La dernière étape de cette tournée s’est tenue à Saclay, chez Barcodis, concluant ainsi un parcours riche en découvertes et en rencontres. Sur le plateau de Sibylle Aoudjhane installé sur site pour l'occasion, des intervenants de premier plan ont partagé leurs visions tout en dressant le bilan d’une initiative qui a rapproché des milliers d’étudiants de la réalité industrielle française. Invités en plateau : Jérôme Bouquet (Bpifrance), Stéphanie Lagalle-Baranès (OPCO 2i), et Fabrice Coevoet, Président de Barcodis.
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00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans l'émission BeSmart for Change du Tour de France de nos industries.
00:14Alors le Tour de France de nos industries, c'est la tournée organisée par BPI France et l'opérateur de compétences interindustrielles,
00:22Lopko Dezi, que BeSmart for Change a accompagné en s'engageant dans une bonne partie du parcours.
00:28Je suis ravie de vous recevoir ici à Saclay, en Ile-de-France, au sein de l'entreprise Barkhodis, pour cette dernière étape.
00:37Visite d'usine, témoignages, rencontres de dirigeants, nous dressons aujourd'hui le bilan de 12 étapes destinées à rencontrer les talents de demain.
00:48Et pour dresser le bilan de ce Tour de France de nos industries, j'ai le plaisir d'être accompagnée de Jérôme Bouquet,
00:55qui est directeur du réseau Ile-de-France et Outre-mer chez BPI France.
00:59Merci beaucoup d'être avec nous.
01:00Stéphanie Lagalle-Baranès, qui est directrice générale de Lopko Dezi.
01:05Merci beaucoup.
01:06Et Fabrice Cuevouette, qui est président de Barkhodis.
01:09Merci de nous accueillir ici.
01:12Alors tout d'abord, je me tourne vers vous, Jérôme.
01:14Est-ce que vous pouvez nous raconter la genèse de ce projet si ambitieux, de ces 12 étapes du Tour de France de nos industries ?
01:23Alors la genèse, c'est l'histoire aussi de BPI France.
01:26C'est une volonté d'accompagner l'industrie et d'accompagner son renouveau.
01:32Et puis, au fur et à mesure des enquêtes qu'on a pu faire, on s'est aperçu qu'un des sujets majeurs de l'industrie,
01:39et c'est toujours vrai aujourd'hui, ce n'est pas forcément le financement, ce n'est pas forcément les débouchés, mais c'est beaucoup le recrutement.
01:46Et nous, on souhaite vraiment avoir un renouveau de l'image parce que l'industrie à l'azula, quelque part, ça n'existe plus.
01:56Et en fait, on veut vraiment donner cette belle image de l'industrie en France.
02:00Et Stéphanie, quand on vous a parlé du projet, vous êtes tout de suite dit que c'était quelque chose de nécessaire pour engager toute la France dans ce secteur de l'industrie.
02:11J'espère qu'on va engager toute la France.
02:13Oui, il y avait quelque chose de l'ordre de l'évidence d'organiser ce tour.
02:17OBCODESI travaille pour 29 branches industrielles qui ont partagé assez rapidement à la constitution de l'organisme le constat qu'il y avait des déficits d'attractivité,
02:27qu'il y avait des besoins de recrutement non pourvus de façon récurrente dans l'industrie chaque année, à peu près 60 000 postes,
02:33et qu'il était sans doute opportun d'unir les efforts, de parler d'une même voie, ces industriels, et de faire des actions qui soient visibles pour le grand public,
02:42les prescripteurs que sont les enseignants, ils sont présents aujourd'hui, France Travail, etc.
02:47Donc, ça s'est fait il y a un an au moment de la semaine de l'industrie où on s'est dit mais il y a peut-être quelque chose à faire aussi pour ouvrir les portes de l'industrie de façon très concrète pour montrer les métiers aux jeunes.
02:57Alors Fabrice, vous accueillez la dernière étape de ce tour de France.
03:01Est-ce que vous pouvez nous raconter très rapidement comment ça se passe ?
03:04Comment est-ce que vous avez saisi l'événement et en quoi vous étiez heureux d'accueillir cet événement ?
03:09C'était un plaisir parce que croiser des jeunes, je pense que c'est toujours un bain d'une nouvelle énergie qui apparaît.
03:17Donc, c'est le cas. On a reçu des collégiens, des lycéens, des étudiants.
