Le groupe Millon a connu une forte croissance ces dernières années, marquée par des acquisitions stratégiques, telles qu'Il Ponte Casa d’Aste il y a quelques mois, et l’établissement d’une présence au Vietnam. Aujourd’hui, Millon regroupe quatre maisons de ventes principales, soutenues par un réseau de bureaux d’expertise dans 35 villes à travers le monde. En 2023, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires global de 94 millions d’euros, frais inclus, dont 85,4 millions en France et 8,6 millions en Belgique, affichant ainsi une croissance de 200 % par rapport à 2020.
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00:00Le groupe Milan s'est beaucoup développé ces dernières années, voire ces derniers
00:07mois avec des acquisitions, des ventes dans des pays où la culture des enchères est
00:11moins développée.
00:12Milan comprend aujourd'hui 4 maisons de vente principales, France, Belgique, Vietnam
00:17et désormais Italie avec des bureaux d'expertise dans 35 villes dans le monde et je suis ravie
00:22d'être en compagnie de Mayol de la Hamaid qui est commissaire priseur associée du
00:26groupe.
00:27Merci beaucoup d'être avec nous.
00:28Merci à vous.
00:29Avant de revenir en détail sur le développement du groupe, j'ai l'impression que c'est
00:34surtout le développement international qui est l'axe stratégique principal pour se
00:39démarquer d'un secteur qui est assez concurrentiel.
00:44Est-ce que c'est ça la corvulente vertébrale de ce développement que vous visez ?
00:49Oui, en tout cas ces dernières années c'était exactement ça.
00:51On ne s'éloigne pas du marché traditionnel et de l'activité traditionnelle des commissaires
00:55priseurs en France mais l'idée, et vous l'avez dit, c'est une concurrence toujours
01:00plus accrue donc on va chercher des nouveaux marchés et précisément à l'étranger
01:04en ce moment.
01:05Est-ce qu'en se développant à l'international on a une plus grosse assise mais en même
01:12temps est-ce qu'on ne se met pas aussi en concurrence avec les plus gros, par exemple
01:16les Etats-Unis ?
01:17Vous savez à Paris on est toujours en concurrence avec les petits, les gros, avec tout le monde
01:20donc j'ai envie de dire on a la peau dure, on est habitué.
01:24En allant à l'étranger on se confronte déjà à des nouveaux marchés.
01:29Les gros anglo-saxons sont déjà partout, on va chercher même des marchés émergents
01:35comme le Vietnam, vous l'avez dit, mais dans tous les cas on sera en concurrence à nous
01:40d'innover et d'apporter de nouveaux formats, d'aller chercher de nouveaux clients pour
01:47faire sa place finalement dans ces marchés très très concurrentiels.
01:51Alors du coup vous avez fait l'acquisition récente de Notamment Il Pante Casadast, prestigieuse
01:57maison de vente italienne, est-ce que vous pouvez nous raconter comment a été réalisé
02:02ce choix ?
02:03Ce choix c'est une opportunité déjà avec des amis communs italiens, nos correspondants
02:10italiens qui avaient l'habitude de travailler avec cette maison de vente, qui ressemble
02:14en beaucoup de points à la nôtre Milan-Paris, une cinquantaine de personnes, une trentaine
02:19de départements, des ventes très classiques mais aussi largement contemporaines, des bijoux,
02:25des vins, très semblables finalement aux maisons de vente parisiennes, mais surtout
02:32avec une direction familiale qui ressemble aussi à la nôtre, qui nous a beaucoup séduit,
02:40on y était encore hier et ce week-end pour finaliser les rencontres et on s'est rendu
02:44compte qu'on avançait ensemble vraiment dans la même direction, c'est assez agréable
02:49de voir qu'au-delà des Alpes et je pense dans d'autres pays aussi, des gens pensent
02:55comme nous et ont envie de se développer en même temps que nous ailleurs.
02:58L'important c'est de se consolider en tant qu'acteur européen et pas seulement peut-être
03:04à Paris ?
03:05Acteur européen, bien sûr, l'Italie, on a un bureau en Espagne, on est en Benelux historiquement
03:16en Belgique mais là on se redéploie vers le Luxembourg et les Pays-Bas en même temps,
03:21on a des liens forts avec la Suisse aussi, avec des correspondants très actifs, l'Europe,
03:30on va essayer de se concentrer sur l'Europe avant de parler du Vietnam qu'on a commencé
03:34déjà à ébaucher mais l'Europe est un marché important pour nous.
