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Cette semaine dans Parlement Hebdo, Alexandre Poussart (Public Sénat) et Kathia Gilder (LCP) reçoivent Stéphane Peu, député communiste de Seine-Saint-Denis et Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine. Au programme : la censure du gouvernement Barnier et l’allocution d’Emmanuel Macron qui a suivi. Le Président a dénoncé un « front antirépublicain » et ciblé le Parti socialiste. Il s’est dit au travail pour former un gouvernement « d’intérêt général ». La main est tendue à gauche et à droite, hors RN et LFI. Le nouveau front populaire se fracturera-t-il si les socialistes acceptent de gouverner aux côtés des marconistes et des LR ? Sur quels consensus bâtir une nouvelle coalition ? Emmanuel Macron porte-t-il la responsabilité de cette crise politique, en dissolvant l'Assemblée nationale ? Face aux appels à sa démission, il s'est dit déterminé à exercer son mandat "jusqu'au bout". Année de Production :

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00:00Générique
00:02...
00:09Bonjour à tous. Très heureux de vous retrouver
00:12dans ce nouveau numéro de Parlement Hebdo,
00:14l'émission qui vous fait vivre les temps forts de la semaine.
00:17Avec, comme chaque semaine, un débat entre un député et un sénateur.
00:21Aujourd'hui, nous recevons Stéphane Peu.
00:23Vous êtes député communiste de Seine-Saint-Denis.
00:26Et face à vous, Roger Karocsi.
00:27Vous êtes sénateur Les Républicains des Hauts-de-Seine.
00:30On reviendra avec vous sur l'allocution
00:32du président de la République, jeudi, à la télévision,
00:35en pleine crise politique.
00:37Emmanuel Macron va nommer un nouveau Premier ministre
00:40avec pour mission la formation, je cite,
00:42d'un arc de gouvernement, un gouvernement d'intérêt général.
00:46Une intervention du chef de l'Etat
00:48après la censure du gouvernement Barnier,
00:50votée mercredi à l'Assemblée nationale
00:53par la gauche et le Rassemblement national.
00:55Comment sortir du blocage parlementaire qui s'annonce ?
00:58Retour sur l'allocution du président de la République.
01:01Jérôme Ravier.
01:03Après la censure et la démission du gouvernement de Michel Barnier,
01:07Emmanuel Macron a tenté de reprendre la main
01:09lors d'une allocution télévisée.
01:11Le chef de l'Etat a déçu ceux qui attendaient
01:14un nom de Premier ministre et ceux qui réclamaient
01:17sa propre démission avec une réponse claire.
01:20Le mandat que vous m'avez démocratiquement confié
01:23est un mandat de cinq ans.
01:25Je l'exercerai pleinement jusqu'à son terme.
01:28Le président de la République est revenu sur son choix
01:31de dissoudre l'Assemblée en juin dernier
01:33avec un timide néa culpa, puis a évoqué la censure
01:36de celui qu'il avait nommé à Matignon
01:38il y a seulement trois mois, dénonçant une alliance mortifère.
01:42Il a été censuré, ce qui est inédit depuis 60 ans,
01:46parce que l'extrême droite et l'extrême gauche
01:49se sont unis dans un front antirépublicain
01:53et parce que des forces qui, hier encore,
01:56gouvernaient la France ont choisi de les aider.
01:58Un tacle aux socialistes qui ont voté la censure,
02:02des socialistes auxquels le président semble pourtant
02:05lancer un appel à dialoguer dans l'optique
02:07de former un nouveau gouvernement.
02:09Je nommerai dans les prochains jours un Premier ministre.
02:13Je le chargerai de former un gouvernement
02:15d'intérêt général représentant toutes les forces politiques
02:19d'un arc de gouvernement qui puisse y participer
02:21et qui s'engage à ne pas le censurer.
02:23Pour y parvenir, un nouveau cycle de consultations a été lancé
02:27avec, pour débuter, les chefs de partis
02:29et des groupes parlementaires du Bloc central,
02:32du Parti socialiste et de la droite.
02:34– Roger Carrocci, est-ce que le président de la République
02:37a eu les mots justes dans cette crise politique inédite ?
