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Poursuivi notamment pour "corruption passive, financement illégal de campagne électorale, association de malfaiteurs et recel de détournement de fonds publics libyens", Nicolas Sarkozy comparaît depuis lundi 6 janvier aux côtés d'anciens ministres, dont Claude Guéant et Brice Hortefeux. L'ancien Président de la République encourt jusqu'à 10 ans de prison et 375.000 d'euros d'amende. Son avocat Christophe Ingrain est l'invité de RTL soir.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 06 janvier 2025.

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Transcription
00:00Il est 18h17, bonsoir Maître Christophe Ingrin, bonsoir Yves Calvi, vous êtes l'avocat de Nicolas Sarkozy dans l'affaire dite du financement libyen, merci de nous rejoindre dans ce studio et en direct.
00:12Le procès s'est ouvert aujourd'hui, l'ancien Président de la République est accusé d'avoir passé un pacte de corruption avec le dictateur Muammar Qadhafi en 2005 pour qu'il soutienne financièrement son accession à l'Elysée deux ans plus tard.
00:25Tout d'abord une image, Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, Claude Guéant en randonnant dans un prétoire, qu'avez-vous ressenti ?
00:31J'ai ressenti beaucoup d'injustice de voir ces anciens ministres assis les uns à côté des autres face à un tribunal alors que le dossier est aussi vide, c'est très impressionnant de voir qu'on a un dossier de financement d'une campagne électorale,
00:53de prétendu financement de la campagne électorale par la Libye alors qu'il n'y a pas la moindre trace d'un virement ou d'un paiement effectué avec de l'argent qui directement ou indirectement viendrait de la Libye, il n'y a rien dans le dossier.
01:09Pourtant les juges ont bénéficié de moyens totalement inédits, c'est-à-dire qu'ils ont fait le tour du monde pour rencontrer tous les accusateurs de la terre, tous les témoins qui sont toujours engagés à remettre des documents qui prouveraient la réalité de ces paiements, de ces virements, en disant qu'il n'y a pas le moindre document qui a été remis aux enquêteurs.
01:34En matière de corruption, pardonnez-moi de vous interrompre, il n'existe pas de preuves absolues, c'est ce que reconnaissent les juges eux-mêmes. Est-ce que ça veut dire que du coup on ne peut jamais prouver quoi que ce soit ?
01:44C'est ennuyeux quand on est dans un procès, il n'y a pas de preuves, la conclusion qu'on doit en tirer c'est qu'on ne peut pas condamner. Et puis il y a un cas dans lequel il ne peut pas y avoir de preuves, c'est quand la personne qui est prévenue est innocente.
01:57C'est une drôle de manière de pallier l'absence de preuves que de dire on n'a rien trouvé mais ça ne veut pas dire qu'il n'est pas coupable. Parce que c'est ça ce que dit cette phrase que vous citez.
02:10Oui, c'est le sous-entendu, on parle d'indices. Quels sont-ils ces indices et comment les contestez-vous ?
02:14Les indices, on les conteste de manière très simple et très basique. On dit par exemple qu'en échange de ce prétendu financement, le ministre de l'Intérieur Sarkozy à l'époque, devenu président après, se serait engagé à faire revenir la Libye sur la scène internationale.
02:31Il est président en 2007. Le retour de la Libye sur la scène internationale, c'est depuis 2004. Ça a été initié par d'autres politiques que Nicolas Sarkozy.
02:41Ça a été initié notamment par les Etats-Unis, par l'Union Européenne. Jacques Chirac lui-même se rend en Libye à Tripoli rencontrer Mohamed Kadhafi en 2004.
02:50Quand Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, se rend en Libye pour rencontrer Mohamed Kadhafi en octobre 2005, il est le 39ème dirigeant politique occidental à aller rencontrer Mohamed Kadhafi.
03:02Vous nous dites quoi ? D'autres l'ont fait et donc du coup on ne peut pas lui faire ce procès d'intention ?
03:05Ce que je veux dire, c'est qu'on ne peut pas dire que c'est grâce à Nicolas Sarkozy que la Libye est revenue sur la scène internationale.
03:13Puisque c'est ça la contrepartie qui est invoquée par les juges d'instruction et par le procureur national financier.
03:22On dit, on a financé, la Libye finance la campagne et en échange, le président Sarkozy s'engage à faire revenir la Libye sur la scène internationale.
03:30Ce n'est pas vrai. La Libye est sur la scène internationale avant l'élection du président Sarkozy.
03:35Être reçu par le président Sarkozy, tout à fait officiellement, dans de pareilles circonstances, a une dimension sur le plan international.
