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L'acteur, podcasteur et auteur de "Je n'aurai plus besoin d'alcool pour danser" (Robert Laffont) Maxime Musqua, le psychiatre et addictologue Amine Benyamina et le fondateur de la cave sans alcool "Le Paon qui boit" Augustin Laborde sont les invités du Grand entretien de 8h20.

Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end

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Transcription
00:00Vous étiez à peine remis des agapes de Noël et voilà que se profile dans deux jours la
00:04Saint-Sylvestre.
00:05Une période souvent arrosée copieusement d'alcool, mais il semblerait aujourd'hui
00:09qu'on boive un peu moins.
00:10Les ventes de vins baissent et cela devient même une tendance de préférer rester sobre.
00:15Alors, sans alcool, les fêtes sont plus folles cette année, vous pouvez nous appeler pour
00:19dialoguer avec nos invités 0145 24 7000.
00:23Nos invités, je vous les présente immédiatement, le professeur Amine Benyamina.
00:27Bonjour.
00:28Bonjour.
00:29Psychiatre et addictologue, Augustin Laborde, bonjour.
00:32Bonjour.
00:33Vous avez fondé une cave sans alcool, le Pan qui boit, à Paris, ça vient d'où ce
00:37nom, le Pan qui boit ?
00:38Le Pan est un animal qui perd ses plumes chaque année et pour qu'elle repousse doit toujours
00:41boire de l'eau de qualité, donc j'imaginais que si le Pan prenait l'apéro, évidemment
00:44il ne boirait pas d'alcool.
00:45Le Pan qui boit.
00:46Et Maxime Musca, bonjour.
00:48Bonjour Amélie.
00:49Alors, comment vous présenter ? Star de la télé, des réseaux sociaux, on vous a connu
00:52au Petit Journal, à l'époque Canal+, aujourd'hui vous créez des vidéos, des podcasts et c'est
00:57votre récit en fait qui nous a d'abord inspiré ce matin, vous publiez ce livre « Je n'aurais
01:01plus besoin d'alcool pour danser » parce que vous avez arrêté de boire, vous avez
01:05toujours votre compteur.
01:06J'ai arrêté de boire de l'alcool, attention.
01:07Vous vous hydratez, bien sûr.
01:10Mais vous avez toujours votre compteur de jours.
01:12Ah oui, j'ai mon compteur.
01:14Mais on en est à combien ?
01:15Alors je vais vous dire ça tout de suite, c'est effectivement mon mouv que je fais
01:17depuis maintenant bientôt 4 ans, là j'en suis à 3 ans, 10 mois, 10 jours, 14 heures,
01:235 minutes, 42 secondes, 43 secondes, 45 secondes.
01:25Je ne sais pas où est la caméra, mais ça file.
01:28Comment se passent les fêtes chez vous ?
01:29Alors cette année c'est un peu particulier parce qu'effectivement je sors un livre
01:33le 2 janvier et ouh, je brise quelques tabous familiaux et donc j'ai fêté Noël chez
01:39des amis cette année.
01:40Sans alcool, ça se passe comment ?
01:44Alors mes amis ont bu un peu de vin, mais ils m'ont proposé, ils m'ont acheté
01:49des trucs que je pouvais goûter.
01:52D'habitude quand je vais chez des gens, ils pensent à me prendre du pétillant, des boissons,
01:58des bières sans alcool, etc.
01:59Il y a de plus en plus d'offres grâce à Augustin notamment.
02:02Tavis, qui est venu les mains pleines, on va un petit peu boire ce matin parce que c'est
02:05festif.
02:06Mais donc ça reste festif ?
02:08Je fais en sorte, je m'entoure des gens qui me permettent de vivre des bons moments
02:12et de continuer à aimer ma vie, entouré de gens qui continuent de boire, mais juste
02:18à un moment.
02:19Noël, c'est vraiment un moment particulier.
02:22J'ai une anecdote par rapport à ça, j'ai rencontré une jeune il n'y a pas longtemps
02:25qui m'a dit qu'elle ne boit pas d'alcool, donc elle s'est assumée dans sa vie et elle
02:29m'a dit que le seul moment où elle va se forcer de boire, c'est parce que son père
02:34à Noël, il lui propose du vin et si elle ne le boit pas, il va bouder son papa.
02:38Donc Noël, c'est vraiment un moment compliqué et moi ça me rend fou d'entendre ce truc-là.
02:43Et du coup, c'est un des trucs qui fait que Noël, je l'ai fêté avec des proches qui
02:48n'allaient pas me faire chier sur ce que j'allais boire et c'est très, très bien
02:52comme ça.