02:42– Moi je pense qu'on aurait dû aller plus loin,
02:44c'est-à-dire que si on voulait éviter d'abord
02:48la crise financière éventuelle et le trouble,
02:51il eût mieux valu que le président de la République
02:53n'intervienne que pour donner le nom du Premier ministre.
02:57Là, ce qu'il a dit, c'est censé,
03:01ça n'est pas déterminant sur la suite politique,
03:04donc il faut attendre les jours qui viennent pour voir
03:06s'il y a une expression, une concrétisation,
03:08parce que, pour être très franc avec vous,
03:10je ne sais pas ce que c'est qu'un gouvernement d'intérêt général,
03:15je connais l'intérêt national, l'intérêt supérieur de la patrie,
03:17mais l'intérêt général, je ne vois pas bien ce que ça veut dire,
03:22et l'arc républicain, la conception de l'arc républicain
03:27à l'Assemblée comme dans le pays,
03:28n'est pas la même en fonction des interlocuteurs,
03:32donc il faut être prudent.
03:33– Il se pose en garant des institutions,
03:35mais qui est responsable de la situation actuelle ?
03:37– Non mais, qui se pose en garant des institutions,
03:39c'est la Constitution, le président de la République,
03:42le chef de l'État est le garant de la continuité de l'État,
03:46de l'intégrité du territoire, etc.
03:48Donc, il a raison de se poser en garant,
03:53c'est son rôle constitutionnel.
03:55Peut-être qu'en revanche, le 9 juin dernier,
03:58il a extrapolé et il a en partie quand même
04:03déstabilisé les institutions.
04:05– Donc il a une responsabilité dans la crise actuelle ?
04:07– Ah ben oui, ne serait-ce que par la dissolution du 9 juin, bien sûr.
04:11– Et pourtant, après cette motion de censure,
04:13votée par la gauche et le Rassemblement national,
04:14Emmanuel Macron estime, je cite,
04:16qu'il n'assumera pas l'irresponsabilité des autres.
04:20Que lui répondez-vous, Stéphane Peu ?
04:23– Avec Emmanuel Macron, c'est toujours la même chose,
04:27c'est-à-dire, il est à l'origine de tout le bazar qu'il y a dans le pays,
04:31mais il est responsable de rien,
04:33et c'est les autres qui sont responsables.
04:35Donc, à chaque fois, on est habitué,
04:38Emmanuel Macron, son arrogance, son manque d'humilité,
04:41sa faculté à rendre les autres responsables
04:44de ce qu'il a lui-même provoqué.
04:46Donc ça, c'est un déni qui est habituel chez lui,
04:50insupportable, que les Français rejettent de plus en plus,
04:53jugent sévèrement, et par ailleurs, il est provocateur.
04:56– Comment ça ?
04:57– Parce que quand même, que s'est-il passé au mois de juin ?
05:02Il y a eu un premier tour qui a placé en première position
05:06le Rassemblement national et la gauche en deuxième position.
05:09Et ensuite, vous avez un pays qui s'est rassemblé
05:13dans un front républicain, avec des accords de désistement.
05:18Je rappelle quand même que beaucoup des députés
05:20qui soutiennent Emmanuel Macron ont été élus
05:23parce que les candidats du nouveau Front populaire
05:25se sont désistés pour battre le Rassemblement national,
05:28et aujourd'hui, ils parlent d'un front anti-républicain.
05:31C'est une provocation inutile.
05:33C'est le gouvernement d'Emmanuel Macron,
05:36c'est Emmanuel Macron lui-même qui a nommé Michel Barnier
05:39en s'assurant préalablement, pas auprès de Marine Le Pen,
05:42qu'elle ne le censurerait pas.
05:43C'est lui qui a cassé le front anti-républicain
05:45que nous avions constitué au mois de juin.
05:47– Le front républicain du mois de juin.
05:49– Le front anti-républicain, c'est une provocation
05:51de la part d'Emmanuel Macron ?
05:52Roger Carucci, vous parlez de front anti-républicain ?
05:54– Je pense que c'est surtout pas à la hauteur de le dire comme ça.
06:00Ce qui est clair, c'est que, quel que soit le gouvernement,
06:03et on verra dans les semaines qui viennent,
06:06si c'est un gouvernement que l'ensemble de la gauche refuse,
06:10je dis l'ensemble, pas seulement LFI, l'ensemble de la gauche,
06:13ça veut dire quoi ?
06:14Ça veut dire que si on sait que systématiquement
06:17l'ensemble de la gauche refuse ce gouvernement,
06:19ça veut dire que ceux qui ont le bouton nucléaire de la censure,
06:24c'est le RN, puisque par définition,
06:27si la gauche est systématiquement opposée à ce gouvernement,
06:29c'est le RN qui décide de la survie.
06:32Donc forcément, on est dans un système qui est,
06:35par rapport à la Constitution, qui est bancal.
06:39Il n'y a pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale,
06:42il n'y a même pas de majorité relative stable.
06:45Et à partir de là, jusqu'à probablement la prochaine dissolution
06:50de l'Assemblée et les prochaines élections, il faut vivre avec,
06:53mais moi je suis totalement hostile à ce qu'on qualifie,
06:58on commence à dire celui-là est anti-républicain et tout,
07:02bon, ça n'a pas beaucoup de sens.
07:04– Stéphane Peu, le premier secrétaire du Parti socialiste,
07:07Olivier Faure, est prêt, je cite, à négocier avec les macronistes,
07:11avec les républicains, sur la base, je cite,
07:13de concessions réciproques, est-ce que les communistes
07:16sont également favorables à cette démarche,
07:18pour former un gouvernement qui irait des communistes au LR ?
07:22– Mais, si vous voulez, c'est étonnant, cette période.
07:27Le 12 août, vous vous rendez compte, les quatre chefs de parti
07:32du Nouveau Front populaire écrivent à tous les présidents de groupes
07:35de l'Assemblée nationale, hormis le Rassemblement national,
07:39pour leur proposer d'avoir des discussions texte vers texte,
07:42il n'y a rien de nouveau, donc nous faisons la même chose,
07:45moi je pense, et mon groupe également, que pour débloquer la situation,
07:51il faut aller un tout petit peu plus loin, c'est-à-dire nous proposons,
07:54nous, que le Président de la République respecte la force
07:59à arriver en tête, qui n'a pas de majorité, même relative,
08:02mais qu'il ait la force à arriver en tête,
08:04c'est-à-dire le Nouveau Front populaire lui demande de désigner
08:07un Premier ministre, et que ce Premier ministre travaille,
08:10ou cette Première ministre travaille avec l'Assemblée nationale,
08:14avec deux principes, à mon avis, qui permettent de rassembler,
08:18un, on votera texte par texte avec des majorités,
08:22on rechercha des majorités à l'Assemblée nationale texte par texte,
08:26et pour assurer de la démarche, il n'y aura pas de 49-3,
08:30donc pas de censure possible, alors j'ai bien conscience
08:34qu'en l'état actuel de l'Assemblée nationale,
08:36ça ne permettra pas de mettre en oeuvre tout le programme,
08:40rien que le programme, mais ça permettra peut-être
08:43d'avoir des avancées et de montrer au pays
08:45qu'on est capable de bâtir des rassemblements.
08:48Pour être très clair, Stéphane Peu, est-ce que vous,
08:50comme ministre, êtes prêt à négocier avec les macronistes
08:53quitte à vous affranchir de la France insoumise
08:56au sein du LFP ?
08:58Je me suis mal fait comprendre,
08:59mais ce n'est pas la démarche que je propose.
09:01Ce que je propose, c'est que le président de la République
09:04respecte le résultat du mois de juin et nomme,
09:08enfin, et demande au Nouveau Front Populaire
09:10de désigner un Premier ministre, et que sur cette base-là,
09:13nous fassions évoluer nos partenaires du Nouveau Front Populaire
09:17vers cette idée, pas de 49-3,
09:19des négociations texte par texte.
09:21Moi, vous savez, dès le mois d'août,
09:22quand j'ai essayé de faire la démonstration
09:25à mon petit niveau, j'ai bâti un texte,
09:27cinq mesures d'urgence sur le logement.
09:29Il a été signé par des élus du Modem,
09:31il a été signé par des élus d'Horizon,
09:33par les quatre groupes du Nouveau Front Populaire.
09:35On pouvait avoir une majorité sur cinq mesures d'urgence
09:38pour le logement, et vous ne pensez pas ?
09:39Parce qu'on ne peut pas décorréler notre discussion
09:42sur la situation du pays sur le plan institutionnel
09:46de la situation sociale dans le pays.
09:48Moi, hier matin, j'étais avec les gens de Auchan.
09:50Tous les jours, dans ma permanence à Saint-Denis,
09:52je reçois des gens qui ont des problèmes de logement.
09:55Si on en arrivait à faire passer quelques textes,
09:57donc, par exemple, celui-là,
09:58cinq mesures d'urgence pour le logement,
10:00je peux vous dire que le pays l'attend.
10:01– Beaucoup d'urgence sociale.
10:02Alors, les communistes sont pour un gouvernement NFP
10:05qui négocie texte par texte.
10:06– Et 149-3.
10:07– Et 149-3.
10:08Roger Carauty, quand on entend Olivier Faure,
10:10le patron du Parti Socialiste, qui dit
10:11on peut parler avec les LR,
10:13est-ce qu'il peut y avoir un gouvernement qui va du PS aux LR ?
10:15– J'entends très bien ce que vient de dire mon collègue communiste,
10:18mais, dès le départ, Mélenchon et les LFI ont tué l'idée.
10:24Parce que quand ils ont dit, nous, nous voulons un gouvernement
10:28qui applique le programme du NFP, et seulement le programme du NFP,
10:34et tout le programme du NFP, ça rend toute discussion impossible.
10:38Donc, à partir de là, j'entends bien ce que dit Olivier Faure,
10:43qui aurait mieux fait de le dire au moment de la constitution
10:46du gouvernement Barnier.
10:47– Il dit que ce que LFI c'est auto-exclu des discussions.
10:49– Ça c'est le problème de la gauche, je ne veux pas dire
10:51pourquoi le PS dit ça de LFI, ça c'est…
10:53– Sur le dialogue avec le PS.
10:54– Pour moi, franchement, je le dis, et puis voilà,
10:58je suis plutôt du genre à accepter de discuter avec tout le monde,
11:01mais LFI, ces derniers temps, et bien après d'ailleurs
11:04la constitution du gouvernement Barnier a pris un certain nombre
11:07de positions sur bien des sujets qui, à mon sens,
11:10l'excluent de l'arc républicain.
11:11Donc, pour moi, discuter avec LFI, c'est même impossible.
11:15Mais au-delà de ça…
11:17– Et avec le PS, sur quel point les LF peuvent-ils s'entendre ?
11:19– Avec le PS, Michel Barnier avait fait des propositions dès le début,
11:24Olivier Faure les a refusées.
11:26Alors, j'entends bien que maintenant il semble évoluer,
11:29alors voyons un peu, en fonction de la personnalité
11:33qui sera désignée par le président de la République,
11:36si cette personnalité arrive vraiment à détacher le PS de LFI,
11:41si oui, alors peut-être que des discussions seront possibles,
11:45sinon, voilà, parce que si on nous dit,
11:48on n'est pas à discuter avec LR, mais sur un programme qui…
11:52parce que les concessions réciproques, ça veut dire quoi ?
11:55Il faut faire un gouvernement qui a un projet, un programme,
11:58qui réponde aux aspirations.
12:00Ce sur quoi, je suis assez d'accord, il vaut mieux se mettre d'accord
12:03sur quelques grands projets plutôt que sur une politique globale.
12:06– Comme Stéphane peut répondre à Roger Carucci, vous êtes d'accord ?
12:09Est-ce qu'il y a une personnalité qui pourrait se détacher
12:11et mettre tout le monde d'accord ?
12:13– D'abord, moi, je pense qu'effectivement,
12:16ceux qui disent tout le programme, rien que le programme,
12:18dans la situation actuelle, ça n'a pas de sens.
12:20Mais j'ajoute que l'autre formule qui n'a pas de sens,
12:25c'est celle des macronistes, ou en tout cas,
12:28d'une partie des macronistes de l'Assemblée nationale,
12:30qui n'ont de cesse de dire, c'est tout le bilan,
12:33rien que le bilan d'Emmanuel Macron, ça n'a pas de sens non plus,
12:36et qui ont mené la vie dure à Michel Barnier
12:39sur la discussion budgétaire pour empêcher
12:42que soit remise en cause telle ou telle…
12:43Moi, j'étais au mois d'août dans le bureau du président de la République
12:47avec les leaders du Nouveau Front Populaire.
12:49Le président de la République, on lui a dit,
12:51quel bilan vous tirez de ces élections législatives ?
12:54Il nous dit, les gens rejettent la politique et veulent une alternance,
12:58bon, et je devrais en tenir compte, et dans la minute qui suit,
13:04il refuse toute remise en cause des fondamentaux de sa politique,
13:09c'est-à-dire la politique de l'offre, la réforme des retraites,
13:13donc, si vous voulez, c'est là où il y a un problème,
13:18c'est-à-dire que moi, je suis pour faire des concessions,
13:21j'essaye de le faire, moi, si je devais faire,
13:23moi, Stéphane Peu, la loi sur le logement,
13:25je ne ferais pas les cinq mesures d'urgence que j'essayais de bâtir
13:28pour qu'elles rassemblent une majorité de députés à l'Assemblée.
13:32Donc, bien sûr, on doit faire des concessions,
13:34mais vous savez, les plus dogmatiques à l'Assemblée nationale,
13:38c'est ce qui reste des députés macronistes.
13:42– Roger Carocci, face aux appels à la démission du Président de la République,
13:46des appels qui viennent de la France insoumise,
13:48mais aussi de la droite, certaines personnalités
13:50comme Jean-François Copé, Charles de Courson,
13:52eh bien, le Président de la République a affirmé jeudi
13:54qu'il ira au bout de son mandat en 2027,
13:56mais si ce blocage politique se poursuit en 2025,
14:00est-ce que la question de sa démission se posera ?
14:04– J'ai beaucoup d'estime et d'amitié pour Jean-François Copé,
14:07donc il ne prendra pas mal le fait que je dise
14:10que je trouve que ce n'est pas utile de poser cette question.
14:14D'abord parce que tout le monde sait très bien
14:16qu'Emmanuel Macron ne démissionnera pas,
14:18il l'a redit d'ailleurs dans son intervention.
14:20Deuxième élément, constitutionnellement,
14:23franchement, faire démissionner le Président de la République,
14:25ça ressemble à du rodéo, donc ce n'est pas très crédible.
14:28En revanche, que le Président de la République accepte l'idée,
14:32parce que je suis assez d'accord, si le Président de la République
14:35dit mon bilan, que mon bilan, que ma politique,
14:38franchement, les élections récentes, comme la dissolution,
14:41prouvent que non, et son niveau de popularité dans le pays non plus.
14:45Donc il faut qu'il laisse le Parlement
14:48et éventuellement les groupes parlementaires
14:50trouver une solution gouvernementale, et se détacher un peu.
14:55Mais on aura un problème de toute façon entre 2025 et 2027.
14:58– Une démission du Président de la République
15:00réglerait quelque chose, c'est pas un peu ?
15:01– Non, mais nous ne le demandons pas,
15:04d'abord parce que ce n'est pas dans notre pouvoir,
15:06c'est la décision qui lui appartient.
15:09Je mets juste en garde le Président de la République
15:11s'il continue de penser que les Français sont trop bêtes
15:18pour comprendre, être à la hauteur de son intelligence,
15:21ou comme dit sa femme, les Français ne méritent pas mon mari comme Président.
15:24C'est-à-dire, s'il continue d'être dans cette arrogance,
15:27dans cette supériorité qui exaspère les Français,
15:30s'il continue de mettre de l'huile, du sel sur les plaies de ce pays
15:34plutôt que d'essayer de les cicatriser,
15:36ce qui est quand même souvent le rôle dans lequel il se complaît,
15:41évidemment, s'il n'accepte pas qu'il puisse y avoir
15:45une autre politique possible que celle qu'il a menée depuis 2017
15:48et qui est quand même une catastrophe.
15:50Il restait un sujet positif de ce bilan,
15:54c'était la baisse du chômage qui est en train de s'inverser aujourd'hui
15:56avec tous les plans de licenciement qu'il y a dans le pays.
15:59La remontée du chômage, c'est le dernier clou
16:02sur le cercueil de la politique d'Emmanuel Macron.
16:05Il n'y a resté que ça comme élément de bilan.
16:08Donc, si vous voulez, moi, ce que je crains,
16:10c'est que s'il ne s'amende pas dans son comportement
16:13et dans son acceptation qu'il faut changer de politique,
16:16à ce moment-là, la situation,
16:18et les Français risquent de le juger très sévèrement,
16:21et la situation risque de s'imposer à lui.
16:23Il ne pourra plus présider ce pays.
16:26On va poursuivre ce débat, mais on va revenir
16:28sur ce mercredi 5 décembre,
16:31qui restera dans l'histoire 62 ans.
16:33Après Georges Pompidou,
16:37le gouvernement de Michel Barnier a donc été renversé
16:40par une motion de censure déposée par la gauche
16:42et qui a été votée par le Rassemblement national.
16:44331 voix pour la censure.
16:47Le récit de séance d'Elsa Mondagaba.
16:53En raison de l'adoption de la motion de censure
16:54et conformément à l'article 50 de la Constitution,
16:58le Premier ministre doit remettre au président de la République
17:01la démission du gouvernement.
17:03Un peu avant 20h30,
17:05la sentence tombe pour Michel Barnier.
17:08Trois mois presque jour pour jour après son arrivée à Matignon,
17:12il est contraint à la démission.
17:14Quelques heures plus tôt, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale,
17:17celui qui est encore Premier ministre
17:20fait face à ceux qui veulent le censurer.
17:23Le nouveau Front populaire, d'une part...
17:25La majorité de nos concitoyens n'est ni derrière votre gouvernement
17:29ni encore moins derrière le président qui vous a nommé à cette place.
17:35La majorité du peuple est bien derrière la motion que je porte.
17:39Et le Rassemblement national,
17:41qui après avoir placé le gouvernement de Michel Barnier
17:44sous surveillance, a décidé de le faire tomber.
17:47À ceux qui me croient animés de l'intention de choisir
17:50par un vote de censure la politique du pire,
17:54je veux leur dire que la politique du pire
17:58serait de ne pas censurer un tel budget,
18:01un tel gouvernement, un tel effondrement.
18:05Quelques minutes avant le vote,
18:07le chef du gouvernement lance un dernier avertissement.
18:10Ce dont je suis sûr, mesdames et messieurs,
18:12ce que je redis avec gravité devant vous,
18:14c'est que cette motion de censure,
18:16au moment où vous vous apprêtez sans doute
18:20dans cette conjonction des contraires à approuver,
18:23cette motion de censure rendra tout plus grave et plus difficile.
18:28C'est ce dont je suis sûr.
18:31331 députés ont voté la censure.
18:35Michel Barnier devient le Premier ministre le plus éphémère
18:39de la Ve République.
18:41La séance du mercredi 4 décembre.
18:44Alors, Roger Carucci, une question à vous.
18:46Est-ce que, sur le budget,
18:48finalement, l'erreur de Michel Barnier,
18:50ce n'a pas été de balayer comme ça d'un revers de main
18:52les amendements qui avaient été portés, notamment par la gauche ?
18:56On a l'impression qu'il n'y a pas eu de main tendue
18:58réellement vers la gauche. Vous êtes d'accord ?
19:02Je crois que Michel Barnier a hérité d'une situation dramatique.
19:06Donc, en 15 jours, il a dû élaborer des éléments budgétaires
19:11et il a essayé, quand même, avec le Sénat, notamment,
19:15mais aussi avec les groupes à l'Assemblée nationale,
19:18de bâtir quelque chose d'un peu cohérent.
19:21Ceci étant, je dois dire qu'un Premier ministre,
19:25qui a peine arrivé, dit, vu la situation,
19:283 300 milliards d'euros de dettes, un déficit à plus de 6 %,
19:32il faut trouver 60 milliards cette année
19:35et probablement 60 milliards l'année prochaine
19:37et 60 milliards l'année d'après.
19:39Comment être populaire ?
19:41Comment être la main tendue sur les amendements ?
19:44Quand vous vous dites, malheureusement,
19:47je n'ai à proposer qu'une réduction drastique
19:51des dépenses publiques et une augmentation
19:53d'un certain nombre d'éléments de fiscalité.
19:55C'est très difficile.
19:57Je pense que qui que ce soit qui vienne,
20:00maintenant, après Michel Barnier,
20:03il hérite forcément de la même situation financière et économique,
20:06ça va donc être extraordinairement difficile.
20:08Et je le dis tout de suite par rapport à la gauche,
20:12le vrai sujet, quand même,
20:14dans le système démocratique qu'est le nôtre,
20:17c'est que lorsque vous avez un RN qui, on l'a dit,
20:20au premier tour des élections législatives,
20:22est arrivé en tête avec 32 % des voix,
20:26il faut écouter à la fois les demandes de la gauche,
20:29mais aussi les demandes du Rassemblement national,
20:31c'est un tiers des Français.
20:33Donc, c'est difficile de faire la synthèse
20:36et Michel Barnier, qui est un grand honnête homme,
20:38a essayé de le faire, il a échoué.
20:39– Stéphane Peu, finalement, quand Michel Barnier revient,
20:42rétropédale et annule la hausse de la taxe sur l'électricité,
20:46le déremboursement des médicaments,
20:48finalement, il répond à la fois aux demandes du RN et de la gauche.
20:50Et puis, c'est aussi un homme de droite qui avait accepté
20:53d'augmenter les impôts sur les plus riches et sur les grands groupes.
20:55Est-ce que la gauche, en le censurant, n'a pas été intransigeante ?
20:58– Je ne crois pas, d'abord, la censure,
21:03il y a un mauvais projet de loi de financement de la Sécurité sociale,
21:08on ne peut pas le voter parce qu'il met le 49-3,
21:11et donc on censure ce projet de loi de la Sécurité sociale
21:14que nous désapprouvons, et en censurant ainsi ce projet de loi,
21:19on censure le gouvernement, mais enfin, il faut remettre les choses.
21:22Bon, moi, ce que je pense, c'est qu'à partir du moment
21:25où on est comme ça, dans une tripartition de l'Assemblée,
21:28je pense qu'il fallait essayer de rester fidèle
21:30au périmètre des gens qui s'étaient rassemblés
21:32au deuxième tour de l'élection législative,
21:35c'est-à-dire ce qu'on appelle le Front républicain,
21:37enfin bref, c'était la gauche et la droite,
21:40ou le centre non-Rassemblement national.
21:44À vouloir se mettre dans la main,
21:47enfin, moi, j'avais de la peine pour lui de le voir,
21:51ces 15 derniers jours, sauter à la corde de Marine Le Pen comme ça,
21:55dont on savait qu'à la fin, elle jugerait sévèrement
21:59les concessions qu'elle disait avoir obtenues.
22:01Alors que, par ailleurs, j'ai aussi eu de la peine pour Michel Barnier,
22:05et j'étais dans l'hémicycle, et je suis intervenu,
22:07et j'ai pris à partie d'ailleurs Gérard Darmanin,
22:10de voir comment les macronistes lui ont mené la vie dure.
22:13Ils lui ont mené la vie dure de deux manières,
22:15en contestant un certain nombre de mesures
22:18qu'il présentait dans son budget,
22:19en l'amendant, en votant contre,
22:22en votant contre dans l'hémicycle.
22:24C'est la gauche qui est venue à la rescousse de Michel Barnier
22:26sur un certain nombre de mesures de la loi de finances,
22:29et en étant, quand ils n'étaient pas là
22:32pour voter contre les quelques mesures positives,
22:34ils étaient absents.
22:36Ils ont déserté le débat budgétaire.