03:42Cela ne vous échappe pas ?
03:43Cela ne m'échappe pas, mais de la même manière qu'avait échappé au juge d'instruction, mais qu'elle n'a pas échappé à la défense de Nicolas Sarkozy,
03:50le fait qu'avant d'être accueilli en France en décembre 2007 et de planter sa tente dans les jardins de Marigny,
03:57le Mouammar Kadhafi, le guide, va planter sa tente au Portugal, à Lisbonne, dans les jardins de la résidence du Premier ministre
04:05et après être venu chez nous, il va planter sa tente dans le jardin du Palais-Royal en Espagne.
04:10Donc, il n'y a pas de relation exclusive entre la France et la Libye. C'est totalement faux.
04:17Est-ce que la question est celle d'une relation exclusive ? La question est plus grave.
04:21Est-ce qu'on a, d'une quelconque façon, financé ou non, une campagne présidentielle majeure ?
04:26Alors, je vous le redis.
04:28D'un de nos anciens grands présidents de la République.
04:30Alors, le président Sarkozy a toujours, toujours contesté cette accusation qui naît, il faut le rappeler,
04:37cette accusation, elle naît le 10 mars 2011. Qu'est-ce qui se passe le 10 mars 2011 ?
04:42Le matin, le président Sarkozy reçoit une délégation du Conseil National de Transition, qui est l'opposition à Mouammar Kadhafi en Libye.
04:51Le matin du 10 mars. L'après-midi du 10 mars 2011, l'agence JANA, qui est l'agence libyenne,
04:56publie pour la première fois, pour la première fois, une déclaration selon laquelle on va voir,
05:04et le régime Kadhafi va démontrer que le président Sarkozy a bénéficié pour sa campagne d'un financement libyen.
05:11C'est une annonce qui est très opportuniste. Ça naît de ça.
05:16Le régime de Kadhafi ne peut pas supporter que, face au crime qu'il est en train de commettre,
05:22le président Sarkozy prenne la tête d'une coalition qui va tenter de mettre un terme à l'exécution de la population libyenne par son président.
05:32Est-ce que vous comprenez que certains français, qui ne sont pas tous de gauche, soient tout simplement ulcérés de cette situation ?
05:37C'est-à-dire de se dire, ben voilà, on a un président de la République qui peut-être, en tout cas, on va lui poser des questions,
05:41s'est comporté anormalement. J'entends bien que vous le défendez et que vous nous expliquez que, notamment, ces questions d'argent n'existent pas.
05:47Mais il y a un poids, il y a un poids de l'image et il y a un poids de l'histoire qui est déjà présent.
05:52Alors, je ne suis pas persuadé comme vous, ou je ne crois pas comme vous, que la population française,
06:00ou en tout cas les gens qui peuvent être favorables au président Sarkozy, soient choqués.
06:04Parce que je crois que, en tout cas, en écoutant ce qui va se passer, on a quatre mois d'audience.
06:09Et quatre mois pendant lesquels le président va être extrêmement combatif. Il est extrêmement combatif.
06:14Il va se défendre comme un lion. Pour lui, cette accusation, elle est gravissime.
06:18Elle est gravissime parce qu'il n'y a pas eu de financement, quand même, l'essentiel.
06:24Il n'y a pas eu de financement de sa campagne électorale. Son patrimoine a été passé au laser, celui de son ex-femme,
06:32celui de ses enfants, celui de la succession de sa mère. On ne trouve trace de rien. Et c'est une accusation vide.
06:38Il le vit comme une épreuve au moment où nous parlons, ou au contraire comme une libération ?
06:41Il le vit comme le moment où il va enfin pouvoir s'expliquer devant un tribunal qui n'a pas,
06:48et dont on espère qu'il n'est pas, pollué par cette théorie totalement fumeuse d'un financement de la campagne électorale par la Libye.
06:59C'est une théorie qui est née comme ça, d'un claquement de doigts.
07:01Il a déjà été condamné deux fois, notamment à de la prison ferme.
07:04Craignez-vous que le déroulé des débats, au minimum en perception, soit perçu comme, d'une façon ou d'une autre,
07:13si ce n'est une preuve, en tout cas une accusation de plus dans sa vie politique ?
07:19Non, je suis vraiment persuadé du contraire. On parle de dossiers totalement différents, de faits totalement différents.
07:25Le tribunal, qui aura à juger ses faits de prétendu financement libyen de la campagne électorale de 2007,
07:33se concentre uniquement sur ces faits-là et ne prend pas en compte ce qu'il y a à côté.