02:53Et l'année prochaine, après mon livre, il n'y aura plus de pression sociale, moi je
02:57peux vous le dire.
02:58Parce qu'il faut le dire, vous étiez un sacré fêtard, ça commence par là.
03:00Je suis un sacré fêtard encore, ne parlez pas au passé, s'il vous plaît.
03:03Mais un fêtard côté alcool.
03:05Oui, c'était un peu dans mon mode de vie, c'était tous les week-ends, on allait picoler,
03:11on se dégommait la gueule, on rigolait, c'était trop bien, on dansait, on faisait la fête,
03:14on rencontrait des gens, on se déguisait.
03:16Et vous dites qu'il y a eu des épisodes heureux aussi, sous alcool.
03:19Vous ne les niez pas, ces épisodes-là ?
03:21Au contraire, j'ai continué de les avoir et quand je vais aux vieilles charrues, je
03:24danse avec des gens qui se dégomment comme je me dégommais il y a dix ans.
03:26Sauf qu'après, moi j'ai fait un burn-out, une dépression, j'ai eu un deuil amoureux
03:30difficile, j'ai pris des coups durs dans la vie qui ont fait que l'alcool, je m'en
03:33suis servi un peu autrement et ça me permettait d'oublier les soucis.
03:36Et il y a un truc aussi que j'ai compris, c'est que j'ai un profil addictif.
03:41C'est ça, quand vous commencez à boire, vous n'arrivez pas à vous arrêter, vous
03:44ne pouvez pas vous arrêter.
03:45C'est un truc qui est particulier, qu'on n'est pas tous comme ça et j'ai plein
03:47de potes qui ne sont pas comme ça.
03:48Mais moi, dès que je bois un verre, dans mon cerveau, il y a un truc de « j'en
03:50veux encore, j'en veux encore, j'en veux encore ». Et donc ça, je l'ai compris
03:54au fur et à mesure et j'ai mis du temps à le verbaliser, à en parler parce que tabou
03:58de la société et honte de me dire que j'ai un problème d'alcool.
04:02Mais au bout d'un moment, j'avais capté qu'un jour, il faudrait que j'arrête
04:06l'alcool.
04:07Et au bout d'un moment, j'allais tellement pas bien qu'il me fallait encore l'alcool
04:09pour pouvoir avoir un peu des moments de joie.
04:11Donc pendant un moment, je buvais encore même si j'avais capté que j'avais ce
04:14truc d'addiction.
04:15J'essayais de maîtriser mon addiction comme je pouvais, mais les moments les plus
04:18durs de ma vie, je n'arrivais pas.
04:20Mais c'est normal parce que la vie, elle est dure parfois.
04:22Mais au final, à un moment, j'allais mieux, j'ai réglé tous mes doses et je
04:26me suis dit « waouh, c'est le moment où il faut que tu arrives à prendre la vie
04:29sans alcool parce que tu sais que ça sera toute ta vie un problème l'alcool ». L'addiction,
04:33c'est toute la vie.
04:34Vous dites que vous avez verbalisé ça, mais c'est drôle, vous n'employez jamais
04:37le terme alcoolique.
04:38Jamais vous n'avez dit « je suis alcoolique ».
04:40Alors, en fait, c'est un mot que j'utilise, parce que ce mot-là, une fois, je l'ai
04:46dit à un de mes potes.
04:47Quand j'ai fait ma vidéo sur le fait que j'ai des problèmes d'alcool, je lui
04:50ai dit « ne me fais pas ça, tu vas voir ton image, machin ». Et je lui ai répondu
04:55« ouais, mais mec, en vrai, je crois que je suis alcoolique ». Et il m'a répondu
04:58« non, pour tout coup, tu n'es pas du tout alcoolique ». Et c'est un gars qui
05:02me connaît depuis que j'ai 8 ans, avec qui j'ai fait les 400 coups et tout.
05:05Et je lui ai dit « ouah, ce mot, il n'est pas clair ». Et en fait, ce mot-là, personne
05:10ne le comprend de la même façon.
05:11Et donc moi, dans mon discours, parce que j'ai fait une vidéo pour essayer de faire
05:15passer un message, j'ai listé tous les problèmes d'alcool que j'avais pour gagner
05:19confiance en moi, quand je m'ennuie, quand ça ne va pas, pour que… Et puis surtout,
05:25mon addiction, mes problèmes d'alcool, suivant les moments de ma vie, ils ne sont
05:28pas les mêmes.
05:29Je les gère différemment quand je suis en deuil amoureux ou quand je suis dans ma
05:33full life où tout va bien, où je travaille comme un ouf et que le week-end, je me dégomme,
05:38et le lundi, j'arrive à être apte au travail et tout.
