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00:00Et on continue de parler de cette annonce, il en a fait beaucoup, des promesses d'annonce, des intentions d'annonce.
00:06Absolument, Philippe, approchez-vous de votre petit micro.
00:11Oui, c'était le micro qui était...
00:15Non mais c'est très habile de la part de Gérald Darmanin de mettre la pression dans cette période où il y a peu d'actualité,
00:21où il est sûr que ses propos vont trouver un large écho dans une actualité qui est beaucoup plus calme depuis Noël.
00:28L'inconvénient c'est que, déjà le terme Placenet, en matière de drogue, les opérations Placenet,
00:35leur bilan a été quelque peu discuté parce que c'est spectaculaire, ça impressionne pendant quelques jours,
00:43mais ça n'a pas permis de beaucoup démanteler de points de deal en réalité qui se sont reconstitués ici ou ailleurs assez rapidement après les opérations Placenet.
00:55313 opérations précisément, Philippe Guybert, et effectivement, c'est ce que William Moliné nous disait ce matin,
01:02ça mobilise beaucoup de monde pour un peu de résultats relatifs.
01:08Et en écoutant votre invité, qui lui connaît précisément le fonctionnement des prisons,
01:13on voit aussi que de vouloir faire des intentions d'annonce comme ça, ça demande à être bien préparé pour ne pas faire des choses qui finalement seraient coûteuses et inefficaces.
01:24C'est que le travail, qui est indispensable, tout le monde en est d'accord, évidemment pour nettoyer les prisons, notamment pour les trafiquants de drogue.
01:33Alors il faut essayer quand même !
01:35Il faut essayer de faire des choses efficaces et qui tiennent dans la durée.
01:40Si le fait d'en parler condamne déjà les résultats de l'opération, j'ai du mal à suivre.
01:44Bon, moi j'ai une vraie question sur le fond, sur les téléphones portables, puisqu'on m'explique depuis des années
01:52que maintenir les téléphones portables, autoriser les téléphones portables dans les prisons, ça permet de garder le calme, d'apaiser un peu la paix sociale.
02:03Est-ce que l'on change complètement de pied ? Est-ce qu'on va supprimer et piquer tous les téléphones portables ?
02:11Avec les risques donc éventuellement d'un réchauffement des esprits dans les prisons ou pas ?
02:18C'est la question que je répondrais au ministre si j'y avais été autorisé.
02:24Mais c'est une bonne question, d'autant plus qu'il faut penser aussi à l'administration pénitentiaire.
02:29Votre invité en a parlé un tout petit peu. Je me souviens quand j'avais des postes à responsabilité dans la communication gouvernementale,
02:36les campagnes qu'on faisait pour recruter des agents pénitentiaires étaient parmi les plus difficiles,
02:41parce que c'est un métier mal payé, c'est un métier ingrat, c'est un métier très dur.
02:45Et qui est devenu à risque, je vous le rappelle.
02:48Et donc si on veut se lancer dans ce type d'opération que décrit Jean-Claude,
02:53il serait bon auparavant de renforcer l'administration pénitentiaire,
02:58parce qu'il faut être capable de tenir le choc si vous remettez en cause les conditions de la paix sociale très relative.
03:08Qu'est-ce qu'on fait alors ? On leur laisse le téléphone portable ou pas ?
03:11Oui mais c'est une politique Jean-Claude, une politique ça doit mettre des moyens avec des fins,
03:17et pas simplement se contenter d'annoncer des...
03:20Comme ça fait 40 ans qu'on ne la met pas en place la politique.
03:22Oui mais il ne faut pas annoncer que des bonnes intentions.
03:24C'est qu'eux vous disent mais ils n'ont même pas les moyens d'assurer notre propre protection,
03:28notamment les extractions très dangereuses, c'est vous qui me parliez tout à l'heure pendant la publicité.
03:33Je vous rappelle que Mohamed Amra...
03:35Oui je crois que c'est bien d'en reparler parce que je crois qu'il faut en parler à chaque fois qu'on parle du problème dans les pays.
