Michel Onfray passe en revue l’actualité de la semaine dans #FaceAMichelOnfray. Présenté par Laurence Ferrari.
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00:00Face à Michel Onfray, sur CNews et sur Europe 1, Michel, on a parlé de la gauche, on a parlé des républicains et de la droite,
00:05parlons maintenant du rassemblement national.
00:07Marine Le Pen est arrivée, le parti de Jean-Anne Barnella et Marine Le Pen est arrivée largement en tête lors de ces élections européennes.
00:13Marine Le Pen est désormais en campagne pour les législatives, elle était en déplacement cette semaine à Nimbaumont.
00:18Elle a promis un gouvernement d'union nationale en cas de victoire, dit-elle, pour sortir la France de l'ornière.
00:24On va l'écouter et je vous passe la parole ensuite.
00:26Nous sommes dans un très bon état d'esprit, vous l'imaginez.
00:31Nous avons la possibilité de gagner ces élections, de faire un gouvernement d'union nationale avec calme et sérénité.
00:39Il faut sortir la France de l'ornière et face à un bloc extrêmement inquiétant, c'est celui de la Nupes 2 qui est pire que la Nupes 1,
00:51j'appelle tous les Français à se mobiliser, à venir nous aider pour le pays, pour envoyer une équipe qui va faire gagner 3 ans à la France.
01:01Voilà pour Marine Le Pen à Nimbaumont. Michel Onfray, un gouvernement d'union nationale, est-ce que c'est possible ?
01:08Non, parce que je pense que les deux opposants, le bloc macronien et le bloc insoumis, ne sont pas pour l'union nationale.
01:16Ils n'aiment pas la France, ils n'aiment pas les Français, ils n'aiment pas les résultats des votes.
01:19Après tout, il y a un résultat de vote, les gens ont voté.
01:22Ils veulent qu'on sorte dessus ?
01:23Ils descendent dans la rue, ils expliquent qu'ils vont mettre le bazar, qu'ils vont mettre le feu, que c'est interdit,
01:28qu'à un moment donné on se dit que vous êtes des démocrates et que vous méprisez le vote des électeurs.
01:32Votez autre chose, votez autrement, évitez les gens qui n'ont pas voté à aller voter pour que vous ayez peut-être une représentativité élargie.
01:40Peut-être d'ailleurs, les gens qui ont compris, moi le premier, qu'il y avait peut-être une possibilité d'être entendus.
01:47Car le problème, c'est que les gens ne sont pas entendus depuis des années.
01:50En 1992, il s'agissait, au moment du traité de Maastricht, de choisir entre une idée et une opposition à cette idée.
01:56L'Europe de Maastricht, ça n'existait pas, ce serait la fin du chômage, de la misère, de la pauvreté, etc.
02:01C'est facile d'embobiner les gens et de leur présenter l'idée comme la bonne idée,
02:06et en face on aurait des nationalistes, d'autant qu'il y avait Jean-Marie Le Pen.
02:09Sa fameuse anti-France, dont les anti-français nous disent qu'ils en sont fiers.
02:12Bon, dont acte, puisque l'anti-France se présente comme l'anti-France, il y aura eux.
02:16Et puis il y aura effectivement une autre anti-France, qui est la France de Maastricht,
02:20en disant, vivement un État fédéral dans lequel Bruxelles pourra piloter tout seul, indépendamment des peuples.
02:25Et puis on aura de l'autre côté, une espèce de vieille France old school, un peu nationale.
02:30Est-ce que Marie Le Pen est capable d'avoir des idées qui ne soient pas indexées sur la perspective de la présidentielle ?
02:36C'est aussi ça. J'ai cru comprendre qu'ils étaient déjà en train d'enterrer le projet qui était le leur d'en finir avec la loi sur les retraites.
02:44Alors on se dit, ça commence déjà le reniement, c'est pas comme on sait que ça commence déjà.
02:47Attendons les programmes.
02:48Non, non, mais moi j'ai lu ça dans Le Monde.
02:50Alors ça, vraiment, si c'est dans Le Monde, c'est vrai.
02:55Donc la chose nous a été dite, ça commence.
02:58Alors bon, on le voit bien, c'est reniement sur toute la ligne.
03:02Ça manque de gaulisme.
03:03Et souvent à Paris, enfin en France c'est souvent Paris, et Paris c'est souvent Saint-Germain-des-Prés, et on a une espèce de...
03:08Pas tout le temps.
03:09Pardon ?
03:10Pas tout le temps.
03:11Pas tout le temps.
03:12Mais enfin oui, vous avez raison.
03:13Mais on a vraiment l'impression qu'un ou deux arrondissements à Paris décident de ce qu'est vraiment le bon goût français,
03:18puis ça se retrouve dans les pages du Monde, dans les pages littéraires, etc.
03:22Et moi je me souviens d'une époque où il y avait cette espèce de vitalité, des glissants, des chats-moiseaux,
03:28de Raphaël Confiant, de toute cette espèce d'école, si je puis dire, mais anti-aise,
03:32où on voyait une autre façon d'habiter la langue française, plus vivante, plus intéressante.
03:36C'est-à-dire qu'à Paris on était centré sur soi-même, sur ses petites histoires,
03:39sur ses petits problèmes personnels, d'égo, de narcissisme et autres.
03:42Donc là-bas ils étaient capables d'avoir quelque chose de vaste, de puissant, etc.
03:46Et on peut imaginer qu'il y a des pays qui peuvent nourrir par leur francophonie, la francophonie française,
03:51qui est en assez mauvais état, je dirais.
03:53Bien sûr.
03:54Parce que nous on n'aime pas beaucoup, enfin ceux qui nous gouvernent n'aiment pas la France,
03:57maltraitent le français, ne font pas ce qu'il faut pour ça.
04:00Donc il y a un moment donné où on devrait pouvoir dire, allons voir,
04:03là où des leçons sont susceptibles d'être données.
04:05Moi qui suis normand depuis mille ans, je dis beaucoup que l'un des plus grands normands
04:09s'appelait Léopold Sedar Senghor.
04:11Parce que venant du Sénégal, il avait écrit un livre sur la normanditude, disait-il, la normandité, etc.
04:18Il a fait des très belles pages pour nous expliquer ce qu'était la Normandie.
04:21Pour moi je dis, j'ai peut-être mille ans de présence en Normandie,
04:23mais pour moi un normand c'est quelqu'un qui aime la Normandie et puis qui y vit.
04:26C'est la même chose pour moi avec un français.
04:28On n'a pas besoin d'avoir des quartiers de noblesse,
04:30on s'en moque éperdument que les gens soient juifs, communistes, musulmans,
04:34de droite, de gauche, blanc, noir, etc.
04:36Un français c'est quelqu'un qui aime la France et qui vit en France
04:38et qui veut contribuer au rayonnement de la France.
04:40Il peut être là depuis six mois, il peut être là depuis mille ans.
04:43La francophonie c'est ça, c'est une langue qui nous permet ce travail-là,
04:46ce travail d'amour de la France, de sa poésie, de sa musique,
04:49y compris le rap dont on dit beaucoup de mal ces temps-ci,
04:51y compris cette façon d'habiter la langue que permettent un certain nombre de rappeurs.
04:55Alors il y a le rap, le slam, qui est une façon de pratiquer un certain type de poésie,
05:00puis après il y a le contenu.
05:02Bien sûr, après il y a les paroles.
05:03On apprécie tous les contenus.
05:04Ça vous plaît aussi, les nouveaux mots du dico,
05:06ceux qui sont rentrés dans le Robert et le Larousse,
05:08avec notamment l'entrée de tiktoker, sapiosexuel, afro-descendant, neuro-atypique.
05:15Il y a beaucoup de nouveaux mots comme ça.
05:17Qu'est-ce que ça dit, en réalité, de l'évolution de notre langage ?
05:22Ça l'enrichit ou ça l'appauvrit pour vous, Michel André ?
05:24Les deux en même temps, parce que je crois qu'un dictionnaire ne grossit pas d'année en année.
05:29Il fait toujours le même poids, le même volume.
05:31Donc il y a des mots qui sortent.
05:32Oui.
05:33Et c'est ça qui serait intéressant, je pense,
05:35de faire aussi une espèce de contre-théorie de ça,
05:37en disant, bon d'accord, sapiosexuel on voit bien,
05:40mais qu'est-ce qui a disparu ?
05:42Quel mot a disparu ?
05:45Je pense que le langage évolue, la vie évolue, la cité évolue, etc.
05:50Il est normal qu'on crée des mots, qu'on les fasse rentrer dans le dictionnaire.
05:54C'est la vie d'une langue.
05:56Mais je pense qu'on gagne en mots d'actualité, ce qui n'est pas terrible,
06:00et on perd probablement en mots de précision.
06:02Il y a probablement des mots très techniques que plus personne n'utilise.
06:05Prenez un livre, par exemple.