05:40Mais voilà, c'est pour ça que ce mot, il est trop global.
05:44Et puis les gens ne le comprennent pas de la bonne façon.
05:45Donc je préfère dire « j'ai des problèmes d'alcool ». Et en fait, en disant ça,
05:48j'ai capté l'attention de tout le monde.
05:50Et tout le monde s'est senti un peu visé parce qu'on peut ne pas avoir tous les problèmes
05:54que j'ai eus, mais tout le monde a des problèmes d'alcool.
05:56En fait, tout le monde a des gens autour de soi qui ont des problèmes d'alcool.
05:59Arrêtons de se voiler la face les amis !
06:01Professeur Beniamina, le terme alcoolique, il faut l'employer ou pas ?
06:06Ou dire on a des problèmes avec l'alcool aujourd'hui ?
06:08Écoutez, ce que je viens d'entendre de la part de votre invité est fantastique.
06:12Je peux me remettre sous ma couette.
06:14C'est un professeur qui dit ça !
06:15C'est merveilleux d'en mettre au centre le parcours de quelqu'un qui a compris le
06:19sujet, qui a réussi probablement à être accompagné ou non.
06:23C'est peut-être le cas.
06:24Maxime Muscat est en folie !
06:27Non, c'est merveilleux, je l'inviterai à mon congrès s'il veut venir témoigner.
06:31Avec grand plaisir, il faut voir avec mon attaché de presse, je suis très sollicité
06:35en ce moment.
06:36Mais sur ce thème alcoolique, quand est-ce qu'on se dit alcoolique ?
06:38Est-ce qu'il faut se dire alcoolique quand on a un problème d'alcool ?
06:41Amélie, je vous arrête tout de suite, il ne faut pas parler d'alcoolique, pardonnez-moi.
06:44Parce qu'on résume la personne à l'alcool et la personne est complexe, elle a son parcours.
06:48Et puis c'est une identité qu'on plaque, ou que la société nous plaque, à laquelle
06:53on finit par s'identifier et pour laquelle on a beaucoup de difficultés à s'en détacher.
06:58On a des problèmes avec l'alcool, on a des problèmes à un moment donné dans sa
07:02vie avec l'alcool ou d'autres produits, on n'est pas réduit à son produit.
07:07Donc c'est extrêmement important, si c'est le cas, point de salut pour sortir de cette
07:11addiction.
07:12Et à partir de quand il y a un problème ?
07:14À partir du moment où on ne peut pas s'arrêter comme Maxime ?
07:17Non, les problèmes viennent lorsque l'on fait le bilan des dégâts qui sont occasionnés
07:23par la consommation de ce produit.
07:25Ça c'est extrêmement important.
07:26Ce n'est pas quelque chose de physique le rapport qu'on a avec un produit addictif.
07:29On parle de l'alcool évidemment, c'est un grand problème français.
07:31Et à un moment ou à un autre, on se rend compte qu'on a été privé de la liberté
07:37de s'abstenir.
07:38C'est-à-dire qu'on n'arrive plus à s'abstenir, on n'arrive plus à s'arrêter.
07:41Et c'est à ce moment-là qu'on voit que même ce petit verre convivial qui nous ressemble
07:48tellement en France devient la porte de l'enfer.
07:51Et c'est à ce moment-là qu'on se dit qu'on n'a pas d'autre choix que de ne plus
07:54toucher à ce produit parce que je fais partie de ceux, très peu évidemment, qui n'ont
07:59pas cette capacité à s'arrêter.
08:02Et c'est ça qui est important.
08:03C'est comme ça qu'on amène nos patients ou les personnes qui viennent nous voir,
08:07à faire le constat qu'eux, ils ne peuvent pas s'arrêter.
08:09Mais ce n'est pas le cas de tout le monde.
08:10Il m'arrive tout le temps, pratiquement régulièrement, de prescrire ce qu'on appelle
08:14de la consommation contrôlée.
08:16C'est-à-dire qu'on consomme beaucoup, il y a Noël, tout ça.
08:19Oui, c'est dans les personnes qui ont une capacité, mais ce n'est pas le cas de Maxime.
08:23C'est bien ça.
08:24Voilà.
08:25Ça vous interpelle ce que dit le professeur.
08:26Non, ça m'interpelle.
08:27Je voulais juste rajouter quelque chose que vous me direz, professeur, si c'est intéressant.
08:30Au début de mon livre, moi, j'ai fait un message un peu de prévention du ministère
08:35de la Santé de Maxime où je dis l'alcool est dangereux pour la santé et aussi pour
08:38celle de vos voisins.
08:39C'est aussi ça qu'il y a à prendre en compte.
