Mardi 14 janvier 2025, SMART BOURSE reçoit Hervé Guez (Directeur de la gestion actions et taux, Mirova) , Florent Wabont (Économiste, ECOFI) , Benjamin Louvet (Directeur de la Gestion Matières Premières, Ofi Invest Asset Management) et Vincent Juvyns (Stratégiste, JP Morgan Asset Management)
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart4Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 20h30 si vous nous suivez
00:15à la télévision via vos box émissions que vous retrouvez par ailleurs en replay chaque
00:20jour sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:24Au sommaire de cette édition ce soir, le marché se prépare pour le Day 1, le premier
00:30jour de Donald Trump installé à la Maison Blanche, la cérémonie d'investiture aura
00:35lieu la semaine prochaine le 20 janvier et le marché vit au rythme des spéculations
00:41sur la stratégie douanière notamment de Donald Trump qui sera sans doute dans la séquence
00:47des Trumponomics.
00:48Une première dimension assez immédiate, la rumeur du jour, en tout cas les informations
00:54du jour apportées par l'agence Bloomberg, évoquent la possibilité de tarifs douaniers
01:00progressifs qui pourraient augmenter de quelques pourcents mois après mois, on avait eu il
01:06y a un peu plus d'une semaine l'article du Washington Post qui évoquait la possibilité
01:10de tarifs spécifiques sur mesure à l'inverse d'une tarification douanière universelle
01:16comme le plaidait Donald Trump pendant sa campagne.
01:19Bref, des ballons d'essai ici et là qui font réagir les marchés, on l'avait vu la semaine
01:23dernière avec l'article du Washington Post, on voit également une forme de détente en
01:27tout cas sur certains marchés actions à la suite de cette information publiée ce matin
01:31par l'agence Bloomberg, en tout cas les indices actions européens ont poursuivi leur rattrapage
01:37au cours de cette séance, vous aurez plus de détails dans un instant avec Pauline Grattel.
01:42La semaine sera chargée pour les prochaines séances en tout cas avec à la fois un volet
01:47macroéconomique important, la publication du rapport sur l'inflation aux Etats-Unis
01:51demain pour le mois de décembre et puis l'ouverture de la séquence microéconomique
01:56avec des résultats d'importance qui commenceront à être publiés à partir de demain à savoir
02:00les résultats annuels des grands groupes mondiaux et ce sont les grandes banques américaines
02:05qui débuteront cette saison de publication à partir de demain.
02:09Voilà pour le programme, discussion à suivre bien sûr avec nos invités de Planète Marché
02:12et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, focus particulier sur le thème
02:16des matières premières, ça tombe bien, le pétrole est à nouveau un sujet d'actualité
02:20avec un rebond des cours de l'ordre de 10% depuis les points bas depuis fin décembre.
02:25Focus matières premières donc dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse avec le directeur
02:28de la gestion matières premières, Dofi Invest Assets Management, Benjamin Louvet qui sera
02:33avec nous en plateau.
02:44Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur
02:48les marchés avec Pauline Grattel.
02:49Bonsoir Pauline.
02:50Effectivement avec Day One en approche, le marché est dans les starting blocks et découvrez
02:56ce matin de nouvelles informations ou rumeurs, spéculations sur la politique douanière
03:01de Donald Trump.
03:02Oui, les bourses européennes et mondiales vivent au rythme des Etats-Unis et plus précisément
03:07au rythme des rumeurs concernant la politique douanière de Trump.
03:11Selon des informations de Bloomberg, le nouveau président américain pourrait opter pour
03:15une hausse progressive des droits de douane de 2 à 5% mois par mois.
03:19Bon, les marchés, je le disais, ont profité un peu de cette nouvelle rumeur.
03:24Oui, le CAC 40 gagne même plus de 1% au cours de la séance autour de 7500 points avant
03:29de redescendre un petit peu.
03:31Les autres indices européens sont globalement en hausse, les indices américains ouvrent
03:35dans le vert.
03:36Côté chinois, les marchés étaient aussi en forte hausse ce matin, le Hang Seng progresse
03:40de 2% à Hong Kong et le CSI 300 terminant en hausse de 2,6%.
03:45Les investisseurs qui restent, par ailleurs, attentifs au mouvement observé sur les marchés
03:50obligataires.
03:51Oui, le marché obligataire reste sous tension aujourd'hui, le rendement de l'obligation
03:54américaine à 10 ans évolue au-delà de 4,8%, le rendement britannique de même échéance
04:00s'établit autour de 4,95% et le rendement de l'obligation française à 10 ans se rapproche
04:05des 3,5%.
04:06Sur le marché d'échanges, l'euro dollar se stabilise autour de 1,0260 après avoir
04:12cassé hier le niveau de 1,02.
04:14Bon, et puis des indicateurs sur les prix aux Etats-Unis qui sont publiés cette semaine
04:19avant les prêts à la consommation, l'inflation demain.
04:21Les investisseurs ont préconnaissance aujourd'hui des prêts à la production industrielle pour
04:25le mois de décembre.
04:26Oui, ces données sont très regardées dans un contexte où le marché ne price plus
04:29qu'une seule baisse de taux pleine de la Fed cette année.
04:31Les prix à la production industrielle aux Etats-Unis ressortent en hausse de 0,2% sur
04:36un mois.
04:37En décembre, c'est moins que ce qui était attendu.
04:39En version Core, les prix à la production industrielle sont à 0% sur un mois.
04:43Côté entreprise, Volkswagen a fait le bilan de l'année 2024 et fait état d'un recul
04:49de ses ventes mondiales.
04:50Voilà, sans surprise, les ventes de Volkswagen ont recul de 2,3% en 2024 pour s'établir
04:56à environ 9 millions de véhicules dans un contexte de forte concurrence chinoise et
05:01de réduction des coûts du constructeur en Allemagne.
05:03En Chine précisément, les ventes sont en repli de 10%.
05:06Volkswagen avait revu ses prévisions à la baisse en septembre dernier, le titre étant
05:10hausse de plus de 1%.
05:12Et puis c'est l'affaire du moment, le sort de TikTok pourra être tranché dans les prochains
05:18jours.
05:19TikTok qui risque, fait partie des options, d'être interdit peut-être sur le territoire
05:23américain.
05:24Oui, sauf si sa maison mère trouve un repreneur américain.
05:26D'ici le 19 janvier, Elon Musk se serait positionné pour acheter la plateforme, selon Bloomberg,
05:32ce qui porterait sa communauté à 2 milliards de personnes, 1,6 milliard sur TikTok et 450
05:38millions sur X.
05:39Mais TikTok a démenti ces informations en les qualifiant de pure fiction.
05:43Bon, et puis le programme de la semaine va monter en puissance à partir de demain, Pauline.
05:48Oui, demain ce sera une journée chargée côté macro, on prendra connaissance de l'inflation
05:53américaine du mois de décembre.
05:54Sur le plan micro, ce sera le top départ de la saison des résultats annuels, on attend
05:58ceux de Wells Fargo, Citigroup, Goldman Sachs et J.P.
06:01Morgan.
06:02Tendance mon ami.
06:03Chaque soir en ouverture de Smartbourse, Pauline Grattel vous livre les infos clés du jour
06:06sur les marchés.
06:09Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:21Hervé Guèze est avec nous, directeur des gestions de Mirova.
06:23Bonsoir Hervé.
06:24Bonsoir Grégoire.
06:25Vincent Juvins nous accompagne également, stratégiste global macro chez J.P.
06:29Morgan Asset Management.
06:30Bonsoir Vincent.
06:31Bonsoir Grégoire.
06:32Et Florent Vabon est avec nous, économiste chez Ecofi.
06:34Bonsoir Florent.
06:35Bonsoir Grégoire.
06:36Merci d'être là messieurs, ravi de vous retrouver.
06:38On est à quelques jours du Day 1 de Donald Trump 2.0.
06:42Florent, je crois que tout le monde a déjà fait l'exercice de réfléchir à ce que pourrait
06:47être Trump 2.0, mais c'est peut-être l'occasion d'en reparler.
06:51Notamment avec cette séquence de rumeurs, spéculations, ballons d'essai sur la stratégie
06:57des tarifs douaniers, on peut imaginer que même la future administration Trump, sortie
07:03de la campagne présidentielle, réfléchit à la meilleure formule de tarification douanière
07:09dans un monde déjà beaucoup plus frictionnel qu'avant, et avec des marchés américains
07:15en l'occurrence très attentifs visiblement à cette question, Florent.
07:20Et avec une inflation plus élevée que lors du premier mandat de Donald Trump.
07:23C'est un peu ça le sujet, c'est-à-dire que finalement il a été élu sur la base
07:28de ce qu'on pourrait qualifier de crainte de l'inflation, de véritablement peur.
07:33Traumatisme.
07:34Traumatisme.
07:35C'est exactement ça.
07:36Traumatisme de l'inflation.
07:37C'est le mot que je cherchais.
07:38Et de ce point de vue-là, il n'a pas intérêt à ce que l'inflation reparte, sachant qu'il
07:41a lui-même évoqué le fait qu'il y a quelques jours, l'inflation était trop élevée,
07:45et que les taux aussi étaient trop élevés.
07:48Je pense que le mot qui revient sans cesse, c'est le mot de pragmatisme.
07:52Et je pense que c'est le bon mot à utiliser.
07:56C'est-à-dire qu'il y a des effets d'annonce de se dire qu'il va y avoir des hausses de
08:00tarifs, de droits de douane pour l'Europe, pour la Chine, de X%, mais il y a la réalité
08:05des faits.
08:06Et à notre sens, c'est plutôt une arme de négociation.
08:08Et ça, je pense qu'il l'a bien compris.
08:09Et ceux qui l'entourent aussi.
