• avant-hier
L’Occident est à bout de souffle, il est tard, probablement trop tard pour changer de cap, et ce qui viendra après la collision annoncée entre la bien-pensance et la réalité, nul ne le sait. Et pourtant, il faut vivre ; vivre avec le déclin de l’Europe, vivre avec la certitude que demain ne pourra qu’être pire qu’aujourd’hui ; vivre en sachant que les jours de la civilisation occidentale telle que nous la connaissions sont comptés. Que faire ? Comment gérer sa vie au quotidien, comment se projeter, malgré tout, dans l’avenir, et surtout, comment faire pour léguer notre héritage en danger à nos descendants ? Voilà quelques questions auxquelles répond l'écrivain David Engels en tentant de donner des réponses pratiques et réalistes dans son ouvrage "Que faire ? - Vivre avec le déclin de l'Europe" (La Nouvelle Librairie Editions).

Category

🗞
News
Transcription
00:00Madame, Monsieur, il ne reste que quelques jours avant le 31 décembre
00:04pour collecter les dons nécessaires à la diffusion et au développement de TVL en 2025.
00:10Soyons clairs, ce message est un premier signal d'alerte.
00:14Malgré la mobilisation, notamment celle de nouveaux donateurs,
00:17nous accusons un retard important par rapport à l'an passé.
00:20Pourtant, en novembre dernier, nous avons battu un nouveau record,
00:258 400 000 vues, chiffre Google, sur YouTube,
00:29un niveau jamais atteint depuis la création de TVL.
00:32Avec ce succès, une mobilisation exceptionnelle et donc indispensable,
00:37nous avons besoin de vous.
00:39Répondez dès maintenant à cet appel aux dons.
00:41Faites connaître TVL à vos amis, à votre famille, à vos connaissances.
00:45Faire un don, c'est aussi reprendre le contrôle de votre impôt,
00:49soutenir les projets et les idées qui vous tiennent à cœur
00:51plutôt que de financer des médias qui vous méprisent.
00:54En donnant à TVL, vous donnez un sens nouveau à votre contribution fiscale.
01:00Vous êtes les acteurs d'un changement puisque vous transformez votre impôt
01:03en un acte révolutionnaire.
01:05Faites un don à TVL.
01:07Investissez dans la liberté d'informer, dans la liberté à tout prix.
01:11♪ Générique de fin ♪
01:32♪ Générique de fin ♪
01:39– Bonjour et bienvenue dans notre Zoom aujourd'hui en compagnie de David Hengels.
01:43Bonjour monsieur.
01:44– Bonjour, merci pour l'invitation.
01:46– David Hengels, vous êtes l'auteur de plusieurs ouvrages
01:49sur la crise identitaire européenne, le déclin, Rénovatio Europa
01:54et vous nous présentez la réédition de l'ouvrage que voilà,
01:58Que faire vivre avec le déclin de l'Europe publiée à la nouvelle librairie
02:05disponible sur la boutique en ligne.
02:06Je précise que c'est une réédition et qu'il a déjà été traduit dans plusieurs langues.
02:12Donc, Que faire ?
02:14Vous établissez une sorte de liste de conseils à ceux qui voudront bien vous lire
02:22et vous commencez votre ouvrage avec Notre-Dame de Paris
02:27et l'incendie qui l'a ravagée, c'était le 15 avril 2019 déjà.
02:32Vous y voyez là le symbole de la fin d'une époque,
02:36celui de l'abdication de la France telle que nous la connaissions.
02:40Qu'est-ce qui, selon vous, a disparu ce jour-là dans les flammes ?
02:45– Oui, tout d'abord, merci de ne pas pouvoir parler de ce livre.
02:48En effet, c'est une réédition mais aussi une réédition révisée, augmentée heureusement.
02:53Initialement, le livre était sorti en 2019, quelques jours après l'incendie de Notre-Dame
02:58qui était un peu la propos aussi de la préface qu'on a introduit in extremis
03:05dans la première version de ce livre.
03:08Puis entre-temps, ce livre, il a fait son chemin.
03:11Je l'ai traduit moi-même dans une version allemande
03:13où j'ai pu un peu déjà à ce moment-là l'augmenter.
