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À 9h20, l'acteur Richard Gere est l'invité de Léa Salamé. À l'occasion de la sortie du nouveau long-métrage de Paul Schrader "Oh, Canada", en salle ce mercredi 18 décembre.
Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/richard-gere-4992225

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Transcription
00:00Bonjour, ça va ? Bonjour, ça va ? Ça va, c'est parfait, pourquoi pas ?
00:03Bonjour Richard Gere !
00:05Bienvenue, on est très heureux de vous recevoir ce matin sur France Inter à l'occasion de la sortie en salles d'Eau Canada,
00:12le nouveau film du réalisateur culte Paul Schrader, adapté d'un livre de l'écrivain culte Russell Banks.
00:19Richard Gere, on ne vous présente pas, vous êtes une des légendes d'Hollywood,
00:22de Pretty Woman à Officier Gentleman en passant par Chicago,
00:25Les Moissons du Ciel de Terrence Malick ou Cotton Club de Francis Ford Coppola.
00:30Mais c'est Paul Schrader qui vous révéla au grand public en 1980 avec American Gigolo,
00:36le film qui vous donna le statut de sex-symbole pour toujours.
00:39Aujourd'hui, ce duo culte d'American Gigolo se reforme puisque vous retrouvez Paul Schrader pour ce film qui sort le 18 décembre,
00:47présenté en compétition à Cannes.
00:49C'est un très beau film, crépusculaire et mélancolique sur un homme qui se confronte à son passé à l'approche de la mort.
00:57Entre American Gigolo et Eau Canada, 45 ans ont passé, le monde a changé, Hollywood a changé.
01:05Avez-vous changé, Richard Gere ?
01:08J'espère avoir changé.
01:11A quoi bon vivre si on ne change pas ?
01:13Tout change, bien sûr.
01:14Dans quel sens vous avez changé ?
01:17J'ai beaucoup rajeuni.
01:19Ça se voit.
01:20C'est l'histoire de Leonard Fyfe, un documentariste engagé, reconnu, admiré,
01:26dont les documentaires ont réveillé les consciences et ont été primés dans le monde entier.
01:30Il est au soir de sa vie et il accorde une interview à ses anciens élèves, un documentaire sur sa vie.
01:35Et là, il commence à parler et il raconte que finalement, sa vie était sans doute moins belle que sa légende.
01:43Qu'il est plein de mensonges, qu'il n'était pas un homme si admirable moralement,
01:47qu'il n'était pas forcément un mec bien avec les femmes, avec ses amis, qu'il n'était pas forcément un mec loyal.
01:53Et il a besoin de raconter ça et de raconter ça notamment à sa femme qui est jouée par Umba Turman.
01:58Qu'est-ce qui vous a touché dans cette histoire ?
02:01C'est compliqué parce que le scénario lui-même est très beau.
02:06Paul Schrader est un écrivain merveilleux.
02:09C'était un ami, un ami proche de Russell Banks.
02:13Je pense que raconter cette histoire était très important pour lui personnellement.
02:18Parce que le personnage, c'est Russell Banks.
02:21Et je pense que c'est Russell Banks qui s'est révélé.
02:25Je pense que Paul était conscient et je pense que j'en ai pris conscience en jouant ce rôle.
02:31Même s'il se révèle, il ne dit peut-être pas la vérité.
02:36Même ce qui semble être cette ouverture dramatique de l'histoire, des secrets,
02:43je ne pense pas qu'il faille le prendre au premier degré.
02:46Je pense que c'est d'un point de vue de l'expression, oui.
02:49Mais nous voyons dans le film que les visages changent.
02:53Les personnages qui font partie de sa vie actuelle vont maintenant dans le passé, mais ils n'y étaient pas.
02:58Il s'est passé quelque chose, vous savez, avec mon père.
03:02Mon père est mort alors qu'il avait presque 101 ans.
03:05Les événements ont pris leur propre caractère.
03:09Ils étaient en dehors du temps et de l'espace.
03:13Ils sont une vérité pour eux-mêmes sur le plan émotionnel et psychologique, mais pas sur le plan empirique.
03:21Il ne s'agit pas de se référer à des faits, mais à des sentiments.