08:41C'est-à-dire que moi, mon père a eu des problèmes d'alcool toute sa vie, je les
08:45ai subis.
08:46Moi, à un moment, dans mes ruptures, j'ai l'alcool triste et j'ai fait subir ça
08:49à mon entourage.
08:50Et il y a aussi ce truc-là qui est fondamental pour moi, qui est que, en fait, je fais du
08:55mal à moi, mais en fait, mes excès font chier mon entourage à des moments.
08:59Et en fait, ça, j'ai voulu kéblo, et pour le kéblo, je n'ai pas eu d'autre choix
09:02que d'arrêter complètement parce que je sais que si j'ai des coups durs dans la
09:07vie, je me servirais de l'alcool pour qu'il passe mieux.
09:10Et en fait, ça, je me l'interdis dorénavant parce que je ne veux pas faire du mal à mes
09:13proches à cause de ça.
09:14Amine Benyamina, il y a effectivement… L'alcool, c'est des dangers pour sa propre santé,
09:18mais c'est des dangers, effectivement, parce qu'on a des conduites dangereuses vis-à-vis
09:22de soi, vis-à-vis des autres aussi.
09:23Évidemment, l'alcool, il faut l'avoir en tête.
09:26On a une expression pour pouvoir expliquer que l'alcool est présent dans notre société.
09:30La France est un pays malade d'alcool.
09:32On a récemment fait un sondage avec Aris Interactive et le premier mot qui est sorti,
09:39c'est l'alcool.
09:40Et on a tendance à dire que lorsqu'une personne boit, elle fait subir son alcool
09:44au moins cinq personnes autour d'elle, de la famille, des amis, des collègues.
09:47C'est un drame personnel et c'est un drame de l'environnement et un drame de la société.
09:53Et on a un gros problème en France, c'est qu'on a un béni totalement collectif parce
09:57que soudés dehors d'un pays qui est fier de son vin, qui est fier de sa vigne, qui
10:02est fier de sa culture, ce sont des drames importants.
10:05Je rappelle parce qu'il faut le dire, c'est une période de fête, 42 000 personnes décèdent
10:10de l'alcool tous les ans en France.
10:12L'alcool est responsable d'à peu près une soixantaine de maladies, les cancers,
10:17les maladies cardiovasculaires, les AVC.
10:19J'en passe des meilleurs, des arrêts de travail, des drames personnels.
10:24Derrière ce plaisir que l'on partage et qui est réel, il y a des drames extrêmement
10:28importants.
10:29Et dès lors qu'on bascule dans cette partie sombre, on n'existe plus au regard de la société.
10:34On est joyeux, on maîtrise, on ne maîtrise pas.
10:37Mais dès lors qu'on a les attributs, qu'on a les éléments, qu'on a le symbole de l'alcoolique
10:42entre guillemets, bien que je n'aime pas ce terme, mais on s'est compris, on est rejeté
10:47et on est nombreux.
10:48Les Français sont nombreux à être rejetés.
10:50C'est un drame.
10:51Ce que je voudrais juste pour mettre un petit peu de joie dans cette matinale, c'est qu'il
10:54n'y a pas beaucoup de modèles de gens qui ont arrêté l'alcool et qui vont bien.
10:58Et moi j'en suis un, je vous jure, ma vie elle va super bien maintenant.
11:01C'est juste qu'il faut apprendre un petit peu, il faut se bouger un peu le cul au début
11:04parce qu'effectivement on se fait chier, mais moi ça fait 4 ans et j'ai pas du tout
11:08envie de reboire.
11:09Et je vous jure, avant je n'imaginais pas que ma vie, une vie sans alcool, je ne l'imaginais
11:13pas possible tellement j'avais peur de me faire chier.
11:15Et en fait je vais trop bien, j'ai travaillé un peu sur certains trucs, je suis resté cool,
11:19j'essaie, mais vraiment c'était mon pire angoisse, parce qu'effectivement j'ai peur
11:23que les gens me trouvent chiant et tout, et en fait j'ai que des gens qui me félicitent,
11:27avec qui je m'amuse et je fais plein de trucs.
11:29Je me couche un peu plus tôt que les autres, mais je continue à faire les trucs que je
11:32faisais avant et vraiment ma vie elle est cool.
11:34Et j'ai écrit un livre, c'était même pas prévu dans ma vie, regardez ce qu'il
11:37se passe quand un cerveau il tourne en toupie depuis 4 ans, j'ai écrit un bouquin, donc
11:42franchement allez-y, c'est génial, il y a plein de nouveautés dans la vie derrière.