03:17Et je suis donc très content d'avoir la possibilité maintenant
03:20par la nouvelle librairie de réintégrer dans la version française initiale
03:25finalement ce qui s'était ajouté dans d'autres versions,
03:28de réviser un peu, d'augmenter certains points, de changer certaines choses
03:32et de donner ainsi au lecteur de nouveau la possibilité de lire ce livre
03:38qui était largement épuisé.
03:41En ce qui concerne Notre-Dame, on a utilisé ça à l'époque,
03:44mon éditeur et moi, vraiment comme un accord.
03:47On s'est écrit le soir même devant les flammes en disant,
03:51ça doit être dedans tellement c'est à propos, par rapport à ce sujet,
03:55le sujet qui n'est pas un sujet politique dans mon livre.
04:01Que faire ?
04:01Justement, j'essaye de ne pas donner les réponses usuelles à la crise.
04:06Voter pour un tel, voter pour un tel, changer telle institution,
04:10faire telle et telle loi.
04:12Tout ça est important.
04:13Tout ça, j'en ai parlé dans un autre livre qui est apparu cette année-ci aussi
04:17qui s'appelle Défendre l'Europe civilisationnelle
04:19et qui est plutôt le volet politique.
04:22Mais ici, la personne à qui s'adresse ce livre, c'est vraiment l'individu.
04:25C'est-à-dire, que peut-on faire en tant que personne amoureuse
04:30de notre civilisation, de notre patrimoine, de notre culture, de notre foi
04:35qui est face à cette gigantesque machinerie de déconstruction de notre identité
04:42qu'on ne pourra pas stopper telle quelle.
04:44On peut œuvrer, évidemment, politiquement,
04:46mais dans la vie de tous les jours, ça ne change rien.
04:49Donc on voit très souvent chez des jeunes activistes, militants,
04:52cette volonté de faire tout à la fois.
04:55De lancer un parti, de faire un journal, de fonder une famille, d'avoir des enfants,
05:00d'aller à la campagne, d'avoir son potager
05:02et puis après 2-3 ans, ces gens sont épuisés, deviennent cyniques, laissent tout tomber.
05:07Donc là, ce livre qui a première d'abord s'adressé à moi-même,
05:11pour ainsi dire quand je l'ai écrit,
05:14essaye plutôt de donner des conseils relativement clairs, relativement faciles,
05:21comment finalement, dans la vie de tous les jours,
05:23comment on peut se comporter, comment on peut voir le monde,
05:26comment on peut concevoir son existence d'une manière relativement concrète
05:31et surtout qui puisse permettre, en gros, le matin, à se regarder dans le miroir
05:35et d'avoir l'impression de vivre selon ses idéaux.
05:38Pour moi, c'est quelque chose qui, surtout dans la mouvance de droite
05:43ou des conservateurs ou des chrétiens, je ne sais pas comment on veut appeler ça,
05:47manque beaucoup, c'est-à-dire les gens projettent le bonheur dans un genre de futur,
05:53on pourra juste être nous-mêmes si une fois on a le pouvoir,
05:58changer telle et telle chose, fait ceci ou cela, mais on n'est pas.
06:02Et ce livre-là, il est plutôt un appel qu'avant de changer la société,
06:05ce qui est important, il faut d'abord se changer soi-même
06:08et être, devenir littéralement ce qu'on veut que la société devienne
06:13et de ne pas se cacher finalement derrière les aléas de la modernité.
06:18Au fond, c'est ça et donc Notre-Dame, évidemment,
06:21l'incendie de Notre-Dame est un très bel à propos parce que d'un côté,
06:26ça a été un peu le fanale, le symbole extérieur de cette déchristianisation
06:31de la France et de toute l'Europe, de la destruction de notre tradition
06:35et puis d'un autre côté, en même temps, ça a quand même été aussi un certain symbole d'espoir
06:40quand on voit que ça a touché énormément de gens qui se sont dit
06:44on n'est peut-être pas chrétien ou plus chrétien, on n'est peut-être pas patriote,
06:48mais on ne veut pas que ça se passe comme ça, quelque part.