03:24Tout ça, en fait, pour essayer de faire partager nos métiers, partager l'image différente justement de l'industrie qui est, comme tu le disais, plus rien à voir avec l'industrie sale, etc.
03:33C'est au contraire quelque chose qu'on a essayé de faire partager au travers de nos jeunes que nous-mêmes, on a été chercher à la sortie d'école et qu'on a formé.
03:40Parce qu'effectivement, nous aussi, on a les mêmes difficultés. Trouver des gens.
03:44Et bien souvent, notre croissance, en fait, elle est limitée parce qu'on perd beaucoup de temps à trouver les bonnes personnes.
03:51Et vraiment, on a intégré dans les entreprises tous maintenant des cycles de formation.
03:56Chacun a sa petite solution. Nous, on a les barques au discours, par exemple, qui permettent de former les collaborateurs.
04:03Et ça a vraiment été quelque chose de vivifiant pour nous également en interne.
04:09Est-ce que rapidement, vous pouvez rappeler la mission de votre entreprise?
04:14Et c'est vrai qu'on a vu des jeunes parcourir toutes les allées.
04:18Est-ce que vous avez vu des étoiles dans les yeux? Est-ce que vous avez vu que l'intérêt se développait?
04:23Alors oui, on a même eu. C'est ce que j'expliquais.
04:26On a même eu des demandes d'intégration dans le cadre d'alternance qui se sont manifestées suite aux visites.
04:33Donc ça, c'est quelque chose de motivant et de se dire qu'on a déjà un premier payback.
04:39Puis c'est aussi un moyen pour nous qui avons beaucoup de jeunes aussi issus de la diversité.
04:44On a fait des très gros efforts pour intégrer des femmes aussi.
04:49On est passé de 8 à 30% dans nos effectifs.
04:52Aujourd'hui, on ne doit rien rater.
04:55On doit saisir toutes les opportunités pour intégrer les talents et faire en sorte que les gens, quand on les a, on les garde.
05:01Et surtout, il ne faut pas oublier que les faire rentrer est une chose, mais il faut les faire progresser.
05:06Il faut continuer à faire évaluer, évoluer leurs compétences parce qu'il y a tellement une guerre pour les collaborateurs que si en plus,
05:13vous ne les valorisez pas, vous ne les faites pas évoluer, elles ne restent pas.
05:18On va revenir sur ces manières d'attirer les jeunes.
05:23Mais avant ça, Jérôme, est ce que vous pouvez nous dire, c'est cette dernière étape.
05:29Est ce qu'il y a un bilan? Est ce que vous avez un aperçu de tout ce qui s'est passé?
05:35On n'a pas encore fait le bilan sur les étapes et on le fera.
05:40Voilà, on va le faire. C'est un tout petit peu tôt.
05:43On vit encore l'instant.
05:44En revanche, ce qu'on voit, c'est quand même l'histoire qui s'écrit.
05:51Depuis 10 ans, on a injecté environ 50 milliards d'euros via des financements dans l'industrie.
05:59Et ce qu'on voit aussi aujourd'hui, c'est que là où on était sur un secteur qui était,
06:04on va dire que les banques n'avaient pas super envie de financer de l'industrie il y a 10 ans.
06:08Et aujourd'hui, on les voit qui sont, qui ont une vraie appétence.
06:11Donc, c'est plutôt bien de voir qu'il y a une envie d'industrie aussi côté bancaire.
06:17Donc ça, ça nous plaît bien. Et ce qu'on voit aussi, c'est qu'on a plein de champs encore.
06:22Donc, ce n'est pas ce soir que ça s'arrête. On a encore plein de champs à explorer.
06:27Stéphanie, vous le ressentez aussi, cette émulation qui se développe depuis ces dernières années?
06:34J'ai le sentiment qu'on n'a jamais autant parlé d'industrie depuis quelques mois.
06:37Alors, c'est vrai qu'il y a eu un engouement très fort.
06:40On espère que ça ne va pas redescendre pour la réindustrialisation.
06:45Mais sur le volet compétences, on n'a jamais autant parlé des besoins de l'industrie.
06:49C'est un cycle nouveau qui démarre et qu'il faut qu'on maintienne très fort.
06:53Il y a tout un volet. Il faut ouvrir les portes, on l'a dit.
06:57Il faut aussi expliquer aux jeunes les conditions de travail, les niveaux de rémunération, les politiques RH.
