L'acteur Guillaume Canet est à l'affiche du film "Le Déluge", en salles ce mercredi 25 décembre. Il y incarne Louis XVI, en pleine Révolution française. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mardi-24-decembre-2024-8909652
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00:00Bonjour Guillaume Canet. Vous êtes Louis XVI dans le dernier film de Gianluca Diodice, Le Déluge.
00:06C'est le titre, on est en pleine révolution française, on insiste aux derniers instants du roi et de la reine Marie-Antoinette.
00:14Vous prenez les traits de celui que les révolutionnaires à ce moment-là rebaptisent Louis Capet, une vraie métamorphose Guillaume Canet.
00:23Il vous laisse quelle image, Louis XVI, après ce film ?
00:27En fait, l'image de ce que j'ai découvert en lisant le scénario pour la première fois, et c'est vrai que c'était une partie de l'histoire que je ne connaissais pas bien.
00:36Et j'ai été très surpris en découvrant l'aspect psychologique de ce personnage qui m'a beaucoup intéressé.
00:43Parce que c'est vrai qu'en tant qu'acteur, je n'avais jamais joué ce genre de personnage.
00:47Et qu'il y avait à la fois dans le scénario et dans les carnets de Cléry, qui était son valet de chambre.
00:53Et qui est celui qui est resté avec lui jusqu'au bout.
00:57Et qui décrit un homme très introverti, très timide, qui bégaye, qui est très mal à l'aise en public, qui a peur des femmes, qui est complètement bloqué sur ses horloges.
01:15Il est passionné par la mécanique des horlogeries, des serrures et tout ça. Il est très enfermé dans un monde.
01:21Et je ne connaissais pas ça de ce personnage.
01:25Et son père avait dit à l'époque, avant sa mort, après moi le déluge.
01:31D'où le titre du film.
01:33Et ça raconte comment grâce à cette incapacité à gouverner, la révolution a pu avoir lieu.
01:40Et à quel point ce personnage se croyait être un dieu, parce qu'on lui a dit qu'il était un dieu.
01:48Et le scénario, je trouve, est très intéressant en ce sens.
01:51Parce qu'on voit cette dégringolade, cette descente de ces personnages qui se prennent pour des dieux.
01:58Qui se trouvent être juste des hommes.
02:02C'est un écho assez intéressant par rapport au monde dans lequel on vit aujourd'hui.
02:07On le visualise, cette déchéance à travers trois chapitres.
02:11Qu'on marque les dieux, les hommes, la mort à travers ce film.
02:16Vous avez parlé des traits de caractère de Louis XVI.
02:19Vous l'interprétez magnifiquement parfois.
02:22L'interrogation qu'on voit dans son regard.
02:24L'incompréhension, souvent, par rapport à ce qui lui arrive.
02:28Il faut rappeler qu'à ce moment-là, le couple royal est enfermé à la tour du Temple.
02:32C'est cette ancienne forteresse, prison, qui est aujourd'hui dans ce qui est une partie du quartier du Marais.
02:38Dans l'attente de son procès, de la guillotine, ce qu'il ignore encore.
02:44Jusqu'à la dernière minute, il n'imagine pas ce qui va lui arriver.
02:48Non, il est totalement à la fois dans un déni et à la fois complètement ailleurs.
02:56Il a demandé ce qui est une histoire en vrai.
02:59Il a demandé à rencontrer son bourreau pour avoir les détails exacts.
03:03Sans une scène incroyable.
03:05Ce qu'il a toqué, c'est qu'il a demandé combien de temps ça mettrait pour se retrouver à l'endroit de la guillotine.
03:14Combien de temps ça prendra ? Combien de personnes il va y avoir ? Est-ce que ça fait mal ?
03:19Et jusqu'au bout, il en va même à demander qu'est-ce qu'il va y avoir après.
03:24Et là, le bourreau reste muet parce qu'après la mort, il n'en sait rien.
03:32Vous n'avez pas craint à un moment donné, Guillaume Canet, de le rendre sympathique ?
03:38Vous savez, quand on joue un personnage, on a décidé d'interpréter un personnage,
03:44on va tout faire pour le comprendre, pour essayer d'être de son côté.
03:48Sinon, c'est impossible d'interpréter un personnage.
03:51Donc, je n'ai pas essayé de le rendre sympathique.
03:55J'ai essayé simplement d'identifier avec un historien, avec un neurologue, avec un psychologue,
04:01d'identifier tous les symptômes qui émanaient de ce caractère psychologique,
04:06et de l'interpréter au mieux.
04:08C'est-à-dire que dans sa manière de parler, quelqu'un qui bégaye ne va pas forcément bégayer,
04:13mais il va faire attention à ne pas bégayer, donc il va avoir un débit de parole assez lent.
