Retrouvez l’équipe du magazine Eléments, autour d’Olivier François, avec ses acolytes : François Bousquet, rédacteur en chef, Patrick Lusinchi, directeur artistique, Christophe A. Maxime et Rodolphe Cart.
À l’occasion de la sortie du nouveau numéro d’Eléments, "Musk, Trump, Carlson : les dynamiteurs du Système", la rédaction enquête sur cette autre Amérique, plus populiste que conservatrice, plus libertaire que libertarienne, qui tourne le dos aux néo-conservateurs et à leurs guerres, aux "woke" et à leur censure, aux hygiénistes et à leurs interdictions – et a de quoi séduire les Européens, fussent-ils hostiles à l’imperium américain.
Au menu également : la révolte paysanne ; une plongée dans l’autre art contemporain avec Aude de Kerros, un art qui renoue avec le visage, avec le paysage, avec le Beau ; sans oublier notre "hommage" irrévérencieux aux morts panthéonisés par la macronie, mais que nous ne célébrerons pas : Robert Badinter aujourd’hui, demain Jacques Delors ?
Le rendez-vous musclé et impertinent du magazine des idées.
À l’occasion de la sortie du nouveau numéro d’Eléments, "Musk, Trump, Carlson : les dynamiteurs du Système", la rédaction enquête sur cette autre Amérique, plus populiste que conservatrice, plus libertaire que libertarienne, qui tourne le dos aux néo-conservateurs et à leurs guerres, aux "woke" et à leur censure, aux hygiénistes et à leurs interdictions – et a de quoi séduire les Européens, fussent-ils hostiles à l’imperium américain.
Au menu également : la révolte paysanne ; une plongée dans l’autre art contemporain avec Aude de Kerros, un art qui renoue avec le visage, avec le paysage, avec le Beau ; sans oublier notre "hommage" irrévérencieux aux morts panthéonisés par la macronie, mais que nous ne célébrerons pas : Robert Badinter aujourd’hui, demain Jacques Delors ?
Le rendez-vous musclé et impertinent du magazine des idées.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 [Générique]
00:14 Chers amis, bonjour, bienvenue de retour sur le plateau du Plus d'Eléments
00:18 pour vous présenter le dernier numéro de la Revue pour la civilisation européenne.
00:21 J'ai autour de moi, comme maintenant vous êtes des habitués,
00:25 enfin, vous allez tous les connaître,
00:27 d'abord je me tourne vers notre ami Rodolphe Carte, bonjour Rodolphe,
00:31 vous êtes maintenant un habitué des studios de Télé Liberté,
00:34 rappelons que vous venez de publier un dernier livre, où en on est ?
00:37 Il y a le Forel, vous en préparez un autre je suppose,
00:41 et votre dernier c'est "Feu sur la droite nationale, réponse aux identitaires".
00:46 Vous entamez un dialogue avec…
00:47 – Et avec Yacoub Arsaneau.
00:48 – Et avec Yacoub Arsaneau particulièrement.
00:49 François Bousquet, le rédacteur en chef de l'Élément.
00:51 – Bonjour Olivier.
00:51 – Bonjour François, je rappelle que vous avez pu plier,
00:54 je ne t'avais pas signalé la dernière fois, le livre est toujours en librairie.
00:57 – Sur Alain de Benoît.
00:58 – Sur Alain de Benoît, voilà, une introduction, Alain de Benoît à l'endroit, évidemment.
01:02 Notre ami Patrick Lousin qui est…
01:03 – Bonjour Olivier.
01:04 – Bonjour Patrick, directeur artistique d'Éléments,
01:06 et le marquis de la Dèche, Christophe André-André Maxime.
01:10 – Bonjour à tous.
01:11 – Une camarade, je te taquine Christophe.
01:13 – Bonjour à tous.
01:14 – Voilà, comme d'habitude un sommaire assez chargé et très riche,
01:19 on va commencer peut-être par parler de personnages qui en France
01:24 nous paraissent parfois étranges, en tout cas sont étrangers
01:26 à une certaine tradition française, mais sur lequel il faut se pencher
01:29 parce qu'ils font le buzz comme on dit, il s'agit de Turkur Karlsson et d'Elon Musk.
01:35 Alors Elon Musk je pense que vous connaissez,
01:37 Turkur Karlsson c'est un peu différent, on l'a connu maintenant
01:41 pour avoir fait cet entretien un peu polémique avec Vladimir Poutine,
01:45 est-ce que vous pourriez nous le présenter parce que c'est un peu des strange,
01:48 des personnages… – Pas tant que ça.
01:51 – Pas tant que ça mais on voit beaucoup dans notre tradition française, européenne.
01:54 – De moins en moins, il y a un troisième personnage,
01:58 la couverture c'est les dynamiteurs du système avec un point d'interrogation,
02:03 j'eus aimé que ces dynamiteurs du système, ou ces artificiers,
02:08 soient européens sinon même français, mais ça n'est pas le cas.
02:11 On n'a pas en France l'équivalent d'un Turkur Karlsson,
02:14 Karlsson c'était quelqu'un qui à partir de 2016 a parlé à la mairie Trumpième,
02:18 on a parlé d'un Trumpisme sans Trump, qui faisait un show,
02:22 dont tous les présentateurs français désormais s'inspirent, face caméra,
02:26 exceptionnel à l'écrit, exceptionnel à l'oral,
02:28 et il a fait le faux entretien avec Poutine,
02:30 plus de 200 millions de vues sur Twitter, ce qui est colossal.
