Faut que ça change : le bicentenaire du braille

Sud Radio

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Transcript

00:00Bonsoir à vous, nous sommes le samedi 4 janvier 2025 et je vous souhaite une bonne année à

00:08l'écoute de Sud Radio.

00:09Sud Radio, il faut que ça change avec, aujourd'hui un invité très particulier, mais je reviendrai

00:14dessus juste après, enfin pas sur l'invité mais sur son nom en tout cas.

00:17Bonjour à vous, autour de la table, Hamou Boikaz, chroniqueur dans l'émission, vous

00:21êtes aussi entrepreneur, vous avez une agence qui sensibilise au handicap, vous êtes par

00:26ailleurs consultant handicapé, enfin en tout cas handicapé et handicapé puisque

00:30vous êtes vous-même employé, sur une société qui permet la création de résidences pour

00:37personnes âgées, c'est ça ?

00:39Âgées, en perte d'autonomie.

00:40Voilà, bonjour, merci en tout cas d'être là autour de la table.

00:43Bonjour à tous et bonne année.

00:45Bonne année oui.

00:46Créateur de contenu, vous êtes aussi entrepreneur, vous êtes chroniqueur dans l'émission pour

00:50la deuxième fois.

00:51Bonjour tout à fait.

00:52Et bonne année aussi à vous.

00:53Et bonne année à tout le monde.

00:54Mathéo Lamblot, bonne année.

00:55Bonne année Anthony.

00:56Bonjour à tous.

00:57Qu'est-ce qu'on a comme résolution ?

00:58D'être un peu plus sage peut-être.

01:01Oh, t'as pas gagné.

01:02Salim ?

01:03Ouais, non, moi j'ai arrêté les résolutions, ça marche jamais.

01:07Non.

01:08Et vous Hamou ?

01:09Oh, moi je suis assez irrésolu de nature.

01:11Donc je dis toujours les mêmes en fait, d'une année sur l'autre, c'est dire du bien des

01:15autres et transmettre.

01:16Je salue aussi Dési Brito qui est à la réalisation et qui est fidèle au poste.

01:22Bonne année aussi à vous Dési.

01:25Je salue également tous ceux qui nous aident à préparer cette émission, Mickaël, et

01:28puis Lyonna, Lucille et toute l'équipe qui est derrière de Sud Radio.

01:33Je reviens sur cet invité, ce fameux invité et qui, on peut le dire, en cette journée

01:40particulière qui est celle de l'anniversaire, la célébration du bicentenaire du Braille,

01:45est une personne qui a beaucoup marqué.

01:47Si je vous fais écouter ça.

01:48Me répondez pas, Richard, Gilbert Montagné, bonjour Gilbert, bonjour tout le monde, merci

01:58d'être avec nous.

01:59Alors, vu les circonstances de cette fête de fin d'année, vous n'êtes pas avec nous

02:03dans le studio, mais votre compagnie par téléphone sera aussi chaleureuse.

02:08J'ai le plaisir aussi d'accueillir Bruno Gendron.

02:11Bonjour Bruno.

02:12Bonjour.

02:13Vous êtes président de la Fédération des aveugles et ambliobes de France, aussi connue

02:17sous les aveugles de France, et à travers l'émission, vous allez nous parler du musée

02:21du Braille qui est à Coubray, qui est dans l'ancienne maison de Louis Braille, si je

02:25ne dis pas de bêtises, et vous allez nous expliquer, eh bien, qu'est-ce que ce projet.

02:29Allez, on démarre tout de suite avec les changements à la une, la nouvelle chronique

02:34que nous vous proposons sur Sud Radio, il faut que ça change.

02:36Agissons ensemble pour une société plus juste, l'association APF France Handicap présente

02:44Sud Radio, les changements à la une.

02:47En ce samedi 4 janvier 2025, Mathéo Lamblot, les changements à la une, avec une année

02:532024 marquée fortement dans l'événementiel autour du handicap.