03:40C'est vrai qu'on en parle beaucoup.
03:42Deux agents pénitentiaires qui ont été tués, et on n'a toujours pas remis la main sur M. Amra.
03:48C'est une vraie blessure.
03:50Les informations officieuses disent que c'était probablement un règlement de compte entre trafiquants de drogue,
03:58et qu'il a été d'une certaine manière kidnappé, et que son sort appartient aux personnes qui l'ont kidnappé.
04:06D'où peut-être l'absence de nouvelles de ce personnage qui était un trafiquant de grande...
04:11Avoir une légèreté vis-à-vis des agents pénitentiaires, sans débarrasser les tués de cette façon, ça paraît incroyable.
04:18Je ne dis pas que ça signe automatiquement le fait que ceux qui tenaient le pistolet
04:23étaient probablement des grands trafiquants de drogue, ou des trafiquants de drogue importants,
04:27mais tout de même c'est vrai que vous avez raison, ça pose quand même la question de la suite.
04:31Jean-Claude, on a affaire, vous le savez bien, à des véritables mafias,
04:36dont les moyens financiers, matériels, en termes d'armes, en termes de violence, sont considérables.
04:42Ils n'ont plus grand chose à voir avec la vieille criminalité.
04:46Nous sommes passés dans une autre dimension de la mafia et de la violence avec les trafics de drogue.
04:53Il faut que les moyens de l'État et les réponses de l'État s'adaptent à cette nouvelle situation
04:59qui n'est plus celle il y a 20 ou 30 ans.
05:01Ce qu'il faudrait faire, c'est construire des prisons vite, vite et vite.
05:05Parce que les nouvelles dont tu as parlé hier, je crois, M. Darmanin...
05:09C'est pour les courtes peines.
05:10Pourquoi pas ? Ce n'est pas idiot du tout, au contraire.
05:12Mais Jean-Claude Delcy, une nouvelle prison, ça coûte très cher.
05:16J'ai le chiffre en tête, c'était entre 150 000 et 190 000 euros la cellule.
05:21Donc on ne fait pas.
05:22Ah non mais attendez, je ne suis pas ministre de l'Intérieur.
05:25Et puis aujourd'hui, cher Jean-Claude, il faut que les maires acceptent.
05:28Et tu sais très bien que de nombreux maires, y compris quelle que soit leur couleur politique,
05:33ce n'est pas que des maires de gauche...
05:34Quand l'État le souhaite, il le fait.
05:36Quand l'État le souhaite...
05:37Il a fait des autoroutes sans difficulté.
05:39La preuve, c'est qu'on va les faire.
05:40Les 15 000 places, on les fera avec 15 ans de retard.
05:43Mais on va les faire.
05:44Il y a des fortes mobilisations de la population contre l'installation des prisons.
05:48Oui, il y a toujours, oui, bien sûr.
05:49Et un maire à un an des municipales...
05:52Il faut choisir.
05:53Il faut choisir.
05:54Il y a un an des municipales, je ne vois pas beaucoup les maires se mobiliser pour accueillir...
05:57Ah vous n'êtes pas un optimiste, vous, hein ?
05:59Non, je...
06:00Faisons-les après chez les municipales.
06:01J'essaie d'être réaliste.
06:02Faisons...
06:03Faisons...
06:04On a besoin de prison, oui ou non ?
06:05Oui.
06:06Eh ben alors.
06:07Alors, il y a un centre...
06:08J'avais eu l'occasion justement de visiter un centre national d'évaluation de la radicalisation
06:12avant d'un levier dans le Nord.
06:15Ça a coûté des millions, 30 millions précisément.
06:18Vous savez combien de détenus sont passés en 3 ans là-bas ?
06:21Pas du tout.
06:2211 détenus.
06:24Il est flambant neuf.
06:25Il est vide.
06:26Il y a une salle de sport.
06:27Il y a tout.
06:28Le centre est vide.
06:29Ça a été instillé sous Dupond-Moretti.
06:32Je ne sais pas pourquoi.
