Débat entre Jean-Philippe Delsol, avocat est président de l'IREF, l'Institut de recherches économiques et fiscales. Son ouvrage : "Libéral ou conservateur ? Pourquoi pas les deux ?" et Oliver Pichon pour son livre "Les nouvelles routes de la servitude". Être libéral, être conservateur, qu’est-ce que cela veut dire (une attitude, un mode de vie) ? Ne sommes-nous pas en présence d’un oxymore tant il est vrai que le libéralisme bouleverse l’existence des peuples, le marché révolutionne les comportements et les pratiques et travaille contre la tradition. Quand Turgot disait qu’il faut foudroyer tout ce qui s’insère entre l’individu et le marché, le libéralisme est-il vraiment au service de la liberté ? (Turgot a échoué à réduire la dette). En réalité il y a une réelle opposition entre l’individu (ou les personnes) et la cité, les libéraux privilégient l’individu, les conservateurs la cité.
La construction européenne a été lancée par des libéraux conservateurs. Laquelle de ces deux idéologies a triomphé ? Pourquoi l’UE est-elle si loin du projet initial. Le libre-échange et le protectionnisme sont en débat, le premier à tué l’agriculture anglaise, le second a favorisé la croissance des Etats-Unis de 1865 à 1945. L’économiste Yves Perez rappelle que la France a été protectionniste entre 1873 et 1973.
L’ultime débat portant sur le budget Barnier, un manque de rupture, un échec prévisible dans son incapacité à trancher dans le vif des dépenses.
A la suite de "Politique & Eco", retrouvez la chronique financière de Philippe Béchade intitulée : "France : Les Marchés anticipent un prélèvement citoyen".
Philippe Béchade est rédacteur en chef de La Chronique Agora et La Lettre des Affranchis aux @Publications Agora.
Pour télécharger gratuitement le dernier rapport de Philippe Béchade : https://signups.lachroniqueagora.com/X9904645
La construction européenne a été lancée par des libéraux conservateurs. Laquelle de ces deux idéologies a triomphé ? Pourquoi l’UE est-elle si loin du projet initial. Le libre-échange et le protectionnisme sont en débat, le premier à tué l’agriculture anglaise, le second a favorisé la croissance des Etats-Unis de 1865 à 1945. L’économiste Yves Perez rappelle que la France a été protectionniste entre 1873 et 1973.
L’ultime débat portant sur le budget Barnier, un manque de rupture, un échec prévisible dans son incapacité à trancher dans le vif des dépenses.
A la suite de "Politique & Eco", retrouvez la chronique financière de Philippe Béchade intitulée : "France : Les Marchés anticipent un prélèvement citoyen".
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NewsTranscription
00:00:00Et d'ETVL, la liberté à tout prix.
00:00:30– Générique de fin –
00:00:46– Bonjour à tous, ravi de vous retrouver pour Politique et Économie.
00:00:52Aujourd'hui, deux invités spéciaux.
00:00:54À ma gauche, Jean-Philippe Delsol, vous êtes avocat.
00:00:58Vous êtes également le président de l'IREF, l'Institut de Recherche Économique et Fiscale.
00:01:05Et vous publiez l'ouvrage dont on va débattre dans un instant,
00:01:08Libéral ou Conservateur, pourquoi pas les deux ?
00:01:12Et à ma droite, pour apporter la contradiction, Olivier Pichon,
00:01:16professeur d'économie et qui a récemment publié un ouvrage
00:01:22dont on a parlé dans un des derniers Politique et Économie,
00:01:25les nouvelles routes de la servitude, et c'est sûr, le totalitarisme au XXIe siècle.
00:01:30Alors, évidemment, on va parler du libéralisme, du conservatisme.
00:01:35Alors, je commencerai par vous, Jean-Philippe Delsol.
00:01:39Être libéral, être conservateur, qu'est-ce que ça veut dire ?
00:01:43– Merci d'abord de votre accueil.
00:01:45Oui, il faut commencer par là, qu'est-ce que ça veut dire ?
00:01:48En fait, ça veut tout dire et rien dire, d'une certaine manière,
00:01:51puisqu'il y a beaucoup de gens qui se prévalent de l'un ou de l'autre,
00:01:54de manière très différente.
00:01:56Libéral, est-ce que ça veut dire laxiste ?
00:02:01Est-ce que ça veut dire un libéral outre-Atlantique ?
00:02:05Un libéral outre-Atlantique, c'est un gauchiste en France.
00:02:09En tout cas, c'est un progressiste très avancé, parfois.
00:02:12Ou alors, est-ce que ça veut dire, en fait, un libéral classique ?
00:02:17Je pense à Adam Smith, à Locke, aujourd'hui, à un libéral autrichien, à Jaeg.
00:02:22Donc, on peut, évidemment, dire beaucoup de choses, là-dessus.
00:02:25Pour moi, le libéral, c'est celui, mais on y reviendra, je pense,
00:02:29qui respecte, en fait, l'individu comme fin.
00:02:34Ou la fin de l'individu, l'individu dans ses fins.
00:02:37Et ça, je crois que c'est essentiel.
00:02:39C'est-à-dire que le vrai grand débat, c'est peut-être, d'ailleurs,
00:02:42là qu'il y a le débat le plus profond entre libéraux et conservateurs,
00:02:48c'est la question de savoir qui domine l'autre de la cité et de l'individu.
00:02:55Et en réalité, je crois que la réponse du libéralisme classique
00:03:00et d'un conservatisme, j'allais dire, authentique,
00:03:04c'est qu'il n'y a pas de domination, il y a des ordres différents
00:03:08qui sont nécessaires l'un à l'autre.
00:03:11C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'homme sans cité,
00:03:14parce qu'il n'y a pas d'homme sans famille,
00:03:15et que les familles forment des cités.
00:03:18Mais il n'y a pas de cité et de famille autrement que pour les individus,
00:03:23puisque, en fait, la fin de toute organisation
00:03:27est relative pour les catholiques, ou les chrétiens d'une manière générale,
00:03:32finalement, au salut de chaque individu.
00:03:34Le salut est individuel dans le christianisme,
00:03:37même s'il ne se conçoit jamais sans la communauté
00:03:42dans laquelle il se parfait.
00:03:46Mais, en même temps, la cité est une nécessité qui a ses propres vertus.
00:03:52Et le conservatisme est effectivement une approche…
00:03:57Alors, le conservatisme, parce que là aussi,
00:03:59il y a de très nombreuses façons de le concevoir.
00:04:02Je pense peut-être plutôt à un conservatisme au sens anglo-saxon, d'ailleurs.
00:04:06Je dirais que je prends le libéralisme continental
00:04:08et le conservatisme anglo-saxon.
00:04:10Vous avez des références chez les Anglais qui sont de cette facture-là.
00:04:17C'est Scruton, qui est le plus connu peut-être en France.
00:04:19Wakshot, aussi peut-être un peu américain, anglais, mais…
00:04:23– Que vous citez abondamment dans votre livre.
00:04:25– Que je cite abondamment l'un et l'autre.
00:04:26Le conservatisme, alors, est donc finalement dans une attention plus forte
00:04:35au rôle de la cité, à l'ordre dans la cité,
00:04:38l'ordre dans lequel, le libéral le dit,
00:04:40sans lequel, pardon, il n'y a pas de vraie liberté.
00:04:43Donc, il n'y a pas d'opposition là-dessus,
00:04:45mais l'attention est plus focalisée sur ces choses-là, voilà.
00:04:49– Est-ce que vous auriez une réponse, Olivier, à apporter ?
00:04:51– Alors, évidemment, beaucoup de réponses.
00:04:54Cher Jean-Philippe Delsolme, je citerai Péguy,
00:04:56que j'ai mis en exergue de mon livre,
00:04:59« L'ordre et l'ordre seul fait en définitive la liberté.
00:05:02Le désordre fait la servitude. »
00:05:04Bon, nous sommes d'accord là-dessus, bien entendu.
00:05:07Mais c'est pourquoi j'ai intitulé le livre
00:05:11« Les nouvelles routes de la servitude ».
00:05:13Or, si vous me permettez, je vous citerai aussi,
00:05:16puisque dans votre introduction, vous nous dites que,
00:05:20libéral et conservateur, ça pourrait être un oxymore.
00:05:24En effet, une contradiction par les termes.
00:05:26Et je voudrais pousser plus loin la logique,
00:05:30parce que le libéralisme peut être
00:05:32un espèce de rouleau compresseur quasi révolutionnaire,
00:05:37quasi destructeur.
00:05:39Considérez par exemple les révolutions socialistes,
00:05:42les révolutions communistes.
00:05:44Elles sont, à un moment donné, brutales.
00:05:47Elles bouleversent l'ordre établi, évidemment.
00:05:50Mais ensuite, elles se montrent d'un conservatisme extraordinaire.
00:05:54Prenez l'Union soviétique.
00:05:56Même dans son iconographie, c'est tout à fait extraordinaire
00:06:00de voir le statuaire, par exemple, des héros du socialisme soviétique,
00:06:05il ressemble au statut d'Arnaud Brecker,
00:06:08c'est-à-dire les statuts nazis, enfin les statuts allemands,
00:06:12si vous préférez.
00:06:13Permettez-moi de vous citer un auteur que je cite dans mon livre.
00:06:17C'est « Si vous avez toujours cru que tout le monde
00:06:20devait jouer selon les mêmes règles
00:06:22et être jugé selon les mêmes normes,
00:06:25cela vous aurait valu d'être qualifié de radical il y a 60 ans,
00:06:29de libéral il y a 30 ans et de raciste aujourd'hui. »
00:06:33– Qui est l'auteur ?
00:06:33– L'auteur, Thomas Sowell, un économiste noir américain.
00:06:37– Oui, je le connais.