02:57Et oui, après un été sous les couleurs de l'inclusion avec les Jeux paralympiques,

03:01l'année 2024 s'est terminée en étant très chargée.

03:04Il y a d'abord eu la semaine pour l'emploi des personnes en situation de handicap au

03:07mois de novembre, la journée internationale du handicap le 3 décembre, et enfin le 17

03:12décembre, l'inauguration du Handilab, le plus gros incubateur consacré aux startups

03:17et aux projets autour du handicap à Saint-Denis, dans un espace de 13 000 m2.

03:21On ajoutera aussi le 3 décembre dernier, l'inauguration du Campus Louis Braille, qui

03:25est parfaitement en adéquation avec le thème de l'émission d'aujourd'hui.

03:28Justement, le Braille, le bicentenaire aujourd'hui, en ce 4 janvier 2025.

03:32Et le Braille, c'est une écriture et non un langage créé par Louis Braille lorsqu'il

03:36avait 16 ans, en 1825.

03:38Auparavant, les personnes aveugles lisaient des caractères en relief agrandi.

03:42Aujourd'hui, seulement 15% des personnes aveugles en France lisent le Braille.

03:46Joël Hardy, président de l'association La Culture de l'Art et docteur en sciences

03:50de l'éducation, milite pour sa préservation, en voulant le faire inscrire au patrimoine

03:54mondial de l'UNESCO.

03:55Aujourd'hui, il y a 141 pays dans le monde qui reconnaissent le système Braille comme

04:00le moyen alternatif d'écrire et de lire une langue, et pourtant, il n'y aurait que

04:0515% des non-voyants qui savent lire et écrire le Braille.

04:09Quant à ces données-là, il s'est posé la question, mais comment peut-on faire reconnaître

04:13le Braille, en fait, pour lui donner un statut ?

04:15Donc, depuis 2023, le Braille est inscrit à l'inventaire national du patrimoine culturel

04:21et immatériel, et est donc un élément patrimonial de la France.

04:25C'était simplement le premier étage obligatoire, nécessaire, pour aller à l'UNESCO.

04:29Et donc, depuis septembre l'année dernière, avec le ministère de la Culture, j'anime

04:34un réseau international pour l'inscrire au patrimoine culturel de l'humanité à

04:41l'UNESCO.

04:42Et l'Association de la Culture de l'Art organise d'ailleurs tout au long de l'année

04:45des conférences des événements culturels et musicaux liés au Braille.

04:48Merci Mathéo Lambleau.

04:49Agissons ensemble pour une société plus juste.

04:54L'association APF France Handicap vous a présenté...

04:57Sud Radio, les changements à la une.

05:01Sud Radio, il faut que ça change avec toujours mes invités Gilbert Montagné et Bruno Gendron

05:06de la Fédération des Aveugles et Ambiobes de France.

05:08Gilbert, j'aimerais revenir vers vous, puisqu'il y a eu les Jeux Paralympiques, Mathéo en

05:13a parlé.

05:14La première question qui me vient et qui est très personnelle, on a couvert ici les

05:17Jeux, notamment sur Sud Radio avec Benjamin Gleize, Maxime Trouleau, on a assisté à

05:24la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques.

05:26Vous étiez où ? Vous n'avez pas trouvé la Concorde ou c'est Paris 2024 qui n'a pas trouvé

05:30votre numéro ?

05:31Oui, j'ai ça, je n'ai pas trouvé la Concorde, non, en fait, écoutez, j'étais où ? J'étais

05:37disponible, personne ne m'a demandé de venir, donc je ne suis pas venu.

05:41Par contre, j'ai assisté, d'abord, ce n'est pas grave, ça, vraiment, par contre, ce que

05:47je trouve vraiment bien, c'est la couverture qu'a fait France Télé, France Télévisions,

05:54la vocalisation, moi je trouve que c'était il y a longtemps que je voulais voir ça plus

06:00amplement en fait, et moi qui n'ai pas vraiment un grand fanatisme de sport, des fois, mais

06:07ça dépend, pour les grandes épreuves, je me suis laissé prendre au jeu, j'ai vraiment

06:14regardé ça à ma façon, souvent, souvent, et je suis venu aussi pour la finale de basse

06:22football avec les Etats-Unis, là où on est un peu perdu, mais bon, mais par contre, je

06:29suis venu aussi pour la finale finale avec Cécé Foot, et ça, j'étais très ému et

06:34très touché, et bravo, parce que vraiment, voilà, et puis ça a montré à tout le monde

06:43ce dont on est capable, parce qu'en finalement, je pense que vous, autour de cette table,

06:49et c'est bien parce qu'on n'a que des bons, Hamou, Smahine et tout ça, Bruno, je trouve

06:57que l'important, c'est pas qu'on soit aveugle ou pas, l'important, c'est qu'on soit bon

07:03et qu'on assure dans ce qu'on fait, et après vient le paramètre d'efficient visuel, et

07:09c'est pas le contraire, et je crois que c'est ça dont on a besoin, et puis ce dont la cause

07:16a besoin, c'est beaucoup de promos, par exemple, moi je connais bien Sud, Sud Radio, mais je

07:24trouve que vous devez avoir, il faut que vous ayez beaucoup plus de promos que ça,

07:30par exemple, moi je savais pas que cette émission existait, je vous le dis, elle est toute jeune,

07:33mais on compte sur vous, Gilbert, c'est important, c'est très important, parce que, tu sais,

07:39c'est comme l'autre description, où j'ai beaucoup milité là-dessus, et on va en revenir

07:44dessus, Gilbert, juste en deuxième partie d'émission, j'aimerais donner la parole à

07:47Bruno Gendron, puisque aujourd'hui c'est l'anniversaire, c'est le bicentenaire du Braille, Bruno Gendron,

07:52vous avez travaillé et beaucoup accompagné avec la Fédération des aveugles et ambioques

07:57de France, le musée du Braille à Coupes-Vraies, vous pouvez nous en dire quelques mots ?

08:02Oui, alors tout d'abord, très belle année à toutes et à tous, et donc vous dire quelques

08:09mots de cet accompagnement qui est déjà ancien pour la Fédération, puisque nous

08:13avons travaillé avec la maison natale de Louis Braille depuis les années 1950, ce qui ne

08:22s'appelait pas encore l'Union mondiale des aveugles, il nous a confié la gestion

08:26de ce musée, et donc nous y travaillons depuis ce moment-là, l'idée étant de promouvoir

08:33le Braille sous toutes ses formes, au sein de la maison natale de Louis Braille, et avec

08:40depuis 2023 la création d'un groupement d'intérêts publics qui relie à la fois

08:46la mairie Coupes-Vraies en Seine-et-Marne, là où est cette maison natale, et puis la

08:51Fédération des aveugles de France, mais un GIP qui a vocation à s'ouvrir évidemment

08:57à d'autres partenaires, l'idée étant à la fois de développer ce musée, et peut-être

09:03de tisser des liens avec la cité du Val-d'Europe qui est tout près avec Disney, et puis au-delà

09:14de ça, de faire en sorte que le Braille rayonne comme il devrait rayonner à la fois en France,

09:20en Europe et à l'international.

09:21– Alors le Braille c'est une écriture, on le disait en début d'émission, qui permet

09:24de lire toutes les langues, 141 pays si j'ai bien compris, Gilbert Le Braille, qu'est-ce

09:29que ça a changé dans votre vie ?

09:30– Ah ben, c'est… moi c'est depuis le départ que je l'ai en magasin, donc c'est

09:36mon écriture, et justement j'ai eu une grande honte en entendant Bruno, parce que ça fait

09:41longtemps que je me dis que je veux aller à Couvray, voir le musée, et c'est très

09:45important, bien sûr que c'est très important, comme c'est très important de l'inscrire

09:48au Primaire Mondial, c'est très important ça, mais ce qui est dingue c'est que ça

09:53ne soit pas encore, déjà.

09:55– Ça vous a aidé à composer le Braille, le Braille musical particulièrement ?

09:58– Ah ben de toute façon oui, non mais d'abord avant l'écriture il y a quand même l'inspiration,

10:03si t'as pas l'inspiration tu peux faire ce que tu veux, mais c'est vrai que, bien

10:07sûr, moi j'ai fait mon cursus musical toujours en Braille, d'abord, j'aurais pas pu le

10:15faire autrement, donc c'est une merveilleuse écriture, c'est la seule écriture sensuelle

10:20au monde, les filles, vraiment, c'est la seule écriture sensuelle au monde, tu le

10:25trouves quand tu veux.

10:26– Gilbert il arrive à déchiffrer l'acné sur les visages, tu vois ça.

10:30– C'est n'importe quoi cette édition, comme des messieurs s'il veut nous rejoindre

10:35il y a Gilbert Montagné, comme une boîte à aise.

10:37– Le Braille c'est quand même extraordinaire, Louis Braille c'est le premier start-upper

10:41au monde, le gars a 15 balais, il regroupe tout ce qu'il y a d'intelligent dans son

10:45secteur, ses profs, des gens des services secrets, il se met en mode agile et il crée

10:51une écriture telle que si tu apprends les 10 premières lettres, tu peux déduire toutes

10:57les autres, et en 40 combinaisons, il fait l'alphabet, les notes musicales, les chiffres,

11:04et Gilbert en fait le Braille il a quelque chose d'algérien, c'est du couscous qui

11:09a réussi, et on notera que quand même le Braille hébreu et le Braille arabe c'est

11:16le même, donc nous il n'y a pas de conflit du proche orient.

11:19– Pour préciser sur le plan technique pour ceux qui nous écoutent, le Braille c'est

11:24une matrice de 6 points, et une combinaison de ces 6 points, plus ou moins agencés d'une

11:30certaine manière pour préciser ce que tu disais Hamou, mais voilà ça permet effectivement

11:34de lire d'un coup d'œil j'allais dire, d'un coup de doigt très rapidement, tout

11:38ce que d'autres lisent d'un coup d'œil.

11:41– Allez, du doigt à l'œil, on revient juste après la pub sur Sud Radio, il faut

11:46que ça change.

11:47– Sud Radio, il faut que ça change.

11:49– De retour sur Sud Radio avec l'émission Il faut que ça change, vous êtes toujours

11:53là avec nous les invités, Gilbert Montagné, Bruno Gendron, président de la fédération

11:58des aveugles et amblyopes de France, connu aussi sous Alice aveugle de France, et autour

12:02de la tombe des chroniqueurs Hamou Bouakaz, Salim Ejnalini et Mathéo Lambelhoff.

12:06– Evidemment, avant la pub, je veux rendre hommage aux parents en général, il faut

12:13bien que les gens comprennent, par exemple les parents du Louis Braille, ils ont été

12:17fantastiques à temps pour l'époque, ils l'ont inscrit à l'Institut Royal, imagine

12:22comment ils ont connu cette affaire, parce qu'ils étaient couvrés, c'est pas loin,

12:25mais à l'époque les distances n'étaient pas pareilles, je trouve qu'ils ont joué

12:29un rôle prépondérant, comme nos parents à tous, c'est très important, vraiment.

12:36– Et on salue tous les parents d'enfants en situation de handicap qui nous écoutent

12:40parce que, malgré ce mot inclusion que l'on nous rabâche à longueur de temps, ils sont

12:47en souffrance pour beaucoup, et notamment dans l'éducation nationale, et on aura le

12:50plaisir d'inviter le ministère de l'éducation ici.

12:54– Et justement, en parlant d'éducation, après je m'arrête, en parlant d'éducation

12:58nationale, ça serait très important, Bruno, Jean-Dronc, que l'on fasse bouger tout le

13:07panneau de l'éducation nationale pour que des enfants, tout le temps, viennent voir

13:13le musée, qu'ils habitent Mulhouse, qu'ils habitent Paris, c'est important.

13:18– Pour les sensibiliser.

13:19– Bien évidemment.

13:20– Bien sûr, vous avez raison Gilbert.

13:21– Peut-être deux remarques, la première, effectivement, je cautionne tout à fait ce

13:27que vient de dire Gilbert au sujet des parents, et l'expérience que j'ai, c'est qu'à

13:32chaque fois qu'il y a des parents soutenants pour leurs enfants, qu'ils soient d'ailleurs

13:36voyants ou déficients visuels, eh bien ça marche beaucoup mieux, et des parents qui

13:40soutiennent l'apprentissage du braille pour leurs enfants quand ils en ont besoin, c'est

13:45vraiment super.

13:46Et l'autre sujet, c'est l'interpellation, il y a non seulement le musée Louis Braille

13:52à visiter, mais une des bagarres de la Fédération des aveugles de France, et on n'est pas

13:56les seuls sur ce sujet-là, c'est de se bagarrer pour avoir enfin, et partout dans

14:01tous les départements de France et d'Outre-mer, des enseignants spécialisés en capacité

14:08d'apprendre de manière professionnelle le braille aux gamins.

14:12Le braille justement est une solution qui a permis l'inclusion des enfants en situation

14:17de handicap visuel, et l'émission elle est là aussi pour parler des solutions, on lance

14:22une nouvelle chronique aujourd'hui, les solutions qui changent la vie, avec Tactile Studio,

14:26que nous allons recevoir, je vous laisse écouter.

14:33Je le disais, Tactile Studio, une solution, une entreprise qui est là depuis des années,

14:38qui est installée en France et aussi à l'international avec son fondateur et associé

14:43Philippe Moreau, bonjour Philippe, je vous laisse la parole, vous avez une minute pour

14:47nous présenter justement une solution qui change la vie et le quotidien des personnes

14:51en situation de handicap.

14:52Bonjour à tous, Tactile Studio est une agence de design inclusive, qui conçoit et fabrique

14:58des objets à destination de tous les publics.

15:00Alors qu'est-ce que ça veut dire ? Au juste, ça veut dire que nous prenons des oeuvres

15:04d'art, des sculptures, des peintures, des choses qui sont non compréhensibles par le

15:09public déficient visuel par exemple, et nous essayons d'en générer, de créer, de concevoir

15:14des interprétations qui permettent aux doigts de comprendre ce que l'œil peut voir.

15:21Donc évidemment ça ne peut pas se faire avec un bouton magique, c'est essentiellement

15:25une affaire d'interprétation, puisque toutes les notions de perspective, les notions des

15:30détails des peintures ne sont pas forcément comprises avec le doigt, qui a un sens qui

15:36reste quand même assez rudimentaire.

15:38Et donc une grande partie de notre travail c'est d'interpréter toutes ces belles œuvres

15:44pour en faire quelque chose qui fasse sens quand on le touche avec ses doigts.

15:49Bravo Philippe Moreau, merci beaucoup.

15:53Tactile Studio, vous en êtes le fondateur et associé, vous permettez donc, et bien

15:58pas que ça d'ailleurs, également la lecture de plans tactiles à l'entrée, et notamment

16:02celui que vous avez fait à la Villette qui est tout simplement incroyable parce qu'il

16:04est totalement inclusif, donc bravo à vous.

16:11Gilbert Montagnier, je reviens avec vous puisque vous avez énormément œuvré pour l'inclusion,

16:16l'intégration des personnes déficientes visuelles dans la société, à commencer

16:19par le fait que nous vous devons la possibilité de pouvoir retirer de l'argent au distributeur

16:25automatique du billet, les arrêts de bus sonores ou encore l'audiodescription à la

16:30télévision, vous pouvez nous raconter ce qui vous a motivé là-dedans.

16:33Oui, merci, ça fait du bien des fois d'entendre des trucs positifs comme ça, parce que j'ai

16:39ramé quand même, pour les DAB j'ai ramé pendant 20 ans à convaincre le monde de la

16:45banque, le gouverneur de la Banque de France, il m'a dit « Gilbert, toi t'es un rêveur,

16:49t'es un artiste, tu comprends, s'il y avait besoin ça se ferait ». Maintenant, l'audiodescription,

16:55j'étais en plein milieu du rapport que m'avait demandé Xavier Bertrand avec mon

17:00ami Patrick Segal et je me suis dit « Hey, ça c'est la bonne opportunité pour aller

17:06checker les présidents de chaîne de télé. » Parce que justement, je reviens à ce dont

17:11vous parliez tout à l'heure, c'est-à-dire c'est important d'avoir de la promo pour

17:16votre émission, pour vos émissions, figurez-vous mesdames et messieurs qu'il y avait Arte

17:22et qualité qui en faisait, l'audiodescription, c'est très bien ce qu'ils faisaient pendant

17:2510 ans, mais ça se savait pas, c'était pas dans les hebdo TV, genre « Bon, c'est

17:30pas la peine d'en parler, je sais pas ce que c'est leur problème », mais ça fait

17:33de la peine parce qu'ils faisaient un très bon travail. Donc moi, j'ai parlé au président

17:39de chaîne et je leur ai dit « Bon, qu'est-ce que tu fais pour l'audiodescription ? » Comme

17:43je savais que c'était pas de leur faute, ils savaient pas, je savais qu'ils disaient

17:45rien, donc ils m'ont dit « Ben non, écoute… ». Ben oui, ils savaient pas, bon, quand

17:50on sait pas, c'est pas grave, ce qui est grave, c'est quand on sait et qu'on bouge

17:53pas. Alors on les a conviés à la seule association, d'après moi, qui en faisait à l'époque,

17:59c'est à l'AVH, avec Patrick Saonique, qui faisait un très bon boulot, qui faisait

18:05d'ailleurs pour Arte, et ils ont tous dit « Mais attends, vraiment, t'as raison,

18:10c'est vraiment bien ». Et on a eu la chance, le bonheur d'avoir Michel Voyon qui dirigeait

18:15le CSA, l'ARCOM maintenant, qui s'est dit « Voilà, on va le mettre dans le cahier

18:21des charges ». Et vous savez, ça me fait tellement, moi je suis absolument ému à

18:26chaque fois que je regarde un truc en audiodescription, parce que vraiment, je vous l'ajoute pas,

18:31mais je l'ai pas fait pour moi, normalement j'étais habitué à voir la télé comme

18:34je la voyais, que je la voyais bien quand même, mais, quand même, j'avoue qu'il

18:39me manquait des trucs, il manquait, il y a des…

18:41Vous étiez seul, surtout à l'époque.

18:43J'ai une petite question sérieuse, Gilbert, à te poser, si tu le permets.

18:46Les choses qui changent, l'évolution des technologies, avec leur temps notamment,

18:50se heurtent à d'autres problématiques pour nous, les écrans tactiles, et notamment

18:55lorsqu'il s'agit de payer, les TPE tactiles qui commencent à apparaître, des éléments

19:01qui nous empêchent, nous autres non-voyants et malvoyants, de payer, puisqu'on ne peut

19:05pas toucher l'écran sans saisir un chiffre, et il est hors de question de donner son code

19:09confidentiel à un taxi, c'est l'exemple que j'ai le plus en tête d'ailleurs,

19:14ou à un commerçant quelconque.

19:15Comment est-ce qu'on fait évoluer les choses ? Toi qui as été un pionnier justement

19:20à l'époque sur les DAB par exemple.

19:21Moi je peux raconter mon expérience, comment je fais, j'utilise Apple Pay, et ça marche

19:26drôlement bien.

19:27Donc il faut se débrouiller un peu…

19:28Une technologie sans contact sur le téléphone.

19:30Oui, bien sûr.

19:31Oui, c'est ça.

19:32Et ça c'est vraiment bien, je m'en sers tout le temps.

19:35Mais le fait que la France ne s'y mette pas, ça fait qu'on va tous être complètement

19:39esclaves de technologies américaines, parce qu'eux ils ont compris qu'on était d'abord

19:43des clients, parce que nous en fait les aveugles on est que des voyants feignants.

19:46On est des voyants qui voudrions vivre la même vie que les autres sans les yeux.

19:49Et donc Apple c'est ce qu'ils ont fait, ils ont fait un système où tu peux l'utiliser

19:54sans voir, et ça marche parfaitement.

19:55Allez, salut Mezzanine, j'aimerais maintenant vous donner la parole dans cette chronique

19:59« Tu veux ma place ? », on va parler accessibilité et justement le rôle du braille là-dedans.

20:04Oui, tout à fait.

20:05Le braille comme facteur d'inclusion, on en parlait, ce terme très à la mode aujourd'hui.

20:11Le braille c'est génial, encore faut-il le mettre à disposition de tous.

20:15C'est vrai qu'on le voit très facilement sur des produits, vous le voyez sur tous

20:19les médicaments, les produits du commerce, les livres bien sûr, les accès à la culture,

20:23aux études.

20:24On le sait moins toutefois, ça peut être compliqué lorsqu'il s'agit de décider

20:29de le mettre à disposition des étudiants.

20:32On a parfois des grandes complexités, des commissions sans fin qui se mettent en place

20:38pour décider ce dont un étudiant a besoin.

20:40Et parfois, sur la dernière ligne droite, ça bug, on a des prénoms qu'on peut donner,

20:46notamment le prénom de Lucie, de Julien, de Mohamed, de Marion et qu'on sort.

20:51Toutes ces personnes sont passées dans les médias pour avoir eu leur bac ou leur diplôme

20:56mis en péril par manque d'accessibilité et par impossibilité de se voir transcrire

21:02leur sujet en braille.

21:03Alors j'en viens avec vous à cette réflexion.

21:07Il y a 200 ans, on inventait le braille, c'est formidable.

21:09Aujourd'hui, on invente le terme d'inclusion.

21:12Peut-être est-ce formidable ? J'espère une chose, et je vous livre ce souhait très

21:16personnel qu'on ne mette pas 200 années supplémentaires à inventer le bon sens, le vrai bon sens.

21:22Le bon sens, Hamoub Akaz ?

21:23En fait, le handicap, le pire dans cette société, c'est l'incivisme, déjà, et

21:32c'est cette espèce d'idée qu'on est à part.

21:35Moi, je voudrais juste rebondir en proposant, puisque Noël est passé, pour la Saint-Valentin,

21:41pour tous les couples qui s'aiment, d'offrir une place à un concert de Gilbert.

21:46Ils vont voir ce que c'est qu'un musicien qui est magicien, un musicien qui tient son

21:53public dans sa main, sans rien voir.

21:56C'est quelque chose qui vous caractérise, Gilbert.

21:58Ils ne voient pas avec les yeux, et ils leur montrent la vision du cœur.

22:04Chaque fois que je suis allé le voir, la cécité n'avait rien à voir, c'est juste

22:10du talent, et ce talent, c'est le génie qui est nourri par le braille et l'accès

22:16à l'écriture.

22:17Donc, ça, c'est vraiment merveilleux.

22:20Donc, moi, j'ai envie de dire, on va brailler sur plages tactiles, ou bien sur du paquet,

22:26ou en intégrale, ou bien en abrégé, on va découvrir les ouvrages qu'ont pensé nos aînés.

22:50C'est un bon début.

22:51Absolument.

22:52Bon, là, c'est la fin de l'émission.

22:53J'ai écrit aveugle arabe, homme politique, ça vous déconne ? Pourquoi je suis blacklisté ?

22:57Quelqu'un a sorti un livre ? Quelqu'un a sorti un livre encore ?

23:00C'est le moment.

23:01Le livre est mauvais, mais la préface, c'est Stéphane Hessel, vous pouvez quand même aller l'acheter, c'est bien.

23:05Allez, vous êtes sur Sud Radio, il faut que ça change.

23:08Bye.

23:09Bye.

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