06:33Alors, il y a une affaire apparemment de juges qui estiment que ce n'est pas vraiment utile
06:37de les envoyer là-bas à la fin de leur peine.
06:39Mais je vous assure, c'est...
06:41Oui, mais c'est intéressant.
06:42C'est édifiant.
06:43Intéressant.
06:44Ça se passe où ça exactement ?
06:45Avant d'un levier, c'est une prison de haute sécurité qui est située dans le Nord.
06:49C'est un quartier où on envoie les détenus qui ont été radicalisés.
06:53Ils y vont tous les six mois.
06:54Ils y retournent à la fin de leur peine pour évaluer leur dangerosité.
06:59Et il est vide, ce centre, vraiment.
07:01C'est intéressant.
07:02Encore une bonne question pour M. Darmanin.
07:04Il y a du boulot, décidément.
07:05Apparemment, il est en phase d'être fermé.
07:07Ce qui est intéressant chez Darmanin, c'est qu'il veut changer un peu de philosophie pénale.
07:11Oui, je crois.
07:12C'est-à-dire de se dire que, notamment pour les très jeunes délinquants et les primo-délinquants,
07:17il faut une peine rapide.
07:20Fut-elle pas très longue, mais il faut une peine de prison rapide.
07:24C'est ce qui a été fait aux Pays-Bas avec un certain succès.
07:27Et dans d'autres pays, je crois, scandinaves.
07:29Et donc, ça, je trouve que c'est une politique intéressante
07:32qui suppose quand même de voter une loi.
07:34Mais peut-être M. Darmanin peut-il trouver, et M. Birou,
07:37peuvent-ils trouver une majorité sur ce sujet-là ?
07:43Ce qui permettrait d'avoir des alternatives à la prison lourde, si j'ose dire,
07:48qui, comme vous le disiez, Stéphanie, est coûteuse,
07:51qui, comme je le rappelais, suscite beaucoup d'opposition de la part des élus locaux.
07:57Peut-être que là, on a une alternative pour décharger les prisons
08:01de jeunes délinquants, de primo-délinquants,
08:04pour qui ça sera souvent une école de la récidive,
08:07et de les sanctionner quand même, alors qu'aujourd'hui, ils ne sont pas sanctionnés.
08:11Mais Philippe Guivert, il faut changer tout le paradigme en profondeur.
08:14Aujourd'hui, vous le savez, évidemment,
08:16on ne peut pas emprisonner les peines de moins d'un an,
08:19on ne peut plus les prononcer.
08:21Il faut détricoter 20 ans de loi.
08:24La loi a été dans ce sens, et la pratique des juges va aussi dans ce sens,
08:27parce qu'ils font de la gestion de la place des places de prison.
08:30Ils font de la gestion carcérale.
08:32Ils font de la gestion carcérale, ce qui est un vrai problème.
08:34C'est pour ça qu'il y a du boulot, encore une fois, pour le ministre.
08:37Moi, je répète ça, parce que M. Migaud, avant de partir, a dit
08:42j'ai chargé une partie de mes équipes, de son cabinet,
08:45d'examiner ce que l'État possède ici ou là,
08:50et qui pourrait être vide à l'heure actuelle,
08:53et qui pourrait éventuellement être récupéré,
08:56après quelques travaux peut-être, pour accueillir,
08:59parce qu'à l'heure actuelle, les centres administratifs sont vides,
09:04sont pleins, je veux dire, il n'y a pas de place.
09:07Il y a deux OQTF, qui s'étaient illustrés,
09:14dans le braquage d'une pharmacie, la nuit,
09:18en cassant à la moitié de la pharmacie.
09:20Incroyable ! OQTF, s'il vous plaît messieurs,
09:23la sortie, on n'a pas de place pour vous le dire.
09:25Les centres de rétention sont pleins.
09:27C'est une situation que les Français, le mot gentil,
09:29on juge une modeste et petite leçon politique,
09:32mais ça va se traduire dans les urnes, très rapidement.
09:35Les urnes, à condition qu'on respecte les urnes.