00:06:38– Vous le connaissez, c'est un personnage tout à fait exceptionnel.
00:06:41Donc, si vous voulez, je crois que le libéralisme
00:06:43a eu des effets extrêmement destructeurs.
00:06:46Son introduction, la logique du marché a bouleversé,
00:06:50y compris d'ailleurs, les États émergents,
00:06:53qui en ont tiré quelques bénéfices, il faut le reconnaître.
00:06:56Bon, on vit mieux dans certains états,
00:06:59même l'Inde, il y a une classe moyenne qui sort, qui évolue.
00:07:04Dans un certain nombre de pays d'Asie,
00:07:06on voit monter une classe moyenne, incontestablement.
00:07:09Mais à côté de ça…
00:07:09– Est-ce qu'en Occident, par exemple, on vit mieux grâce au libéralisme ?
00:07:13– Alors, ce n'est pas tout à fait le cas, à mon avis.
00:07:16La classe moyenne a beaucoup souffert.
00:07:18Mais sont-ce les effets du libéralisme
00:07:23ou les effets d'un laissé-aller
00:07:26qui n'est peut-être pas le laissé-aller des libéraux ?
00:07:29Je vous pose la question, bien entendu.
00:07:32– Non mais, alors d'abord, je vais le dire, parce que je le pense,
00:07:36j'ai aussi lu avec intérêt et plaisir votre ouvrage,
00:07:41même si je n'en partage pas toutes les conclusions,
00:07:45en tout cas pour le moins, mais plus largement les analyses.
00:07:48C'est là qu'on voit que c'est compliqué, d'ailleurs.
00:07:52Je crois, peut-être pour essayer de répondre d'un peu haut,
00:07:57que, en réalité, bien sûr, vous avez raison de citer Péguy,
00:08:01il n'y a pas de liberté sans un certain ordre.
00:08:04En réalité, ce qui est dangereux, c'est d'absolutiser ce que sont les moyens.
00:08:09Donc, quand on absolutise la cité, c'est dangereux,
00:08:13et ça donne l'Union soviétique ou d'autres ordres
00:08:18qui sont sinon toujours totalitaires, du moins tyranniques.
00:08:22Et quand on absolutise la liberté, c'est la même chose.
00:08:25Car la liberté, en réalité, dans l'ordre libéral tel que je le conçois,
00:08:30la liberté n'est jamais qu'une fin, n'est jamais une fin par contre, excusez-moi.
00:08:34– N'est jamais une fin, bien sûr, elle est un moyen.
00:08:35– Elle est un moyen, sauf peut-être pour les gouvernements,
00:08:38parce que pour eux, elle est dans l'objet de leur mission
00:08:43que d'établir la liberté des individus, et donc c'est différent.
00:08:46Mais pour les individus eux-mêmes,
00:08:49on peut appeler les personnes si vous préférez,
00:08:51mais les connotations sont un peu différentes,
00:08:55pour les individus, la liberté n'est toujours et jamais
00:08:59qu'un moyen au service de ses fins.
00:09:01Alors, une fois qu'on a saisi, si vous voulez,
00:09:04cette différence dans les approches,
00:09:07je pense qu'on est plus à l'aise pour admettre
00:09:10qu'au fond, on peut cheminer avec un ordre,
00:09:17et je vais rajouter une tradition,
00:09:19les conservateurs ont aussi cette force de savoir préserver
00:09:25la tradition au sens du progrès qui a réussi,
00:09:28car pour moi, c'est ça la tradition.
00:09:29– Oui, alors ça, c'est une idée très chère aux libéraux,
00:09:31à savoir que l'homme, l'humanité procède
00:09:34par la méthode des essais-erreurs.
00:09:35– Bien sûr.
00:09:36– Et qu'il faut lui laisser procéder ainsi,
00:09:39parce qu'elle va choisir systématiquement
00:09:42ce qui a le mieux réussi.
00:09:45Mais est-ce que ça se vérifie expérimentalement ?
00:09:48– Alors, ça se vérifie évidemment expérimentalement,
00:09:50car si ça ne se vérifiait pas, nous n'en serions pas
00:09:53là où nous en sommes.
00:09:54Le progrès progresse, je fais intentionnellement
00:09:59cette redondance, par justement cette idée
00:10:05que les hommes, peu ou prou, ils se trompent souvent,
00:10:09mais globalement, ils avancent parce qu'ils retiennent
00:10:12ce qui marche, ce qui marche à un moment donné,
00:10:15car ça ne marche pas toujours de la même manière,
00:10:17ça évolue, c'est pour ça qu'une tradition doit elle-même évoluer.
00:10:20Mais je vais rajouter autre chose,
00:10:21c'est que c'est précisément très important aussi
00:10:26d'être toujours dans une attitude de prudence,
00:10:28l'attitude prudentielle qui est essentiellement
00:10:31et conservative et libérale d'ailleurs pour moi,
00:10:34et qui est au fond à la source de notre philosophie politique commune
00:10:40qui est celle d'Aristote, il médiaux, stat de vertu.
00:10:43– Alors, peut-être avançons avec Turgot
00:10:47qui était quand même un ministre libéral de Louis XVI
00:10:52qui disait ceci, qu'il faut foudroyer tout ce qui s'insère
00:10:56entre l'individu et le marché.
00:10:59Alors, est-ce que le libéralisme est vraiment synonyme de liberté ?
00:11:04Est-ce qu'il est vraiment au service de la liberté ?
00:11:06– Ah ! Alors, je dois dire que Turgot, il a écrit énormément,
00:11:12il y a des dix volumes d'écrits de Turgot, beaucoup de lettres.
00:11:16– Mais il a échoué politiquement.
00:11:18– Lui, il a réussi économiquement.
00:11:21– Il n'a pas réussi à désengager le royaume.
00:11:24– Il était sur la bonne voie.
00:11:25Alors, je le rappelle en deux mots quand même,
00:11:28parce que nos auditeurs ne connaissent pas tous Turgot,
00:11:31ils en sont excusés, on ne peut pas tout connaître.
00:11:34Turgot, nommé ministre de Louis XVI à un moment très critique déjà.
00:11:37– Oui, il l'obligeait.
00:11:38– Et il fait une très belle lettre à Louis XVI pour lui dire que,
00:11:41bon, il le remercie et qu'il va essayer de s'employer à sauver le régime
00:11:45par la liberté justement.
00:11:48Et la liberté commence parce que nous sommes dans l'Ancien Régime,
00:11:51ce qui compte d'abord c'est de nourrir les gens.
00:11:54Et donc, le problème c'est d'abord le blé.
00:11:56Et quand Turgot arrive, il y a eu des famines,
00:11:59il y a eu des difficultés d'approvisionnement dans bien des pays,
00:12:02de la Touraine au bord de l'Aide, etc.
00:12:05Et donc, Turgot dit mais en fait, on n'arrive pas à nourrir les gens
00:12:10parce que le blé ne circule pas.
00:12:12Et il ne circule pas parce qu'il y a des taxes sur chaque territoire,
00:12:17il y a des octrois, il y a des réglementations différentes.
00:12:20– Des temps lieux, des droits de péage, les routes, les repos, etc.
00:12:25– Et donc, il libéralise et il dit, vous verrez, alors ça fait peur,
00:12:31c'est revenir sur l'esprit des corporations.
00:12:34Mais lui, il libéralise, c'est ça l'idée de, quand il dit marché ici,
00:12:39je pense qu'il pense à ces marchés organisés, si vous voulez.
00:12:42Et lui, il dit, non, il faut libérer les individus,
00:12:44ils vont avoir le droit de vendre leur blé là où ils veulent.
00:12:47Et en fait, ça marche très bien.
00:12:49Pendant deux ans, ça marche, le blé se libéralise.
00:12:52– Jusqu'à la guerre des farines.
00:12:54– Et en fait, en réalité, la guerre des farines, elle revient
00:12:58parce qu'il y a des gens qui sont contre son système et qui veulent sa mort.
00:13:02Et donc, c'est comme ça que ça se passe, voilà.
00:13:04– Alors pour venir à l'époque contemporaine,
00:13:07d'abord, je dirais que votre livre est un livre philosophique, moral aussi.
00:13:12Il y a une morale, vous êtes un moraliste dans le meilleur sens du terme.
00:13:17Et il se situe en quelque sorte à l'amont de mon propre livre.
00:13:22Je ne fais pas la récolte.
00:13:26– J'entends ce que vous dites.
00:13:27– Moi, ce qui m'a intéressé dans les Nouvelles Routes de la servitude,
00:13:31c'est de voir comment, empiriquement, concrètement,
00:13:38se mesuraient les effets du libéralisme.
00:13:41Et j'ai mis quelques doutes assez sérieux
00:13:45sur les dérives despotiques de la mondialisation.
00:13:50Est-ce que les oligarques,
00:13:53est-ce que les énormes compagnies capitalistes d'une agilité extraordinaire,
00:14:00je pense à BlackRock par exemple,
00:14:01dont la taille de bilan représente le PIB de l'Italie, de l'Allemagne et de la France,
00:14:07est-ce que ces phénomènes sont issus de la libéralisation ?
00:14:14Parce qu'on nous a dit, il faut laisser circuler,
00:14:18laisser faire, laisser passer les capitaux.
00:14:21– Monsieur Guizot.
00:14:23– On a fabriqué, ben oui, Guizot, on a fabriqué des monstres.
00:14:27Et les oligarques n'en font qu'à leur tête et prétendent.
00:14:31Alors là, je reprends la phrase de Saint-Simon,
00:14:35qu'on ne peut pas qualifier de libéral,
00:14:37quoique il ait dit, au lendemain des guerres napoléoniennes,
00:14:41nous allons cesser de nous préoccuper du gouvernement des hommes
00:14:48et nous allons le remplacer par l'administration des choses.