06:51Donc je trouvais que c'était un acte assez ambigu qui était assez pratique finalement
06:55à ce moment-là, en 2019, pour un élément, pour accrocher le livre dans cette réalité.
07:02– Alors parmi les effets du déclin de l'Europe que vous constatez,
07:06vous dénoncez l'apparence de plus en plus totalitaire des États européens,
07:12mais où voyez-vous quelconque forme de totalitarisme dans les démocraties européennes ?
07:19– Tout à fait, on est de plus en plus, mais là on est forcément dans le volet politique de nouveau,
07:26en tant qu'individu opposé à un genre de, moins maintenant, peut-être qu'il y a quelques années,
07:34mais quand même, de consensus politique, idéologique,
07:39que pour simplifier, on peut appeler de gauche libérale, si on veut.
07:42Donc on a cette impression que les médias, les institutions, les écoles, les universités,
07:48les bureaucraties, l'administration, le domaine politique, au fond,
07:52est construit autour d'un large consensus, qui finalement, quand on s'y oppose,
07:58fait très vite en sorte qu'on se sente seul, et pas seulement qu'on se sente seul,
08:02mais qu'on est isolé, qu'on nous ferme les comptes en banque,
08:06qu'on ait des disputes avec sa famille, qu'on perde son job, qu'on perde ses amis.
08:12Et donc il y a cette tolérance de plus en plus grande vers ce qu'on appelle souvent une pensée unique,
08:18et là aussi le livre s'adresse en premier lieu à moi-même.
08:22J'ai fait, comme tout le monde, j'imagine que la plupart des gens qui nous écoutent,
08:27évidemment, fait l'expérience de cette exclusion et cette impression.
08:32On est seul, face à une gigantesque machinerie, est-ce qu'on s'y soumet ?
08:37Est-ce qu'on se résout à un certain cynisme ? Comment est-ce qu'on peut agir ?
08:42Et ce livre, je l'ai écrit, comme je le disais, en premier point de vue,
08:46surtout à moi-même pour me donner de l'espoir, pour quelque part me fixer quelques objectifs
08:53que j'essaie tant bien que mal, quelque part, d'accomplir.
09:01– Quand vous allez sur le personnel, David Engels,
09:04on ressent en lisant votre ouvrage qu'il y a eu, vous le dites un petit peu,
09:09une espèce de solitude, même dans votre cercle proche.
09:15Et vous dites parfois, quand on affirme ses convictions,
09:19on peut se reprendre des remarques, genre, t'es réactionnaire, t'es populiste, t'es fasciste.
09:26Comment vous réagissez face à cela ?
09:29– Moi, j'ai le défaut d'être assez brutalement honnête, si on veut.
09:35En tant que Belge, j'ai une certaine tendance à la diplomatie quand même, au compromis,
09:39mais dès qu'il s'agit de quelque chose d'essentiel,
09:42je ne suis pas très bien pour faire de la taquilla.
09:46Je réponds comme je le sens.
09:48D'ailleurs, je parle à mes amis exactement comme je parle ici ou comme j'écris, quelque part.
09:52J'essaie autant que possible d'être relativement entier.
09:56Et c'est sûr que, forcément, on est lancé dans des discussions interminables avec des gens.
10:01On a l'impression de parler face à la TV officielle
10:08et d'entendre les choses que, grosso modo, l'interlocuteur a écoutées le soir avant.
10:14Et très souvent, on a cette impression que le simple langage ne suffit pas,
10:19qu'il s'agit aussi d'expériences qui sont parfois difficiles.
10:22– De prise de conscience.
10:24Vous l'avez eue, cette prise de conscience ?
10:26Et vous pensez qu'une prise de conscience beaucoup plus générale,
10:30peut-être qu'au moment du Covid, on a assisté à une certaine prise de conscience
10:34d'un certain nombre de personnes en France et peut-être même dans le monde,
10:37qu'est-ce qui pourrait servir d'électrochoc, en quelque sorte,
10:41pour faire prendre conscience des problèmes aujourd'hui en Europe ?
10:44Les gens restent vissés à ce qu'on leur raconte à la télévision, sérieusement.
10:48– Tout à fait.