08:11D'ailleurs, il y avait eu une première rumeur, me semble-t-il, dans le Wall Street Journal,
08:15qui faisait état du fait qu'il y aurait une possible modération de ces droits de douane.
08:20Ça avait d'ailleurs entraîné une hausse des marchés actions européens, tout comme
08:23ce que l'on voit aujourd'hui.
08:24Et donc, de ce point de vue-là, effectivement, on peut être tenté de se dire que ça va
08:27être modéré.
08:28Donc ça, c'est plutôt bon signe.
08:29C'est plutôt bon signe pour l'inflation américaine.
08:31Elle est élevée, mais ça veut dire que ça ne va pas rajouter un effet one-off.
08:36C'est bon signe pour la croissance européenne, parce que ça veut dire que ça va potentiellement
08:40avoir moins d'impact négatif en termes de croissance.
08:44Donc, il faut espérer.
08:46Oui, je comprends.
08:47Mais je n'oublie pas que Donald Trump est un animal politique hors normes et qu'avant
08:52tout, il a besoin de satisfaire sa clientèle politique.
08:55Ce que vous décrivez là, ce mélange de modération, de pragmatisme confronté à
09:00la réalité, évidemment, en tant qu'économiste, je comprends tout à fait que cette idée-là
09:04germe dans les cerveaux, mais ça permet quand même à Trump de satisfaire et de rendre
09:11à son électorat ce qu'il lui doit à travers cette victoire.
09:16Il y a une manière de spinner, de tourner les choses politiquement qui permet à Trump
09:20de garder aussi la confiance de son électorat.
09:24Je vais enfiler une casquette de philosophe éventuellement.
09:27Pourquoi pas ?
09:28Le sujet, je pense, pour son électorat, c'est plutôt de savoir qu'il a la main.
09:32Et quand on a des armes pour négocier, ça veut quand même dire qu'on est en position
09:38de force.
09:39Quelqu'un qui est en contrôle et en maîtrise.
09:40Et donc, s'il va et qu'il négocie et qu'il revient victorieux d'une certaine manière,
09:45ça suffira.
09:46On n'a pas parlé des baisses de taxes.
09:48Et ça, à mon sens, ça a plus de chances de se produire.
09:51Pas forcément dans son intégralité, encore une fois, c'est sans doute un petit peu plus
09:56circonstancié.
09:57Mais ça suscite beaucoup plus d'adhésion du côté du parti républicain.
10:01Donc, il ne faut pas oublier ce côté-ci.
10:03Les baisses de taxes, c'est plutôt pro-croissance, un petit peu pro-inflation par la demande.
10:08On y reviendra peut-être sur l'inflation, mais il y a des raisons de tempérer un peu
10:14les craintes.
10:15Les craintes de résurgence d'inflation ?
10:16Oui.
10:18Les craintes, on ne sait plus trop dans quel sens elles sont.
10:20En Europe, il y a la crainte aussi de voir l'inflation trop basse peut-être dans un
10:24futur plus ou moins proche.
10:26Vincent, sur ce Day One de Trump et sur l'idée effectivement qu'on aura peut-être une forme
10:33de modération, de pragmatisme qui pourrait s'exprimer chez Trump, on sent en tout cas
10:37qu'il y a une histoire de séquence et d'ampleur dans la mise en exécution des grands axes
10:44de sa politique qui va être quelque chose d'assez important et peut-être même qui
10:47va façonner le rythme des marchés au cours des prochaines semaines et des prochains mois.
10:52Oui, c'est clair.
10:53Les marchés sont dans l'expectative.
10:54Après les célébrations des premières heures, aujourd'hui, c'est de se demander à quel
10:57sous ils seront mangés, sur le plan commercial, sur le plan migratoire.
11:00On a encore vu la semaine passée un marché du travail qui reste tendu.
11:02Donc, c'est vrai que là aussi, sur l'aspect migratoire, c'est un sujet.
11:06Je souscris assez fort à l'idée, mais enfin, c'est peut-être parce qu'on est économiste
11:10et qu'on voit le bon sens triompher en tout cas que ce sera le cas et que le pragmatisme
11:14se dominera aux États-Unis.
11:16On ne peut jamais dire jamais.
11:17Je pense qu'on peut faire sur ce plateau, à ce stade, que des suppositions.
11:20Mais non, ce n'est évidemment pas dans son intérêt de mettre l'économie américaine
11:23à genoux.
11:24Les Américains sont sensibles à l'inflation.
11:27Donc, finalement, faire revenir l'inflation fortement, ce n'est pas le sujet.
11:30On sent d'ailleurs déjà que cette technique de négociation a bien fonctionné puisque
11:34partout, on s'est montré prêt à discuter, prêt à négocier, ceux de la Vendée en disant
11:38qu'on peut importer plus de gaz, les Canadiens aussi.
11:40Tout le monde s'est retrouvé à Mar-a-Lago pour essayer déjà un petit peu d'anticiper.
11:44Pas encore, mais certains et certaines.
11:47En tout cas, on peut reconnaître que sur l'approche, ça semble avoir déjà porté
11:52ses fruits.
11:53Retenons en effet les baisses d'impôts qui sont plus fortes avec Trump qu'elles
11:57ne l'auraient été avec Kamala Harris.
12:00Pour les investisseurs que nous sommes, modestement, c'est une bonne chose.
12:04C'est finalement davantage de bénéfices restitués aux actionnaires.
12:08C'est bon pour l'activité économique.
12:10On voit que le sentiment des acteurs de l'économie, PMA et autres, reste bien orienté.
12:16Je ne reviens pas à souhaiter qu'on ait un Donald Trump en Europe, mais enfin, il
12:23nous manque un petit peu parfois en Europe cet enthousiasme qu'il faudrait susciter
12:26d'une manière ou d'une autre.
12:27L'année 2025 reste à l'entame de celle-ci, toujours une année dominée par cet exceptionnalisme
12:34américain qui est incontestable, difficile de challenger à l'heure actuelle alors que
12:38l'Europe demeure embourbée avec ses propres problèmes.
12:41Il faudra sans doute attendre le deuxième trimestre pour peut-être voir un petit peu
12:44plus clair dans les perspectives de chaque zone.
12:46Je rebondis sérieusement d'ailleurs sur votre point, peut-être qu'il nous manque
12:50un Donald Trump en Europe.
12:52J'ai encore l'idée qu'on peut trouver d'autres options qu'un Donald Trump européen
12:57pour redonner un peu de perspective à l'Europe, mais j'entends tout à fait le point, Vincent.
13:02Je voudrais corriger le tir immédiatement.
13:05En tout cas, quelqu'un qui a de l'ambition pour l'économie européenne.
13:08Face à Donald Trump, il faut qu'il y ait quelque chose.
13:10Il faut qu'il y ait quand même une tactique, une stratégie.
13:13Alors, est-ce que c'est une position de force et un bras de fer face à un homme fort comme
13:18Trump ? Est-ce que c'est une autre approche ? Mais en tout cas, il y a forcément quelque
13:22chose à imaginer face à Trump par rapport à l'administration présidentielle.
13:28Je pense qu'il faut une ambition renouvelée, elle a été évoquée notamment par Mario
13:33Draghi.
13:34On a reconnu le caractère difficile de certains aspects du plan qu'il proposait.
13:38Il nous faut un axe franco-allemand fort.
13:40On a des élections en Allemagne prochainement, espérons qu'il en sorte un exécutif qui
13:44ait de l'ambition pour l'Allemagne, mais de l'ambition pour l'Europe.
13:47On avait cet axe franco-allemand relativement fort durant le Covid et on en mesure encore
13:52aujourd'hui tous les bénéfices.
13:53On parlait avant que cette émission commence de la situation en Italie, mais derrière
13:57les bons chiffres de la croissance en Italie, il faut voir en tout cas l'impact du fonds
14:01de relance européen.
14:02Donc il nous faut ce genre de mesures.
14:04On sait que tant en France, tant en Allemagne aujourd'hui, c'est difficile, les exécutifs
14:08sont évidemment en difficulté et dès lors difficile d'avoir des ambitions au niveau
14:12européen.
14:13Et c'est ça qu'il nous faut avant tout aujourd'hui, c'est plutôt que de chercher
14:17la confrontation, c'est déjà pour nous-mêmes prendre les bonnes mesures pour nous relancer
14:22dans un monde où tant en Chine qu'aux États-Unis, on pense d'abord à soi et où on ne va pas
14:26s'exporter hors de nos problèmes, ce qu'on pouvait encore faire auparavant.
14:30C'est-à-dire compter sur une relance de la demande chinoise via l'automobile, via
14:34le luxe et ainsi de suite.
14:35Le luxe peut-être, mais les automobiles, ça ne marchera pas en 2025 malheureusement.
14:38On commence, à ce propos je rebondis aussi, on commence à percevoir un timide sursaut
14:44en Europe.
14:45De qui ? De quoi ?
14:46De l'économie ?
14:47De l'autonomie stratégique.
14:48Ah, l'autonomie stratégique.
14:49D'ailleurs, en réponse au droit de douane de Donald Trump qui avait été évoqué pendant
14:54sa campagne, on avait, alors Christine Lagarde n'est pas le représentant de la Commission
14:59européenne, mais elle avait déjà évoqué qu'il fallait potentiellement lâcher du
15:01laisse sur le gaz natural liquéfié, sur les plans de défense, etc.
15:05Interview très politique de Christine Lagarde au FT, c'est la même référence que vous
15:09l'avez Florent, où le mot d'ordre c'était la stratégie du book check, du chéquier,
15:15il faut négocier avec Trump.
15:17Alors, c'est toujours très dangereux de dévoiler ses cartes avant de commencer à
15:21négocier.