00:14:51– C'est Saint-Simon, ça.
00:14:51– Oui, c'est Saint-Simon, oui.
00:14:53Il fait comme Fukuyama, exactement la même chose
00:14:57que Fukuyama au lendemain de la chute de l'Union soviétique.
00:15:00Il dit, fini, fini l'histoire, fini les combats, fini la guerre,
00:15:05désormais nous allons nous consacrer à la divine consommation.
00:15:11Sauf que c'est encore marxiste,
00:15:17en ce sens qu'ils veulent une société qui va satisfaire les besoins
00:15:23économiques, les besoins alimentaires.
00:15:26Par quelle voie ? Je ne sais pas.
00:15:28Mais pour l'instant, on a décidé que la libéralisation
00:15:34allait permettre de nourrir les peuples,
00:15:35ouvrir les frontières allait permettre de livrer.
00:15:37Et comme le disait Pierre tout à l'heure,
00:15:39est-ce que la classe moyenne française en a bénéficié ?
00:15:41Elle a assisté à des phénomènes quand même dramatiques,
00:15:44délocalisation, perte d'emploi industriel.
00:15:47Vous vous rendez compte aujourd'hui, chers téléspectateurs,
00:15:51que l'Italie est le quatrième exportateur industriel mondial.
00:15:55Et loin devant la France.
00:15:58On ne reconnaît plus notre pays.
00:16:00– Mais vous savez pourquoi ? – Alors, dites-nous pourquoi.
00:16:02– L'État-providence.
00:16:04La France est le champion de l'État-providence.
00:16:06– Le champion n'est pas néanmoins obligatoire, ça c'est certain.
00:16:07– Vous vous posez de très nombreuses questions
00:16:10qui mériteraient chacune d'elles un débat d'une heure,
00:16:15sinon beaucoup plus.
00:16:16Mais je vais essayer tout juste de vous donner quelques éléments.
00:16:19Vous parlez finalement du capitalisme d'une manière très générale,
00:16:27en mêlant ces capitalistes russes qui en réalité n'ont réussi
00:16:32que par ce qu'on appelle un capitalisme de connivence.
00:16:36C'est-à-dire que moi j'appelle un socialisme de connivence.
00:16:39C'est-à-dire qu'en fait, tous ces russes qui ont fait fortune
00:16:43et qu'on voit parader aujourd'hui à Courchevel ou à Saint-Tropez,
00:16:48ce sont des gens qui ont repris à vil prix les entreprises d'État
00:16:53et qui par des marchés avec l'État, qu'ils ont eus pour des raisons politiques
00:16:58ou de pot de vin, ont réussi à développer leurs affaires,
00:17:02à en payer le prix et à les développer pour s'enrichir
00:17:05dans des quasi-monopoles dus à cette connivence avec l'État.
00:17:08– Mais pardon de vous interrompre, mais quand je parlais d'oligarque,
00:17:12je pensais aussi aux oligarques de l'Ouest.
00:17:15– Mais non, mais il n'y a pas d'oligarque à l'Ouest.
00:17:16Il n'y a d'oligarque qu'à… La notion d'oligarque,
00:17:19c'est justement cette classe qui a préempté l'économie
00:17:23anciennement socialiste pour en faire la sienne,
00:17:25en collusion avec l'État, dans le cadre de relations financières
00:17:31extrêmement suspectes.
00:17:34À l'Ouest, tout n'est pas rose, bien sûr,
00:17:37mais les choses sont complètement différentes.
00:17:39Alors j'ai bien vu dans votre ouvrage que vous en voulez beaucoup à BlackRock.
00:17:43– Non, j'en veux pas à BlackRock.
00:17:44– Non, je comprends, je comprends.
00:17:46– Et j'en veux à BlackRock, par exemple, d'avoir décidé,
00:17:49par les petits fonds qu'il contrôle, d'éliminer le patron de Danone, par exemple,
00:17:54qui était un… – Moi, je me suis réjoui
00:17:57qu'il élimine le patron de Danone, qui était un fou furieux.
00:18:02– Ah non, non, non, tout franchement, je ne suis pas d'accord.
00:18:05Non, c'est un chrétien social, on peut reprocher…
00:18:08– À mon avis, c'est un social qui a une vision du chrétienisme
00:18:12qui n'est pas la mienne, mais bon, chacun…
00:18:14Attendez, on va parler de ça autrement.
00:18:16Je voudrais quand même d'abord dire,
00:18:19vous ne pouvez pas comparer le système de l'oligarchie,
00:18:21les oligarques et les oligarchies, à la Russe,
00:18:24parce que l'oligarchie, ça veut dire beaucoup de choses aussi,
00:18:26mais avec le système de l'entreprise de marché à l'Ouest,
00:18:32dans les pays qui ont des économies de marché,
00:18:37de marché théoriquement libres.
00:18:39Alors, je vais répondre en disant d'abord qu'un BlackRock
00:18:42n'est pas exactement ce que vous dites,
00:18:44parce que quand vous dites BlackRock développe finalement
00:18:48un chiffre d'affaires correspondant à celui au PIB de 4 pays,
00:18:52non, BlackRock a des participations, souvent minoritaires,
00:18:57dans des entreprises dans le monde entier,
00:19:00en général des très grandes entreprises,
00:19:02qui font que si on cumule le chiffre d'affaires
00:19:06de toutes ces grandes entreprises dans lesquelles
00:19:07il y a parfois quelques pourcents,
00:19:09on arrive au chiffre que vous mentionnez.
00:19:12Permettez-moi de dire que vous trompez un peu votre lecte.
00:19:16– Alors, pardon, mais là où je ne le trompe pas,
00:19:19c'est lorsque BlackRock décide de la nomination
00:19:23de plus de 300 cherches d'entreprises
00:19:25dans un certain nombre d'entreprises américaines.
00:19:26– Parce que dans certains conseils d'administration,
00:19:29il ne décide d'ailleurs que rarement tout seul,
00:19:32mais il a un poids parce qu'il finance effectivement des entreprises.
00:19:35– Mais là, c'est monopolistique ça.
00:19:38– Non, ce n'est pas monopolitique car d'abord,
00:19:39ces entreprises n'ont jamais été forcées.
00:19:42La notion de monopole, elle est trop large.
00:19:46Il faut distinguer le monopole obligatoire,
00:19:49c'est-à-dire celui qui a été constitué par un État
00:19:53qui en a saisi le capital et qui a interdit à d'autres,
00:19:56interdit public par la loi, de faire cette activité
00:19:59qu'elle réservait à sa société, en général publique,
00:20:03et puis la notion de monopole parce que Google
00:20:07a un certain monopole, parce qu'en fait,
00:20:09il a tellement bien réussi dans son domaine
00:20:11qu'aujourd'hui, on a beau nous offrir d'autres services,
00:20:15et il y en a en France qu'on nourrit à coup de subvention,
00:20:19je ne les citerai pas par politesse,
00:20:23et qui ne réussissent pas parce qu'ils ne savent pas faire.
00:20:25Et donc, nous, et moi je suis sûr que vous aussi,
00:20:27vous utilisez Google, et vous aussi Pierre, donc en réalité…
00:20:31– Mais nous n'y échappons pas, bien sûr que non.
00:20:32– Nous n'y échappons pas, non pas parce que c'est un monopole,
00:20:34mais parce que c'est le meilleur service qu'il nous offre.
00:20:36– Au-dessus d'eux, c'est même un pouvoir immense et tutélaire.
00:20:39– Je vous ai bien écouté, mais je voudrais terminer,
00:20:42on ne peut pas répondre à tout, mais je voudrais terminer quand même
00:20:44en disant que les faits sont têtus,
00:20:47et quand je constate la façon dont les choses se sont développées
00:20:51dans le socialisme stalinien ou le socialisme poutinien
00:20:58qui lui a succédé avec des oligarques,
00:21:01en réalité, si je le compare au capitalisme occidental,
00:21:06avec tous ses défauts, et je ne nie pas en bloc ce que vous en dites,
00:21:11il y a effectivement des excès, mais si je compare,
00:21:13je constate que l'un n'arrive pas à rehausser le niveau de vie
00:21:20et de liberté d'expression, etc. de ses concitoyens,
00:21:25tandis que l'autre, avec bien des nuances et bien des défauts,
00:21:29arrive à faire vivre son monde mieux qu'il n'a vécu.
00:21:33Et je voudrais simplement terminer en disant,
00:21:35je suis un peu bavard, mais terminer en disant,
00:21:37pas plus que lui, hein, mais que si on regarde,
00:21:43en fait c'est la libéralisation du monde au début des années,
00:21:47enfin dans les années 80, avec à la fin des années 80 la chute du mur
00:21:52qui a permis la croissance des échanges mondiaux,
00:21:56et donc une sorte d'enrichissement mondial,
00:21:59et les chiffres sont là, si vous voulez, il y avait en 1820,
00:22:05on estime qu'il y avait 80% de la population dans le monde,
00:22:09elle était beaucoup plus restreinte évidemment,
00:22:10qui vivait en deçà du seuil de pauvreté.
00:22:14On considère qu'en 1985, si vous voulez, il y avait encore 45%,
00:22:22en 80 il y avait 45% du monde qui vivait en deçà
00:22:26d'un seuil de pauvreté fixé alors à 1€ constant PPI.
00:22:32Et je constate qu'à partir de la libération des échanges
00:22:36dus à l'effondrement du mur,
00:22:39eh bien le commerce alors a accru de manière exponentielle,
00:22:44parallèlement la pauvreté s'est réduite de manière exponentielle aussi,
00:22:48et on est arrivé juste à la veille du Covid, de la pandémie du Covid,
00:22:52avec un seuil de pauvreté en deçà duquel était seulement
00:23:00à peine plus de 8% de la population,
00:23:02avec un seuil de pauvreté rehaussé de 1$ à 1,90$ par jour et par habitant.
