas ?
00:12Non, je n'ai jamais rencontré M. Le Pen.
00:14Le RN, cela dit, progresse chez les agriculteurs. Juste pour faire un petit point politique là-dessus.
00:20Le RN progresse mais n'est pas majoritaire, loin s'en faut, contrairement parfois à certaines idées reçues.
00:26Non mais le RN a convaincu un certain nombre d'agriculteurs français.
00:30A la dernière élection européenne, c'est près de 28% des agriculteurs qui avaient voté pour la liste de M. Bardella.
00:37Donc progression très forte par rapport à la présidentielle.
00:39C'est une progression par rapport à la présidentielle et c'est inférieur à ce que la moyenne des Français.
00:43Vous avez donc rendez-vous, ça c'est le rendez-vous important pour vous, ce lundi avec François Bayrou, le nouveau Premier ministre.
00:51Vous y allez, dites-nous, dans quel état d'esprit exactement ?
00:53Eh bien on y va, ce rendez-vous chez M. Bayrou, avec l'idée ferme que ce ne soit pas une prise de contact mais un rendez-vous pour avancer.
01:00Parce que Julien Arnault, ça fait un an, un an que nous sommes sur le terrain avec quatre premiers ministres différents.
01:06Vous voyez, ça nous donne un peu le sentiment de répéter sans cesse ce que sont nos demandes.
01:11Nous avions manifesté, c'était il y a un an, au mois de janvier, de manière très ferme pour obtenir et négocier,
01:18obtenir des avancées.
01:19Depuis, ces avancées ne sont pas au rendez-vous.
01:22Alors, on ne peut pas dire que rien ne s'est passé.
01:24Mais en tous les cas, ce que sont les principaux points à obtenir ne sont pas là.
01:28Parce que depuis, nous avons eu une dissolution, nous avons eu une motion de censure.
01:31Et ce qu'on dira à M. Bayrou, très clairement, c'est est-ce qu'il est capable de répondre aux mesures d'urgence ?
01:36Parce qu'elles sont nécessaires sur la trésorerie, sur l'indemnisation.
01:40Alors, les ministres ont déjà commencé à répondre.
01:42Ils disent, une fois que le budget sera voté, les premiers versements, les premières aides, ça sera pour les agriculteurs.
01:47Qu'est-ce que vous pouvez avoir de plus ?
01:48Écoutez, en tous les cas, le message qu'on a besoin de stabilité.
01:52Vous savez, pour l'agriculture, mais je crois pour n'importe quel secteur économique de ce pays,
01:56quand vous changez de gouvernement tous les quelques mois,
01:59vous ne pouvez pas avoir d'avenir, vous ne pouvez pas avoir de stabilité,
02:02vous ne pouvez pas avoir de confiance.
02:03Et moi, le message, il s'adresse à tous les hommes et les femmes politiques,
02:07quel que soit leur parti.
02:08Pour le secteur économique de l'agriculture, nous avons besoin de stabilité,
02:12nous avons besoin que les promesses faites soient tenues,
02:14et nous avons besoin de comprendre quel est le cap.
02:17Aujourd'hui, même si la situation est ce que vous avez décrit et ce que j'observe,
02:23nous avons besoin de stabilité.
02:24Si le gouvernement de M. Bayrou était renversé dans quelques semaines ou quelques mois,
02:27on retourne à la case départ.
02:29Écoutez, tout le monde observe quelle est la situation institutionnelle,
02:32quelle est la réalité parlementaire, et ça, ça nous inquiète.
02:35Il y a des problèmes de trésorerie aujourd'hui, déjà dans l'exploitation,
02:37à cause de ces événements politiques ou pas ?
02:39Non mais attendez, Julien Arnaud, les problèmes de trésorerie dans l'exploitation, ça fait plus d'un an.
02:42Justement, c'est tout le temps.
02:43Est-ce qu'ils sont renforcés par ce statut copolitique qui ne satisfait personne ?
02:47Mais la réponse est oui.
02:48Prenons un exemple concret.
02:49Le Premier ministre, M. Barnier, est venu à Cournon-d'Auvergne le 4 octobre
02:53annoncer une enveloppe de 75 millions d'euros pour indemniser la fièvre cataralovine.
02:57Vous savez, cette maladie sanitaire de la langue bleue qui touche les moutons.
03:01Au moment où je vous parle, la FCO8, qui a été très mortelle dans une partie sud de la France,
03:05n'a pas vu le premier euro d'indemnisation versé.
03:08On nous dit que ce sera fin janvier.
03:10Vous voyez, ça, concrètement, ça veut dire qu'entre l'annonce politique et la réalisation concrète,
03:14il y a un décalage que les agriculteurs ne comprennent pas et surtout ne supportent pas.