03:37Justement, vous avez parlé du Vietnam, est-ce que vous pouvez nous raconter comment est
03:42venue cette idée, pourquoi ce marché du Vietnam ? C'est une maison de vente que
03:47vous avez installée là ?
03:48C'est une maison de vente, ce n'est pas une acquisition, on crée quelque chose de
03:53toute pièce avec des conditions, vous imaginez, avec une culture très différente du marché.
03:58Pareil, c'est une histoire d'amitié aussi, on a rencontré nos correspondants vietnamiens
04:05à l'occasion de vente en France d'objets vietnamiens pour le coup, des objets importants
04:11qui ont été vendus là-bas et du coup on s'est dit pourquoi finalement beaucoup de
04:17ces choses-là acquises en France retournent au Vietnam, allons les chercher là-bas, allons
04:22les vendre là-bas, allons chercher les collectionneurs là-bas et on annonce déjà deux ventes,
04:27on en a une la semaine prochaine à Hanoï et on annonce déjà deux ventes pour 2025
04:32là-bas, ça prouve qu'il y a un marché à prendre et ils ont envie d'avoir nos méthodes
04:36européennes pour créer leur marché qui n'existe pas vraiment aux enchères en tout cas.
04:41Oui parce que le secteur des enchères là-bas c'était, est-ce qu'il y a déjà des maisons
04:44de vente aux enchères vietnamiennes qui sont développées ?
04:47Oui mais ce sont surtout des marchands sur le mode des antiquaires européens, les enchères,
04:54ils aiment beaucoup les enchères, ils achètent beaucoup en France et ailleurs les vietnamiens
04:57mais chez eux l'activité des enchères n'est pas si développée que ça, on va essayer
05:02d'apporter ce qu'on sait à peu près faire à Paris chez eux.
05:06Oui parce que c'est intéressant stratégiquement de suivre en fait l'objet, c'est-à-dire
05:10que peut-être qu'il y avait beaucoup d'objets vietnamiens en France liés à l'histoire
05:16etc. qui sont maintenant rachetés par différents acheteurs, ça peut être partout en Asie
05:22d'ailleurs, et qui maintenant se revendent beaucoup plus avec ce qui intéresse une culture
05:28locale, enfin des acheteurs locaux ?
05:29En fait les acheteurs locaux, les acheteurs du Vietnam achètent ce qui a été créé
05:35en France à l'époque dans l'entre-deux-guerres, surtout ce qu'on appelle l'école de Hanoï,
05:40des artistes qui sont devenus extrêmement importants, Mai Thu, Le Faux, pour les plus
05:47importants, et qui s'exportent très très bien là-bas, on s'est rendu compte qu'évidemment
05:52il y en avait beaucoup là-bas mais on va essayer d'aller les chercher et de leur faire
05:58redécouvrir à eux, eux les vietnamiens ils le connaissent déjà mais il y a tout
06:01un pan de nouveaux collectionneurs qui cherchent ce genre d'oeuvres, on va essayer de les
06:05aider et de les accompagner dans leurs achats.
06:07Et culturellement c'est pas forcément encore un réflexe d'aller voir ses enchères ou
06:12c'est quelque chose qui est déjà installé ?
06:13Au Vietnam ça s'installe depuis une dizaine d'années on va dire, mais c'est finalement
06:18assez nouveau, nous on connait ça depuis la fin du XVIIIe siècle, eux c'est les années
06:2480, il n'y a pas vraiment cette culture des enchères, mais ça les amuse beaucoup.
06:28C'est vrai que suivre comme ça, vous parlez de ça, ça fait plusieurs fois qu'on me dit
06:34que c'était des rencontres comme ça qui nous a permis de développer ?
06:37Je crois que c'est l'histoire de notre étude Milon, Alexandre Milon tient à cette ambiance
06:43très familiale et très amicale entre tous et ça se vérifie sur les acquisitions ou
06:49en tout cas les partenariats à l'étranger, c'est toujours ça qu'on cherche, de toute
06:52façon dans l'amitié on y arrive toujours mieux.
06:55C'est sûr, mais ce qui vous permet de réaliser ça c'est votre indépendance financière ?
