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Tout le monde connait IBRA TV, véritable figure d'internet, il nous raconte sa vie et son parcours

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00:00Je suis né en Grozny, c'est la capitale de la Tchétchénie en 92.
00:03Deux ans après, il y a eu la guerre.
00:04Les Russes se sont envoyés à la Tchétchénie pour diverses raisons.
00:07À partir de là, mon père a fait la résistance aussi,
00:11il était blessé et tout.
00:12Là-bas, c'est la dictature tout simplement.
00:13Quand t'es contre les Russes, tu veux juste avoir la liberté,
00:17en fait, voilà, on t'enlève, on te massacre.
00:21Et à partir de là, mon père a pris la décision de fuir.
00:24Je comprenais ce que mon père risquait.
00:27Mes parents m'expliquaient plus ou moins
00:29pourquoi on change tellement de lieu de logement,
00:32pourquoi on change les pays, pourquoi tout ça.
00:34Moi, j'ai l'impression que quoi qu'il se passe,
00:36l'enfance, elle est toujours joyeuse.
00:38On a vécu dans les tentes,
00:39il y a même Angelina Jolie qui était venue à l'époque,
00:42dans un bled perdu, c'était incroyable.
00:44On a vécu dans vraiment des pièces
00:48qui sont anciennes chaufferies où mon père l'a retapé un peu,
00:51c'était vraiment serré.
00:52On a vécu dans les wagons de transport qu'on met sur le bateau.
00:55On a beaucoup déménagé parce que notre appartement était bombardé.
00:59On ne pouvait pas se nourrir comme on voulait
01:01parce que je me rappelle quand mes parents souffraient pour nous nourrir,
01:05pour nous faire semblant qu'on ait la normalité.
01:08Donc, quand ma mère ramenait de l'eau à la maison,
01:11elle devait chercher avec des seaux et tout.
01:13C'était difficile, mais je trouve qu'un enfant qui vit ça,
01:17plus tard, il est reconnaissant de ce qu'il a acquéré en fait.
01:20C'est de la force, je trouve que c'est de la force.
01:22C'est de la force pour ceux qui savent faire de ça une force.
01:25C'est simple parce qu'il y a beaucoup de gens qui vivent dans une situation très compliquée et tout,
01:29mais je ne sais pas s'il y a à quoi.
01:32De ces difficultés, ils ne font pas une force.
01:33Justement, l'un des plus grands conseils que mon père m'a donné,
01:37jamais se plaindre.
01:38On n'avait pas le droit de se plaindre à la maison.
01:39On n'avait pas le droit.
01:40Ça, il m'a enlevé depuis le plus jeune âge.
01:42Justement, quand il y avait une difficulté,
01:44je n'avais pas cette habitude de me plaindre.
01:46Ils remettent la faute sur les autres.
01:48Et en fait, il y a plein de trucs comme ça que j'ai gardés.
01:51Et jamais je disais oui, c'est à cause des autres.
01:53Moi, je pars du principe que quoi qu'il arrive, c'est à cause de moi.
01:56C'est de ma faute en fait.
01:57Je n'accuse jamais personne.
01:58Enfin, en tout cas, j'essaie.
01:59C'est-à-dire que ça dépendait que de moi.
02:00Donc au final, si je voulais atteindre quelque chose,
02:03dans ma tête, c'était si je veux.
02:04Si aujourd'hui, je ne réussis pas, c'est que je n'ai pas voulu.
02:07C'est que j'étais un fainéant.
02:08Donc voilà, en fait, c'est ce qui fait qu'au final,
02:10soit tu es honnête avec toi.
02:11Tu n'as pas réussi, c'est parce que tu n'as pas voulu.
02:13Ce n'est pas parce que tu parles mal le français.
02:16Ce n'est pas parce que tu n'as pas de papier.
02:18Des excuses, il y en a.
02:19Il y a de très bonnes excuses.
02:20Mais c'est plus facile de trouver des excuses que des solutions.
02:22Et moi, je suis parti des gens, je cherche des solutions.
02:25Et quand je suis arrivé en France,
02:26j'ai décidé de prendre ma vie en main
02:28pour que je puisse faire ce que je veux, quand je veux.
02:31Je travaillais dans le bâtiment.
02:33J'étais aussi travaillé avec des enfants.
02:34Mais je ne détestais pas les enfants en soi,
02:36mais le fait de travailler de matin en soir,
02:39l'écrit, ce n'était pas un truc fait pour moi.
02:41En fait, tous ces trucs qui m'ont dit que ce n'était pas possible.
02:43Je ne vais pas passer ma vie dans un truc que je déteste,
02:46alors que le travail, c'est ce qui me prend le plus de temps dans notre vie,
02:49de lundi à vendredi, si on parle de la normalité.
02:52Et au fur et à mesure, j'ai persisté sur quelqu'un qui persiste,
02:56même si peut-être j'ai tort.
02:59Mais j'ai besoin de me taper la tête, malheureusement,
03:01contre le mur pour le comprendre.