00:23:07Et donc en fait, c'est cet échange qui avait réussi à enrichir le monde.
00:23:11Et juste un dernier mot sur ce même thème,
00:23:14il y a un prix Nobel d'économie,
00:23:17on appelle ça prix Nobel de manière un peu indubile, c'est pas grave,
00:23:20c'est un prix Nobel d'économie qui s'appelle Angus Deaton, un Américain,
00:23:24qui a étudié justement cette question en se disant, mais pourquoi ?
00:23:26Et en fait, il a constaté que jusqu'en 1989,
00:23:29la séparation du monde en deux blocs, capitaliste contre stalinien, soviétique,
00:23:36créait en fait des alliances contre nature,
00:23:40chaque bloc essayant d'obtenir la voix,
00:23:45notamment à l'ONU et dans toutes les organisations internationales,
00:23:48d'un certain nombre, le plus important, de pays pauvres,
00:23:51car il n'y avait plus de pays pauvres que de pays riches dans le monde,
00:23:54c'est encore le cas d'ailleurs aujourd'hui,
00:23:55et donc en subventionnant ces pays.
00:23:58Et c'était la course au subventionnement.
00:23:59Et cette course au subventionnement,
00:24:01tant par l'Union soviétique que par le monde libéral occidental,
00:24:05faisait qu'on appauvrissait ces gens.
00:24:07Et à partir de 1989, il n'y avait plus de problèmes de blocs,
00:24:09donc on a cessé ces subventions et ça a développé beaucoup la richesse.
00:24:13– Alors j'aimerais qu'on avance et qu'on en revienne un petit peu à l'actualité.
00:24:19J'aimerais qu'on avance parce qu'il ne nous reste déjà plus beaucoup de temps,
00:24:21cher Olivier, on est quand même aujourd'hui face à une crise institutionnelle
00:24:26assez grave avec la chute du gouvernement Barnier.
00:24:30Comment on résoudrait cette crise institutionnelle
00:24:35en tant que libéral conservateur ?
00:24:39– Alors si… – Le budget.
00:24:42– Si on parle donc, là on est dans l'actualité immédiate,
00:24:47mais c'est une bonne question parce qu'effectivement, on doit pouvoir répondre.
00:24:52Moi personnellement, j'ai tendance à dire que la censure ce n'est pas très grave.
00:24:57Pourquoi ce n'est pas très grave ?
00:24:57Alors ce n'est pas très grave aujourd'hui.
00:24:59Et je pense que M. Barnier, pour lequel j'avais spontanément,
00:25:03disons plutôt de la sympathie, ce n'était pas…
00:25:06– Il n'était ni sectaire, ni idéologue.
00:25:08– Voilà, donc c'était déjà beaucoup.
00:25:10– Par rapport à certains politiciens.
00:25:12– Exactement, on a échappé à Casse-tête, je l'appelle Casse-tête intentionnellement,
00:25:16et on préférait Barnier, je pense globalement.
00:25:20Mais ceci étant, alors d'autres, on va préférer d'autres,
00:25:23mais ils n'ont pas eu la majorité, tant pis pour eux.
00:25:25Voilà, c'est comme ça, c'est la vie politique.
00:25:27Mais ceci étant, il n'a pas eu de courage.
00:25:30– Voilà, c'est ce que je pense aussi.
00:25:31– Il n'a pas eu de courage parce qu'il n'a pas su,
00:25:34alors que c'est possible, baisser les dépenses publiques.
00:25:37– Voilà.
00:25:37– Nous vivons dans un pays qui est le champion du monde en tout.
00:25:41Champion du monde en dépenses sociales,
00:25:4333% contre 23% en moyenne dans l'Union Européenne,
00:25:46qui est déjà au sommet dans le monde.
00:25:50Champion du monde des prélèvements obligatoires,
00:25:51on est à 46% contre 40% dans l'Union Européenne.
00:25:55Champion des dépenses publiques, on est à 58% contre moins de 50%,
00:26:01on est plutôt à 35%, ça dépend de quelles références on prend,
00:26:05mais dans la plupart des pays, etc.
00:26:08Donc en réalité, ce que je dis, c'est que c'est de sa faute.
00:26:11S'il avait eu du courage, peut-être qu'il aurait perdu aussi,
00:26:13mais avec panache.
00:26:14Là, c'est sans panache.
00:26:16– Là-dessus, nous sommes d'accord, son budget a manqué de courage.
00:26:19Il ne s'est pas attaqué au fond.
00:26:21Ce budget ressemblait, comme un frère, à tous les budgets qui avaient précédé.
00:26:25– Exactement.
00:26:26– Et qui nous avaient conduit à la crise.
00:26:29Il fallait évidemment tailler dans les agences gouvernementales.
00:26:33Je le dis pour nos téléspectateurs,
00:26:35les agences gouvernementales françaises
00:26:38avaient été l'objet d'un rapport de la Commission des finances,
00:26:42en 2012, qui s'alarmait de ce qu'elles coûtent 50 milliards d'euros.
00:26:47En 2012.
00:26:49Elles coûtent aujourd'hui, ces mêmes agences gouvernementales,
00:26:5279 milliards pour près de 400 000 employés.
00:26:57Alors, bien sûr, il y en a certaines qui sont utiles.
00:27:00Mais il fallait tailler dans ces agences gouvernementales,
00:27:04un petit peu comme va le faire Trump,
00:27:06qui va tailler dans les agences gouvernementales.
00:27:08Alors, il attribue l'existence de ces agences gouvernementales,
00:27:11il attribue cette existence à la dette.
00:27:15Je crois que la dette américaine a d'autres explications,
00:27:18mais ça peut en être une.
00:27:20En tout cas, il fallait avoir un budget courageux.
00:27:23Et malheureusement, il n'y en a pas eu.
00:27:25Alors, moi, je voudrais revenir quand même sur une question.
00:27:27C'est le développement de l'ancien tiers-monde,
00:27:30qui est en train d'émerger sous la forme du sud global.
00:27:34Et je me permets de vous faire remarquer
00:27:39que la montée en puissance du sud global
00:27:41est essentiellement due à ses États,
00:27:43beaucoup plus qu'au marché,
00:27:45seulement lorsque le marché sert pour les exportations.
00:27:50Prenons l'exemple de la Chine.
00:27:51Vous avez entendu parler d'une thèse
00:27:53que j'ai souvent énoncée sur ce même plateau,
00:27:56le fameux triangle de Roderick.
00:27:59Roderick est un économiste américain, d'origine turque d'ailleurs,
00:28:02qui montre que dans les trois, c'est le trilème,
00:28:06dans les trois paramètres de l'actuelle mondialisation,
00:28:09donc il y a la mondialisation commerciale,
00:28:11il y a la démocratie et l'éternation.
00:28:15Il montre très justement que les pays
00:28:20ne peuvent pas choisir les trois.
00:28:22S'ils en prennent deux, ils font un sacrifié ici et ainsi de suite.
00:28:26Ainsi, par exemple, la Chine, qui est l'exemple le plus frappant,
00:28:29elle se jette à corps perdu dans la mondialisation.
00:28:32On n'aurait jamais dû la faire entrer dans l'ONC.
00:28:34Bon, je pense que vous ne serez pas d'accord avec moi là-dessus.
00:28:37Jamais on n'aurait dû la faire entrer dans l'ONC.
00:28:38– Je suis totalement d'accord avec vous.
00:28:39– Vous êtes d'accord avec moi ? Eh bien c'est parfait.
00:28:41Mais la Chine joue à fond le jeu de la mondialisation.
00:28:44– J'ai écrit là-dessus.
00:28:45– Elle défend un État national puissant et excessif, bien entendu.
00:28:52C'est une dictature, mais évidemment,
00:28:55c'est ce que Roderick appelle la ceinture dorée.
00:29:02Il n'y a pas de démocratie en Chine.
00:29:04L'Europe par contre, si elle veut sauvegarder son rôle international,
00:29:10est obligée de remettre le pouvoir à la Commission européenne,
00:29:12laquelle n'est pas élue.
00:29:14Et là, il y a une véritable atteinte aux principes démocratiques.
00:29:16Sans compter que beaucoup d'européens, enfin d'européistes,
00:29:21rêvent de voir disparaître l'État national.
00:29:23Bon, bref, on ne peut pas utiliser les trois facteurs du trilème de Roderick.
00:29:29Alors, ce qui veut dire que, dans une certaine mesure,
00:29:32la croissance dont nous nous félicitons, les Chinois mangent mieux,
00:29:36les Indiens aussi, il y a un développement de l'Inde qui est tout à fait spectaculaire.
00:29:42Est-ce que, d'une part, ce ne sont pas les États qui en favorisent ce développement,
00:29:46et d'autre part, est-ce qu'il n'y a pas eu un phénomène de vases communiquants ?
00:29:49Tout à l'heure, Pierre évoquait le problème des classes moyennes françaises,
00:29:52qui l'ont payé très cher, quand même.
00:29:53Est-ce qu'il n'y a pas eu un phénomène de rééquilibrage
00:29:57au détriment des classes moyennes des pays développés ?
00:30:01– C'est une thèse à laquelle je ne crois pas.
00:30:05Je pense que, d'ailleurs, cette thèse n'est pas crédible,
00:30:11parce qu'il n'y a pas de raison qu'elle ne peut pas être vraie,
00:30:14puisqu'elle ne s'appliquerait qu'à la France et pas à beaucoup d'autres pays
00:30:17qui ont développé leur classe moyenne,
00:30:19alors qu'ils sont exactement dans la même situation que la France.