10:49Bon, c'est évidemment aussi une certaine génération encore qui regarde la TV.
10:52Je crois que là, pour les jeunes, de toute façon, il y a des autres moyens de communication.
10:56Mais ce qu'il faut savoir aussi que moi, en même temps,
10:59je suis relativement déterministe dans ma vision de l'histoire.
11:02Je suis fort influencé par Oswald Spengler,
11:05dont je viens d'ailleurs de sortir aussi un petit livre,
11:08en même temps que celui-là, également à la Nouvelle Librairie, à l'Institut Iliade.
11:12Et Spengler, tout comme Toynbee, tout comme Jean-Baptiste Avilco,
11:16tout comme d'autres, croyaient que les civilisations étaient mortelles,
11:20forcément, évoluaient plus ou moins en parallèle au niveau des différentes phases
11:26et que surtout la civilisation européenne s'approche tout doucement de sa fin.
11:30Ce qui veut dire qu'un éveil collectif, un genre de sursaut,
11:35avec un genre de nouvelle renaissance au Nouveau Moyen-Âge,
11:39ce qui serait encore mieux dans certains points de vue, n'est pas réaliste.
11:44Certes, il y a certains points, vous avez nommé le Covid par exemple,
11:48où il peut y avoir certains sursauts globaux,
11:52mais je crois qu'il va être très difficile de ramener une majorité des Européens,
11:57et encore, qu'est-ce que représentent encore des Européens aujourd'hui dans l'Europe telle qu'elle,
12:02à certains sursauts ? Parce que le problème, c'est que ce sursaut…
12:07– Vous dites que ce sursaut, ça passe d'abord par faire le deuil de l'État,
12:12en tout cas de ce qu'on attend de l'État, et aussi le deuil de la démocratie représentative.
12:17Vous pensez qu'on doit jeter le bébé avec l'eau du bain,
12:22ou faire table rase du milieu dans lequel on évolue,
12:26moi j'ai 40 ans, depuis 40 ans ?
12:28– De nouveau, là on est dans un aspect très politique évidemment,
12:31le livre s'adressant aux individus, mais en effet,
12:35je crois qu'il faut faire le deuil de certains espoirs,
12:39de l'espoir de l'immortalité de la civilisation européenne.
12:42– Du lien entre l'individu et l'État, c'est aussi une réflexion individuelle.
12:46– Il faut faire le deuil d'une certaine vision de l'État,
12:49telle qu'elle a pu exister au XIXe siècle, partiellement au XXe siècle,
12:54et comme elle est devenue de plus en plus irréaliste, actuelle,
12:58par la mondialisation, par l'Union européenne,
13:01par la disparition de la classe moyenne qui jadis portait cet État,
13:05par le pouvoir extrême de certains oligarques,
13:08qui finalement décident beaucoup plus que maintenant l'un ou l'autre parlement,
13:12par l'infantilisation du citoyen,
13:14tout ça ce sont des éléments qui expliquent que cet État qu'on a aujourd'hui,
13:18même si les institutions sont sur le papier les mêmes,
13:21finalement n'a plus du tout exactement le même rôle.
13:24Et se cramponner à une certaine vision surannée de la société ou de l'État,
13:28et de croire que l'espoir va venir de là,
13:31et qu'on peut se défaire de notre responsabilité individuelle
13:35en rejetant tout sur le domaine du politique,
13:38me semble assez, je dirais un peu lâche.
13:41Il faut commencer surtout par soi-même, je dirais.
13:44– Alors que faire ? C'est la question de votre ouvrage.
13:47Vous proposez la création de sociétés parallèles,
13:50et pour commencer vous conseillez à vos lecteurs de quitter les villes.
13:55Qu'est-ce que vous leur reprochez au milieu urbain ?
13:59– Oui tout à fait, c'est l'un des points saillants de ce livre,
14:04comme certains autres, cette notion de société parallèle.
14:09Dans le sens que la société majoritaire,
14:11elle est de plus en plus dressée contre la civilisation européenne,
14:15contre le christianisme,
14:17contre un certain amour de sa patrie, de son patrimoine, si on veut.
14:22– On peut parler de la social-démocratie, ça serait ça l'ennemi ?