04:18Tous ces aspects-là.
04:21Après, que ça le rende sympathique ou non, ça je n'en sais rien.
04:24Ce n'était pas mon souhait.
04:26De toute façon, le résultat de la Révolution était plus que nécessaire.
04:31C'est-à-dire que ce qu'on raconte aussi par rapport à ce que vive le peuple à cette époque-là,
04:35et quand on entend, par exemple, le témoignage d'un des gardes
04:39qui explique que ses enfants se faisaient mordre par les rats,
04:42et qu'on sait dans quelle misère vivait le peuple à ce moment-là,
04:47notre Révolution a été plus que nécessaire.
04:51Maintenant, ce qui est intéressant, c'est de montrer à quel point, lui,
04:55quelque part, sûrement a payé pour tous les autres rois.
04:58Parce qu'il aurait pu être un allié des révolutionnaires.
05:00Mais en fait, quand il a signé la Convention, il n'a même pas posé de question,
05:04il a eu sa seule inquiétude, et il avait peur de bégayer quand il allait parler au peuple.
05:10Ça sait vous dire à quel point il était totalement en dehors de la situation.
05:16Ce n'est pas lui-même, il a été artisan de sa propre perte.
05:19Ce sont des gens, il l'explique, les deux, en fait, ils se sont connus et mariés très très jeunes.
05:25Et c'est ce qu'elle dit, Marie-Antoinette, à un moment, elle dit
05:29on a vécu avec des costumes trop grands pour nous.
05:32Lui, c'est un capacité totale à gouverner, ce qui ne l'intéressait absolument pas.
05:37Il était, comme je vous le disais, totalement passionné par la mécanique,
05:44les horlogeries, la serrurerie, et c'est tout.
05:48Donc, si ça en fait un personnage touchant, ça je n'en sais rien, mais en tout cas, voilà.
05:54Et vous le disiez tout à l'heure, l'implicite, la question filigrane de ce film,
05:59c'est celle-ci, que fait-on des hommes qui se prennent pour des dieux ?
06:02Et c'est vrai que c'est un film qui résonne plutôt bien dans notre époque aujourd'hui
06:06quand on voit le nombre de personnes dans le monde qui se prennent pour des dieux,
06:11alors qu'ils ne sont que des hommes, et qu'ils ne voient pas forcément
06:15la douleur ou la perplexité dans laquelle se retrouvent les autres personnes.
06:23Une forme de déconnexion entre ceux qui exercent le pouvoir et les autres ?
06:27Ah bah oui, une déconnexion totale, même.
06:32On a vu, je pense à la situation politique française, par exemple,
06:36il n'y a pas si longtemps, on avait cette référence à Louis XVI
06:39au moment des Gilets jaunes, je ne sais pas si vous vous rappelez,
06:41on entendait mort au roi, on a décapité Louis XVI, on fera pareil avec Macron.
06:46Oui, forcément, ça a un certain écho à cause du sujet dont on vient de parler.
06:54C'est-à-dire que, partir du moment où on ne se retrouve pas dans les personnes qui gouvernent,
07:00il y a une volonté de le dire haut et fort, ce qui est plutôt logique.
07:04Mais on a toujours des références monarchiques en tête.
07:07C'est intéressant de constater ça aujourd'hui.
07:09Oui, il doit y avoir sûrement quelque chose qui doit être dans nos gènes,
07:14qui doit être inscrit psychologiquement et émotionnellement dans nos gènes, sûrement.
07:20C'est une période, vous disiez, assez méconnue, en tout cas qu'on n'a pas l'habitude de traiter,
07:26ni au cinéma, ni d'entendre raconter.
07:29Moi je me demandais pourquoi c'était souvent des réalisateurs étrangers
07:33qui s'attaquaient à cette période de l'histoire.
07:35Effectivement, Sofia Coppola.
07:37Pour Marie-Antoinette.
07:39Pour Marie-Antoinette. Il y a eu Torres-Colla aussi, qui a fait un film sur la Révolution.
07:43Il y en a eu beaucoup et beaucoup des étrangers.
07:47Pourquoi ? Parce que peut-être, je ne sais pas, c'est un sujet délicat.
07:51Peut-être que c'est un sujet que les réalisateurs français n'ont pas envie d'aborder.
07:56C'est vrai qu'on a fait le film et qu'on a tourné le film en Italie,
08:01avec une production italienne.
08:04Donc ça veut dire aussi sûrement que les productions françaises n'ont pas forcément souhaité...
08:11Bon, il y a eu quand même une contradiction.
08:13Il y a eu une difficulté à faire des films en France, financés ?
08:19De manière générale, vous voulez dire ?
08:21Sur ce sujet particulièrement, et plus largement ?