11:45Professeur Beniamina, selon Santé publique France, la consommation d'alcool elle baisse
11:49quand même en France depuis 30 ans, mais elle reste à un niveau élevé, c'est ça
11:53le constat ?
11:54Oui, elle baisse, elle reste à un niveau élevé, mais surtout il faut lire entre les
11:58lignes.
11:59On a quelque chose qui est extrêmement inquiétant, c'est que les jeunes font ce qu'on appelle
12:02des API, des consommations…
12:04Alcoolisation ponctuelle importante, c'est ça, c'est au moins 6 verres enchaînés.
12:09Et ça c'est compliqué parce que ce sont les jeunes générations qui actuellement
12:14ont ce type de pratiques.
12:15Je voudrais dire un mot sur le caractère chiant, évidemment c'est un terme qui est
12:19devenu très à la haute, parce qu'une de vos collègues l'a signalé, elle l'a signalé,
12:26mais c'était au mieux, elle nous a permis de faire une publicité autour de son propos,
12:29évidemment qu'elle a corrigé, mais on peut arrêter de boire sans être chiant, non ?
12:34Oui, mais on le voit avec Maxime, lui, c'est clair.
12:36Moi je ne suis pas devenu chiant, je suis devenu insupportable, je n'arrête pas de parler
12:39du fait que j'ai arrêté d'alcool à tout le monde, de mon compteur à tout le monde.
12:41Beaucoup d'énergie, 8h30, beaucoup d'énergie.
12:44Je devais être à un déménagement ce matin en plus.
12:46Complètement.
12:47Professeur Beniamina.
12:48C'est important de le dire, surtout dans nos frontières, à ce moment de l'année,
12:53et dire que dans deux jours, dans trois jours même, après le 31 janvier, la France rentre
13:00dans une période encore plus joyeuse, puisque c'est le défi de janvier.
13:02Oui, alors justement, je voulais vous en parler Professeur Beniamina, le Dry January,
13:07donc ça commence dans trois jours, ça sera la cinquième édition, c'est un mois pour
13:10ne pas boire.
13:11C'est quoi le but profond de cette opération ?
13:13Le but profond, c'est de faire une pause, après les excès, évidemment, au fin d'année.
13:18Mais ce n'est pas le dry, parce qu'évidemment, on s'est inspiré du dry britannique, mais
13:22on parle du défi.
13:23Le dry, c'est sec, ce n'est pas marrant.
13:26Le défi, c'est alors, on se défie pour ne pas consommer de l'alcool pendant un mois,
13:29et ça ne concerne pas des gens malades d'alcool, ça nous concerne tous.
13:33Le but, c'est de faire le point avec soi-même, c'est ça, de prendre conscience de ce qu'on
13:37boit.
13:38Complètement, ce qu'on boit, elle est la pression sociale, malgré ce qu'on voit,
13:41la pression familiale.
13:42Elle est extrêmement importante.
13:44Alors, vous savez que ça fait cinq ans qu'on le fait, évidemment, vous savez que c'est
13:47arrivé à un moment où on pensait que ça allait être un événement porté par les
13:52pouvoirs publics.
13:53Le lobby, évidemment, à Caudillers en France, qui est très puissant, à Dignette, il n'est
13:57pas question.
13:58Et quelle que soit la colération gouvernementale, personne ne soutient le défi de janvier.
14:01C'est ça qui est étonnant, c'est que c'est porté par la société civile, mais vous
14:04n'êtes absolument pas soutenus par le gouvernement.
14:07Tout le monde rage à Niari pour tout le monde.
14:09Non, mais par exemple, le gouvernement soutient un mois sans tabac, mais pas un mois sans
14:13alcool.
14:14Alors, vous dites, vous, professeur Benyamina…
14:15C'est parce que le tabac est fabriqué.
14:16Le tabac n'est pas un produit qui pousse dans nos terres, il pousse ailleurs.
14:21Et donc, on a en France un lobby très puissant qui est l'un des rares lobbies, si ce n'est
14:27le seul qui est un lobby qui concerne l'ensemble de l'échiquier politique avec des associations,
14:31des ministres et même des secrétaires d'État qui se revendiquent vraiment présents pour
14:37pouvoir lutter contre le 18 janvier.
14:39Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Géraldine Allaud, dans votre…
14:42Ma consoeur de la cellule Investigation de Radio France, effectivement, qui a fait parler
14:46Nathalie Delattre, ministre sortante de la Santé, qui dit « je suis une lobbyiste forcenée
14:51des alcooliers, je suis contre le dry January ». Et ça, ça vous désespère ?
14:55Mais c'est scandaleux d'entendre ça.
14:56Mais c'est scandaleux.