06:06Il y a six ou sept mots pour qualifier le dos, la tranche, etc.
06:10Vous prenez un tonneau, c'est la même chose.
06:12La douelle, la bonde, etc.
06:14Les gens savent plus les choses là.
06:16Un tonneau, vous savez vaguement ce que c'est.
06:18Je pense qu'on appauvrit un vieux fond,
06:21et qu'on modernise avec le vocabulaire du jour.
06:25Mais en même temps, ce sont des idées intéressantes.
06:27Les idées qu'une femme puisse être intéressée sexuellement par un homme intelligent,
06:30par exemple.
06:31Il n'y avait pas de mots pour dire ça.
06:33Il y a souvent des contractions de mots aussi.
06:35On met deux mots en un seul.
06:38Sapios sexuel, afrodescendant.
06:40En fait, on contracte.
06:41Oui, mais ça, vous savez, toute l'étymologie, c'est ça.
06:43C'est un mélange de grec, de latin,
06:46et on vous fabrique des mots comme ça.
06:48Aristocratie, par exemple, c'est le pouvoir des meilleurs.
06:51Ce sont deux mots grecs.
06:53On fabrique des collisions.
06:54Aujourd'hui, on fabrique des collisions avec de l'anglais, assez probablement.
06:57Parce qu'évidemment, quand vous avez du grec ou du latin,
07:00c'est qu'il y a eu un empire grec, un empire romain.
07:02C'est qu'il y a eu une puissance grecque hélénistique.
07:04Aujourd'hui, vous avez une puissance anglo-saxonne,
07:05puisque ce sont eux qui font la loi planétaire.
07:07Et je ne pense pas qu'il y ait vraiment beaucoup de mots russes ou chinois, par exemple,
07:10qui entrent dans le dictionnaire.
07:11Mais en revanche, beaucoup de mots qui procèdent du vocabulaire anglo-saxon.
07:14Bon, écoutez, en tout cas, vive la francophonie.
07:16Vive le français.
07:17Cette langue vivante, si belle.
07:18Bien sûr, bien sûr.
07:19À écrire, à parler.
07:20Que vous parlez si bien.
07:21Je crois qu'on écoute maintenant la présidente de l'Assemblée nationale,
07:24Yael Brompillet, qui était notre invitée cette semaine.
07:26Elle estime, elle, que les universités ne sont pas des lieux de militantisme effréné.
07:30On l'écoute.
07:31C'est inacceptable.
07:32C'est inacceptable.
07:33C'est intolérable.
07:34Les universités, les grandes écoles sont des lieux d'apprentissage.
07:39C'est des lieux où l'on forme notre jeunesse.
07:42Et ces lieux ne doivent pas devenir des lieux où, d'une part,
07:48on transforme ces lieux en lieux de militantisme effréné.
07:54Et on voit que l'amphi a été rebaptisé.
07:57Ça, ça n'est pas acceptable.
07:59C'est une évidence que ces lieux, pourtant le sont, des lieux de militantisme effrénés.
08:03Nos universités et nos facs.
08:04Depuis toujours.
08:05L'université s'est fait pour ça.
08:07S'est fait pour porter l'idéologie dominante.
08:08On ne pense pas à l'université.
08:09On reproduit.
08:10C'est-à-dire que, moi, quand j'y étais, c'était l'époque structuraliste.
08:13On n'avait pas intérêt à ne pas être structuraliste.
08:14Il fallait défendre Deleuze, Foucault, etc.
08:17Quattaret, tous ces gens-là.
08:18Et puis moi, j'avais mon vieux maître, Lucien Gerfagnon,
08:20qui disait, pour la bonne vieille méthode érudite,
08:22lisez, travaillez, faites des recherches personnelles,
08:26ne vous occupez pas de tout ça, ça passera.
08:28Il avait bien raison.
08:29Sauf que l'université a été marxiste.
08:31Elle a été lacanienne.
08:32Elle a été structuraliste.
08:33Elle est aujourd'hui wokiste.
08:34Je rappelle quand même que, dans les années 30,
08:36Hitler est au pouvoir en 1933.
08:38Au bac français, on a choisi un texte d'Heidegger, philosophe nazi.
08:42Et c'est Nisan qui dit, peut-être qu'on pourrait trouver un autre philosophe,
08:47de présenter un philosophe nazi, antisémite, au bac de français,
08:51dans les années 30, tout de même.
08:53Est-ce qu'on ne pourrait pas faire les choses autrement ?
08:55Non, je ne suis pas étonné.
08:56Ce sont des endroits de cooptation.
08:57Bourdieu avait fait des belles analyses de tout ça.
08:59Ce sont des endroits de cooptation où on ne coopte pas des gens
09:02qui sont des mavericks, comme on dit,
09:04c'est-à-dire le cheval qui court à côté du troupeau, de la bande.
09:08Non, non, il faut absolument être dans la bande.
09:09Et puis après, ça change.
09:10– Donc de l'embrigadement, c'est ce que vous n'avez pas créé.
09:12– Oui, j'ai eu des profs qui ont été communistes.
09:14Regardez Foucault, il a été communiste.
09:16Après ça, il a été gauchiste.
09:17Après ça, il a été islamo-gauchiste.
09:19Après, il finissait libéral.
09:20Au moment où il est mort, il travaillait avec le MEDEF.
09:22Donc voilà quelqu'un qui a épousé, sans oublier les Solers par exemple,
09:26qui lui aussi a démarré au PC, a été maoïste, a fini chez Baladur,
09:30en passant par la défense du catholicisme.
09:33Toutes ces institutions, elles ne défendent que les pensées dominantes.
09:36Et d'ailleurs, elles criminalisent les pensées qui ne sont pas des pensées dominantes.
09:39Elles interdisent l'université.
09:40Pensez que Camus était prof d'université.
09:42Dès qu'il y a eu une pensée libre, elle ne s'est pas exprimée dans l'université.
09:45Nietzsche n'était pas professeur d'université.
09:47Qu'est-ce que c'est qu'un génocide ?
09:48C'est de dire détruisez-les tous.
09:50Détruisez-les tous.
09:52Israël n'a pas dit détruisez-les tous.
09:54Ce n'est pas compliqué.
09:55Sinon, Israël descendait avec ses avions et bombardait la bande de Gaza du nord au sud.
10:00Et puis, il n'y avait plus personne.
10:01Il n'y avait plus aucun palestinien.
10:03Ça, ça se serait appelé, dans la bande de Gaza, ça se serait appelé un génocide.
10:06Ce n'est pas un génocide que de mener une guerre dans laquelle effectivement, hélas, hélas...
10:10Déclenchée par la masse, on le rappelle.
10:12Mais ça s'appelle une guerre dans laquelle il y a des victimes civiles.
10:15Je rappelle que la totalité des victimes, peut-être moins de deux ou trois personnes,
10:19mais du 7 octobre, c'était des civils.
10:22C'était des gamins, des jeunes, des gens de 20 ans qui s'en vont danser,
10:25qui s'en vont faire la fête, qui boivent un coup.
10:27Et puis, ils ne sont pas des militaires.
10:29Et il y avait même des kiboutz dans lesquels des palestiniens travaillaient.
10:32Ce n'était quand même pas non plus que des colons méchants, etc.
10:35Donc, il y a un moment donné où il faudrait un peu plus de mesures,
10:38un peu plus de sens de l'histoire, un peu moins d'idéologie,
10:40pour faire savoir qu'il est un peu facile, de son fauteuil en France,
10:45de donner des leçons à Israël en disant génocide par-ci, génocide par-là,
10:49quand on n'est pas capable de dire qu'il y a eu un génocide des Vendéens,
10:52dont Robespierre et les siens avaient fait savoir à l'époque
10:54qu'il fallait tous les détruire parce qu'ils étaient Vendéens.
10:57Personne ne dit qu'il faut détruire les palestiniens parce qu'ils sont musulmans,
11:03et détruisez-les tous.
11:04Ça serait véritablement un génocide.
11:06Je parlerais de génocide et je m'opposerais à ce génocide.
11:09Ici, c'est une guerre qui a été déclenchée.
11:11Déclenchée par le Hamas.
11:13On ne peut pas déclencher une guerre, puis après dire
11:15vous êtes méchant dans votre façon de répondre à la guerre que nous avons déclarée.
11:18Ben oui, mais c'est vous qui l'avez déclenchée.
11:20Et je pense d'ailleurs, ça c'est peut-être à mettre au pot commun de la réflexion,
11:25que cette guerre-là, elle a été voulue par le Hamas.
11:29Le Hamas voulait que Netanyahou réagisse comme ça.
11:32C'est un piège.
11:34Et peut-être qu'on pourrait demander à ce que Netanyahou quitte le pouvoir
11:37et que des élections soient organisées pour que les Israéliens choisissent un gouvernement de guerre.
11:41Et pas forcément cet homme qui est jugé parti et qui a des intérêts dans l'aventure.