15:22Donc après, ce n'était pas son rôle non plus, mais ça a le mérite de se dire qu'effectivement
15:26il y a quelque chose qui est en train de bouger.
15:27D'ailleurs, juste après, on a des plans de compétitivité qui ont été évoqués
15:30du côté de la Commission européenne, des plans de défense également.
15:33Ça peut vouloir dire que, d'une certaine manière, l'Europe sent qu'elle est au pied
15:38du mur et qu'elle n'a pas d'autre choix que d'avancer, que de négocier avec Donald Trump
15:42et puis de, encore une fois, véritablement avoir cette autonomie stratégique, donc investir.
15:47Ça c'est des dépenses d'investissement, c'est plutôt bon pour la croissance.
15:50Donc il y a des fondations qui sont posées, des jalons qui sont posés ici et là, en
15:54attendant le grand moment politique de cohésion et de renforcement.
16:01Le rapport Draghi, pour moi, fait date.
16:03On l'a presque oublié, mais pour moi, il fait date.
16:06C'est-à-dire que, lorsqu'il est sorti, la réponse des Allemands, notamment, a été
16:11tout de suite une forme de révulsion.
16:13Et aujourd'hui, on commence à comprendre que ce n'est plus vraiment le cas.
16:17On dirait qu'il y a quelque chose qui se passe, notamment avec les élections qui arrivent,
16:22le frein à l'endettement, peut-être qu'il peut être légèrement levé, l'orthodoxie
16:26budgétaire peut-être un peu modérée.
16:28Donc on commence à voir des choses et le rapport Draghi, à mon sens, est quelque chose
16:32qui, à mon avis...
16:33Qui a aiguillé un peu de cette flexibilité allemande.
16:36J'entends.
16:37Hervé, vos commentaires, vos réactions, vos remarques, je reviens au sujet du moment,
16:42c'est Day One la semaine prochaine pour Donald Trump à la Maison Blanche.
16:45Oui, écoutez, je crois que la dernière fois qu'on s'était vu, c'était juste avant les élections.
16:51Et on parlait des Trump Economics et du marché.
16:55Je disais que le marché avait commencé à acheter les Trump Economics et qu'on se dirigeait
16:59probablement vers des taux pas loin de 5.
17:02On y est aujourd'hui.
17:03Après, il y a eu une première phase dans laquelle ce que le marché a acheté, c'est
17:07un peu le biais cognitif qu'on a, Trump est rationnel, donc le pro-business, oui, la partie
17:13inflationniste, non.
17:14Donc on a eu une gros rallie-action et puis détente sur les taux.
17:19Puis à l'approche de l'arrivée de Trump, on se dit bon, finalement, est-ce que c'est
17:21quand même si rationnel ?
17:22On a parlé des tarifs douaniers, mais presque plus inflationnistes que les tarifs douaniers,
17:26c'est la politique migratoire qui pourrait avoir une influence assez significative sur
17:31le taux d'inflation.
17:32Donc là, le marché revient sur bon, et finalement, s'il faisait quand même un peu ce qu'il
17:37a dit qu'il allait faire parce qu'il faut qu'il soigne son électorat, quelles conséquences
17:41ça pourrait avoir ?
17:42Bon, donc, alors que tu disais philosophe, je pense qu'il voulait dire psychologue.
17:46Je ne sais pas s'il faut avoir une approche rationnelle avec Donald Trump, c'est difficile,
17:53une approche psychologique, ça me semble aussi très compliqué.
17:56Donc de ce point de vue-là, ce qu'a remis Trump, plutôt que de la visibilité et de
18:01la certitude, c'est quand même de l'incertitude, de la volatilité, de l'imprévisibilité.
18:08Est-ce qu'il suivra ses conseillers, des conseillers plus ou moins rationnels ?
18:12Qu'est-ce qu'il fera ?
18:13Est-ce que ce sera un one-shot progressif, etc. ?
18:17Objectivement, comme tu l'as dit, on n'a pas la boule qui permet de comprendre ce qu'a
18:22à faire Donald Trump.
18:23Donc on est clairement, d'un point de vue d'investissement, sur une phase qui est plutôt
18:26une phase d'imprévisibilité sur le choc qui est lié à ces mesures.
18:30Il y a un souci, Trump a un côté pragmatique qu'on peut anticiper, c'est effectivement
18:36la partie, je pense qu'il a les yeux fixés sur les marchés, presque plus que sur l'économie,
18:44et donc il peut y avoir un phénomène autoréalisateur si les marchés s'en approchent trop des 5%,
18:52si ça tombe, etc.
18:53Donc ça, ça peut lui faire dire, bon, attention, il peut se passer quelque chose.
18:58Donc ça peut être une espèce de forme de rappel rationnel en se disant, bon, il ne
19:01faut pas que, tant que les marchés ne s'inquiètent pas trop de ce que je raconte pour faire plaisir
19:04à mon électorat, ça va, si ça commence à aller pas bien, il faudra que je corrige.
19:07Il n'a pas beaucoup de marge, à part exécuter à la perfection, il n'a pas beaucoup de
19:12marge par rapport à la situation des marchés.
19:15Il n'a pas beaucoup de marge, mais lui, ça a été dit, paradoxalement, il a quand même
19:18la chance d'être sur une économie qui va plutôt bien, des anticipations de bénéfices
19:23qui sont à plus de 15%, dès qu'il ose la voir, Biden, il doit quand même pleurer.
19:30Il doit se dire, si j'insulte les Européens, j'ai la première ministre italienne qui
19:35dit qu'Elon Musk est un génie parce qu'elle a traité Kerstheimer de, de quoi, quelqu'un
19:42de méprisable.
19:43Elon Musk a traité le premier ministre anglais de méprisable et la première ministre italienne
19:50trouve qu'Elon Musk est un génie.
19:52Donc, si l'Europe, la vraie question, elle ne me semble-t-il pas tant côté américain,
19:57mais tu l'avais mentionné, c'est quelle est la réponse européenne ? Et là-dessus,
20:02pour le coup, je suis beaucoup plus pessimiste.
20:04C'est-à-dire que le couple franco-allemand n'existe plus, l'Allemagne va encore presque
20:09trop bien pour se remettre en question, alors que ça ne va pas mieux, mais elle est toujours
20:14sur un modèle exportateur net extrêmement fort, malgré la baisse, elle engrange les
20:20excédents commerciaux réguliers, j'ai l'impression qu'elle veut se battre à tout prix pour préserver
20:24ce modèle.
20:25Je pense que le réveil allemand sera lié à une inversion de ça, c'est-à-dire quand
20:29ils se rendront compte que la politique exportatrice ne peut plus être l'élément clé qui justifie
20:37les politiques économiques, ils changeront, mais aujourd'hui, on n'en est pas là-bas.
20:41Le niveau de douleur n'est pas encore suffisamment fort sur le modèle allemand.
20:44Tu arrives douanier sur l'automobile chinoise, pour ne pas parler des Etats-Unis, l'Allemagne
20:49a dit « on va de con ».
20:50Ah oui, non.
20:51Donc on voit bien que, pour l'instant, l'Allemagne est dans une situation où elle estime qu'elle
20:56va vouloir essayer de sauver le maximum de meubles qu'elle peut sauver sur sa politique
21:01exportatrice.
21:02Et de ce point de vue-là, elle est complètement antinomique sur une France qui a d'autres
21:04choses à faire et qui accueillerait le rapport Draghi de façon beaucoup plus volontaire,
21:09mais qui a encalminé dans une situation politique compliquée des déficits budgétaires extrêmement
21:14élevés.
21:15Donc on a un couple franco-allemain malade des deux côtés du Rhin.
21:19Et effectivement, les pays périphériques ne pourront pas prendre le relais de façon
21:24durable de ce couple-là.
21:25Donc est-ce qu'il faut un Donald Trump européen ? Je ne sais pas, mais ce qu'il nous faut,
21:29c'est un réveil européen où on ne parle plus d'autonomie stratégique, mais où on
21:34l'a fait.
21:35On est infichus de faire autre chose pour l'instant que de la régulation, infichus
21:42de construire les sociétés technologiques de demain, d'avoir une politique très ferme,
21:49très claire sur les investissements, où est-ce qu'on veut les orienter.
21:51Donc je trouve qu'en tant qu'investisseur, je m'intéresse à toutes les zones géographiques.
22:01Et c'est un peu avec colère qu'on se dit que la zone Europe, à part, on en parlera
22:06peut-être un petit décalage ponctuel de valorisation qui fait que peut-être que l'Europe
22:10ne fera pas trop mal cette année, mais sur le long terme, l'Europe, ça va très mal
22:19et il ne semble pas y avoir de prise de conscience forte sur la nécessité, non pas d'avoir
22:27intellectuellement une autonomie stratégique, mais de la construire.
22:30Défense, on est toujours nulle part, enfin, nulle part, les Français et Anglais font
22:33ce qu'ils peuvent, les pays de l'Est continuent à acheter américains, bon, est-ce que ça
22:37va s'inverser ? Je ne suis pas sûr, technologie, on s'est félicité et c'est très bien d'avoir
22:43la première réglementation sur l'intelligence artificielle, très bien, on est champion
22:49de la réglementation, est-ce qu'on pourrait avoir un acteur de l'intelligence artificielle
22:53qu'on soutient, quelle est la place qu'on va leur donner, est-ce qu'on va accepter
22:57d'être à la menace d'une patte Microsoft ? Donc, ces sujets-là, d'un point de vue
23:02politique, on n'en parle pas, Trump hausse le ton, qu'est-ce qu'on dit ? On va acheter
23:06plus de GNL américain, magnifique ! Donc, difficile d'être optimiste sur l'émergence
23:17d'un Trump européen, enfin, pas un Trump, on a bien compris l'expression, pas au sens
23:21caractère Donald Trump, mais au sens Europe first, Europe first, non, c'est chacun pour
23:29soi first et chacun va essayer d'aller négocier sur le sujet qui l'intéresse, donc l'Allemagne,
23:35l'automobile avec la Chine et les Etats-Unis, les Français, le luxe avec la Chine, chacun
23:43va négocier, on a déjà vu l'Italie faire de même, donc Europe first, on ne la voit
23:48pas.