07:04C'est le cas dans votre entreprise. On en parlait tout à l'heure.
07:06Mais il y a des conditions qui sont réunies pour faire que les salariés se sentent de mieux en mieux dans ces entreprises.
07:14La rémunération, par exemple, c'est la question première qui est souvent posée par les jeunes.
07:19C'est 15 à 20 % de niveau de rémunération supérieur dans l'industrie par rapport aux autres secteurs de l'économie.
07:25Ce n'est pas forcément connu. Ça aussi, ça fait partie des préjugés à déconstruire vis-à-vis de ces publics là.
07:31Et dans le bilan, il faudra qu'on voit, je pense aussi, les effets sur les prescripteurs.
07:37Je le disais tout à l'heure parce que là, on touche une quarantaine de jeunes.
07:40Ça peut sembler peu à l'échelle de l'île de France par rapport aux besoins du monde industriel.
07:45Mais on change vraiment leur image et les accompagnateurs, leurs enseignants aussi.
07:51Donc ça, c'est un investissement dans le temps long.
07:54Et voilà, juste ajouter ça, c'est que ce travail qui est mené se mène dans la durée puisque les besoins industriels,
08:00ils sont là pour 5 ans, pour 10 ans. Il y a des besoins dans le temps long.
08:04– Est-ce qu'on voit déjà, est-ce qu'il y a déjà quelques résultats ?
08:09Parce que c'est vrai que ça fait déjà plusieurs années qu'on parle de réindustrialisation.
08:12Est-ce qu'on voit quelques résultats ?
08:14– Alors les résultats, ils sont quantitatifs.
08:16Je le disais, on n'a jamais autant parlé d'industrie.
08:18Donc on sait qu'on touche beaucoup de monde en parlant d'industrie sur les réseaux sociaux, par exemple.
08:25C'est quelque chose d'assez important.
08:29Et avec Ipsos, on mène un baromètre d'images depuis 2019 pour voir si cette image de l'industrie, elle évolue.
08:35Alors il y a un attachement très fort des Français à leur territoire.
08:39Et ça va se traduire par une image très forte de l'agriculture ou de l'artisanat et moins de l'industrie.
08:44Mais l'industrie est le secteur qui gagne le plus de points en termes d'images depuis 2019, plus 16 points.
08:50Donc ça progresse.
08:52– Fabrice, vous le ressentez aussi ?
08:53– Alors nous, en fait, on vit de ça.
08:55C'est-à-dire que nous, aujourd'hui, on fait des machines automatiques
08:58qui interviennent dans des nouvelles usines, en grande partie.
09:02Et en fait, depuis 5 ans, on a vraiment effectivement un bénéfice
09:06parce qu'il y a beaucoup de réimplantations en France.
09:09L'effet Covid a joué à plein.
09:11C'est-à-dire des gens qui se sont trouvés avec des dépendances de livraison,
09:15de disponibilité sur des produits de base qui venaient de l'autre bout du monde.
09:18Aujourd'hui, il y a réellement eu des recréations d'industrie.
09:22Et nous, en fait, on est vraiment un intervenant puisqu'en fait, on intervient à ce moment-là.
09:27Alors, il ne faut pas se leurrer non plus.
09:29On ne recrée pas des industries manufacturières dans un pays
09:33où le coût de l'emploi, du salaire est élevé.
09:35Mais on recrée, au contraire, des industries, je dirais 3.0, 4.0,
09:42dans lesquelles on a besoin d'automatisme.
09:44Et ça, c'est notre prestation, c'est ce qu'on sait faire.
09:46Donc, c'est vraiment nos clients qui apparaissent partout
09:48et qui grossissent et qui réinstallent des sites.
09:51Jérôme, c'était important, justement, de faire 12 étapes dans toute la France entière.
09:55Oui, l'idée, c'est vraiment de mailler le territoire au maximum.
10:00Pour dire ce qu'on disait tout à l'heure, c'est donner de l'ampleur à ça.
10:05C'est une opération de communication, mais aussi il y a un effet psychologique.
10:12C'est arrêter de se dire que l'industrie, c'est sale, entre guillemets.
10:19Je ne sais pas ce qu'on voit à l'écran, mais quand on voit l'usine,
10:22c'est plutôt très propre même.
10:25D'ailleurs, on va déjeuner, je crois, ici.
10:27Donc, c'est dire à quel point c'est propre.
10:29Mais c'est aussi, partout à travers ces étapes,
10:36faire que tout le monde se questionne à titre individuel.