00:30:22Alors pourquoi d'autres pays, comme les Pays-Bas, comme le Danemark,
00:30:25comme l'Allemagne, même si elle est en difficulté aujourd'hui,
00:30:28comme un certain nombre de pays dans le monde,
00:30:31ont pu développer leur commerce,
00:30:36et d'ailleurs maintenir des balances commerciales équilibrées, voire positives,
00:30:43et faire grandir leur classe moyenne ?
00:30:47Le PIB moyen par habitant, en réalité, est très en retard en France,
00:30:52par rapport à bien d'autres pays, que ce soit ceux que je viens de citer,
00:30:55les Pays-Bas, je ne parle pas de ceux qui sont au sommet,
00:30:59parce qu'ils ont des situations particulières,
00:31:00comme la Suisse, le Luxembourg, l'Irlande, je ne parle pas d'eux.
00:31:04Encore que l'Irlande, le pays le plus pauvre qui est devenu le plus riche d'Europe,
00:31:07c'est quand même… – Oui, c'est spectaculaire.
00:31:09– Pourquoi ? Par la liberté, la liberté et l'éducation.
00:31:12– Surtout la baisse des taxes fiscales pour les entreprises.
00:31:15– Quand il n'y a plus de taxes, ça s'appelle la liberté.
00:31:18– 12% ? – Ecoutez, mettons 12%, franchement,
00:31:23je ne vois pas pourquoi on s'en prive.
00:31:24Ils sont plus riches, maintenant ils vont redistribuer de l'argent,
00:31:27vous avez vu le gouvernement, ils vont redistribuer de l'argent en contribuables.
00:31:29Donc, je pense, si vous voulez, que la France est restée très en retard,
00:31:34parce que, précisément, au lieu de permettre aux gens de travailler,
00:31:40et leur donner envie de travailler,
00:31:42eh bien on a pénalisé le travail et favorisé les subventions,
00:31:45favorisé les allocations, favorisé les aides, favorisé les prises en charge.
00:31:50Et donc, en fait, on a rendu les gens incapables de se prendre en charge eux-mêmes,
00:31:56on leur a désappris à gérer eux-mêmes leur vie,
00:32:01et de ce fait, on a appauvri la France entière.
00:32:04– Alors, j'aimerais qu'on avance, s'il vous plaît, cher Olivier,
00:32:08vous nous expliquez, Jean-Philippe Delsol,
00:32:11quel que la construction européenne a bien été lancée par des libéraux conservateurs,
00:32:18vous citez quelques noms… – Gaspéry, Gaspéry, oui.
00:32:22– Gaspéry Adenauer, et votre ami ?
00:32:26– Mon ami, enfin, Robert Schuman, je n'ai rien contre Robert Schuman, personnellement.
00:32:31– Il y a d'autres noms qu'on pourrait citer, par exemple, Walter Hallstein,
00:32:35mais qui n'est pas forcément le premier des libéraux qui a été un…
00:32:39– Walter Hallstein, c'est l'inspirateur d'un scénario européen,
00:32:43rapport remis au chancelier Adolf Hitler,
00:32:46par ce monsieur qui est devenu président de la Commission européenne.
00:32:48– Donc, entre libéraux et conservateurs,
00:32:50cette construction européenne, laquelle de ces deux idéologies a triomphé ?
00:32:54L'Europe est-elle libérale ou conservatrice, ou les deux ?
00:32:58– Elle n'est ni l'une ni l'autre, aujourd'hui.
00:33:00L'Europe a été créée par des libéraux.
00:33:02– N'est-elle pas libérale sur l'extérieur, avec un libre-échange effréné ?
00:33:07– Elle n'est ni l'une ni l'autre, et je vais vous expliquer pourquoi.
00:33:11Elle l'a été, l'une et l'autre.
00:33:13Je rappelle que, c'est un petit symbole que je vous donne,
00:33:17et vous le connaissez sans doute, que je donne à nos auditeurs,
00:33:20pour montrer que, d'abord, au départ,
00:33:22l'Europe de Schuman, Adenauer et Gasperi, l'italien,
00:33:26c'était une Europe conçue par des gens qui avaient la même culture chrétienne,
00:33:31qui ont choisi comme drapeau le drapeau de la Vierge,
00:33:35la couleur de la Vierge, avec ses étoiles.
00:33:37Je le rappelle.
00:33:37Et c'est quand même un symbole assez fort.
00:33:40– Oui, sauf qu'il a été totalement dévoyé, totalement piétiné.
00:33:43– Et ce drapeau s'appliquait à une Europe qui avait comme but
00:33:48d'entretenir les racines culturelles au sens large,
00:33:52donc y compris chrétien d'ailleurs, de l'Europe,
00:33:55et pour les faire prospérer dans l'échange,
00:33:57parce que nous étions tous dans le partage de cette culture,
00:34:01comme cette culture a toujours été partagée
00:34:03dans des universités qui étaient ouvertes d'une ville à l'autre de l'Europe,
00:34:07et je continue, et à côté dans les libertés de l'échange,
00:34:15de l'échange des biens, des services, des finances et des hommes,
00:34:21et de la pensée par la culture bien sûr.
00:34:23Et donc tout ça c'était libéral et conservateur.
00:34:27Et puis c'est le problème de toutes les organisations
00:34:30et notamment des organisations internationales,
00:34:32c'est que... – À quel moment le réacteur européen a-t-il divergé ?
00:34:36– Nous sommes d'accord là-dessus, parce que vous le dites très bien dans votre livre,
00:34:40et je le dis peut-être pas suffisamment dans le mien d'ailleurs.
00:34:42– De l'or. – Mais c'est de l'or.
00:34:44Et pourquoi c'est de l'or ?
00:34:45Eh bien c'est le christianisme progressiste, socialiste,
00:34:48qui a en fait perverti le principe de subligarité.
00:34:53C'est-à-dire que là où les États s'étaient réunis
00:34:56pour faire ensemble des choses qui venaient de chacun de ces pays,
00:35:02on a transformé le principe de subligarité de bas en haut en haut en bas.
00:35:08– Oui, à l'envers.
00:35:09– Le principe de subligarité, je le dis pour nos auditeurs,
00:35:11on peut le définir de manière très simple.
00:35:13C'est celui qui a inventé un peu cette notion,
00:35:15qui était un prélat allemand qui luttait contre le Kulturkampf de Bismarck,
00:35:21Mgr von Kettler, a exprimé ça en disant,
00:35:24la subligarité c'est quoi ?
00:35:26C'est en bas tout le possible, en haut tout le nécessaire.
00:35:31Et de l'autre il a fait l'inverse, en haut tout le possible,
00:35:34et en bas tout ce qui reste.
00:35:36– Il faut dire en passant, je crois que von Kettler est en voie de béatification.
00:35:39– Ah ben ça je ne le savais pas, ça me ferait plaisir.
00:35:42– Il y a un dossier en cours.
00:35:43Mais alors justement, parlons de béatification.
00:35:45Robert Schuman prononce ce fameux discours du salon de l'horloge de 1950.
00:35:51Ce discours a été rédigé par Jean Monnet.
00:35:54Je ne sais pas si Jean Monnet est un libéral.
00:35:55– Mais il ne l'est pas, il ne l'est absolument pas Jean Monnet.
00:35:59– Jean Monnet c'est un technocrate qui a passé son temps
00:36:04à être une sorte de grenouille d'État.
00:36:07Il y a les grenouilles de métier et les grenouilles d'État.
00:36:09Et qui a fait prospérer sa propre vie professionnelle
00:36:13sur son entrisme dans les relations internationales
00:36:18entre la France et ses partenaires.
00:36:20– C'est lui qui rédige le discours de ce cher Robert Schuman.
00:36:25Et vous savez qu'il existe un document,
00:36:27une novenne au serviteur de Dieu, Robert Schuman, pour sa béatification.
00:36:31Je me permets de vous lire simplement, simplement.
00:36:34La neuvième mention, neuvième jour, c'est l'apothéose.
00:36:42L'ère communautaire inaugurée par la déclaration du 9 mai 1950
00:36:46est appelée à étendre au monde entier le bénéfice de ce miracle européen.
00:36:51Nous sommes là dans une espèce de religiosité millénariste.
00:36:55– Mais cher Olivier Pichon, ce n'est pas de la faute de Schuman.
00:37:00Si on fait de Schuman quelque chose comme ça, en réalité.
00:37:03– Je ne la craigne pas.
00:37:04– Je pense que vous partagerez mon analyse que c'est en fait la curie romaine
00:37:09qui est largement influencée aujourd'hui par celui qui la dirige
00:37:12et qui en fait socialise tout,
00:37:15y compris la pensée de ceux qu'il veut béatifier.
00:37:18– Donc c'est de nouveau du Césaro-papisme.
00:37:20– Mais c'est un Césaro-papisme collectiviste,
00:37:24qui est absolument abominable.
00:37:26– Alors, peut-être pour avancer encore une fois Jean-Philippe Delsol,
00:37:29le libéralisme économique est donc bien favorable au libre-échange,
00:37:34mais dans le cadre d'une économie mondialisée
00:37:37avec des pays qui ne respectent pas forcément nos normes sociales,
00:37:42environnementales, quelles en sont les conséquences ?
00:37:45– Eh bien je vais vous raconter une petite histoire.
00:37:47C'est l'histoire de l'Angleterre au milieu du 19ème siècle.
00:37:51Et on est dans un pays qui était très étatique.
00:37:57Et il y a à ce moment-là, il y a des décennies de taxes entre les pays.
00:38:05La France a eu le blocus entre l'Angleterre et le continent et ça a suivi ensuite.
00:38:10– Oui, mais ça nous a valu une invention magnifique.
00:38:13C'est Benjamin de Lesser qui invente le sucre de Bétravier.