23:49Est-ce que ça veut dire que pour un investisseur global, l'Europe n'a plus vocation à être
23:53un investissement stratégique, que c'est au mieux une poche tactique d'investissement
23:58aujourd'hui, c'est ce à quoi on est réduit ?
24:00C'est le risque auquel on est clairement soumis, c'est-à-dire que si on regarde les
24:04flux et la direction qu'on prend, tous les investisseurs sont en train de s'orienter,
24:08que ce soit retail ou investisseurs institutionnels, le mouvement est très fort sur un des éléments
24:16de force qui pouvait être l'épargne européenne qui est en train de se faire aspirer par le
24:23marché américain et merchant asie, donc même sur le sujet où on pourrait se dire tiens
24:29il y a l'épargne mobilisable, on peut la mobiliser pour les investissements dans les
24:33entreprises, dans la technologie, dans la révolution verte, on a des investisseurs
24:38qui disent il n'y a qu'à voir les performances des marchés actions européens cette année
24:42et américains, mais enfin c'est les deux dernières années, non en fait on va commencer
24:45à diversifier, on va faire plus d'expositions US, quand bien même les valorisations sont
24:50élevées.
24:51Donc franchement le discours européen sur la technologie, sur la défense, sur l'épargne,
25:00sur la finance, c'est du discours.
25:02Qu'est-ce que ça implique pour l'investissement quand même en cette année de 2025, parce
25:09que c'est aussi, alors j'allais dire c'est toujours un peu la même histoire avec l'Europe,
25:12c'est que beaucoup du pessimisme et des questions structurelles qu'on soulève, beaucoup
25:17se retrouvent quand même déjà en partie dans les prix de marché, les valorisations
25:21des actifs européens, Vincent, quel état des lieux là vous dressez de cette asymétrie
25:27qu'il y a des deux côtés de l'Atlantique ?
25:30L'Europe c'est trop bon marché pour être sous-pondéré, soyons réalistes, en effet
25:34comme vous le dites, il n'y a pas de raison d'être particulièrement enthousiaste à
25:37court terme, il n'y a pas d'histoire à raconter, le meilleur argument qu'on a pour l'Europe
25:40c'est que c'est bon marché, c'est bon marché effectivement, on est relativement bien payé
25:44pour attendre, les entreprises européennes continuent de choyer leurs actionnaires tant
25:47qu'elles peuvent, on a à nouveau une année de record en termes de distribution de dividendes,
25:51ça vient d'être communiqué notamment par la maison qui publie chaque année, donc
25:54on est bien payé pour attendre, donc on ne peut pas être en décalage, maintenant même
25:59si l'Europe fait un peu mieux que les Etats-Unis dans les premières journées d'échanges
26:02de l'année, c'est vrai que...
26:03Oui, enfin ramené en dollars, je ne suis pas sûr qu'on fasse si bien que ça...
26:07C'est autre chose, mais c'est vrai que j'ai du mal à voir l'Europe surperformer les Etats-Unis
26:11au cours du premier trimestre, je pense que l'avantage demeure aux Etats-Unis, enfin on
26:15le verra la semaine prochaine, la saison de... enfin cette semaine...
26:18Mais le momentum, parce qu'on peut regarder l'avalot du marché américain, on peut se
26:22faire peur, on est j'imagine dans des percentiles très élevées quasiment en matière de cherté
26:28pour le marché américain, mais vous dites qu'il y a un factor momentum là, contre lequel
26:32on ne peut pas se mettre.
26:33Pour moi la rotation, elle a d'abord lieu aux Etats-Unis avant d'avoir lieu internationalement.
26:36Donc pour moi je résumerais les choses ainsi, les Etats-Unis c'est un marché bêta pureplay,
26:42je veux dire on est... voilà, avec la tech comme driver, mais plus uniquement je pense
26:46que la thématique aujourd'hui de diffusion de la croissance bénéficiaire plus à l'avantage
26:51des autres secteurs, ou en tout cas d'autres secteurs qui rivalisent avec la tech davantage,
26:55qui est assez bien acquis par la plupart des investisseurs, la thématique equal weight
26:59qui avait surgi en juin dernier, continue à faire tâche d'huile, donc voilà.
27:06Élargissement de la performance aux Etats-Unis au sein du S&P 500, au sein du niveau de capitalisation.
27:12L'attrait pour les small cap aujourd'hui est beaucoup plus important aux Etats-Unis notamment.
27:16Europe, c'est plutôt un marché pour être neutre, plutôt un marché de rendement, salaires,
27:20moi je serais plutôt sur des valeurs immobilières, des valeurs bancaires en Europe.
27:24Il y a des meilleurs parfums, le secteur bancaire fait plus de 20% l'an dernier en Europe.
27:28On a des perspectives déménées, on a du rendement et tout ça, c'est très bien.
27:32Le marché deep value, alors s'il faut en trouver un, allons-y franco.
27:35Ah oui, la Chine, oui, bien sûr.
27:38Donc là, tant qu'à faire, et on a plutôt plus de croissance bénéficiaire qu'en Europe.
27:43Et on a plutôt des autorités qui sont tentées d'utiliser le marché actions justement pour relancer un petit peu la confiance.
27:51Elles l'ont fait avec succès en 2024, ça a mal commencé en 2025.
27:54Aujourd'hui, ça va mieux, trop tôt pour dire si ça durera.
27:57Mais en tout cas, c'est facile, je dirais, de relancer la confiance par ce canal-là.
28:03Ce sera plus facile que de relancer la confiance par une remontée des prix immobiliers,
28:06qui là est beaucoup plus cher à atteindre.
28:10Florent, dans quelle mesure les taux, notamment on vous évoquait l'inflation de fer,
28:16dans quelle mesure les taux long terme, comme on les voit monter depuis quelques semaines,
28:21peuvent être un problème, notamment pour le marché américain ?
28:24Je redonne, c'est 74% désormais du MSCI World, les Etats-Unis.
28:29Moi, j'étais resté au 2 tiers, voire 70%.
28:32Maintenant, on m'a dit c'est 73-74%.
28:35Ça monte encore.
28:37Qu'est-ce qu'on peut dire de la situation des taux longs, de ce mouvement un peu global de repricing ?
28:43Et où est la limite de ce point de vue-là ?
28:46Ça amène à se questionner, j'imagine, sur les perspectives d'inflation.
28:49Vous aviez l'air de dire qu'il fallait peut-être ne pas être trop inquiet à ce stade.
28:54Modérément.
28:55Modérément inquiet, je ne veux pas attrahir votre pensée, d'un risque de résurgence de l'inflation.
29:00Quel est l'argumentaire derrière la flamme ?
29:02Peut-être parler sur les taux longs, déjà pour commencer.
29:05Effectivement, pour caricaturer, mais on n'est pas loin des choses,
29:08c'est-à-dire que depuis que la Fed a baissé ses taux de 100 points de base,
29:11les taux de marché, le 10 ans américain a pris 100 points de base.
29:14Je crois que c'est à peu près une équation juste.
29:16Voilà. Et c'est relativement, voire même je dirais, c'est inédit.
29:20Dans une période de baisse de taux, il arrive à certains moments de l'histoire
29:23où les taux d'intérêt remontent légèrement, les taux d'intérêt de marché,
29:26j'entends lorsque les taux directeurs diminuent, mais pas dans cette ampleur.
29:30Et d'autre part, le seul parallèle historique,
29:32alors à chaque fois que je viens sur ce plateau, j'ai une habitude,
29:35c'est que je parle d'Alan Greenspan, donc je vais recommencer.
29:38Le seul parallèle historique que l'on peut dresser,
29:40c'est lorsque Alan Greenspan a effectué son ajustement de politique monétaire,
29:43a fait atterrir l'économie en douceur et n'a baissé les taux que de 75 points de base,
29:48les a maintenus pendant une certaine période, pendant quasiment un an et demi, deux ans,
29:52et les a ensuite remontés avant de les rebaisser, etc.
29:55Ça, c'est les années 90 ?
29:56Exactement, les années 90.
29:57Et à ce moment-là, les taux d'intérêt de marché étaient plutôt restés stables.
30:00C'est-à-dire que le 10 ans américain n'avait pas augmenté de 100 BP comme aujourd'hui.
30:02Donc ça, c'est déjà la situation qui est inédite de ce point de vue-là.
30:06Alors, là où ça pose problème, c'est qu'effectivement,
30:10ce n'est pas nécessairement ce que voulait la Fed, a priori.
30:12Sauf que ce dont on se rend compte, pardon,
30:15c'est que finalement, l'économie américaine arrive à gérer ce niveau de taux d'intérêt pour le moment.
30:20Le rapport qui a été publié ce matin pour les petites entreprises américaines
30:24nous indique qu'elles voient les conditions de crédit qui leur sont accordées se détendre un peu.
30:30S'améliorer ?
30:31Alors, elles ne sont pas encore en train de dire qu'elles vont déployer du cash pour investir.
30:35Pas encore.
30:35Mais elles voient des perspectives bien meilleures pour l'économie américaine.
30:38Les petites entreprises.
30:39Alors, il y a sans doute l'effet Trump, on en a parlé.
30:41Mais là où, par exemple, ce matin, je pensais que l'effet s'estomperait,
30:46finalement, le chiffre a été plus fort que les attentes.