03:25C'est aussi un film sur le mensonge, c'est aussi un film sur la vieillesse, sur comment la mémoire se dérobe.
03:32Oui, mais nous mentons constamment à nous-mêmes, tout autant que nous sommes.
03:36Nous ne voulons pas penser.
03:39Bien sûr, tout le monde le fait.
03:42Nous ne vivons pas vraiment le monde présent, même dans notre façon de vivre.
03:47Nous vivons constamment dans le passé.
03:50Nous vivons très rarement dans le présent.
03:53Nous projetons un avenir.
03:55Nous vivons dans ce futur projeté qui est une fiction.
03:59Nous vivons dans ce passé, dans nos souvenirs, qui est également une fiction.
04:03Le présent, que l'on ne peut même pas trouver quelque part, entre le passé et le futur, mais on ne peut pas le saisir.
04:09Il n'existe pas.
04:11Il en va de même pour le moi.
04:13Ce n'est qu'une idée de soi.
04:16C'est Leonard Fyfe qui se fait une idée de lui-même qui évolue.
04:21Ce n'est pas le moi.
04:23Ce n'est pas l'emballage réel du moi.
04:26Vous trouvez que c'est courageux pour lui de révéler à sa femme au soir de sa vie, au moment de mourir, la vérité des choses ?
04:35De sortir de ses mensonges ?
04:37Ou finalement, il y a quelque chose qu'il faut mieux cacher ?
04:41Parce qu'au fond, il lui balance ça.
04:44Il lui dit, en fait, l'homme que tu as aimé n'est pas vraiment ce que tu croyais.
04:50Et on sait qu'il va bientôt mourir.
04:53C'est à la fois courageux et à la fois perturbant, non ?
04:57Écoutez, je ne pense pas que Leonard soit un homme horrible.
05:01Il n'est pas aussi gentil que mon père l'était.
05:05Je ne pense pas que ce soit un homme horrible.
05:08Il fait des erreurs.
05:10Son plus grand regret, je pense, c'est d'avoir toujours fui.
05:14Il a fui toutes ses obligations.
05:17Puis, il s'est retrouvé au Canada, célébré comme un réfractaire à l'appel sous les drapeaux, un contestataire de l'appel.
05:29Et c'est par accident qu'il est devenu cinéaste, documentariste.
05:34Il a été célébré comme tel parce qu'il savait faire.
05:37C'était LE documentariste du Canada.
05:40Mais le mensonge sous-jacent était qu'il était un artiste.
05:45Mais non, c'était un fuyard. Il fuyait les choses.
05:48Je pense que c'est ce qui l'a marqué.
05:51Vous savez, il y a une scène dans le film qui n'était pas dans le livre.
05:57Je pense que Paul l'a mise là. Il a demandé à Russell Banks s'il pouvait le faire.
06:03Et Russell a dit, bien sûr, c'est la scène où mon fils adulte vient me voir au festival du film.
06:10Et là, je le renie.
06:12Ce n'est pas dans le livre.
06:14Je pense que cette scène met en évidence ce sentiment de honte, de haine de soi qu'éprouve Léonard.
06:24Son incapacité à se révéler.
06:26Il y a des choses chez lui qui vous parlent à vous, dans votre caractère.
06:30Vous dites que c'est quelqu'un qui fuyait.
06:32Vous êtes quelqu'un qui fuit, vous, ou vous êtes quelqu'un qui affronte ?
06:36Moi, je vais dans ce sens-là.
06:39Je prie chaque jour pour avoir le courage d'essayer de me trouver, si tant est qu'il y est un moi.
06:46De mon point de vue, il est introuvable.
06:49Plus vous regardez l'évidence, plus il me semble que vous existez tel que vous apparaissez.
06:57Vous existez tel que vous apparaissez.
06:59La caméra, l'opérateur derrière la caméra, tout le monde existe tel qu'il apparaît.
07:03Une fois qu'on va plus loin, on ne trouve rien.
07:06J'ai utilisé la comparaison avec le grain d'une pellicule, vous savez.
07:10Plus vous approfondissez une image sur une pellicule, tout n'est que grain.