14:25La social-démocratie, c'est ce qui agite l'électorat
14:29dans les grandes capitales européennes ?
14:32– On peut parler, je dirais, d'une certaine gauche libérale,
14:36ou d'un certain libéralisme de gauche qui est devenu la DOXA,
14:39généralisée, si on veut.
14:40– C'était le stroskanisme autrefois.
14:42– Si on veut, si on veut.
14:44Et donc là, le but, c'est vraiment, pour ne pas devenir la victime,
14:49la proie individuelle à cette machinerie, si on veut,
14:53de se mettre ensemble avec d'autres,
14:55de créer des liens forts avec d'autres familles,
14:58avec des amis, avec des collègues, construire des îlots.
15:01Ça ne doit pas nécessairement être des îlots géographiques,
15:04mais ça doit être des réseaux, si on veut,
15:06pour ne pas être seul, pour justement travailler avec d'autres,
15:09pour remplacer…
15:10– Mais vous rejetez l'idée de tarsie totale.
15:12Vous dites qu'il faut construire des communautés,
15:14avoir des gens autour de soi, il faut cultiver sa terre, il faut…
15:20– Idéalement, idéalement.
15:22Ça fait évidemment beaucoup, beaucoup à la fois, forcément.
15:24Et au XXIe siècle, dans un siècle d'extrême modernité,
15:27l'autarcie totale, elle est impossible,
15:31sauf si on revient évidemment à l'idéal des Amish people,
15:35là où, et encore, on essaye de faire ce genre de choses-là.
15:39Mais en tout cas, c'est vraiment de construire
15:41une société résiliente qui pourrait faire face à la crise,
15:45qui devient de plus en plus grande,
15:46et être aussi un système de solidarité face à cette oppression
15:49qui devient de plus en plus grande.
15:51En ce qui concerne les villes, là aussi, dans le livre,
15:54je dis que libre à chacun, évidemment, de prendre ses décisions.
15:57Je serais le dernier à condamner ceux qui restent encore,
16:00finalement, dans les grandes villes,
16:02pour y maintenir une certaine présence,
16:05un certain amour pour notre civilisation.
16:09Mais il est sûr que, disons stratégiquement,
16:13quelques petites familles, quelques groupes dans un village,
16:16dans une région, ont beaucoup plus de poids
16:18que d'être dilués quelque part au milieu d'un molloc comme Paris.
16:22Et puis c'est sûr que pour avoir des enfants,
16:25pour les élever dans un environnement relativement sain,
16:29c'est sûr que l'extérieur des villes,
16:31donc la campagne, offre plus de possibilités.
16:34Et puis très concrètement, nous en parlions dans les coulisses d'ailleurs,
16:37la crise Covid, tout comme les émeutes récentes d'ailleurs en France,
16:42a montré très bien comment ces villes pouvaient assez vite devenir des prisons
16:46et qu'il valait mieux déjà penser que ce genre de choses-là
16:50va certainement se reproduire et qu'il faut se préparer.
16:52– Et cette fracturation que vous constatez
16:55dans les grandes métropoles d'Europe,
16:59vous dites qu'elle joue au fond le jeu des grandes entreprises.
17:02Expliquez-nous ça.
17:03– Les grandes entreprises, là je fais surtout référence
17:06à ce terme de socialisme de milliardaires
17:10que j'utilise depuis quelques années
17:12pour décrire finalement le système de notre société
17:16où on a d'un côté quelques milliardaires extrêmement riches,
17:21des oligarques, que ce soit Zuckerberg, que ce soit Elon Musk,
17:24que ce soit George Soros, que ce soit Bill Gates, etc.
17:27Donc des gens qui à eux tous seuls ont beaucoup plus d'influence
17:32que le chef d'État de la Slovaquie par exemple,
17:35qui sont vraiment pour ainsi dire les nouveaux Césars de ce monde.
17:39Et puis de l'autre côté on a une population qui est en effet
17:43de plus en plus paupérisée, qui est de plus en plus fragmentée
17:46avec une classe moyenne qui a disparu.