30:51Donc, c'est-à-dire qu'il y a quand même quelque chose dans l'économie américaine qui se passe,
30:54qui est de se dire qu'on a un taux d'intérêt qui, aujourd'hui,
30:58n'est pas forcément en train d'impacter négativement l'économie.
31:01Pas aussi restrictif que ce qu'on peut imaginer.
31:03Peut-être qu'on n'est pas loin de la fameuse neutralité.
31:06Alors ça, ça nous ramène à quelque chose de théorique.
31:09On est à quoi ? 4,25, c'est ça, sur les taux directeurs de la Fed, c'est ça, aujourd'hui ?
31:12Sur la fourchette basse, il me semble-t-il.
31:134,25, 4,50, ok.
31:15Donc, ça veut dire quoi ?
31:16Ça veut dire que la Fed n'a pas besoin de baisser beaucoup ses taux.
31:19Donc, une fois qu'on a dit ça, forcément, les marchés l'anticipent,
31:22font remonter les taux de marché.
31:24Et le problème, c'est que par sympathie...
31:25Oui.
31:27Ou par contagion, oui.
31:28...c'est pas forcément très bon, pas très heureux.
31:30Donc, par sympathie, les taux de marché remontent.
31:33Et là, c'est beaucoup plus problématique.
31:35Là où, pour l'économie américaine, à mon sens...
31:37Alors, 4,8, ça commence à faire beaucoup.
31:38Oui.
31:40Quelque chose entre 4,3 et 4,5.
31:41Mais à 2,5 % de taux réel, autour...
31:44C'est un peu élevé.
31:45Mais c'est pas encore, non plus, excessivement élevé.
31:48Et ça devient attractif.
31:49Et ça peut devenir attractif, effectivement.
31:51On peut être tenté de se dire que ça peut retomber aux alentours de 4,5,
31:54sur le taux de 10 ans américain, quelque chose comme ça.
31:56Là où c'est plus problématique, c'est pour l'Europe.
31:59On prend le 10 ans allemand,
32:01ou français, bon...
32:01Oui, oui, non, si, si, oui, oui, oui.
32:04De 2 à 2,6, quasiment, en l'espace de quelques semaines.
32:08Dans une période où la Banque Centrale Européenne baisse ses taux.
32:10Et là, on aurait plutôt envie que les pressions obligataires diminuent,
32:14pour qu'il y ait un effet boost sur l'économie européenne.
32:16Et comment vous avez lu la capacité de la BCE à s'affranchir,
32:19s'il le faut, à nouveau, de la politique monétaire américaine ?
32:23Si la Fed devait se mettre en pause durable pour plusieurs mois ?
32:26Je pense que ce que cette séquence reflète aussi,
32:28c'est l'incertitude vis-à-vis du temps qui sépare
32:32le moment où on se parle, et l'institut de Donald Trump.
32:35Donc il n'est pas improbable que les choses se détendent un petit peu,
32:37et qu'on ait une détente sur les taux obligataires aussi,
32:39allemand, français, etc.
32:41Après, il y a un autre concept théorique,
32:43un peu magique aussi, c'est la fameuse prime de terme.
32:46C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les investisseurs,
32:48pour le dire très simplement, la prime de terme, c'est
32:50on exige un rendement supplémentaire
32:52pour prêter à un État sur le long terme.
32:54Parce qu'à long terme, il peut se passer plein de choses.
32:56Il y a des problèmes de déficit à financer,
32:58peut-être que les États vont trop s'endetter.
33:00Il y a des problèmes de soutenabilité de la dette.
33:01Il y a de la volatilité sur l'inflation.
33:03Il y a une incertitude sur le fameux taux neutre.
33:05On ne sait pas véritablement où il se situe.
33:07Donc pour toutes ces raisons-là, la prime de terme a augmenté.
33:11Mais elle a augmenté principalement aux États-Unis,
33:12et ensuite à l'impact de l'étau européen.
33:14Encore une fois, la BCE se retrouve dans une situation délicate.
33:17C'est-à-dire qu'on a une inflation qui diminue fortement,
33:19qui va probablement encore continuer à diminuer pendant un certain temps.
33:22On a une inflation dans les services qui est élevée,
33:25mais nous, on anticipe qu'elle va continuer,
33:27qu'elle va commencer à s'apaiser dans les prochains mois.
33:30Donc ça lui laisse des marges de manœuvre,
33:31au moins à mon sens, sur la première partie de l'année.
33:34Après, et c'est là où le plateau aujourd'hui se divise en deux,
33:37c'est que moi, je suis beaucoup plus optimiste
33:39sur la croissance européenne pour 2020.
33:41Alors là, vraiment...
33:42Conjoncturellement, il y a quand même quelque chose de pas si défavorable,
33:46malgré le degré exceptionnel d'incertitude,
33:48de pessimisme et d'incertitude politique.
33:50Et d'ailleurs, pour coupler avec le marché d'action,
33:52et je finirai là-dessus,
33:53il y a un pessimisme qui est peut-être un peu trop élevé.
33:56Et donc finalement, le degré de surprise qu'il faut
33:59pour que les choses se rétablissent,
34:02ou qu'il y ait un rebond des actions européennes,
34:03il est finalement assez bas.
34:05Il faut mettre un chiffre sur la croissance européenne cette année ?
34:08Nous, on est un petit peu plus de 1.
34:09Ah oui ?
34:10Ah oui, ça c'est un moyen annuel.
34:12Le consensus moyen est à 0,9.
34:14Il est un peu en dessous de 1.
34:15Oui, c'est ça.
34:15Alors je rappelle une chose,
34:16c'est que la croissance potentielle de la zone euro,
34:19c'est à peu près 1%.
34:20Oui.
34:21Donc on est un peu en dessous.
34:220,9, 1, 1, 1.
34:24Je ne pense pas que l'histoire jugera
34:26les défis européens à l'aune de 10e de point de base comme ça.
34:31Pour clarifier peut-être un élément précis,
34:33j'ai beaucoup moins de certitude sur le court terme, à la limite,
34:37et sur l'année 2025 que le long terme.
34:38Ce que je dis juste, c'est que les Etats-Unis,
34:41sur les décennies qui viennent de suivre,
34:43gain de productivité, démographie.
34:45La France, pas de gain de productivité,
34:46beaucoup moins de démographie.
34:48C'est 15 ans d'investissement continu,
34:50c'est ça qu'il faut comprendre.
34:51Exactement, le potentiel de la zone europe, c'est 1.
34:56Alors si on est content, si on fait 1,
34:57on est un peu déçu si on fait 0,8.
34:59Sérieusement.
35:01Donc mon sujet, il n'est pas sur l'année 2025.
35:05Encore une fois, il y a des risques, à mon avis,
35:07aux Etats-Unis, probablement plus sur les niveaux de marge
35:11des gros acteurs de la tech et la capacité à maintenir ça,
35:14notamment sur les acteurs de l'intelligence artificielle.
35:16Donc il y a des autres risques qui peuvent faire
35:18que les Etats-Unis ne vont pas bien.
35:19Malheureusement, je pense que si le marché
35:21américain ne va pas bien, on n'aura pas des marchés européens
35:24qui vont aller très bien non plus.
35:25Mais bon an, mal an, compte tenu des écarts de performance
35:28qu'on a eu l'année dernière, du pessimisme très ambiant
35:31sur l'Europe, ce que je dis finalement,
35:32j'enfonce des portes ouvertes un petit peu
35:34sur les problématiques européennes à moyen et à long terme,
35:36fait que le fait de se dire, est-ce que sur 2025,
35:39sur un malentendu, j'avais envie de dire,
35:40on ne va pas avoir un marché européen qui va faire
35:43un peu mieux que le marché américain, pourquoi pas ça ?
35:44Je n'ai vraiment pas une confiance forte sur ce sujet.
35:49De toute façon, j'ai envie de dire, ça a été dit,
35:51quand on a un gérant actif long terme,
35:53peut-être que c'est le seul élément d'inquiétude
35:55qu'on peut avoir, c'est qu'il y a une tendance naturelle
35:57à surpondérer l'Europe, parce qu'un fonds global,
36:00si c'est un fonds américain diversifié,
36:02ça ne remplit pas son rôle.
36:03Donc globalement, les gérants actifs sont quand même
36:05plutôt surpondérés Europe, ce qui n'est pas...
36:08Quand on gère avec les risques, oui.
36:09Il y a la force de rappel que l'on ne peut pas dire
36:11que sur le marché, il y a une sous-pondération
36:13très forte des marchés européens.
36:15Donc moi, mon point, ce n'est pas de dire sur 2025,
36:17est-ce que finalement, sur un malentendu,
36:21l'Europe ne va pas faire mieux que les Etats-Unis
36:23ou le timing.
36:24Je n'ai pas de confiance là-dessus.
36:26Ce que je dis juste, c'est que sur le long terme,
36:28les défis européens auxquels on a à faire face,
36:30il n'y a pas le début l'ombre.
36:32Le rapport Draghi, ça a été dit, mais enfin,
36:34est-ce qu'il a résurgi un tout petit peu ?
36:37Enfin, on est peut-être les seuls à être au courant alors.
36:40Sinon, je n'ai pas du tout l'impression
36:42que ça fasse le début d'une prise de conscience
36:45d'investissement politique européen.
36:47La plateforme politique pour porter ça aujourd'hui,
36:49je suis d'accord, mais il existe, il a le mérite d'exister.
36:52Et du coup, pour finir, ce qui peut être inquiétant
36:54sur les taux européens, pour le coup,
36:57c'est à se demander si les incertitudes politiques
37:01très fortes et la disruption que peut faire Donald Trump,
37:04cette Europe qui a tendance à tirer à hue et à dia
37:07en fonction de ses intérêts allemands, français,
37:10n'est pas en train d'apparaître une prime de risque
37:13liée à la construction européenne.