10:39Si j'ai des enfants qui ont 16, 17 ans aujourd'hui, vers quoi je vais les orienter ?
10:44Est-ce que je ne vais pas les orienter vers l'industrie ?
10:46Alors que ces dernières années, ce n'était pas forcément le schéma rêvé.
10:52Et puis, comme on a envie que nos enfants gagnent bien leur vie,
10:55si on leur dit qu'ils vont bien gagner leur vie dans l'industrie,
10:58ce n'est quand même pas mal.
10:59Donc, c'est revenir là-dessus et combattre des idées reçues.
11:04Parce qu'aujourd'hui, encore une fois, l'industrie, c'est de l'industrie 4.0,
11:08c'est de l'industrie de pointe.
11:09C'est vraiment des métiers d'avenir.
11:11Oui, et puis j'imagine, vous avez parlé de salaire,
11:13mais ce n'est pas que ça qui rend l'industrie attractive.
11:16Moi, ça m'arrive assez souvent quand même d'aller dans des usines.
11:22C'est la fierté aussi des collaborateurs qui portent à chaque fois un projet différent.
11:27Parce qu'en fait, parler d'industrie aujourd'hui,
11:29c'est parler de plein de choses différentes.
11:31Il n'y a pas deux usines dans lesquelles je vais qui sont les mêmes.
11:36Mais à chaque fois, le très commun, c'est qu'on a des dirigeants,
11:39mais on a aussi des salariés qui sont hyper fiers de ce qu'ils font
11:43et qui portent leur entreprise avec un vrai plaisir.
11:46Donc ça, c'est important.
11:48Stéphanie, justement, vous voyez qu'il y a un véritable intérêt des jeunes
11:53vers ces nouveaux traits de l'industrie.
11:58Ce que les 13 dates avec Île-de-France montrent,
12:02c'est la diversité effectivement de l'industrie.
12:06Et ils peuvent avoir une image, à un moment donné,
12:09un préjugé sur ce qu'est l'industrie.
12:12Mais les faits, qu'est-ce de résonance des 13 dates
12:15montrent l'immense diversité de cette industrie,
12:18montrent le caractère important de l'innovation, de la technologie,
12:22de tous les métiers de support aussi,
12:24parce que travailler dans l'industrie, c'est aussi du marketing,
12:26l'ERH, on en parlait tout à l'heure,
12:28et des fonctions support qui sont très importantes
12:31pour que ça fonctionne bien.
12:33Les valeurs de l'industrie,
12:34je pense que les jeunes les touchent du doigt dans ces opérations-là.
12:36Elles sont affichées à l'entrée de votre entreprise.
12:38On a parlé d'esprit d'équipe.
12:40C'est vrai que dans l'industrie, il y a une notion d'équipe très forte
12:43pour oeuvrer ensemble à la production d'un produit
12:46qu'on voit, on voit sa réalisation.
12:48Et donc ça, ça entretient le sentiment de fierté,
12:52le sentiment d'appartenance et puis les évolutions possibles.
12:58Rentrer dans l'industrie,
12:59c'est des parcours qui peuvent réserver de belles surprises.
13:03Il y a encore de la promotion interne de façon très importante,
13:06même s'il y a des niveaux de diplômes élevés à l'entrée.
13:09Tout ça, ce sont des réalités que les jeunes peuvent commencer
13:12à toucher du doigt dans ces opportunités de visite qu'on leur donne.
13:15Justement, Fabrice, pour acquérir tous ces talents,
13:19les talents de demain, est-ce que vous avez pensé à des stratégies?
13:22Est-ce qu'il y a quelque chose autour de nous qu'on a pu voir
13:25que vous vous êtes dit on va mettre ça en avant pour les attirer?
13:28Si vous voulez, il y en a une très concrète que tout le monde touche du doigt.
13:31Ici, les gens disent c'est beau chez vous.
13:34Oui, c'est beau chez nous, mais ça fait aussi un peu partie de cette stratégie.
13:37C'est à dire qu'ici, on a fait un bâtiment éco-responsable,
13:40on produit nos énergies, on récupère l'eau pour l'eau des toilettes.
13:44Je veux dire, on a fait venir un écologue pour avoir un beau site.
13:48Les gens ont des conditions de travail plus que favorables.
13:51Ça fait aussi partie de la stratégie pour intégrer des gens.
