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Aujourd'hui, dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Boris Vallaud, député du Landes et Président du groupe PS à l'Assemblée.

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Transcription
00:00Et bienvenue à vous Boris Vallaud, merci d'être avec nous ce matin et c'est vrai qu'on est content de vous entendre parce qu'en ce moment vous avez beaucoup de travail, vous avez des petits yeux, c'est pas fini, ça va continuer.
00:10Il y a cet après-midi le discours de politique générale de François Bayrou. Alors vous l'avez vu hier soir, François Bayrou, vous étiez à Matignon avec Olivier Faure et Patrick Cannaire.
00:19On a cru ces derniers jours que vous étiez tout proche d'un accord. On se disait c'est bon, l'accord d'une non-censure va arriver et puis hier, patatras, vous êtes sortis furieux. Pourquoi ?
00:28Parce qu'on a rencontré des ministres qui ne nous ont pas dit plus qu'ils nous avaient déjà dit, c'est-à-dire pas grand-chose. Et nous on veut des réponses.
00:35Vous savez, la question que nous posons, c'est comment être utile aux Français tout de suite, maintenant et pour tous ? Que les efforts demandés ne soient pas consentis d'abord par les retraités,
00:44celles et ceux qui n'ont que leur force de travail pour vivre, les malades, les patients, les fonctionnaires, etc. Et donc nous on a besoin de réponses.
00:51On a besoin de réponses sur quoi ? On a besoin de réponses sur les moyens d'hôpital, sur les moyens de l'éducation nationale, sur les retraites.
00:58C'est évidemment le sujet que tout le monde regarde.
01:00Oui, mais qui ne doit pas, j'allais dire, esquiver tout le reste. Parce que ce que nous demandons, déjà dans le débat de Michel Barnier, c'est que ces classes populaires
01:08ne soient pas celles qui règlent la facture du quoi qu'il en coûte. Vous voyez, il y avait la question de la désindexation des pensions. C'est réglé, c'est réindexé.
01:14Mais il y a encore les moyens d'hôpital, il y a encore les jours de carence, il y a encore les 4000 suppressions de postes dans l'éducation nationale.
01:20Est-ce que vous avez obtenu la suspension ou pas ?
01:22Pour l'instant, nous ne l'avons pas obtenue. Ce que nous demandons, c'est que nous ayons un nouveau rendez-vous démocratique.
01:28Ce qui a manqué, en réalité, à la réforme des retraites, c'est ce moment où on écoute les partenaires sociaux, c'est ce moment où on fait confiance au débat parlementaire.
01:38Moi, je vois une double réparation dans cette question des retraites. Pourquoi nous y sommes si accrochés ?
01:43D'abord parce que c'est une injustice sociale faite aux carrières élongues, aux carrières pénibles, aux carrières hachées.
01:48Souvent, c'est les carrières de femmes qui ont eu ces vies professionnelles difficiles.
01:53Et puis, nous voulons aussi une réparation démocratique. Vous connaissez les circonstances dans lesquelles la réforme des retraites a été adoptée contre les Français,
02:00contre les partenaires sociaux, contre le Parlement.
02:04Est-ce que ça veut dire qu'à ce stade, vous votez la censure ou pas ?
02:07Ça veut dire à ce stade que le compte n'y est pas et que nous continuons de nous battre jusqu'à la dernière minute.
02:12Et que donc, à ce stade, le compte n'y est pas, donc vous votez la censure ?
02:15C'est une perspective qui, en effet, se grossirait de l'absence d'écoute supplémentaire du gouvernement.
02:23Mais je le dis, les Outre-mer, pas seulement Mayotte et la Nouvelle-Calédonie qu'il faut évidemment aider,
02:29mais l'ensemble des Outre-mer où la vie est chère a besoin d'un vrai budget, d'un budget à la hauteur de leur défi.
02:33Je le dis aussi, les collectivités locales, qui sont les premiers investisseurs publics, ont besoin d'être soutenus.
02:38Le logement, sur lequel la croissance ne redémarre pas, a besoin d'un signe.
02:42Si tous ces signes-là, nous ne les avons pas, la réalité, c'est que nous n'aurons pas été suffisamment entendus.
02:49Et nous avons besoin de bouger sur ces sujets-là.
02:51Est-ce qu'il y a eu un retournement sur les retraites ?
02:53Est-ce que vous avez cru comprendre qu'il y allait y avoir suspension et finalement non ?
02:56Est-ce que les choses et l'atmosphère ont changé ?
02:58Écoutez, il y a eu des tergiversations.
03:01Ça, je ne peux pas vous dire l'inverse.
03:03Un pas en avant, un pas en arrière.
03:06Non, parce qu'en réalité, à la fin des fins, c'est le Premier ministre qui décide.