02:33 Musk désormais est mondialement connu pour quantité de raisons,
02:40 parce qu'il dépasse le cadre des milliardaires,
02:42 un petit mot quand même là-dessus,
02:44 il pesait 20 milliards de dollars, ce qui est colossal début 2020,
02:48 aujourd'hui il en pèse 200 milliards, après avoir perdu 100 milliards en 2022,
02:51 et demain à mon sens il pèsera 1000 milliards,
02:53 sinon même je crois même, sans exagérer, 2000 milliards,
02:56 pourquoi ? Parce qu'il en va être sur pied la première mégacorporation,
03:01 dans un pays, l'Amérique qui est sur le déclin,
03:04 et qui n'a plus le moyen d'imposer des lois antitrust,
03:06 ce qu'avait fait la présidence Delano Roosevelt au début du XXème siècle,
03:09 pour casser la standard oil.
03:11 Non, l'Empire avant, pour casser Rockefeller,
03:15 pour pas que Rockefeller soit plus puissant que l'État américain,
03:17 aujourd'hui c'est lui qui envoie les fusées américaines
03:20 dans la station spatiale internationale,
03:22 sans lui les Américains passeraient par les Russes,
03:24 tout en étant en guerre par Ukraine interposée,
03:28 c'est à lui que la NASA a fait appel pour renouer avec les plans d'alunissement,
03:33 le prochain voyage sur la Lune, ce sera un vaisseau construit par SpaceX,
03:37 la société de Musk,
03:39 il est intéressant pour nous en tant que dynamiteur,
03:41 parce qu'il est anti-Woke,
03:42 il a dit que le Wokisme est le principal virus qui met en péril l'humanité,
03:47 il est anti-migrant, il a pris des positions…
03:48 – Anti-immigration ou anti-migrant ? Il est qu'anti-migrant ?
03:51 – Non, il est pour l'immigration, choisi,
03:54 d'origine sud-africaine, de travail,
03:57 mais néanmoins il a pris la partie de la ministre des Affaires étrangères allemande,
04:01 dans des termes que n'aurait pas désavoués Jean Raspail,
04:04 vous parlez, là où on parle d'une invasion, dit-il sur Twitter,
04:09 il a été à la fête de Fratelli d'Italia, je ne sais pas si vous vous rendez compte,
04:12 c'est comme si… – Elon Musk.
04:14 – Elon Musk a été à la fête de Fratelli d'Italia avec son fils,
04:16 qu'il a appelé d'un nom absolument baroque,
04:18 et c'est quand même le nom d'une cap spatiale,
04:21 donc c'est quelqu'un qui prend beaucoup de risques politiquement,
04:23 on en fait un portrait contrasté,
04:25 parce qu'il a également toute une part d'ombre…
04:27 – Humaniste, libertarien…
04:30 – Il y a des qualités dans le libertarisme,
04:32 je pense qu'il est plus libertaire que libertarien,
04:36 la preuve en est par ses positions assez populistes,
04:38 résolument impopulistes sur l'immigration, le wokisme,
04:41 la question du genre, il passe son temps à se moquer des pronoms dégenrés,
04:45 du I.E.L. – Les Yell.
04:48 – Et le troisième personnage c'est Trump,
04:50 mais Trump est là parce que derrière il y a une électorat,
04:53 donc c'était l'occasion pour nous à Elements,
04:54 qui avons toujours pris des positions très critiques vis-à-vis de l'Amérique,
05:01 de défendre une sorte d'Amérique…
05:04 – Une autre Amérique, on l'a d'ailleurs concentré,
05:07 il y a un numéro, je me souviens, il y a une trottinette d'année,
05:10 "L'Amérique qu'on aime".
05:10 – "L'Amérique qu'on aime", c'était le cinéma, c'était la littérature,
05:13 c'est un truc assez parisien à mon sens, et plutôt Germano-Pratin,
05:17 je le dis exprès parce que le dossier va créer par définition
05:21 un peu de polémique au sein de la rédaction d'Elements,
05:23 donc là moi je n'ai pas voulu que ce soit un dossier Germano-Pratin,
05:26 et ces trois personnages-là…
05:27 – Vous aimez l'Amérique des Rednecks aussi.
05:29 – Non seulement des Rednecks, mais j'aime également l'Amérique,
05:31 qui est celle de Tucker Carson, de Trump, mais plus encore de Musk,
05:35 qui est très très anti-néoconservatrice, qui sur l'Ukraine a des positions,
05:42 Tucker Carson est contre l'engagement américain, otanien en Ukraine,
05:46 Musk n'a pas prêté ses satellites pour que la flotte ukrainienne,
05:51 que l'aviation ukrainienne attaque, ou les bombardements ukrainiens
05:54 attaquent le port d'Odessa, alors qu'il a des satellites qui étaient à disposition,
05:57 et Trump veut retirer les soldats, donc ce sont en réalité des gens
06:00 qui sont contre l'état profond américain, c'est ça qui les rend intéressants,
06:03 ils sont contre la mécanique des faucons, des néocons,
06:05 qui aujourd'hui est dominante non seulement à Washington,
06:08 mais aussi à Paris, mais aussi à Berlin.
