Category
🗞
NewsTranscription
00:00Et on se retrouve avec nos deux débatteurs de la première heure, Vincent Roy, Philippe
00:09Guybert.
00:10Merci d'être avec moi messieurs, on va commenter évidemment allègrement, mais enfin là on
00:15est plus dans l'attente avec vous, n'est-ce pas, de cette allocution d'Emmanuel Macron
00:19qui va s'adresser aux Français.
00:21On va aller demander également à notre invité politique Guillaume Bigot, député RN du
00:25territoire de Belfort, ce à quoi il peut s'attendre, à quoi on doit s'attendre.
00:31Bonjour Guillaume Bigot.
00:32Oui, bonsoir Stéphanie, bonsoir à vos invités aussi.
00:35Bonsoir Guillaume.
00:36Bonsoir.
00:37Et à nos auditeurs bien sûr.
00:38Alors même question qu'a tombe à porte Guillaume Bigot, est-ce bien nécessaire de vous demander
00:44si vous attendez quelque chose de cette allocution du Président de la République ?
00:47Écoutez, je ne vais pas faire durer le suspense, il est totalement impenable.
00:51Moi, je n'attends rien, mais je n'attendais rien, faut-il le rappeler, depuis 2017, et
00:57donc je pense que je ne serai pas déçu et que 67 millions de citoyens ne seront pas
01:02déçus non plus.
01:03Je dois vous avouer d'ailleurs que sans vous, je ne l'écouterai pas.
01:09Donc là, je vais me faire un devoir civique de l'écouter et aussi pour vos auditeurs,
01:15mais voilà, je pense qu'on est tous un peu fatigués.
01:18Je pense qu'il y a quelque chose dans l'attitude du Président de la République et je pense
01:21dès le départ, dès 2017, il y a eu l'attitude un peu...
01:25Il est bien de son époque, c'est-à-dire qu'on voit que les gens se filment, se selfisent,
01:30ils ne sont plus dans la réalité, ils se regardent être dans la réalité.
01:33Et depuis son élection, on a l'impression qu'il commente, depuis l'Élysée, le fait
01:38qu'il est une sorte, non pas de président, mais presque de résident de l'Élysée, c'est
01:42très curieux.
01:43Et là, évidemment, on arrive au bout du bout, c'est-à-dire 2024, c'était probablement
01:46une année pour lui.
01:47Comment relancer son mandat ? Alors, il avait pour ça, bien sûr, notamment la fin des
01:54travaux de Notre-Dame et il avait cette occasion en mondiaux vision des Jeux olympiques, comment
01:59relancer son mandat ? Et il pensait peut-être faire tapis avec cette dissolution et je
02:02pense que là, on arrive à une année 2025, c'est plus comment relancer son mandat, c'est
02:07comment sauver son mandat finalement.
02:09Guillaume Bigot, on a compris que vous n'en attendez rien néanmoins, est-ce qu'il y a
02:13des annonces qui pourraient quand même vous contenter ? On parlait avec Vincent Roy et
02:18Philippe Guibert tout à l'heure de cette fameuse dose de proportionnel qu'appellent
02:22de leur vœu les membres du Rassemblement national, est-ce que ça, par exemple, ça
02:27vous ferait plaisir en ce 31 décembre ?
02:29Vous savez, c'est quelque chose que nous poussons avec évidemment une forte prime majoritaire
02:38et ceci pour éviter à nouveau un blocage en réalité parce que cette tripartition,
02:43tout le monde l'a constaté, il est de bon ton d'ailleurs de jeter l'eau propre sur
02:46tous les politiques, tous les élus et le président de la République lui-même, mais
02:51en fait, comme disait le général de Gaulle, on a aussi les dirigeants qu'on mérite.
02:55Donc finalement, moi, ça peut paraître un peu paradoxal, normalement un élu, un député
03:00se doit de brosser dans le sang du poil le peuple, chercher ses suffrages, etc.