37:14Sur la capacité de l'Europe à maintenir ça.
37:17C'est-à-dire que ce qu'on voit, c'est que les investisseurs
37:21internationaux, américains, asie, l'euro fait partie
37:26de leur allocation stratégique assez fortement.
37:29Ils se questionnent aujourd'hui fortement sur
37:31qu'est-ce qu'on est en train de nous vendre
37:33comme projet de long terme sur la construction européenne.
37:36Donc, je pense qu'effectivement, c'est bien d'essayer
37:39de négocier avec Donald Trump, de voir qu'est-ce qu'on peut arracher,
37:41est-ce qu'on achète un peu de Génel.
37:43Il faudrait quand même vraiment qu'il y ait
37:45une vraie prise de conscience, pas par les mots,
37:49mais par les actions de ce sujet de souveraineté européenne
37:53sur lequel il n'y aura pas de rebond durable
37:55des marchés européens en dehors de cette prise de conscience.
37:58Une question de volonté ou de capacité politique
38:01aujourd'hui, effectivement, qui est vraiment sur la table.
38:04À propos de défis, Hervé, comment vous regardez
38:08dans votre univers, en tout cas dans votre dimension d'analyse,
38:12tous ces départs en série des grandes alliances net zéro,
38:15que ce soit pour le secteur bancaire, pour les assets honneurs, etc.
38:18Là, on a eu une multiplication de départs.
38:21En gros, les grandes banques américaines et des européennes
38:25qui sortent aussi de ce genre d'alliances.
38:27En 2016, on n'avait pas eu ça.
38:30Il y a aussi l'exemple de Meta, du pivot que fait Meta
38:34sur sa stratégie en matière d'information sur les réseaux sociaux.
38:39C'est vrai qu'il y a une concomitance avec l'arrivée de Donald Trump
38:42qui fait qu'on s'interroge.
38:43Mais en 2016, il n'y avait pas eu ça.
38:45Il n'y avait pas eu cette mise en ordre, si je puis dire, sur Trump 1.0.
38:50Alors, la différence, c'est que sur 2016,
38:54Trump était évidemment climato sélectif, pas du tout pour, etc.
38:58Mais on se disait, il a beau dire...
39:03Les politiques industrielles bas carbone sont portées par les Etats,
39:08beaucoup, dont beaucoup d'Etats républicains.
39:11Et donc, c'est plus du langage que des vraies mesures très fortes.
39:19Il y en a eu quand même.
39:19Mais finalement, en 2016, on s'est dit, bon, il faut continuer sur l'agenda.
39:24Ce qui s'est passé entre 2016 et pendant le mandat où il n'a pas été élu,
39:28le sujet qu'en Europe, on appelle l'ESG ou l'investissement responsable,
39:32a été politisé par les Américains, ce qui n'était pas le cas.
39:36C'est-à-dire que là, en 2016, on était vraiment sur
39:39est-ce qu'il faut investir dans l'économie bas carbone ?
39:41Bon, là, maintenant, il faut se faire élire avec Tesla.
39:43Donc, potentiellement, il y a eu un mouvement là-dessus.
39:46Mais par contre, le sujet des politiques d'investissement responsable a été politisé,
39:50si je caricature un petit peu, en disant,
39:53ces sujets de prise en compte des dimensions environnementales et sociales,
39:57c'est un projet d'extrême gauche, c'est du woke capitalism.
40:01Nous, les Républicains, on est archi contre ça.
40:04Et les Etats républicains ont enchaîné sur des plaintes auprès de tous les acteurs
40:09financiers implantés aux Etats-Unis, qu'ils soient américains ou européens,
40:14en disant, si vous mettez à votre agenda des sujets environnementaux ou sociaux,
40:18c'est forcément au détriment de votre seul objectif raisonnable et rationnel,
40:22parce que Trump est très rationnel, qui est de faire de la performance financière.
40:26Et donc, on va vous poursuivre, voire on va vous poursuivre pour entente.
40:29Donc, c'est ça, aujourd'hui, qui est en train de se passer.
40:31Et donc, pour eux, par crainte...
40:35Oui, oui, j'entends, j'entends, par prévention.
40:38Oui, par prévention.
40:39Politisation et judiciarisation du sujet.
40:43Oui, j'entends, j'entends.
40:45Il y a un retrait de ça.
40:46Est-ce que ça va se traduire ?
40:48Est-ce que ça va avoir des effets réels, en dehors des effets d'affichage ?
40:52Bon, ça aurait été un peu curieux de ma part si je vous avais dit
40:58que toutes ces alliances ne servent à rien, la mobilisation des acteurs financiers,
41:01ça ne sert à rien.
41:02Et donc, le fait qu'ils se retirent, dire que ça n'aura zéro impact...
41:06Mais ce n'est pas non plus la condition sine qua non pour que le travail se poursuive.
41:10Il me semble qu'il y a deux sujets.
41:12Il y a un sujet qui est sur la politique sociale.
41:14C'est-à-dire, on voit, là, pour le coup, c'est descendu au niveau des entreprises,
41:18sur les sujets de diversité et inclusion.
41:21Là, il y a un vrai retour en arrière très, très fort.
41:25Bon, à la limite, le côté modèle français, universel, etc., pourrait comprendre ça,
41:31puisque c'était allé très loin.
41:32Donc, il y a un vrai retour en arrière sur ce sujet de diversité et inclusion.
41:36Sur le sujet du climat, pour le coup, ce que je viens de dire reste vrai,
41:39c'est-à-dire que les investissements vont continuer.
41:42On allègera peut-être certaines contraintes, etc.,
41:45mais Tesla ne va pas se mettre à fabriquer des moteurs thermiques
41:49pour faire plaisir à l'électorat populaire, etc.
41:52Donc, la transition climatique va se poursuivre.
41:57Elle va se poursuivre dans l'économie, donc elle va se poursuivre avec les entreprises,
42:00même si elles affichent moins.
42:02Néanmoins, le fait d'avoir des investisseurs qui prennent moins d'engagement, etc.,
42:08c'est le rôle d'aiguillon qu'ils pouvaient avoir sur les financements de nouveaux projets,
42:14charbon, pétrole, etc., va ralentir.
42:17Donc, la crainte, ce n'est pas tellement qu'on ait un ralentissement
42:20sur les investissements, sur les technologies vertes.
42:23La crainte, ce n'est pas une crainte.
42:25Du coup, je suis convaincu que ça va continuer,
42:28mais c'est qu'on aura en parallèle aussi potentiellement beaucoup d'investissements
42:30sur tout type d'investissement, énergie fossile, pétrole, charbon, pourquoi pas,
42:35gaz de schiste, etc.
42:36Et donc, la crainte, elle n'est pas tellement sur le coup de frein
42:40au développement des énergies vertes.
42:42Mais c'est le redémarrage de la partie fossile en termes d'investissement.
42:46C'est le redémarrage de tout l'ensemble fossile et la perte du rôle d'aiguillon
42:48des investisseurs sur ce sujet-là,
42:50qui va continuer à mettre à risque les accords de Paris,
42:53si tant est que le 1,5° reste un objectif réaliste,
42:57ce qui pourrait faire l'objet d'un autre débat.
42:59On parlera déjà matière première, je le rappelle,
43:01dans le dernier quart d'heure, il y a à la fois le pétrole, le fossile,
43:05il y a aussi tous les métaux et la partie technologie verte derrière,
43:11qui est aussi importante à prendre en compte.
43:14Vincent, il nous reste deux minutes, alors je ne sais pas...
43:17La Chine, je veux bien qu'on en redise un mot quand même,
43:19parce qu'il va falloir suivre la manière dont le dialogue ou la conversation
43:25entre la Chine et les Etats-Unis évolue avec l'arrivée de Donald Trump.
43:29Vous évoquiez tout à l'heure la décote extraordinaire des actifs chinois.
43:34Bon, le nombre de rebonds qu'on a eus qui n'ont pas été suivis d'effet,
43:39c'est vrai que ça nous laisse un peu sur notre faim, j'imagine.
43:43En tout cas, pour rebondir sur le sujet précédent
43:45et répondre à votre question en même temps,
43:46la Chine reste avec cet objectif de net zéro d'ici 2060.
43:50Elle vient d'ailleurs d'annoncer un immense projet d'infrastructure
43:52de barrage hydroélectrique,
43:54alors je ne sais pas si c'est super pour l'environnement,
43:56mais en tout cas pour l'approvisionnement vert en énergie, c'est une bonne chose.
44:00Elle continue à investir massivement dans la transition énergétique.
44:03C'est en Chine qu'elle coûte moins cher d'acheter une voiture électrique
44:06qu'une voiture thermique, alors que chez nous, ce n'est pas encore le cas.
44:10Raison pour laquelle ça devient évidemment le premier marché de l'autonomie électrique.
44:13Ils nous ont eu une avance tout à fait incontestable dans ce domaine.
44:17Et ce n'est pas le seul.
44:18La Chine, c'est le leader incontesté de la 5G.
44:21On l'oublie trop souvent.
44:22Mais enfin, je dirais, avant Covid, c'était un peu le sujet de discussion.
44:25On ne l'a pas pris en Europe.
44:27Plein d'autres pays l'ont fait, Moyen-Orient et autres.
44:29Moi, j'avais la chance d'être à Monaco la semaine passée.
44:32Je me suis blessé de dire que les autorités monégasques ont pris la 5G chinoise.
44:36Je ne sais pas si après, c'est une bonne ou une mauvaise décision.
44:38Oui, on se souvient de l'affaire Huawei, ZTE, etc.
44:41Il y a plein d'autres pays qui font le choix des technologies chinoises.
44:45Technologie, on parle évidemment beaucoup de semi-conducteurs.