00:38:17– Oui, mais ceci dit…
00:38:19– Parce que l'on ne pouvait plus avoir la canne à sucre.
00:38:22– Il n'inquiétait pas.
00:38:23Mais ceci dit, l'Angleterre au milieu du 19ème dit c'est plus possible,
00:38:28on n'arrive plus effectivement, parce qu'on a un broyeau,
00:38:30on a un empire, mais ça ne suffit pas.
00:38:33Et en fait, on va supprimer, tous les pays étrangers nous mettent des taxes,
00:38:38de droits de douane, mais en fait, nous, on s'affaiblit avec ces droits de douane
00:38:44parce qu'on en met aussi et du coup, on travaille dans la limite de nos droits de douane
00:38:51et il n'y a plus d'initiatives pour faire toujours mieux,
00:38:54parce que tout le monde s'endort, comme il y a des droits de douane à l'étranger,
00:38:57il n'y a pas de produits à l'étranger qui rentrent et tout le monde s'endort
00:38:59et on n'est pas bon.
00:39:01Et ils disent, on supprime les droits de douane, unilatéralement,
00:39:05on ne va pas négocier parce qu'on n'y arrivera pas, on les supprime.
00:39:08Et là, l'Angleterre se mobilise et elle fabrique des produits meilleurs
00:39:15et elle va les vendre, malgré les droits de douane,
00:39:17et elle va devenir le premier exportateur mondial.
00:39:20Et donc, ce que je veux dire, je vais jusqu'au bout, Lévi-Pichon, je vais jusqu'au bout.
00:39:24Et donc, ce que je veux dire, c'est qu'il y a, dans certains cas,
00:39:29nécessité d'avoir des droits de douane, je pense que la Chine, par exemple, aujourd'hui,
00:39:32c'est un pays qu'il faut essayer de, j'allais dire, de circonscrire
00:39:37et de limiter dans ses ambitions, non pas seulement pour des raisons commerciales,
00:39:41mais aussi pour des raisons politiques, parce que ce n'est pas possible
00:39:43de travailler mondialement avec des entreprises qui ne sont pas dirigées
00:39:47par le marché, mais par le Parti communiste.
00:39:49Dans chaque entreprise, il y a un...
00:39:51– Vous nous expliquez qu'on peut être libéral et pour les droits de douane.
00:39:54– Oui, tout à fait, pour des raisons politiques plus économiques cette fois-ci.
00:39:58C'est-à-dire qu'en réalité, face à la Chine, il faut arriver à abaisser ce pays.
00:40:04Et donc, il ne faut pas lui permettre de s'élever.
00:40:06Et pour des raisons qui sont... parce qu'en fait, il l'entretient.
00:40:09Il utilise sa main-d'œuvre à bon marché qu'il exploite
00:40:14contre nous pour des raisons politiques.
00:40:16Et il veut nous dominer politiquement.
00:40:19Or, moi, je suis pour la liberté économique, pas pour la domination politique.
00:40:22Et donc, je pense, si vous voulez, qu'il faut nous libérer économiquement
00:40:26avec tous nos partenaires possibles.
00:40:28Et j'aime beaucoup mieux, pour revenir à une discussion qu'on avait tout à l'heure,
00:40:31aider les pays africains ou asiatiques ou sud-américains qui en ont besoin.
00:40:36En commercialisant...
00:40:37– Et en ont-ils besoin de notre aide ?
00:40:39– J'aime mieux le Mercosur, qui nous permet d'acheter des produits sud-américains
00:40:43et qui nous permet à nos agriculteurs d'être meilleurs.
00:40:46– Mais ils vont mourir avec le Mercosur.
00:40:48– Mais ils n'auront aucune raison de mourir.
00:40:49– Ils vont mourir en l'ensemble.
00:40:50– Et on va aborter des produits qui ne respectent pas nos normes.
00:40:55– Jean-Philippe Delsolve, vous avez parlé de l'Angleterre.
00:40:57Vous avez parlé de l'Angleterre tout à l'heure.
00:40:58En disant qu'en abaissant ses droits de douane,
00:41:01elle a fait exploser ses capacités productives.
00:41:04Sauf qu'elle a tué ses agriculteurs.
00:41:06Parce qu'elle a baissé les droits sur les blés russes et c'est...
00:41:10– Mais elle a créé son agriculteur.
00:41:11– Elle a tué tous ses agriculteurs.
00:41:14Elle a réduit, dès 1870, nous avons 2% d'agriculteurs dans les actifs anglais.
00:41:22C'est fini, elle a tué ses agriculteurs.
00:41:23– Non, elle n'a pas nouveau 100, mais bon...
00:41:25– Si, si, elle a tué son agriculteur.
00:41:26– Mais ceci dit, elle a créé son agriculteur.
00:41:30Alors je vais vous donner un contre-exemple contemporain.
00:41:33La Nouvelle-Zélande, à la fin des années 80, dans les années 80,
00:41:38est un pays qui est à peu près l'équivalent de la France en taille.
00:41:43Il y a 5 millions d'habitants en Nouvelle-Zélande.
00:41:45Mais elle est à l'autre bout du monde.
00:41:46Et c'est un pays, en termes de collectivisme agricole, c'est la même chose.
00:41:50C'est-à-dire que les agriculteurs sont aidés en tout,
00:41:54ils sont réglementés, etc.
00:41:55Et là, il y a des socialistes, mais à la néo-irlandaise.
00:41:59C'est des libéraux français.
00:42:02– Style Danemark.
00:42:03– Et qui disent, non, non, ça suffit, ça ne peut pas marcher.
00:42:06On supprime, du jour au lendemain, en un an, ils ont tout supprimé.
00:42:11On supprime toutes les aides.
00:42:12Ils en ont gardé 2% sur ce qu'ils avaient avant.
00:42:16On supprime une grande partie des réglementations.
00:42:19Et puis voilà, vous vous débrouillez.
00:42:21Alors ceux qui ne vont pas être reclassés,
00:42:23il y a eu des aides pour le reclassement d'un certain nombre d'agriculteurs
00:42:26parce qu'il y a eu des réductions d'exploitation.
00:42:31– Des regroupements, des regroupements.
00:42:34– C'est la mort des petits, ça, le regroupement des...
00:42:36– Il y a quelques petits qui sont morts, oui, parce que ce n'était plus vivable.
00:42:39Mais parce que, attendez, ne nous accrochons pas à des exploitations,
00:42:43à des micro-exploitations familiales, ça n'a pas de sens si ce n'est pas vivable.
00:42:47On ne fait pas vivre les gens de subvention.
00:42:49Quand on fait vivre les gens de subvention, en fait, eh bien...
00:42:52– Oui, mais on peut vivre sans subvention en étant un petit.
00:42:55– On ne respecte pas leur dignité.
00:42:56– Est-ce qu'une exploitation familiale, ça, ne peut-elle pas vivre sans subvention ?
00:43:01– Elle ne peut pas vivre, si elle est trop petite aujourd'hui, elle ne peut pas vivre.
00:43:05Et donc, il faut une certaine taille pour vivre.
00:43:07Et la Nouvelle-Zélande, en réalité, aujourd'hui, sans subvention,
00:43:12ça fait 40 ans que ça dure et il n'y en a pas plus aujourd'hui qu'hier,
00:43:15elle exporte dans le monde entier,
00:43:17elle est capable de nourrir 45 millions de personnes
00:43:19alors qu'elle n'a que 5 millions d'habitants.
00:43:21Donc, ça veut dire que quasiment 88% de sa production, elle l'exporte.
00:43:26Ses agriculteurs vivent en moyenne 2 fois mieux que les Français.
00:43:31Les exploitations, en moyenne, gagnent 2 fois plus que celles de la France.
00:43:36Et donc, ça fonctionne.
00:43:38Le vrai problème des agriculteurs en France, c'est pas le Mercosur,
00:43:43c'est pas la concurrence.
00:43:44La concurrence, elle est bonne, elle va les obliger à s'adapter, etc.
00:43:47– Ils n'ont cessé de s'adapter depuis longtemps.
00:43:48– C'est la réglementation, ils meurent de réglementation.
00:43:52– Oui, mais je maintiens que vous avez évoqué le cas anglais.
00:43:55Je répète, la libéralisation des droits sur les blés russes
00:43:59a tué l'agriculture anglaise.
00:44:00Est-ce que nous ne risquons pas cela pour notre propre agriculture ?
00:44:04– Je veux bien discuter un moment de l'agriculture anglaise,
00:44:06qui est un autre cas.
00:44:07On va peut-être lasser un peu nos auditeurs.
00:44:08– Non, mais parce que vous avez pris ça comme référence.
00:44:10– Mais je veux bien, je peux en parler.
00:44:12– À l'inverse du libre-échange, messieurs, peut-être parler de protectionnisme.
00:44:16Et c'était notamment les travaux de l'économiste Yves Pérez
00:44:21que j'avais reçus et qui nous a quittés et que j'appréciais beaucoup.
00:44:25Yves Pérez rappelle que la France a été protectionniste entre 1873 et 1973
00:44:31et qu'elle ne s'en est pas plus mal portée.
00:44:33Et qu'après cette période, à partir de 1973,
00:44:38c'est à ce moment-là que la France a commencé à s'endetter.
00:44:41Alors, est-ce qu'on peut faire un lien entre la fin du protectionnisme
00:44:46et le début de l'endettement ?
00:44:48– Je ne le crois pas.
00:44:50– Pourquoi la France se serait-elle endettée à partir du moment
00:44:54où elle a mis fin à son protectionnisme ?
00:44:55– Mais, attendez, pourquoi l'Allemagne a 60% de dettes quand on en a plus de 110 ?