06:09 – Avec la personnalité de Raphaël Glucksmann dont on pourra parler.
06:12 – De quantité d'autres, donc on a voulu rendre une sorte d'hommage paradoxal,
06:18 à une sorte de contre-Amérique, je le redis, évidemment qu'on n'épouse absolument pas
06:25 le point de vue de Jean-Marie Colombani qui disait après le 1er septembre
06:28 "Nous sommes tous américains", en aucun cas nous sommes américains,
06:30 surtout un élément, encore que nous le sommes,
06:33 parce que si on est tellement dominé mentalement par l'Amérique et économiquement,
06:36 qu'on est américain en ce sens que l'extraterritorialité du droit américain
06:40 fait que nous sommes soumis à une sorte d'impôt révolutionnaire,
06:44 comme on dit en Corse, donc non, en aucun cas nous sommes américains,
06:49 mais de fait, et on en parlera je l'espère, cette défaite de l'Occident
06:54 dont parlait Manuel Todd est aussi une défaite de l'Europe,
06:57 l'Europe n'est pas capable de mettre vis-à-vis d'un Musk,
07:01 vis-à-vis des start-up j'y peux rien californiennes sur l'intelligence artificielle,
07:06 nous on ne sait faire que légiférer, l'UE ne sait faire que légiférer,
07:09 pour interdire, de fait on est dépassé par des modèles américains, chinois, russes,
07:17 donc c'est pour ça qu'on a fait ce dossier.
07:19 – Pour finir sur l'excellent article de François sur ce personnage éloquent,
07:24 un paradoxe dans le paradoxe d'Elon Musk,
07:27 qui tient autant, comme tu finis, du Néo que du Noé,
07:30 c'est un lecteur, en fait c'est un très grand lecteur,
07:33 il ne jure ce paradoxe immense que par le livre,
07:36 il s'est façonné aussi cet homme d'écran et ce cyborg,
07:39 il est même par sa mâchoire et ses yeux,
07:42 il est pas, je pense d'ailleurs que comme tous les gens de la Silicon Valley,
07:45 leurs gamins ne vont pas sur les écrans.
07:47 – Alors pour ce qui est de l'Ontario, il a même créé une école qui s'appelle Ad Astra,
07:51 qui est là encore un hommage à la littérature et à la filmographie de la science-fiction,
07:54 mais oui, Christophe, vous avez raison,
07:56 c'est un mec, c'est un gars qui a lu deux livres par jour pendant dix ans,
08:00 et quand on lui demande pourquoi vous avez fait "Space X",
08:04 pourquoi aller sur Mars, pourquoi des voitures, etc.
08:06 – Pourquoi il a eu des rêves d'enfant, quelque chose des rêves de lecteur de science-fiction.
08:09 – Bien sûr, mais parce qu'il dit "j'ai lu, j'ai lu, j'ai lu Nietzsche",
08:11 il n'est pas nietzchéen pour autant, il a lu toutes sortes de littérature,
08:15 il a une misérie, moi je pense qu'à éléments ça surprend qu'on dit ça,
08:22 mais à chaque lancement de "Space X",
08:24 alors ces fusées désormais marchent du feu de Dieu, ces vaisseaux ne marchent pas encore,
08:28 les deux premiers lancements ont échoué, mais le troisième ou le quatrième va marcher,
08:32 vous avez, il y a une foule de gens qui sont devant le Napoléon de l'espace,
08:37 alors bon, oui il est fascinant parce qu'il crée vraiment, moi je suis un fou de SF,
08:42 et dans la littérature cyberpunk, on le voit dans "Blade Runner", le film, pas le livre,
08:47 il y a la "Tyrol Corporation", dans la cyberpunk on parle de méga corporations,
08:53 ce sont des méga sociétés qui sont plus grosses que les États,
08:57 ce qui est très inquiétant pour nous.
08:58 – Il faut des nouveaux empereurs, de toutes sortes.
08:59 – J'en parle, c'est une nouvelle féodalité,
09:02 il y a toute une littérature plutôt à gauche, très intéressante,
09:05 critique sur la Silicon Valley, qui l'aborde comme une sorte de cyberféodalisme,
09:12 de techno-féodalisme, l'Amérique s'effondre, l'Occident s'effondre,
09:17 mais pas l'extrême Occident, c'est-à-dire que la pointe la plus avancée de l'Amérique,
09:21 qui est vraiment le pays de la frontière, l'Amérique avec un F majuscule,
09:24 depuis toujours, qui attire nos savants, qui les aspire,
09:28 c'est pour les balancer en Californie,
09:30 de la Californie on va se projeter dans l'espace.
09:32 – Il faut savoir que Elon Musk n'est pas américain au départ,
09:36 – Il est sudaf.
09:36 – Il est sudaf, et ce qui va être intéressant dans la prochaine élection américaine,
09:41 par rapport au premier mandat de si Trump est élu pour une deuxième fois,
09:48 c'est que là Trump a mis la mamie sur le parti républicain.
09:51 – Il a éliminé tous ses adversaires là, oui c'est vrai.