09:38Je ne veux pas m'interroger sur les bienfaits ou non-bienfaits,
09:41des petites peines, je dis simplement que les Français,
09:45la majorité en tout cas de Français,
09:47ne supportent plus la petite délinquance,
09:50qui les met en danger eux-mêmes.
09:52Et qui n'est pas sanctionnée.
09:53Et qui ne sont pas sanctionnées.
09:55Avec un sentiment d'impunité, qui est délétère,
10:00avec les conséquences que tu indiques.
10:02Justement, là, François Bayrou va en ce sens,
10:06en ayant nommé le duo, le tandem plutôt idéologiquement cohérent,
10:11Retailleau-Darmanin.
10:12Je l'ai dit très vite, ça me paraît en effet un alliage,
10:16un ensemble, un duo,
10:18qui soit plein de promesses,
10:21mais on a tellement été déçus sur la politique régalienne
10:25du pouvoir de M. Macron,
10:27que je me méfie maintenant beaucoup,
10:29parce que je sais que lui et le Premier ministre
10:32sont quand même très proches,
10:33même s'il y a eu quelques mots désagréables au moment de la nomination.
10:37Je pense que le Président de la République
10:40n'est pas un maniaque des courtes peines.
10:42On verra les résultats.
10:43En tout cas, le Premier ministre l'a dit publiquement.
10:47C'est mieux qu'il ne l'ait dit publiquement.
10:50Je t'entends et j'espère.
10:51C'est mieux qu'il ne l'ait dit publiquement,
10:53qu'il ne l'ait pas dit du tout.
10:54Philippe Guibert, Jean-Claude Bastier,
10:56restez avec moi, mes chroniqueurs,
10:59et on parlait avec eux de Gérald Darmanin,
11:02qui avait, pardon pour le jingle, mon cher Hugo,
11:05Gérald Darmanin, qui avait des bonnes intentions pour les prisons.
11:08Il va aussi se rendre à Marseille.
11:10Lui, l'artisan des opérations Plasnet
11:13en tant que ministre de l'Intérieur,
11:15avec des résultats plutôt mitigés.
11:18C'est vrai qu'il faut rendre aussi hommage à la police,
11:22qui a quand même doublé le nombre de saisies.
11:25Il faut le préciser, mais c'est vrai que ces Plasnet,
11:27elles n'ont pas été très efficientes, Philippe Guibert.
11:29Oui, elles ont été spectaculaires.
11:31Elles ont rassuré les habitants pendant une semaine,
11:34pendant dix jours,
11:35mais elles n'ont pas permis de remettre en cause
11:37la dynamique du marché de la drogue,
11:39qui est là,
11:40qui d'ailleurs se nourrit d'une offre et d'une demande.
11:42La demande ne diminuant pas,
11:44elle aurait même plutôt tendance à augmenter,
11:46c'est-à-dire les consommateurs de drogue.
11:48Il faut s'en prendre aux consommateurs,
11:49selon vous, Philippe Guibert.
11:50De plus en plus de Français ont envie de le faire.
11:52Disons que la politique en France de répression de la consommation
11:55n'a pas marché.
11:56Il faut quand même leur garder les choses en face.
11:59C'est extrêmement difficile de s'en prendre aux consommateurs.
12:02Vous croyez qu'elle a eu lieu, la politique ?
12:04Elle consistait à essayer de chasser les consommateurs ?
12:07Oui, mais Jean-Claude, c'est une impasse.
12:10C'est une impasse, je vais vous dire pourquoi.
12:12Peut-être, mais elle n'a pas eu lieu jusqu'à présent.
12:14La consommation de drogue se fait dans des lieux privés,
12:16donc vous n'allez pas envoyer des forces de l'ordre
12:19au domicile des gens pour vérifier.
12:21Je ne le souhaite pas, personnellement.
12:23Oui, je suis d'accord.
12:25Vous prenez rarement des consommateurs de drogue
12:27en flagrant des lits sur la chaussée.
12:29Ça peut arriver, mais enfin...