00:45:02Pourquoi les Pays-Bas en ont encore moins, le Danemark encore moins,
00:45:06la Suède encore moins ?
00:45:07– Au moins, on parle de la France.
00:45:08– Ça veut dire que tous ces pays-là ont fait face à la même concurrence,
00:45:13à la même abolition du protectionnisme, car en fait, il était partout,
00:45:17à part en Angleterre, justement.
00:45:19Encore qu'il est revenu après, à la fin du XIXe siècle.
00:45:21Bon, mais, ceci dit, donc, si vous voulez, ce n'est pas lié.
00:45:23Il y a plein de pays qui n'ont pas de dettes, ou beaucoup moins,
00:45:27et qui, en fait, sont face à la même concurrence,
00:45:31et qui ne sont pas plus protectionnistes que nous, ni moins.
00:45:34Donc, ce n'est pas lié.
00:45:35– Oui, mais en même temps, il est clair qu'historiquement,
00:45:38on peut avoir des échanges internationaux,
00:45:41je dirais même une forme de mondialisation,
00:45:44puisque la première mondialisation commence à partir de 1880, à peu près,
00:45:49avec du protectionnisme.
00:45:51Ça n'empêche pas le commerce international ?
00:45:54– Ça ne l'empêche pas, mais ça le réduit, ça c'est clair.
00:45:56– Qui sait ?
00:45:57– C'est à partir du moment, c'est quand même,
00:45:59si on regarde les 45 dernières années,
00:46:02c'est à partir, comme je le disais tout à l'heure,
00:46:05du poids qu'a pris l'OMC, à l'époque, l'Organisation mondiale du commerce,
00:46:11qui a, de manière multilatérale, réduit tous les droits de douane,
00:46:17que le commerce a pris son essor.
00:46:19Et j'ajoute que vous ne pouvez pas non plus raisonner dans le monde d'aujourd'hui,
00:46:26dont les transports de marchandises, de biens et de personnes,
00:46:31comme de flux financiers sont infiniment plus faciles qu'autrefois,
00:46:35comme on raisonnait autrefois.
00:46:36– Oui, alors prenons le cas des États-Unis.
00:46:38En 1865, les Yankees, le Nord, l'emportent.
00:46:43Le Nord est industriel, le Sud est agricole.
00:46:45Le Sud agricole a besoin du libre-échange pour exporter son coton, son tabac, etc.
00:46:51Le Nord est protectionniste.
00:46:53Et les Américains, on vous connaît,
00:46:54l'Amérique va connaître un développement exceptionnel
00:46:57et restera protectionniste jusqu'au GATT, c'est-à-dire jusqu'en 1945.
00:47:04Et on a l'impression, historiquement, je me situe dans le temps long historique,
00:47:09on a l'impression que finalement, la parenthèse libre-échangiste
00:47:13promue en partie d'ailleurs par l'Amérique, il faut bien le dire,
00:47:16de 1945 à aujourd'hui, à notamment M. Trump,
00:47:21qui revient sur le home-shoring, la relocalisation et le protectionnisme,
00:47:28que finalement, l'Amérique a connu un développement exceptionnel
00:47:31et que le libre-échange a été une parenthèse dans son histoire.
00:47:37– Écoutez, je ne crois pas parce que les États-Unis
00:47:43avaient une politique un peu différente de la nôtre parce qu'en fait,
00:47:47encore que tous les pays à l'époque n'avaient pas de politique multilatérale,
00:47:51donc les pays pratiquaient du cas par cas avec chaque autre pays.
00:47:56Et les États-Unis étaient peut-être un peu plus malins,
00:47:59ils négociaient leurs droits en fonction des pays
00:48:03avec lesquels ils aimaient et devaient échanger.
00:48:06Comme, je vais prendre un autre exemple, l'Argentine de la même époque,
00:48:10fin 19e, début 20e, était l'un des pays les plus riches du monde.
00:48:14Pourquoi ? Parce qu'elle exportait son agriculture, ses bêtes,
00:48:18un peu de ses céréales, etc.
00:48:20Et donc, elle savait très bien, il y avait des pays qui avaient besoin d'elle,
00:48:25ils ne mettaient pas trop de droits de douane parce qu'ils en avaient besoin.
00:48:28– Et on avait, grâce au premier navire réfrigéré, on a pu transformer
00:48:34les viandes argentines, et ça remonte à 1880.
00:48:38– C'est ça.
00:48:38– Peut-être pour terminer notre entretien,
00:48:40messieurs, revenir sur cette question à laquelle vous n'avez pas répondu,
00:48:44puisque vous avez reproché à Michel Barnier d'avoir eu un mauvais budget,
00:48:49mais si on est un libéral et qu'on est conservateur,
00:48:52comment redressons la barre aujourd'hui en France ?
00:48:54– Alors, je n'ai pas répondu, et je vais répondre.
00:48:57Moi, je dis que même aujourd'hui, avec la censure,
00:49:00en réalité, le gouvernement, il peut continuer, un gouvernement,
00:49:04quel qu'il soit, parce que le budget va être reconduit.
00:49:09Au pire, s'il n'y a pas de nouveau budget pour 2025,
00:49:11on va reprendre le budget de l'an dernier et on va reconduire.
00:49:14On a vécu en 2024, on peut continuer.
00:49:16– Oui, on n'est pas morts.
00:49:17– On n'est pas morts.
00:49:19Et d'ailleurs, il y a beaucoup de Français qui vont y gagner parce que,
00:49:22bien sûr, il n'y aura pas d'indexation du barème de l'impôt,
00:49:25mais l'électricité, il n'y aura pas de taxes nouvelles,
00:49:29le gaz non plus, les entreprises non plus.
00:49:31– Les retraités vont avoir…
00:49:32– Les retraités vont être payés avec une indexation
00:49:35parce que ça, c'est la loi qui le dit, etc.
00:49:36Donc, en fait, les Français, ils gagneront beaucoup plus,
00:49:39contrairement à ce que Barnier a dit.
00:49:41Nouveau mensonge, c'est dommage que cet homme
00:49:44qui a une certaine dignité soit tombé là-dedans.
00:49:47Bon, mais donc, par contre, un nouveau gouvernement,
00:49:50même sans budget, il est limité pour ses ressources
00:49:55par le budget de l'année précédente.
00:49:57Il est limité dans ses dépenses par des plafonds
00:50:00qui sont ceux de l'année précédente.
00:50:01Mais il peut faire des économies.
00:50:03– Bien sûr.
00:50:03– Rien ne lui a jamais dit qu'il pouvait faire des économies.
00:50:05– Bien sûr.
00:50:05– Or, ce dont la France a besoin, c'est d'économies dans les dépenses.
00:50:08– Où ça ?
00:50:08– Eh bien, je vais vous donner, moi, j'entends depuis 20 ans,
00:50:12la Cour des comptes nous dit très régulièrement
00:50:15que la politique de la ville, c'est 10 milliards en France par an.
00:50:17Ça ne sert à rien.
00:50:18Ça, c'est une agence aussi.
00:50:20– Oui, une agence gouvernementale.
00:50:22– Je prends un exemple qui va peut-être vous faire plus plaisir.
00:50:25L'audiovisuel public, 4 milliards par an.
00:50:27À quoi ça sert ?
00:50:28– Oui, mais la politique de la ville, c'est acheter la paix sociale.
00:50:31– Mais non, même pas.
00:50:32– Vous voulez avoir les banlieues dans la rue.
00:50:34– Mais on les a eues dans la rue, mon cher.
00:50:36– Mais c'est là l'erreur la plus grave, si je vous permettez.
00:50:39C'est l'erreur de tous les gouvernements.
00:50:41Les gens croient qu'en donnant de l'argent, en fait, on s'achète les gens.
00:50:46Vous savez que ceux qui sont obligés de vivre
00:50:50en léchant la main de celui qui les alimente,
00:50:53ont toujours envie de la mordre, voilà.
00:50:57– Et Pierre, souvenez-vous d'Erythrémone de 2023 ?
00:51:00– Où ailleurs les économies ?
00:51:02– Eh bien, je peux continuer.
00:51:05Les fonctionnaires, on n'est pas obligé d'en embaucher plus,
00:51:07on n'est pas obligé de garder ceux qui partent à la retraite,
00:51:10de leur nommer ceux qui partent à la retraite.
00:51:12On peut même essayer de se séparer d'un certain nombre.
00:51:14Rien ne l'interdit.
00:51:15On en a un surplus.
00:51:17Je ne dis pas que...
00:51:19Bon, donc, si vous voulez tout ça, les efforts que M. Casbarian le mise,
00:51:23puisqu'il a engagé dans des négociations réglementaires
00:51:28sur les jours de carence, on peut les poursuivre.
00:51:32– Et quand vous nous dites, Jean-Philippe Delsol,
00:51:34que l'Union européenne n'est pas libérale,
00:51:37est-ce qu'en tant que libérale, vous seriez favorable à un Frexit ?
00:51:41– Alors, personnellement, c'est une question compliquée.
00:51:47Je pense que l'Europe, si vous voulez, en tant que telle,
00:51:50reste bonne si elle est là pour assurer la liberté des échanges,
00:51:54comme on l'a dit déjà tout à l'heure.
00:51:56Donc, je pense que ce serait très difficile d'en sortir, mais ceci dit...
00:52:00– C'est une prison, alors ?
00:52:01– Non, je pense que c'est possible, les Anglais l'ont prouvé.
00:52:04Mais je pense que c'est une arme un peu...
00:52:06C'est un peu la bombe atomique.
00:52:08Moi, je regrette beaucoup que les Anglais soient sortis,
00:52:10parce que les Anglais nous aidaient à tirer sur le harnais
00:52:15et éviter que l'Europe ne fasse n'importe quoi.