03:03Peut-être que c'est ce qui fait aussi ma force,
03:04de ne pas écouter les gens, les avis.
03:06Si j'ai un truc dans la tête, je vais aller jusqu'au bout.
03:08Et c'est ce qui a fait que j'avais une idée dans ma tête.
03:11J'ai toujours kiffé le cinéma, l'audiovisuel.
03:14Il y avait toujours des gens autour de moi.
03:15Par exemple, je travaillais de lundi à vendredi,
03:17mais samedi, dimanche, je construisais un peu mon avenir.
03:20Alors que mes potes disaient, viens jouer au foot avec nous.
03:23Viens, tout ça, on va traîner, tout ça.
03:24En fait, j'avais envie de m'amuser,
03:26mais je savais qu'il fallait que je construise mon avenir maintenant,
03:28quand j'ai encore l'énergie, la patate et tout.
03:31Pour qu'après, justement, après, c'est plus ou moins maintenant,
03:34je puisse avoir cette liberté.
03:36Et c'est même personne qui, à l'époque, jouait au foot avec moi,
03:39enfin, surtout qui voulait que j'ai laissé tomber.
03:42Ils me disaient, ouais, c'est de la merde ce que tu fais et tout.
03:44Certes, de leur point de vue, c'est de la merde, si je peux dire ainsi,
03:47mais on a chacun notre point de vue différent.
03:49Peut-être que j'ai tort, peut-être qu'il a raison,
03:51mais je préfère voir par moi-même.
03:53Si on prend le même chemin que tout le monde,
03:55on va arriver à la même finalité.
03:57Mais par contre, si tu prends le risque de prendre un chemin à côté,
03:59où tu dois le faire par toi-même, c'est un peu dangereux,
04:02tu ne sais pas où tu vas,
04:03là, tu vas avoir une autre finalité que les autres.
04:06Mais au moins, t'as pris le risque.
04:07Et ce risque-là, beaucoup de gens n'ont pas envie.
04:09Grâce à cette envie de la liberté, grâce à cette motivation,
04:14c'est ce qui m'a permis de commencer le chemin
04:17que j'allais tracer par moi-même
04:18pour, en finalité, réussir quelques projets dans ma vie.
04:22Ma passion, de base, c'est audiovisuel,
04:24un peu les cascades, freerun, parkour, cinéma,
04:26en fait, tout l'ensemble.
04:27Et je le faisais en parallèle de travail,
04:31de sport de combat que je faisais à l'époque, la lutte.
04:33C'était vraiment la passion et je le faisais.
04:36Le plus d'argent que j'avais, j'ai essayé d'investir dedans
04:39pour vivre de mon passion.
04:40Et au fur et à mesure, ça évolue dans une autre sphère
04:44que ça finit par t'apporter l'argent
04:45parce que tu commences à créer quelque chose d'original.
04:48Parce que je ne savais pas qu'on pouvait vraiment gagner sa vie
04:50avec YouTube et tout à l'époque.
04:51En travaillant en parallèle, j'ai investi dans une caméra.
04:54À l'époque, c'était beaucoup d'argent pour moi,
04:56j'ai payé en 10 fois 600 euros.
04:58Pareil, ordinateur, et je commence à filmer tous les week-ends.
05:01On a fait des vidéos jusqu'à ce qu'on commence à vivre tout ça
05:04avec monétisation.
05:06À l'époque, ça ne rapportait pas tant que ça,
05:08mais ça nous suffisait pour vivre,
05:09pour donner un peu à notre famille et tout.
05:10Et c'est là que tout a commencé.
05:13Grâce à, après, cette notoriété de développer une chaîne de restauration
05:16qui était aussi très dur.
05:17Aujourd'hui, on compte 23.
05:18Et jusqu'à la fin de l'année, normalement, il y en aura 50.
05:21Partons en France, en Belgique, il y en a déjà 8, en Suisse.
05:25Et à côté de ça, on est en train de développer notre ligue de MMA, YTFC.
05:30Voilà, c'est là où notre aventure commence.
05:32Il y a YouTube, il y a Black & White.
05:35Là, il y a YFC.
05:37Et justement, je m'investis beaucoup en ce moment sur ça
05:40pour pouvoir développer l'organisation,
05:42de pouvoir apporter le show à l'Américaine en France,
05:47d'apporter des bonnes conditions pour les combattants,
05:49pour qu'ils puissent vivre leurs rêves,
05:51pour qu'ils puissent bien se rémunérer.
05:53On a eu l'autorisation de la Fédération française de MMA.
05:55On a fait le premier événement.
05:56Et même pour ce premier événement, on a eu une surprise,
06:01que Bellator a vu travailler avec nous,
06:03qui nous a confié deux contrats.
06:04Bellator, c'est l'une des plus grandes organisations mondiales de MMA.
06:08Ils ont vu qu'en France, c'est légalisé, ils sont débarqués en France.
06:11Et c'est pour ça qu'ils sont venus envers nous.
06:13Ils ont proposé en collaboration de faire gagner deux contrats dans ma organisation.