12:30Sur toutes les terrasses, il y en a un ou deux.
12:32Vous rigolez ou quoi ?
12:34On fume !
12:36Ça dépend des quartiers, Jean-Claude.
12:39Vous allez prendre votre café où, Jean-Claude Assier ?
12:42Là où il y a des cafés ouverts,
12:44avec des gens branchés.
12:46Moi, je n'en vois pas souvent.
12:48Parce que vous restez dans le coin.
12:51On n'est pas dans les bons quartiers.
12:53Alors que vous, vous connaissez bien le terrain
12:55des quartiers où on fume.
12:57Je les ai connus dans le temps, oui.
12:59C'est vrai que ces opérations placenettes,
13:00c'est souvent la journée.
13:02J'entendais les policiers témoigner,
13:03dire que c'est la journée, puis après...
13:05Il y a un moment où il y a un deal
13:07qui se passe entre le narcotrafiquant,
13:10même léger, même jeune, même débutant,
13:13et le consommateur.
13:14C'est à ce moment-là, peut-être,
13:16de temps en temps, si vraiment on le décidait,
13:18qu'il pourrait se passer éventuellement
13:20quelques interpellations et quelques sanctions.
13:22Oui, en flag sur le deal.
13:24À part une amende.
13:26Je serais curieux de connaître le bilan des amendes.
13:28135 euros, je crois,
13:30sont payées peut-être une fois de temps en temps.
13:32Ça doit être encore pire que le recours
13:34des stationnements automobiles.
13:36Mais moi, je ne crois pas que ce soit ça, la solution.
13:38Alors, Philippe Libert qui va nous trouver une solution.
13:40Je ne crois pas non plus, je suis d'accord avec toi.
13:42Évidemment qu'il faut maintenir ces amendes,
13:45mais la solution, c'est de renverser
13:47la pression sociale sur les personnes
13:49qui consomment de la drogue, comme on l'a fait
13:51pour les personnes qui consommaient de l'alcool.
13:53Aujourd'hui, consommer de l'alcool,
13:55ça se fait de façon beaucoup
13:57plus modérée qu'il y a 30 ans
13:59ou il y a 40 ans.
14:01La cigarette, c'est pareil, la consommation
14:03de cigarette, la société
14:05s'est retournée contre les fumeurs.
14:07Et donc, le fumeur,
14:09je crois qu'il faut faire la même chose pour les consommateurs
14:11de drogue. Je pense que ça passe
14:13par des campagnes que l'État n'a
14:15jamais faites.
14:19J'étais dans des fonctions
14:21qui m'ont permis de discuter de ça.
14:23L'État ne voulait pas mener des campagnes de prévention.
14:25Et pourquoi ?
14:27Au nom de l'argument parfaitement hypocrite,
14:29pour ne pas dire faux cul,
14:31du fait que c'était des produits
14:33interdits. Donc on était en pleine
14:35hypocrisie et tartufferie, puisqu'on
14:37ne pouvait pas faire des campagnes de
14:39prévention contre des produits que beaucoup
14:41consomment et beaucoup trop de personnes consomment.
14:43Il y a une grande hypocrisie là-dessus,
14:45c'est vrai.
14:47Depuis,
14:49on a fait des choses contre les cigarettes.
14:51Depuis 20 ans, 30 ans.
14:53Depuis, il a fallu pas mal de temps.
14:55Même si tu es sur une
14:57terrasse où c'est autorisé, les gens
14:59te disent, vous allez fumer ailleurs.
15:01C'est ça que j'appelle le renversement.
15:03Je suis d'accord avec toi sur l'objectif
15:05et la politique. Mais c'est 20 ans,
15:0730 ans d'effort. Ça ne se fait pas du jour
15:09au lendemain. Mais tu as raison,
15:11il faut,
15:13je pense que l'objectif est bon.
15:15Je ne suis pas sûr qu'il suffira
15:17à renverser.
15:19Vous parliez tout à l'heure de paix sociale dans les prisons.