14:57Mais j'ai envie de dire, mais ils sont en rupture complète avec la réalité française.
15:01Les Français sont très inquiets par les problèmes d'alcool et les politiques, les décideurs,
15:06les gouvernants n'écoutent pas.
15:07Ils sont en rupture totale avec ce qui se passe.
15:10C'est un drame.
15:11Lorsque vous avez des jeunes, dont mon service, qui sont accompagnés par leurs parents, qui
15:15sont déjà des candidats à la grève du foie, c'est qu'on a affaire à un délit de la
15:19réalité.
15:20C'est insupportable.
15:21Maxime, le dry January, un défi, ça vous parle ? Vous, vous êtes l'homme de tous
15:26les défis.
15:27Ça me parle.
15:28Mais le problème, c'est que pour moi, un mois, ça ne sert à rien par rapport à mon
15:31addition.
15:32Vous vous êtes lancé le défi.
15:33C'était un an au départ.
15:34C'était un an parce que j'ai déjà fait un mois plein de fois et à chaque fois que
15:36je faisais un mois, ou deux mois, ou trois mois, je refaisais all-in derrière.
15:39A moi, c'était facile, mais après ? A moi, non, mais en fait, c'est facile à arrêter.
15:43Mais surtout, ça ne m'a pas laissé suffisamment de temps pour réapprendre à vivre sans alcool.
15:48Parce que moi, ce qui s'est passé, ce qui a été magique quand j'ai fait une pause
15:51d'un an, c'est que je me suis forcé à faire tous les trucs que je faisais d'habitude.
15:54Aller à un mariage à un nouvel an, un truc, aller voir mes potes.
15:57Vous dites que le mariage, c'est le pire.
15:59Le mariage, pour moi, c'était l'endroit où il y avait de l'alcool partout et c'est
16:04long pour moi.
16:05Parce que moi, il y a un truc, c'est l'ennui, parfois je bois parce que ça coupe l'ennui
16:08tout de suite.
16:09Et je n'imaginais pas faire un mariage de six heures, sept heures sans alcool et le
16:13jour où j'ai réussi à en faire, je me suis dit « Oh, en fait, ça va, je m'amuse,
16:17je discute avec les gens, tout va bien, je danse avec tout le monde, ouah, en fait, j'ai
16:22gagné ! ». Mais effectivement, pour moi, un mois, c'est cool pour un peu apprendre
16:27à faire des trucs sans un bon entraînement, mais la réalité, si on veut vraiment passer
16:31de l'autre côté quand on a un problème d'addiction comme le mien, il faut vraiment
16:34un temps plus long.
16:35Et c'est le retour que j'ai sur ma vidéo, il y a plein de gens qui m'ont dit, ils ont
16:37vu ma vidéo, ils ont fait la même chose que moi, ça a changé leur vie.
16:39Parce qu'un mois, ce n'est pas assez long pour pouvoir réapprendre à faire tous les
16:43trucs qu'on faisait avant.
16:44Et dans le cerveau, on se rend compte au bout d'un bout plus tard qu'on a le moral beaucoup
16:48plus stable, etc.
16:49Donc, c'est trop bien de faire un drive januarier, surtout pour voir un peu ce que c'est la
16:52pression sociale.
16:54Vous allez voir ce que c'est d'être de l'autre côté, et comme ça, vous allez
16:58un peu plus nous laisser tranquilles, et on va douce danser ensemble si vous voulez,
17:01mais il n'y a pas de drive januarier, allez-y, ça va être rigolo.
17:05Et en plus…
17:06Non, allez-y, je m'y vais, mais justement, c'est votre mois, Augustin Laborde, vous
17:12qui êtes à la tête d'une cave à Paris, sans alcool, ça va être votre mois, alors
17:16on va venir vous voir.
17:17Oui, c'est vrai que le mois de janvier, pour nous, c'est vraiment un mois très
17:19important, parce qu'en effet, il y a un vrai coup de projecteur sur le centre d'alcool
17:22en général.
17:23Mais nous, on sort déjà des fêtes et surtout de Noël où déjà on a eu…
17:25Vous pouvez ouvrir les bouteilles en même temps, c'est le cas de Maxime, mais apparemment,
17:29le dimanche, à lui, il n'y a pas de personnel.
17:31L'esprit, le temps de Noël étant toujours là, évidemment que j'ai ramené quand même
17:34un peu de cadeau et quelques boissons, parce que le monde du sang et de l'alcool est
17:36infini et il y a énormément, énormément de boissons.
17:38Alors voilà, c'est là où c'est pas triste, c'est qu'aujourd'hui, on a beaucoup
17:41de références, on peut boire plein de choses.