03:10Et les ministres nous ont toujours dit que c'est le Premier ministre qui, à la fin, arbitre.
03:14C'est la raison pour laquelle nous en y avons parlé.
03:16Nous avons besoin que tout soit remis à plat, et en particulier la mesure d'âge, les 64 ans,
03:21parce que nous avons la conviction que le déficit que nous contestons pas,
03:24il peut être comblé par d'autres façons que par une mesure qui, je le dis, frappe les plus fragiles.
03:30Réparation sociale, réparation démocratique, c'est quand même un rendez-vous important.
03:34Je me déshonorerais de retourner dans le dialogue social et avec les partenaires sociaux.
03:37Il y a d'autres rendez-vous prévus d'ici au discours de cet après-midi ou pas ?
03:40Il n'y a pas d'autres rendez-vous prévus.
03:42Il y a sans doute encore des échanges, des discussions.
03:45Mais à quoi est utile une opposition ?
03:49Eh bien à tout ce qu'elle peut ramener comme victoire à la maison pour les Françaises et les Français,
03:53pour que leur pouvoir d'achat ne soit pas amputé d'abord par les efforts
03:57qui pourraient être consentis avec des mesures de justice fiscale par celles et ceux qui le peuvent.
04:01On a parlé de la distribution de dividendes tout à l'heure.
04:03Comment vous expliquez de ce qu'on perçoit, de ce que vous nous dites ?
04:06Il y a quand même une différence de discours entre ce que vous dit Bercy, Eric Lombard
04:08et ce que vous avez entendu dire dans la bouche du Premier ministre.
04:10Comment vous expliquez ça ?
04:12Est-ce que c'est à cause du discours de plusieurs personnalités de la droite qui disent
04:15« si c'est ça, nous, on va quitter le gouvernement »
04:17ou est-ce que c'est peut-être Emmanuel Macron qui dit derrière
04:19« moi je veux bien discuter mais il faut que les fondamentaux soient là » ?
04:21Vous savez, j'ai entendu la droite par exemple défendre une réforme des retraites
04:25qu'elle n'a pas défendue à l'Assemblée nationale.
04:27Je rappelle que si la réforme est passée par 49-3, c'est que les voix des Républicains ont été divisées.
04:33Maintenant ils s'en font, les premiers défenseurs.
04:35Nous demandons une mesure de réparation sociale et démocratique.
04:39Tout remettre sur la table.
04:41Et puis, je le redis, l'hôpital a besoin de moyens supplémentaires.
04:45On ne peut pas supprimer 4000 postes, on ne peut pas accepter les jours de quarantaine.
04:48En fait, vous demandez un accord global.
04:50Pas que les retraites, même s'il y a la suspension, ça ne suffira pas, c'est ce que vous nous dites ce matin.
04:53Oui, on a besoin d'être utile à la vie des Français.
04:56Pas dans une hypothétique élection anticipée, pas dans 30 mois.
04:59C'est maintenant que les gens ont besoin de remplir leurs réfrigérateurs, de remplir leurs réservoirs d'essence.
05:04Eh bien, nous avons la possibilité de construire quelque chose que j'appelle moi la stabilité dans la justice.
05:10C'est entre les mains du Premier ministre et nous attendons des signes de sa part cet après-midi.
05:14Pour que ça soit clair, même s'il y a suspension, mais que sur d'autres points vous n'êtes pas entendu, vous dites « on censurera quand même ».
05:20Mais on parle de tout, de tout ce que nous défendons et qui soit utile à la vie des Français.
05:24Vous avez bien compris l'importance de la réforme des retraites.
05:27Mais nous voulons, je le redis, parler de ce qui concerne la vie quotidienne des Françaises et des Français.
05:32La suspension, ça coûte cher. On l'a évoqué.
05:35Plus de 3 milliards d'euros déjà allarchés, 3 milliards 4, chiffres qui ont été repris.
05:39Vous, vous dites « il suffit de compenser en prenant dans le fonds de réserve ».
05:41Il n'y a pas d'autre piste parce que le fonds de réserve, il n'est pas fait pour ça.
05:44Mais le fonds de réserve, il était fait pour compenser le déficit démographique.
05:47Si nous y sommes, c'est que c'est bien son objet.
05:49Ensuite, sur 2025, Madame Panossian, la ministre, dit que c'est 500 millions d'euros.
05:56Sur une période plus longue, c'est en effet plus cher.
05:59Nous disons que nous devons avoir des discussions, des partenaires sociaux
06:03qui s'ouvrent le plus rapidement possible parce qu'il y a d'autres mesures de financement,
06:07sans doute que le fonds de réserve des retraites, mais très certainement que la retraite à 64 ans.