03:04Mais j'ai presque donc pas envie d'engueuler les Français, mais de dire, écoutez, finalement,
03:08vous avez calé devant l'obstacle, vous n'avez pas voulu finalement d'une rupture et d'un
03:12changement. Voilà, vous avez un blocage, il faut sortir de ce blocage. Donc je pense,
03:16pour répondre à votre question, que oui, la proportionnelle à des primes majoritaires,
03:20ça pourrait être débloqué.
03:21Effectivement, il n'empêche qu'il y a eu, oui, une forme, comme on dit, de cordon sanitaire,
03:28de front républicain, comme les appellent. Ça vous a heurté d'une certaine manière,
03:32Guillaume Bigot ? Vous ne vous y attendiez pas ?
03:35Je ne m'attendais pas à ce qu'en effet, il y ait une sorte de peur comme ça, du changement.
03:44Et bon, ce front républicain, moi j'appelle plutôt ça un front antipopulaire, pour empêcher
03:50finalement que le peuple reprenne en main ses affaires. Ça n'a pas, si vous voulez,
03:57il y avait à la fois un air de déjà vu, mais en même temps, on a senti quand même
04:04que c'était quelque chose qui était très forcé, avec une aspiration qui a été répétée
04:11constamment d'ailleurs. Il faut faire comme les pays du Nord, il faut faire comme l'Allemagne,
04:16c'est-à-dire des grandes coalitions, que tous les politiciens se donnent la main finalement
04:19et s'entendent pour faire des programmes de coalition consensuelle. Outre le fait qu'en
04:24Allemagne, en général, ça ne marche pas très bien, là en France, c'était juste
04:26incohérent. Des gens ont voté les uns pour les autres, mais n'avaient rien d'autre
04:31que le refus du changement à proposer à la population. Donc je pense que les Français,
04:34la prochaine fois, ça va être quand même beaucoup plus difficile de refaire ce coup
04:38du soi-disant barrage républicain. Je dis soi-disant, les électeurs sont bien sûr libres
04:43de voter ce qu'on leur propose de voter, mais il n'y avait rien de républicain là-dedans.
04:47Il faut-il le rappeler, la République, c'est quand même le pouvoir du peuple,
04:50par le peuple et pour le peuple. Philippe Guibert, vous vouliez interpeller Guillaume Bigot.
04:54Oui, bonsoir Guillaume Bigot. Bonsoir Philippe.
04:57Non, six mois après de ce scrutin, est-ce que vous avez des autocritiques à faire quand même
05:02sur cette campagne des législatives ? Parce que je veux bien qu'on explique à chaque fois que c'est
05:07de diaboliques manœuvres politiques qui ont empêché le Rassemblement national d'obtenir
05:11cette majorité. Enfin, si les Français, une majorité de Français n'ont pas eu envie ou ont
05:15eu peur, comme vous le disiez, c'est qu'il y a aussi des raisons. Et ces raisons, elles tiennent
05:20peut-être au programme, à certaines candidatures du RN. Bref, que le RN, c'est pas complètement des
05:26diabolisés, non ? Écoutez, ça a été abondamment repris par les dirigeants de ma formation politique.
05:33Donc, après les élections, ce méa culpa, en quelque sorte, a été fait, et plutôt deux fois
05:41ou trois fois qu'une. Donc, ça ne servirait absolument à rien. Je pense que, si vous me
05:45posez la question, je pense qu'on est à côté de la cible. C'est-à-dire que c'est l'écume,
05:48ça existe. Il y a des défauts, mais dans tous les faits, il y a des défauts. C'était un peu
05:52ni fait ni à faire, mais il y avait des choses qui étaient ni faites ni à faire. Mais en fait,
05:56à mon avis, ce qui est plus intéressant, c'est le fond. C'est-à-dire qu'on est dans une société
05:59française où il y a une paralysie. Chacun a quelque chose à perdre. Finalement, peu ont à
06:05gagner du changement. La France elle-même aurait à gagner du changement. Le peuple français,
06:09dans son ensemble, aurait à gagner du changement. Mais chaque petite corporation, chaque petite
06:12partie de la société a quelque chose à perdre. Si vous relisez l'étrange défaite de Marc Bloch,
06:17on en est là. C'est-à-dire que chacun a son petit bout de fromage, son petit bout de beefsteak,
06:21et le parti des notables joue là-dessus, joue sur la peur du changement. Et finalement,
06:26je pense que le cheval s'est cabré devant l'obstacle.