06:17L'un des contrats a emporté Mathieu Letauduclos,
06:21c'est l'une des personnes qui nous a rejoints au début de cette aventure de YFC,
06:26qui a fait un peu le coach par la bonne volonté,
06:29parce qu'on n'avait pas forcément de l'argent.
06:30Au fur et à mesure, je lui ai essayé de le récompenser par son travail, par sa volonté.
06:35Même si de base, les meilleurs associés, c'est les gens qui commencent avec la passion,
06:38pas avec l'argent en fait.
06:40C'est le sacrifice qu'il fait.
06:41Et du coup, je voulais que le premier contrat, c'est lui qui dispute avec son adversaire.
06:47Et c'était dans mon premier événement YFC que j'ai fait il y a douze semaines.
06:50Il l'a remporté et maintenant, son combat sera signé à Bercy, en France.
06:56C'est l'une des choses qui souhaitent acquérir n'importe quel combatant pro MMA.
07:01Je ne dis jamais que je suis fier, je peux dire que je suis content.
07:03Parce que fierté, c'est comme si je me sentais un peu au-dessus de qui que ce soit.
07:08Je suis content de pouvoir faire vivre ma famille,
07:11que je puisse dire à mon père, même s'il n'a pas arrêté de travailler,
07:15tu peux ne pas travailler, de pouvoir offrir des vacances à ma famille.
07:18J'ai commencé à réaliser évidemment certains de mes rêves, comme des voitures.
07:23Je ne suis jamais allé au restaurant avant mes 23 ans, je crois que je n'étais jamais allé.
07:27Je suis allé au kebab, mais le vrai restaurant, je n'y ai jamais allé.
07:30En fait, pour moi, c'était quelque chose de très luxueux, très coûteux et tout.
07:34Et aujourd'hui, de pouvoir ramener mes parents, qui n'ont pas forcément eu cette possibilité-là,
07:38parce qu'ils ont toujours été dans des conditions très difficiles.
07:42Et même eux, ça les fait découvrir la vie, comment ça se vit un peu.
07:45Le vrai plaisir, on le prend en donnant de la joie à nos proches.
07:48C'est un peu ça aussi l'un de mes rêves, de pouvoir leur dire
07:52« Tu veux ça maman ? Tiens, prends. Tu veux aller en vacances ? Tiens, l'argent. »
07:56Et ma mère, elle n'a tellement pas l'habitude de dépenser de l'argent.
07:58Quand je donne de l'argent pour son anniversaire ou quoi,
08:00elle dépense pour la maison, pour les proches.
08:04Mais pour elle, elle n'a pas l'habitude.
08:05Et j'essaie quand même de dire « Ouais, non mais tu peux dépenser pour toi, il n'y a pas de problème.
08:08Tu peux t'acheter. »
08:09Mais elle n'a pas l'habitude, donc j'essaie de forcer.
08:12« Ah non, non, c'est trop cher. Ah non, là, restaurant, regarde. »
08:15Je dis « C'est bon, tu peux te permettre. Prends plaisir. »
08:18Vu que les gens, comme mes parents, ils n'ont pas l'habitude.
08:21Quand on avait comme poulet rôti pour plat de fête,
08:26et qu'à partir de là, tu dis « Ouais, mange un restaurant où tu peux acheter 10 poulets rôtis. »
08:31En fait, ils ont toujours ces limites qui reviennent un petit peu.
08:35Ils ont du mal à... Mais là, ça va.
08:38Là, j'ai forcé un petit peu de prendre des vacances, de sortir au restaurant,
08:41d'acheter les habits qu'ils souhaitent un petit peu.
08:43Et je sens qu'ils prennent plaisir. Ils sont contents.
08:46C'est un peu... C'est pas comme ils se piquaient, mais je sens qu'ils sont joyeux.
08:48Quand j'ai pu donner la joie de vivre à mes parents,
08:51là, ma phrase est confirmée.
08:53Rien n'est impossible.
08:54Ça, c'est vraiment ma phrase de ma vie quotidienne.
08:58Rien n'est impossible, tout est possible.
09:00Et s'il y a quelque chose que je n'arrive pas ou que je n'attends pas,
09:02c'est parce que je n'ai pas fait assez ou quelque part, c'est tout simple.
09:05Donc pour moi, évidemment, rien n'est impossible.
09:08Même des gens qui n'ont même pas deux bras, deux jambes,
09:11ils arrivent à faire des trucs de fous, en fait.
09:13Donc nous, moi qui ai deux bras, deux jambes,
09:15même si avant, c'est juste vouloir donner à fond et tout.
09:19Après, encore une fois, il faut bien se rappeler.
09:22On n'a pas tous les mêmes objectifs, donc il faut bien se rappeler.
09:25Mais si on a certains objectifs, on peut les atteindre.
09:28Je ne vais pas dire sans problème.
09:29Avec beaucoup de problèmes, avec beaucoup de galères,
09:31beaucoup de souffrances et tout, on peut les atteindre.

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