17:43Exactement, ce qui était compliqué jusqu'à maintenant, c'était, bon, il y avait évidemment
17:46la pression sociale et tout ce qu'on a déjà évoqué ici, mais vous avez surtout
17:49en fait un manque d'alternatives.
17:51L'eau pétillante, c'est très sympa, mais il y a un moment où on s'en lasse clairement.
17:54Et là, et maintenant, il y a une offre très, très large qui se diversifie.
18:00Quand on a ouvert au Panquiboy, on avait à peu près 250 références, c'était il y
18:02a trois ans.
18:03Maintenant, on est à 500.
18:04Donc, c'est vraiment signe que l'offre, elle est maintenant présente et surtout, elle
18:07est qualitative, il n'y a pas de sucre, etc.
18:09Oui, un marché, alors ça reste vraiment un marché de niche par rapport évidemment
18:12à l'alcool ou même au soda traditionnel.
18:15Mais beaucoup de gens s'y mettent.
18:16On parlait des alcooliques tout à l'heure, mais ce qui est intéressant de voir, c'est
18:18que beaucoup maintenant se mettent aussi au sans-alcool, évidemment.
18:21Les Brasseurs font de la bière sans alcool.
18:22Les Brasseurs font, il y a énormément de producteurs de vin un peu classiques qui étaient
18:28très réticents il y a trois ans, qui maintenant viennent nous proposer leur vin désalcoolisé.
18:31Donc, il y a vraiment une offre qui se diversifie.
18:32Il y a même des grands restaurants qui viennent vous voir, des étoilés, pour avoir des références
18:36sans alcool.
18:37Voilà, c'est de plus en plus.
18:38Alors, c'est encore un peu minoritaire.
18:39Il faut quand même les chercher.
18:40C'est justement pour ça qu'on a sorti un guide Paris sans alcool friendly avec 300
18:44adresses de bars et restaurants.
18:45Donc, ça se développe.
18:46Pour l'instant, c'est en effet plutôt gastronomique étoilé, mais on sait que ça va descendre.
18:49C'est que le début de ce mouvement très, très large.
18:51Quand j'ai arrêté l'alcool, je suis allé dans sa cave.
18:53J'ai halluciné vraiment.
18:54Il y a un choix, en vrai, qui n'est pas encore dispo partout, mais ça existe quoi.
18:58Et dans sa cave, il y a vraiment un milliard de trucs, 50 bières différentes, des grands
19:01bouts de chat dans tous les sens.
19:02Ce qui m'étonne avec ce que vous proposez, c'est que...
19:04Pardon, professeur Beniamina ?
19:06Il faut soutenir le défi de Jean-Louis quand même.
19:09Tout à fait.
19:10On est évidemment tous à fond et on sait que la société civile, comme c'était dit,
19:14va plus vite.
19:15On ne les attend pas.
19:16Ils y viendront.
19:17J'ai une question sur ce que vous vendez.
19:18Parce que tout ça a l'air, respecte les codes esthétiques de l'alcool, vos bouteilles,
19:22ça ressemble à des bouteilles de champagne, à des bouteilles de whisky, à des bouteilles
19:24de cidre.
19:25Est-ce qu'il faut copier ça ? Ou alors, il faut complètement boire autre chose ?
19:30Je poserai la question aussi au professeur Beniamina.
19:32Il y a vraiment les deux produits.
19:34Il y a évidemment tout ce qui est copie d'alcool, les bières, les vins, les cocktails, etc.
19:40Et puis à côté, il y a tout ce que je vous ai ramené aujourd'hui, des créations vraiment
19:43originales qui n'ont pas du tout de copie alcoolisée.
19:45Donc là, on redécouvre des savoir-faire, des terroirs, des produits, etc.
19:48Donc c'est très intéressant.
19:49Après, sur l'esthétique, oui, je pense qu'il y a un double message.
19:53C'est aussi de dire qu'on rassure en fait.
19:54Vous connaissez ces bouteilles de 75cl très classiques, le verre à pied, etc.
19:58Donc finalement, passer au sans-alcool, ce n'est pas très compliqué, c'est juste une
20:01petite démarche à faire.
20:02Donc c'est aussi de rassurer les clients.
20:03Et après, c'est aussi de dire qu'on peut enfin être fier de la bouteille sans alcool
20:09que je vais ramener en soirée.
20:10Ce n'est pas un pack en carton ou une bouteille en plastique, c'est une jolie bouteille en
20:13verre avec une jolie étiquette, etc.
20:15Donc c'est à la fois pour rassurer les consommateurs, les consommatrices, et puis qu'on soit enfin
20:20fier qu'on assume de ne pas boire d'alcool.