11:44Il a besoin, lui, que ça continue la guerre.
11:46Je pense que la communauté internationale s'honorerait de dire
11:49on refait des élections pour que vous ayez un chef de guerre.
11:52Et ce chef de guerre, vous allez le choisir.
11:53C'est peut-être pas Netanyahou.
11:55Et si ce chef de guerre, il veut vraiment radicaliser la guerre, il la radicalisera.
11:58Et s'il veut la paix et qu'il a les moyens de la paix, il le fera aussi.
12:01Ça s'appelle la démocratie.
12:02Voilà. On va juste encore évoquer le cas de Marine Le Pen.
12:04Mais alors, côté judiciaire, parce qu'il y a eu cette semaine la fin du procès
12:07dans le cadre des assistants du Parlement européen, qui étaient à l'époque du Front National.
12:12Elle s'est exprimée à l'issue des désutenses.
12:14Ses avocats ont plaidé.
12:16On sait que dans les réquisitions, il y a eu un jugement extrêmement dur demandé,
12:20c'est-à-dire une peine de prison, une amende,
12:23et également une peine d'inéligibilité, je vais y arriver, exécutoire.
12:28Écoutons Marine Le Pen à la sortie de l'audience.
12:31J'ai dit que c'était un procès qui était fait par des politiques,
12:35à des politiques, voire à la politique.
12:40Et je crois que ça a été révélé de manière lumineuse par maître Bousselu.
12:47Voilà pour Marine Le Pen. Est-ce que c'est catastrophique pour vous ?
12:52Ce qui est catastrophique, c'est que la justice ne soit plus juste,
12:55mais qu'elle soit politique, que ce soit une justice idéologique,
12:57parce que ça, c'est ce qui caractérise les régimes totalitaires.
13:00Tout le monde sait qu'à l'époque soviétique, la justice n'était pas neutre.
13:03Tout le monde sait qu'à l'époque nazie, la justice n'était pas neutre.
13:05Tout le monde sait qu'à l'époque de Franco,
13:07quels que soient les régimes autoritaires, de droite, de gauche, d'extrême droite, d'extrême gauche, etc.,
13:11la justice est aux ordres.
13:12Là, on voit bien qu'une certaine justice est aux ordres.
13:15Cette façon de dire, on ne veut pas que le peuple vote pour vous,
13:19et d'une certaine manière, on va se débrouiller pour que vous ne puissiez pas être présente à des élections,
13:23à des élections comme ça, c'est la meilleure façon de faire,
13:25de telle sorte que le peuple ne vote pas pour vous,
13:27c'est gros comme une maison, ça n'abuse personne.
13:29On a vu que d'autres, François Bayrou par exemple,
13:31s'en étaient sortis un peu mieux.
13:33Alors, il ne s'agit pas non plus de dire,
13:35elle a le droit de faire ce qu'elle veut, quand elle veut, comme elle veut.
13:37Elle a fait des choses qui sont répréhensibles d'un point de vue juridique,
13:39donc qu'elle soit jugée.
13:41Je ne suis pas contre la justice, je suis pour une justice juste,
13:43et pas pour une justice politicienne, pour une justice idéologique.
13:46Là, on voit bien que tout est fait, et on aura tout,
13:49je veux dire, d'ici les prochaines élections,
13:51quelles qu'elles soient.
13:53Mais présidentielle, en particulier,
13:55tout sera fait pour la faire tomber,
13:57comme tout avait été fait pour faire tomber Nicolas Sarkozy,
13:59tout avait été fait pour faire tomber François Fillon,
14:01et comme par hasard, rien n'est fait pour faire tomber Jean-Luc Mélenchon.
14:05Et effectivement, il y a dans les textes sacrés,
14:07de quoi faire son marché.
14:09Que ce soit dans la Torah,
14:11l'Ancien Testament ou le Nouveau Testament,
14:13ou dans le Coran, on peut choisir des textes
14:15qui vont nous permettre de défendre une option violente
14:17ou une option pacifiste.
14:19Il y a, dans le Nouveau Testament, des invitations à la violence.
14:23Jésus, avec un fouet qui chasse les marchands du Temple,
14:26ce n'est pas le Jésus qui nous dit qu'il faut tendre notre joue.
14:29Donc il y a eu tout un travail de civilisation,
14:31la civilisation judéo-chrétienne, pour nous faire savoir que,
14:33même s'il y a eu des croisades, etc.,
14:35le Jésus pour tout le monde, c'était le Jésus du pardon des offenses,
14:39c'était le Jésus de l'autre joue tendue.
14:42Il y a dans le Coran, effectivement, matière à un islam de paix,
14:46et de fraternité, et de tolérance.
14:49Et puis, il y a aussi dans l'islam,
14:51nombre de surates et de versets qui sont extrêmement violents,
14:53belliqueux, et qui nous disent, d'ailleurs,
14:55que si l'on est violent et belliqueux, on obtient son paradis.
14:57Ça, c'est problématique.
14:59Parce qu'effectivement, il y a une logique du pardon
15:01dans le christianisme, et il y a une logique de la vengeance
15:03dans l'islam.
15:05Il a été dit, à un moment donné,
15:07qu'il ne pouvait pas être question de crimes d'honneur,
15:09que c'était des crimes de déshonneur.
15:11C'est une formule qu'il dit.
15:14On parlait de crimes d'honneur à propos du jeune Shams El-Din.
15:16Moi, je dis que ce sont des crimes de déshonneur.
15:18Vous n'êtes pas d'accord avec ça ?
15:20Dupond-Moretti a repris votre formule sans dire que...
15:22Non, il a dit « crimes d'horreur »,
15:24qui pour moi ne veut rien dire.
15:26Pour moi, c'est honneur-déshonneur.
15:28Oui, parce qu'il n'y a pas un honneur.
15:30Ça, c'est l'erreur de la Révolution française,
15:32de laisser croire que nous sommes universels.
15:34On est tellement géniaux, nous les Français,
15:36qu'on a dit la vérité pour toujours et pour tout le monde.
15:38Et que nous avons une bonne conception du droit,
15:40de la liberté, du féminisme, etc.
15:42C'est toute cette gauche qui rend possible
15:44les guerres de la Révolution française,
15:46et ensuite le colonialisme et l'universalisme.
15:48Moi, je ne suis pas universaliste.
15:50Je pense qu'il y a un honneur musulman.
15:52Et que les musulmans procèdent
15:54d'une civilisation arabe.
15:56Pour certains, pas tous.
15:58On peut être musulman et ne pas procéder d'une civilisation arabe.
16:00Je renvoie à l'Iran, la Perse.
16:02Ça peut être la même chose en Afghanistan ou au Pakistan.
16:04Nous, on pense trop souvent
16:06que l'islam, c'est finalement l'islam de l'Afrique du Nord
16:08et point la ligne, c'est pas autre chose.
16:10C'est plus compliqué que ça.
16:12Il y a donc une tradition arabo-musulmane
16:14qui fait qu'effectivement, à un moment donné,
16:16au moment de l'Égypte, dans les années 600,
16:18on a une civilisation
16:20qui devient une civilisation islamique.
16:22Mais avant, il y a une civilisation qui est une civilisation arabe.
16:24Qui est une civilisation de tradition chevaleresque.
16:26On a le sens de l'honneur.
16:28Je ne juge pas.
16:30Il y a ceux qui nous disent que l'islam, c'est tellement formidable.
16:32Il y a des gens qui nous disent que l'islam, c'est une telle catastrophe.
16:34Le philosophe dit, mais c'est quoi exactement l'islam ?
16:36Est-ce qu'on peut s'entendre ?
16:38Est-ce que l'islam, c'est ce que signifie l'honneur ?
16:40Il y a une conception de l'honneur arabo-musulmane.
16:42Qui n'est pas la conception de l'honneur judéo-chrétienne ?
16:44La nôtre.
16:46Parlons quand même des traditions chrétiennes.
16:48On est à quelques jours de Noël
16:50et il y a de nombreuses mairies
16:52qui sont encore l'objet de recours juridiques
16:54après l'installation de crèches
16:56ou dans les mairies ou juste à proximité.
16:58Je pense notamment à Robert Ménard à Béziers
17:00qui, chaque année, installe cette crèche
17:02parce qu'il y a des milliers d'habitants
17:04de sa commune qui viennent visiter
17:06cette crèche de la nativité
17:08quelle que soit leur religion
17:10parce que c'est important.
17:12Est-ce qu'il y a un acharnement à lutter
17:14contre les symboles chrétiens aujourd'hui dans notre pays ?
17:16Évidemment. De la part de militants
17:18qui sont minoritaires.
17:20J'ai plein d'amis athées
17:22qui ne croient évidemment pas en Dieu
17:24mais qui, ayant des petits-enfants, par exemple,
17:26peuvent faire un sapin,
17:28mettre des boules, faire une crèche, etc.