07:14Puis le grain se désaccrège et il n'y a plus rien.
07:16C'est le vide.
07:17Ça existe, jusqu'à un certain niveau, mais c'est vide.
07:22On ne peut pas le trouver.
07:24Et ce personnage est le même.
07:26Je suis le même, vous êtes la même.
07:28Vous êtes une idée de vous-même.
07:30Et vous vous accrochez à cette idée en pensant qu'elle est stable.
07:34Mais c'est une idée que vous présentez à des parties de vous-même qui en ont besoin.
07:44Le courage est de dépasser ce besoin enfantin de penser qu'il y a une continuité de l'être.
07:51Vous n'avez pas affronté le fait qu'au fond, il n'y a rien à la fin ?
07:55Non, il y a quelque chose.
07:57Ce n'est tout simplement pas ce que l'on croit.
07:59Et ça change tout le temps.
08:01Parce que ça change tout le temps, on ne peut jamais le trouver.
08:04C'est une réflexion sur la mort aussi, ce film.
08:07C'est drôle que vous ne disiez rien.
08:11C'est très français, ça.
08:13C'est un point de vue existentialiste.
08:15Le néant.
08:17D'un point de vue bouddhiste, c'est le vide.
08:20Le vide existe, mais il est vide d'existence inhérente.
08:24Il est désigné en permanence.
08:26On lui donne un nom.
08:29On lui donne une description.
08:31Il existe d'une certaine manière.
08:33Ce n'est pas rien.
08:35Mais c'est de la fumée.
08:37C'est un éclair, c'est un moment.
08:39C'est étonnant qu'on en vienne à parler de l'existentialisme avec vous.
08:42Ce n'était pas prévu.
08:44Mais c'est vrai que ça résonne avec vos études de philosophie.
08:47Au fond, quand vous étiez tout jeune,
08:49avant le cinéma, vous étiez musicien, avant d'être acteur.
08:52Mais il y avait quelque chose.
08:54Vous avez commencé par les études de philosophie.
08:56Pendant toute votre vie, vous êtes allé chercher,
08:58d'essayer de comprendre, d'améliorer le sens.
09:00Oui, oui.
09:02J'ai eu la chance de trouver un boulot
09:04où tous mes centres d'intérêt pouvaient se rencontrer.
09:07Bien sûr, chaque film a une philosophie.
09:10Chaque vie a une philosophie, quelque part.
09:13Nous créons des récits qui ont trait aux idées,
09:16à la psychologie, aux émotions, à l'esprit,
09:18à toutes ces choses.
09:20Le cinéma, c'est ça.
09:22C'est une version distillée de deux heures d'idées,
09:26de sentiments, d'émotions, de psychologie,
09:28de musique et de poésie.
09:31Toutes ces choses sont réunies pendant deux heures.
09:35Mais vous êtes un des rares acteurs qui a toujours eu cette quête-là,
09:38cette quête de sens.
09:40Ça ne lui suffisait pas d'être à la notoriété,
09:42d'être une star, d'être un sex-symbole, Richard Gerry.
09:45Il y a toujours eu chez vous cette volonté d'aller chercher du sens,
09:48de prendre position sur des causes,
09:50le Tibet et tout ça.
09:54Bien sûr, mais j'aime aussi les jolies femmes.
09:59Bien sûr.
10:01Mais c'est comme si toutes ces choses
10:04se trouvaient dans les zones de répit de la vie.
10:07Le problème, c'est qu'on s'accroche,
10:10on s'enlise dans tout ça.
10:12Tout va et vient.
10:14Vous savez, il y a un grand maître,
10:18Suzuki Roshi, à San Francisco.
10:23Il dit que les pensées, c'est pas mal.
10:25Il dit, ouais, vous pouvez vous asseoir.
10:27Les pensées entrent par la porte d'entrée.
10:31Vous pouvez les laisser sortir par la porte de derrière,
10:33mais ne leur servez pas le thé.
10:35Pour qu'il ne reste pas trop, quoi.
10:39Oui, laissez-les partir.
10:41Vous n'y accrochez pas.
10:43Même les idées que nous avons de nous-mêmes,
10:45laissons-les changer, laissons-les se transformer.