15:21Je vous rappelle que le trafic de drogue,
15:23c'est à la louche, c'est sûr,
15:253 à 6 milliards.
15:27Ça concerne 240 000 personnes,
15:29notamment dans les quartiers sensibles.
15:31Tant qu'il y aura de la demande,
15:33il y aura une offre.
15:35Tant qu'il y aura de la demande, il y aura une offre.
15:37Et il y aura beaucoup d'argent qui circule.
15:39Les gens qui ne vivront plus de ça,
15:41vous savez très bien qu'il y a
15:43une forme d'achat de la paix sociale.
15:45Quand on vous écoute, on ne peut rien faire.
15:47Je n'ai pas dit ça, mon cher Jean-Claude.
15:49On laisse les choses en état.
15:51Je n'ai pas dit ça.
15:53Bien sûr qu'il y aura des inconvénients.
15:55On va vous mettre ministre, Jean-Claude Dacier.
15:57Bien sûr qu'il y aura des inconvénients.
15:59Ou on décide, ou pas, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle,
16:01de lutter contre aussi,
16:03pas seulement, aussi contre
16:05la consommation excessive
16:07de drogues dures
16:09et avec les résultats
16:11qui seront parfois décevants.
16:13Mais globalement, il y a une politique.
16:15Et tant pis s'il y en a qui,
16:17si les trafiquants de drogues restent sur le bas-côté,
16:19mon Dieu, tant pis, on va s'en remettre.
16:21Là où Stéphanie a raison,
16:23c'est que quand même, l'argent qui circule
16:25par la drogue, ça permet à des
16:27gamins qui sont sortis
16:29de l'école, qui ont 16 ans, 17 ans,
16:31parfois plus jeunes,
16:33de gagner 3-4 000 euros par mois.
16:35Il faut essayer d'arrêter.
16:37Il faut bien mesurer ce que ça représente pour notre société.
16:393-4 000 euros par mois,
16:41c'est pas loin de deux fois plus que le salaire médian.
16:43Philippe,
16:45ce n'est pas trop tard.
16:47On parle souvent de narco-État,
16:49mais c'est vrai qu'il y a vraiment
16:51tout un système qui s'est mis
16:53en place.
16:55Absolument, mais on n'est pas encore narco-État,
16:57parce que narco-État, c'est le moment où les
16:59juges, les policiers, parfois les élus,
17:01commencent à être corrompus par le système.
17:03Vous avez lu le rapport des sénateurs
17:05Blanc et Durin, l'issue de la commission d'enquête ?
17:07On est au moment de bascule, c'est-à-dire qu'on peut aller
17:09vers le narco-État, c'est incontestable.
17:11On n'est pas encore comparable à des
17:13pays qui sont devenus vraiment des narco-États.
17:15Je crois pas.
17:17L'avenir est rayonnant.
17:19C'est vrai que de plus en plus
17:21de corruption, la coopération
17:23internationale aussi, ça vient
17:25de là, parce que c'est sûr que le petit gamin de 13 ans
17:27qui fait conduire la chauve...
17:29D'où le nécessaire politique de fermeté qu'il faut mettre en place,
17:31avec les résultats qui seront sans doute
17:33décevants au début, mais il n'y a
17:35pas d'autre chemin.
17:37Jean-Claude Dacier, beaucoup de magistrats vous
17:39dites que la politique répressive n'a pas
17:41fonctionné jusqu'à présent.
17:43Sur les consommateurs, elle n'a pas fonctionné.
17:45Il faut de la fermeté
17:47contre les trafiquants, ça c'est incontestable,
17:49mais il faudra
17:51aussi développer une politique
17:53éducative et sanitaire
17:55à destination des consommateurs
17:57de drogue, parce qu'encore une fois,
17:59la répression des consommateurs, sauf
18:01aller les chercher chez eux, mais là on bascule
18:03dans une autre société qu'on ne souhaite pas forcément.
18:05Tu lis bien un caractère d'urgence là.