09:54 – Tous ses adversaires sont éliminés, la Cour suprême est plutôt de son côté, etc.
09:59 Donc il va pouvoir vraiment, il pense sincèrement qu'à son premier mandat,
10:04 le système américain l'a bloqué.
10:07 Donc des gens comme Elon Musk et tous ces gens-là,
10:11 sont en train, effectivement l'État américain aujourd'hui est dans un état,
10:14 c'est catastrophique, il n'y a quasiment plus d'État américain.
10:19 Donc est-ce qu'il ne va pas avoir quelque chose qui va se former, autre chose ?
10:23 Et surtout que si Trump ne réussit pas son mandat,
10:27 on peut se retrouver demain dans une guerre ethnique ou civile,
10:32 il y a une partie des petits blancs qui considèrent Trump comme leur dieu,
10:36 leur dieu vivant.
10:37 – Une radicalisation en face d'un nouveau socialiste.
10:39 – Oui bien sûr.
10:40 – Si je me permets, Patrick a raison, on fait un papier sur Trump,
10:44 pour montrer précisément que ça a été un échec majeur,
10:46 sa présidence pendant 4 ans, parce qu'il avait l'État profond contre lui,
10:49 il avait la Maison Blanche contre lui,
10:51 à la fin le Conseil de sécurité nationale retoquait toutes ses mesures.
10:54 – Y compris d'ailleurs des gens proches de lui comme Bolton,
10:57 qui était un moussiste.
10:59 – Les premiers proches ont été écartés, et puis après, même après l'appareil,
11:02 c'est l'appareil républicain ou l'appareil d'État,
11:05 qui a amendé toutes ses mesures,
11:07 donc il ne faut pas qu'il refasse les mêmes erreurs si toutefois il devait…
11:11 Mais simplement, il a 92 chefs d'inculpation sur le dos,
11:15 vous vous rendez compte, 92 !
11:16 – C'est la pléthore américaine.
11:18 – Alors évidemment c'est le système juridique américain,
11:20 mais il est difficile après ça de dire qu'il n'y a pas de…
11:23 il n'y a pas une forme de persécution et de harcèlement.
11:25 Et la conclusion du papier, c'est que l'Amérique joue avec le feu,
11:30 il y a une fracturation qui est en train d'arriver ici, puisque nous…
11:33 – Et votre correspondance, on parle d'un "narcotiranny",
11:36 vous aimez beaucoup ce terme-là,
11:37 qui a été popularisé en France par notre ami Jean-Yves Le Gallou,
11:40 et qui est vraiment, je trouve, essentiel ce terme,
11:43 pour saisir la nature nouvelle d'un syndrome de démocratie occidentale.
11:48 – On le voit en France, d'ailleurs aussi.
11:49 – On le voit en France, où la génération identitaire
11:51 vient de subir des cartes à vue absolument délirantes,
11:55 avec des condamnations qui se précisent,
11:57 d'ailleurs qu'en gros, la "narcotiranny",
11:58 c'est qu'on punit très sévèrement le citoyen à l'endroit,
12:03 et on laisse faire les racailles.
12:05 – Alors on va passer peut-être à un autre sujet,
12:06 on va prendre notre parachute pour sortir de la fusée "Spacesis",
12:10 et redescendre sur les terres françaises,
12:12 et parler de nos amis paysans, et de nos frères même paysans,
12:15 puisqu'on a tendance à les oublier, et à penser que ce sont des gens,
12:19 en tout cas pour beaucoup d'entre nous,
12:21 nous ne fréquentons pas de paysans, quand on est un urbain,
12:23 on a pourtant tous des ancêtres paysans, il y a eu cette révolte récemment,
12:28 on a parlé de jacqueries, est-ce que ça a été plus qu'une jacquerie ?
12:31 Est-ce que cette révolte continue,
12:33 parce qu'elle est sortie un peu des radars médiatiques ?
12:36 Qu'est-ce que vous en pensez ?
12:37 – Vous avez raison, il y a un point, c'est que souvent on avait dans nos ancêtres,
12:40 dans nos "parents proches" comme nos grands-parents,
12:43 un paysan ou un ancêtre paysan.
12:45 Aujourd'hui c'est vrai qu'avec le modèle métropolitain,
12:48 et la disparition au fur et à mesure de la part paysanne
12:51 dans la population française, tout cela s'éloigne.
12:53 Et pourtant la France justement s'est constituée,
12:56 notamment au moment du XIXème siècle, sur une paysannerie,
12:59 c'est les travaux du sociologue Henri Mandras
13:01 qui a bien expliqué la fin de la disparition de ce monde paysan.
13:04 Et on avait déjà évoqué dans des émissions,
13:06 je me souviens quelques mois auparavant,
13:08 déjà les révoltes qu'on avait eues chez les viticoles,
13:12 où vous savez il y avait eu l'arrestation,
13:14 voilà exactement, des actions assez violentes, assez intéressantes, illégales,
13:18 où on arrêtait les marchandises espagnoles et ce genre de choses.
13:21 Et donc oui, c'était l'annonce de ce mouvement,
13:25 alors bon, comme d'habitude, comme tous les mouvements sociaux
13:28 aujourd'hui en France ont été digérés par les organes institutionnels
13:33 qui sont les syndicats, là on a donc la FNSEAM,
13:35 on a exactement la même chose du côté social avec la CGT.