17:48Et c'est relativement clair, évidemment pour ce système-là,
17:52il a le plus à craindre d'une classe moyenne forte,
17:56patriotique qui puisse asseoir ses droits démocratiques,
18:00alors qu'une large masse qui est occupée à se disputer
18:05sur des conflits ethniques, religieux, individuels,
18:08qui ne pense qu'à la consommation, qu'à l'hédonisme,
18:10qui n'est pas vraiment très bien cultivé,
18:13c'est sûr que c'est beaucoup plus facile de régner là-dessus,
18:16d'exploiter ça comme base de son propre pouvoir qu'un autre système.
18:21– Ce libéralisme outrancier qui finalement a pris le pas
18:25sur la notion de liberté au sens propre.
18:31– Oui, c'est comme ça qu'on pourrait très bien le formuler.
18:34– Comment on a glissé de l'un à l'autre de cette idée de liberté
18:37qu'on avait en France encore jusque dans les années 60
18:40à ce libéralisme outrancier aujourd'hui ?
18:43– C'est une évolution qui remonte très loin,
18:46finalement tout ça n'est pas, même le wokeisme actuel
18:50n'est pas un accident de parcours,
18:53on peut remonter de plus en plus dans le passé,
18:55aujourd'hui on a le wokeisme,
18:57le wokeisme il est fondé dans les écoles intellectuelles aussi de 68,
19:04ces écoles-là elles sont enracinées en grande partie
19:07aussi dans une pensée marxiste ou en tout cas matérialiste,
19:11le matérialisme lui, il est enraciné très profondément dans les Lumières,
19:17si on veut, dans le 18ème siècle,
19:19les Lumières seraient impensables sans la Renaissance
19:22et l'humanisme qui balaie Dieu finalement pour mettre au monde,
19:27au centre l'homme en tant que mesure de toutes les choses,
19:31donc quelque part ce qu'on a aujourd'hui n'est pas un accident de parcours,
19:34c'est la culmination d'une tendance centenaire
19:38mais qui néanmoins je crois aujourd'hui atteint son point de basculement
19:43où il se met soi-même à l'absurde,
19:46ça peut être une chance d'un côté
19:48mais en même temps ça va provoquer une crise assez monumentale
19:51car l'homme européen il va être face au vide,
19:55sa croyance en l'absolutisme de la raison de l'humanisme
20:01est en train de devenir absurde,
20:03le christianisme en tant que tel est loin d'être compris par les foules,
20:09est loin d'avoir l'adhésion,
20:11donc il y aura un vacuum assez phénoménal qui va être là
20:16et qui va être le terreau évidemment pour toute une série de crises et d'affrontements
20:21pour la seule chose qui reste encore c'est-à-dire le pouvoir.
20:24– Alors vous déplorez aussi la perte de la foi dans votre ouvrage
20:29et vous encouragez à au moins montrer du respect pour le christianisme
20:34et à ce qu'on appelle la mystique chrétienne,
20:37qu'est-ce que ça recouvre cette notion ?
20:39– Moi-même comme j'imagine l'auditeur le sait,
20:43je suis chrétien, je suis catholique
20:45mais le chemin pour arriver là n'a pas toujours été facile,
20:48même si je suis aussi d'origine catholique
20:50mais le fait de retrouver finalement cette foi en moi-même,
20:54de la comprendre a été une évolution difficile,
20:58ce livre-là en témoigne, il a été écrit dans l'Essentiel en 2014
21:03quand j'étais encore dans cette tentative de comprendre finalement
21:08cette religion qui était la mienne mais qui m'était en même temps assez inconnue
21:13et donc j'essaye de faire un peu part de cela
21:17parce que je crois qu'il y a beaucoup d'européens
21:19qui d'un côté ne connaissent plus ce qui devrait être leur religion,
21:25qui sont un peu perdus, qui en même temps ont ce vide spirituel
21:32forcément qui les pousse à chercher la transcendance,
21:35qui les dirige parfois vers l'exotisme, vers l'ésotérisme etc.
21:40et donc là le message du livre c'est que
21:42cherchez d'abord dans ce qui est votre,
21:45dans la religion de vos propres ancêtres,
21:47ayez au moins un minimum de respect.