07:00C'est exactement ça, notre indépendance financière et puis notre indépendance, oui
07:03tout court, on n'a pas d'actionnaire, on n'a pas de fonds derrière nous, on travaille
07:10entre nous, ça nous laisse une vraie grande liberté et c'est ça qui fait que ce développement
07:15s'est un peu accru ces dernières années notamment.
07:17Et ça s'est manifesté de manière très positive, toutes ces prises de risques ?
07:21Pour l'instant oui, ça touche du poids, mais voilà, c'est surtout Alexandre Milon
07:29qui prend ces risques, toujours ce goût du risque mais qui s'avère la plupart du temps
07:35fructueux, il y a des erreurs, il y a des recadrages, mais pour l'instant la vision
07:40est bonne.
07:41Je voyais que vous avez également fait des partenariats, donc ça c'est plus des enchères
07:46ponctuelles, d'après ce que j'ai compris, au Liban, au Maroc ?
07:49Oui au Maroc beaucoup, mais les pays du Maghreb, d'ailleurs il n'y a pas que le Maroc, l'Algérie
07:54voire la Tunisie, on y pense beaucoup parce que pareil, il y a un marché d'œuvres qui
07:59ont été créées en France ou en Europe et que les acteurs locaux rachètent, une création
08:06même aussi contemporaine qu'on aimerait bien aller exploiter là-bas, ces nouveaux
08:16lieux, ce qu'on appelle nos marchés émergents à nous, on essaye d'importer nos vieilles
08:23méthodes européennes qui finalement ont porté leurs fruits avec tout ce qu'on peut développer
08:28de digital et nos méthodes d'accompagnement des clients.
08:33Je lisais le communiqué de presse qui insistait sur le fait que vous souhaitiez lier tradition
08:41et innovation.
08:42Comment est-ce que ça se manifeste dans ces nouveaux temps ? Parce que vous instaurez
08:47un savoir-faire qui est centenaire mais avec toujours des nouvelles méthodes, des nouvelles
08:52innovations.
08:53L'enchère est par définition une méthode ancienne mais on essaye de lui apporter, de
08:59l'accompagner avec des méthodes digitales, les réseaux sociaux, on essaye d'être particulièrement
09:04actifs là-dessus.
09:06Toutes sortes de ventes en ligne, on a 75% de nos ventes qui se passent en ligne en volume
09:14de vente donc ça devient important.
09:16On garde l'enchère mais on apporte des méthodes nouvelles.
09:20Surtout que sur ces nouveaux marchés, j'imagine que c'est quand même des collectionneurs
09:23qui doivent être plus jeunes peut-être ou intéressés par un retour vers leur culture.
09:28Exactement, on essaye de chercher des jeunes collectionneurs.
09:32La cible, on va dire entre 35 et 45 ans, je ne dis pas que c'est eux mais les traditionnels
09:39connaissent déjà les ventes aux enchères, on va dire les plus de 50-60 ans connaissent.
09:44On va dire les quarantenaires ne sont pas forcément familiers de ça, on va essayer
09:50de les chercher et puis on va aller les chercher avec les méthodes qu'ils utilisent au quotidien
09:54c'est-à-dire les réseaux puis les plateformes digitales.
09:57Et là, on est à la fin de l'année, comment s'est passé cette année 2024 ?
10:01Dans un contexte un peu morose pour le marché mondial,
10:06moins 36% au premier semestre pour le marché mondial j'entends.
10:09Nous, le groupe Milan, on est à plus 3-4% donc on se sentit quand même pas si mal.
10:15On est très heureux finalement de nos méthodes qui ont l'air de fonctionner.
10:19Oui et puis vous avez des objectifs de croissance, vous disiez de 70% en 5 ans,
10:23ça se repose sur ce déploiement à l'international ?
10:27Développement à l'international et puis le développement de la digitalisation de notre métier assurément.
10:34C'est vraiment les deux piliers de développement.
10:37Ok et puis après, centenaire du groupe Milan en 2028 et là aussi...
10:41Quelle fête !
10:43Quelle fête !
10:44Eh bien merci beaucoup.
10:45Eh bien merci à vous.
10:46Merci beaucoup Mayel Delahamed, je rappelle que vous êtes commissaire-préseur associé au groupe Milan
10:50et merci à vous tous et toutes de nous avoir suivis, c'était Arrêt Marché.