03:17Est-ce que vous pensez que François Bayrou peut, dès la déclaration de politique générale,
03:20au lendemain de votre rendez-vous, s'engager très fermement là-dessus ?
03:23Est-ce qu'il le doit ?
03:24Je le souhaite.
03:25Je le souhaite ardemment.
03:26M. Bayrou connaît en partie le secteur agricole.
03:29En tous les cas, il en a à plusieurs reprises vu les dossiers.
03:34Puis, il a été lui-même une partie de sa vie proche et agriculteur.
03:37Mais ce qu'on souhaite, ce n'est pas qu'on parle du passé.
03:39C'est que M. Bayrou nous dise très clairement.
03:41Oui, je vais m'engager sur les mesures d'urgence.
03:43Oui, je vais simplifier la vie des agriculteurs.
03:45Écoutez, la chronique que vous venez de faire est assez éclairante.
03:47Est-ce qu'à Bruxelles, on est capable, oui ou non,
03:49à un moment, de dire qu'on va arrêter de se tirer une balle dans le pied ?
03:51Et puis enfin, il y a tout le volet législatif.
03:53Est-ce que les textes attendus, le budget évidemment,
03:56mais les textes sur la simplification des sénateurs portent une proposition de loi sur la simplification
04:01que nous attendons ?
04:02Est-ce que sur la loi d'orientation agricole dont on parle depuis trois ans,
04:05on va finalement l'avoir, cette loi ?
04:07Voilà les questions que nous allons poser à M. Bayrou.
04:09Vous nous avez rappelé que le mouvement avait commencé il y a un an.
04:11Est-ce que vous envisagez de reprendre les actions d'ores et déjà maintenant
04:14pour remettre un peu la pression sur le gouvernement ou pas ?
04:16Nous allons d'abord attendre le rendez-vous avec M. Barnier.
04:18Il est dans quelques jours.
04:19Bayrou.
04:20Bayrou, pardon.
04:21Oui, bah oui, on s'y perd.
04:22Pardonnez-moi.
04:23Le Premier ministre, M. Bayrou, nous allons prendre ce rendez-vous
04:27et au regard de ce que seront les conclusions de ce rendez-vous,
04:30nous prendrons ou pas la décision de voir quels sont les mouvements.
04:33Mais vous savez aussi que nous sommes...
04:34Vous attendez de voir.
04:35Vous attendez de voir ce qu'il va vous dire.
04:36Non, mais encore une fois, nos revendications sont très claires.
04:39Les promesses qui nous ont été faites sont reprises.
04:41Est-ce que M. Bayrou va, oui ou non, faire sienne ces mesures ?
04:45Et surtout, dans quel délai ?
04:46Parce que ce qui nous intéresse, c'est quand, voyez,
04:49quand vous attendez des mesures de compétitivité,
04:52que ce soit par exemple pour l'élevage bovin avec une mesure fiscale
04:55qui a été promise depuis plus d'un an,
04:56quand vous attendez sur les retraites,
04:58quand vous attendez sur les travailleurs occasionnels,
05:00quand est-ce que les choses vont se mettre en place ?
05:02Voilà la question.
05:03C'est quand.
05:04Quand est-ce que ça se met en place ?
05:05C'est une façon de vous débarquer de la coordination rurale aussi,
05:07qui a repris la pression, elle, il y a plusieurs jours,
05:09qui a tenté de le faire, en tout cas,
05:10et qui a voulu rouler même sur Paris.
05:12D'ailleurs, le gouvernement a empêché les agriculteurs
05:14de la coordination rurale de monter sur Paris.
05:16Vous pensez que les pouvoirs publics ont bien fait d'empêcher ça ou pas ?
05:19Non, mais attendez.
05:20Il y a deux sujets concernant la coordination rurale.
05:22D'abord, je n'ai pas l'habitude de commenter ce que font les autres,
05:24mais il y a la forme.
05:25Il commente largement ce que vous faites.
05:27Oui, mais vous savez, on est aujourd'hui largement leader
05:30parce qu'on a montré depuis des années notre sérieux.
05:32La coordination rurale sur la forme a appelé à bloquer Paris
05:35et a appelé les Français à venir à leur soutien,
05:37alors que nous, depuis le début, on dit qu'on n'est pas là
05:39pour ennuyer les Français.
05:40Avec le résultat qui a été observé, je pense que tout le monde a vu le flop.
05:43Mais la forme ne m'intéresse peu, c'est le fond qui m'intéresse.
05:46Ce qu'a porté dans ce mouvement la coordination rurale,
05:49nous le disons depuis des mois, simplification.
05:52On a besoin que les règles soient simplifiées.
