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Alors que la nomination d'un nouveau Premier ministre en France se fait attendre, les incertitudes quant au nouveau Budget agitent de nombreux secteurs. Le patron du Medef, Patrick Martin, expliquait ce dimanche dans les colonnes du JDD que la France est déjà entrée "en légère récession", évoquant une accélération de la désindustrialisation.

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Transcription
00:00Bonjour Guillaume, on a eu des chiffres pas très glorieux ce matin qui nous disent que cette année, on devrait fermer plus d'usines qu'on en ouvre, et ça c'était pas arrivé depuis 5 ans.
00:10Au passage, ça nous confirme ce qu'on sait depuis un moment, c'est-à-dire que ça fait des années qu'on nous parle de réindustrialisation en France,
00:15mais que pour l'instant il ne s'est pas passé grand-chose d'une manière générale. Alors sur les chiffres de ce matin, qu'est-ce que nous dit cette étude Trendeo ?
00:21Elle nous dit voilà, si vous regardez d'un côté le nombre d'usines qui ont ouvert cette année et le nombre d'usines qui ont fermé, et bien la différence, le solde, il sera négatif, environ moins 15.
00:32Mine de rien, ça faisait 5 ans que le solde n'avait pas été négatif. Quand il était positif, il n'était pas très positif non plus.
00:38Ça confirme aussi, entre parenthèses, que vous voyez la dissolution du printemps dernier, tout ce qui s'en suit, l'incertitude poétique, mine de rien, ça joue, ça n'arrange pas la situation, bien évidemment.
00:46Oui, sauf que la dissolution, on ne peut pas tout expliquer. Le problème, il ne date pas d'il y a 6 mois.
00:50C'est ça, il faut être honnête, parce qu'au-delà de la dissolution, effectivement, ça fait quoi ? Ça fait une petite dizaine d'années qu'on recommence vraiment à parler de réindustrialisation dans ce pays.
00:57Sauf que quand vous regardez les chiffres, effectivement, il ne s'est pas passé grand-chose. J'ai retrouvé des chiffres de l'INSEE qui dit voilà, depuis 2017, alors pareil, vous regardez le nombre d'emplois qui ont été détruits dans l'industrie, le nombre d'emplois qui ont été créés.
01:07Vous êtes positif de 130 000 emplois sur 7 ans, ce n'est pas beaucoup. Et surtout, regardez, en 40 ans, je vous rappelle qu'on a perdu 2 millions d'emplois dans l'industrie.
01:16Donc, ce n'est pas beaucoup. Tout ça pour dire qu'aujourd'hui, en 2024, il faut être honnête, on n'a pas vraiment entamé la réindustrialisation du pays, on a juste freiné l'hémorragie.
01:25Alors oui, il y a eu des annonces dans le plan France 2030 notamment, mais on voit bien que ça concerne des projets et des créations de postes qui ne seront pas suffisantes pour pouvoir dire ça y est, on a remis la machine en marche, on est reparti vers la réindustrialisation.
01:37Globalement, on n'y est pas, c'est ça le problème.
01:39Qu'est-ce qui coince alors dans l'industrie ?
01:41Qu'est-ce qui coince ? Il y a pas mal de choses. Il y avait déjà des problèmes franco-français, notamment le coût du travail qui reste un vrai problème.
01:49Le coût de l'heure dans l'industrie aujourd'hui, c'est 46,10 euros par heure en France, dont 14,60 euros de cotisations patronales. En moyenne, dans la zone euro, pour une heure de travail dans l'industrie, on paye 9,90 euros.
02:04Donc, le patron français, il est lésé par rapport à ses partenaires européens, il doit remettre tout ça dans son prix.
02:08Donc, ça pose une distorsion de concurrence.
02:10Et puis alors, surtout, ce qui est en train de se passer, qui devient gravissime, c'est la façon dont les Américains sont en train d'aspirer les usines du monde entier depuis 2-3 ans.
02:21Un, parce que le coût de l'électricité et de l'énergie est beaucoup moins cher là-bas, quand vous êtes un industriel, ça compte.
02:26Deux, il y a le plan qu'a mis en place Joe Biden, vous savez, le fameux Zira, qui apporte des subventions à toutes les entreprises du monde entier, pas seulement françaises, qui viennent s'implanter sur le territoire américain.
02:35Ça, c'est un véritable aspirateur.
02:37Et Donald Trump, qui va amplifier le phénomène, vous savez, en mettant des droits de douane sur tous les produits qui arrivent sur le sol américain.
02:43À un moment donné, l'industriel français, comme européen, comme n'importe quel pays au monde, il va dire « je ne suis pas fou, plutôt que de continuer à produire en France où ça va me coûter plus cher, je vais aller directement produire sur le sol américain ».
02:52Donc, il faut faire attention à ça.
02:54L'Amérique est en train de devenir un véritable aspirateur, un véritable aspirateur à usines du monde entier.
03:01Il serait temps que les Européens se réveillent et amorcent la contre-attaque.
03:04Quand ils auront fini de se chaparder sur le Mercosur, peut-être qu'on pourra parler des vrais sujets, parce que là, il y a urgence pour le coup.
03:09Merci beaucoup, Guillaume.

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