18:07Je suis d'accord encore une fois avec toi
18:09sur la politique qu'il faut mettre en place
18:11et les objectifs. C'est
18:13excellent. Simplement il y en a
18:15pour 15 ou 20 ans.
18:17Là on est sur un caractère d'urgence
18:19où on l'accepte ou on l'accepte pas.
18:21Qu'un gamin à Marseille
18:23à 13 ans ou 14 ans
18:25puisse sans problème aucun
18:27toucher 1 500, 2 000,
18:292 000, 3 000 euros par mois
18:31parce qu'il chauffe et il regarde
18:33et il appelle les flics.
18:35Il faut accepter, il faut savoir ce que
18:37l'on veut quand même. Quand encore
18:39une fois, sur un marché, quel
18:41qu'il soit, tu as une demande
18:43forte et de plus en plus forte,
18:45tu as du mal à
18:47ne pas avoir en face une offre
18:49importante. C'est tout ce que je dis.
18:51C'est totalement déséquilibré aujourd'hui.
18:53Je suis d'accord avec cet aspect
18:55de fermeté. Mais il n'y a pas que les gamins
18:57qui font des chouffes, il y a les gamins qui en consomment.
18:59Par exemple, tu as des gamins
19:01qui sont en échec scolaire
19:03à cause de la consommation de drogue.
19:05Les conséquences, par exemple,
19:07c'est pour ça que l'aspect sanitaire est hyper important.
19:09Là on est plus sur le débat de la dépénalisation que
19:11le débat de la culpabilisation et de la répression.
19:13Je pense que le débat sur la dépénalisation est dépassé
19:15parce que le marché, il y a des spécialistes
19:17qui l'ont expliqué il y a 15 ans peut-être
19:19que ça avait une chance d'obtenir des effets.
19:21Pourtant dans plein de pays, on en est là.
19:23Je ne sais pas si vous êtes retourné aux Etats-Unis
19:25mais c'est assez impressionnant.
19:27Mais le débat est dépassé, je vais vous dire pourquoi
19:29Stéphanie. Parce que le marché de la drogue
19:31est devenu tellement souple
19:33que si vous légalisez
19:35la consommation de cannabis, par exemple,
19:37le marché va proposer du cannabis
19:39plus dangereux et moins cher
19:41que le cannabis qui sera
19:43vendu officiellement dans les pharmacies.
19:45C'est déjà le cas.
19:47Les drogues de moins bonne qualité, de synthèse,
19:49ne sont pas pour le cannabis.
19:51Et donc le débat sur la dépénalisation
19:53ou sur la légalisation est légèrement dépassé.
19:55Maintenant, ce qu'il faut faire, c'est un
19:57truc massif sur l'éducation
19:59des familles quant aux effets de la drogue.
20:01Parce que c'est vrai que le cannabis
20:03ne tue pas, mais il peut faire
20:05des dégâts considérables sur le plan
20:07psychologique, par exemple.
20:09Surtout sur des jeunes qui n'ont pas un cerveau encore formé.
20:11Des effets sur le cerveau
20:13qui sont durables. Et donc tout ça,
20:15les familles ne le savent pas. Et c'est le rôle
20:17de l'État, du ministère de la Santé
20:19de monner ces campagnes. Je ne parle même pas de la cocaïne
20:21ou des drogues de synthèse auxquelles
20:23vous faisiez référence.
20:25Oui, allez-y Jean-Paul.
20:27Je voulais juste ajouter une note encore
20:29un peu plus pessimiste pour faire plaisir
20:31aux auditeurs.
20:33C'est que je
20:35ne m'étonne plus beaucoup
20:37quand j'entends les régimes
20:39autoritaires, que je ne partage pas
20:41et que je n'ai aucune sympathie pour eux,
20:43mais rigoler en voyant
20:45les démocraties se débattre
20:47avec les sujets dont on vient de parler.
20:49En disant le déclin
20:51des pays occidentaux,
20:53le déclin des démocraties.
20:55Mais vous les avez sous les yeux.
20:57Bon,
20:59il faut aussi s'interroger
21:01sur cet aspect.

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