17:30en disant que c'est culturel.
17:32C'est cultuel mais c'est aussi culturel.
17:34Il y a tous ceux qui nous disent, y compris Jacques Chirac,
17:36qu'il n'y a pas de racines judéo-chrétiennes
17:38à la France.
17:40Ce sont des gens qui vont dans ce sens-là.
17:42Le pape a dit des choses intéressantes
17:44en dehors de la démographie.
17:46Il a parlé d'une redéfinition de la laïcité.
17:48C'est très intéressant.
17:50J'ai oublié de vous interroger là-dessus.
17:52Il dit qu'il ne faut pas opposer
17:54la culture chrétienne à la culture laïque.
17:56Je trouve intéressant
17:58qu'on puisse dire que ça se repense un concept.
18:00J'ai fait ma thèse
18:02avec une professeure de philosophie juridique,
18:04Mme Gueillard.
18:06On a travaillé la question de la philosophie politique et juridique.
18:08Elle avait une espèce de religion de la loi.
18:10Je lui disais toujours que j'avais la religion du peuple.
18:12La loi, c'est le peuple.
18:14La loi, elle se défait.
18:16Jadis, on envoyait sous la guillotine
18:18les femmes qui étaient des avorteuses.
18:20Aujourd'hui, on rembourse
18:22l'avortement
18:24avec la sécurité sociale.
18:26Il s'est passé des choses entre deux.
18:28Heureusement qu'on a touché à cette loi
18:30donc on doit pouvoir aujourd'hui toucher à des lois.
18:32Quand on dit, 1905, la séparation
18:34des églises et de l'Etat,
18:36on dit, oui, 1905.
18:38Combien y avait-il de musulmans ?
18:40Combien de mosquées en France ?
18:42Il y a à réfléchir sur ce concept.
18:44Il est ancien, mais il faut le penser
18:46de manière nouvelle.
18:48On a toujours la laïcité très étroite.
18:50Aucun signe. Là, ça devient problématique.
18:52Je ne veux pas que, par exemple,
18:54on puisse ne pas porter la kippa en France.
18:56D'une certaine manière, le voile, c'est la même chose.
18:58Ce qui est important, c'est ce qu'on a dans la tête.
19:00Ce n'est pas ce qu'on a sur la tête.
19:02Je connais des femmes qui portent le voile,
19:04qui ont une tête bien faite, intelligente,
19:06républicaine et française,
19:08et d'autres qui ne portent pas le voile,
19:10d'abord parce qu'ils sont des garçons,
19:12et qui sont des gens qui détestent la France,
19:14la République, etc.
19:16Si on veut pacifier, il faut que la laïcité
19:18soit repensée.
19:20Repensée à partir des étymologies,
19:22de l'histoire, de l'évolution
19:24de la France, pour faire de telle sorte
19:26que ce ne soit pas oui à tout
19:28ou non à tout.
19:30La République n'est pas en péril
19:32quand on a installé une crèche dans une mairie,
19:34et par ailleurs,
19:36si un maire a envie de fêter la rupture du Ramadan,
19:38il peut le faire.
19:40Quand le président de la République a allumé la bougie de Ranouka
19:42à l'Elysée, il y a des gens qui disent
19:44que ce n'est pas le lieu, etc.
19:46Si, ça peut être le lieu.
19:48Quand les communautés sont diverses et multiples en France,
19:50un chef de l'État, c'est quelqu'un qui doit les respecter tous,
19:52et qui peut aussi les honorer tous,
19:54mais toutes. Ce n'est pas celui qui, par exemple,
19:56dit, moi, je vais transgresser la loi millénaire
19:58qui permet et qui interdit, par exemple,
20:00à un roi ou un chef d'État d'aller parler
20:02dans l'enceinte de Notre-Dame.
20:04Vous voyez ce que je veux dire ?
20:06Un tout petit mot quand même de la visite du pape François en Corse.
20:08Ça a été un événement assez exceptionnel,
20:10une grande liesse, une grande joie
20:12partagée par les Corses, parce que
20:14c'était une visite placée sous le signe de la piété populaire.
20:16Il a évoqué un certain nombre de choses.
20:18Le pape, on va d'abord l'écouter,
20:20parlait des enfants. Il a été très surpris
20:22de voir qu'il y ait autant d'enfants autour de lui.
20:24Écoutez ce qu'il en a dit.
20:28Je voudrais souligner une chose.
20:32Avez-vous vu le nombre d'enfants en Corse ?
20:36C'est une terre qui fait des enfants.
20:40Pensez à d'autres voyages où vous ne les avez pas vus.
20:44Que ce soit au Timor-Oriental
20:46ou ici, j'ai été heureux
20:48de voir un peuple qui fait des enfants.
20:50C'est l'avenir.
20:54Et je vous remercie beaucoup pour votre travail.
20:56Merci.
21:00Voilà pour le pape. Dans l'avion de retour,
21:02c'était Ercorsica qui l'a ramené jusqu'à Rome.
21:04Il a dit,
21:06il souligne la vitalité démographique
21:08de la Corse, parce qu'il sait bien
21:10que le grand enjeu des pays occidentaux
21:12c'est la chute de la natalité.
21:14Il a parlé aussi beaucoup des aînés.
21:16Il a dit, occupez-vous de vos aînés,
21:18c'est la sagesse du peuple. Vous êtes d'accord avec ces notions ?
21:20Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le fait
21:22de faire des enfants. Je ne pense pas qu'il en ait fait beaucoup.
21:28C'est la théorie du célibat qu'il faut poser aussi.
21:32Jésus n'a jamais invité à être célibataire.
21:34C'est Saint Paul qui l'a invité.
21:36Mais là, sur la question de la natalité.
21:38S'il veut qu'on fasse des enfants, il faudrait peut-être qu'il s'en occupe autrement.
21:42En Israël, il y a une dizaine de jours,
21:44eux aussi font beaucoup d'enfants.
21:46Un peuple qui croit à son identité fait des enfants.
21:48Il croit à son identité, donc il croit à son futur.
21:50Je parle du peuple corse.
21:52Il pense à son avenir, il croit à son avenir.
21:54Il sait qu'il a un passé.
21:56Il y a une tradition forte en Corse.
21:58On le sait, des traditions.
22:00Des traditions culturelles, linguistiques, culinaires.
22:02Des traditions littéraires.
22:04Il y a un droit.
22:06Un vieux droit.
22:08Le droit de la Vendetta.
22:10Il y a une identité corse, c'est évident.
22:12Il y a une fierté.
22:14Ils ont bien raison.
22:16Comme les bretons ont raison d'être fiers.
22:18Comme les normandes n'ont pas raison de ne pas l'être.
22:20Comme les gens de Savoyard.
22:26Il a raison sur cette question de faire des enfants.
22:28C'est une question de démographie.
22:30Elle a bien été abordée par Pierre Chaunut.
22:32Démographe et historien important de Caen.
22:34Qui a travaillé, qui vivait à Caen.
22:36Qui connaît bien son fils Emmanuel,
22:38qui est un dessinateur aujourd'hui.
22:40Il a abordé cette question de la démographie.
22:42Et le pape a raison d'aborder la question de la démographie
22:44de cette manière-là.
22:46En disant, si vous faites des enfants,
22:48c'est que vous avez une santé identitaire.
22:50Faire des enfants, c'est manifester une santé identitaire.
22:52Sur la question des anciens, il a raison.
22:54Il leur appelle une évidence.
22:56Occupez-vous de vos anciens.
22:58Ne les abandonnez pas dans les épaves.
23:00J'ai connu une époque, quand j'étais enfant,
23:02où les parents âgés, enfin pas forcément âgés,
23:04mais malades, on pouvait être plus facilement malade rapidement.
23:06Vers la soixantaine, on était une vieille personne.
23:08Et on était chez les enfants, pour le meilleur et pour le pire.
23:10Les parents, ils étaient dans les maisons familiales.
23:14Aujourd'hui, ils sont dans des usines à crever,
23:16comme disait Tachan,
23:18qui était un chanteur que j'aimais beaucoup.
23:20C'est terrible.
23:22Après, Michel, on sait aussi que le grand âge
23:24pose d'autres questions, aussi,
23:26sur le long terme, aux familles.
23:28L'espérance de vie s'allonge.
23:30Et le grand âge,
23:32et les maladies,
23:34notamment de démence sénile,
23:36posent des vrais problèmes aussi aux familles.
23:38On a envoyé Pépère et ma mère à l'EHPAD,
23:40et ils sont prontes aussi à lécher le notaire
23:42rapidement quand l'héritage est là.
23:44C'est pas antinomique, oui.
23:46C'est même plutôt que ça fonctionne,
23:48si on se débarrasse des personnes âgées rapidement,
23:50en se disant, bon, ça ira, on ira la voir de temps en temps.
