L'édito de Paul Sugy : «La France en apesanteur»

  • il y a 3 mois
Dans son édito du 10/07/2024, Paul Sugy revient sur la nomination prochaine d'un nouveau Premier ministre.

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Transcription
00:00Le premier sentiment qui me vient Romain, c'est d'assister à un conclat, vous savez, c'est ce moment singulier dans la vie de l'Église
00:05où une poignée de cardinaux se réunissent dans le secret de la chapelle Sixtine pour s'accorder entre eux et, malgré leur divergence parfois notable, sur le nom du futur pape.
00:12Bon, parce que les tractations en ce moment, les calculs d'appareils et autres négociations incertaines se poursuivent à huis clos, sans qu'on sache toujours qui y participe.
00:20Je pense par exemple à cette rencontre presque secrète entre Gérard Larcher et Emmanuel Macron, dont on n'aurait pas eu vent sans la sagacité de mes collègues Claire Conruyt et Emmanuel Galliero,
00:28sans même savoir non plus quelles sont les positions que les uns et les autres défendent.
00:32Je pense cette fois à cet enregistrement douteux d'une conversation téléphonique que Fabien Roussel aurait eue dans le train et dans laquelle il aurait parlé d'une union sur les insoumis.
00:40Bref, en tout cas pendant ce temps loup, les pieuses zouailles de cette église en deuil qui se cherche un nouveau pontife, nous sommes condamnés à rester les bras ballants sur la place Saint-Pierre,
00:48à réciter peut-être le « Je vous salue Marie » en attendant dans un mélange d'espoir et d'anxiété que la fumée enfin soit blanche.
00:54Alors vous parlez d'espoir et d'anxiété, Paul, parce que quels que soient leurs bords politiques, les électeurs ne savent pas si leurs idées vont être représentées ou non au gouvernement, c'est pas rien ?
01:06Ben oui, c'est ça le plus grave. Le pays est comme en apesanteur, suspendu au cours hasardeux de ses négociations politiques et incapable de savoir si le futur gouvernement va augmenter dès le premier jour le SMIC à 1600 euros et régulariser massivement des sans-papiers,
01:17ou au contraire s'il va poursuivre voire accélérer, pourquoi pas, le train des réformes qui ont été conduites sous la précédente législature.
01:23Au fond, il est confortable d'être un électeur du Rassemblement National, ce sont les seuls aujourd'hui qui sont sûrs de ne pas être contents à la fin.
01:29Mais pour les autres, bien malin qu'ils sauraient dire donc qui va s'installer à Matignon.
01:33Et quand les noms qui circulent vont de Gérard Larcher à Jean-Luc Mélenchon en passant par Gérald Darmanin, Olivier Faure, Boris Vallaud ou Marine Tondelier,
01:39reconnaissez que c'est quand même plus la même chose que quand on hésitait entre Catherine Vautrin ou Julien Denormandie.
01:44Et demain donc, à la tête du pays, on pourrait avoir alors peut-être un agrégat d'énarques ou alors un comitère soviétique
01:50ou encore un gouvernement d'urgence nationale emmené par un LR tendance Juppé.
01:54Et le pire dans tout ça, c'est que si aucune option n'est certaine, aucune non plus n'est improbable.
01:59Ça veut dire qu'on peut s'attendre à tout, alors même que les programmes des uns et des autres sont très différents et même incomparables.
02:05Bah oui, incomparables. Par exemple, les patrons de PME qui nous écoutent vivent sans doute dans l'attente de savoir si le futur gouvernement va poursuivre
02:11le débroussaillage du maquis de normes dans lequel ils sont empêtrés, c'est le problème des Républicains,
02:15ou rehausser le SMIC à un niveau tel qui va l'émener à la banqueroute.
02:18Tout cela alors même que plus rien encore une fois ne dépend d'eux, ni de quiconque d'ailleurs,
02:22en dehors de quelques lieutenants politiques à qui revient la lourde tâche de traduire politiquement les résultats nébuleux de cette élection
02:29qui pourtant devait servir à tout clarifier.
02:31Est-ce que la France va poursuivre ou stopper sa politique d'investissement dans le nucléaire ?
02:34Est-ce qu'elle va réguler ou accélérer l'immigration légale ?
02:37Est-ce qu'elle va prendre à bras le corps enfin la hausse de l'insécurité ?
02:40Comme sur la place Saint-Pierre, on n'a plus qu'à s'en remettre à la Providence et à guetter patiemment ce cri Abemus Papam.

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