44:47Depuis, le trend est high.
44:51Et les États-Unis avaient décidé de limiter l'exportation de technologies
44:54critiques à la Chine pour garder leur avance.
44:57On se rend compte que finalement, cette approche ne porte pas ses fruits.
45:01Ils sont en train de rattraper leur retard.
45:03Et mieux, ils pourraient devenir des leaders de semi-conducteurs d'ici 2030.
45:08Alors qu'aux États-Unis, on construit des usines de fabrication.
45:10En Europe, on a évidemment, pour toutes les raisons qui ont été justement évoquées,
45:13on est toujours en retard.
45:14Nos usines qui allaient ouvrir en Allemagne ne verront sans doute jamais le jour.
45:17Mais la Chine est en train de devenir un leader dans ces domaines.
45:21Évidemment, je pense plus à moyen et à long terme.
45:22Ça veut dire qu'en tout cas, on ne peut pas se passer de la Chine dans nos portefeuilles.
45:26Est-ce qu'en 2025, ils réussiront ?
45:28Ils ont réussi à certains égards en 2024, en tout cas,
45:31à recréer de l'enthousiasme localement pour leur marché equity.
45:34Il n'y a pas d'investisseurs occidentaux qui ont évidemment souscrit à ce mouvement.
45:38Je pense encore une fois qu'ils le essaieront via ce canal-là en 2025.
45:42Il en faudra plus pour sortir l'économie de l'ornière.
45:44Les baisses de taux qu'ils ont réalisées ou les baisses de ratio de réserve obligatoire
45:48n'ont pas été suivies par une demande de crédit.
45:50C'est là le problème évidemment de la déflation qu'ils traversent.
45:53Mais enfin, ils sont acculés à réussir.
45:55Et force est de constater qu'alors qu'en Europe, on n'essaye pas,
45:58pour l'instant, il faudrait, eux au moins, essayer.
46:01Alors, est-ce que ça réussira en 2025 ?
46:03En tout cas, si on cherche un marché value où se positionner,
46:06il y a un marché qui essaye objectivement avec beaucoup d'échecs jusqu'ici,
46:10mais qui continue.
46:11Donc, sur la thématique, en tout cas, de repricing ou de marchés
46:16qui pourraient converger vers ces moyens historiques,
46:18je parierais peut-être plutôt sur celui-là.
46:19Bon, c'est le jeu du concours de beauté permanent et éternel des marchés.
46:24Merci beaucoup, monsieur, d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
46:27Vincent Juvin, JP Morgan Asset Management,
46:29Florent Vabon, Ecofi et Hervé Ghez, Mirova.
46:42Le dernier quart d'heure de Smartboard.
46:43Chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
46:45Le thème ce soir, c'est celui des matières premières,
46:48avec cet exercice toujours un peu compliqué de prévision ou de perspective
46:52ou de réflexion sur ce qui pourrait animer le compartiment des matières premières
46:56au démarrage de cette nouvelle année 2025, en l'occurrence.
46:59Benjamin Louvet, à mes côtés,
47:00directeur de la gestion des matières premières chez Offi,
47:02Invest Asset Management.
47:03Bonsoir, Benjamin.
47:04Merci d'être là-bas.
47:06Il y a déjà une forme d'actualité immédiate,
47:08puisqu'on se remet à parler du pétrole.
47:09Je n'ai pas mesuré précisément,
47:11mais on a dû reprendre, que ce soit sur le Brent ou le WTI,
47:14une bonne dizaine de pourcents par rapport au point bas
47:16qu'on avait atteint fin décembre.
47:18Je redonne un peu de perspective.
47:19On avait eu des prix extrêmes, évidemment,
47:21au déclenchement de la guerre en Ukraine.
47:23On a dû aller jusqu'à 100, 120 dollars le baril.
47:26Et c'est vrai qu'en regardant la photo sur ces deux dernières années,
47:29on a plutôt un train quand même très baissier sur le pétrole.
47:33D'où cette interrogation qu'on peut avoir sur ce rebond d'une dizaine de pourcents
47:38qu'on observe depuis quelques semaines.
47:40Pourquoi, comment et jusqu'où, bien sûr, Benjamin ?
47:42On a plusieurs choses, Grégoire, qui rentrent en ligne de compte.
47:45D'abord, le début de l'année et la période hivernale,
47:49ça ne vous aura pas échappé.
47:51On le ressent.
47:52Et cet hiver est particulièrement froid en Europe et aux Etats-Unis.
47:54Et donc, on voit une hausse de la consommation,
47:56notamment de fuels domestiques, qui est assez sensible
47:59et qui entraîne déjà quelques petites tensions
48:00sur le marché des produits pétroliers dans leur ensemble.
48:04Mais au-delà de ça, Grégoire, le vrai sujet,
48:06c'est le sujet des sanctions internationales supplémentaires sur le pétrole russe.
48:09Avec cette fois-ci, des sanctions qui sont sur l'ensemble de la chaîne de valeur,
48:14jusqu'aux intermédiaires, les assureurs, les ports.
48:19Et donc, là, ça rend la situation beaucoup plus compliquée.
48:23Mais j'ai envie de dire que c'est un peu aussi un aveu d'échec
48:24de la stratégie des pays occidentaux,
48:27parce qu'on voulait affaiblir Poutine en l'empêchant de vendre son pétrole cher.
48:30Et au final, le seul moyen qu'on ait éventuellement qui gagne moins d'argent,
48:34c'est d'arriver à l'empêcher de vendre son pétrole.
48:37Donc, effectivement, il gagne moins d'argent, mais ça a un coût pour nous.
48:39C'est-à-dire qu'il va falloir qu'on paye notre pétrole plus cher pour l'instant.
48:42Alors, comment ça peut évoluer ?
48:45On attend une hausse de la consommation au premier trimestre
48:48à cause de la hausse de la demande, et essentiellement à cause de l'hiver.
48:52On attend à peu près 1 600 000 barils de plus qu'au premier trimestre l'année dernière.
48:56Donc, par jour de consommation. Donc, ce n'est pas neutre.
48:59Mais pour moi, sur le moyen terme,
49:03sauf à ce qu'on ait une économie qui rebondisse de façon extrêmement violente,
49:07on s'attend à une hausse de la consommation,
49:10mais on a toujours ce coussin qu'a conservé l'OPEP
49:14de production qu'elle a retirée du marché et qui n'a pas été remise sur le marché.
49:17Donc, à moins d'avoir des mesures extrêmement efficaces
49:21sur les sanctions sur le pétrole russe
49:24et de ne plus avoir le pétrole russe qui arrive sur le marché,
49:27auquel cas, là, on parle de quasiment 10 millions de barils par jour.
49:30Donc, c'est à peu près 10 % de la consommation mondiale.
49:32Et donc, là, l'impact est loin d'être neutre et le prix pourrait continuer à monter.
49:36Mais si les Chinois, les Indiens, qui sont les principaux clients de la Russie,
49:39arrivent à trouver des moyens de contournement,
49:42il y a aujourd'hui des réserves de production suffisantes
49:45pour que le prix du pétrole reste, on va dire,
49:48aux alentours des 70, 75 dollars et difficilement au-delà.
49:54Sauf, je vous dis, qu'on arrive à complètement encercler
49:59les exportations de pétrole russe.
50:00À ce moment-là, le problème sera beaucoup plus grave.
50:02Mais ça veut dire aussi de l'inflation chez nous, forcément.
50:05Pas mal de questions quand même sur ce que Trump peut apporter
50:11au marché de matières premières.
50:14L'idée d'un cessez-le-feu entre l'Ukraine et la Russie,
50:17donc c'est sur la table, ça fait partie des promesses de campagne de Donald Trump.
50:21Peut-être pas tant d'ailleurs vis-à-vis de son électorat américain
50:24que du reste du monde.
50:26Ça devait être fait en un jour.
50:27On a tous compris que ce serait fait sans doute en un peu plus de temps.
50:32Pour l'instant, il est sur le Groenland et le Canada.
50:36Mais évidemment que le sujet va vite venir.
50:38Je ne sais pas comment on réfléchit.
50:40Déjà, on ne sait pas quelle forme prendrait cet éventuel cessez-le-feu.
50:43Mais comment on réfléchit à l'idée d'un apaisement
50:47de ce foyer de tension important en Europe depuis plus de deux ans maintenant ?
50:51Avec l'une des premières puissances énergétiques mondiales.
50:54Déjà, il faut trouver un moyen de faire venir Poutine autour de la table.
50:58Certains évoquent le fait que les nouvelles sanctions sur le pétrole russe
51:03pourraient être un moyen d'avoir des éléments de négociation
51:06à offrir à Vladimir Poutine dans le cadre de cette négociation.
51:09Si tu négocies sur la paix en Ukraine,
51:13peut-être qu'on pourrait être un peu plus indulgent
51:16et moins regardant sur le commerce de ton pétrole.
51:18Ce qui serait un deal gagnant-gagnant pour les Etats-Unis
51:20parce que du coup, ça ferait rebaisser les prix du pétrole.
51:22Le monde serait exclué et en même temps, on aurait réglé le problème ukrainien.
51:26Est-ce que c'est un coup de boost, une aide de Joe Biden
51:30avant son départ dans l'intérêt des Etats-Unis ?
51:33Est-ce que c'est quelque chose qui a été concerté ?
51:35Je ne sais pas, mais effectivement, ça semble être quelque chose d'assez plausible
51:39que ce soit peut-être un élément de la négociation.
51:41On voit beaucoup de ce genre d'opérations apparaître en ce moment.
51:44On parlera après des métaux.
51:45Et en Chine, on voit que la Chine est en train de faire monter la pression
51:48autour des métaux auprès de Donald Trump et des technologies bas carbone
51:52de façon peut-être à commencer à essayer de rentrer dans la phase de négociation
51:56avant que Donald Trump arrive et ne pose ces conditions.