20:22Pardon de poser la question comme ça, mais est-ce que c'est un phénomène de bobo parisien ?
20:25Non.
20:26Alors, c'est né, ou en tout cas, ça a pris une vraie ampleur à Paris, évidemment, il
20:30y a quelques années.
20:31Mais maintenant, vous allez trouver des caissons d'alcool un peu sur le modèle du banque
20:34qui boit dans une vingtaine de villes en France, comme ça a été rappelé, beaucoup de restaurants
20:38en dehors, au-delà du périphérique parisien, s'y mettent aussi, des épiceries, etc.
20:41Moi, je ne veux pas entendre ce discours, excusez-moi, mais ça me choque beaucoup.
20:44En fait, je veux qu'à Noël 2021, qu'il y ait tous les pères de famille qui offrent
20:48du vin à table et tout, ils aient des solutions alternatives pour ne pas être queblots non
20:53plus.
20:54En fait, plus il y aura d'offres, plus les gens qui sont dans une génération d'avant
20:57qui n'ont pas connu ça, ils vont pouvoir aussi comprendre un petit peu pourquoi les
21:00générations d'avant, ils font autre chose, enfin pardon, c'est pas clair ce que je dis,
21:04mais pour moi, plus il y aura de choix, plus les gens qui ont un mindset de « il n'y
21:09a que du vin à table », et bien ça va changer, et c'est ça qu'il faut faire.
21:11Et si on veut sauver la France, c'est ça qu'il faut faire, et il ne faut pas dire
21:14que c'est un truc de bobo.
21:15C'est le futur de « les gens y vont mieux ». Des alternatives, et genre « ah tiens,
21:19regarde, moi je bois du vin, mais toi je t'ai acheté ce truc trop stylé, sans alcool,
21:23qui est trop bon, et pour les fêtes de Noël 2025, je veux qu'il y ait plein de bouteilles
21:27de sans-alcool dans tous les seins ».
21:28Professeur Beniamina, vous êtes d'accord ? Ce sont des bonnes alternatives ?
21:32Alors, il y a plusieurs réponses à donner.
21:35La première, c'est que vous avez posé une question, elle est évidemment judicieuse,
21:38est-ce qu'il faut, pour les personnes qui ont des problèmes avec l'alcool, je pense
21:42qu'on a, à un moment donné, graduellement besoin de leur permettre de rester quand même
21:47dans le milieu dans lequel ils vivent.
21:48Alors c'est vrai que les boissons qui sont normalement alcoolisées, on les propose sans
21:53alcool, c'est une première alternative, c'est un sas.
21:56On avance vers, comme le dit Maxime, on assume totalement et on pose son verre de la commune
22:01de Paris ou d'ailleurs, à table, il n'y a aucun problème, on est très bien, il n'y
22:05a aucune difficulté.
22:06Deuxième élément, parler des enfants.
22:07Il y a un débat chez les addictologues, à la Fédération française des addictologiques
22:13je préside.
22:14Il nous reste quelques secondes, un professeur.
22:16Faut-il rapidement proposer à table pour des enfants ou des adolescents une boisson
22:23désalcoolisée ?
22:24Il y a un risque parce qu'on peut aussi, c'est ce que font les alcooliers, leur montrer
22:28la symbolique de l'alcool en disant quand tu seras grand, tu pourras boire avec de l'alcool.
22:32C'est ça, ça peut être le chemin vert, oui.
22:34Ça peut être un chemin, c'est ce que font d'ailleurs l'industrie du tabac.
22:37Donc là aussi, il faut le mesurer, il faut voir un peu ce que ça donne.
22:40En tout cas, ce qu'il faut avoir en tête, c'est un peu comme ça a été la révolution
22:45des gens qui ne mangent pas de viande parce qu'ils ont décidé.
22:48On a une révolution des personnes qui boivent sans alcool et c'est très juste.
22:53À un moment donné, c'était les ennuyants.
22:56Il ne faut pas qu'on soit ennuyant, on ne consomme pas d'alcool, même pendant les fêtes.
22:59Je crois qu'on ne l'a pas été ce matin.
23:00Merci beaucoup à tous les trois d'être venus.
23:02Maxime Musca, votre livret chez Robert Lafonse s'appelle « Je n'aurais plus besoin d'alcool
23:06pour danser ». Vous allez beaucoup danser.
23:08Merci professeur Amine Beniamina, président de la Fédération française d'addictologie.
23:13Merci Augustin Laborde, votre cave sans alcool, le pan qui boit à Paris dans le 19e arrondissement.
23:18Je vous souhaite donc de très belles fêtes de fin d'année.
23:21Et bon dimanche.

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