21:50– Vous dites qu'il ne faut pas trop remonter trop loin
21:53justement dans ce respect à l'ancien,
21:56vous dites ceci, que l'on ne parle pas du paganisme
21:59comme étant la véritable source d'identité spirituelle en Europe.
22:02– Oui.
22:03– Parce que vous dites que finalement le christianisme
22:06a embrassé toute la civilisation païenne antérieure.
22:10– Pour moi la civilisation gréco-romaine
22:13est fondamentalement différente de celle européenne.
22:17Pour moi notre civilisation,
22:19elle commence en gros pour faire simple avec Charlemagne,
22:22ou les Ottoniens, ça commence avec l'émancipation du christianisme romain
22:28par le filioque, par le synode d'Extachapel.
22:32– Le schisme, oui.
22:33– C'est là le véritable début pour moi.
22:35Certes ce christianisme a pris certains éléments païens,
22:40que ce soit des grecs et des romains,
22:42que ce soit des peuples slaves, celtes, germaniques, etc.
22:45Mais tout cela est introduit, sublimé, transcendé dans le christianisme
22:50qui lui est vraiment notre identité spirituelle fondamentale.
22:54Alors je serais loin de dire que c'est la seule,
22:56je crois aussi au Logos Permaticos qui se manifeste dans d'autres religions,
23:01d'où mon intérêt aussi pour la mystique,
23:03c'est-à-dire cette volonté de retrouver Dieu dans nous-mêmes,
23:07si on veut, d'opérer déjà ici, si on veut dire,
23:11autant que possible, en tout cas l'unification avec le principe suprême.
23:15Mais selon moi, en tout cas,
23:17cette recherche de transcendance pour un européen
23:20doit et va aller par le christianisme, on n'a pas d'autre alternative.
23:25– Alors vous avez des vocations européistes, on va dire,
23:30mais vous invitez d'abord, dans un premier temps aussi,
23:32les français à désobéir à l'État.
23:34Alors comment est-ce qu'on cesse d'être un citoyen modèle ?
23:38Comment est-ce qu'on s'y prend pour résister politiquement au système ?
23:42– Ça c'est évidemment à chacun de le dire
23:44ou il verra des limites qu'il ne veut pas franchir.
23:47Il faudra très bien voir à partir de quel moment
23:49la désobéissance civile devient un droit, devient un devoir, même moral.
23:53Ça on ne peut évidemment pas maintenant dire tel et tel.
23:57Je crois que chacun doit trouver en son fort intérieur
23:59jusqu'où il est prêt pour la paix sociale quelque part,
24:05de se soumettre à certaines règles,
24:07à partir de quel moment ça en devient tout simplement trop.
24:10Mais là aussi le but c'est de montrer aux gens que l'État, le politique,
24:15la loi n'est finalement pas une fatalité.
24:18On a la possibilité, on a le droit, on a même le devoir de désobéir.
24:22Certes, ça veut dire que potentiellement on est en prison.
24:25Mais on ne sera pas les premiers, on ne sera pas les derniers.
24:28Il y a depuis des siècles des gens qui résistent,
24:30qui osent affirmer leur position et qui payent le prix pour cela.
24:37Et évidemment à chacun de savoir jusqu'où on va.
24:40Tout le monde n'est pas fait pour être un martyr,
24:42loin de moi de critiquer tous ceux qui ne le seraient pas.
24:45Mais il faut à nouveau retrouver ce courage-là
24:49et surtout réaliser que l'État, que ce soit l'État français,
24:52ou l'État allemand actuellement, ou le Royaume-Uni,
24:55n'est pas, si on veut, du côté de notre identité,
24:59de notre culture, de nos croyances,
25:01mais devenu malheureusement pour le moment
25:04plutôt un ennemi de ce point de vue-là.
25:07Et qu'il faut mettre des limites.
25:10– Du courage pour une réforme profonde de nos institutions.
25:15C'est ce à quoi vous aspirez avec la création d'un véritable État européen.
25:21Alors vous parliez de Charlemagne tout à l'heure.
25:24À quoi ressemblerait cet État européen ?
25:28– Là aussi, une fois de plus, on est dans le volet politique.