13:39 Mais par contre là aussi, où ça nous met,
13:41 quelque part ça doit un peu nous choquer,
13:43 c'est que oui, on voit vraiment la disparition d'un ancien monde,
13:46 c'est vraiment l'ancien monde sédentaire, terrien, enraciné,
13:51 pour passer justement sur le modèle des fermes aux mille vaches.
13:55 Guillaume Travert avait déjà fait un article,
13:57 il y a quelques numéros justement sur ces multinationales
14:00 qui faisaient une prédation sur les lots.
14:03 Justement ce qui est intéressant, c'est que la paysannerie française
14:05 avait conservé cette tradition des petites propriétés.
14:08 Au 19ème siècle, il y a David Todd, le fils d'Emmanuel,
14:12 qui avait bien montré qu'au sein de la société française,
14:14 il y avait eu ce débat politique mais aussi économique
14:17 entre les libre-échangeistes et les protectionnistes.
14:19 Et le modèle qui avait été conservé en France,
14:22 c'était celui de la petite propriété,
14:23 c'est vraiment de la multiplication de la petite propriété
14:26 contre le modèle on va dire anglo-saxon
14:29 des grandes propriétés et des consommateurs.
14:31 Et aujourd'hui, mine de rien, on voit qu'une fois de plus,
14:34 comme sur le sujet géopolitique,
14:36 petit à petit on a un alignement des pays latins
14:38 qui perdent leur identité.
14:40 Et là, le cas de la paysannerie a été à mon avis assez probant,
14:44 justement pour montrer que là aussi les Français
14:46 deviennent une fois de plus des Américains comme les autres,
14:48 des anglo-saxons comme les autres.
14:50 Et cette opposition terre-mer a toujours été aussi
14:53 une tradition forte au sein de la Nouvelle-Droite.
14:56 On a toujours défendu le modèle terrien, enraciné,
14:59 de l'aristocratie de la paysannerie.
15:01 Là aujourd'hui, on voit qu'on commence à être balayé,
15:04 même sur ce domaine-là qui est assez spécifique,
15:06 qui est celui de la paysannerie.
15:07 – Merci, sur la question des paysans,
15:08 j'aimerais quand même noter pour nos téléspectateurs,
15:11 pour nos auditeurs, que nous avons la chance
15:13 d'avoir dans notre rédaction un Daoud Bourrezallah,
15:15 c'est peut-être une nouveauté depuis quelques années,
15:17 et d'avoir des grandes enquêtes de terrain,
15:19 puisque Daoud, dans ce numéro, est parti à la rencontre
15:22 des paysans du Loir-et-Cher, notamment,
15:25 autour aussi de Salbry, avec le maire, etc.
15:28 Donc voilà, et on pourrait peut-être passer,
15:30 parce que j'ai eu François, moi, l'honneur maintenant
15:32 de parler aussi d'art contemporain avec Aude de Queyros.
15:36 – Oui, si vous permettez.
15:37 – Alors dis-moi François, on va peut-être échanger un peu nos…
15:39 – Voilà, on va échanger des rôles.
15:41 On fait un très grand entretien avec Aude de Queyros,
15:43 que nous suivons depuis, je pense, dans "Eléments",
15:45 depuis une bonne dizaine d'années.
15:46 Aude de Queyros a énormément travaillé, c'est une artiste,
15:49 mais c'est aussi un auteur, beaucoup travaillé sur l'art contemporain,
15:52 le marché de l'art contemporain, qui a l'appel "AC", avec majuscules,
15:55 l'art contemporain financiarisé.
15:57 Et depuis très longtemps, elle ambitionnait de faire un livre
16:00 sur l'art caché… – Ce qu'on appelle les dissidents
16:02 de l'art contemporain.
16:03 – Les dissidents, c'est ça. Sur quoi vous l'avez rencontré, Olivier ?
16:05 – Alors, j'ai rencontré Aude de Queyros à plusieurs reprises,
16:07 puisque je la connais depuis assez longtemps, mais je l'ai recroisé.
16:09 Et puis, ce livre sur les dissidents de l'art contemporain est paru,
16:14 et ça m'a immédiatement donné envie de l'interroger.
16:16 Ce qui est intéressant, c'est qu'il y a une nouvelle situation aujourd'hui
16:18 de ces dissidents de l'art contemporain.
16:20 Dans les années 80 et 90, l'État, les marchés financiers,
16:23 et en France, l'État, imposaient vraiment cet art conceptuel,
16:27 cet art du rien, qui au fond, d'ailleurs, ne sont des gens
16:30 qui ne font que répéter de manière très routinière
16:32 les provocations de Dussan ou d'un Joseph Meuse dans les années 70.
16:36 Et il y avait pourtant cet art caché qui continuait,
16:38 grâce à quelques galeries, quelques collectionneurs, à exister.
16:42 Je parlerai tout à l'heure, moi, d'un artiste vivant,
16:45 très important, qui s'appelle Pascal Vinardel,
16:47 mais il y en a d'autres, François Legrand,
16:49 d'autres qu'on a souvent parfois en Provence,
16:52 dont je ne connais pas forcément les noms.