23:52Mais quand même, le jour où il y a la mort,
23:54alors là, pour le coup, aux notaires,
23:56on pose des bonnes questions, en disant,
23:58bon, finalement, il y a eu combien dans le coffre ?
24:00Donc, il y a des droits et pas de devoirs.
24:02Il y a le droit d'hériter des grands-parents ou des parents,
24:04et de s'occuper de ses parents.
24:06Moi, ma mère vient d'avoir 90 ans, le 1er novembre.
24:08Et on l'embrasse.
24:10Oui, puis elle nous regarde.
24:12Mais j'ai plaisir, moi, à honorer mon père et ma mère,
24:14comme on disait jadis, et comme on nous apprenait à le faire.
24:16Et donc, on ne le fait plus, aujourd'hui.
24:18On a fait la visite à ses parents,
24:20puis on dit, ben, il ne me reconnaît pas, ou je ne sais pas quoi.
24:22Mais personne n'envisage de garder les anciens à la maison.
24:24En France, c'est vrai.
24:26C'est plus frais en Italie, en Espagne,
24:28au Portugal, en ce moment, pour les anciens.
24:30Tradition méditerranéenne.
24:32Les Arabes sont islamiques et musulmanes.
24:34C'est une tradition
24:36où on ne s'occupe pas de ses parents.
24:38Et puis, on honore ses parents.
24:40Alors, vous avez été choqué, Michel,
24:42par des photos de Madonna
24:44et du Pape, François.
24:46Des photos fabriquées par l'intelligence artificielle.
24:48On va quand même le noter.
24:50Parce que la star de la pop
24:52s'est amusée, avec l'intelligence artificielle,
24:54à inventer des clichés
24:56du Pape collé-serré contre elle.
24:58Ça vous a choqué ?
25:00C'est la reine de la provoque.
25:02Non, ce n'est pas choqué.
25:04Je ne vous aurais pas repris sur le mot.
25:06Allez-y, reprenez-moi.
25:08Non, ça ne m'a pas choqué.
25:10Ça m'a interpellé d'un point de vue intellectuel.
25:12En me disant qu'on ne croira plus les images.
25:14Maintenant, c'est clair.
25:16On peut fabriquer les images qu'on veut.
25:18D'ailleurs, j'ai un livre à paraitre,
25:20et on m'a dit que ça faisait longtemps
25:22que je ne m'étais pas fait photographier.
25:24On a pris un contact avec une photographe
25:26qui m'a photographié.
25:28On vous a retouché ?
25:30Oui.
25:32Je n'ai pas consenti au fait qu'on me retouche.
25:34J'ai dit non, c'est moi.
25:36Elle m'a dit que c'était les petits poils.
25:38Je lui ai dit que c'était parce que je me suis mal rasé.
25:40Mais ceci dit, pour le reste,
25:42on va pas faire semblant.
25:44J'ai la tête que j'ai.
25:46Donc, ce n'est pas la vérité.
25:48Une photo retouchée aujourd'hui,
25:50vous me parlez à vous qui êtes patronne de presse,
25:52mais vous savez bien,
25:54nombre de photos sont retouchées.
25:56Ça veut dire que la post-vérité
25:58dont nous parlons en philosophie,
26:00Nietzsche, la post-vérité, etc.,
26:02ça paraît compliqué.
26:04On pourrait faire une petite dissertation
26:06sur l'origine philosophique de la post-vérité.
26:08Sauf que la réalité, c'est ça.
26:10C'est-à-dire que, c'est un peu trivial,
26:12mais elle est quasiment en train de faire
26:14un french kiss au pape,
26:16cette dame avec une photo qui est
26:18d'une saisissante de vérité ou de réalité.
26:20C'est vieux.
26:22Quand le communisme estimait
26:24qu'il n'y avait plus rien sur les photos,
26:26c'était un vieux travail de photographe.
26:28Au moment où on faisait les tirages,
26:30on effaçait et il n'y avait plus rien.
26:32C'est vieux, cette histoire.
26:34C'est même vieux quand on repeint,
26:36on fait des repentirs, des braguetonets,
26:38en face de ceux qui faisaient des braguettes,
26:40par exemple, à Adam, qui était tout nu,
26:42on se dit, cachez-moi ce sexe que je ne saurais voir.
26:44Il y avait des peintres dont le boulot
26:46consistait à faire passer une feuille,
26:48comme par hasard, juste au bon endroit.
26:50L'idée de cacher la réalité parce qu'elle est choquante
26:52ou de critiquer une réalité,
26:54parce qu'elle se bat, cette femme,
26:56contre la politique du corps,
26:58disons-le comme ça, ou sexuelle,
27:00de l'Église, en disant,
27:02je fais une provocation.
27:04C'est toujours le problème que j'ai
27:06avec le fait de blesser des gens,
27:08le fameux droit au blasphème.
27:10Je suis pour le droit au blasphème,
27:12mais pour le devoir de ne pas en user.
27:14On peut blesser des gens, des croyants.
27:16J'ai pu blesser des croyants en écrivant
27:18ma théorie de Jésus,
27:20ma théologie, mais je ne savais pas
27:22qu'on pouvait blesser des gens en mettant en doute
27:24en disant que Jésus n'avait pas existé
27:26historiquement, mais qu'il était le produit
27:28d'un assemblage textuel
27:30à partir de l'Ancien Testament.
27:32Mais je n'ai pas fait des choses volontairement
27:34pour blesser. Et je pense qu'aujourd'hui
27:36on peut faire des photos comme celle-ci pour nuire.
27:38Et c'est ça qui est le plus problématique.
27:40C'est-à-dire que vous faites se rencontrer des gens en disant
27:42vous avez vu telle personne politique,
27:44elle serrait la main de Bachar el-Assad.
27:46C'est vrai, c'est pas vrai,
27:48c'est peut-être vrai, mais ça peut être aussi fou.
27:50Et ça va très vite une photo.
27:52Est-ce que vous pensez que l'intelligence artificielle peut prendre le contrôle
27:54de l'humanité ?
27:56Elle le prendra. C'est évident.
27:58Et tous ceux qui aujourd'hui nous disent
28:00non, elle ne peut pas faire ceci, elle ne peut pas faire cela.
28:02Je dis souvent que le premier qui traverse
28:04l'Atlantique ou qui traverse la Manche
28:06en avion avec du balsin, avec des choses comme ça,
28:08Blériot et autres, ce sont des gens
28:10qui sont séparés de 60 ans
28:12du vol du Concorde.
28:14C'est-à-dire d'un vol supersonique
28:16qui permet d'emmener, de faire un vol commercial.
28:18Donc, 60 ans, c'est pas grand-chose.
28:20Et là, ça s'accélère.
28:22Quand il y aura 60 ans d'intelligence artificielle, vous verrez ce qu'elle sera capable de faire,
28:24l'intelligence artificielle, parce qu'elle se nourrit d'elle-même.
28:26Donc, moins les gens connaissent,
28:28moins elle est puissante, plus ils connaissent,
28:30plus ils l'utilisent, plus ils l'utilisent, plus elle est puissante,
28:32puis on aura des calculs, des ordinateurs quantiques
28:34ou des choses comme ça, qui font que ça pensera aussi vite
28:36qu'un humain, ce genre de machine.
28:38C'est vertigineux.
28:40Quand on dira que cette machine pense par toi-même,
28:42vous savez, le balai qui finit par fonctionner tout seul,
28:44eh bien, il y a un moment donné
28:46où on ne pourra plus retenir tout ça.
28:48Parce qu'il y a du bien, il y a du mal dans cette intelligence artificielle.
28:50Elle est capable de faire des choses extraordinaires.
28:52Elle peut calculer des planètes et découvrir des planètes.
28:54Elle peut faire des diagnostics médicaux
28:56et les faire beaucoup mieux que les 100 meilleurs médecins français
28:58ou planétaires, par exemple.
29:00Elle peut trouver des choses.
29:02Elle peut trouver des molécules.
29:04Elle peut, à partir de l'ensemble des molécules
29:06qui existent, inventer des médicaments
29:08que les humains n'auront pas trouvés.
29:10C'est formidable.
29:12Mais si ça n'est pas soutenu par la morale,
29:14c'est comme toujours.
29:16C'est la fameuse science sans conscience n'est que ruine de l'âme,
29:18disait Rabelais.
29:20Une science sans conscience, c'est la ruine de l'âme.
29:22S'il vous dit que l'intelligence artificielle, c'est formidable,
29:24s'il n'y a pas d'éthique derrière,
29:26eh bien, ça va être la pire des choses.
29:28Et il y a des éthiques qui sont sans effet
29:30sur un certain nombre d'esprits sataniques.
29:32Donald Trump, ça ne vous a pas échappé,
29:34a donc été élu 47e président des Etats-Unis,
29:36déjouant tous les pronostics.
29:38On va y revenir.
29:40Il a été élu sur trois idées très simples.
29:421. Rendre sa grandeur à l'Amérique.