25:31Et en effet, j'ai dédié un de mes derniers livres,
25:35Défendre l'Europe civilisationnelle, chez Salvatore,
25:38à précisément ce sujet-là.
25:41L'idée de base, c'est d'abord que moi je me sens,
25:44et je ne suis certainement pas le seul, profondément européen.
25:47Donc je conçois qu'il y a l'identité nationale qui est très importante,
25:51mais en tant que nationalité européenne,
25:53nous faisons partie d'une même civilisation.
25:55– Il n'y a pas de nationalité européenne, c'est une civilisation l'Europe.
25:58– Tout à fait, tout à fait.
25:59– On ne peut pas parler de patrie, de patrie européenne.
26:02– Pour moi, en tout cas, l'Europe est ma patrie.
26:04Moi je me considère, à la limite, même comme nationaliste européen,
26:07si on veut, en tout cas souverainiste européen.
26:09– Les Européens n'ont cessé de se battre au cours du XXe siècle,
26:14donc c'était une guerre civile, alors ?
26:17– Pardon ?
26:18– Est-ce que, selon vous, les affrontements entre Européens
26:21au cours du XXe siècle, ça s'apparentait à une forme de guerre civile ?
26:24Si vous parlez de patrie européenne.
26:26– À chaque fois qu'il y a des luttes à l'intérieur d'une civilisation,
26:29on peut les voir en tant que guerre civile.
26:31Je veux dire, quand vous regardez l'histoire chinoise,
26:33ce sont des royaumes combattants, d'un certain point de vue,
26:35c'est une guerre civile aussi.
26:37Quand vous regardez les guerres entre les différentes cités grecques ou romaines,
26:40c'est, d'un certain point de vue, une guerre civile
26:43à l'intérieur de la civilisation greco-romaine.
26:45Pour moi, en tout cas, il y a une civilisation européenne
26:48qui débute avec Charlemagne, qui, pendant mille ans,
26:51traverse à peu près exactement les mêmes stades,
26:54et qui est marquée par une communauté religieuse,
26:58linguistique par le latin, et de toute façon par la familiarité
27:01entre les différentes langues, par une interaction absolument phénoménale
27:05d'un bout à l'autre de notre civilisation,
27:08par l'histoire de l'art largement partagée d'un bout à l'autre,
27:12par toute cette proximité que nous avons,
27:14et pour moi, en tout cas, c'est ma patrie.
27:16– Vous avez un parcours individuellement, David Hengels,
27:18qui fait de vous un Européen.
27:20Vous êtes belge, vous parlez français, vous parlez allemand,
27:22vous parlez polonais, vous êtes réellement un Européen,
27:25mais vous êtes très minoritaire.
27:27– Comme l'ont été beaucoup de gens, ce qui est très dommage,
27:30c'est que justement, on voit le paradoxe
27:33que depuis qu'on a l'Union Européenne, malheureusement,
27:36la conscience de faire partie d'une même communauté de destin
27:40a été en décroissance massive.
27:44Je crois que même au 19ème siècle, au point culminant des nationalismes,
27:48personne en France, en Allemagne, en Italie, en Angleterre
27:52aurait douté que tout le monde appartienne à la même civilisation européenne.
27:56Bizarrement, c'est uniquement depuis le moment où, en effet,
27:59politiquement, on est de plus en plus unis,
28:02où on a la liberté même de mobilité, etc.,
28:05que cette connaissance-là, elle est en train de décroître,
28:08mais elle a marqué la majeure partie de notre évolution.
28:11Elle est là, nous sommes Européens, que nous le voulions ou non,
28:15toute notre histoire, nos langues, notre pensée,
28:18elle crie littéralement, et moi, j'aimerais bien,
28:21surtout par cet autre livre justement, de nouveau ramener
28:25dans la conscience des gens que voilà, la véritable lutte,
28:29elle est surtout pour la défense de ce qui reste encore
28:32de cette civilisation européenne contre ses nombreux ennemis.
28:36– Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe,
28:39publié aux éditions de la Nouvelle Librairie
28:42et à retrouver sur la boutique en ligne de TV Liberté.
28:45Merci à vous David Hengel. – Merci de l'invitation.
28:48– Sous-titrage ST' 501

Recommandations