51:59Mais un cessez-le-feu entre l'Ukraine et la Russie, aux conditions que vous décrivez,
52:03permettrait à l'Europe de se réapprivoisionner en partie en gaz russe et en pétrole russe ?
52:09Ça me semble peu probable.
52:10Je pense que la relation est relativement compliquée aujourd'hui.
52:13Je pense aussi que les Russes, en matière de gaz, ont essayé de réorienter les flux,
52:18notamment vers des clients qui étaient en cours de développement
52:20parce qu'il y avait des pipelines, des gazoducs qui étaient en construction avec la Chine.
52:24Et que ces pertes-là risquent peut-être d'être assez durables.
52:29Il va falloir réinstaller un climat de confiance aussi.
52:33Et avec Trump qui veut régler le conflit en Ukraine,
52:35mais qui dit aussi que tout ça, ce qui se passe en Europe, ce n'est pas forcément ses affaires
52:40et qu'on n'a qu'à payer davantage l'OTAN et financer davantage l'OTAN si on veut davantage de sécurité.
52:46Il se passe beaucoup de choses en ce moment dans les pays nordiques également.
52:49Avec la Russie, beaucoup d'accrochages.
52:51Donc c'est difficile de penser que le flux sera rétabli de façon complète,
52:57normalisée pendant un long moment, même si c'est notre intérêt clairement.
53:01Parce qu'aujourd'hui, on achète du gaz naturel liquéfié américain.
53:05Donald Trump nous a d'ailleurs demandé de nous en acheter plus, mais ça nous coûte plus cher.
53:09Donc là, il y a un écrit difficile à trouver. On est vraiment dans des sujets géopolitiques globalement.
53:12Complètement.
53:14L'autre question que j'avais, ce n'est pas venant de Trump, mais de Scott Bessens, son futur secrétaire du Trésor.
53:21Il a cette règle des 3-3, donc amener l'économie américaine à 3% de croissance potentielle,
53:26réduire les déficits à 3% du PIB et augmenter la production pétrolière de 3 millions de barils par jour aux Etats-Unis.
53:34Sur ce dernier point, est-ce que c'est faisable ?
53:37Est-ce que c'est techniquement faisable ?
53:39Financièrement faisable ? Est-ce que c'est géologiquement faisable, Benjamin ?
53:42Alors, aujourd'hui, c'est difficile à dire parce que les pétroliers de schiste nous disent qu'ils ont encore beaucoup de réserves.
53:48Il y a un certain nombre d'études sur la dépression, la vitesse de baisse de production de ces puits qui laissent penser le contraire.
53:57Ça me semble difficilement faisable pour une raison, c'est que les producteurs de pétrole de schiste eux-mêmes ne le veulent pas.
54:03Je pense qu'ils ont été assez clairs sur le sujet.
54:05Les taux de croissance qu'on a pu connaître, de l'ordre de 15% par an ces dernières années, et quand on parle de 3 millions de barils le jour supplémentaire,
54:18ça fait 25% de hausse de la production sur 4 ans.
54:22Ça fait donc 6% de hausse de la production par an.
54:24Aujourd'hui, on est plutôt sur des taux inférieurs à ça et je vois mal les producteurs de schiste accélérer,
54:31sauf à ce qu'on ait des conditions de prix qui soient bien supérieures à ce qu'on a pour l'instant.
54:35Mais encore une fois, seulement dans l'hypothèse où le pétrole russe disparaîtrait, c'est relativement peu probable de voir ce phénomène se passer.
54:43On verra la semaine prochaine, mais peut-être que les producteurs de schiste et de pétrole américain vont bénéficier d'un tarif de 25% par exemple sur le pétrole en provenance du Canada.
54:53C'est peut-être déjà une première victoire pour eux.
54:56Ça m'étonnerait pour une raison simple, c'est qu'aujourd'hui, vous avez un problème de qualité de pétrole aux États-Unis et ils ont besoin du pétrole canadien pour leur raffinerie.
55:04Pour le mélanger avec le pétrole très léger qu'ils produisent pour leur raffinerie. Donc c'est peu probable.
55:09Comment gérer une stratégie matière première dans la perspective de cette année 2025 ?
55:15Quels sont les grands axes d'une stratégie comme la vôtre chez Offy Invest à cette manière ?
55:19Il y a deux éléments qui vont être essentiels pour cette année.
55:22Le premier, c'est évidemment ces discussions entre Donald Trump et le reste du monde sur les tarifs commerciaux.
55:28Cette discussion, si elle tourne mal, pourrait générer pas mal d'inflation.
55:32Ce qui serait plutôt profitable aux matières premières d'une façon générale et aux métaux précieux en particulier.
55:38Parce que sur les matières premières en général, le risque en contrepartie, c'est que ça ralentisse l'économie mondiale et donc ralentisse un petit peu la demande.
55:45Ce phénomène, selon nous, devrait néanmoins être limité parce que la part de la consommation de métaux dans les activités traditionnelles est en recul ces dernières années avec le développement des technologies bas carbone.
55:56Et sur cette partie-là, on a un certain nombre d'acteurs, notamment en Europe, mais surtout en Chine, qui continuent d'accélérer.
56:02Je pense que la Chine a pris vraiment le virage et a décidé que sa meilleure solution pour avoir du poids dans l'industrie internationale, c'était d'être indépendant énergétiquement.
56:11En 2023, ils installent autant de panneaux solaires que le monde entier, Chine incluse, en 2022.
56:16Cette année, ils ont augmenté les installations de 30 % par rapport à 2023 et ils continuent sur un rythme soutenu.
56:2275 % des véhicules électriques vendus dans le monde étaient vendus en Chine au mois de septembre.
56:27Donc on a vraiment une tendance qui va dans ce sens-là. Et ça, ça consomme des métaux, beaucoup de métaux.
56:32Donc sauf à ce qu'on ait un ralentissement fort, pour nous, la demande de métaux va continuer à augmenter et donc ça sera plutôt bon pour les matières premières.
56:41Et puis la deuxième chose, c'est de savoir qu'est-ce qui va se passer en Chine.
56:44La Chine a beaucoup parlé de stimuler son économie et si elle stimule son économie et notamment la consommation, ce qui est évoqué,
56:51ça devrait là aussi avoir un gros impact positif sur la consommation de métaux.
56:56Ça a déjà commencé puisque la Chine a annoncé en janvier qu'elle prolongeait la prime pour les achats de véhicules électriques alors qu'elle était censée s'arrêter.
57:06Donc il y a vraiment une volonté d'aller vers cette décarbonation.
57:09Aussi peut-être pour ne plus être le vilain petit canard qu'on dit tout le temps quand la Chine fera quelque chose, la Chine fait quelque chose.
57:14Et ça commence à se voir puisque en septembre, les émissions de CO2 étaient en baisse.
57:18Donc il y a un vrai... Pour moi, on est dans l'année, probablement l'année 1, où ça y est, on a épongé tous les effets des surstocks qui avaient été créés pendant la crise commune en Chine.
57:28On a créé les...
57:30Donc place aux fondamentaux, quoi.
57:32Et là, on va commencer à rentrer dans le dur où on va commencer à voir le marché de l'argent qui est en déficit pour la 5e année cette année,
57:39le marché du platine qui va probablement finir en déficit, le marché de l'aluminium qui va probablement finir en déficit,
57:45et le marché du cuivre qui va probablement finir à l'équilibre ou légèrement en déficit.
57:48Donc là, on commence à... Et c'est une tendance qui est pérenne en termes de déficit.
57:52Donc ça veut dire qu'on va rentrer dans la période où... Je vous ai toujours dit, hein, le prix des métaux, c'est un prix spot.
57:58Quand on rentre en déficit, les prix s'ajustent. On l'a vu avec le cacao, c'est le meilleur exemple.
58:01Le cacao, quand il est rentré en déficit et qu'on a vu que le déficit est durable, le prix s'est envolé.
58:06Voilà. L'ajustement du prix des matières premières, ça se passe comme ça.
58:09Et donc, pour moi, on rentre dans cette période où on va rentrer dans un cycle séculaire pour les métaux,
58:14particulièrement industriel pour la transition énergétique, qui devrait nous emmener beaucoup plus haut dans les années qui viennent.
58:21Donc on reste très optimistes. Il y a ce risque quand même d'avoir un ralentissement économique,
58:25mais qui, pour moi, est pondéré par l'accélération inexorable dans le secteur de la transition énergétique.
58:30Et même si les Américains évoquent le sortir de l'accord de Paris, même si les Américains évoquent la réduction de l'IRA,
58:39vous vous invitez précédemment d'en parler à ce qui est grave, il est très peu probable.
58:44Et les États-Unis, il faut le rappeler, l'Agence internationale à l'énergie, s'attend que sur la période 2023-2035,
58:50il y a présent 9% des installations de capacités renouvelables. Donc s'ils baissent même de 30%, ça fait une baisse de 3%.
58:56Si d'autre côté, la Chine accélère, on ne le verra même pas. Ce n'est pas là-bas pour l'instant que ça se passe.
59:02Donc ils ont pris la décision de prendre du retard et d'utiliser le pétrole au maximum. Très bien. Les Chinois, eux, font le travail.
59:08Et je pense qu'à mon sens, sur le long terme, la stratégie chinoise est peut-être plus maligne.
59:14Merci beaucoup, Benjamin. Merci d'être venu nous voir pour évoquer ces perspectives 2025 dans le compartiment des matières premières,
59:21votre grand domaine d'expertise. Benjamin Louvet, directeur de la gestion des matières premières chez Offi Invest Assets Management,
59:27était l'invité de ce dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir.