Dans son édito du 10/01/2024, Paul Sugy revient sur le nouveau Premier ministre, Gabriel Attal.
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00:00 Première réponse est assez simple, Romain, c'est les Français.
00:02 Curieusement, Jean-Luc Mélenchon avait dit il y a deux ans
00:04 qu'il voulait que les électeurs le nomment à Matignon.
00:06 C'est quand même un peu ce qui s'est passé, c'est l'opinion publique
00:09 qui a désigné avec l'insolente popularité qu'elle attribuait à Gabriel Attal,
00:13 eh bien le Premier ministre, elle a quasiment imposé son choix à Emmanuel Macron.
00:16 Popularité plus grande que celle des rivaux de Gabriel Attal,
00:18 surtout plus forte que celle d'Emmanuel Macron lui-même.
00:21 Et c'est un revirement stratégique aussi pour Emmanuel Macron.
00:23 Après avoir choisi deux technos au charisme, je vais dire discret,
00:27 pour être gentil avec Jean Castex et Elisabeth Borne,
00:29 le chef de l'État cette fois-ci fait un choix politique.
00:32 Un choix qui est aussi audacieux, inattendu à bien des égards, on l'a dit.
00:35 Gabriel Attal est évidemment très jeune, surtout il venait d'être installé
00:39 dans un grand ministère à l'Éducation nationale où il commençait à briller.
00:42 Eh bien l'idée de l'installer tout de suite à Matignon n'allait pas de soi.
00:44 Et pourtant, le président a fait ce choix en préparation sans doute des combats à venir.
00:49 Emmanuel Macron se prive de la possibilité de changer de Premier ministre
00:53 après une éventuelle défaite aux élections européennes,
00:55 mais il semble donc mettre sa majorité en ordre de bataille.
00:58 Et puis surtout, il trace enfin une orientation claire pour la suite du quinquennat.
01:01 C'est le réarmement qu'il appelait de ses voeux, justement ses voeux du 31 décembre,
01:06 auquel Gabriel Attal a explicitement souscrit en engageant une politique
01:09 de rétablissement de l'autorité.
01:11 C'est à cela que le nom de Gabriel Attal est associé et à cela seul,
01:14 nous le disons moi, on ne peut que s'en réjouir.
01:16 - Ah oui, on ne peut que s'en réjouir, Paul.
01:17 - Eh bien oui, il faut espérer, c'est plutôt une bonne nouvelle,
01:20 même si en politique, comme en amour évidemment,
01:22 il n'existe de preuves que celles que l'on donne.
01:23 Et les preuves sont des actes et pas des mots.
01:25 À l'Education nationale, justement, Gabriel Attal n'a pas eu le temps
01:28 en quelques mois de démontrer plus que son audace et sa capacité
01:32 à enfreindre des tabous, à secouer le mammouth.
01:34 C'est déjà beaucoup, mais c'est trop tôt pour se risquer à faire le moindre bilan.
01:38 Surtout, Gabriel Attal a été nommé à l'Education nationale
01:40 pour défaire ce qu'avaient fait finalement ses prédécesseurs,
01:43 et notamment Papendiaï.
01:45 Donc ce qui frappe, c'est que cette nomination,
01:47 finalement, c'est presque un revirement politique.
01:49 Elle intervient presque deux ans après le début du second quinquennat.
01:52 Alors évidemment, Macron n'aurait pas pu nommer Gabriel Attal
01:54 au moment de sa réélection.
01:56 Mais enfin, on se demande à quoi est-ce qu'il a joué
01:57 en installant d'abord Elisabeth Borne à la tête de son gouvernement,
02:00 avec une morgue techno finalement suffisamment insolente
02:03 pour énerver les oppositions et en même temps trop peu charismatique
02:06 pour convaincre vraiment la majorité ou d'éventuels alliés à droite.
02:09 En définitive, elle a conduit deux réformes très médiatiques,
02:12 certes sur les retraites et sur l'immigration.
02:14 Mais quand on examine ces deux textes,
02:15 aucun ne semble suffisant pour répondre aux véritables enjeux
02:18 qu'il s'était fixés.
02:19 On se demande si ce n'est pas deux ans de perdus.
02:21 En tout cas, aujourd'hui, une chose est sûre,
02:23 il n'y a plus une seule seconde à perdre.
02:24 Bon, quelles sont les priorités pour le nouveau Premier ministre, selon vous ?
02:27 La première, c'est de nommer très rapidement un gouvernement.
02:30 Les attelmoments de ce remaniement, dont la rumeur courait depuis dix jours,
02:33 n'ont que trop duré.
02:33 Chaque jour qui passe révèle un peu plus aussi
02:35 la fragilité du camp d'Emmanuel Macron.
02:38 Le fait même que Gabriel Attal ait vu son nom apparaître
02:40 sur les bandeaux des chaînes télé avant même d'être renommé
02:42 montre qu'il était déjà fragilisé en interne.
02:44 Gauthier l'a bien dit tout à l'heure,
02:46 il n'a pas que des amis dans la majorité.
02:48 À présent, donc, il faut un gouvernement, et vite.
02:50 Et pour le reste, hélas Romain, il n'y a plus de priorité,
02:53 tout est prioritaire, la sécurité, le réarmement moral, spirituel de la nation,
02:57 mais aussi, effectivement, répondre aux défis de la justice
03:00 pour les classes moyennes qu'a évoquées Gabriel Attal hier.
03:02 Il n'y a pas une seule priorité, il faut tout faire et vite.
03:05 Le réarmement spirituel, alors je ne suis pas sûr qu'il va s'en occuper là,
03:08 du réarmement spirituel, le Premier ministre.
03:10 Pourquoi vous dites ça ?
03:11 C'est pour moi qu'il prend mes désirs pour des réalités.
03:12 Non mais on voit qu'il y a en tous les cas, je ne sais pas,
03:16 c'est le ministre de l'Intérieur qui est responsable des guilts,
03:17 et puis le réarmement spirituel, il y en a d'autres qui s'en occupent.
03:21 Je ne sais pas si ça se passe à Matignon.
03:23 La logique qu'Emmanuel Macron a semblée tracer pour le même,
03:27 quelque chose qui veut porter une idée du destin du pays
03:30 et pas simplement aller de grands événements aux grands événements.
03:33 C'est un petit peu les mots d'Emmanuel Macron aussi lors de ses...
03:35 [Musique]
03:38 [SILENCE]