07:37Revenons sur ce qu'il nous réunit ce soir, le procureur du parquet national financier.
07:41Jean-François Bonner affirme que l'argent libyen a été tracé. Que lui répondez-vous ?
07:46Je vais d'abord vous dire qu'à ma connaissance, c'est une première qu'un procureur aille à la télévision et à la radio,
07:54avant même le début de l'audience, faire un pré-réquisitoire sur un dossier dans lequel l'audience n'a pas encore eu lieu.
08:03C'est une première. Il va expliquer pourquoi, notamment, mon client est coupable.
08:06Un président de la République en pareille situation, c'est aussi quelque chose de très particulier et de nouveau.
08:11Oui, mais le président de la République, Nicolas Sarkozy, il n'a pas plus de droits qu'un autre, mais pas moins que n'importe quel autre justiciable.
08:18Et pour n'importe quel autre justiciable, on se fâcherait de voir un procureur prendre ses premières réquisitions avant que l'audience ne commence.
08:28Sur les traces de financement qui sont évoquées par le procureur financier ce matin.
08:34Je voudrais vous donner un exemple pour vous montrer combien ces accusations sont grotesques.
08:39Il explique ce matin qu'un des éléments qui démontrent qu'il y a bien eu de l'argent libyen dans la campagne de Nicolas Sarkozy,
08:45c'est le fait que Claude Guéant a loué une chambre forte pendant la campagne.
08:51On en tire, et c'est dans le dossier, l'idée que dans cette chambre forte, on aurait pu entreposer l'argent libyen.
08:58Alors, juste un mot, une chambre forte louée, place de l'Opéra à Paris, à la BNP, dans laquelle on mettrait l'argent libyen.
09:07Je ne sais pas si on se représente. Alors, ce que ça veut dire ?
09:10Ou alors ça veut dire que la Libye nous a financé avec des pièces de 1 euro, 50 millions avec des pièces de 1 euro.
09:14Quel est l'intérêt de louer une chambre forte dans laquelle on entreposerait soi-disant l'argent libyen ?
09:20Ça n'a aucun sens.
09:21Le procureur du parquet national financier indique par ailleurs qu'il y a bien eu des promesses de corruption qui ont été faites.
09:26Et puis, je rappelle que cette enquête a duré 10 ans.
09:28Dans ce cas-là, je vais vous dire, comment expliquez-vous les soupçons du parquet national financier ?
09:33Ils font une fixation sur Nicolas Sarkozy ?
09:34Alors, les soupçons sont fondés sur des témoignages.
09:38Puisque, je vous le disais, il n'y a pas de traces de financement.
09:41Et donc, maintenant, ce n'est pas inintéressant.
09:43D'ailleurs, on recule.
09:44Au début, il y avait de la corruption.
09:46Maintenant, on nous dit qu'il y a de la promesse de corruption.
09:48C'est une manière de reconnaître qu'on n'a vraiment, en effet, pas d'éléments.
09:54Ces soupçons sont fondés sur des témoignages.
09:56Zia Takedine, Zia Takedine, il n'est même pas à l'audience.
10:00C'est lui le principal accusateur de Nicolas Sarkozy, du président Sarkozy.
10:0416 versions différentes.
10:06Une 17ème, ce matin, sur votre antenne, puisqu'il a été interrogé.
10:11Une 17ème version.
10:13C'est-à-dire, quand on a des témoins comme ça, on est très discret sur la force de l'accusation.
10:17Que s'étendent les rapports entre les deux hommes, entre les deux chefs d'État ?
10:20Et comment vous parle de lui, Nicolas Sarkozy ?
10:22Ce sera ma dernière question, en quelques mots, s'il vous plaît.
10:24De moi, Marc Adafi ?
10:25Oui.
10:26Il n'y avait aucun rapport.
10:28Mais aucun rapport de quelque nature que ce soit.
10:30Il l'a rencontré à deux reprises, trois reprises, pardon, mais aucun rapport de quelque nature que ce soit.
10:35Dans un instant, merci beaucoup, en tout cas, d'avoir pris la parole ce soir.
10:38Maître, dans un instant, le journal de 18h30, puis à 18h40, nous reviendrons sur les déclarations de Gérald Darmanin, le garde des Sceaux, estimé sur RTL.
10:45Je cite que rien ne va au ministère de la Justice concernant la lutte contre le narcotrafic.
10:51L'un de ses prédécesseurs, le socialiste Jean-Jacques Urvoas, nous dira ce qu'il en pense.
10:55Dans moins d'un quart d'heure, à tout de suite.

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