16:53 Et avec l'émergence d'Internet, c'est pas le paradoxe d'ailleurs,
16:56 Internet a permis, notamment avec des sites, avec les réseaux sociaux,
17:00 de diffuser cet art qui avant était même étouffé par les médias,
17:04 puisque, que ce soit dans l'Ebay, dans Le Monde, dans la grande presse,
17:09 y compris même malheureusement dans le Figaro,
17:11 on ne parlait pas de ces artistes vivants.
17:13 On ne parlait pas de cet art,
17:14 et qui pourtant, j'en montre…
17:15 – Vous parlez du Figaro ?
17:16 Cela étant dit, j'avais lu un entretien avec…
17:19 – Eugénie Bastia avec Vinardel, exactement.
17:21 – Est-ce que vous pouvez dire un mot sur Vinardel ?
17:22 Parce que l'entretien fait trois pages,
17:24 et on se sert de deux tableaux de Vinardel pour illustrer.
17:27 – Alors voilà, magnifique, superbe Vinardel.
17:29 D'ailleurs, j'en profite pour vous le dire,
17:31 puisque la mission va bientôt être diffusée,
17:33 qu'il y a en ce moment, pour nos amis du Sud,
17:35 une rétrospective des œuvres de Pascal Vinardel,
17:37 "Terra Iconica", au Musée des cultures et du paysage de Yerres,
17:41 la banque, dans le Sud, près de la côte d'Azur.
17:44 Moi, sincèrement, je pense que Vinardel est un de nos grands peintres,
17:47 d'une peinture intemporelle,
17:49 qu'on pourrait placer entre, certains disent,
17:51 entre Giorgio Cirico et Balthus,
17:53 mais enfin, on reconnaît immédiatement,
17:55 les comparaisons ont des limites, évidemment.
17:57 Je pense que Vinardel a son style à lui,
18:00 c'est une peinture un peu mélancolique, aussi nostalgique,
18:03 c'est des paradis perdus.
18:04 Chaque tableau de Vinardel nous renvoie aussi à ces paradis perdus,
18:08 qui sont des villes, comme ça, imaginaires, un peu méditerranéens.
18:12 Et Pascal Vinardel, pour le situer un peu,
18:15 a été très lié à un essayiste qui a compté pour certains d'entre nous,
18:18 qui est Raimé Semprin,
18:19 qui était le fondateur de l'art en psychologie des lignes nuisances,
18:21 et qui avait cette formule, pour parler de l'art d'aujourd'hui,
18:24 "Quand c'est contemporain, ce n'est pas de l'art,
18:26 et quand c'est de l'art, ce n'est pas contemporain."
18:28 J'engage vraiment nos amis, d'abord à lire l'entretien,
18:31 évidemment, avec Aude de Queyroux,
18:34 se procurer, évidemment, le livre d'Aude de Queyroux,
18:36 qui est un livre important, qui fait le point,
18:37 et je crois qu'elle va continuer, d'ailleurs, dans cette lignée,
18:40 à nous révéler ces artistes méconnus, ces dissidents,
18:44 et puis, simplement, aussi, pour nos amis qui habitent la province,
18:47 puisqu'il faut remercier, quand même, les galeries de province,
18:51 nous sommes dans un pays centralisé,
18:52 mais s'il y a une résistance à lasser à cet art conceptuel officiel,
18:56 à cet art pompier, à ce néo-pompierisme conceptuel,
19:00 eh bien, c'est souvent en province, que ce soit à Angers,
19:03 moi, j'habite Chartres, ou dans des villes du sud,
19:06 on saura tout, mais dans certaines galeries de province,
19:10 où on pouvait apercevoir, en effet, des artistes
19:11 qui continuaient à s'inscrire dans la tradition,
19:14 dans la grande tradition de la peinture européenne.
19:16 – Ce qui est amusant, Olivier, c'est qu'en fait,
19:17 rien ne change, depuis des siècles,
19:20 il y a toujours eu un art officiel en France,
19:23 aujourd'hui, cet art moderne qu'on montre est l'art officiel,
19:26 et les dissidents sont, en fait, un art classique.
19:29 – Un art classique ou pas seulement ?
19:31 – Alors, je fais une petite parenthèse, enfin, une petite nuance,
19:33 c'est le propre à la modernité, qui a des maudits,
19:36 qui a un art souterrain, qui a un art caché,
19:40 contre la bourgeoisie, précisément, d'État.
19:41 Après, il y a eu ce miracle de l'Ancien Régime,
19:44 ou alors de la Rome Antique, où les empereurs ou les rois
19:48 avaient bon goût et entretenaient des artistes.
19:51 – Il y avait des commandes, il y avait des rangs d'État.
19:53 – Il y avait des commandes, et puis il y avait aussi une transmission…
19:54 – Il y a encore des commandes aujourd'hui.
19:55 – François, je peux m'étonner, il y avait aussi, surtout,
19:57 une transmission du savoir-faire.
19:58 Pour avoir eu des conversations avec Pascal Wienernel,
20:00 il me disait qu'aujourd'hui, dans l'école des beaux-arts,
20:04 on n'apprend plus à peindre, on n'apprend plus à dessiner.
20:06 D'ailleurs, ce n'est pas simplement un art classique,
20:08 ces dissidents de l'art contemporain,
20:10 c'est aussi toutes ces avant-gardes qui auraient pu continuer
20:14 et qui ont été brisées par la domination de l'art contemporain, de l'acier.