00:52:18Et, en fait, l'Europe s'est libérée des Anglais pour faire n'importe quoi.
00:52:22Et donc, je pense que, de toute façon, ça ne durera pas.
00:52:25– Pourquoi fronter de n'importe quoi les Anglais ?
00:52:27– Les Anglais, au contraire, nous aidaient...
00:52:30– Ah oui, même maintenant qu'ils sont sortis.
00:52:32– Non, mais l'Europe fait n'importe quoi maintenant que les Anglais sont sortis,
00:52:35parce qu'ils n'ont plus le frein anglais.
00:52:37L'Europe est libérée du frein anglais.
00:52:39– On arrive, messieurs, malheureusement, à la fin de ce débat.
00:52:43Tout ce que je peux faire, c'est vous remercier,
00:52:45rappelez le titre de l'ouvrage de Jean-Philippe Delsol,
00:52:47« Libéral ou conservateur, pourquoi pas les deux ? »
00:52:49que vous pourrez retrouver sur La Boutique.
00:52:51Et toujours sur La Boutique, l'ouvrage d'Olivier Pichon,
00:52:54« Les nouvelles routes de la servitude ».
00:52:56Tout de suite, vous pouvez retrouver la chronique économique et financière
00:53:00de Philippe Béchade.
00:53:02Merci à vous deux et merci à vous tous de nous avoir suivis.
00:53:06On se retrouve la semaine prochaine.
00:53:08À bientôt, salut.
00:53:09– Sous-titrage Société Radio-Canada
00:53:14– Générique de fin –
00:53:30Bonjour et bienvenue pour ce rendez-vous hebdomadaire de décryptage
00:53:33de l'actualité économique et géopolitique, et surtout politique.
00:53:38En mode affranchi, je salue tous les abonnés de TV Liberté
00:53:41pour cette chronique que je vais intituler
00:53:46« On va vers le chaos ? Les marchés adorent ça ».
00:53:53Vous pensez que je plaisante ? Mais pas du tout.
00:53:57Regardez quelle fut la réaction des marchés financiers mercredi soir à 21h.
00:54:04On regarde évidemment les cotations en transactions électroniques.
00:54:09Eh bien la réaction, elle fut inexistante, absolument inexistante,
00:54:16comme pour un fait accompli, un énorme non-événement,
00:54:22avec un CAC 40 qui a perdu jusqu'à 0,3% vers 21h30
00:54:28avant de les reprendre dès jeudi matin.
00:54:31Quant aux marchés obligataires, non seulement ils n'ont pas paniqué,
00:54:36mais le rendement de nos OAT s'est encore détendu.
00:54:41Il était de 2,89 mercredi dernier, il était tombé à 2,87 le jeudi soir.
00:54:51C'est-à-dire en fait près de 15 points de moins que dix jours auparavant,
00:54:57lorsqu'on a commencé à parler d'un risque de vote de la motion de censure conjointe
00:55:02par Elifi et le Rassemblement national.
00:55:04Et si on remonte un peu plus loin, au 21 novembre,
00:55:07où on a commencé là aussi à se dire qu'une motion de censure,
00:55:10ça commençait à sentir le roussi,
00:55:13eh bien là, nos OAT ont carrément perdu ou abandonné, effacé 23 points de rendement.
00:55:20Autrement dit, la France se refinance aujourd'hui presque un quart de point moins cher
00:55:27qu'avant la dissolution.
00:55:28Quant au CAC 40 qui évoluait aux alentours de 7 150 autour du 21 novembre,
00:55:35on le retrouve au-delà des 7 300 points.
00:55:40Alors, quand on vous parlait de chaos, de fleuves de sang, d'invasions de grenouilles,
00:55:45de moustiques et de temps,
00:55:48on s'aperçoit en fait que le lendemain de la censure
00:55:53a été d'une incroyable banalité sur les marchés.
00:55:58Bon, ça veut dire qu'en fait, tout était déjà anticipé.
00:56:02Alors, comment les marchés peuvent-ils en savoir autant ?
00:56:06N'oublions pas quand même que le premier créancier privé de l'État français, c'est BlackRock,
00:56:12et que son patron a son rond de serviette à l'Élysée.
00:56:17C'est probablement la dernière personne qui a été surprise
00:56:21par la dissolution de l'Assemblée et par la censure du gouvernement Barnier.
00:56:29Alors, on pourrait se dire quand même, mais oui,
00:56:30on a encore des océans d'incertitude à franchir d'ici la fin de l'année 2024.
00:56:40Il n'y a toujours pas de projet de loi de finances pour 2025.
00:56:43Et si un nouveau premier ministre se trouvait censuré,
00:56:48et s'il n'y avait pas moyen de former une coalition ?
00:56:52Eh bien, de toute façon, les marchés, eux, ils ont déjà anticipé
00:56:56que soit la France sera gouvernée par ordonnance s'il y a un premier ministre
00:57:01et un Parlement qui siège, soit par décret si c'est le président
00:57:07qui s'arroche tous les pouvoirs au travers de l'article 16 pour deux fois deux mois.
00:57:15Alors, l'article 16, évidemment, pose un petit problème,
00:57:18non pas de constitutionnalité,
00:57:20mais ça ressemblerait quand même à une espèce de coup d'État manqué
00:57:23du président sud-coréen qui avait déclenché la loi martiale.
00:57:29Et comme on dit, ça s'est transformé par un scénario de l'arroseur arrosé.
00:57:35Oui, l'article 16 supposerait vraiment que la France soit au bord du gouffre
00:57:41et on aura bien du mal à nous le faire croire, comme je l'expliquais,
00:57:44avec des taux qui viennent de perdre presque 25 points depuis le 21 novembre dernier
00:57:50et avec une bourse de Paris qui est à 7-8% de ses sommets.
00:57:56Et qui, en plus de ça, bénéficie de l'effet d'entraînement de Wall Street
00:58:01qui bat record sur record.
00:58:04On en est au 56e ou 57e pour le S&P 500 et le Wiltshire 5000.
00:58:11On est à près de 40 records pour le Nasdaq.
00:58:16Et plus les marchés montent, plus on trouve d'investisseurs
00:58:20qui sont prêts à y aller les yeux fermés.
00:58:24Et en ce qui concerne la France,
00:58:25les investisseurs suivent aveuglément ceux qui savent,
00:58:29ceux qui avaient anticipé la censure,
00:58:32que ça ne provoquerait ni chaos économique ni chaos social.
00:58:37Là, j'en reviens à l'article 16, il y a quand même un petit risque de chaos social.
00:58:45Mais les marchés semblent, eux, ne pas y croire.
00:58:48Et les cambistes non plus, puisque l'euro, finalement, n'a quasiment rien perdu.
00:58:53Là encore, avec la chute du gouvernement Barnier.
00:58:57Je n'irai pas jusqu'à dire que les marchés aiment vraiment le chaos.
00:59:01Mais en tout cas, le chaos technique du gouvernement,
00:59:05ça a aussi mis chaos le projet de surtaxe des bénéfices des entreprises,
00:59:12coté OSBF 120 ou CAC 40, sur 2023 et 2024.
00:59:18Et ça gèle également les appels à réduire un petit peu les avantages fiscaux
00:59:26dont bénéficient les entreprises, notamment au travers du CICE,
00:59:29parce que tous les calculs montrent que ça coûte pratiquement 60 milliards à l'année au budget.
00:59:35Et que si vous faites le compte sur 7 ans écoulés,
00:59:40on serait à pas loin de 500 milliards de cadeaux aux entreprises
00:59:44et autant de déficits supplémentaires,
00:59:47presque la moitié finalement des 1 000 milliards qu'on a en plus depuis 2007.
00:59:53Donc, tant qu'aucun gouvernement ou qu'aucun président tout puissant
00:59:58n'envisage de ponctionner quelque part ou d'impacter les entreprises,
01:00:04les marchés sont très contents.
01:00:07Alors, qui va morfler évidemment ?
01:00:09Si ce ne sont pas les entreprises qui contribuent au redressement de nos finances,
01:00:13ça veut dire que c'est le contribuable qui va le faire.
01:00:16Alors, oubliez tout de suite les fables du type
01:00:19les fonctionnaires ne seront plus payés,
01:00:22les médicaments ne seront plus remboursés,
01:00:24les opérations chirurgicales seront reportées parce que l'hôpital n'aura plus de budget.
01:00:33Tout ça, c'est des fadaises.
01:00:34En revanche, ce qui va arriver très, très simplement,
01:00:37c'est que comme on ne va pas arrêter de payer les fonctionnaires
01:00:39ni de financer les retraites et la santé,
01:00:42ça veut dire qu'on va en fait retirer des dotations aux collectivités locales,
01:00:46c'est-à-dire régions, départements, communes.
01:00:51Ah tiens, le mot commune, ça doit vous faire penser à taxes foncières.
01:00:55Et évidemment, c'est l'argent qui vient d'en haut
01:00:59qui ne viendra plus justement alimenter les caisses des bourgades, des départements.
01:01:08Il faudra donc qu'ils trouvent leurs ressources sur place en faisant quoi ?
01:01:12Eh bien, bien sûr, en augmentant les taxes foncières,
01:01:16mais ça ne sera pas l'État.
01:01:18Eh oui, ça sera à nouveau la mairie qui sera accusée
01:01:24d'avoir littéralement empêché de se chauffer ou de se nourrir le pauvre retraité
01:01:33qui d'ailleurs risque de voir sa pension de retraite non revalorisée.
01:01:39Et on se rappellera quand même que si le RN a censuré le gouvernement Barnier,
01:01:43c'était justement pour le contraindre à revaloriser,
01:01:47comme tous les ans, les retraites au niveau de l'inflation,
01:01:53ça peut servir pour de prochaines législatives en juillet 2025.
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