06:12Parce que la retraite à 64 ans, je le redis, c'est un impôt sur la vie, sur la vie des plus modestes.
06:16Est-ce que c'est acceptable ? Je ne le crois pas.
06:18Est-ce que vous pensez que les partenaires sociaux peuvent s'entendre sérieusement ?
06:21Si on leur dit qu'on suspend pour 6 mois et qu'au bout de 6 mois, miraculeusement, on serait tombés d'accord.
06:25Mais les partenaires sociaux, les organisations syndicales,
06:28avec un fonds uni pour s'opposer à la retraite à 64 ans, il y a des pistes que nous connaissons,
06:32que nous avons nous-mêmes portées dans les débats qui n'ont jamais été entendus.
06:36Vous n'allez pas mettre le patronat d'accord avec la CGT ou la CDT ?
06:39Mais le patronat doit aussi entendre qu'une réforme comprise, une réforme juste,
06:43elle est utile à l'économie.
06:45La stabilité, elle est utile à l'économie.
06:47La juste répartition des richesses, elle est utile à l'économie.
06:51Le soutien au pouvoir d'achat, il est utile à l'économie.
06:53Eh bien, le patronat n'est pas dans un vase clos,
06:55il est dans une société dans laquelle un peu plus de justice pour tous,
06:59c'est plus de croissance pour ceux qui l'attendent.
07:01Alors, ce changement d'ambiance, il est salué par vos partenaires ou ennemis de LFI,
07:05ça, on a du mal à comprendre, vous allez nous expliquer peut-être.
07:07Jean-Luc Mélenchon vous traitait de servile il n'y a pas si longtemps, il l'avait tweeté.
07:12Il y a eu hier, à la suite de cette réunion qui ne s'est pas très bien passée,
07:15LFI disait, vous voyez, le PS est en train de se faire rouler dans la farine
07:18et il est en train de revenir dans le droit chemin.
07:20Vous répondez quoi à ça ?
07:21Moi, je réponds que je préfère être utile tout de suite et même modestement aux Français
07:25que dans une hypothétique élection anticipée.
07:27Je pense à celles et ceux qui ont des vies difficiles,
07:30la majorité absolue en France, c'est celles des vies difficiles,
07:32celles des fins de mois qui ne sont pas le 30 mais le 15.
07:35C'est à eux et à eux seuls que je pense, le reste m'intéresse assez peu.
07:38Quitte à briser cet accord du nouveau fonds populaire.
07:40Vous savez, ce n'est pas le sujet.
07:41Si le fonds populaire se brise parce que nous sommes en train de chercher des victoires
07:46pour les Français, et bien que ce n'était pas si solide que cela.
07:49Sur le budget, est-ce que vous avez obtenu des choses sur les impôts,
07:52sur la fiscalité, pour les grands groupes, pour les personnes qui gagnent le plus ?
07:56On avance, on avance sur ce sujet, pas suffisamment à mon goût.
08:00Vous en êtes où ?
08:01Vous savez, à chacun selon ses moyens, on a des contributions
08:04pour que chacun puisse être servi selon ses besoins en matière sociale.
08:09Aujourd'hui, quand je vois les montants de distribution des dividendes,
08:12je dis encore un effort, M. le Premier ministre.
08:14C'était pour 2023, vous avez entendu les précisions d'Axel Butare ?
08:16Oui, bien sûr, mais on nous explique toujours que c'est pour l'année d'avant.
08:18Et c'est toujours une bonne raison de ne rien faire,
08:20sauf qu'on va d'année à année, de record en record.
08:22Et en matière d'économie, Laurent Wauquiez, hier dans Le Parisien,
08:25disait qu'il y a plein d'organismes d'État, il y en a 1000,
08:28des opérateurs dont on peut sans doute se passer, ça représente 80 milliards.
08:32Vous économisez où, vous ?
08:33Mais il est dans l'incantation, Laurent Wauquiez.
08:39Laurent Wauquiez, c'est dans le Yaka Faucon.
08:42Nous, nous sommes allés à la discussion, nous avons fait des propositions.
08:45Vous savez, on a parlé de soutien à l'économie.
08:48Nous envisagerons les attentes du milieu économique.
08:50Je parle de logement.
08:51Le logement s'effondre au moment où le nombre de celles et ceux
08:53qui ont des difficultés à se loger explose.
08:55Eh bien, là aussi, nous demandons au Premier ministre des signes,
08:58des signes tangibles pour ce milieu qui est dans l'attente.
09:00La menace d'une censure pèse donc plus que jamais sur les épaules de François Bayrou.
09:03C'est ce qu'on a entendu ce matin dans votre bouche, Boris Vallaud.
09:05Merci beaucoup.
09:06Merci à vous.