10:48C'est ce qu'ils font de toute façon, qu'on le veuille ou pas.
10:50Dans Au Canada, vous acceptez d'être filmé vieillissant, malade.
10:53Votre personnage s'interroge aussi sur le désir qu'il suscite.
10:56Attendez, je voudrais juste poursuivre sur ce point.
10:58Avec Léonard.
11:00Léonard ne peut pas lâcher prise.
11:02Léonard est coincé.
11:04Il est coincé avec ses sentiments à propos de lui-même.
11:07Il se déteste.
11:09Le dégoût de soi qui ressort à la fin.
11:13Vous avez posé une question sur sa femme.
11:15Je ne pense pas qu'il soit cruel que sa femme soit là.
11:18Il essaie de créer une intimité.
11:22Et l'intimité qu'il essaie de créer est basée sur la vérité.
11:25Son idée de la vérité.
11:27C'est pour ça, je vis que peut-être que ce n'est pas vrai dans les faits.
11:30Mais c'est vrai sur le plan émotionnel.
11:32C'est ce qu'il ressent.
11:34Et il doit le partager avec elle.
11:36La caméra, c'est le véhicule.
11:38Il s'agit vraiment d'elle.
11:41Vous savez, lorsqu'on travaille sur ce projet, j'ai dit
11:44qu'il s'agit de l'intimité avec sa femme.
11:47Nous devons trouver d'autres moyens.
11:49J'ai dit, trouvons un moyen pour qu'à la fin,
11:51ce soit elle qui soit derrière la caméra.
11:53Qu'il la regarde directement lorsqu'il donne cette interview.
11:56Oui, mais c'est intéressant qu'il ait besoin de la caméra pour lui parler à elle.
12:00Il a besoin de cette caméra pour lui dire des choses à sa femme
12:03qu'il n'arrive pas à lui dire directement aux yeux dans les yeux.
12:07Écoutez, je pense que Russell était probablement dans le même état d'esprit,
12:11l'auteur du roman.
12:13Il peut l'écrire.
12:15Je ne sais pas s'il pourrait être totalement sincère
12:18dans une situation de tête à tête, je ne sais pas.
12:21Je pense que pour les cinéastes, Paul est probablement concerné.
12:25Je pense que les acteurs le sont aussi.
12:27Je suis probablement plus honnête en ce moment
12:30que dans beaucoup d'autres aspects de ma vie.
12:34Vous aussi, vous avez parfois besoin d'une caméra pour dire des choses ?
12:39Je n'en ai pas besoin, mais c'est une certaine pression qui fait que...
12:46En ce moment, ce moment signifie quelque chose.
12:49Lorsque vous tournez un film, il y a un moment entre action et coupé.
12:55Vous faites vraiment de votre mieux pour vous révéler entre ces deux moments.
12:59Cette caméra en ce moment-là, j'ai un programme à respecter, tout ça.
13:03Mais ce moment entre la caméra qui tourne, nous parlons,
13:07je fais de mon mieux pour être présent.
13:10Peut-être plus que dans d'autres parties de ma vie.
13:13Dans « Au Canada », vous acceptez...
13:15Et c'est épuisant !
13:17Je suis désolée de vous fatiguer.
13:20Je suis désolée.
13:22Richard Gere, vous acceptez dans « Au Canada » d'être filmé vieillissant, malade.
13:26Un personnage s'interroge sur le désir que les femmes de son entourage peuvent encore avoir pour lui.
13:30On dit souvent que c'est difficile pour les actrices de vieillir à l'écran.
13:35Est-ce aussi difficile pour les hommes, pour les acteurs, ou pas du tout ?
13:41Difficile comment ça ?
13:42De se voir vieillissant, de se voir plus vieux que ce qu'on est.
13:46Pourquoi ?
13:48Mais pourquoi ?
13:49Pourquoi ça serait difficile ?
13:50Je ne sais pas, ce n'est pas super la vieillesse.
13:53La vieillesse fait partie des choses depuis la naissance.
13:56Nous vieillissons dès notre naissance.
13:58Nous mourrons à partir du moment où on est né.
14:00C'est un fait.
14:01Vous savez, vous connaissez les actrices mieux que moi.