08:24Non, on a quand même énormément de chance en France.
08:26C'est-à-dire que quand on voit quand même le nombre de films qui sont produits en France,
08:32on a un cinéma qui marche en plus.
08:34On est dans une période, une époque aujourd'hui où les films marchent,
08:38ce qui est formidable.
08:39Il y a eu une période difficile, mais on s'en est relevé.
08:43Non, je pense qu'après il y a des sujets effectivement qui sont plus délicats et difficiles que d'autres.
08:50J'ai été très touché par ce scénario que j'ai lu et par ces personnages.
08:56Je vois les retours que l'on a sur les projections qu'on a pu faire jusqu'à présent.
09:02C'est très intéressant de voir l'enthousiasme des gens sur ce film,
09:05l'émotion des gens et la découverte pour eux de cette partie de l'histoire qu'ils ne connaissaient pas bien.
09:12Avec une image sublime.
09:13Oui, le chef opérateur est vraiment un génie.
09:17C'est sublime, c'est des vrais tableaux.
09:19Guillaume Canet, vous serez aussi à l'affiche, j'en profite pour le dire, le 10 janvier,
09:22du film Ad vitame, réalisé par Rodolphe Loga, que vous connaissez bien, diffusé sur Netflix.
09:28C'est votre première collaboration avec Netflix ?
09:30C'est ma première collaboration avec une plateforme, et c'était extrêmement intéressant.
09:36C'est un film que j'ai écrit, que j'avais en tête depuis un moment,
09:42et je suis très heureux de l'avoir fait.
09:45C'est vrai que c'était le fruit d'une rencontre avec un des membres du GIGN.
09:49Autre enregistrement là, on est dans un film d'action.
09:51On est complètement ailleurs, dans un thriller, même d'une histoire d'amour,
09:55parce que c'est vraiment l'histoire d'amour qui génère et motive cette action.
10:00C'est un film très émouvant, et que j'aime vraiment particulièrement.
10:05J'avais rencontré cet homme du GIGN, et j'avais envie de raconter l'après.
10:10Qu'est-ce qui se passe après, quand on a vécu pendant 15-20 ans à servir cette unité d'élite ?
10:15Qu'est-ce qui se passe dans sa vie après, quand on retrouve une vie un peu monotone, un peu normale ?
10:20Évidemment, il va se passer quelque chose dans sa vie qui va le faire revenir en arrière,
10:23et son passé le rattrape, et c'est un film très excitant à voir.
10:28C'est une partie des films que j'aime bien avoir, comme La mémoire dans la peau, tout ce genre de films.
10:33Avoir sur Netflix, première collaboration, vous le disiez.
10:36C'est important de collaborer avec Netflix ?
10:39Aujourd'hui, on ne peut pas nier l'importance qu'ont les plateformes dans le cinéma.
10:44Ils sont aussi partenaires financiers de certains films pour le cinéma.
10:48Ils investissent aussi beaucoup dans le cinéma.
10:52Moi, je trouvais ça très intéressant aussi d'aller faire un film comme celui-ci, qui va toucher un autre public.
11:00J'étais content que ce film puisse se faire de cette manière-là.
11:07Je ne sais pas si on aurait pu le financer de cette même manière pour le cinéma.
11:11Autrement, oui ? Est-ce que vous craignez, par exemple, la place de Canal+,
11:17un retrait, un désengagement progressif de Canal+,
11:19on sait qu'ils retirent leur chaîne de la TNT.
11:21Ils donnent des assurances, à ce stade, pour le financement du cinéma français.
11:24Mais on voit que tout ça est un équilibre qui reste fragile.
11:28Oui, bien sûr, c'est inquiétant, puisque Canal+, a toujours été le partenaire principal du cinéma.
11:33C'est un très grand partenaire.
11:37Il permet aussi de faire des films à moyen, voire petit budget.
11:44Il faut que ces films continuent à pouvoir exister.
11:48Ce serait effectivement une catastrophe qui se retire totalement.
11:52Je ne sais pas bien où ça va aller.
11:56Mais en tout cas, jusqu'à présent, ça a été un partenaire essentiel au cinéma.
12:00Et vous espérez que ça continue ?
12:02Évidemment, bien sûr.
12:04Très bien.
12:05Ad vitam, après Déluge.
12:07Merci beaucoup Guillaume Canet d'avoir été avec nous ce matin.
12:12Je rappelle ces deux films, Le Déluge, dernier film de Gianluca Diodice,
12:16à voir cette semaine au cinéma.
12:18Ad vitam de Rodolphe Loga, vous êtes en premier rôle.
12:22Thriller, film d'action, ce sera là sur Netflix le 10 janvier prochain.
12:25Tout à fait.
12:26Merci à vous.
12:27Merci beaucoup.