22:39Moi, je vous le dis, je serais Michel Barnier,
22:42je me dirais qu'avec des amis comme ça,
22:44je n'ai pas besoin d'ennemis.
22:45– Peut-être, courte réaction sur ce point,
22:47Roger Carotti, après on parlera de la loi spéciale.
22:49– Sur l'attitude du camp macroniste, des députés macronistes,
22:52qui ont déserté l'hémicycle.
22:53– Ce qui est sûr, c'est que, on va le dire comme ça élégamment,
22:57je ne suis pas sûr que Michel Barnier ait obtenu
23:00de la part de l'ensemble du socle dit commun,
23:03le soutien qu'il aurait pu attendre.
23:05Ce qui ne veut pas dire que ça aurait suffi,
23:08mais ça veut dire que, quand vous êtes dans la situation
23:13explosée de l'Assemblée nationale, au moins votre camp
23:16doit rester extraordinairement discipliné,
23:19si vous voulez tenir, ça c'est clair.
23:21– Alors maintenant, la suite, c'est une loi spéciale sur le budget,
23:24c'est Emmanuel Macron qui l'a annoncé.
23:26Concrètement, comment ça va se passer ?
23:28Si on applique le budget de l'an dernier,
23:30ou est-ce qu'on peut aussi le modifier ?
23:32– Le président de la République a annoncé que, mi-décembre,
23:36il demanderait ce qu'il y ait,
23:38alors il faut qu'il y ait un gouvernement,
23:40il faut quand même qu'il y ait un gouvernement avant,
23:42mais qu'il y ait une loi spéciale sur les finances.
23:45Alors cette loi spéciale sur les finances,
23:47elle permet un peu de modifier quand même le budget 2024,
23:51mais elle est en fait une reconduction pour l'essentiel de 2024,
23:56ce qui veut quand même dire qu'il faudra voter un budget,
24:00janvier, début février 2025, plus travailler pour modifier la suite.
24:05Mais cette loi spéciale de financement,
24:07qui peut être amendée, qui peut être amendée au Parlement,
24:10cette loi spéciale, elle permet de faire en sorte
24:13que l'économie ne s'arrête pas, le paiement des fonctionnaires,
24:17le prélèvement des impôts, etc.
24:19– Alors Stéphane Peu, est-ce que vous êtes prêt à voter
24:21cette loi spéciale qui s'annonce au Parlement ?
24:24Vous ne la bloquerez pas ?
24:27Loi spéciale pour appliquer le budget de l'an dernier ?
24:29– Oui, la loi spéciale, c'est une loi qui permet d'assurer,
24:32dans l'urgence, la continuité de l'État.
24:34– Donc vous la voterez ?
24:35– Oui, sauf si, je mets toujours un bémol,
24:40parce qu'avec Emmanuel Macron,
24:44sauf si, si c'est une loi de continuité de l'État
24:47qui permet d'assurer la continuité, il n'y a pas de problème.
24:49Si on profite de cette loi-là pour mettre un ou deux mauvais coups,
24:53ce que je ne pense pas, ce qui me paraît irresponsable.
24:55– Personne n'y a intérêt.
24:56– Mais personne n'y a intérêt, mais enfin, vous savez, voilà.
25:00Donc, hormis ce bémol, cette prudence, oui, nous l'avons dit,
25:04d'ailleurs, il y avait une réunion des présidents de groupe
25:06auprès de la présidente de l'Assemblée dès mercredi soir dernier,
25:10après le vote de la censure, et à cette question,
25:14nous avons dit, oui, vous savez, les communistes,
25:17on est des gens qui avons le sens de l'État,
25:19le sens des responsabilités, le sens de l'intérêt général,
25:24mais l'intérêt général, comme disait Roger Caronci,
25:26l'intérêt général, moi, j'ai été élu local longtemps
25:29avant d'être parlementaire, quand je dirigeais ma collectivité,
25:32j'avais le sentiment de servir l'intérêt général,
25:34mais mes adversaires politiques considéraient
25:36que je le servais mal.
25:37– Merci, c'est le mot de la fin.
25:38– Merci à tous les deux d'avoir participé à ce débat.
25:42Et on se retrouve la semaine prochaine.

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