20:20 Je rappelle la phrase de Dussant,
20:21 "Je leur ai jeté mon urinoir à la gueule, comme une provocation,
20:25 et maintenant ils en sont à en apprécier les qualités esthétiques."
20:28 Dussant n'était pas dupe.
20:30 – Oui, il n'était pas dupe, mais il a quand même introduit une subversion.
20:35 – Ça, je suis bien d'accord.
20:36 – On évoquait les milliardaires, c'est aussi un art de milliardaire.
20:39 J'ai toujours en tête cette formule de Tom Wolfe où il se paie,
20:42 je crois que c'est Miami, je ne sais plus quel est le titre de ce roman…
20:44 – "Le gosse de Park Avenue" ?
20:45 – Non, non, non, c'est bien après, où il se moque de Art Basel,
20:49 enfin des FIAC en Californie, et il dit que l'art contemporain,
20:53 c'est le super beau des super riches.
20:55 C'est aussi vulgaire que le catch, mais c'est aux riches ce que le catch est au plouc.
20:58 – Il y a de ça, après, je trouve que l'aveugle,
21:01 par exemple que François Plinot aime l'art contemporain,
21:04 il y a une part chez lui de spéculation financière sans doute,
21:07 mais il y a aussi une part de beaufitude,
21:08 je pense qu'aujourd'hui un certain nombre de nos prétendues élites,
21:12 particulièrement en Europe et aux États-Unis,
21:14 en fait sont des beaufs avec de l'argent.
21:16 Quand on voit la pauvre Houdéa Custera,
21:18 "Oh, déjà, déjà, quand elle chante comme ça,
21:20 j'en ai presque les larmes aux yeux à y penser."
21:21 – C'est cool, il dit que c'est le mot d'un amoureux de l'art contemporain,
21:24 enfin il n'est pas de lui, c'est de Renaud Camus,
21:26 lui qui pour le coup adore l'art contemporain.
21:27 – Pas de tout, il a quand même meilleur goût.
21:29 – Très, très grande partie.
21:30 – Par phobie, il se met bien à côté.
21:31 – Non, non, non, parce qu'il y a aussi des choses intéressantes.
21:34 Mais il cite en permanence ce mot de Gomez da Vila,
21:39 c'est que désormais la seule différence entre les riches et les pauvres, c'est l'argent.
21:42 – Oui, bien sûr, évidemment.
21:44 Gomez da Vila, d'ailleurs on parlait des paysans tout à l'heure,
21:47 il dit "je suis un paysan indigné", disait Gomez da Vila.
21:51 Et c'est pas un pari...
21:52 Pour parler d'ailleurs de Pascal Vinardel,
21:54 il faut savoir que dans les années 80 ou 90,
21:56 il a pu vivre quand même de son art,
21:58 ce qui est quand même assez rare parmi ces gens-là.
22:00 Jean Clair a déclaré dans un entretien, je crois, au Monde ou au Figaro,
22:04 que le mythe de l'artiste maudit n'était plus un mythe aujourd'hui,
22:07 et qu'il a connu de grands artistes qui étaient littéralement morts de faim
22:11 dans les années 80 et 90 à cause de la domination de ces raclures de l'art contemporain.
22:16 Non, il faut être un peu dur avec ces gens.
22:18 Et je note que Pascal Vinardel, pour montrer d'ailleurs,
22:21 ça illustre la duplicité du personnage,
22:22 était tout à fait admiré par François Mitterrand,
22:24 qui en même temps laissait la voie libre à Jacques Lang.
22:27 – Oui, de toute façon, symboliquement,
22:29 le fait que la capitale de l'art qui était Paris,
22:32 c'est devenu New York, ça explique tout.
22:35 – D'ailleurs, je renvoie aussi pour parler de Kéros,
22:38 qui a écrit un livre sur la géopolitique de l'art contemporain,
22:40 parce qu'il y a eu des enjeux au monde de la guerre froide,
22:42 géopolitiques et de soft power,
22:45 notamment à travers la promotion de Jackson Pollock,
22:47 qui était promue notamment par la CIA et par les services culturels américains.
22:50 – Contre l'Union soviétique, bien sûr.
22:51 – Et contre l'Union soviétique qui est…
22:53 – Le réalisme socialiste.
22:54 – Contre le réalisme socialiste.
22:57 Voilà, est-ce que tu pourrais rajouter quelque chose ?
23:00 – Non, l'entretien était excellent,
23:01 vous citez abondamment Jean Clerc qui est passionnant.
23:04 Moi, ce qui m'a amusé, c'est de…
23:06 Jean Clerc a posé le doigt sur une espèce de mode dominante,
23:10 tout est expressionnisme maintenant,
23:11 il appelle ça l'expressionnisme, qui ne veut pas dire grand-chose,
23:14 c'est un peu l'argot universel,
23:16 et il a une forme… donc l'entretien avec Odd de Corroues…
23:18 – Oui, c'est un peu l'argot universel, d'ailleurs,
23:20 il faut considérer que tout ce qui réagit à l'art contemporain
23:23 n'est pas forcément excellent, donc il faut faire appel aussi au goût,
23:26 et qu'il y a aujourd'hui aussi un retour
23:28 de ce qu'ils appellent parfois la figuration,
23:30 qui est parfois de très mauvais goût et très douteux.