29:442. Redonner du pouvoir d'achat à ses concitoyens.
29:463. Contrôler les frontières des Etats-Unis.
29:48On va juste l'écouter.
29:50Remercier ses électeurs.
29:52Affirmer que c'est un mouvement de fond
29:54qui l'a porté au pouvoir.
29:56Et puis, je vous passe la parole.
29:58D'abord, Donald Trump.
30:00Et je pense qu'on peut dire que c'est le plus grand
30:02mouvement politique qui n'ait jamais existé
30:04dans notre pays, et même au-delà.
30:07Nous arrivons à un nouveau niveau
30:09de notre mouvement politique.
30:13Car nous allons aider notre pays,
30:15car il a besoin d'aide.
30:21Nous allons nous occuper de la frontière.
30:29Nous avons écrit l'histoire cette nuit.
30:31Voilà pour Donald Trump, Michel Onfray.
30:33Comment est-ce que vous analysez
30:35la victoire de Donald Trump ?
30:37C'est la victoire d'un souverainiste
30:39contre les mondialistes.
30:41Je pense toujours qu'on peut réfléchir
30:43en termes de droite et de gauche,
30:45parce qu'il y a une droite souverainiste
30:47et une droite mondialiste,
30:49une gauche souverainiste et une gauche mondialiste.
30:51Et lui, effectivement, il est là en train de nous dire
30:53« America first, l'Amérique d'abord,
30:55les Américains d'abord ».
30:57Je trouve qu'il a entièrement raison.
30:59Le chef d'Etat est fait pour cheffer un Etat
31:01quand il reste un Etat.
31:03C'est très exactement le contraire.
31:05En France, c'est l'Europe d'abord,
31:07la France après s'il en reste,
31:09et puis sûrement pas les Français,
31:11dont je n'ai pas l'intention de m'occuper.
31:13« Je m'occupe de l'Europe »,
31:15nous dit Emmanuel Macron.
31:17Je suis là pour défendre les Américains
31:19et les Américains qui souffrent.
31:21Effectivement, il défend cette idée
31:23qu'on doit pouvoir disposer de frontières
31:25pour pouvoir contrôler.
31:27Il ne dit pas qu'on ne veut pas d'étrangers,
31:29qu'on ne veut pas d'immigrants.
31:31Il fait juste l'éloge de la légalité.
31:33Évidemment, quand le Parti communiste
31:35dit qu'il est fasciste,
31:37quand le Médiapart dit qu'il est fasciste...
31:39– L'Humanité avait fait ça, une.
31:41– Ils connaissent le fascisme.
31:43Quand le fascisme est rouge, ils adorent.
31:45Mais ce fascisme-là, ils le fantasment.
31:47Parce que finalement, il a été quatre ans au pouvoir,
31:49que je sache. Donc on ne va pas dire
31:51« il sera », il n'a pas été.
31:53Je ne vois pas pourquoi quelqu'un aurait...
31:55Le général de Gaulle m'aurait attendu
31:57quatre années au pouvoir pour devenir fasciste
31:59en étant réélu.
32:01– Il y a eu l'assaut du Capitole,
32:03qui a quand même posé un certain nombre de questions.
32:05– Non, ça aussi, c'est une lecture qui est faite
32:07et il a laissé faire.
32:09Et puis les portes ont été ouvertes.
32:11Il y a des gens qui étaient consentants à tout ça.
32:13Alors évidemment, la théorie du « c'était un coup d'État »,
32:15« il a voulu mettre par terre l'État de droit »,
32:17tout ça, c'est le narratif, comme on dit désormais,
32:19des mondialistes qui veulent absolument
32:21qu'il soit d'extrême droite, qu'il soit fasciste,
32:23qu'il soit homophobe, qu'il ait l'intention
32:25de reprendre les déportations.
32:27– En parlant de migrants, bien sûr.
32:29– Les déportations, on parlait des rafles.
32:31J'ai dit, mais voilà, ça y est, c'est reparti.
32:33– Même lexique, c'est le champ lexical qu'on connaît.
32:35– Mais bien sûr, c'est-à-dire que c'est la même chose en France.
32:37On connaît exactement les mêmes problèmes avec la France.
32:39Moi, je pense que ce sont les chefs d'État
32:41qui ne disent pas « mon peuple d'abord »,
32:43qui devraient aller en haut de cour de justice.
32:45Je ne parle pas de la suite,
32:47mais qui devraient aller en haut de cour de justice
32:49parce qu'on devrait leur dire,
32:51« mais vous avez des comptes à rendre,
32:53vous avez été élu par le peuple, pour le peuple
32:55et normalement la souveraineté nationale, c'est vous.
32:57Donc vous n'allez pas demander au peuple
32:59qu'il vous mette à cette place.
33:01Une fois que vous êtes à cette place,
33:03faire de telle sorte que le peuple, vous allez le mettre à la poubelle.
33:05Genre, je ne parle même pas de 1992,
33:07on n'a pas le temps pour que je puisse défendre ma tête sur Maastricht,
33:09mais 2005, 2008…
33:11– On la connaît.
33:13– Oui, et donc cette façon de mépriser le peuple,
33:15on l'a vu avec tous ces…
33:17C'est la revanche des sans-dents, et c'est formidable,
33:19j'adore le sourire des sans-dents.
33:21– Et des gilets jaunes, des gilets jaunes américains, en quelque sorte.
33:23– Vous savez bien qu'il y avait quand même…
33:25Les journalistes sont des faiseurs d'opinion, vous savez bien.
33:27Enfin, pas forcément… – Ils l'étaient.
33:29– Non, non, non, aux États-Unis…
33:31– Ils sont trompés complètement aux États-Unis.
33:33Et ici, alors, je ne vous parle pas de la France.
33:35– Oui, comment finalement l'humanité nous dit des choses
33:37qui ne sont évidemment pas ce que dit Libération,
33:39encore que ce que dit, disons, le Figaro, etc.
33:41Mais finalement, au bout du compte,
33:43ils nous disent tous de voter Macron.
33:45Donc en fait, ils sont en train de formater une opinion,
33:47ils font semblant de dire qu'on est très opposés.
33:49Vous voyez comment Mélenchon embrasse quasiment sur la bouche
33:51ce qu'il raconte à Marseille.
33:53Finalement, Mélenchon défend les thèses du patronat français sur l'immigration.
33:57Enfin bon, tout ce monde-là s'entend très bien.
33:59Et d'un seul coup, vous avez un Trump qui dit
34:01« Mais moi, je mets un coup de pied dans tout ça ».
34:03Tous ces gens qui sont tellement respectueux du climat,
34:05des COP, etc., qu'ils voyagent en jet privé
34:07pour aller d'une capitale européenne
34:09à une autre capitale pour aller dans leur maison privée
34:11de je ne sais pas quoi, de Rome,
34:13avant de repartir à Tokyo,
34:15tout ça avec leur avion privé,
34:17en défendant évidemment les thèses écologiques.
34:19Le français, enfin l'Américain moyen,
34:21à qui on dit « Arrêtez de polluer
34:23avec votre 4x4 bruyant
34:25et votre diesel »
34:27pendant que ces gens-là font le tour du monde
34:29avec des yachts, des avions privés, etc.
34:31Donc à un moment, on dit « On en a marre
34:33de votre insolence, de votre arrogance,
34:35de votre suffisance ».
34:37Je veux juste dire qu'effectivement,
34:39les journalistes fabriquent l'opinion,
34:41les sondages fabriquent l'opinion aussi.
34:43C'est touche-touche, c'est vraiment coude-à-coude.
34:45Mais en même temps, vous avez deux ou trois points
34:47qui permettent de dire « C'est un peu au-dessus, un peu en-dessous ».
34:49Si vous dites « C'est touche-touche, deux en plus,
34:51deux en moins, deux en plus, deux en moins »,
34:53ça fait quatre points d'écart. Vous avez toujours raison,
34:55c'est obligatoire. Et puis vous avez un raz-de-marée.
34:57Obama nous a dit
34:59« On va mettre un temps fou
35:01pour compter les résultats, ça va être difficile ».
35:03Très serré, très très serré.
35:05Donc évidemment, ça permet de retrouver
35:07quelques urnes perdues, de faire de telle sorte
35:09que tiens, d'un seul coup, il y avait une urne républicaine
35:11et elle est devenue une urne démocrate.
35:13Et puis ces fameuses machines, appuyées sur un bouton,
35:15vous ne savez pas où ça part, puis après vous dites
35:17« Voilà, vote démocrate ».
35:19C'est drôle, j'avais appuyé républicain.
35:21Donc toute cette propagande qui a été faite par les Obama,
35:23les Clinton, les Biden,
35:25Kamala Harris, tout ça, c'est un monde
35:27qui méprise le peuple. Et le peuple dit
35:29« Eh ben non, nous on veut celui-là ».
35:31Alors il a des qualités, des défauts,
35:33on est au courant.