06:28Guillaume Bigot, on a entendu les voeux de Marine Le Pen. Elle a évoqué un régime à bout de souffle.
06:34Elle prophétie 2025 comme une année décisive. Alors, c'est vrai qu'elle n'explicite pas son
06:41souhait de voir le départ d'Emmanuel Macron. Enfin, on le comprend entre les lignes. Est-ce
06:45que vous pouvez nous donner un petit peu le décodeur de la présidente du Rassemblement
06:50national ? En clair, est-ce qu'elle souhaite vraiment le départ d'Emmanuel Macron,
06:54même si elle ne le dit pas franchement ? Non, je pense qu'elle ne le souhaite pas en tant que
06:59telle parce que ce n'est pas aux députés de faire partir le président de la République. C'est au
07:05président de la République d'en tirer les conséquences dans la logique de la cinquième.
07:08Et d'ailleurs, je ne sais pas à quoi on va s'attendre, mais probablement ce soir,
07:13le président de la République va-t-il, lors de ses voeux, dire qu'il a enfin compris la
07:18position du président de la République telle que définie par la Constitution, c'est-à-dire un peu
07:22le domaine réservé. Il n'y aurait beaucoup à en dire. C'est dans la Commission des affaires
07:25étrangères et aussi le rôle d'arbitre au-dessus des partis, laissant le Premier ministre gouverner.
07:29Bon, ce sera ses huitièmes voeux. Donc, au bout de presque sa huitième année,
07:33ce serait bien de découvrir son rôle. Donc, en vérité, pour répondre à votre question,
07:36s'il a bien compris son rôle, oui, il devrait en tirer les conclusions et les conséquences qui
07:41s'imposent, c'est-à-dire se retirer de lui-même, comme l'ont fait les présidents de la République
07:45qui n'avaient plus de majorité et qui, en plus d'avoir de majorité, puisqu'on peut avoir une
07:49cohabitation. Je crois qu'il ne vous fera pas ce cadeau pour la fin d'année, mon cher Guillaume
07:54Bigot. Je vous appelle mon cher, pardonnez-moi, on vous a eu souvent en chroniqueur. C'est vrai
07:59que vous êtes passé de l'autre côté de la barrière. J'enlève mon cher. Merci, Guillaume Bigot.
08:06On vous retrouve à 20h40 pour commenter cette allocution d'Emmanuel Macron. Non, je vous
08:14remercie, messieurs, c'est vrai, vous partez, vous aussi, il est 19h54. On va aller écouter le
08:19président. Non, il me reste trois minutes, donc ça va, vous pouvez commenter. Non, mais alors,
08:24c'est vrai qu'ils ne nous le disent pas franchement, mais en fait, ils n'attendent que ça. Ils sont sur
08:28la même stratégie que Jean-Luc Mélenchon qui est de se dire qu'il va finir par partir, il sera
08:33obligé de partir. Et nous, on est là en embuscade pour remporter la présidentielle, avec sans doute
08:39peut-être un peu plus de crédibilité de la part de Marine Le Pen. Ils sont un peu plus près, c'est
08:43vrai. Ils sont un peu plus près et je pense que Marine Le Pen, si on regarde des sondages en tout
08:48cas, a plus de capacité à gagner un deuxième tour de la présidentielle aujourd'hui que Jean-Luc
08:53Mélenchon. Si la présidentielle a lieu dans trois ans qui ne partent pas tout de suite. Dans trois
09:00ans, j'en sais rien. Mais nous verrons. Peut-être aujourd'hui, tu as raison, mais il faut toujours
09:05garder mesure et se demander, Mélenchon, combien de divisions. Moi, je suis toujours, je suis
09:12circonspect, il faut voir comment tout cela peut se passer. Je suis peut-être plus prudent. Sur les
09:17chiffres qu'on peut donner, c'est toi qui as raison, tu en portes la main. C'est-à-dire que Mélenchon
09:24a récupéré le Grisby du rôle repoussoir. Il en a fait beaucoup. En faisant le pari que d'être
09:35repoussoir pour le système, ce n'était pas un problème parce qu'il allait rassembler tous les
09:40gens qui ne supportent plus le système. Au point de déraper quand même assez souvent et assez
09:46gravement. Dans le même temps, on a été un petit peu surpris et vous l'avez peut-être ressenti dans
09:51cette interview avec Guillaume Bigot, le deuxième tour des législatives. Ils n'ont pas digéré. Oui, on le sent et ils ne s'y
09:59attendaient pas nécessairement. Ça a été sans doute une surprise, Vincent Roy. Le Front Républicain ? Oui.