13:54Et il y a juste une chose que je voudrais dire aussi.
13:56Celui qui franchit la porte de l'industrie, il aura du mal à en sortir.
14:00On a parlé du salaire, mais pas seulement pour ça.
14:03En fait, il a l'avenir devant lui.
14:04Il a l'avenir devant lui parce qu'aujourd'hui, c'est lui qui choisit.
14:09C'est à dire que tous les industriels aujourd'hui doivent séduire pour faire rentrer,
14:15mais séduire pour garder également.
14:17Ça veut dire que tous ceux qui vont rentrer dans l'industrie,
14:20demain ont l'avenir devant eux et avec des possibilités de changer de fonction,
14:25des postes transversaux, des choses de genre.
14:27Vous pouvez très bien commencer chez nous en tant que technicien
14:31pour monter des machines de manière simple.
14:33Passé technicien itinérant à qui on va confier un véhicule, une voiture,
14:38un salaire qui va être quasiment multiplié par deux entre son entrée.
14:41Et ça, s'il se débrouille bien, c'est en 4-5 ans.
14:44Et il va pouvoir finir après au bureau d'études
14:46ou continuer à faire son évolution sur d'autres fonctions.
14:50Qui aujourd'hui propose ces passerelles?
14:52Il y en a très peu et ça, c'est l'industrie.
14:54Parce que Stéphanie, qu'est ce que recherche un jeune?
14:57En fait, quand il sort d'école et comment on l'attire du coup?
15:01Qu'est ce qu'il?
15:03C'est une question très intéressante et un peu singulière dans notre époque.
15:08J'ai envie de dire, je suis pas sûr que c'est très facile d'être un jeune
15:12aujourd'hui et de trouver une voie simplement.
15:17C'est vrai que j'ai parlé de la rémunération tout à l'heure parce que
15:19ça reste quand même un critère important.
15:23On sait aussi qu'on a des jeunes qui sont très concernés par les
15:26par l'environnement, les facteurs environnementaux, ce que vous avez dit
15:30en termes de réalisation d'une entreprise sur ces sujets là.
15:33Ça peut être une idée reçue sur l'industrie de la part de jeunes de
15:37se dire je ne vais pas aller dans l'industrie, ça pollue.
15:40C'est plutôt un facteur polluant qu'autre chose.
15:43De fait, l'industrie est très concernée par les enjeux de décarbonation,
15:46mais les solutions, elles passeront par l'industrie aussi.
15:50Et donc, elles passeront par les jeunes qui vont aussi amener des
15:52idées sur les nouvelles façons de travailler, sur les sur des exigences.
15:57Les filières achats, par exemple, sont très impactées par ces
16:00thématiques là où il faut qu'on trouve des solutions de sourcing
16:04alternative, éco-responsable, etc.
16:07C'est la jeunesse qui va aussi renouveler ces idées là dans les entreprises.
16:12Donc, déconstruire les idées et puis appuyer sur ce qui intéresse
16:16les jeunes, notamment sur la construction d'un nouveau projet de
16:19société avec un environnement au centre, au cœur.
16:23Jérôme, en Ile-de-France, comment se développe justement l'industrie?
16:30Est ce qu'elle se saisit de toutes ces questions là?
16:33En Ile-de-France, on a la chance d'avoir pas mal de startups et qui
16:39ont été créées il y a quelques années maintenant et qui arrivent
16:43maintenant à un stade industriel.
16:45Donc ça, c'est assez intéressant.
16:48Je tiens à combattre une idée reçue, c'est que d'ailleurs, c'est la preuve ici.
16:51Il y a du foncier en Ile-de-France, donc on peut s'implanter en Ile-de-France
16:55sans problème.
16:57Donc ça, c'est important.
16:59Et donc, je reviens sur ces startups qui, aujourd'hui, arrivent à un stade
17:04de maturité où elles vont construire une usine et elles vont aller vers
17:09des marchés, beaucoup à l'international.
17:12Et on a aussi un tissu industriel, alors beaucoup d'aéros qui restent
17:17et de pharmaceutiques qui sont à leur chance.
17:20C'est quand même les deux secteurs qui sont super en forme.
17:23Donc voilà, c'est plutôt un coup de chance en Ile-de-France.
17:27Mais on a d'autres secteurs qui sont aussi dans le domaine,
17:31dans d'autres domaines.
17:32Donc l'Ile-de-France se défend plutôt bien en industrie et garde son rang.
17:37Il n'y a pas que des sièges, il y a aussi de la production.
17:40Est-ce qu'il y a des enjeux propres à l'Ile-de-France ?
17:43Les enjeux propres à l'Ile-de-France, alors là, je vais parler vraiment
17:46très cloché, c'est que quand on a une startup qui se développe,
17:49qu'on arrive à la capter et à la conserver sur le territoire,
17:52ça, c'est vraiment l'enjeu numéro un et on travaille beaucoup en synergie
17:56avec la région sur ce sujet qui a une très bonne vision du foncier,
18:00de manière à ce que tout ce qui a été semé par le passé,
18:04on le récolte aussi sur le territoire.
18:07Et à défaut de le récolter sur le territoire de l'Ile-de-France,
18:09c'est bien de le conserver en France.
18:10Donc on a tous les dispositifs à la fois de gestion du foncier,
18:14les dispositifs de financement maintenant,
18:16puisqu'on peut mettre des financements de plusieurs dizaines de millions
18:19d'euros pour que les entreprises puissent bien se créer sur le territoire.
18:23Fabrice, vous tirez un avantage à être situé ici à Saclay.
18:28Comment est-ce que ce lieu a été décidé ?
18:31Il y a déjà un aspect historique.
18:34En fait, Barcodis est né d'une accumulation de sociétés.
18:37La première société se trouvait à 800 mètres d'ici.
18:40Et pourquoi je suis resté en Ile-de-France ?
18:42La raison, elle est simple, elle reprend le postulat de départ
18:44dont on a parlé, c'est l'emploi.
18:47Je ne peux pas me permettre de prendre le risque de perdre des collaborateurs
18:51en les déménageant de plus de 10 kilomètres.
18:54Je n'ai que des experts, des gens que j'ai formés.
18:56Ils tapent à un endroit, ils ont 10 offres d'emploi.
19:01Donc les déménager de plus de 10 kilomètres était un vrai risque pour moi.
19:05Donc vous pensez que quitter la région, c'était inenvisageable.
19:10Après, ici, autour de nous, on a un écosystème qui est quand même important.
19:14Tous nos sous-traitants, tout l'écosystème autour de Barcodis,
19:18en fait, est un écosystème local.
19:20Donc ça aussi, c'est important.
19:21Quand vous êtes dans une région où il n'y a rien,
19:25c'est beaucoup plus compliqué.
19:27Tout est compliqué, en fait.
19:28Ici, tout est beaucoup plus simple.
19:30Et Stéphanie, avec les liens, avec peut-être le plateau de Saclay,
19:35les compétences, etc., ça, c'est quelque chose qui permet de vraiment
19:38dynamiser la région, j'imagine ?
19:39Exactement. Il y a dans vos valeurs l'excellence, je crois.
19:42Le fait d'être à proximité des centres de production d'excellence
19:45au sens de la compétence, c'est important aussi pour accueillir
19:49des stagiaires, des alternants et préparer votre avenir.
19:52Et le leur, c'est indispensable.
19:56Il y a un chiffre qui me vient aussi, à propos des jeunes,
20:00c'est l'alternance qui fait 140 000 jeunes alternants dans l'industrie
20:08aujourd'hui. C'est une voie d'insertion qui est royale, comme on dit.
20:14Et c'est parfois pas très connu sur tous les métiers,
20:17y compris pour les jeunes filles, d'intégrer l'industrie par cette
20:22voie de formation en alternance.
20:23Donc, oui, le plateau de Saclay, bien sûr, ça joue sans doute aussi
20:27dans l'attractivité du territoire.
20:29Justement, les jeunes filles, est-ce qu'on sait si l'industrie
20:33s'est féminisée depuis plusieurs années ?
20:35C'est un combat qui reste à mener ?
20:37Oui, ça reste un combat.
20:39Il y a 30% de femmes dans l'industrie.
20:42Alors, suivant les branches, ça varie.
20:45L'industrie pharmaceutique ou la cosmétologie ou l'habillement sont
20:49à plus de 60%.
20:51Donc, on a aussi des scores beaucoup plus bas.
20:55Mais ça évolue.
20:57Mais leur place dans les écoles d'ingénieurs, par exemple,
21:01progresse. Mais parfois, à l'issue des cursus de formation,
21:06on les perd.
21:07Elles vont s'orienter vers le conseil, vers la finance.
21:10Elles ne vont pas rester dans les secteurs techniques ou industriels.
21:14Donc, on sait qu'on a un enjeu aussi de transformation.
21:16Je parlais de fidélisation, mais il faut les fidéliser
21:18sur les secteurs industriels, leur montrer leur place
21:21en tant qu'expertes, en tant que professionnels
21:25dans leur domaine, dans l'industrie.
21:27Donc, le combat, il est à mener.
21:29Et je parlais des jeunes filles en école d'ingénieurs,
21:32mais des petits, en fait.
21:34Ça se joue petit, dès le primaire.
21:36On sait qu'on a des enseignants qui sont parfois très attirés
21:41par les questions culturelles, des visites au musée, etc.
21:44C'est formidable.
21:45Mais on peut aussi envisager d'emmener des petits
21:50dans des usines emblématiques de leur territoire,
21:53mais qui, parfois, ne sont pas visibles
21:55parce que les portes sont plus fermées qu'un musée.
21:57Mais encore une fois, ouvrons les portes.
22:00Oui, je ne peux qu'abonder.
22:03Il faut aller visiter aussi des usines
22:05parce qu'on en revient toujours des étoiles dans les yeux.
22:08Et Fabrice, je me demandais pourquoi c'est important pour vous
22:12d'aller toucher les jeunes, en fait,
22:13parce qu'on pourrait toucher aussi d'autres générations
22:16avec des compétences déjà établies.
22:19Alors, c'est aussi le cas.
22:22Il m'est arrivé d'embaucher des gens pour deux ans,
22:26sachant qu'il ne leur restait que deux ans
22:29pour aller jusqu'à la retraite.
22:31Et pourquoi j'ai fait ça ?
22:32C'est simplement parce que la pénurie était telle
22:36que je l'ai fait.
22:37Et mon image, moi-même,
22:41je suis plutôt dans les seniors maintenant.
22:43J'ai toujours le dynamisme qui me va bien.
22:45Donc, en fait, ce n'est pas l'âge qui est le vrai différenciateur,
22:47c'est l'envie.
22:49Et puis, je pense que l'entreprise aussi doit donner envie à.
22:52Et pour ça, il n'y a pas d'âge.
22:54Donc, nous, ce qu'on dit toujours quand on recrute,
22:56c'est qu'on regarde, en fait, l'intérêt,
23:00l'investissement, si la personne a envie et si elle a envie,
23:05eh bien, elle nous intéresse.
23:06C'est ce qu'on se dit.
23:07On ne peut pas aujourd'hui, dans l'industrie,
23:09se permettre de se limiter à un créneau d'âge,
23:11à un sexe, à une confession.
23:13Et c'est un vrai.
23:15On est devenu finalement l'outil d'intégration qui a été,
23:19en tout cas, dans ma jeunesse à moi,
23:21l'école publique où j'étais à l'école avec des cultures
23:25différentes, des gens issus de pays différents.
23:30Ces gens ont évolué.
23:31Ils sont eux-mêmes, d'ailleurs, devenus dans ma génération
23:34des chefs d'entreprise.
23:35Le pays a su le faire.
23:37Aujourd'hui, c'est plus difficile.
23:38On parlait un peu tout à l'heure de la situation politique.
23:41Les entreprises, elles, savent encore bien le faire dans l'industrie.
23:46Jérôme, là, donc, on a parlé de réindustrialisation.
23:51Où est-ce qu'on en est ?
23:52Et qu'est-ce qu'il reste encore à faire ?
23:57Où est-ce qu'on en est ?
23:58Je trouve que c'est une tendance qui est très positive, en fait,
24:03parce que la tendance est inversée.
24:05Il y a un état d'esprit.
24:07Alors là, je reviens peut être plus sur les chefs d'entreprise,
24:09mais un état d'esprit de conquérant avec une envie de se développer
24:15à l'international.
24:16Ça tourne autour d'une industrie performante qui va être
24:20une industrie de progrès, de pointe qui, en même temps,
24:24est très consciente des enjeux et des impacts environnementaux.
24:28Et ça, en fait, les deux ensemble, c'est essentiel parce qu'une
24:32industrie moderne, elle est respectueuse de l'environnement.
24:34Et si elle est respectueuse de l'environnement,
24:36elle va pouvoir gagner des marchés parce qu'en fait,
24:39il y a une injonction du consommateur.