05:54On a besoin aussi que les contrôles soient faits aux frontières.
05:57Quand j'entends qu'on demande à l'OFB d'aller faire des contrôles aux frontières,
06:00je me dis qu'il y a encore un peu de travail à faire au syndicat
06:02sur l'office français de la biodiversité,
06:04donc ce n'est pas le travail d'aller vérifier.
06:06Mais encore une fois, ce qui compte pour nous,
06:08c'est de porter cette ambition du goût d'entreprendre en agriculture,
06:11de la souveraineté alimentaire française.
06:13Au même titre que la chronique précédente,
06:15vous voyez bien que si on veut continuer à avoir une alimentation de qualité
06:18dans nos assiettes et ne pas continuer à se tirer une balle dans le pied
06:20et ne plus marcher sur la tête, on a besoin que des décisions soient prises.
06:23Alors justement, des décisions notamment sur les normes,
06:25parce qu'on sait que c'est un sujet très important pour vous.
06:27Michel Barnier avait avancé sur ce qu'on appelle les surtranspositions,
06:30c'est-à-dire en gros, on impose aux agriculteurs français
06:32des règles que les autres européens ne s'imposent pas.
06:34Où ça en est là-dessus et est-ce que vous pensez
06:36que le nouveau gouvernement ira dans ce sens-là également ?
06:39Écoutez, on souhaite que ça aille dans ce sens-là,
06:41mais là aussi, il nous faut des mesures concrètes
06:43et on va en avoir une très prochainement.
06:45C'est la question du Mercosur, vous savez, cet accord de libre-échange
06:48qui lie une partie de l'Amérique du Sud à l'Europe
06:50sur laquelle la présidente de la Commission,
06:52Madame von der Leyen, s'est engagée.
06:54Écoutez, pour nous, ça n'est pas acceptable,
06:56non pas parce qu'on ne veut pas continuer à commercer,
06:58l'Europe agricole a besoin de continuer à commercer,
07:00mais on ne peut pas le faire avec des règles
07:02qui sont des règles distorsives, avec des produits
07:04qui sont interdits en Europe et qu'on importerait
07:06avec des règles de production et sans traçabilité.
07:09Voilà ce qu'on dit, c'est un cas concret
07:11et c'est la responsabilité du président de la République
07:13de faire en sorte que cet accord n'entre pas en ligne.
07:15Il s'est exprimé, il a dit la messe n'est pas dite, Emmanuel Macron.
07:18Vous lui faites confiance là-dessus ou pas ?
07:20Écoutez, en tous les cas, c'est de sa responsabilité,
07:22nous ce n'est pas la confiance, vous savez,
07:24le processus est enclenché, la question c'est
07:26est-ce que nous sommes en capacité de l'arrêter ?
07:28Oui ou non. Et ce rendez-vous, nous l'aurons avant l'été,
07:31je pense, parce que c'est le moment où les décisions sont prises.
07:34Mais je le redis très clairement, pour nous,
07:36il n'en est pas question, mais pas simplement
07:38pour le Mercosur. Sur la question ukrainienne,
07:40on a aussi des distorsions de concurrence,
07:42on sait que l'Ukraine se bat pour sa territorialité,
07:45on a besoin, tout en soutenant ce combat
07:47qui est aussi un combat européen,
07:49faire en sorte que les produits agricoles
07:51n'arrivent pas dans des conditions distorsives.
07:53Mercosur commence le 22 février, d'après vous,
07:55l'ambiance, elle sera comment ? Électrique ou apaisée ?
07:57Non mais, d'abord, elle sera exigeante,
07:59parce qu'on ne peut pas nous faire des promesses
08:01et puis ne pas les tenir et ensuite
08:03venir caresser le cul des vaches, pardonnez-moi l'expression.
08:06On a besoin que les choses se concrétisent,
08:08on a besoin que la vision soit donnée,
08:10et ce salon, vous savez, c'est un moment important
08:12de rencontre avec les Français, c'est un moment
08:14de convivialité, c'est un moment de fierté pour les agriculteurs.
08:16Nous, on ne veut pas le transformer en champ de bataille,
08:18mais on dit très clairement aussi
08:20à l'ensemble des politiques que leur responsabilité
08:22est engagée et qu'on ne peut pas simplement
08:24venir au moment de la fête, on a besoin aussi
08:26d'apporter des preuves de son efficacité.
08:28Et votre rendez-vous de lundi à la sortie,
08:30en tout cas, donnera une idée de l'ambiance
08:32qui suivra après, notamment au Salon d'agriculture.
08:34Merci beaucoup, Arnaud Rousseau, en direction des Canadiens.
08:36Merci Julien Arnaud.