23:34 Mais je trouve que par exemple, on apprécie beaucoup,
23:36 c'est une tradition allemande, à élément les graveurs,
23:39 notamment la revue "Nouvelle École" a toujours donné beaucoup de place aux graveurs,
23:42 et s'il y a une résistance aussi à l'art contemporain,
23:45 c'est un certain nombre de graveurs, y compris d'ailleurs de graveurs de presse,
23:48 de dessinateurs comme ça, qui ont continué une grande tradition européenne.
23:51 – Et surtout, il faut savoir qu'en fait,
23:54 quand vous êtes jeune étudiant et en faisant une école d'art,
23:57 en règle générale, vous n'allez pas au Beaux-Arts,
23:59 ce n'est plus l'école où on va, si vous avez un peu de talent,
24:01 ou si vous avez envie de faire quelque chose,
24:03 – Vous n'allez pas.
24:04 – Vous allez en art appliqué, donc c'est les arts déco, c'est la BD,
24:10 on va trouver beaucoup plus de talent chez les illustrateurs de BD
24:14 qu'au Beaux-Arts aujourd'hui, c'est assez clair.
24:17 – Regardez la pratique par exemple, comment s'appelle-t-il,
24:19 je perds la mémoire en ce moment,
24:22 la grande bande dessinée française,
24:27 dessinateur d'origine yougoslave, je me rappelle tout le nom,
24:29 – Enki Bilal.
24:30 – Enki Bilal, voilà, Enki Bilal, à certains égards, est un artiste, est un peintre aussi.
24:34 – Aujourd'hui, vous avez plus de chances dans les enchères
24:37 de "Vaut mieux s'acheter du Enki Bilal"
24:40 que vous achetez de l'art contemporain, ça c'est clair.
24:42 Si vous voulez faire du placement.
24:43 – Oui, oui, bien sûr, je rappelle encore une fois l'exposition de Pascal Vinardel
24:47 au musée de hier, au musée des cultures du paysage,
24:51 – Mais alors, non, c'est pas de…
24:53 – Vous voulez rajouter quelque chose ?
24:55 – La transition est assez brutale.
24:56 – Musique contemporaine.
24:57 – Non, la transition est assez brutale, Jacques Delors n'est pas connu,
25:00 pour avoir défendu l'art contemporain.
25:03 – Je vais bien faire un petit coup de gueule sur le site,
25:06 sur Jacques Delors, qui est quasiment assez agaçant,
25:09 parce qu'un peu comme Badinter qui vient de disparaître,
25:12 il y a une espèce de panthéonisation de personnages fallots et toxiques.
25:15 Jacques Delors, qui est presque une espèce de héros christique,
25:21 avec son catholicisme social en peau de lapin,
25:23 alors que c'était un technocrate épouvantable,
25:25 qui a été un atroce ministre des Finances de Mitterrand,
25:28 numéro 1, numéro 2, qui a vraiment relégué la France au second plan,
25:32 il a été commissaire européen, petit pape, petit page,
25:35 avec son teint de cire très flatté,
25:37 autre côté des adecoles, des allemands et tout ça,
25:40 personnage totalement médiocre, incompétent économiquement,
25:43 et c'est une espèce de héros absurde de cette Europe imaginaire ultra technocratique,
25:48 et c'était un type brutal et toxique, Delors,
25:50 mais il bénéficie d'une image qui est incroyable.
25:53 – Merci, merci pour ce coup de gueule.
25:56 – La chose qui est avec Badinter et Delors, c'est que c'est la fin d'un monde.
26:00 C'est vraiment la fin d'un monde.
26:01 – Alors c'est la fin de la Mitterrandée finalement qui…
26:03 – Il reste Jacques, Jacques Languier.
26:05 – Qui est finalement déjà empaillé.
26:07 – Jacques Languier est encore là.
26:08 – Qui est presque plus sympathique par son côté fric,
26:11 si on le déteste évidemment, mais monstrueux.
26:14 Au moins si on pouvait le mettre dans un cirque, Jacques Delors…
26:17 – D'un décollement superbe.
26:18 – Petite anecdote, moi c'est Jacques Delors qui m'a poussé vers la droite,
26:21 parce que j'étais tellement à l'adolescence terrorisé par cet homme,
26:24 comme par Badinter, parce que ces gens font peur,
26:26 on a l'impression qu'ils vont nous donner des leçons de morale toutes les 5 minutes.
26:28 – Et en plus ils lâchent politiquement,
26:30 ils refusent d'aller à la campagne électorale en 1995 parce qu'ils ont peur.
26:33 – Je crois que le temps est écoulé,
26:34 mais ne parlons plus de ces gens-là parce que je vais avoir un malaise.
26:37 Merci en tout cas chers amis de TV Liberté,
26:41 chers amis auditeurs et téléspectateurs,
26:43 je vous retrouve dans 2 mois,
26:45 lors de l'apparition du prochain numéro d'Éléments.
26:47 D'ici là, vous aurez le plaisir d'entendre Patrick Lusinki dans "Cette année-là".
26:52 Merci à vous, au revoir.
26:54 [Générique]