24:41Il y a une injonction tout d'abord du changement climatique,
24:43mais il y a une injonction du consommateur et le consommateur,
24:46même s'il va aller vers une consommer des produits faits par
24:50une grande entreprise, en fait, la grande entreprise,
24:52elle va par impact aussi chercher des industries qui sont
24:55performantes d'un point de vue environnemental.
24:57Donc, en fait, on est en train de développer ce tissu
24:59d'industriel qui sont qui sont hyper forts en productivité et
25:04hyper forts d'un point de vue environnemental.
25:06Et grâce à ça, en fait, on va pouvoir aller vers
25:08l'international et remporter des marchés.
25:11Un tout bêtement être plus performant que les autres.
25:15Et je pense qu'on est en train de construire l'industrie qui
25:18sera en pôle position pour aborder les changements à venir.
25:21Donc voilà, on en est là, on en est sur ce sur ce virage et
25:26je suis très optimiste sur la suite.
25:29Et Stéphanie aussi, quelles seraient les prochaines
25:31étapes pour accélérer dans cette réindustrialisation?
25:35C'est de voir les sessions de formation se remplir plus
25:39facilement pour préparer les futures compétences.
25:42Voilà, ça, c'est ça, ce serait un signe premier parce qu'on
25:45parle des difficultés de recrutement en entreprise,
25:48mais en amont, certains, je parlais d'alternance
25:50tout à l'heure, certains CFA remplissent pas leur session.
25:53Aujourd'hui, c'est encore c'est encore le cas.
25:55Il y a un enjeu démographique.
25:56On parlait de jeunes.
25:58Donc, évidemment, tout ce qu'on mène vise aussi des
26:01demandeurs d'emploi ou les salariés en reconversion.
26:03Il y a France Travail qui est présent aujourd'hui.
26:04Donc, c'est aussi des cibles importantes.
26:06Mais près de 20% des salariés des effectifs industriels
26:11ont 55 ans et plus.
26:14Donc, on a aussi un enjeu démographique et de
26:16renouvellement et de transmission des savoirs.
26:19Et encore une fois, on est dans le temps long,
26:22mais avec des échéances assez courtes par rapport à vos
26:24besoins très concrets d'aujourd'hui.
26:28Jérôme, Fabrice, est ce qu'il y aurait justement
26:31une autre étape, quelque chose, peut être un accompagnement
26:33en plus que vous souhaiteriez voir?
26:34Comment est ce que vous pouvez voir l'avenir pour
26:38vous développer encore plus?
26:40L'avenir, je pense que.
26:44Il y a pas mal d'institutions d'environnement qui sont
26:47très positifs en France.
26:48Les gens parlent toujours de la France comme étant un pays
26:51où l'emploi est cher, où c'est compliqué.
26:54Il ne faut pas oublier qu'il y a quand même pas mal de
26:56structures d'aide.
26:57On parle de BPI, on parle des opco, de la formation.
27:01On peut parler du crédit impôt recherche, on peut parler.
27:04C'est quand même beaucoup d'aide.
27:07Ça, je pense que c'est bien.
27:09Moi, je pense que ce qui nous manque beaucoup aujourd'hui,
27:13c'est ce dont on entend parler, c'est qu'on arrête de monter
27:16les gens les uns contre les autres.
27:19On est dans un pays où tout le monde est devenu agressif et
27:22il y a des belles réussites.
27:24Donc, je pense qu'il faudrait qu'on part plus dans l'optimisme,
27:27regarder ce qui fonctionne, essayer d'en tirer les leçons.
27:30Et cette fois ci, moi, j'ai grandi dans un pays où c'était
27:34les politiques qui nous servaient d'exemple.
27:36Aujourd'hui, je pense que c'est les politiques qui devraient
27:38venir en insertion dans les industries,
27:40dans les entreprises, pour aussi nous donner
27:43un image plus positive et surtout quelque chose
27:45de plus consensuel.
27:47Ça, ce serait quelque chose de fantastique.
27:49C'est cet environnement.
27:51Merci beaucoup, Fabrice Coué-Vouet.
27:52Je rappelle que vous êtes président de Barcodice.
27:55Et à côté de moi se trouve Stéphanie Lagalle-Baranès,
27:58qui est directrice générale de l'OPCO2i et Jérôme Bouquet,
28:02directeur du réseau Île-de-France et Outre-mer chez BPI France.
28:06Et merci à vous toutes et tous qui nous avez regardé.
28:08C'était la dernière étape du Tour de France de nos industries.