10:04Le fait que... Ecoutez, c'est une surprise, je ne sais pas si c'était une surprise. En tous les cas, ils le prennent comme une
10:11surprise. Je ne sais pas si Marine Le Pen n'avait pas imaginé cela. Écoutez, ça fonctionne encore. Vous n'avez pas été surpris du
10:16score du deuxième tour, vous ? De ces législatives ? Si, mais dans le même temps, ce qu'avait imaginé,
10:25je crois, M. Attal, sans me tromper, a plutôt fonctionné. Ce n'était pas attendu. Ça a même très bien fonctionné, au-delà de ce qu'on imaginait.
10:36Après, on peut être d'accord avec ce qui fonctionne ou ce qui ne fonctionne pas. Il s'avère que ça a
10:39fonctionné. Philippe a pointé un certain nombre d'erreurs commises par le RN. Elles sont là,
10:46sans quoi ça aurait peut-être fonctionné, mais moins bien fonctionné. Vous parlez de Gabriel Attal, je ne suis pas sûre.
10:52Je pense au contrôle d'Alexis de La Fontaine. Je ne suis pas sûre qu'il ait beaucoup gagné dans cette opération.
10:56Non, c'est vrai que... En fait, ce qui est paradoxal... Il a évité le pire, surtout. Stéphanie, ce qui est paradoxal pour Gabriel Attal, c'est qu'il a plutôt fait une
11:04bonne campagne des législatives. Il a été combatif. Il a été au premier rang, alors que ce n'est pas lui qui l'avait décidé, cette dissolution,
11:12et c'est plutôt après, à partir de l'arrivée de Michel Barnier, qu'il a donné le sentiment de tomber dans une certaine aigreur, et je trouve qu'il a raté ce virage-là.
11:23Alexis de La Fontaine.
11:24Surtout après la passation de pouvoir qu'il a eue avec Michel Barnier. Michel Barnier a subtilement un petit peu tâtelé le passage de Gabriel Attal à Matignon,
11:34ce que Gabriel Attal n'a pas du tout digéré, et à partir de ce moment-là, il s'est petit à petit mis dans une opposition interne à Michel Barnier.
11:42Ce qui a fait beaucoup de mal à Michel Barnier.
11:44Notamment sur le budget et sur ce qui a pu en faire sa chute.
11:46Exactement.
11:47Alexis de La Fontaine, vous restez avec nous s'il vous plaît. Je remercie Vincent Roy et Philippe Guybert.
11:52Est-ce qu'on peut dire tout le plaisir qu'on a d'être reçus au micro de Stéphanie Demuru, que je ne connaissais pas ? C'est à la fois l'alliance de l'intelligence et de l'élégance.
12:00Merci beaucoup Vincent Roy.
12:02Je ne saurais mieux dire.
12:04Merci beaucoup et on se retrouve demain d'ailleurs pour commenter ce lendemain d'allocution. Merci beaucoup à tout à l'heure.