35:35Mais c'est quelqu'un qui dit « Je vais
35:37mettre des frontières, je vais vous protéger,
35:39on va penser à vous ».
35:41Et puis c'est surtout un anti-wokiste.
35:43On y arrive. J'aimerais juste qu'on reparle
35:45de cette révolte du peuple.
35:47Est-ce que vous analysez cette victoire de Trump
35:49comme telle, comme une révolte du peuple
35:51contre les élites ? On va juste écouter quelques Français
35:53interrogés cette semaine par nos équipes.
35:55On leur a posé cette question simple.
35:57S'agit-il selon vous d'une révolte populaire
35:59et démocratique contre les élites ?
36:01Écoutez leur réponse sur CNews et Europe 1.
36:05Je le comprends, oui, tout à fait.
36:07Les inégalités se creusent
36:09entre le monde élitiste
36:11et le peuple. On a le même problème
36:13mais à beaucoup moins grande échelle.
36:15Nous, les élites,
36:17nous sommes trop déconnectés de la réalité du terrain.
36:19Je ne suis pas très Trump,
36:21même pas du tout.
36:23Il a parlé
36:25correctement aux Américains, tout simplement.
36:27C'est ce qu'ils voulaient entendre.
36:29C'est le nationalisme,
36:31le pays avant tout.
36:33Les élites vivent, je pense, dans un monde qui leur est propre.
36:35Un monde où l'argent
36:37ne compte pas. Alors qu'aujourd'hui,
36:39les peuples
36:41des démocraties
36:43sont beaucoup touchés par la crise.
36:45Je pense qu'en fait,
36:47l'argent compte beaucoup pour eux.
36:49Qui parle à une autre Amérique, celle qui travaille,
36:51c'est un peu au fond l'Amérique des gilets jaunes.
36:53Et ça, on peut comprendre ici.
36:55Bien sûr, le personnage peut des fois
36:57laisser à désirer, mais il parle aux gens
36:59simple et ça, ça parle.
37:01C'est intéressant ce que disent les Français.
37:03Ils ont tout compris, comme toujours.
37:05Pas forcément les Français, ce que vous avez choisi sur un trottoir.
37:07Je suis d'accord avec ce que ce monsieur dit, bien sûr.
37:09C'est le président des gilets jaunes.
37:11Le problème des gilets jaunes, c'est qu'ils se sont fait avoir
37:13avec Mélenchon, la CGT, le PC,
37:15etc., qui ont récupéré cette colère
37:17qui était une colère de Girondines,
37:19c'est-à-dire en province. C'était sur les ronds-points
37:21des villes ou des sous-préfectures de province.
37:23Et puis d'un seul coup, Mélenchon, qui avait commencé par cracher dessus,
37:25avec Coquerel dans la salle des
37:27quatre colonnes, ils se sont dit, oh là là,
37:29il y a quelque chose à récupérer ici. Allons-y. Allons maintenant
37:31derrière les gilets jaunes. Ils ont tué les gilets jaunes.
37:33Ils ont détruit les gilets jaunes. Mais c'est une voie qui est restée là.
37:35C'est une voie qui est restée en travers de la Gorges, si je puis me permettre l'expression,
37:37avec les gilets jaunes.
37:39Et il manque en France quelqu'un qui pourrait
37:41donner de la force, de la puissance
37:43à cette voie.
37:45Il n'y a pas de Trump français, Michel Onfray.
37:47Non. Personne n'est comparable à Donald Trump.
37:49Non. C'est pour ça qu'on a cherché,
37:51on a dit, dans l'invective,
37:53dans la grossièreté, il fait songer
37:55à Jean-Luc Mélenchon, dont on dirait, mais non,
37:57plutôt à Jean-Marie Le Pen, mais non, c'est plutôt...
37:59Je pense que tous ces gens-là,
38:01Marine Le Pen et Mélenchon compris, sont des gens
38:03qui veulent rester dans la configuration européenne.
38:05Donc si vous restez dans la configuration européenne,
38:07vous n'avez pas le choix d'obéir
38:09à la nation française
38:11ou au peuple souverain. Vous obéissez
38:13à ce que l'Europe vous propose.
38:15Donc il faudrait quelqu'un qui dise,
38:17les Français d'abord, j'en entends aucun le dire,
38:19et qui nous dise, on va
38:21faire une politique qui sera prioritaire
38:23pour les Français. On va aider
38:25les Français, aimer les Français, c'est le peuple français.
38:27Et puis après, si d'autres veulent venir
38:29de partout de la planète, c'est leur affaire, mais peut-être qu'on leur dira
38:31que ce n'est pas forcément l'hôtel, obligatoirement.
38:33Et là, je ne vois personne, dans les grands
38:35candidats susceptibles, mais c'est peut-être
38:37l'heure pour que quelqu'un...
38:39Quelqu'un se lève. Un tout petit mot
38:41sur le célèbre politologue américain
38:43Francis Fukuyama, qui a récemment
38:45exprimé que l'élection
38:47de Donald Trump, c'était le rejet décisif
38:49du libéralisme. C'est à peu près
38:51l'inverse de ce qu'il a dit depuis 20 ans.
38:53Formidable. Et ça, j'ai adoré ça, c'est ce matin,
38:55dans Figaro, qui reprend
38:57ces thèses qui ont été données dans un
38:59journal aux Etats-Unis.
39:01Et en deux mots, Francis Fukuyama,
39:03c'est quelqu'un qui nous disait qu'après la chute du mur
39:05de Berlin, le libéralisme allait triompher,
39:07que rien n'allait s'opposer au triomphe planétaire
39:09du libéralisme. Et vous aviez en face
39:11de lui Samuel Huntington, qui avait un livre,
39:13ça s'appelait La fin de l'histoire et le dernier homme, pour Fukuyama.
39:15Et pour Samuel Huntington,
39:17il y avait un autre livre qui était Le choc des civilisations.
39:19Et Huntington, lui, disait
39:21non, il y a des blocs de civilisation qui sont des blocs
39:23spirituels et religieux. Et de fait,
39:25si vous mettez de côté
39:27tout ce qui est religieux, vous ne comprenez
39:29pas grand-chose à la géopolitique.
39:31C'est-à-dire, la Chine est confucéenne,
39:33l'Inde est hindouiste, l'Europe est judéo-chrétienne,
39:35mais même dans l'Europe judéo-chrétienne, vous avez
39:37des catholiques, mais vous avez des protestants,
39:39vous avez aussi des chrétiens orthodoxes,
39:41et ce qu'il se passe en Ukraine avec la Russie a à voir
39:43également avec les conciles théologiques
39:45que les gens ne connaissent pas, mais pendant dix siècles,
39:47les conciles ont fait la loi, et
39:49il y a un substrat spirituel
39:51au conflit de civilisation,
39:53aux guerres de civilisation. Moi, je défends Huntington
39:55depuis le début, et je me souviens, j'étais
39:57chez Grasset à l'époque, j'étais évidemment
39:59un dangereux personnage, puisqu'il fallait
40:01absolument défendre Foukriyama, qui était le penseur
40:03du libéralisme. Et voilà cet homme qui nous dit
40:05que c'est un peu trompé.
40:07C'est pas vraiment comme ça que les choses se sont passées.
40:09Il y a quand même quelqu'un qui nous dit, à un moment donné, qu'il a mésestimé
40:11l'impuissance de l'islam, en disant que
40:13l'islam n'était pas capable de gouverner. L'islam
40:15est au pouvoir depuis 1974
40:17en Iran, et dans plein d'autres
40:19pays du monde, le Pakistan, etc.
40:21Et ils gouvernent, et ils ont
40:23une aspiration à gouverner, et l'ouma
40:25a une aspiration planétaire au gouvernement.
40:27Donc l'idée que Foukriyama ait pu dire autant de bêtises
40:29qu'il ait pu être soutenu
40:31par tous les défenseurs de Kamala Harris
40:33en France, Saint-Germain-des-Prés,
40:35la gauche bobo, etc. Enfin, tous ces gens-là
40:37qui nous disaient, Huntington, il crée
40:39les conflits. Mais non, Huntington, c'est pas le cancérologue
40:41qui crée le cancer, c'est celui qui diagnostique le cancer.
40:43Huntington, il disait, c'est comme ça que ça va se passer.
40:45Et ça se passe
40:47effectivement comme ça. Les blocs spirituels
40:49sont des blocs géopolitiques
40:51aujourd'hui. On est en face à Michel Onfray
40:53sur CNews et sur Europe 1. On va écouter donc le général de Gaulle,
40:55Michel, lorsqu'il a sollicité les Français
40:57par référendum pour approuver
40:59l'élection du président de la République au suffrage universel
41:011962. On écoute
41:03le général de Gaulle en 1962.
41:05Il a clairement corrélé la réponse des Français
41:07à la suite de son action. Archive.