14:03Elles souffrent souvent de se voir vieillir à l'écran.
14:08Je ne sais pas, c'est vrai.
14:10Je regarde maintenant la jeuquelle, elle en parle.
14:13Pas moi.
14:15Laissez la femme en parler.
14:16Alors si, ça peut être difficile.
14:19Vous disiez à Télérama, alors que vous étiez jeune justement,
14:23ces études de philosophie, le jeûne Richard Gyre,
14:26puisque ce qui est intéressant dans le film,
14:28c'est qu'il y a vous qui êtes vieillissant et il y a un jeune.
14:31Vous vous repensez à vous, jeune, entre 18 et 25 ans.
14:34C'est joué par le jeune acteur, la nouvelle sensation d'Hollywood,
14:37qui s'appelle Jacob Elordi, qui joue votre rôle.
14:40Et donc je me disais, Richard Gyre, entre 18 et 25 ans,
14:44comment il était ce jeune étudiant en philosophie ?
14:47Vous disiez à Télérama que vous étiez arrogant,
14:50mal dans votre peau et complètement paumé.
14:54Pas facile.
14:57Non.
15:00Je pense...
15:03Je pense que c'est un état normal pour...
15:06Je parle pour les hommes, je suis sûr que c'est pour les femmes la même chose.
15:09Vous essayez de comprendre qui vous êtes, ce que vous êtes,
15:12quel est cet univers dans lequel on essaie de naviguer.
15:18Je travaille encore.
15:23Je ne veux pas quitter cette version de l'univers de la réalité
15:29sans devenir de plus en plus à l'aise avec la réalité
15:34et la réalité de ce que nous sommes.
15:38Mais qu'est-ce que c'est ?
15:40Quel est ce jeu auquel nous jouons les uns avec les autres ?
15:43Dans quelle mesure s'agit-il d'une projection ?
15:46Est-ce que tout ça n'est qu'un écran de cinéma, notre expérience ?
15:49Je pense que oui.
15:51Nous devons en assumer la responsabilité.
15:54Je suis le réalisateur, je suis la caméra.
15:58J'éclaire.
16:00Je l'écris.
16:02Et vous le faites de votre côté.
16:04Vous écrivez ce film ?
16:05Moi aussi j'écris le film, oui.
16:07Vous êtes un acteur engagé.
16:09Le Tibet, l'écologie, la guerre en Irak,
16:12la lutte contre le Sida, contre la colonisation d'Israël en Cisjordanie.
16:15D'où ça vous vient ce côté militant, ce côté engagé ?
16:18Est-ce que ça vous vient de votre père ? Vous parliez de votre père ?
16:23Vous avez lu mes anciennes interviews ?
16:25Oui, je pense que oui.
16:29Je pense que mon père était…
16:33Je ne sais pas si je l'ai déjà dit dans cette interview.
16:35Il avait presque 101 ans quand il est mort.
16:38Il a eu une vie extraordinaire.
16:41C'était un homme religieux.
16:43Un homme profondément religieux.
16:45Mais c'était un homme profondément bon.
16:48Il était tout à fait inclusif.
16:50Personne n'échappait à sa bonne volonté.
16:54Je crois que je ne l'ai vu qu'une seule fois,
16:56vraiment, s'emporter contre quelqu'un.
16:58Et c'était parce qu'il faisait du mal à quelqu'un d'autre.
17:02Ce n'était pas pour lui.
17:05Je pense…
17:07Je pense que ce sens fondamental de la responsabilité et de la compassion me vient de lui.
17:14C'est ça qui vous traverse ?
17:16C'est ça qui vous indigne aussi ?
17:18Que vous prenez position ?
17:20Mon père, mon papa, était très lié à la terre.
17:23Il a grandi dans une très petite ville de Pennsylvanie.
17:26C'était une ferme métière et sa mère est morte alors qu'il était très jeune.
17:30Il avait quatre frères.
17:32Ils trayaient les vaches.
17:37Ils s'occupaient de la nature.
17:39S'il pleuvait au bon moment, ils avaient de la nourriture pour les vaches.
17:43Il ne pleuvait pas, il n'y avait personne à accuser.