41:09Quant à moi,
41:13chaque oui
41:15de chacune
41:17de celles, de
41:19chacun de ceux
41:21qui me l'aura donné
41:23me sera la preuve
41:25directe de sa
41:27confiance et de son
41:29encouragement.
41:31Or, croyez-moi,
41:33j'en ai
41:35besoin pour
41:37ce que je puis faire encore.
41:39Comme hier,
41:41j'en avais besoin pour
41:43ce que j'ai déjà fait.
41:45Ce sont donc
41:47vos réponses
41:49qui me diront
41:51le 28 octobre
41:53si je peux
41:55et si je dois
41:57poursuivre ma tâche.
41:59Voilà pour
42:01le général de Gaulle, Michel Onfray. On voit bien que là,
42:03il dit, c'est où vous me dites oui, où je m'en vais.
42:05Et il n'y a pas de demi-mesure. C'est le génie
42:07de la Vème République de
42:09réunir la monarchie et
42:11la République.
42:13La monarchie, c'est le pouvoir d'un seul.
42:15D'où le suffrage universel. J'ai vu que c'est 1962,
42:17c'est l'élection du président de la République au suffrage
42:19universel direct. Il dit, la volonté
42:21du peuple va générer
42:23la désignation d'une personne.
42:25Cette personne n'a pas des droits
42:27mais des devoirs à l'endroit du peuple. C'est le
42:29contraire de Macron qui, lui, pense que parce qu'il a été élu,
42:31il a tous les droits sur le peuple. Le général de Gaulle
42:33dit, ça me donne des devoirs. Voyez donc
42:35quoi, si je perds ce contrat social
42:37entre vous et moi, je suis le monarque
42:39mais en même temps, la République, c'est que vous disposez
42:41de la guillotine. La guillotine, c'est quoi ?
42:43Les élections. Vous votez contre
42:45moi, mon parti, mes représentants
42:47ou ceux qui se réclament de moi,
42:49je m'en vais. Et c'est le coup de génie
42:51parce que voilà un homme qui dit, mais moi je suis à votre
42:53service. C'est pas quelqu'un qui dit, comme Macron, la France
42:55c'est moi et si je
42:57perds, je reste. Non. Lui, il dit, si je perds,
42:59c'est que vous ne voulez pas de moi. Si vous ne voulez pas de moi, je m'en vais.
43:01La souveraineté vous revient.
43:03La souveraineté populaire, c'est ça. La démocratie,
43:05vous prenez ça jadis à l'école. Pouvoir du peuple,
43:07par le peuple, pour le peuple. Et le général
43:09de Gaulle dit ce pouvoir. Il le dit en 62, à cette date,
43:11doit culminer dans un homme qui,
43:13lui, a des devoirs.
43:15C'est-à-dire, il dit, mais je ne suis pas
43:17investi des pleins pouvoirs.
43:19Je suis investi du pouvoir que la
43:21souveraineté nationale m'aura donné,
43:23que le peuple m'aura donné. Et aujourd'hui,
43:25le peuple passe à la trappe. Mais plus personne
43:27n'aurait ce courage-là. Plus personne n'a ce courage-là.
43:29Bien sûr. De dire, vous me votez
43:31pas comme... Vous votez contre
43:33moi, je m'en vais. Bien sûr. Et c'est d'ailleurs
43:35pourquoi il y a tant d'instituts de sondage
43:37et pourquoi il y a tant de conseillers en communication.
43:39Parce qu'il s'agit d'aller... Alors là, pour le coup,
43:41c'est ça le populisme. Et c'est ça la démagogie.
43:43On utilise le mot n'importe comment. Mais la démagogie,
43:45c'est l'art de séduire le peuple.
43:47Donc on dit, mais que pensez-vous ? Ah, c'est très
43:49exactement ce que je pense. Vous êtes d'accord
43:51sur ce sujet ? Vous êtes pour ou contre
43:53la peine de mort ? Ah, c'est bizarre.
43:55Moi également. C'est ça le démagogue.
43:57Le général de Gaulle, il dit, moi je pense ça. Vous voulez,
43:59vous prenez. Vous voulez pas, ne prenez pas.
44:01Quand le 18 juin, il fait l'appel, il n'a
44:03pas demandé à un institut de sondage ou à des conseillers
44:05en communication, combien de gens allaient répondre
44:07en disant, vous avez été 0,6%
44:09à dire que vous viendriez me rejoindre, donc
44:11je ne fais pas cet appel le 18 juin. Il y va
44:13et il dit, j'en appelle à l'histoire. Personne
44:15n'en appelle plus à l'histoire. Personne n'en appelle plus
44:17au peuple. Et le peuple aujourd'hui, il est
44:19berné. Il est subjugué. A chaque fois
44:21qu'on lui demande sa voix,
44:23c'est la plupart du temps pour lui mettre une gifle
44:25dès qu'on aura vu qu'il a mal voté.
44:27Comment vous la voyez, vous, la solution
44:29pour que la concorde
44:31nationale revienne d'une façon
44:33ou d'une autre ?
44:35Je pense que la structure psychique
44:37d'Emmanuel Macron est ainsi faite qu'il ne changera pas
44:39et qu'il n'écoute pas,
44:41il n'a pas le souci d'autrui.
44:43Je ne vais pas dire qu'il n'admit la France ni les Français,
44:45vous me reprendrez. Non, voilà, je vous reprendrai.
44:47Donc, on ne pourra pas changer
44:49ce personnage à qui
44:51il reste trois années
44:53d'exercice du pouvoir. Je ne pense pas
44:55qu'on puisse continuer après
44:57que les gens aient fini par comprendre
44:59qu'effectivement, voter, ne pas voter, ça ne sert à rien
45:01puisque de toute façon, les votes, quand ils ne correspondent pas
45:03à son désir, sont mis à la poubelle.
45:05Ça va être problématique. Je pense
45:07qu'il y a des gens qui ont intérêt à ce que
45:09ça se passe mal pendant ces trois années.
45:11D'abord, il y a une année pendant laquelle il ne va pas pouvoir
45:13dissoudre. Pendant une année,
45:15tous les partis politiques vont lui mener
45:17une vie dure, terriblement.
45:19Sauf peut-être Marine Le Pen qui, elle, dira, j'attends
45:21et mon tour viendra,
45:23tant que les autres diront, on y va, on y va, on y va.
45:25C'est-à-dire qu'il y a une stratégie en permanence
45:27de, arrivons sur Matignon,
45:29embastillons le Premier ministre,
45:31arrêtons les trains,
45:33interdisons les avions, coupons
45:35les robinets d'essence, ce genre de choses.
45:37Il va y avoir tout ça ? Il va faire quoi Emmanuel Macron pendant tout ce temps-là ?
45:39Donc, je vois ça mal.
45:41Je pense que s'il y avait un soupçon de gaullisme chez lui,
45:43peut-être, je ne sais pas ce que pense Brigitte Macron,
45:45je ne sais pas ce qu'elle pense, cette femme,
45:47de la dérive
45:49de son homme, de son mari.
45:51Elle doit être seule, elle aussi,
45:53parce que j'ai assez confiance en elle.
45:55Je pense que ça me paraît être une belle personne.
45:57Et je pense qu'Emmanuel Macron
45:59est dans une solitude incroyable et il
46:01semble n'écouter personne. Mais il y a un moment donné
46:03où il faudrait lui dire, pour les Français,
46:05pour la France et pour toi-même et pour l'histoire,
46:07laisse ta place. Laisse ta place.
46:09Tu as échoué.
46:11Fais confiance au peuple. Quand il dit,
46:13moi j'ai confiance au peuple, vous vous souvenez quand il a dit,
46:15il ne faut pas avoir peur d'aller demander au peuple
46:17son avis. Après, quand on demande son avis
46:19au peuple et que le peuple dit, ben oui, mais non, on ne veut pas de toi.
46:21Là, il dit, le peuple s'est trompé. C'est l'époque,
46:23vous n'avez qu'à venir me chercher. Et quand on vient chercher,
46:25là, il y a des cordons de police, il y a des choses,
46:27on ne peut pas aller les chercher véritablement.
46:29Pour terminer, vous citez l'ecclésiaste Michel,
46:31c'est une merveilleuse phrase. Laquelle ?
46:33Malheur à la ville dont le prince est un enfant.
46:35C'est un peu le cas de notre pays.
46:37En amont.
46:39Merci Michel Onfray.
46:41C'est déjà terminé.
46:43Merci pour cette belle saison qu'on a passée ensemble.
46:45C'est moi qui vous remercie.
46:47C'est ceux qui nous écoutent.
46:49Et qui nous regardent, auditeurs et téléspectateurs.
46:51On repeint ces news, ils sont de plus en plus
46:53nombreux, donc on les remercie du fond du cœur.
46:55Et puis, on se retrouve à la rentrée.
46:57On redémarre une nouvelle saison de Face à Michel Onfray.