17:47Il fallait vivre avec ce qu'on avait de quotidien.
17:52Il avait vraiment…
17:54Je pense qu'il a grandi avec un vrai sens de connexion au monde.
17:59Il savait comment aimer.
18:01Il savait comment comprendre.
18:03Aujourd'hui, beaucoup d'acteurs ont peur de prendre position,
18:06de s'engager par peur du bad bus, par peur des réseaux sociaux,
18:10par peur des sanctions des studios.
18:12Vous, ça n'a jamais été votre cas ?
18:15Non, ça ne m'a jamais vraiment préoccupé.
18:20La seule chose qui m'importait, c'était de ne pas pouvoir faire changer les choses,
18:26qu'on ne pouvait pas aider les autres,
18:29quand on ne pouvait pas améliorer les choses,
18:31lorsque les obstacles étaient trop importants pour être contournés, surmontés ou franchis.
18:36Ça, c'était frustrant, oui.
18:38Mais l'impulsion, non, c'est l'impulsion humaine.
18:41Nous sommes des êtres compatissants.
18:44Nous voulons être gentils.
18:47Nous réagissons à la gentillesse des autres.
18:50C'est le cas de tout le monde.
18:51Les animaux le font, les insectes aussi.
18:54C'est notre nature.
18:55Nous penchons vers l'amour et l'affection.
18:57Nous tous.
18:58Pour terminer, des petites questions très rapides.
19:00Vous répondez, sans trop réfléchir, si vous le voulez bien.
19:04Est-ce que c'est vrai que vous êtes un grand fan de la série Le Bureau des Légendes ?
19:09Ah ouais, je pense que c'est formidable.
19:11Vous avez joué dans The Agency.
19:15Ah, ça, c'est notre émission phare, ma femme et moi.
19:20On regardait ça.
19:21Ça fait quoi, ça fait 5 ans, 6 ans ?
19:23Tous les jours, vous regardiez un épisode du Bureau des Légendes.
19:26Non, on ne le regardait pas tous les jours, mais de temps en temps, on regardait plusieurs épisodes à la fois.
19:30C'est une série formidable, merveilleuse.
19:32Vous avez joué dans l'adaptation américaine du Bureau des Légendes.
19:36Nous avons déjà tourné 10 épisodes.
19:38Et vous êtes dedans.
19:39Est-ce que c'est vrai que vous avez décidé de vous installer en Europe, en Espagne, parce que votre femme est espagnole ?
19:45Ouais, on a déjà déménagé.
19:47Ça n'a rien à voir avec l'élection.
19:49Non, c'est... Non, non.
19:51C'était une heureuse coïncidence.
19:53C'est tombé, c'est tombé.
19:55Parce que vous avez emménagé, j'ai vu ça il y a quelques semaines.
19:57Je me suis dit, est-ce que c'est lié ?
19:59Non, c'est juste par coïncidence.
20:01Non, non, ça fait 5 jours.
20:03Et vous êtes heureux dans la vieille Europe ?
20:05Écoutez, on avait prévu de venir ici.
20:09Ma femme était espagnole, mais 3 plus jeunes enfants sont bilingues.
20:14Et les cousins...
20:16La abuela, la grand-mère est là.
20:21Ma femme s'ennuyait de sa propre culture.
20:23Il était temps de déménager.
20:25Vous vous sentez bien en Europe ?
20:29Ouais, ouais.
20:30Oui, absolument.
20:31Vous parlez espagnol ?
20:33Un poquito.
20:35Et pour terminer, votre personnage dans le film Au Canada dit « quand on prie, on ne ment pas ».
20:41Vous êtes d'accord ?
20:43Ouais.
20:45Je crois que c'est une des meilleures répliques du film.
20:52Je pense qu'on est plus conscient de ses mensonges quand on prie.
20:57Merci beaucoup. Merci Richard Gere d'avoir été avec nous.
21:00Au Canada, c'est une oeuvre ambitieuse, profonde, sur le mensonge, la vieillesse, la mort,
21:05ce qu'on laisse aussi quand la fin arrive.
21:07Un film auquel on repense longtemps après l'avoir vu.
21:10Merci beaucoup.

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